Notre chance d'avoir la Confession...ou de pouvoir la désirer et d'en avoir les effets (contrition parfaite)

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Message  Gérard Dim 25 Sep 2011, 12:59 am

Si le diable pouvait se confesser


Par le Père Guillaume Hunermann.

Le vieux curé était resté au confes­sion­nal jusqu’à la tom­bée de la nuit, jusqu’à ce que le der­nier pécheur eût quitté l’église. Cependant, il décida d’attendre encore un peu, au cas où un péni­tent en retard se pré­sen­te­rait encore.

Sacrement de la réconciliation - Honfleur - Eglise St Leonard - Confessionnal. Il était fati­gué et mal­gré lui ses pau­pières se fermaient.

Tout à coup, il sur­sauta. La porte de l’église avait bougé ; peut-​être n’était-ce qu’un coup de vent car la tem­pête fai­sait rage autour de la mai­son de Dieu. Mais une sil­houette se déta­chait sur le mur : un homme s’avançait. Son pas réson­nait de façon étrange sur les dalles, comme s’il avait une jambe de bois. Il avait relevé le col de son man­teau, et à tra­vers les grilles du confes­sion­nal, le prêtre ne put dis­tin­guer du visage que deux yeux au regard sombre. L’étranger entra dans le confes­sion­nal après une brève hési­ta­tion et s’agenouilla.

« Quand vous êtes-​vous confessé pour la der­nière fois ? » demanda le prêtre.

« Je n’ai encore jamais reçu ce sacre­ment » répli­qua l’homme d’une voix étouffée.

« Jamais, dites-​vous ? »

« Jamais. »

« Quel âge avez-​vous donc ? »

« Je ne sais pas, il y a beau temps que j’ai cessé de comp­ter les années. »

« Mais vous devez bien savoir à peu près votre âge ? »

« Une demi-​éternité. »

« Bien, disons alors soixante-​dix ans ! De quoi vous accusez-​vous ? »

« J’ai été orgueilleux » répli­qua le pécheur.

« Rien d’autre ? » insista le prêtre, étonné. « Vous n’avez été orgueilleux qu’une seule fois durant toutes ces années ? »

« Oui, une seule fois seulement. »

« Et rien d’autre ? »

« J’ai été envieux. »

« Envieux ? »

« Oui, envieux. J’étais jaloux de tout le monde. »

« De tout le monde ? »

« Oui, de tout le monde. »

« Et pour­tant, il y a tant de pauvres humains qui ont à peine de quoi pour vivre. Et il y a des malades qui souffrent ter­ri­ble­ment, des aveugles, des lépreux, des fous. Vous ne pou­vez tout de même pas envier tous ceux-​là ? »

« Pourtant, je les envie tellement. »

« Étrange » dit le prêtre, en hochant la tête, « Qu’avez-vous encore fait, à part cela ? »

« J’ai tenté les autres et me suis réjoui lorsqu’ils mau­dis­saient Dieu. »

« Combien en avez-​vous séduits, et à quels péchés ? » « Des foules ! à tous les péchés qui existent ! Ce qui me réjouis­sait le plus, c’est quand j’arrivais à faire tom­ber une âme d’enfant dans le péché mortel ».
Combat d'un convert et du diable

Miniature — Combat d’un convert et du diable

« Mais c’est épou­van­table ! » gémit le prêtre. « Avez-​­vous encore quelque chose à confes­ser ? Avez-​vous volé ? »

« Non, jamais ! »

« Menti ? »

« Oui, très souvent. »

« Juré ? »

« Toujours. »

« Manqué la sainte messe ? »

« Je ne peux sup­por­ter la vue de l’Hostie ou du calice. »

« Dans ce cas, vous n’avez sans doute pas été sou­vent dans une église ? »

« Si, très souvent. »

« Qu’avez-vous donc fait, à l’église ? »

« J’ai séduit les gens. »

« A l’église ? »

« Oui, à l’église. »

« Mais à quoi donc ? »

« Au confes­sion­nal, je leur ai conseillé de pas­ser sous silence les péchés graves. »

« Avez-​vous péché contre le sixième com­man­de­ment ? » « Non, jamais » répon­dit l’homme avec un sou­rire de mépris.

« En pen­sées non plus ? »

« Non, jamais. »

« Étrange. Avez-​vous tué ? »

« Non ! J’ai seule­ment incité les autres au crime et à l’assassinat. C’est de ma faute aussi que beau­coup d’humains aient perdu la vie de la grâce. »

« Avez-​vous péché contre votre mère ? »

« Je n’ai jamais eu de mère. »

« Mais chaque homme a une mère ! Peut-​être la vôtre est-​elle morte peu après votre naissance ? »

« Non, je n’ai jamais eu de mère. »

« J’ai à faire à un fou ! » pensa le prêtre, que cet étrange péni­tent com­men­çait par inquié­ter. Qu’allait-il pou­voir lui dire ?

« Regrettez-​vous au moins vos péchés ? » demanda-​t-​il.

« Dieu m’a lour­de­ment puni pour ma pre­mière faute. »

« Vous regret­tez donc ? »

« Parce que j’ai été puni. »

« Et non pas par amour de Dieu ? »

« Non, pas par amour. Je ne peux pas aimer. »

« Vous ne pou­vez pas aimer ? »

« Non, cela m’est impos­sible. Je hais tous les hommes et les anges. Je hais toute la créa­tion. Et je hais Dieu par-​dessus tout. »

« Vous haïs­sez Dieu ? » bal­bu­tia le prêtre, bouleversé.

« Oui, je le hais. Mais si vous me don­nez l’absolution de mes péchés, je vais l’aimer et ne ces­se­rai plus de chan­ter ses louanges. »

« Il faut d’abord que vous aimiez ! Car si vous n’aimez pas Dieu, je ne peux vous don­ner l’absolution. »

« Donnez-​moi une très dure péni­tence, je veux bien la faire. Je suis prêt à don­ner beau­coup d’argent pour les pauvres, autant de mil­lions que vous vou­lez ! Je vous construi­rai une nou­velle église, une cathé­drale plus splen­dide que Saint Pierre de Rome ! »

« Aucun homme ne pos­sède cette fortune. »

« Moi, si. »

« Oui, c’est bien un fou », pensa le curé. Puis il dit :

Combat des anges« Même si vous dépo­siez tous les tré­sors du monde à mes pieds, je ne peux vous don­ner l’absolution, parce que vous n’aimez pas Dieu. Pourquoi le haïssez-​vous ainsi ? Dieu est pour­tant si bon et si juste ! »

« Je le sais. »

« Son Fils est mort pour nous sur la croix. »

« Je sais. »

« Pourquoi donc haïssez-​vous Dieu ? »

« Je vou­lais être comme Dieu ! Et Il me repoussa. »

« Qui êtes-​vous ? » sur­sauta le prêtre. « Ce que vous venez de dire là, un seul peut le dire : le diable. »

« Je suis le diable ! S’il vous plaît, donnez-​moi l’absolution. »

« Je ne peux pas te don­ner l’absolution. Je peux absoudre le plus grand pécheur, mais pas toi. »

« J’en avais le pres­sen­ti­ment. C’est cela mon malheur. »

« Quoi ? »

« De ne pou­voir me confes­ser. Oh ! mon­sieur le Curé, » dit Satan, res­pi­rant avec dif­fi­culté « comme j’envie les hommes de pou­voir le faire. Comme j’échangerais volon­tiers mon sort avec celui du der­nier des men­diants, avec n’importe quel assas­sin condamné à mort. Tous ceux-​là peuvent se confes­ser ! Moi, je ne le peux pas ! C’est pour­quoi je les envie ! C’est pour­quoi j’exhorte les hommes, se pré­pa­rant à la confes­sion, à cacher leurs plus gros péchés et comme je me réjouis alors, quand j’y réus­sis, car alors j’ai trouvé quelqu’un que je n’ai plus besoin d’envier. Tous les cent ans j’essaie une fois de me confes­ser, mais jamais encore aucun prêtre ne m’a donné l’absolution. Je vais donc conti­nuer ma route, haïs­sant Dieu et les hommes. »

Avec un sou­pir de déses­poir sans nom, l’homme se leva et repar­tit sur sa jambe de bois. Profondément bou­le­versé, le prêtre leva la tête. Il passa la main sur ses yeux… véri­ta­ble­ment, il avait dû rêver.
Sacrement de Pénitence - catéchisme - Reconciliation - Edwin Long, 1862

La récon­ci­lia­tion — par Edwin Long, 1862

Un jeune homme, age­nouillé devant le confes­sion­nal, s’avança et avoua ses péchés. A l’un des com­man­de­ments les plus impor­tants, il hésita un instant.

« As-​tu tout avoué ? » demanda le prêtre.

« Oui, tout. »

« N’as-tu rien omis, par hasard ? Réfléchis encore une fois. Tu sais qu’une mau­vaise confes­sion est un mal­heur ter­rible, qu’un confes­seur n’a jamais le droit de par­ler de ce qui lui a été dit… Et main­te­nant, dis-​moi, n’as-tu pas caché quelque chose quand même ? »

« Comment savez-​vous cela, Monsieur le Curé ? » bal­bu­tia le jeune homme.

« J’en ai eu le pressentiment. »

« Oui, j’ai dis­si­mulé quelque chose » répon­dit le péni­tent. « J’avais honte de l’avouer. » Puis il avoua un très grand péché.

« Dieu merci, tu as fina­le­ment été sin­cère » dit le prêtre, ému. « N’oublie jamais qu’une bonne confes­sion est un grand bien­fait. Tu n’as qu’à recon­naître hon­nê­te­ment ta faute, et tu connais la sen­tence avant même d’être entré dans le confes­sion­nal. C’est un acquit­te­ment et une grâce, voilà ce qu’est l’absolution de ta faute. Que ne don­ne­rait le diable, pour pou­voir se confesser. »

Bouleversé, le jeune homme quitta le confes­sion­nal. Après un moment, le Curé se leva à son tour, fit la génu­flexion devant l’autel. Sous le confes­sion­nal, un vieux maître avait des­siné, quelque cent ans aupa­ra­vant, le démon. Le prêtre jeta un coup d’œil à cette pein­ture du diable, et il lui sem­bla l’entendre grin­cer des dents.

Père Guillaume Hunermann.
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Message  Benjamin Dim 25 Sep 2011, 6:14 am

Cher Gérard,

Merci pour cette histoire.

J'interviens ici car je comptais aborder le sujet un jour ou l'autre... Voilà ma question, ouverte à tous.

Ne connaissant pas de prêtre vers lequel me tourner, je dois, comme sans doute beaucoup d'autres ici, faire sans, c'est-à-dire atteindre la contrition parfaite en solitude. Or je me demande toujours "comment savoir si on l'a atteinte ?"...

Si ce sujet déjà été traité sur TD, je vous remercie d'avance pour le(s) lien(s) que vous pourrez me donner.
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Message  Gérard Dim 25 Sep 2011, 6:36 am

Cher Benjamin, je vais vous dire succintement ce que j'en sais.

La contrition parfaite a la capacité de nous remettre tous nos péchés.

Pour qu'elle soit efficace, il faut qu'elle remplisse les conditions d'une confession habituelle. C'est à dire que l'on doit faire un examen de conscience, s'accuser directement à Dieu de toutes nos fautes en l'absence du prêtre (se rappelant que lorsque nous accusons nos fautes au prêtre et qu'il nous pardonne, c'est au nom de J-C Lui-même qu'il les écoute et en son Nom qu'il les pardonne) en précisant la gravité exacte et sans rien omettre.
Avoir le ferme propos, c'est à dire ne pas vouloir recommencer à faire ces mêmes fautes...ce qui est plus difficile pour les fautes habituelles.

Et ensuite avoir une disposition qui n'est pas obligatoire dans la confession habituelle mais qui est recommandée (par le Curé d'Ars) comme une chose nécessaire :
La contrition parfaite.

Contrairement à ce que l'on peut penser Dieu de cette contrition parfaite, elle n'est pas parfaite par la qualité de notre repentir qui n'est jamais à la hauteur de nos fautes mais cette contrition est dite "parfaite" par rapport à l'autre contrition, dite, "imparfaite" qui consiste à regretter d'avoir péché seulement à cause des peines que nous mériteront nos fautes.

La contrition parfaite consiste donc a avoir de la peine (même si elle n'est pas à la hauteur de la faute...elle ne l'est jamais !) d'avoir offensé un Dieu si bon, si aimable, si digne d'être aimé, de la peine d'avoir offensé Celui que nous devons aimé infiniment au-dessus de tous ceux qu'on aime.
En fait, la contrition parfaite, c'est le minimum de la justice.
Si vous offensé une personne que vous aimez, vous avez bien de la peine de l'avoir offensé...
Même si vous avez bousculé un passant par inadvertance, vous lui indiquez que vous êtes absolument désolé...alors que vous ne l'avez jamais vu auparavant !

Alors, comment n'aurions-nous pas de peine d'avoir offensé Dieu que l'on veut aimer par dessus-tout, d'avoir offensé ce Dieu qui nous a fait sortir du néant, pour lequel on doit vivre et avec Lequel on doit vivre dans la béatitude éternellement.

Pour être pardonné de ses péchés par la contrition parfaite, il faut s'engager à dire ses péchés à un prêtre mandaté par l'Eglise dès que l'on pourra...en fait, il faut désirer recourir au sacrement de pénitence alors que l'on en est privé et c'est ce désir dans l'état de contrition parfaite qui nous absout de nos péchés.
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Message  Benjamin Dim 25 Sep 2011, 6:53 am

Merci beaucoup Gérard Smile
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Notre chance d'avoir la Confession...ou de pouvoir la désirer et d'en avoir les effets (contrition parfaite) Empty Re: Notre chance d'avoir la Confession...ou de pouvoir la désirer et d'en avoir les effets (contrition parfaite)

Message  Roger Boivin Dim 25 Sep 2011, 7:56 am

Benjamin a écrit:Si ce sujet déjà été traité sur TD, je vous remercie d'avance pour le(s) lien(s) que vous pourrez me donner.
https://messe.forumactif.org/t723-la-contrition-parfaite

https://messe.forumactif.org/t2801-la-contrition-parfaite
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Message  Benjamin Dim 25 Sep 2011, 8:18 am

Merci cher Roger pour ces liens Smile
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Message  Roger Boivin Dim 22 Fév 2015, 7:44 pm


L'AMOUR PUR OFFERT À TOUS - Abbé A. Camirand S. D. T. - 1915 :

https://archive.org/stream/cihm_66843#page/n7/mode/2up


Table des Matières : https://archive.org/stream/cihm_66843#page/n47/mode/2up

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Message  ROBERT. Lun 23 Fév 2015, 11:50 am

roger a écrit:
Benjamin a écrit:Si ce sujet  déjà été traité sur TD, je vous remercie d'avance pour le(s) lien(s) que vous pourrez me donner.
https://messe.forumactif.org/t723-la-contrition-parfaite

https://messe.forumactif.org/t2801-la-contrition-parfaite

Merci à vous cher Roger de nous remémorer ces liens sur la contrition parfaite...

même si votre contribution remonte à plus de 4 ans !

Un autre lien, et qui complète bien la contrition parfaite, celui de l’Abbé Demaris:


https://messe.forumactif.org/t550-consolations-pour-les-fideles-en-temps-de-persecution-de-schismes-dheresies-complet#8822
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