LE DON DE CRAINTE (suit le sujet de l'espérance) SAINT THOMAS D'AQUIN

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Message  ROBERT. Lun 09 Mai 2011, 7:35 pm

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LE DON DE CRAINTE (suit le sujet de l'espérance)  SAINT THOMAS D'AQUIN - Page 3 Saint_13

IIa-IIæ, qu. 20, par J. Le Tilly, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:


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L'ESPÉRANCE

LE DON DE CRAINTE.

QUESTION 20.

LE DÉSESPOIR.


ARTICLE 4.

Le désespoir a-t-il pour origine l'acédie ? (suite]


SOLUTIONS : 1. La première difficulté trouve sa solution dans l'exposé même de la conclusion.

2. Au dire d'Aristote, de même que l'espérance produit la délectation, de même aussi les hommes qui vivent dans la joie voient leur espérance se fortifier. De la même façon, ceux qui sont établis dans la tristesse tombent plus facilement dans le désespoir, selon le texte de la IIe Epître aux Corinthiens: "[Encouragez le pécheur] pour qu'il ne soit pas submergé par un chagrin excessif". — Mais cependant, parce que l'objet de l'espérance est le bien, que recherche par nature le désir, tandis que ce n'est pas naturellement qu'il le fuit mais seulement parce que sa recherche est empêchée, c'est plus directement de l'espérance que naît la joie, tandis qu'au contraire le désespoir a pour origine plus directe l'acédie [85].

3. Que nous négligions de considérer les bienfaits de Dieu, cela même vient de l'acédie. En effet l'homme, dominé par une passion, voit par dessus tout ce qui touche à cette passion. C'est pourquoi l'homme établi dans la tristesse n'a pas facilement des pensées relevées et joyeuses, mais seulement des considérations bien tristes, à moins que par un grand effort il ne se détourne de ces images moroses.






Note explicative :


[85] Ibid;, sol. 2. — La joie est le sentiment de repos, de bien-être, d'épanouissement qui fait suite chez un être à la conscience qu'il prend d'un surplus de vie : ainsi chez l'affamé qui mange; ainsi dans l'homme qui reçoit réponse à une angoissante question; ainsi chez celui qui aime et qui a la certitude que son amour est partagé. La joie se manifeste comme le couronnement de l'opération, et sa valeur, comme son intensité, dépendent à la fois de l'objet et du sujet, et des relations plus ou moins intimes entre le sujet et l'objet. L'espérance est source d'une double joie : l'une qui fait suite à l'opération même de la faculté irascible, l'autre qui provient de la possession future, mais certaine et déjà en puissance, de la béatitude convoitée.

Quoique différentes, ces deux formes de joie se rencontrent pour donner à l'activité de l'espérance un affermissement et une facilité qui sont la caractéristique de toutes les œuvres faites dans la joie. La psychologie de l'homme se trouve ainsi tout imprégnée de joie par l'exercice de l'espérance, joie qui se fait sentir davantage peut-être ici-bas que la joie de la charité, tant à cause du caractère plus puissant des sentiments qui sortent de l'irascible, que de la part d'imagination sensible dont nous remplissons notre conception fie la béatitude future, tandis que la charité est actuelle et ne se ressent pas par elle-même : il reste cependant que la joie de la charité est d'une qualité plus pure que celle de l'espérance.

— Par suite de l'union de notre corps et de notre âme, l'intensité de la joie peut rejaillir jusque dans notre physiologie et se manifester en phénomènes divers d'exultation et d'allégresse, qui d'ailleurs tendent à se modérer à mesure que le sentiment s'épure.

— Ce n'est qu'accidentellement que l'espérance engendre la tristesse, par suite de l'absence et de la longue attente de la béatitude, Mais plus notre certitude s'accroît par confiance totale en Dieu, plus donc la béatitude se fait proche de nous, et plus la joie l'emporte sur la tristesse au point de caractériser toute la psychologie des âmes de grande espérance.




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À suivre…
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Message  ROBERT. Mar 10 Mai 2011, 4:17 pm

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IIa-IIæ, qu. 21, par J. Le Tilly, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:


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L'ESPÉRANCE

QUESTION 21.


LA PRÉSOMPTION.

Après le désespoir, la présomption, qui pose quatre questions :

1. Quel est l'objet sur lequel s'appuie la présomption ?
2. Est-t-elle un péché ?
3. A quoi s'oppose-t-elle?
4. Dans quel vice prend-elle son origine?


ARTICLE 1.


Dans la présomption, s'appuie-t-on sur Dieu ou sur sa valeur personnelle ?


DIFFICULTÉS : Il semble que, dans la présomption, péché contre le Saint-Esprit, l'homme ne s'appuie pas sur Dieu, mais sur sa valeur personnelle. En effet :

1. Moins forte est une puissance, et plus grave est le péché de celui qui s'y confie trop. Or la puissance humaine est moindre que la puissance divine. Il pèche donc plus gravement celui qui présume des forces humaines que celui qui présume de la puissance divine. Or le péché contre le Saint-Esprit est le plus grave qui soit. Dans la présomption qu'on donne comme une espèce du péché contre le Saint-Esprit, on s'appuie donc sur la force de l'homme plus que sur celle de Dieu.


2. D'un péché contre le Saint-Esprit naissent d'autres péchés, car on appelle de ce nom la malice qui fait pécher. Or les autres péchés paraissent davantage sortir de la présomption que l'homme a vis-à-vis de lui-même que de celle qu'il a vis-à-vis de Dieu, l'amour de soi étant le principe du péché, comme l'a fait voir S. Augustin. Il semble donc que dans la présomption, péché contre le Saint-Esprit, on s'appuie par-dessus tout sur les forces de l'homme.


3. Le péché provient d'une conversion désordonnée au bien périssable. Or la présomption est un péché. Elle provient donc plus d'une conversion aux forces humaines, qui sont un bien périssable, que d'une conversion à la puissance divine, qui est le bien immuable.


CEPENDANT, de même que le désespoir consiste à mépriser la miséricorde divine, sur laquelle s'appuie l'espérance, de même la présomption consiste à mépriser la divine justice, qui punit les pécheurs. Mais, comme la miséricorde, la justice aussi est en Dieu. De même donc que le désespoir arrive par une aversion pour Dieu, de même la présomption s'établit par une conversion désordonnée à Dieu.





À suivre…
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Message  ROBERT. Mer 11 Mai 2011, 6:15 pm

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IIa-IIæ, qu. 21, par J. Le Tilly, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:


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L'ESPÉRANCE

QUESTION 21.

LA PRÉSOMPTION.

ARTICLE 1.

Dans la présomption, s'appuie-t-on sur Dieu ou sur sa valeur personnelle ? (suite)


CONCLUSION : La présomption semble impliquer un certain excès. Or l'objet de l'espérance est un bien difficile et possible. Mais une chose peut être possible à l'homme d'une double façon : par sa valeur personnelle, et par la seule puissance divine. Vis-à-vis de l'une et l'autre espérances, il peut y avoir présomption par excès.

— S'il s'agit de l'espérance confiante en la valeur personnelle du sujet, la présomption se prend de ce que l'homme vise, comme proportionné à ses forces, un bien qui dépasse sa puissance, selon ce texte du livre de Judith: "Tu abaisses ceux qui présument d'eux-mêmes". Une telle présomption s'oppose à la vertu de magnanimité qui établit le juste milieu dans l'espoir humain [86]


— S'il s'agit de l'espérance fixée à la puissance de Dieu, il peut y avoir présomption par manque de modération quand l'homme tend à un bien qu'il estime possible par référence à la puissance et à la miséricorde divines, et qui, de fait, n'est pas possible : ainsi, pour le pécheur, espérer obtenir son pardon sans pénitence, ou la gloire sans mérites. C'est cette présomption qui est à proprement parler une espèce du péché contre le Saint-Esprit, car une telle présomption fait qu'on rejette ou qu'on méprise l'aide du Saint-Esprit, aide qui permet à l'homme de sortir du péché.




Note explicative :


[86] Qu. 21, art. 1, conclusion. — La magnanimité est la vertu morale qui concourt, avec l'humilité, à rectifier la passion d'espérance, à établir son activité en conformité avec la loi raisonnable. Le magnanime prend conscience des forces qui sont à sa disposition, juge de leur adéquation avec l'œuvre à accomplir, et se porte vertueusement vers cette grande œuvre, en enveloppant dans ce mouvement raisonnable la passion d'espérance que la difficulté du bien convoité arrête. C'est là une activité raisonnable, mais qui peut devenir déréglée quand la difficulté dépasse, de fait, la valeur réelle des forces du sujet; le mouvement n'est pas raisonnable, il n'y a plus magnanimité, mais présomption, en dehors de la règle de la raison.




couleur et police ajoutées.
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Message  ROBERT. Jeu 12 Mai 2011, 7:23 pm

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IIa-IIæ, qu. 21, par J. Le Tilly, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:


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L'ESPÉRANCE

QUESTION 21.

LA PRÉSOMPTION.

ARTICLE 1.

Dans la présomption, s'appuie-t-on sur Dieu ou sur sa valeur personnelle ? (suite)


SOLUTIONS : 1. Le péché contre Dieu est, par son genre même, plus grave que les autres péchés. D'où la présomption qui fait que l'homme s'appuie d'une manière désordonnée sur Dieu est un péché plus grave que la présomption qui le fait se confier à sa valeur personnelle. En effet, s'appuyer sur la puissance divine pour rechercher ce qui ne convient pas à Dieu, c'est diminuer la puissance divine [87] Or il est évident que celui-là pèche plus gravement, qui diminue la puissance de Dieu, que celui qui surfait sa valeur personnelle.


2. Cette présomption, qui nous fait présumer de Dieu d'une manière désordonnée, inclut bien, elle aussi, un amour de soi, le désir du bien personnel se déployant alors en dehors de l'ordre divin : ce qu'en effet nous désirons beaucoup, nous estimons que les autres peuvent facilement nous le procurer, même s'ils ne le peuvent pas.


3. La présomption de la miséricorde divine comporte et une conversion au bien périssable, en tant qu'elle procède d'un désir déraisonnable du profit personnel, — et une aversion pour le bien immuable, dans l'attribution qu'elle fait à la puissance divine de ce qui ne convient pas à cette puissance : par là, en effet, l'homme se détourne de la vérité divine [88].






Notes explicatives :

[87] Ibid., sol. 1. — La présomption consiste formellement à mal s'appuyer sur Dieu, à la suite d'un jugement faux sur sa toute-puissance : on prétend s'appuyer sur lui pour rendre possible un objet qui de fait est contre sa puissance, ce qui est en vérité la diminuer. Espérer le pardon et la béatitude sans pénitence et sans mérites, c'est proprement réclamer de la puissance divine quelque chose de contraire à sa nature, c'est donc l'attaquer, et, autant qu'il est au pouvoir du pécheur, la diminuer; car c'est vouloir la séparer de la justice qui est un attribut divin inséparable de la toute-puissance.

Sans doute la miséricorde et la puissance divines sont assez grandes, de soi, pour nous sauver sans mérites de notre part; mais, dans sa divine sagesse, Dieu a décidé de nous faire l'honneur de nous sauver avec notre concours, non seulement dans la miséricorde, mais aussi dans la justice. Et c'est cet ordre que méprise le présomptueux qui prétend n'en appeler qu'à la toute-puissance en se passant de la justice; c'est bien attaquer la toute-puissance elle-même, puisque c'est la méconnaître dans la justice qui lui est liée indissolublement. "La miséricorde qui fait fi de la justice, nous dit S.Thomas, doit être appelée sottise plutôt que vertu".


[88] Ibid., sol. 3. — Dans la présomption il y a conversion au bien périssable et aversion du bien immuable : mais c'est l'aversion qui est première, parce que nous sommes ici dans un péché théologal, où Dieu est objet.



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Message  ROBERT. Ven 13 Mai 2011, 7:54 pm

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IIa-IIæ, qu. 21, par J. Le Tilly, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:


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L'ESPÉRANCE

QUESTION 21.

LA PRÉSOMPTION.

ARTICLE 2.

La présomption est-elle un péché ?

DIFFICULTES : Il semble que la présomption ne soit pas un péché. En effet :

1. Aucun péché ne peut fournir un motif d'être exaucé par Dieu. Or c'est à la présomption que certains doivent d'être exaucés par Dieu; on dit en effet dans Judith: "Exaucez-moi, malheureuse qui vous supplie et qui présume de votre miséricorde". Présumer de la miséricorde divine n'est donc pas un péché.


2. La présomption implique un excès d'espérance. Or dans l'espérance qu'on a de Dieu il ne peut y avoir d'excès, car la puissance et la miséricorde divines sont infinies. La présomption ne semble donc pas être un péché.


3. Ce qui est péché n'excuse pas du péché. Or la présomption excuse du péché : le Maître des Sentences dit en effet qu'Adam a péché moins gravement parce qu'il a péché avec l'espoir du pardon, ce qui a bien un air de présomption. La présomption n'est donc pas un péché.


CEPENDANT, on classe la présomption comme une espèce du péché contre le Saint-Esprit.






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Message  ROBERT. Sam 14 Mai 2011, 6:45 pm

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IIa-IIæ, qu. 21, par J. Le Tilly, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:


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L'ESPÉRANCE

QUESTION 21.

LA PRÉSOMPTION.


ARTICLE 2.

La présomption est-elle un péché ? (suite)


CONCLUSION : Ainsi que nous l'avons dit pour le désespoir, tout mouvement du désir, qui se produit en conformité avec une connaissance erronée, est de soi mal et péché. Or la présomption est un mouvement appétitif, car elle implique une espérance désordonnée. Par ailleurs elle s'établit en conformité avec une connaissance fausse, ainsi que le désespoir : de même, en effet, qu'il est faux que Dieu ne pardonne pas à ceux qui se repentent, ou qu'il ne convertisse pas les pécheurs à la pénitence, de même il est faux qu'il accorde son pardon à ceux qui persévèrent dans le péché, et qu'il dispense sa gloire à ceux qui cessent de faire le bien; et c'est en conformité avec cette opinion que s'opère le mouvement de présomption. C'est pourquoi la présomption est un péché; moins grave cependant que le désespoir, et ceci dans la mesure même où c'est davantage le propre de Dieu d'être miséricordieux et de pardonner que de punir, à cause de son infinie bonté. Etre miséricordieux convient à Dieu par sa nature même; être justicier lui convient à cause de nos péchés [89].





Note explicative :


[89] Qu. 21, art. 2, conclusion. — La miséricorde est la compassion que nous ressentons devant la misère d'autrui et qui nous pousse à la soulager. Analogiquement, nous trouvons en Dieu la miséricorde comme l'un de ses attributs; en face de l'indigence de notre nature et de ses faiblesses multiples et multiformes, Dieu est rempli de compassion, et il tend à combler cette misère en nous faisant participer à la richesse de son être. Dans toute œuvre de Dieu apparaît la miséricorde comme sa première racine, jusque dans la création où l'absence d'être est une misère que Dieu se hâte de combler.

L'ordre même de la justice repose sur la miséricorde, car Dieu ne réclame rien qu'il n'ait d'abord donné et surabondamment. Mais, cependant, la miséricorde divine porte surtout sur le péché, parce que la pire misère est celle de la faute, opposée qu'elle est à la félicité; c'est pourquoi, quand on parle de miséricorde, c'est surtout pour le péché, dans le pardon duquel Dieu déploie une spéciale profusion de bonté. Cette diffusion si complète de bonté est l'expression de la nature même de Dieu, tandis que sa justice dit rapport à nos péchés; Dieu est miséricordieux par nature, et justicier par force, parce que nous l'y obligeons. C'est qu'en effet l'ordre de la justice comporte les rapports de la Sagesse de Dieu avec nous, tels qu'il nous a créés et tels qu'il nous juge en bien ou en mal; tandis que la miséricorde n'est pas limitée par nous comme l'est la justice : elle ne fait que réfléchir, qu'exprimer la pure essence de Dieu. Aussi l'ordre de la miséricorde dépasse-t-il celui de la justice : on peut toujours en appeler de la justice à la miséricorde. Mais qui refuse cet ordre supérieur de la miséricorde, retombe nécessairement sous l'ordre de la justice et se trouve perdu : c'est l'irrémissible enfer; d'où la gravité extrême du désespoir. (Voir S. Thomas : Ia, qu. 21, art. 1 et 2, qu. 25, art. 3 et 5 et le Père Lacordaire, 72eConférence à Notre-Dame).

— Par ailleurs cette miséricorde divine s'allie parfaitement à la toute-puissance, car la toute-puissance de Dieu se montre surtout en pardonnant et en faisant miséricorde; remettre les péchés à son gré est la marque du suprême pouvoir, vu que celui-là ne le pourrait point qui serait lié par une loi supérieure, et parce qu'en pardonnant et en faisant miséricorde aux hommes, Dieu les amène à participer au bien infini, ce qui est le souverain effet de la puissance divine. C'est pourquoi on peut, en toute vérité, donner comme motif formel à l'espérance la toute-puissance miséricordieuse et juste de Dieu.

— Ajoutons que le terme de Dieu juste ne doit pas être pris au seul sens restrictif de Dieu justicier. Dieu est juste aussi quand il nous récompense selon nos mérites, et quand il est fidèle à sa parole et aux promesses qu'il nous a faites : Dieu rémunérateur, Dieu fidèle, est Dieu juste. Cette évocation de Dieu juste, cette invocation à Dieu juste, nous les trouvons tout au long de l'Ecriture Sainte, et dans les Actes des Martyrs. Et dans cette justice même la miséricorde demeure car Dieu, en nous, ne fait jamais que combler ses dons gratuits.






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Message  ROBERT. Dim 15 Mai 2011, 6:28 pm

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L'ESPÉRANCE

QUESTION 21.

LA PRÉSOMPTION.

ARTICLE 2.

La présomption est-elle un péché ? (suite)


SOLUTIONS : 1. "Présumer" est quelquefois mis pour "espérer": c’est que la véritable espérance que nous avons en Dieu semble elle-même une présomption, mesurée à la condition de l'homme. Mais elle n'est pas présomption, si on prend garde à l'immensité de la bonté divine.


2. LA PRÉSOMPTION N'IMPLIQUE PAS UN EXCÈS D'ESPÉRANCE DU FAIT QU'ON ESPÈRE TROP DE DIEU, MAIS DU FAIT QU'ON ATTEND DE DIEU CE QUI NE CONVIENT PAS À DIEU. Et c'est là aussi trop peu espérer de lui, car c'est, dans une certaine mesure, diminuer sa puissance.


3. PÉCHER AVEC LE PROPOS DE PERSÉVÉRER DANS SA FAUTE À CAUSE DE L'ESPÉRANCE DU PARDON, C'EST FORMELLEMENT DE LA PRÉSOMPTION. ET CETTE CIRCONSTANCE NE DIMINUE PAS, MAIS AU CONTRAIRE AUGMENTE LE PÉCHÉ. Mais pécher tout en gardant l'espérance de recevoir un jour son pardon, en se proposant d'abandonner le péché et d'en faire pénitence, ce n'est pas de la présomption, et une telle circonstance diminue le péché; car c'est manifester qu'on a une volonté moins décidée à pécher [90]



Note explicative :

[90] Ibid., sol. 3. — Cette forme bénigne de la présomption se présente surtout chez les âmes faibles partagées entre le bien qu'elles aiment et le mal qui les attire. Peut-être le péché en paraît-il facilité, mais la volonté est moins ferme dans le mal, et l'homme garde son ordination intime à la miséricorde divine qui est plus grande que tous nos maux. Bien entendu, si ce sentiment ne servait qu'à excuser la persévérance dans le mal, nous aurions une présomption des plus caractérisées.




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Message  ROBERT. Lun 16 Mai 2011, 9:22 pm

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L'ESPÉRANCE

QUESTION 21.

LA PRÉSOMPTION.

ARTICLE 3.

La présomption s’oppose-t-elle plus à la crainte qu’à l’espérance ?


DIFFICULTÉS : Il semble bien que la présomption s'oppose plus à la crainte qu'à l'espérance. En effet :

1. La crainte désordonnée s'oppose à la crainte rectifiée. Or la présomption semble en rapport avec un désordre de la crainte; la Sagesse déclare en effet que "la crainte favorise la présomption parce qu'une conscience qui n'est pas tranquille présume toujours le pire". La présomption s'oppose donc à la crainte plus qu'à l'espérance.


2. Sont contraires les réalités qui se trouvent à distance extrême l'une de l'autre. Or la présomption est plus distante de la crainte que de l'espérance, car la présomption implique un mouvement vers son objet, tout comme l'espérance, tandis que la crainte s'éloigne de son objet. La présomption est donc plus contraire à la crainte qu'à l'espérance.


3. La présomption supprime totalement la crainte; ce n'est pas totalement qu'elle exclut l'espérance, mais seulement sa certitude. Puisque sont opposées les réalités qui se détruisent l'une l'autre, il semble que la présomption s'oppose plus à la crainte qu'à l'espérance.


CEPENDANT, deux vices opposés l'un à l'autre sont contraires à une même vertu : ainsi la timidité et l'audace en face de la force. Mais le péché de présomption est contraire au péché de désespoir, qui s'oppose directement à l'espérance. Il semble donc que la présomption aussi s'oppose plus directement à l'espérance.





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Message  ROBERT. Mer 18 Mai 2011, 8:31 pm

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L'ESPÉRANCE

QUESTION 21.

LA PRÉSOMPTION.


ARTICLE 3.

La présomption s’oppose-t-elle plus à la crainte qu’à l’espérance ? (suite)


CONCLUSION : Au dire de S. Augustin, "Toutes les vertus ont en face d'elles, non seulement les vices qui s'y opposent par une différence manifeste, comme la témérité et la prudence, mais aussi ceux qui, sous quelque aspect, leur sont voisins et leur ressemblent, non pas véritablement, mais sous une trompeuse apparence, comme l'astuce et la prudence". Et Aristote dit aussi qu'une vertu semble avoir une symétrie plus étroite avec l'un des vices qui lui sont opposés qu'avec l'autre : ainsi la tempérance avec l'insensibilité, et la force avec l'audace.

— La présomption semble bien comporter une évidente opposition avec la crainte, surtout la crainte servile qui vise la peine provoquée par la justice de Dieu et dont la présomption espère la remise. Mais une fausse ressemblance la rend davantage contraire à l'espérance, car elle implique une espérance désordonnée en Dieu. Et parce que c'est plus directement que s'opposent les réalités qui sont d'un même genre, que celles qui appartiennent à des genres divers, (les contraires étant dans un même genre) [91], c'est à l'espérance plus directement qu'à la crainte que s'oppose la présomption : l'une et l'autre regardent le même objet sur lequel elles s'appuient, mais l'espérance dans l'ordre, et la présomption dans le désordre.




Note explicative :

[91] Qu. 21, art. 3, conclusion. — Les espèces d'oppositions sont au nombre de quatre (d'après Commentaires sur les Métaphysiques d'Aristote, livre V, leçon 12), qui se placent, de la plus radicale à la moins radicale, dans l'ordre suivant :

opposition de contradiction, par négation absolue : être, non être;
opposition de contrariété : entre deux espèces;
opposition de simple privation : animé, inanimé;
opposition de relation.

Entre deux espèces d'un même genre, il y a un élément commun, le genre, et un élément positif différent, la différence spécifique, qui, ajoutée au genre, rend les espèces irréductibles, par une opposition de contrariété, qui n'existe jamais entre deux genres; il y a entre ceux-ci, soit simple altérité, s'ils ne sont pas subordonnés, soit, s'ils sont subordonnés, une simple privation, puisque l'opposition résulte de la seule négation, dans le genre inférieur, de la différence spécifique. C'est pourquoi la présomption s'oppose davantage à l'espérance (espèce contre espèce) qu'à la crainte (genre contre genre).



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Message  ROBERT. Jeu 19 Mai 2011, 8:03 pm

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L'ESPÉRANCE

QUESTION 21.

LA PRÉSOMPTION.


ARTICLE 3.

La présomption s’oppose-t-elle plus à la crainte qu’à l’espérance ? (suite)


SOLUTIONS : 1. C'est d'une manière abusive qu'on parle d'espérance à propos d'un mal, car à proprement parler il n'y a d'espérance que du bien; de même en est-il pour la présomption. Et c'est de cette façon qu'on appelle présomption le désordre de la crainte.


2. Sont contraires les réalités qui sont à distance extrême dans un même genre. Or la présomption et l'espérance comportent un mouvement d'un même genre, et qui peut être ou dans l'ordre ou désordonné. Et c'est pourquoi la présomption est plus directement contraire à l'espérance qu'à la crainte; car elle s'oppose à l'espérance en raison d'une différence propre, comme ce qui est désordonné à ce qui est ordonné, mais elle s'oppose à la crainte à cause de la différence de son genre, qui est un mouvement d'espérance.


3. Parce que la présomption s'oppose à la crainte par contrariété de genre, et à la vertu d'espérance par contrariété de différence, la présomption supprime totalement la crainte, même quant au genre; mais elle ne supprime l'espérance que dans sa différence spécifique, par exclusion de l'ordre qu'implique l'espérance [92].





Note explicative :

[92] Ibid., sol. 3. — La présomption supprime le genre même de mouvement appétitif que représente la crainte, celle-ci se caractérisant par une fuite loin de son objet, celle-là étant une tendance vers son objet. Mais elle ne supprime dans l'espérance que la différence spécifique, leur genre commun demeurant un mouvement vers Dieu, et la présomption n'étant qu'une espérance en dehors de son ordre. Il y a donc entre présomption et espérance une contrariété de différences spécifiques, opposition plus radicale que celle de genre à genre. ( Voir note précédente.)





À suivre…
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Message  ROBERT. Sam 21 Mai 2011, 7:46 pm

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IIa-IIæ, qu. 21, par J. Le Tilly, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:


.

L'ESPÉRANCE

QUESTION 21.

LA PRÉSOMPTION.


ARTICLE 4.

La cause de la présomption est-elle la vaine gloire ?

DIFFICULTES : Il semble que la présomption n'ait pas pour cause la vaine gloire. En effet :


1. La présomption paraît s'appuyer à l'extrême sur la divine miséricorde. Or la miséricorde regarde la misère, qui s'oppose à la gloire. La présomption n'a donc pas pour origine la vaine gloire.

2. La présomption s'oppose au désespoir. Or le désespoir naît de la tristesse. Comme des réalités opposées ont des causes opposées, il semble que la présomption sorte de la délectation. Et ainsi il paraît bien qu'elle a son origine dans les vices de la chair, dont les délectations sont les plus violentes.

3. Le vice de présomption consiste en ce que l'homme tend, comme s'il le pouvait vraiment, à un bien qu'il ne peut pas atteindre. Or estimer possible ce qui est impossible, cela vient de l'ignorance. La présomption a donc pour cause l'ignorance plus que la vaine gloire.


CEPENDANT, S. Grégoire déclare que la présomption des nouveautés est fille de la vaine gloire.






À suivre…
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Message  ROBERT. Mar 05 Juil 2011, 8:08 pm

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LE DON DE CRAINTE (suit le sujet de l'espérance)  SAINT THOMAS D'AQUIN - Page 3 Saint_13
IIa-IIæ, qu. 21, par J. Le Tilly, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:


.

L'ESPÉRANCE

QUESTION 21.

LA PRÉSOMPTION.


ARTICLE 4.

La cause de la présomption est-elle la vaine gloire ? (suite)



CONCLUSION : Nous avons signalé une double présomption. L'une prend appui sur la valeur personnelle du sujet et poursuit un objet imaginé possible à atteindre alors qu'il dépasse les forces propres de ce sujet. Une telle présomption vient manifestement de la vaine gloire : désirant beaucoup de gloire, il s'ensuit qu'on s'attaque à une gloire au-dessus de ses forces. Et au premier rang de ces gloires, il y a les nouveautés qui sont objets de la plus grande admiration. C'est pourquoi S. Grégoire a mis à bon droit la présomption des nouveautés comme fille de la vaine gloire.


— Il y a une autre présomption, qui s'appuie d'une façon désordonnée sur la miséricorde et la puissance divines, ce qui lui donne l'espérance d'obtenir la gloire sans mérites et le pardon sans pénitence. Pareille présomption paraît bien sortir en ligne directe de l'orgueil : l'homme a de lui-même une telle estime qu'il arrive à penser que, même pécheur, Dieu ne peut pas le punir ni l'exclure de sa gloire.


Cet exposé de la conclusion suffit pour résoudre les difficultés [93].





Note explicative :

[93] Qu. 21, art. 4, fin. — Tout ce qui peut enfler l'orgueil ou sort de lui, les plaisirs charnels comme l'ignorance coupable, est à mettre dans les origines de la présomption.





À suivre…
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Message  ROBERT. Dim 10 Juil 2011, 4:24 pm

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IIa-IIæ, qu. 21, par J. Le Tilly, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:


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L'ESPÉRANCE

QUESTION 22.

LES PRÉCEPTES DE LA LOI RELATIFS À L'ESPÉRANCE ET À LA CRAINTE.



ARTICLE 1.

Y a-t-il lieu de donner quelque précepte relatif à l’espérance ? (suite)



CONCLUSION: Parmi les préceptes qu'on trouve dans la Sainte Ecriture, certains portent sur la substance de la loi, d'autres sont des préambules à la loi.

— Sont des préambules à la loi ceux dont la non-existence ne laisse aucune place possible à la loi. Tels sont les préceptes relatifs à l'acte de foi et à l'acte d'espérance : car c'est par l'acte de foi que l'esprit de l'homme est incliné à reconnaître que l'auteur de la loi est tel qu'on doive se soumettre à lui; c'est par l'espérance de la récompense que l'homme est porté à l'observation des préceptes.

— Sont des préceptes touchant la substance de la loi ceux qui sont imposés à l'homme déjà soumis et prêt à obéir, et dont le rôle est d'assurer la rectitude de la vie. C'est pourquoi ces préceptes sont, dans la promulgation de la loi, proposés de suite par mode de commandements.

— Or il n'y avait pas à proposer les préceptes de l'espérance et de la foi sous ce mode impératif, car, si l'homme déjà ne croit et n'espère, c'est inutilement que la loi les lui proposerait. Mais de même que le précepte de la foi a dû être proposé par mode de déclaration ou de rappel, de même aussi il a fallu, dans la première promulgation de la loi, proposer le précepte de l'espérance sous forme de promesse : celui, en effet, qui promet des récompenses à ceux qui obéissent, incite par là même à l'espérance. C'est ce qui fait que toutes les promesses contenues dans la loi ont pour but de promouvoir l'espérance.

— Toutefois, quand la loi est déjà établie, il appartient aux sages, non seulement d'amener les hommes à l'observation des préceptes, mais aussi et bien davantage de les amener a garder les fondements de la loi; c'est pourquoi, après le premier établissement de la loi, la Sainte Ecriture pousse les hommes à l'espérance de multiples façons, même par mode d'admonition ou de précepte, et non plus seulement par mode de promesse, comme dans la loi. Ainsi voit-on dans le Psaume: "Espérez en lui, tous les groupes du peuple"; et de même dans bien d'autres endroits de l'Ecriture.







Gras ajoutés.
À suivre…
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Message  ROBERT. Lun 11 Juil 2011, 3:20 pm

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IIa-IIæ, qu. 21, par J. Le Tilly, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:


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L'ESPÉRANCE

QUESTION 22.

LES PRÉCEPTES DE LA LOI RELATIFS À L'ESPÉRANCE ET À LA CRAINTE.


ARTICLE 1.

Y a-t-il lieu de donner quelque précepte relatif à l’espérance ? (suite)


SOLUTIONS : 1. La nature donne l'inclination suffisante pour espérer le bien proportionné à la nature humaine. Mais pour que l'homme espère le bien surnaturel, il a fallu que le pousse l'autorité de la loi divine, en partie par des promesses, en partie par des admonitions et des préceptes. — Et cependant, même pour des réalités auxquelles la raison naturelle incline, comme sont les actes des vertus morales, il a été nécessaire que soient donnés des préceptes de la loi divine, en vue d'un affermissement plus grand, et surtout à cause de l'obscurcissement de la raison naturelle par les concupiscences du péché.


2. Les préceptes du décalogue se rattachent au premier établissement de la loi. Et c'est pourquoi, dans ces préceptes, il n'y a pas eu à donner de commandement relatif à l'espérance : mais il a suffi de pousser à l'espérance, en mettant quelques promesses, comme on le voit dans le premier précepte et dans le quatrième.


3. Pour les choses dont l'observation est exigée comme un devoir, il suffit de donner un précepte affirmatif au sujet de ce qui doit être fait : et par là même sont comprises les interdictions des actes à éviter. C'est ainsi qu'il y a le précepte d'honorer ses parents; mais il n'y a pas d'autre défense d'insulter ses parents que l'adjonction, dans la loi, d'une peine, pour les fils irrespectueux. Et parce que l'espérance est d'obligation pour son salut, l'homme y a été poussé de l'une des façons susdites, dont la forme quasi affirmative contient la défense de l'acte contraire.








À suivre…
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Message  ROBERT. Mar 12 Juil 2011, 5:37 pm

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IIa-IIæ, qu. 21, par J. Le Tilly, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:


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L'ESPÉRANCE

QUESTION 22.

LES PRÉCEPTES DE LA LOI RELATIFS À L'ESPÉRANCE ET À LA CRAINTE.

ARTICLE 2.

Y a-t-il eu lieu de donner quelque précepte relatif à la crainte ?

DIFFICULTÉS : Il semble qu'il n'y ait pas eu lieu de donner, dans la loi, un précepte relatif à la crainte. En effet :

1. La crainte de Dieu porte sur des choses qui sont des préambules à la loi, puisqu'elle est le commencement de la sagesse. Or les préambules à la loi ne tombent pas sous le précepte de la loi. Il n'y a donc pas à donner de précepte légal concernant la crainte.


2. La cause posée, l'effet l'est aussi. Or l'amour est cause de la crainte, car toute crainte procède d'un amour, au dire de S. Augustin. Donc, posé le précepte de l'amour, il aurait été superflu d'ordonner la crainte.


3. A la crainte s'oppose, d'une certaine manière, la présomption. Or on ne trouve pas que la loi ait promulgué une prohibition concernant la présomption. Il semble donc aussi qu'il n'y ait pas eu à donner de précepte relatif à la crainte.


CEPENDANT, le Deutéronome déclare: "Maintenant, Israël, que demande de toi le Seigneur ton Dieu, si ce n'est que tu craignes le Seigneur ton Dieu ?" Or Dieu réclame de nous ce qu'il nous commande d'observer. C'est donc bien un objet de précepte qu'on craigne Dieu.





À suivre…
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Message  ROBERT. Ven 15 Juil 2011, 8:56 pm

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IIa-IIæ, qu. 21, par J. Le Tilly, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:


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L'ESPÉRANCE

QUESTION 22.

LES PRÉCEPTES DE LA LOI RELATIFS À L'ESPÉRANCE ET À LA CRAINTE.

ARTICLE 2.

Y a-t-il eu lieu de donner quelque précepte relatif à la crainte ? (suite)


CONCLUSION : Il y a une double crainte, servile et filiale. De même que l'homme est amené à l'observation des préceptes de la loi par l'espérance des récompenses, de même aussi est-il poussé à l'observation de la loi par la crainte des peines, crainte servile. Et c'est pourquoi, comme dans l'établissement même de la loi il n'y eut pas à donner de précepte relatif à l'acte d'espérance, les hommes devant y être amenés par les promesses, ainsi, relativement à la crainte de la peine, il n'y eut pas à donner de précepte par mode impératif, les hommes devant y être conduits par la menace des châtiments. Ce qui fut fait, et dans les préceptes mêmes du décalogue, et ensuite par voie de conséquence dans les préceptes secondaires de la loi. Mais de même que, par la suite, les sages et les prophètes, en vue de stabiliser les hommes dans l'obéissance à la loi, livrèrent des enseignements relatifs à l'espérance, sous mode d'admonition et de précepte, de même firent-ils aussi pour la crainte.

— Quant à la crainte filiale, qui témoigne révérence à Dieu, elle est comme un genre relativement à l'amour de Dieu et un principe de toutes les observances accomplies en révérence de Dieu. Et c'est pourquoi, pour la crainte filiale, la loi a donné des préceptes, comme aussi pour la charité : car l'une et l'autre sont un préambule aux actes extérieurs qui sont ordonnés dans la loi, et que visent les préceptes du décalogue. Et c'est pourquoi l'autorité scripturaire invoquée ici réclame de l'homme la crainte, et pour qu'il marche dans les voies de Dieu, en lui rendant un culte, et pour qu'il l'aime.






À suivre…
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Message  ROBERT. Sam 16 Juil 2011, 8:00 pm

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IIa-IIæ, qu. 21, par J. Le Tilly, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:


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L'ESPÉRANCE

QUESTION 22.

LES PRÉCEPTES DE LA LOI RELATIFS À L'ESPÉRANCE ET À LA CRAINTE.

ARTICLE 2.

Y a-t-il eu lieu de donner quelque précepte relatif à la crainte ? (suite)


SOLUTIONS : 1. La crainte filiale est un préambule à la loi, non pas comme quelque chose d'externe, mais comme le principe de la loi, de même aussi que la dilection. Et c'est pourquoi on a donné, au sujet de l'une et de l'autre, des préceptes qui sont comme des principes communs de toute la loi.


2. A l'amour fait suite la crainte filiale, comme aussi toutes les autres bonnes œuvres qui sont faites sous la poussée de la charité. Et c'est pourquoi, de même qu'à la suite du précepte de la charité sont donnés les préceptes relatifs aux autres vertus, de même aussi sont donnés en même temps les commandements concernant la crainte et l'amour de chanté. Ainsi voit-on dans les sciences démonstratives qu'il ne suffit pas de poser les principes premiers, si on ne donne aussi les conclusions qui en découlent, soit d'une façon immédiate, soit d'une façon éloignée.


3. Amener à la crainte suffît pour empêcher la présomption, comme aussi amener à l'espérance suffit pour exclure le désespoir.


FIN DU TRAITÉ DE L’ESPÉRANCE.

Les Renseignements techniques suivent.





Dernière édition par ROBERT. le Sam 16 Juil 2011, 8:02 pm, édité 1 fois (Raison : balisage)
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Message  ROBERT. Dim 17 Juil 2011, 8:35 pm

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En ce qui concerne les renseignements techniques, ils sont tous à la fin pour en faire une lecture moins aride, chacun prenant ce qu’il juge utile pour sa compréhension. Leur pagination sera d’un grand secours. Je n’ai pas voulu les intercaler dans les notes explicatives comme telles, ce qui aurait alourdi inutilement et considérablement la lecture des questions et réponses de Saint Thomas d’Aquin…



LE DON DE CRAINTE (suit le sujet de l'espérance)  SAINT THOMAS D'AQUIN - Page 3 Tentat10


RENSEIGNEMENTS TECHNIQUES.

NOTES DOCTRINALES THOMISTES.



A. NOTES DOCTRINALES THOMISTES.

I. L'ESPÉRANCE NATURELLE.

pp. 193-194 (note explicative 4)


(Question 17, art. 1).

L'étude de la vertu théologale d'espérance met à contribution toutes les analyses que S. Thomas a faites antérieurement sur la psychologie de l'espérance naturelle et qu'il applique ici analogiquement. Il n'est guère possible de comprendre un peu profondément la pensée de S. Thomas si l'on n'a pas présentes à l'esprit au moins les grandes lignes de cette psychologie naturelle.

1º La place de l'espérance dans le désir humain.

A la suite d'Aristote, S. Thomas distingue toutes les puissances par leurs objets qui sont pour elles comme des formes. Dans le désir sensible, la faculté qui a pour objet une réalité très à sa portée ou qu'elle considère en dehors de tout caractère de difficulté, est le concupiscible; celle qui a pour objet une réalité difficile à atteindre ou à repousser et qui par là réclame une énergie toute particulière, est l'irascible. Vis-à-vis de ces deux facultés, les différences des objets vont faire naître des réactions diverses, toutes contenues dans les deux expressions primordiales de l'affectivité : tendre au bien est fonction de l'amour; fuir le mal est fonction de la haine.

A l'intérieur de ces grandes catégories apparaissent de nouvelles distinctions suivant le degré de possession de l'objet par la faculté. Dans le concupiscible, la passion d'un bien possédé est la joie; la passion d'un bien non possédé est le désir; la passion d'un mal supporté effectivement est la tristesse; la passion d'un mal seulement menaçant est la fuite. L'irascible est ordonne au concupiscible, car jamais l'appétit ne se satisfait de la lutte, celle-ci étant toujours un moyen pour atteindre le repos consécutif à la tranquille possession d'un bien ou au rejet définitif d'un mal; l'irascible prend donc sa part des distinctions du concupiscible, mais, étant quelque chose de plus, il y a un principe propre de distinction, qui est ce caractère de difficulté qui affecte son objet. Ainsi avons-nous : la passion d'un bien difficile non possédé, mais qu'il est possible d'atteindre, est l'espérance ; celle d'un bien difficile non possédé et qu'on ne peut atteindre, est le désespoir: la passion d'un mal actuel, mais surmontable, est la colère; la passion d'un mal menaçant et qu'on estime possible de dominer, est l'audace; la passion d'un mal menaçant et quasi impossible à surmonter, est la crainte. Le tableau suivant montre schématiquement la place de chacune des passions.



à suivre…
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Message  ROBERT. Lun 18 Juil 2011, 5:50 pm

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LE DON DE CRAINTE (suit le sujet de l'espérance)  SAINT THOMAS D'AQUIN - Page 3 Tentat10






LE DON DE CRAINTE (suit le sujet de l'espérance)  SAINT THOMAS D'AQUIN - Page 3 Image10


A. NOTES DOCTRINALES THOMISTES.

I. L'ESPÉRANCE NATURELLE.

pp. 193-194 (note explicative 4)


(Question 17, art. 1).




pp. 195-196 (note explicative 4) (suite]


Le seul énoncé de ces onze passions suffit à manifester que le mot "passion" n'est pas pris chez les Scolastiques au même sens que chez les Modernes. Au Moyen-Age, comme chez Aristote, il signifie, entre autres acceptions, tout mouvement de l'appétit sensible vers un objet bon ou mauvais, abstraction faite de l'ordre moral; c'est la réaction des facultés du désir en face de leurs objets. Les Modernes appellent passions ces mêmes réactions, mais soustraites, volontairement ou non, à l'ordre de la raison. S. Thomas n'ignore pas ce sens (voir Ia-2æ, qu. 45. art. 1, ad 1), mais il réserve aux passions ainsi conçues le nom de vices. A proprement parler, seuls ont droit au nom de passion les mouvements de l'appétit sensible, à cause de l'union essentielle qu'ils comportent avec les réactions concomitantes de l'organisme. L'action de la volonté n'implique de soi ni concomitances organiques, ni même de différences spécifiques entre les diverses expressions de son activité; et pas davantage de diversité entre concupiscible et irascible : c'est une faculté simple en face d'un objet simple. Cependant, à cause de la ressemblance entre certains mouvements de la volonté et les réactions plus constatâmes du désir sensible, le langage se sert d'expressions telles que volonté-concupiscible et volonté-irascible, amour, haine, espérance, crainte, etc., sans qu'on doive se méprendre sur la valeur de ces appellations et sur la réalité qu'elles recouvrent.


L'espérance se manifeste donc comme un mouvement de l'irascible pour conquérir un objet bon, futur, difficile à saisir, et qu'il est cependant possible d'atteindre.


Puisque ce sont les objets qui sont comme les formes des facultés et des passions, la meilleure méthode pour étudier l'espérance est de voir d'abord son objet.

.


à suivre…
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Message  ROBERT. Mar 19 Juil 2011, 6:01 pm

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LE DON DE CRAINTE (suit le sujet de l'espérance)  SAINT THOMAS D'AQUIN - Page 3 Tentat10

RENSEIGNEMENTS TECHNIQUES.

NOTES DOCTRINALES THOMISTES.


A. NOTES DOCTRINALES THOMISTES.

I. L'ESPÉRANCE NATURELLE.

pp. 195-196 (note explicative 4) (suite)


(Question 17, art. 1).



2º L'objet de l'espérance.

Il est double : la réalité même recherchée par l'irascible, et le secours qui rend possible cet objet convoité. Objet quod (speratur) et objet quo (speratur), disent les anciens. Objet et motif, dirions-nous plus volontiers actuellement. Ce double objet doit se manifester comme irréductible à tout autre s'il veut garder à la passion qu'il fait naître et qu'il informe, son caractère spécifique.

A. — L'objet de l'espérance est le bien, et non pas la vérité, parce que l'espérance ne recherche pas seulement la connaissance, mais la possession réelle. Par suite de cette bonté de l'objet, le mouvement d'espérance sera une tendance vers l'objet, et non, comme dans la crainte, un geste de fuite; et comme c'est au bien que tend naturellement l'appétit, tandis que c'est, par violence et contrainte qu'il s'en éloigne, voici que l'espérance se met d'emblée au rang des sentiments les plus naturels et les plus profonds de l'homme.

L'objet de l'espérance est futur, ce qui différencie ce sentiment de la joie, qui réclame la présence de son objet. C'est de maintes façons d'ailleurs que l'objet peut être futur : futur veut dire non-possédé, quel que soit le mode de cette non-possession. Tendance à un objet nécessairement futur, l'espérance ne peut pas trouver son terme en elle-même : quand elle a atteint son objet, celui-ci lui devient présent, et l'espérance disparaît pour laisser place à une passion du concupiscible, la joie, tout comme un changement de forme, dans les êtres corporels, entraîne nécessairement l'apparition d'une espèce nouvelle de réalité.

Le troisième caractère de l'objet de l'espérance est d'être ardu, ce qui le distingue de l'objet du désir qui se porte sur n'importe quel bien absent, abstraction faite des conditions particulières auxquelles est soumise sa possession. L'espérance reste bien un mouvement du désir, mais elle dit relation essentielle, formelle. à une difficulté, à ce point que la puissance qui correspond à cet objet ardu est autre que celle qui correspond à l'objet du désir. Ardu ne dit pas impossible à atteindre — ni non plus de valeur nulle — mais possible à atteindre, bien que difficile. Formellement, il ne faudrait même pas parler de réalité ardue comme objet de l'espérance, car de soi la difficulté ne peut qu'arrêter le mouvement de poursuite, puisqu'elle est un mal pour l'appétit chercheur de bien-être; il faut parler d'un bien ardu, ou mieux encore, en joignant les trois propriétés, d'un bien ardu possible. Mais alors. tel quel, cet objet est un véritable bien pour l'irascible, bien connaturel à cette puissance de lutte et auquel elle tend de toute sa constitution profonde comme le concupiscible tend au bien délectable; même vis-à-vis du concupiscible, cette difficulté, surmontable, ajoute à l'objet possédé une certaine plus value, un piquant au goût, à cause même du labeur qu'a réclamé la victoire.



pp.197-198. (note explicative 4)

Enfin l'objet de l'espérance est possible à atteindre, et c'est cette propriété qui apporte la formalité dernière à l'objet de l'espérance. Possible et impossible ne sont pas des prédicats accidentels à l'objet, car si le bien, possible, fait naître l'espérance, l'impossibilité de l'atteindre fera surgir le désespoir. C'est cette possibilité qui donne à l'objet sa bonté actuelle, et à la difficulté l'attrait spécial qui ébranle l'irascible vers la poursuite. La possibilité, caractère dernier de l'objet, le constitue formellement comme objet, explique et limite ses autres caractères, et fait de lui un objet absolument irréductible à toute autre espèce. Mais le terme même de possible indique une relation avec ce qui le rend possible, et ainsi nous amène à étudier la nature des forces qui assurent sa possibilité.

Ce qu'il importe de remarquer, c'est le caractère illimité et universel de cet objet : l'objet de l'espérance, c'est toute réalité qui, en fonction d'un sujet donné, se présente comme un bien, futur, ardu, possible à atteindre.





à suivre…
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Message  ROBERT. Mer 20 Juil 2011, 4:37 pm

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RENSEIGNEMENTS TECHNIQUES.

NOTES DOCTRINALES THOMISTES.



I. L'ESPÉRANCE NATURELLE.

pp. 197-198 (note explicative 4) (suite)


(Question 17, art. 1).


2º L'objet de l'espérance.



B. — Toute possibilité suppose une force capable de vaincre les difficultés qui s'opposent à la possession de l'objet. Suivant les cas, cette force peut appartenir au sujet lui-même, en propre, ou elle peut consister en un secours extérieur que le sujet prend à son compte. Il y a bien là deux façons d'atteindre l'objet, façons à ce point différentes qu'elles ont donné origine à deux mots différents (sperare et exspectare), mais qui cependant ne créent pas deux espérances. Si l'objet ne dépasse pas les forces du sujet, l'espérance s'appuie sur ses propres forces : le secours d'autrui est alors inutile et il ne peut créer quelque chose de nouveau dans un sentiment, ni comme énergie de la tendance, ni comme certitude du résultat. Si, par contre, la difficulté de l'objet convoité fait échec aux forces personnelles du sujet, l'espérance alors s'appuie sur le secours d'autrui. Mais vis-à-vis de l'objet qui, par définition, demeure à la mesure totale du sujet, le fait d'être possible par le seul sujet ou par le secours d'un autre, demeure une détermination accidentelle, qui ne change en rien l'espèce de l'objet. Et comme seul un changement essentiel de l'objet entraîne un changement formel dans les activités des facultés, il s'ensuit qu'on ne peut pas conclure à une double espèce d'espérance, mais à une seule espèce sous deux aspects différents.

On ne saurait trop insister sur le rôle du motif, qui est capital dans l'espérance; c'est lui qui donne à l'objet sa formalité, qui en fait vraiment, pour l'appétit un bien ardu possible. Pas plus que pour l'objet, il n'est possible de déterminer à priori la nature du secours requis dans l'espérance ; il suffit de dire qu'il représente tout ce qui fait estimer au sujet qu'il lui est possible d'atteindre le bien ardu convoité.



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Message  ROBERT. Jeu 21 Juil 2011, 8:32 pm

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RENSEIGNEMENTS TECHNIQUES.

NOTES DOCTRINALES THOMISTES.



I. L'ESPÉRANCE NATURELLE.

pp. 197-198 (note explicative 4) (suite)


(Question 17, art. 1).


2º L'objet de l'espérance.


B. — Toute possibilité suppose une force capable de vaincre les difficultés qui s'opposent à la possession de l'objet. Suivant les cas, cette force peut appartenir au sujet lui-même, en propre, ou elle peut consister en un secours extérieur que le sujet prend à son compte. Il y a bien là deux façons d'atteindre l'objet, façons à ce point différentes qu'elles ont donné origine à deux mots différents (sperare et exspectare), mais qui cependant ne créent pas deux espérances. Si l'objet ne dépasse pas les forces du sujet, l'espérance s'appuie sur ses propres forces : le secours d'autrui est alors inutile et il ne peut créer quelque chose de nouveau dans un sentiment, ni comme énergie de la tendance, ni comme certitude du résultat.

Si, par contre, la difficulté de l'objet convoité fait échec aux forces personnelles du sujet, l'espérance alors s'appuie sur le secours d'autrui. Mais vis-à-vis de l'objet qui, par définition, demeure à la mesure totale du sujet, le fait d'être possible par le seul sujet ou par le secours d'un autre, demeure une détermination accidentelle, qui ne change en rien l'espèce de l'objet. Et comme seul un changement essentiel de l'objet entraîne un changement formel dans les activités des facultés, il s'ensuit qu'on ne peut pas conclure à une double espèce d'espérance, mais à une seule espèce sous deux aspects différents.

On ne saurait trop insister sur le rôle du motif, qui est capital dans l'espérance; c'est lui qui donne à l'objet sa formalité, qui en fait vraiment, pour l'appétit un bien ardu possible. Pas plus que pour l'objet, il n'est possible de déterminer à priori la nature du secours requis dans l'espérance ; il suffit de dire qu'il représente tout ce qui fait estimer au sujet qu'il lui est possible d'atteindre le bien ardu convoité.



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à suivre…
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Message  ROBERT. Ven 22 Juil 2011, 8:07 pm

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RENSEIGNEMENTS TECHNIQUES.

NOTES DOCTRINALES THOMISTES.


I. L'ESPÉRANCE NATURELLE.

pp. 197-198 (note explicative 4) (suite)


(Question 17, art. 1).



3º Le sujet de l'espérance.

L'objet sensible de l'espérance demande un sujet sensible, qui est l'irascible. L'objet immatériel d'espérance, qui est le bien rationnel, réclame pour siège la volonté, que la coutume du langage nous permet d'appeler volonté-irascible.


4º Le mode de l'espérance.

Au double objet, sensible et rationnel, et au double sujet, irascible et volonté, correspond nécessairement un double mode d'espérance.

La passion d'espérance comporte essentiellement, avec une réaction psychique, des perturbations physiologiques, internes et externes, qu'il est difficile de déterminer en termes exacts, mais que l'expérience reconnaît facilement. Le sentiment d'espérance est un mouvement simple de la volonté, et ce n'est que par accident, à cause de l'unité du sujet humain, qu'il provoque, par l'intermédiaire des sens internes, certaines réactions organiques concomitantes.


Objet, sujet, mode, nous sommes désormais en possession de tout ce qui est nécessaire pour reconnaître la nature profonde de l'espérance.


5º La nature de l'espérance.


Par rapport à l'objet, l'espérance se présente comme une tendance d'amour. Par rapport au motif, l'espérance tire de lui la confiance qu'elle manifeste en son mouvement.



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Message  ROBERT. Sam 23 Juil 2011, 4:39 pm

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RENSEIGNEMENTS TECHNIQUES.

NOTES DOCTRINALES THOMISTES.


I. L'ESPÉRANCE NATURELLE.

pp. 199-200 (note explicative 4) (suite)


(Question 17, art. 1).




A. — L'espérance, tendance d'amour.


Comme tous les sentiments qui ont pour objet la recherche du bien, l'espérance obéit à l'attraction de l'amour, consécutive à la connaturalité ressentie entre l'objet et le sujet, et qui pousse celui-ci à rechercher la possession de la réalité aimée. Bien ardu, l'objet de l'espérance double son attirance première par sa difficulté même, qui est un attrait spécial pour l'irascible et donc une nouvelle source d'amour, si toutefois le secours est suffisant pour triompher des obstacles. Nous sommes là au centre de l'espérance, qui se manifeste comme une tendance très profonde d'amour, de recherche du bien perfectif du sujet, et par suite comme une tendance spontanée, primaire, instinctive, de tout le désir humain.


B. — La confiance, élément formel de l'espérance.


La confiance met en exercice un élément affectif très spécial, une activité personnelle du sujet s'en remettant aux forces qui doivent lui permettre d'arriver au but : on met sa confiance dans autrui, on prend confiance dans ses propres forces. Il semble qu'objectivement le sujet garde toujours comme la crainte théorique d'une inadéquation possible entre les moyens et la fin; mais, passant par-dessus cette inévidence et cette inquiétude, le sujet s'abandonne à qui va l'aider, il s'en remet à lui, il se confie à sa puissance tutélaire et auxiliatrice. Il peut y avoir là beaucoup de subjectivisme, et les motifs ne semblent pas toujours en adéquation objective réelle avec la confiance qu'ils font naître. C'est pour cela que la confiance qui soutient l'espérance est différente de la certitude affective, de ce sentiment si spécial qui apaise les hésitations de l'appétit et donne à la tendance une fermeté et une tranquillité absolue. La confiance peut cependant y tendre, mais toujours elle gardera quelque inquiétude sur le résultat à venir, étant données pour le moins les défaillances possibles de la nature en face de toute œuvre difficile. Selon l'estimation plus ou moins vive que prend le sujet de la valeur des forces qu'il a à sa disposition, la confiance requise pour l'espérance ira de l'effort hésitant jusqu'à la certitude pratique d'une énergie sûre d'elle-même.



6º Les origines de l'espérance.



Si spontané qu'il soit, l'espoir a de multiples relations avec toutes les manifestations de notre personnalité, et, n'étant pas la première expression de notre vie, il se rattache à certaines origines. Celles-ci sont multiples : origines de connaissance, pour la présentation de l'objet et la manifestation de ses divers caractères, comme aussi de la qualité du secours; — origines affectives, les plus essentielles, qui se résument en un amour imparfait de concupiscence pour l'objet, amour bon mais intéressé et de soi égoïste, et en un amour pour le secours qui permet l'obtention de l'objet désiré et qui, par suite, est aimé par reconnaissance; — origines physiques et physiologiques qui ont un rôle fort important dans la naissance et l'accroissement de l'espérance. (Nous reverrons cette question plus en détail, dans les études sur la vertu théologale.)


7º Les effets de l'espérance.


Il n'est pas possible de faire un résumé, si bref soit-il, des influences si diverses et si profondes de l'espérance. Il faut se contenter d'un simple classement. Effets d'affectivité, soit intérieurs, comme la joie et l'amour, soit extérieurs, comme l'aide apportée à l'action et toute l'influence sur les passions et les sentiments de l'irascible; — effets de connaissance, indirects et directs, particulièrement par l'attention, que fixe si impérieusement l'espoir, et par l'intuition affective, d'ailleurs si mal connue; — effets physiologiques s'exprimant en sensations de vie intense et facile; — ils manifestent tous la place de premier plan que tient l'espérance dans toute l'existence de l'homme.

Il convient, pour voir d'un peu près la question, de se reporter aux études que S. Thomas suppose chaque fois qu'il traite de la vertu d'espérance et auxquelles il renvoie explicitement plusieurs fois dans ce traité de la Somme. (Voir III Sent., dist. 26, qu. 1; — Ia-IIæ qu. 23, art. 4, qu. 4; — de Spe, art. 1.)


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Message  ROBERT. Dim 24 Juil 2011, 4:44 pm

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II. LA BÉATITUDE, OBJET DE L'ESPÉRANCE.

(Question 17, art. 2)

L'objet de la vertu théologale d'espérance est Dieu lui-même possédé par nous dans le ciel, et tous les autres biens ordonnés à cette béatitude.

1º La béatitude éternelle.


Au sens général, la béatitude est le bien parfait apaisant et rassasiant tout à fait le désir. On appelle béatitude objective la réalité même dont la possession apporte le repos à l'appétit; on appelle béatitude formelle la possession de la réalité : c'est ainsi que les richesses sont la béatitude objective de l'avare, et leur possession sa béatitude formelle. Il n'y a pas là deux béatitudes, mais deux formalités intégrant une seule béatitude totale: il faut toujours une réalité à posséder, et une possession, pour que cette réalité soit terme du désir.

La béatitude objective, objet de l'espérance, consiste dans le seul bien incréé et parfait, Dieu. Lui seul peut apaiser le désir de l'homme, tous les autres biens, limités, ne pouvant satisfaire la tendance de la volonté en quête de l'illimité. S. Thomas a profondément analysé ces notions dans son traité de la béatitude (Ia-2æ, qu. 1 à 5), et il faudrait citer, comme illustration de ces pensées, les belles pages de S. Augustin racontant l'entretien qu'il eut à Ostie avec Ste Monique sur l'éternelle félicité (Confessions, Livre IX, chapitre 10). La foi nous fait connaître Dieu tel qu'il est en lui-même, dans sa Trinité, et la volonté tend du même coup à Dieu dans son essence, dans sa Trinité, et il ne faut pas moins pour satisfaire le désir de l'homme. Considéré en lui-même, Dieu est la souveraine perfection: quand nous sommes mis en face de lui, il se présente à nous, non plus seulement comme l'être parfait en lui-même, comme la Bonté essentielle, mais comme celui en qui nous devons trouver notre perfection : son être de bonté devient la Bonté qui peut assurer la perfection de notre être, par notre union à lui. Nous regardons Dieu comme bon pour nous, "Deus bonus in se conveniens nobis", disent les Théologiens de Salamanque.

La béatitude formelle est l'acquisition et la possession de la béatitude objective. Cette possession ne peut s établir que dans une opération, l'opération étant le constitutif même de toute vie; la vie éternelle est un acte : non pas évidemment des puissances végétatives ou sensibles, ni essentiellement du moins, de la volonté, mais, formellement, de l'intelligence qui seule est qualifiée pour atteindre et posséder cet être spirituel et intelligible qui est Dieu. La béatitude formelle consiste en une vision claire et sans intermédiaire de l'essence divine. La compréhension, terme de l'espérance, y ajoute une certaine relation volontaire à la fin possédée, un attachement de tout l'être, et pas seulement de Y intelligence, à cette réalité divine qui comble le désir de l'homme dans son actuelle possession.

Cette béatitude formelle, à elle seule, ne suffirait pas à fonder l'objet de l'espérance, car elle est un bien créé, et l'essence de la vertu théologale est d'adhérer à Dieu lui-même. Elle n'est même pas objet de l'espérance concurremment avec la béatitude objective, elle n'est qu'un moyen pour nous d'entrer en possession de la réalité espérée. Mais comme Dieu ne peut être terme de l'espérance sans la possession qui s'établit dans la vision béatifique, il s'ensuit que la possession est intégrée à l'objet de l'espérance comme la condition nécessaire de notre union au bien qui nous béatifie : l'objet de l'espérance est la béatitude objective connotant la béatitude formelle. Les expressions plus ou moins exactes du langage courant ne doivent jamais nous induire en erreur sur ce point : c'est Dieu même que nous devons posséder, dans son essence et dans tous ses attributs.
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