FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)

Page 2 sur 3 Précédent  1, 2, 3  Suivant

Aller en bas

FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Empty Re: FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)

Message  ROBERT. Mer 18 Mai 2011, 8:12 pm

.
FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Sainte27


.

FONDATION DE MÉDINE DU CHAMP.

Par Sainte Thérèse d’Avila

CHAPITRE 5


3. Ce que j'ai éprouvé en moi-même et remarqué en quelques personnes m'a fait connaître cette vérité, lorsque dans la peine que je souffrais de n'avoir presque pas le loisir de méditer j’avais compassion de les voir aussi dans une occupation continuelle pour satisfaire à l’obéissance. Je pensais et leur disais même quelquefois que je ne voyais pas comment elles pouvaient devenir fort spirituelles parmi de tels embarras, comme en effet elles ne l’étaient pas alors beaucoup. Ô mon Seigneur et mon Dieu, que vos voies sont différentes de nos pensées ! Vous ne désirez autre chose d'une âme résolue à vous aimer et à vous suivre sinon son obéissance ; et elle n' a pour vous plaire qu'à s'informer de ce qui importe le plus à votre service, et désirer de l'exécuter : il lui suffit de n'avoir point d'autre volonté que la vôtre sans s’enquérir s' il y a divers chemins pour aller à vous, et vouloir choisir celui qui revient le plus à son humeur : elle doit s'abandonner à vous pour la conduire en la manière que vous savez lui être la plus avantageuse : et bien que le Supérieur ne pense pas à la mettre dans la voie qui pourrait la rendre plus spirituelle, mais seulement à l'employer à ce qu'il croit le plus utile pour la communauté, vous disposez, mon Dieu, les choses en sorte, que sans que l' on comprenne comment cela s'est pu faire, ces âmes se trouvent si avancées dans la vie spirituelle par le mérite de leur obéissance, qu' on ne saurait le voir sans étonnement.


J'ai parlé depuis peu de jours à une personne la plus affectionnée à l’obéissance que j'aie vue en toute ma vie, et sa conversation est capable d’inspirer l’amour de cette vertu. Elle a passé près de quinze ans dans des occupations continuelles de divers offices sans avoir pu durant tout ce temps avoir une seule journée à elle quelque désir qu'elle en eu : et tout ce qu'elle pouvait faire était de dérober quelque moment pour prier et conserver sa conscience toujours pure. Dieu l'en a bien récompensée : car sans qu’elle sache comment cela s’est pu faire elle se trouve dans cette liberté d'esprit si désirable et si précieuse qui se rencontre dans les plus parfaits.


Ainsi ayant tout acquis en ne voulant rien, elle jouit du plus grand bonheur que l'on puisse souhaiter en cette vie. Ces âmes n'appréhendent rien, parce qu'elles ne désirent rien de tout ce qui est dans le monde : elles ne fuient point les travaux ni ne recherchent point les contentements, et rien ne peut troubler leur paix, parce que c'est Dieu qui en est l'auteur, et qu'on ne saurait les séparer de lui ; ce qui est la seule chose qu'elles sont capables de craindre ; tout le reste ne pouvant ni les réjouir ni les affliger, parce qu'elles le considèrent comme n’étant point.




Gras ajoutés.
à suivre…
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Empty Re: FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)

Message  ROBERT. Jeu 19 Mai 2011, 5:17 pm

.
FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Sainte27


.

FONDATION DE MÉDINE DU CHAMP.

Par Sainte Thérèse d’Avila

CHAPITRE 5


4. Qu’heureuse est donc l'obéissance, et qu’heureuses sont les distractions qu'elle cause, puisque l'on peut arriver par elles à une si grande perfection ! La personne dont je viens de parler n’est pas la seule en qui je l’ai remarquée : j'en ai aussi connu d'autres à qui après plusieurs années que je ne les avais vues, ayant demandé à quoi elles s’étaient occupées durant tout ce temps, et su que c’était en des actions d'obéissance et de charité, je les trouvais si spirituelles que j'en étais étonnée.

Apprenez donc, mes filles, qu’il vous doit être indifférent en quelles œuvres l’obéissance vous oblige de vous employer : et que si par exemple c’est à la cuisine, Notre Seigneur ne vous y assistera pas moins qu'ailleurs, tant intérieurement qu’extérieurement.

Il me souvient qu’un religieux me raconta qu’ayant résolu d’obéir ponctuellement à tout ce que son Supérieur lui ordonnerait, il arriva qu'après avoir travaillé avec excès, étant déjà tard et n'en pouvant plus il s'assit pour se reposer un peu : mais que son Supérieur l'ayant rencontré, il lui ordonna de prendre une bêche et d'aller travailler au jardin : qu'il obéît malgré la répugnance de la nature, et que traversant un petit passage que j'ai vu plusieurs années depuis en un voyage que je fis pour aller fonder un monastère en ce lieu-là, Notre Seigneur lui apparut chargé de sa croix et réduit en tel état, qu'il n'eut pas peine à connaître que ce travail qu'on lui avait commandé et qu'il croyait excessif, n'était rien en comparaison d'une si grande souffrance.


Je crois que comme le diable voit que rien n'est si capable que l'obéissance de nous faire bientôt arriver au comble de la perfection, il n'y a point d'efforts qu'il ne fasse sous divers prétextes pour nous dégoûter de cette vertu ; et nous faire trouver de la difficulté à la pratiquer. Si l'on remarque bien ceci, l'expérience fera connaître que rien n'est plus véritable : car n'est-il pas évident que la haute perfection ne consiste pas en des consolations intérieures, en de grands ravissements, en des visions, et au don de prophétie, mais à rendre notre volonté si conforme et si soumise à celle de Dieu que nous embrassions de tout notre cœur ce qu'il veut, et ne mettions point de différence entre ce qui est amer et ce qui est doux lorsqu'il nous est présenté de sa main.


J'avoue que c'est une chose très-difficile de faire non seulement des choses si contraires à notre naturel ; mais de les faire avec plaisir : et c'est aussi en cela que paraît la force de cet amour parfait qui est seul capable de nous faire oublier ce qui nous contente pour ne penser qu'à contenter celui qu'il fait régner dans notre cœur : car il est certain que quelque grands que soient les travaux, ils nous paraissent doux lorsque nous considérons qu'ils sont agréables à Dieu : et c’est de cette manière qu'aiment ceux qui sont arrivés jusques à ce point de perfection de souffrir avec joie les persécutions, les injustices, et les atteintes que l'on donne à leur honneur.




Gras ajoutés.
à suivre…
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Empty Re: FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)

Message  ROBERT. Ven 20 Mai 2011, 8:32 pm

.
FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Sainte27


.

FONDATION DE MÉDINE DU CHAMP.

Par Sainte Thérèse d’Avila

CHAPITRE 5


5. Cela est si constant qu’il serait inutile de m’y arrêter davantage : et ce que je prétends est de faire voir que l’obéissance est le meilleur de tous les moyens pour arriver à cet heureux état : en voici la preuve. Comme nous ne sommes point maîtres de notre volonté pour l employer toute entière et sans réserve à accomplir celle de Dieu jusques à ce que nous l' l’ayons soumise à la raison, nul chemin n'est si court et si sûr pour y arriver que celui de l'obéissance : et non seulement nous n'y arriverons jamais par nos lumières particulières ; mais nous ne le pourrions tenter sans péril, à cause que notre amour propre ne nous proposant que ce qui le flatte, nous rejetons souvent ce qui est le plus conforme à la raison par la répugnance qu'il y trouve.


Il y aurait tant de choses à dire sur ce sujet que je n'aurais jamais fait si j’entreprenais de parler à fond de ce combat qui se passe en nous, et de ce que le démon, le monde, et notre sensualité nous représentent pour offusquer de telle sorte notre raison qu'elle nous
devienne inutile. Ainsi au lieu d'entrer plus avant dans ce discours, il vaut mieux venir aux remèdes que l’on peut apporter à un si grand mal. Je n’y en vois point de meilleur que de faire comme ceux qui après avoir longtemps plaidé et employé inutilement beaucoup d’argent et beaucoup de peine pour voir la fin de leur procès, s'en remettent à des arbitres.

Nous devons de même choisir un Supérieur ou un confesseur à qui nous rapportions sincèrement cette contestation qui se passe en nous, sans nous en inquiéter davantage suivant ces paroles de Notre Seigneur : qui vous écoute, m’écoute . Comme c’est le rendre maître du libre arbitre qu'il nous a donné, cette soumission lui est si agréable que lorsqu' après avoir soutenu mille combats avant que de nous rendre à ce que l’on nous commande parce qu’il nous paraissait injuste, nous avons enfin pour plaire à Dieu assujetti notre volonté sous la loi de l'obéissance, il nous donne un si grand pouvoir sur nous-mêmes que nous en devenons les maîtres. Alors il purifie tellement notre volonté en la rendant conforme à la sienne, que nous pouvons l'employer pour son service d'une manière parfaite ; et après avoir travaillé avec tant de peine pour mettre du bois sur l'autel en renonçant à tout ce qui pouvait déplaire à Notre Seigneur, le prier de faire descendre le feu du ciel pour consumer le sacrifice que nous lui avons fait de nous-mêmes.




Gras ajoutés.
à suivre…
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Empty Re: FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)

Message  ROBERT. Sam 21 Mai 2011, 7:03 pm

.
FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Sainte27


.

FONDATION DE MÉDINE DU CHAMP.

Par Sainte Thérèse d’Avila

CHAPITRE 5


6. Puisqu'on ne peut donner que ce que l'on a, et que cette soumission de notre volonté à celle de Dieu est un trésor qui ne se trouve que dans l’obéissance, il faut comme on fouille dans les mines pour en tirer l'or, et que plus on y fouille plus on en trouve, s'exercer toujours davantage à cette vertu, afin que plus nous nous assujettissons aux hommes en les rendant maîtres de notre volonté, nous en devenions nous-mêmes les maîtres, pour la pouvoir conformer à celle de Dieu.

Jugez donc, mes sœurs, si vous ne serez pas bien récompensées de la peine d’être privées de la douceur que vous trouviez dans la solitude. Je vous assure que cela ne vous empêchera pas d’arriver à cette véritable union dont j'ai parlé qui consiste à n'avoir point d'autre volonté que celle de Dieu. C’est là l’union que je souhaite pour moi-même, et que je vous souhaite à toutes plutôt que ces transports d’esprit si délicieux auxquels on donne le nom d’union, et qui le sont en effet lorsqu’ils sont suivis de l’obéissance dont j'ai parlé.


Mais si cela n’est pas, ces amés ne se trouveront à mon avis unies qu'à leur amour propre, et non pas à la volonté de Dieu. Je le prie de tout mon coeur de me faire la grâce de rendre en cela mes actions conformes à ma connaissance.


La seconde cause du dégoût dont j'ai parlé vient à mon avis de ce que se rencontrant dans la solitude moins d'occasions d'offenser Dieu, quoiqu’il y en ait toujours quelques-unes puisque les démons y sont et nous-mêmes, l’âme s’y trouve plus pure, et qu’ainsi dans sa crainte d’offenser Dieu ce lui est une très-grande consolation d’y rencontrer moins d’obstacles ; et cette raison me paraît encore plus forte pour nous faire désirer d’être séparées du commun des créatures, que celle du plaisir de recevoir de Dieu des consolations et des faveurs.


C'est dans ces occasions où nous avons besoin de nous tenir toujours sur nos gardes, que nous pouvons beaucoup mieux faire paraître si notre amour pour Dieu est véritable que dans les recoins d'une solitude, et que selon mon sens nous faisons un plus grand progrès dans la vertu, quoique nous commettions plus de fautes et faisions même de petites chutes.



Gras ajoutés.
à suivre…


Dernière édition par ROBERT. le Ven 08 Juil 2011, 5:17 pm, édité 1 fois
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Empty Re: FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)

Message  ROBERT. Mar 05 Juil 2011, 8:19 pm

.
FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Sainte27


.

FONDATION DE MÉDINE DU CHAMP.

Par Sainte Thérèse d’Avila

CHAPITRE 5



7. Mais il faut remarquer que je suppose toujours que ce n'est que lorsque l’obéissance ou la charité nous y engage : car à moins que cela je demeure d'accord que la solitude vaut mieux ; que nous devons continuellement la désirer lors même que nous sommes dans l'action, qu'ainsi les âmes qui aiment véritablement Dieu ne cessent jamais de la souhaiter.

Quant à ce que j’ai dit qu'il y a plus à profiter dans l'action, c'est parce qu’elle nous fait connaître à nous-mêmes et voir jusques où va notre vertu, puisque quelque sainte qu'une personne qui est toujours dans la solitude ait sujet de se croire, elle ne sait ni ne peut savoir si elle a de la patience et de l'humilité : de même que pour savoir si un homme est fort vaillant il faut l'avoir vu dans les occasions. S Pierre témoignait ne rien craindre ; et le contraire parut lors qu'il fallût venir à l’épreuve : mais il se releva de sa chute, et ne mettant plus sa confiance qu'en Dieu on vit avec quel courage et quelle générosité il endura le martyre.

Hélas, Seigneur, qu’il nous importe de connaître notre misère ! Sans cela nous nous trouvons par tout en péril ; et ainsi il nous est avantageux que l'on nous commande des choses qui nous fassent voir notre faiblesse. J’estime pour cette raison que Dieu nous favorise plus en un seul jour qu'il nous humilie et nous donne la connaissance de nous-mêmes quoiqu’elle nous coûte de grandes peines et de grands travaux, qu'en plusieurs journées d’oraison. Qui doute qu’un ami véritable n'aime en tout temps et en tous lieux son ami ? Et quelle apparence que l’on ne pût faire oraison que dans le secret de la solitude ? J’avoue que les personnes qui sont dans l’action n’ont pas grand loisir pour prier : mais, mon Sauveur, quelle force n’a point auprès de vous un soupir qui procède du fond du cœur par la peine de voir qu'outre le déplaisir de demeurer en cet exil on ne nous donne pas le temps de jouir dans la retraite de vos célestes consolations ?

Il paraît, Seigneur, par ce que je viens de dire que nous nous sommes rendues pour l'amour de vous esclaves de l'obéissance, puisqu' elle nous fait en quelque sorte renoncer au plaisir d'être avec vous : et il n' y a pas sujet de s'en étonner lorsque nous considérons que par une faveur que nul ressentiment ne peut égaler, elle vous a fait aussi en quelque manière sortir du sein de votre Père Éternel pour vous rendre esclave des hommes.

Mais il faut bien prendre garde à n’oublier jamais dans l’action, quoique faite par obéissance et par charité, d'élever souvent son esprit à Dieu. Croyez-moi, mes filles, l’âme ne tire point d’avantages des longues oraisons lorsque l’obéissance et la charité l’appellent ailleurs : et au contraire les bonnes œuvres la rendent en peu de temps beaucoup plus capable d'être embrasée de l'amour de Dieu que plusieurs heures de méditation. C’est de lui seul que nous devons attendre tout notre bonheur. Qu’il soit béni aux siècles des siècles. Ainsi soit-il.




Gras ajoutés.
à suivre…
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Empty Re: FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)

Message  ROBERT. Ven 08 Juil 2011, 5:24 pm

.
FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Sainte27


.

FONDATION DE MÉDINE DU CHAMP.


Par Sainte Thérèse d’Avila

CHAPITRE 6


Avis admirable de la sainte pour distinguer les faux ravissements d’avec les véritables, et empêcher que l'on ne se laisse aller à ces défaillances qui ne procèdent que d’une faiblesse de la nature, ou d’imagination, ou de mélancolie. Exemples que rapporte la sainte sur ce sujet, et entre autres de deux religieuses qui croyaient ne pouvoir sans mourir manquer de communier tous les jours.


1. J’ai fait ce que j’ai pu pour connaitre d'où procèdent ces grands transports dans l’oraison que j’ai remarqué en certaines personnes que Notre Seigneur favorise de ses grâces lors qu’elles font ce qu’elles peuvent pour se disposer à les recevoir : mais je ne veux pas traiter maintenant de ces suspensions et de ces ravissements. J’en ai assez parlé ailleurs, et il serait inutile d'en rien dire ici, parce que s'ils sont véritables nous ne saurions ne les point avoir quelques efforts que nous fassions pour y résister. Mais il faut remarquer que cette force qui vient d'En-haut et qui fait que nous ne sommes plus maîtres de nous-mêmes, dure peu, et qu' il arrive souvent qu'ayant commencé par l'oraison de quiétude qui est comme un sommeil spirituel, l'âme entre dans un transport qui fait que si elle ignore comment elle s'y doit conduire, elle perd avec peu de mérite beaucoup de temps, et épuise ses forces par sa faute.

Je voudrais pouvoir bien m’expliquer : mais cela est si difficile que je doute d’y réussir. Je tiens pour certain que les âmes qui se trouvent engagées dans cette erreur m'entendront si elles me veulent croire.

J'en connais qui demeuraient durant sept et huit heures en l'état que je viens de dire, et le prenaient pour un ravissement. Quelque bonne que fut l’occupation à quoi on les employait, elles se laissaient aussitôt aller dans une sorte de recueillement qui les tirait comme hors d'elles-mêmes, leur paraissant qu'il ne fallait pas résister à Notre Seigneur. Ainsi elles auraient peu à peu pu perdre l'esprit ou la vie si on n'y eût remédié. Ce que je puis dire sur ce sujet est, qu'étant naturellement si porté à aimer ce qui nous contente, Dieu ne favorise pas plutôt une âme de ces douceurs spirituelles, que la crainte d'en être privée fait qu'elle voudrait ne s'occuper d'autre chose, parce qu'il est vrai qu'il n'y a rien dans le monde qui en approche : et cela arrive principalement aux personnes faibles, dont l'esprit, ou pour mieux dire l’imagination, s'attache si fortement à un objet qu'elles ne voudraient jamais s'en divertir, ainsi que l'on en voit d'autres faire la même chose en des sujets qui ne regardent point la piété. Et s’il y entre de la mélancolie, elle leur fera prendre pour des vérités des illusions agréables.




Gras ajoutés.
à suivre…

ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Empty Re: FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)

Message  ROBERT. Dim 10 Juil 2011, 4:33 pm

.
FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Sainte27


.

FONDATION DE MÉDINE DU CHAMP.

Par Sainte Thérèse d’Avila

CHAPITRE 6


Avis admirable de la sainte pour distinguer les faux ravissements d’avec les véritables, et empêcher que l'on ne se laisse aller à ces défaillances qui ne procèdent que d’une faiblesse de la nature, ou d’imagination, ou de mélancolie. Exemples que rapporte la sainte sur ce sujet, et entre autres de deux religieuses qui croyaient ne pouvoir sans mourir manquer de communier tous les jours.


3. Mais quand même ces personnes ne tomberaient point en défaillance, si elles occupent trop fortement leur imagination en des sujets d'oraison fort sublimes, il faut se conduire envers elles de la même sorte, parce qu'il arrive souvent qu'elles ne se possèdent plus elles-mêmes, principalement si elles ont reçu de Dieu quelque faveur extraordinaire, ou qu'elles aient eu quelque vision qui leur ait tellement rempli l'esprit, qu'encore qu'elle n'ait duré que peu elles se l'imaginent toujours présente. Quand on se voit en cet état durant quelques jours il faut tâcher de détourner son esprit de cet objet pour s'occuper de quelque autre : en quoi l'on ne saurait faillir, pourvu que ce soit toujours en des choses qui regardent le service de Dieu : et cela lui est si agréable qu'il ne prend pas moins de plaisir à voir que l'on arrête en certain temps sa pensée sur les merveilles de ses créatures et sur le pouvoir de celui de qui elles tiennent l'être, que de les arrêter sur lui-même.


Que déplorable est le malheur où nous sommes tombés par le péché, puisque même dans les choses qui sont bonnes nous nous trouvons obligés de marcher avec tant de retenue pour ne point hasarder notre salut ! C’est une vérité qu'il importe extrêmement de considérer, principalement pour ceux dont l' esprit est faible. Ainsi lors que notre imagination se sent si frappée de la considération d’un même mystère, soit de la passion, ou de la gloire du ciel, ou de quelque autre, qu'elle ne saurait durant plusieurs jours penser à autre chose, elle doit tâcher de s'en divertir. Que si elle ne le fait pas, elle connaitra avec le temps le mal qui lui en arrivera, et qu'il procède comme je l'ai dit, ou d'une grande débilité corporelle, ou de ce que l'imagination est blessée : ce qui serait encore beaucoup plus à craindre, à cause qu'on serait alors semblable à un fou qui se plaisant dans sa folie en est si occupé qu'il ne peut penser à autre chose ni considérer les raisons qui l'obligent de s'en détourner, parce qu' ayant perdu la raison il n' est plus maître de lui-même.



Gras ajoutés.
à suivre…

ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Empty Re: FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)

Message  ROBERT. Dim 10 Juil 2011, 5:07 pm

.
FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Sainte27


.

FONDATION DE MÉDINE DU CHAMP.

Par Sainte Thérèse d’Avila

CHAPITRE 6


Avis admirable de la sainte pour distinguer les faux ravissements d’avec les véritables, et empêcher que l'on ne se laisse aller à ces défaillances qui ne procèdent que d’une faiblesse de la nature, ou d’imagination, ou de mélancolie. Exemples que rapporte la sainte sur ce sujet, et entre autres de deux religieuses qui croyaient ne pouvoir sans mourir manquer de communier tous les jours.


4. Que si cette personne est mélancolique, le mal peut aller plus avant, et je vois d'autant moins d’apparence de la laisser en cet état, qu'outre ce que j'ai déjà dit, Dieu étant infini, une âme peut en diverses manières s'employer à son service. Et ne serait-ce pas la tenir captive et comme enchaînée que de ne lui permettre de penser qu'à une seule de ses grandeurs ou à un seul de ses mystères, puisqu'ils sont en si grand nombre que plus on les considère et plus on trouve qu'il en reste encore à considérer ? Ce n’est pas qu’en parlant ainsi je prétende que l’on puisse en une heure ni en un jour méditer profondément sur plusieurs de ces mystères, puisque ce serait le moyen de n'en comprendre bien aucun, tant ils sont sublimes et élevés : ainsi il ne faut pas se méprendre en donnant à mes paroles un sens contraire à ma pensée.


Ceci est si important que je serais fort fâchée que celles qui ne l'entendront pas la première fois, quelque peine que j'aie prise à m'expliquer, ne voulussent pas se donner celle de le relire, principalement les Prieures et les Maîtresses des Novices qui doivent instruire les sœurs en ce qui est de l'oraison. Que si elles le négligent dans les commencements, elles connaîtront par le long temps dont elles auront besoin pour réparer de semblables défauts, le soin qu'elles doivent prendre d'y remédier dès leur naissance. Si j’écrivais tous les maux que j’ai vu arriver manque de tenir cette conduite on ne s'étonnerait pas que j’insiste tant sur ce point. Je me contenterai d'en rapporter un exemple qui pourra faire juger du reste.




Gras ajoutés.
à suivre…




Dernière édition par ROBERT. le Dim 10 Juil 2011, 5:07 pm, édité 1 fois (Raison : mise en forme)
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Empty Re: FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)

Message  ROBERT. Lun 11 Juil 2011, 8:34 pm

.
FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Sainte27


.

FONDATION DE MÉDINE DU CHAMP.

Par Sainte Thérèse d’Avila

CHAPITRE 6


Avis admirable de la sainte pour distinguer les faux ravissements d’avec les véritables, et empêcher que l'on ne se laisse aller à ces défaillances qui ne procèdent que d’une faiblesse de la nature, ou d’imagination, ou de mélancolie. Exemples que rapporte la sainte sur ce sujet, et entre autres de deux religieuses qui croyaient ne pouvoir sans mourir manquer de communier tous les jours.


5. Il y a dans l'un de ces monastères une religieuse du chœur, et une Converse, toutes deux personnes de très grande oraison, fort mortifiées, fort humbles, fort vertueuses, si favorisées de Notre Seigneur qu'il leur donne la connaissance de Ses grandeurs, et si détachées de tout et si remplies de son amour, qu'encore qu' il ne se put rien ajouter au soin que nous prenions de les observer, nous ne remarquions rien en elles en quoi elles manquassent de répondre aux grâces qu'elles recevaient de Dieu : ce que je rapporte particulièrement, afin que celles qui n'ont pas tant de vertu comprennent mieux le sujet qu'elles ont de craindre.

Ces deux religieuses entrèrent dans un si ardent désir de jouir de la présence de Notre Seigneur, que ne pouvant trouver de soulagement que dans la communion elles n'oubliaient rien pour obtenir des confesseurs la permission d’approcher souvent de la sainte table. Ces dispositions augmentant toujours, elles croyaient ne pouvoir vivre si elles demeuraient un jour sans communier. Cela alla jusqu’à un tel excès que les confesseurs, dont l'un était fort spirituel, jugeaient qu'il n'y avait point d’autre remède pour adoucir une peine si excessive. Cette peine passa encore plus avant : car l’une d'elles se trouvait si extrêmement pressée de ce désir de communier, que pour ne pas mettre sa vie en danger, il fallait la communier de grand matin ; et il ne pouvait y avoir de fiction, puisque ni l’une ni l’autre de ces deux filles n’aurait pas voulu pour tous les biens du monde dire un mensonge.

Je n’étais pas alors dans cette maison ; mais la Prieure m'en écrivit et me manda qu'elle ne savait de quelle sorte se conduire voyant que des hommes si capables croyaient ne pouvoir agir d’une autre manière. Dieu permit que je compris aussitôt le mal qui en pouvait arriver, et voulus néanmoins n'en rien témoigner que lorsque je serais sur les lieux, tant parce que je craignis de me tromper, qu'à cause qu'il y aurait eu de l’imprudence de blâmer cette conduite jusqu’à ce que je puisse dire les raisons qui m'empêchaient de l'approuver.




Gras ajoutés.
à suivre…
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Empty Re: FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)

Message  ROBERT. Mar 12 Juil 2011, 4:08 pm

.
FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Sainte27


.

FONDATION DE MÉDINE DU CHAMP.

Par Sainte Thérèse d’Avila

CHAPITRE 6


Avis admirable de la sainte pour distinguer les faux ravissements d’avec les véritables, et empêcher que l'on ne se laisse aller à ces défaillances qui ne procèdent que d’une faiblesse de la nature, ou d’imagination, ou de mélancolie. Exemples que rapporte la sainte sur ce sujet, et entre autres de deux religieuses qui croyaient ne pouvoir sans mourir manquer de communier tous les jours.


6. Lorsque je fus arrivée dans ce monastère, celui de ces deux confesseurs qui n'était pas moins humble qu'habile, entra aussitôt dans mon sentiment : et l'autre au contraire qui n’était pas à beaucoup près si spirituel ni si capable, ne voulut jamais s'y rendre. Mais je ne m’en mis guère en peine, parce que je n'étais pas obligée de déférer à ses avis. Je parlai ensuite à ces filles, et leur dis des raisons qui me paraissaient assez fortes pour leur persuader que la créance qu'elles avaient de ne pouvoir vivre si elles ne communiaient tous les jours n’était qu'une imagination.

Mais voyant qu'il était impossible de leur faire changer de sentiment, je leur dis, qu'encore que je ne fusse pas pressée d'un moindre désir qu'elles de recevoir si souvent Notre Seigneur, je ne communierais néanmoins que quand toutes les sœurs communieraient, afin qu'elles s'en abstinssent aussi : et que si cela ne se pouvait faire sans mourir, nous mourrions toutes trois ensemble, n' y trouvant pas tant de péril qu' à souffrir qu'un tel usage s' introduisît dans des maisons, où tant de filles qui n'aimaient pas moins Dieu qu'elles l’aimaient, voudraient faire la même chose.

Cette coutume que ces deux religieuses avaient prise de communier tous les jours et dans laquelle le diable s'était sans doute mêlé, avait déjà fait tant de mal, qu’il semblait que l’on ne pouvait les en empêcher sans les faire mourir : mais je demeurai inflexible, parce que plus je voyais qu'elles ne se soumettaient point à l'obéissance à cause qu' qu’elles croyaient ne le pouvoir faire, plus je connaissais évidemment que c'était une tentation. Elles passèrent cette première journée avec beaucoup de peine : elles en eurent un peu moins le lendemain ; et enfin elle diminua de telle sorte, qu’encore que je communiasse parce qu’on me l’avait commandé, sans quoi ma compassion pour leur faiblesse m’en aurait encore empêchée, elles n'en furent point troublées.

Quelque temps après elles et toutes les autres connurent que ce fut une tentation, et combien il était important d'y remédier de bonne heure : car il arriva certaines choses dans cette maison, dont je pourrai parler en un autre lieu, qui les mirent mal avec leurs Supérieurs sans qu'il y eût de leur faute ; et s'il y en avait eu je n’aurais eu garde d’approuver leur conduite, ni de la souffrir.



Gras ajoutés.
à suivre…

ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Empty Re: FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)

Message  ROBERT. Mar 12 Juil 2011, 8:36 pm

.
FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Sainte27


.

FONDATION DE MÉDINE DU CHAMP.

Par Sainte Thérèse d’Avila

CHAPITRE 6


Avis admirable de la sainte pour distinguer les faux ravissements d’avec les véritables, et empêcher que l'on ne se laisse aller à ces défaillances qui ne procèdent que d’une faiblesse de la nature, ou d’imagination, ou de mélancolie. Exemples que rapporte la sainte sur ce sujet, et entre autres de deux religieuses qui croyaient ne pouvoir sans mourir manquer de communier tous les jours.

7. Quels autres exemples ne pourrais-je point alléguer sur ce sujet ? Je me contenterai d'en rapporter encore un de ce qui se passa dans un monastère, non pas de notre Ordre, mais de Bernardines. Il y avait une religieuse fort vertueuse qui jeûnait et se donnait la discipline avec tant d’excès, qu' elle tomba dans une telle faiblesse que toutes les fois qu' elle communiait ou entrait dans une ferveur encore plus grande qu' à l’ordinaire, elle s' évanouissait et demeurait durant huit ou neuf heures en cet état. Toutes les autres et elle-même croyaient que c'était un ravissement : et cela arrivait si souvent qu’il aurait pu causer un fort grand mal si l’on n’y eut remédié.

Le bruit se répandit aussitôt que c’étaient des ravissements ; et je ne pouvais voir sans peine que l'on eût cette créance, parce que Dieu m' avait fait connaître que ce n'en était pas, et que j'en appréhendais les suites. Son confesseur qui était fort de mes amis me raconta ce qui se passait, et je lui dis que je croyais que cela ne procédait que de faiblesse ; que je n'y voyais aucune marque de véritables ravissements, et qu’ainsi, au lieu de la laisser en cet état, j’estimais à propos de retrancher ses jeûnes et ses disciplines, et de penser à la divertir. Il l’approuva : et comme cette religieuse était fort obéissante elle n’eut point de peine à se soumettre.

Ses forces revinrent peu à peu, et elle ne se souvint plus de ces ravissements qu’elle s'était imaginée d'avoir. Que s'ils eussent été véritables Dieu seul aurait pu les faire cesser, tous les efforts des hommes étant inutiles pour résister à l’impétuosité avec laquelle ils emportent le corps, et le laissent dans une aussi grande lassitude qu’ils produisent de grands effets dans l’âme : au lieu que ces ravissements imaginaires passent sans qu'il en reste aucune de ces marques.



Gras et italiques ajoutés.
à suivre…


ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Empty Re: FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)

Message  ROBERT. Mer 13 Juil 2011, 8:30 pm

.
FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Sainte27


.

FONDATION DE MÉDINE DU CHAMP.

Par Sainte Thérèse d’Avila

CHAPITRE 6


Avis admirable de la sainte pour distinguer les faux ravissements d’avec les véritables, et empêcher que l'on ne se laisse aller à ces défaillances qui ne procèdent que d’une faiblesse de la nature, ou d’imagination, ou de mélancolie. Exemples que rapporte la sainte sur ce sujet, et entre autres de deux religieuses qui croyaient ne pouvoir sans mourir manquer de communier tous les jours.

8. On peut connaître par ce que je viens de dire que tout ce qui lie l'âme de telle sorte qu'il lui ôte l'usage de la raison doit être suspect, et que l'on ne saurait jamais arriver par ce moyen à la liberté de l'esprit, dont l'un des effets est de trouver Dieu en toutes choses, et de pouvoir en prendre un sujet d'élever sa pensée et son coeur vers lui. Le reste est un assujettissement de l'esprit, qui outre le mal qu'il fait au corps est un obstacle à l'âme pour s’avancer. C’est comme si l’on rencontrait dans son chemin un marais ou un bourbier qui empêche d’aller plus avant, au lieu que l'on a besoin pour faire un grand progrès dans la piété, non seulement de marcher, mais de voler.


Gras ajoutés.
à suivre…

ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Empty Re: FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)

Message  ROBERT. Ven 15 Juil 2011, 8:53 pm

.
FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Sainte27


.

FONDATION DE MÉDINE DU CHAMP.

Par Sainte Thérèse d’Avila

CHAPITRE 6


Avis admirable de la sainte pour distinguer les faux ravissements d’avec les véritables, et empêcher que l'on ne se laisse aller à ces défaillances qui ne procèdent que d’une faiblesse de la nature, ou d’imagination, ou de mélancolie. Exemples que rapporte la sainte sur ce sujet, et entre autres de deux religieuses qui croyaient ne pouvoir sans mourir manquer de communier tous les jours.

9. Si l’on me demande ce qu'il faut faire lorsque ces personnes disent et croyent en effet ne pouvoir résister à ces mouvements qui les occupent tellement de Dieu que toutes leurs puissances sont suspendues ; je réponds qu'il n'y a pas sujet de craindre, pourvu que cela ne dure pas plus de huit jours, parce qu'une personne d'un naturel faible a besoin d'un peu de temps pour revenir de son étonnement : mais s'il continue davantage il faut y remédier. Ce qu’il y a de bon en cela est qu’il n’y a point de péché, et qu’on ne laisse pas de mériter. Les inconvénients dont j' ay parlé s'y rencontrent néanmoins et beaucoup d'autres, particulièrement en ce qui regarde la communion, où c'en serait un fort grand si l'ardent désir qu aurait une personne de recevoir son Créateur, et la solitude où elle se croirait être étant privée de ce bonheur, l'empêchait d'obéir à son confesseur ou à sa Prieure lorsqu'ils jugeraient à propos qu'elle s'en abstînt.

Ainsi il faut dans ces rencontres comme en d’autres mortifier ces personnes, et leur faire comprendre qu’il leur est beaucoup plus avantageux de renoncer à leur volonté que de rechercher leur consolation. J’ai éprouvé que l’amour-propre peut aussi avoir grande part à ce que je viens de dire : car il m' est souvent arrivé après avoir reçu la sainte hostie et l'ayant presque encore toute entière dans ma bouche, que voyant communier les autres j'aurais désiré de n'avoir pas communié afin de la pouvoir recevoir, et je ne m' apercevais point alors de mon erreur. Mais j’ai reconnu depuis que cela ne provenait pas tant de l'amour de Dieu que de ce que je recherchais ma satisfaction, à cause qu'il arrive d'ordinaire qu'en approchant de la sainte table on sent un plaisir plein de tendresse qui nous attire : car si je n'eusse été touchée de ce désir que pour recevoir mon Sauveur, ne l'avais-je pas reçu dans mon âme ? Si ce n’eut été que pour obéir au commandement que l’on m’avait fait de communier, n’avais-je pas déjà communié ? Et si ce n’eut été que pour recevoir les grâces et les faveurs que le Très-Saint Sacrement nous communique, ne les avais-je pas déjà reçues ? Ainsi je vis clairement que je ne recherchais qu'un plaisir sensible.


( à suivre... )



Gras ajoutés.
à suivre…

ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Empty Re: FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)

Message  ROBERT. Sam 16 Juil 2011, 8:32 pm

.
FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Sainte27


.

FONDATION DE MÉDINE DU CHAMP.

Par Sainte Thérèse d’Avila

CHAPITRE 6


Avis admirable de la sainte pour distinguer les faux ravissements d’avec les véritables, et empêcher que l'on ne se laisse aller à ces défaillances qui ne procèdent que d’une faiblesse de la nature, ou d’imagination, ou de mélancolie. Exemples que rapporte la sainte sur ce sujet, et entre autres de deux religieuses qui croyaient ne pouvoir sans mourir manquer de communier tous les jours.


9. (suite) J'ai connu dans un lieu où nous avons un monastère une femme qui passait pour une grande servante de Dieu, et qui aurait dû l’être puisqu'elle communiait tous les jours : mais comme elle choisissait pour ce sujet tantôt une église tantôt une autre, et n'avait point de confesseur arrêté, j’aurais mieux aimé la voir obéir à un directeur que de communier si souvent. Elle demeurait dans sa maison en particulier, où je pense qu’elle ne s'occupait que de ce qui lui était le plus agréable : et parce qu'elle était bonne je veux croire que tout ce qu'elle faisait était bon. Je le lui disais quelquefois : elle n'en tenait pas grand compte, et je ne l'en pouvais blâmer à cause qu'elle était meilleure que moi en tout le reste, quoiqu’il me parût qu'elle avait tort en cela.

Le saint Père Pierre D'Alcantara arriva alors, et je ne demeurai pas satisfaite de la relation qu'elle lui fit : ce qui venait sans doute de ce que nous sommes si misérables que nous ne sommes contents que de ceux qui marchent par un même chemin que nous : car je crois qu'elle avait plus servi Dieu et fait plus de pénitences en un an que moi en plusieurs années. Elle tomba malade de la maladie dont elle mourut, et n'eut point de repos jusqu’à ce que l'on dit la messe chez elle et qu'on la communia tous les jours. Comme cette maladie dura longtemps, un prêtre de grande piété qui lui disait souvent la messe eut peine de la voir ainsi communier tous les jours chez elle : et ce fut peut-être une tentation du diable, parce que cela se rencontra au dernier jour de sa vie.

Ce bon ecclésiastique ne consacra donc point d'hostie pour elle : et lorsque la messe étant achevée elle vit qu'il ne la communiait pas, elle se mit en telle colère contre lui qu'il en fut fort scandalisé et me le vint dire. J’en fus aussi extrêmement touchée ; et comme je crois qu'elle mourut incontinente après, je doute qu’elle se soit réconciliée avec ce bon prêtre. Je connus par là combien il est dangereux de faire en quoique ce soit notre volonté, et particulièrement dans les choses importantes : car ceux qui ont l'honneur de recevoir si souvent Notre Seigneur doivent s'en reconnaître si indignes, que ce ne soit point par eux-mêmes qu’ils l’entreprennent, mais par l’avis de leur directeur afin que l’obéissance supplée à ce qui leur manque pour être en état de s'approcher de cette suprême majesté.


(à suivre…)



Gras ajoutés.
à suivre…
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Empty Re: FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)

Message  ROBERT. Dim 17 Juil 2011, 8:47 pm

.
FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Sainte27


.

FONDATION DE MÉDINE DU CHAMP.

Par Sainte Thérèse d’Avila

CHAPITRE 6


Avis admirable de la sainte pour distinguer les faux ravissements d’avec les véritables, et empêcher que l'on ne se laisse aller à ces défaillances qui ne procèdent que d’une faiblesse de la nature, ou d’imagination, ou de mélancolie. Exemples que rapporte la sainte sur ce sujet, et entre autres de deux religieuses qui croyaient ne pouvoir sans mourir manquer de communier tous les jours.


9. (suite) Ce que je viens de raconter était à cette dévote femme une occasion de s’humilier qui lui aurait peut-être fait mériter davantage que ces communions si fréquentes, en lui faisant voir que ce prêtre n'avait point de tort, et que Dieu qui connaissait sa misère et son indignité l'avait ordonné de la sorte. C’est comme en usait une personne que ses confesseurs par prudence privaient quelque fois de la communion, parce qu'ils voyaient qu'elle s'y présentait fort souvent : car encore qu'elle en fut très sensiblement touchée, l'honneur de Dieu lui était plus cher que sa propre satisfaction ; et elle Lui rendait grâces de ce qu'Il avait fait connaître à son confesseur que la maison de son âme n’était pas une demeure digne d'un si grand Seigneur. Ainsi elle obéissait tranquillement et humblement, quoique la tendresse de son amour pour son Sauveur lui fît souffrir beaucoup de peine, et rien n’aurait été capable de la porter à désobéir à son confesseur.

Quand notre amour pour Dieu n’empêche pas nos passions de nous porter à L'offenser, et que nous rendant incapables d’écouter la raison elles troublent la tranquillité de notre âme ; il est évident ce me semble que nous nous recherchons nous-mêmes, et que le diable ne manque pas de se servir de ces occasions pour nous nuire autant qu'il le peut. C’est pourquoi je ne saurais penser sans frayeur à ce qui arriva à cette femme. Car bien que je ne veuille pas croire que cela ait causé sa perte, la miséricorde de Dieu étant si grande, je ne saurais m’empêcher de trembler lorsque je pense qu’il arriva dans un temps si dangereux.

J'ai rapporté cet exemple pour faire connaître aux Supérieures, et aux sœurs le sujet qu'elles ont de craindre, et de se bien examiner sur les dispositions où elles doivent être pour recevoir ce grand Sacrement. Car si leur intention n’est que de plaire à Dieu, ne savent-elles pas que l’obéissance lui est plus agréable que le sacrifice ? Et si elles méritent davantage en ne communiant point qu’en communiant, quel sujet ont-elles de se troubler ? Ce n' est pas que je trouve étrange que n'étant pas toutes arrivées à une si grande perfection que de ne rien vouloir que ce que Dieu veut, elles sentent quelque peine dans ces rencontres : mais je dis que cette peine doit être accompagnée d'humilité. Que si elles étaient entièrement dégagées de tout intérêt et de tout amour-propre, elles se réjouiraient même au lieu de s’attrister de rencontrer cette occasion de plaire à Dieu dans une chose qui leur est si sensible : elles s'humilieraient et seraient assez contentes de communier spirituellement . Mais parce que ce grand désir de recevoir Notre Seigneur est, principalement dans les commencements, une grâce qu' Il nous fait, je ne saurais, comme je l'ai dit, m'étonner que l'on sente la peine d'en être privée.

Je désire seulement que l'on ne s'en trouble point, et que l'on tire de là des sujets de s’humilier. Car si on s’en inquiète, si on s’en altère, et si on s'en émeut contre la Prieure ou le confesseur, qui peut douter que ce ne soit une tentation manifeste ? Que si contre l’ordre du confesseur quelqu’une avait la hardiesse de communier, je ne voudrais nullement participer au mérite qu’elle prétendrait tirer de sa communion, puisque nous ne devons pas en de semblables rencontres être juges de nous-mêmes : cela n’appartenant qu’à ceux qui ont le pouvoir de lier et de délier. Je prie Dieu de tout mon cœur de nous donner la lumière qui nous est nécessaire et de nous assister de Son secours, afin que nous n'abusions point de ses faveurs en des occasions si importantes.



Gras ajoutés.
à suivre…


ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Empty Re: FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)

Message  ROBERT. Lun 18 Juil 2011, 8:55 pm

.
FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Sainte27


.

FONDATION DE MÉDINE DU CHAMP.

Par Sainte Thérèse d’Avila

CHAPITRE 7



Des effets de la mélancolie, et des moyens dont on peut user pour remédier à un si grand mal et si dangereux dans les monastères.



1. Mes sœurs du monastère de S. Joseph de Salamanque où j’écris ceci m’ont priée avec instance de leur dire quelque chose de la manière dont elles se doivent conduire envers celles qui sont d’un naturel mélancolique. Car encore que nous évitions avec grand soin d’en recevoir de cette sorte, cette humeur est si subtile, si cachée, et si difficile à découvrir, que nous ne nous en apercevons que lorsque nous ne pouvons plus renvoyer celles qui y sont sujettes. Il me semble que j’en ai dit quelque chose dans un petit traité. Mais quand il se rencontrerait que je le répéterais ici je n’y devrais pas avoir regret, ni même à le redire cent fois s'il plaisait à Dieu qu’il fut utile.

Les inventions que cette humeur mélancolique trouve pour porter les personnes à faire leur volonté sont en si grand nombre, qu’il faut les observer avec un extrême soin de peur qu’elles ne nuisent aux autres.

On doit remarquer que ces personnes mélancoliques ne donnent pas toutes de la peine. Celles qui sont naturellement humbles, de douce humeur, et qui ont bon esprit renferment en elles-mêmes ce qu'elles souffrent, sans nuire aux autres. Et il se trouve aussi du plus et du moins dans celles qui n’ont pas ces conditions. Je ne doute point que le diable ne fasse tous ses efforts pour les gagner, afin d’en gagner d’autres par leur moyen : et si elles ne se tiennent sur leurs gardes, il pourra y réussir, parce que l’effet de la mélancolie étant d'obscurcir et de troubler la raison, à quoi ne peut-elle point porter nos passions ? Et quelle différence y a-t-il entre perdre la raison et tomber dans la folie ? Quant aux personnes dont je parle elles ne vont pas jusque là ; et il vaudrait mieux qu'elles y allassent, n'y ayant rien de plus fâcheux que de se voir obligé de traiter comme des créatures raisonnables celles qui ne le sont pas. Il est vrai que ceux qui ont entièrement perdu l'esprit sont dignes d'une grande compassion : mais au moins ne nuisent-ils point aux autres, et le meilleur moyen pour en venir à bout est de les tenir dans la crainte.




à suivre…
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Empty Re: FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)

Message  ROBERT. Mar 19 Juil 2011, 5:40 pm

.
FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Sainte27


.

FONDATION DE MÉDINE DU CHAMP.

Par Sainte Thérèse d’Avila

CHAPITRE 7



Des effets de la mélancolie, et des moyens dont on peut user pour remédier à un si grand mal et si dangereux dans les monastères.


2. Quand les autres remèdes ne suffisent pas, il faut aussi user de celui-là envers les personnes qui ne font que commencer d’être frappées de ce mal, puisqu' encore qu'il ne soit pas si grand, il tire son origine de la même source. Et les Supérieurs doivent se servir des pénitences ordonnées par nos Constitutions, et traiter ces personnes de telle sorte qu'elles perdent toute espérance qu’on leur permette de faire leur volonté en quoi que ce soit, parce que si elles croyaient pouvoir quelquefois obtenir cette liberté par les cris et les témoignages de désespoir que le démon leur inspire pour les perdre, leur mal serait sans remède, et une seule d’elles serait capable de troubler tout un monastère.

Comme une personne réduite dans un état si déplorable ne trouve point en elle-même de quoi se défendre des artifices du démon, la Supérieure doit veiller sur elle avec un extrême soin, non seulement pour ce qui regarde l'extérieur, mais aussi l'intérieur, à cause que plus la raison est faible et obscurcie dans une âme, plus la conduite de la Supérieure doit être pleine de force et de lumière, afin d'empêcher que le démon ne se serve de cette dangereuse mélancolie pour se rendre maître de cette âme comme il y aurait grand sujet de le craindre, parce qu'il y a certains temps dans lesquels cette humeur domine de telle sorte qu'elle étouffe entièrement la raison : et alors à quelque extravagance qu'une personne se porte elle ne pèche point non plus que les fous.



Gras ajoutés
à suivre…
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Empty Re: FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)

Message  ROBERT. Mer 20 Juil 2011, 8:00 pm

.
FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Sainte27


.

FONDATION DE MÉDINE DU CHAMP.

Par Sainte Thérèse d’Avila

CHAPITRE 7


Des effets de la mélancolie, et des moyens dont on peut user pour remédier à un si grand mal et si dangereux dans les monastères.


3. Mais quant à celles dont la raison n'est qu'affaiblie et qui ont de bons intervalles, il se faut bien garder de leur rien souffrir dans les temps où leur mélancolie paraît davantage, de peur que lorsqu'elles seront plus raisonnables, elles ne prissent la liberté de se conduire à leur fantaisie : ce qui est un si grand artifice du diable que si l'on n'y fait beaucoup d’attention, ces personnes ne pensent qu'à faire leur volonté, à dire tout ce qui leur vient en la bouche, à remarquer les fautes des autres, à cacher les leurs, et à se satisfaire en toutes choses. Ainsi comme elles ne peuvent par elles-mêmes se retenir à cause que leurs passions ne sont point mortifiées, mais vont où leur impétuosité les porte ; que serait-ce si on ne leur résistait point ? Ce que j'ai vu plusieurs personnes travaillées de ce mal me fait encore redire que je n'y sais point d'autre remède que de ne négliger aucun moyen pour le dompter. Si les paroles ne suffisent, il faut employer les châtiments : et si les petits châtiments sont inutiles, en venir aux grands, et au lieu de les tenir un mois en prison les y tenir quatre, puisqu'on ne saurait leur faire une plus grande charité que d’user envers elles de cette rigueur.

Cet avis est si important que je ne saurais trop le répéter. Car bien que quelquefois ces personnes ne soient pas maîtresses d'elles-mêmes, néanmoins parce qu'elles n'ont pas toujours de telle sorte perdu la raison qu'elles ne puissent pécher, elles sont en grand péril, rien ne pouvant les en préserver que lorsqu'elle se trouve étouffée par la folie. Ainsi c’est une grande miséricorde que Dieu fait à celles qui tombent par sa permission dans cette dangereuse maladie, de se soumettre à ceux qui les gouvernent, puisque c’est le seul moyen de les garantir du péril où elles sont. Que si quelqu’une d'elles vient à lire ceci, je la conjure au nom de Dieu de considérer qu'il lui importe peut-être de son salut de profiter de cet avis.




à suivre…
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Empty Re: FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)

Message  ROBERT. Jeu 21 Juil 2011, 4:40 pm

.
FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Sainte27


.

FONDATION DE MÉDINE DU CHAMP.

Par Sainte Thérèse d’Avila

CHAPITRE 7



Des effets de la mélancolie, et des moyens dont on peut user pour remédier à un si grand mal et si dangereux dans les monastères.

4. Je connais des personnes tellement persécutées de cette malheureuse humeur mélancolique, que peu s'en faut qu'elles ne perdent l’esprit. Mais qui ont tant d’humilité et tant de crainte de Dieu, qu’encore que la peine qu’elles souffrent leur fasse répandre des ruisseaux de larmes, elles la supportent avec patience et obéissent aussi exactement qu’aucune des autres : ce qui est un si grand martyre qu’il les élèvera sans doute à un plus haut degré de gloire ; et l'on peut croire ce me semble que faisant leur purgatoire en ce monde elles ne le feront point en l’autre. Que si quelques-unes ne veulent pas se soumettre de leur bon gré il faut que les Supérieures les y contraignent, sans se laisser toucher d'une compassion indiscrète qui pourrait être cause de troubler tout le monastère. Car outre le préjudice qu'en recevrait cette personne, nous sommes naturellement si misérables que les autres la croyant bonne, parce qu’elles ignoreraient ce qui se passerait en elle, elles se persuaderaient d'être mélancoliques afin qu’on les supportât aussi, et le démon ferait qu'en effet elles le deviendraient, et causeraient un tel ravage dans toute la communauté qu'il serait difficile d'y remédier lorsqu'on viendrait à le connaître.


Cela est si important qu’il ne faut en nulle manière le souffrir, et l'on ne saurait y veiller avec trop de soin. Que si la mélancolique résiste à ce qui lui sera ordonné, la Supérieure ne lui pardonnera rien, et sans avoir aucun égard à son infirmité, elle usera de la même rigueur si elle dit quelque mauvaise parole à ses sœurs, et ainsi en tout le reste.

Il pourra sembler à quelques-uns qu’il y a de l’injustice de traiter aussi rudement une personne malade que si elle était saine. Mais si cela était véritable il y en aurait donc à lier les fous et à les fouetter, et il faudrait leur permettre de battre et d'assommer tout le monde. On me doit croire en ceci, puisque j'en ai fait l'épreuve, et qu'après avoir employé à mon avis toutes sortes de remèdes je n’y en ay point trouvé d’autres.



Gras ajoutés
à suivre…
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Empty Re: FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)

Message  ROBERT. Ven 22 Juil 2011, 7:50 pm

.
FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Sainte27


.

FONDATION DE MÉDINE DU CHAMP.

Par Sainte Thérèse d’Avila

CHAPITRE 7



Des effets de la mélancolie, et des moyens dont on peut user pour remédier à un si grand mal et si dangereux dans les monastères.


5. Que si la Supérieure par une dangereuse compassion n'use d'abord de cette rigueur envers ces personnes mélancoliques, elles deviendront bientôt insupportables, et auront déjà beaucoup nui aux autres lorsqu’elle voudra y remédier. Mais si comme je l'ai dit, il y a de la charité et non pas de la cruauté à lier et à châtier les fous pour empêcher les effets de leur fureur ; n'y en a-t-il pas encore davantage à prévenir le mal que ces personnes causeraient aux âmes si l'on n'usait envers elles de sévérité ?

Je suis très persuadée qu'à l'égard de quelques-unes on en doit plutôt attribuer la faute à ce qu'elles sont d'un naturel libre, indocile, et peu humble, que non pas à la mélancolie, parce que j'ai remarqué qu'elles ont le pouvoir de se retenir en la présence de ceux qu'elles craignent. Et pourquoi ne le feraient-elles donc pas par la crainte de déplaire à Dieu ?

En vérité j’appréhende fort que le démon pour gagner plusieurs âmes ne se serve du prétexte de cette humeur. Car je vois qu'on l'allègue plus que l'on ne faisait, et que l'on nomme mélancolie ce qui n'est en effet que le désir de faire sa propre volonté. Ainsi je crois que l'on ne doit plus souffrir ni dans nos monastères ni dans tous les autres que l'on y nomme seulement ce nom de mélancolie, qui entraîne avec lui une certaine liberté si contraire à la soumission et à l’obéissance que demande la vie religieuse.

Il faut donner à cette fâcheuse humeur le nom de maladie, et d'une maladie très dangereuse puisqu'elle l’est en effet, et la traiter comme telle. Il est à propos aussi et même nécessaire de purger de temps en temps ces personnes dans l’infirmerie ; et que lorsqu'elles en sortiront pour retourner à la communauté elles ne soient pas moins humbles et obéissantes que les autres, sans pouvoir pour s'en exempter alléguer leurs indispositions.



Gras ajoutés
à suivre…
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Empty Re: FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)

Message  ROBERT. Sam 23 Juil 2011, 4:41 pm

.
FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Sainte27


.

FONDATION DE MÉDINE DU CHAMP.

Par Sainte Thérèse d’Avila

CHAPITRE 7



Des effets de la mélancolie, et des moyens dont on peut user pour remédier à un si grand mal et si dangereux dans les monastères.

6. J’en ai dit les raisons, et je pourrais en ajouter encore d’autres. Mais la Supérieure ne doit pas laisser d'avoir pour elles la compassion d'une véritable mère, et d’employer toutes sortes de moyens pour les guérir de cette infirmité.

Il semble que ceci soit contraire à ce que j'avais dit qu'il les faut traiter avec rigueur. Il ne l’est pas néanmoins, puisque cette rigueur consiste à leur faire connaître qu’elles ne doivent point prétendre qu'on leur permette de se dispenser de l’obéissance pour faire leur volonté, rien n’étant si dangereux que de leur donner sujet de le croire. Mais la prudence oblige la Supérieure à ne leur pas commander des choses auxquelles elle jugera qu’elles auraient de la répugnance et ne pourraient gagner sur elles de se contraindre à les faire. Elle doit au contraire user de douceur pour les porter s'il est possible à obéir par amour.

C’est sans doute la meilleure de toutes les voies, et elle réussit d'ordinaire, en faisant connaître à ces personnes tant par paroles que par actions que l’on a pour elles beaucoup d’affection et de tendresse. Il faut aussi remarquer que le plus utile de tous les remèdes est de fort occuper ces personnes dans les offices de la maison, afin qu' elles n'aient pas le loisir de s' entretenir de ces imaginations qui sont la cause de leur mal, et qu'encore qu'elles ne s'acquittent pas trop bien de ces emplois on souffre les fautes qu'elles y feront, pour n'être pas obligé d'en souffrir de plus grandes si l'esprit leur tournait tout à fait. Je ne sais point de meilleur remède pour cette maladie, et de prendre garde aussi qu'elles n’emploient pas trop de temps à l'oraison, ni même aux prières ordinaires.





Gras ajoutés
à suivre…
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Empty Re: FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)

Message  ROBERT. Dim 24 Juil 2011, 4:18 pm

.
FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Sainte27


.

FONDATION DE MÉDINE DU CHAMP.

Par Sainte Thérèse d’Avila

CHAPITRE 7



Des effets de la mélancolie, et des moyens dont on peut user pour remédier à un si grand mal et si dangereux dans les monastères.


7. Car cela leur serait très préjudiciable, parce que la plupart ayant l’esprit fort faible elles ne s’entretiendraient que d’imaginations creuses et extravagantes.

Il ne faut point leur laisser manger du poisson que très rarement, et ne les pas tant faire jeûner que les autres. Que si l’on s’étonne de me voir donner tant d'avis sur ce sujet, et que je ne parle point des autres, quoiqu'il se rencontre un si grand nombre de maux en cette misérable vie, principalement dans un sexe aussi fragile qu'est le notre, je le fais pour deux raisons.

La première parce que les personnes frappées de cette maladie de la mélancolie si contraire à la perfection et plus dangereuse que celles où il y va de la vie, ne voulant pas en demeurer d'accord lorsqu'on les oblige de garder le lit bien qu'elles n'aient point de fièvre, il faut au défaut du médecin que l’on n’oserait appeler, que la Supérieure y supplée.


La seconde raison est, que les autres maladies finissent ou par la santé, ou par la mort : mais il est très rare que l'on guérisse, ou que l’on meure de celle-ci, si ce n'est que l'on perde entièrement l’esprit, ce qui est une espèce de mort, puisque l'on meurt par ce moyen à toutes les choses du monde. Ne peut-on pas dire que ces âmes éprouvent aussi une autre espèce de mort par les peines que leur causent leurs imaginations et leurs scrupules à qui ils donnent le nom de tentations, et dont elles peuvent tirer beaucoup de mérite si elles les supportent avec patience ? Que si elles pouvaient connaître que cela ne procède que de cette humeur mélancolique, et qu’ainsi elles ne s'en missent pas trop en peine, elles se trouveraient bientôt fort soulagées. J’avoue qu’elles me font beaucoup de compassion et chacune de nous considérant que la même chose lui peut arriver n'en doit pas seulement avoir pitié, mais les supporter dans leur infirmité sans néanmoins le leur témoigner. Dieu veuille que j'aie bien rencontré dans ces avis que j'ai donnés pour remédier à une si étrange maladie.






à suivre…
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Empty Re: FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)

Message  ROBERT. Ven 29 Juil 2011, 4:51 pm

.
FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Sainte27


.

FONDATION DE MÉDINE DU CHAMP.

Par Sainte Thérèse d’Avila.

Chapitre 8



1. Je sais que le seul nom de visions et de révélations épouvante certaines personnes ; et j’avoue ne comprendre pas d'où leur vient cette frayeur, ni pourquoi elles trouvent tant de péril à être conduit de Dieu par ce chemin. Je ne veux point traiter maintenant des marques par lesquelles j'ai appris de personnes fort savantes que l'on peut connaître si ces visions et ces révélations sont bonnes ou mauvaises.

Je me contenterai de dire ce que je crois que doivent faire ceux qui les auront, parce qu'il y a peu de confesseurs qui rassurent ces âmes dans leurs craintes : et ils s'étonnent moins qu'on leur dise que le démon a suggéré mille pensées de blasphème et de choses extravagantes et déshonnêtes, que lorsqu'on leur dit qu'un ange s'est présenté à nous, ou nous a parlé, ou que Jésus-Christ Notre Seigneur nous a apparu crucifié.

Je ne dirai rien aussi des marques qui nous font voir que ces révélations viennent de Dieu, parce qu'on le connait assez par les bons effets qu'elles produisent dans l'âme. Je parlerai seulement de ces représentations dont le diable se sert pour nous tromper en prenant la figure de Jésus-Christ, ou des saints : et je suis très persuadée que Notre Seigneur ne permettra pas qu'il puisse tromper personne par ce moyen si on ne se laisse surprendre ; mais qu'au contraire cet ennemi de notre salut se trouvera lui-même trompé. Ainsi au lieu de nous épouvanter nous devons mépriser ses artifices, mettre notre confiance en Dieu, et le louer toujours de plus en plus.



à suivre…





Dernière édition par ROBERT. le Ven 29 Juil 2011, 4:51 pm, édité 1 fois (Raison : balisage)
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Empty Re: FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)

Message  ROBERT. Dim 31 Juil 2011, 11:56 am

.
FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Sainte27


.

FONDATION DE MÉDINE DU CHAMP.

Par Sainte Thérèse d’Avila.

Chapitre 8


2. J'ai vu une personne à qui ses confesseurs donnèrent d’étranges peines en une semblable rencontre ; et on connût dans la suite par les grands effets et les bonnes œuvres que ces visions produisirent en elle qu’elles venaient véritablement de Dieu. Néanmoins, ces confesseurs lui ordonnaient de s'en moquer, et de faire le signe de la croix. Mais depuis, communiquant avec le Père Dominique Yvagnès qui était un homme fort savant, il lui dit qu'il ne fallait jamais en user ainsi, parce que l'on doit respecter l'image de Jésus-Christ en quelque lieu qu'on la voie, fut-ce même un artifice du démon, à cause que contre son intention il nous fait du bien au lieu de nous nuire quand il nous représente au naturel un crucifix ou quelque autre objet de notre piété, qu'il demeure imprimé dans notre cœur.

Cette raison me toucha fort, parce qu'il est vrai que lorsque nous voyons un excellent portrait, quoique peint par un méchant homme, nous ne laissons pas de le beaucoup estimer ; ce qui se rencontre de défectueux dans le peintre ne diminuant rien de l'excellence de son ouvrage. Ainsi le bien ou le mal n'est pas dans la vision, mais dans celui qui la voyant en fait ou n’en fait pas son profit. Car s’il en use comme il doit, elle ne lui saurait nuire encore qu'elle vienne du démon ; ni au contraire lui servir quoiqu'elle vienne de Dieu, si au lieu de s'en humilier il s'en glorifie, parce que bien loin de faire comme l'abeille qui convertit en miel ce qu'elle tire des fleurs, il imite l'araignée qui le convertit en venin.





Gras ajoutés.
à suivre…
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Empty Re: FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)

Message  ROBERT. Ven 23 Déc 2011, 7:56 pm

.
FONDATION de Médine du Champ. (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA) - Page 2 Sainte27


.

FONDATION DE MÉDINE DU CHAMP.

Par Sainte Thérèse d’Avila.

Chapitre 8


3. Pour m' expliquer davantage, j'ajoute, que lorsque Notre Seigneur, par un effet de sa bonté se montre à une âme pour se faire mieux connaître à elle et augmenter l'amour qu'elle Lui porte, ou qu'Il lui découvre quelque un un de Ses secrets, ou qu' Il lui fait quelque autre faveur : si au lieu d’être confuse de recevoir une si grande grâce et de s'en juger indigne, elle s’imagine d'être une sainte, et que c'est la récompense des services qu'elle Lui rend, il est évident qu'elle convertit en poison comme l'araignée l’avantage qu'elle en devait recevoir.

Mais quand au contraire c'est le démon qui est l'auteur de ces visions pour faire tomber l’âme dans l'orgueil : si dans la pensée qu'elle a qu'elles viennent de Dieu, elle s'humilie, si elle reconnaît qu'elle n'a point mérité cette faveur, si elle s'efforce de le servir avec encore plus d'affection, si elle s'estime trop heureuse de ramasser les miettes qui tombent de la table de celles à qui Dieu fait de semblables grâces, si elle fait pénitence, si elle redouble ses prières, si elle veille sur elle-même de peur d'offenser un Dieu à qui elle est si obligée, et si elle pratique plus parfaitement l' obéissance ; je puis assurer hardiment que non seulement cet artifice du démon ne lui nuira point ; mais qu'il demeurera confus. Que si dans ces apparitions il lui dit quelque chose de ce qui se passe en elle, ou lui découvre l'avenir, elle doit le rapporter à un confesseur prudent et savant, et se conduire par ses avis. Elle peut aussi en parler à sa Supérieure afin qu'elle lui donne pour confesseur un homme qui ait les qualités que je viens de dire.



Gras ajoutés.
à suivre…



ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Page 2 sur 3 Précédent  1, 2, 3  Suivant

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum