LE DON DE CRAINTE (suit le sujet de l'espérance) SAINT THOMAS D'AQUIN

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Message  ROBERT. Mar 12 Avr 2011, 5:32 pm

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IIa-IIæ, qu. 19, par J. Le Tilly, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:

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L'ESPÉRANCE

QUESTION 19.

LE DON DE CRAINTE.

ARTICLE 9.

La crainte est-elle un don du Saint-Esprit ? (suite)


SOLUTIONS : 1. La crainte filiale ne s'oppose pas à la vertu d'espérance. Par la crainte filiale, en effet, nous ne craignons pas de manquer ce que nous espérons obtenir grâce au secours divin, mais nous craignons de nous soustraire nous-mêmes à ce secours. Et c'est pourquoi la crainte filiale et l'espérance forment un tout et se parfont l'une l'autre.


2. L'objet propre et principal de la crainte étant un mal qu'on fuit, Dieu, sous cet aspect, ne peut pas être l'objet de la crainte, tandis qu'il est l'objet propre et principal de l'espérance et des autres vertus théologales. Car, par la vertu d'espérance, nous nous appuyons sur le secours divin, non seulement pour obtenir tous les autres biens quels qu'ils soient, mais principalement pour posséder Dieu lui-même, comme le bien premier.

— Il en est de même dans les autres vertus théologales.

3. Du fait que l'amour est le principe de la crainte, il ne suit pas que la crainte de Dieu ne soit pas un habitus distinct de la charité, qui est l'amour de Dieu; car l'amour est le principe de tous les sentiments, et cependant c'est dans divers habitus que nous atteignons la perfection des autres sentiments. Pourtant l'amour possède plus la raison de vertu que la crainte, car l'amour se rapporte au bien, et c'est au bien que la vertu est principalement ordonnée selon sa raison propre. Pour le même motif, l'espérance est comptée comme vertu. Mais la crainte considère principalement le mal, dont elle implique la fuite. Par suite la crainte est moins qu'une vertu théologale.

4. "L'orgueil commence quand l'homme se sépare de Dieu", dit l'Ecclésiastique, c'est-à-dire, quand l'homme ne veut pas se soumettre à Dieu, ce qui s'oppose à la crainte filiale, qui fait révérer Dieu. Par suite, la crainte détruit le principe de l'orgueil, et c'est pour cela qu'elle est donnée contre l'orgueil. Il ne s'ensuit pas cependant qu'elle s'identifie avec la vertu d'humilité, mais qu'elle est-son principe. Les dons du Saint-Esprit, en effet, sont principes des vertus intellectuelles et morales, mais les vertus théologales sont principes des dons.

Et ainsi se résout la cinquième objection.



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À suivre…
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Message  ROBERT. Mer 13 Avr 2011, 3:43 pm

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IIa-IIæ, qu. 19, par J. Le Tilly, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:


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L'ESPÉRANCE

QUESTION 19.

LE DON DE CRAINTE.

ARTICLE 10.

La crainte diminue-t-elle quand croît la charité ?

DIFFICULTÉS : Il semble que, la charité grandissant, la crainte diminue. En effet :

1. S. Augustin déclare que "dans la mesure où la charité s'accroît, la crainte décroît ".

2. Quand l'espérance croît, la crainte diminue. Or l'espérance croît avec la charité. Donc, quand la charité s'accroît, la crainte diminue.

3. L'amour implique l'union; la crainte, la séparation. Mais quand l'union se resserre, la séparation diminue. Donc, l'amour augmentant, la crainte diminue.

CEPENDANT, S. Augustin nous dit que "la crainte de Dieu non seulement engendre, mais aussi parfait la sagesse, celle qui aime Dieu souverainement et le prochain comme soi-même".



.


À suivre…
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Message  ROBERT. Jeu 14 Avr 2011, 4:23 pm

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IIa-IIæ, qu. 19, par J. Le Tilly, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:


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L'ESPÉRANCE

QUESTION 19.

LE DON DE CRAINTE.

ARTICLE 10.

La crainte diminue-t-elle quand croît la charité ? (suite)


CONCLUSION : Il y a deux craintes de Dieu; l'une, la crainte filiale, qui fait appréhender à l'homme d'offenser Dieu ou d'être séparé de lui ; l'autre, la crainte servile, qui nous fait redouter la peine.

— Pour la crainte filiale, il est nécessaire qu'elle augmente quand croît la charité, comme un effet se développe en même temps que sa cause : c'est qu'en effet, plus on aime quelqu'un, plus on craint de l'offenser et d'être séparé de lui [67].

— Quant à la crainte servile, sa servilité est totalement supprimée par l'apparition de la charité, tandis que la crainte de la peine demeure en substance, ainsi qu'on l'a dit. Cette crainte elle-même diminue, surtout dans son acte, quand croît la charité, car on craint d'autant moins la peine qu'on aime Dieu davantage : en premier lieu, parce qu'on prête moins d'attention à son propre bien, que contrarie la peine; en second lieu, parce que celui qui adhère plus fortement à Dieu espère la récompense avec plus de confiance, et, par suite, redoute moins la peine.




Note explicative :

[67] Qu. 19, art. 10, conclusion. — Cajetan fait remarquer que plus un être est aimé, plus on l'apprécie, et plus on désire vivre en sa société; par suite, plus la séparation possible d'avec lui est considérée comme un mal, et plus donc on craint tout ce qui pourrait amener cette séparation, et, en premier lieu, l'offense faite à l'ami. Ce n'est qu'en conséquence, à cause de la fermeté de l'union entre les amis, que la crainte de la séparation réelle et possible diminue.


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À suivre…


Dernière édition par ROBERT. le Jeu 14 Avr 2011, 7:38 pm, édité 1 fois (Raison : balisage)
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Message  ROBERT. Ven 15 Avr 2011, 8:46 pm

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IIa-IIæ, qu. 19, par J. Le Tilly, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:


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L'ESPÉRANCE

QUESTION 19.

LE DON DE CRAINTE.

ARTICLE 10.

La crainte diminue-t-elle quand croît la charité ? (suite)


SOLUTIONS : 1. Dans le texte cité, S. Augustin parle de la crainte de la peine.

2. C'est la crainte de la peine qui diminue quand augmente l'espérance. Mais lorsque cette vertu s'accroît, alors augmente la crainte filiale, car plus on attend avec certitude du secours d'autrui l'acquisition de quelque bien, plus on redoute de l'offenser et d'être séparé de lui [68].


3. La crainte filiale n'implique pas la séparation, mais bien plutôt la soumission : elle redoute la séparation d'avec cette sujétion à Dieu. Elle dénote d'une certaine façon cependant une séparation, par ceci que l'homme n'a pas la présomption de s'égaler à Dieu, mais qu'il se soumet à lui; séparation qu'on trouve aussi dans la charité, du fait que l'homme aime Dieu plus que soi-même et par dessus toutes choses. Il faut donc conclure que l'augment de l'amour de charité ne diminue pas la révérence de la crainte, mais la fortifie.




Note explicative :

[68] Ibid., sol. 2. — Offenser celui qui donne le secours dans l'espérance, et donc se séparer de lui, c'est s'attaquer au formel même de cette vertu, et donc tendre directement à sa destruction. C'est pourquoi plus la confiance de l'espérance tend à la certitude, plus par là se manifeste l'activité si nécessaire de l'ami secourable, et plus par suite on appréhende de s'en séparer, parce que ce serait la ruine de l'espérance et de tous les biens qu'elle nous rend possibles.


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À suivre…
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Message  ROBERT. Sam 16 Avr 2011, 8:29 pm

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IIa-IIæ, qu. 19, par J. Le Tilly, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:


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L'ESPÉRANCE

QUESTION 19.

LE DON DE CRAINTE.

ARTICLE 11.

La crainte demeure-t-elle au ciel ?

DIFFICULTÉS : Il semble que la crainte ne demeure pas au ciel. En effet :

1. On lit dans les Proverbes : "Il vivra tranquille, sans craindre le malheur"; ce qu'il faut entendre de l'homme qui jouit déjà de la sagesse dans la béatitude éternelle. Mais toute crainte concerne un mal, car c'est le mal qui est objet de la crainte. Il n'y aura donc aucune crainte dans la patrie.

2. Dans le ciel, les hommes seront rendus conformes à Dieu, selon la parole de S.Jean : "Quand [Dieu] apparaîtra, nous lui serons semblables". Or Dieu ne redoute rien. Donc les hommes, dans le ciel, n'éprouveront aucune crainte.


3. L'espérance est plus parfaite que la crainte, car l'espérance regarde le bien, et la crainte le mal. Or il n'y aura pas d'espérance dans la patrie; il n'y aura donc pas non plus de crainte.


CEPENDANT, le Psaume dit : "La crainte de Iahvé est sainte; elle demeure à jamais".



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À suivre…
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Message  ROBERT. Dim 17 Avr 2011, 9:15 pm

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IIa-IIæ, qu. 19, par J. Le Tilly, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:


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L'ESPÉRANCE

QUESTION 19.

LE DON DE CRAINTE.


ARTICLE 11.

La crainte demeure-t-elle au ciel ? (suite)


CONCLUSION : La crainte servile, ou crainte de la peine, n'existera d'aucune façon dans la patrie, une telle crainte étant exclue par la sécurité de la béatitude éternelle, sécurité qui est de l'essence de la béatitude même. Quant à la crainte filiale, de même qu'elle croît en même temps que la charité, de même elle sera parfaite quand la charité sera devenue parfaite. Aussi n'aura-t-elle pas au ciel exactement le même acte que présentement.

— Pour bien voir cette vérité, il faut noter que l'objet propre de la crainte est un mal possible, comme l'objet propre de l'espérance est un bien possible. Et comme le mouvement de la crainte est semblable à une fuite, la crainte implique la fuite d'un mal difficile à supporter mais possible à éviter, (les maux de peu d'importance ne produisant pas de crainte). Far ailleurs, de même que le bien de toute chose est de demeurer dans son ordre, de même son mal est d'abandonner son ordre.

Or l'ordre de la créature raisonnable est d'être soumise à Dieu et de dominer les autres créatures. Aussi, de même que le mal de la créature raisonnable est de se soumettre, par l'amour, à la créature inférieure, de même c'est encore son mal que de ne pas se soumettre à Dieu, mais, au contraire, de l'attaquer présomptueusement ou de le mépriser. Or, à considérer la créature raisonnable dans son essence, ce mal peut lui arriver, par suite de la flexibilité de son libre arbitre ; mais chez les Bienheureux la perfection de la gloire rend ce mal impossible. En conséquence, dans la patrie, la fuite de ce mal, qui est de ne pas être soumis à Dieu, demeurera, comme fuite d'un mal possible à la nature, mais impossible à la béatitude; sur la terre, cette fuite est celle d'un mal qui est tout à fait possible.

— C'est pourquoi, commentant la parole de Job, "Les colonnes du ciel s'ébranlent et s'épouvantent à sa menace", S. Grégoire déclare : "Les puissances mêmes des cieux, qui regardent Dieu sans cesse, tremblent dans cette contemplation même. Mais ce tremblement, loin d'être pour eux une peine, n'est pas un tremblement de crainte, mais d'admiration" : ils admirent Dieu dans son existence transcendante et dans son incompréhensibilité. S. Augustin place une semblable crainte dans la patrie, bien qu'il laisse la question ouverte : "La crainte chaste qui demeure à jamais aux siècles des siècles, si elle doit encore exister dans le siècle futur, ne sera plus la crainte qui s'épouvante du mal éventuel, mais celle qui se fixe dans le bien qu'on ne peut plus perdre.

Là, en effet, où l'amour du bien acquis est sûr de ne plus changer, il est certain que la crainte du mal dont il faut se garder n'est, si l'on peut ainsi dire, qu'une sécurité. Or sous ce nom de crainte chaste, on désigne, à la vérité, cette volonté par laquelle c'est une nécessité pour nous de ne pas vouloir pécher, et cela, non dans une infirmité encore inquiète de ne plus pécher, mais dans une charité tranquillement garée du péché. Ou bien, si aucune crainte d'aucun genre ne peut exister là-haut, peut-être a-t-on parlé d'une crainte qui demeure à jamais pour dire qu'elle subsistera jusqu'où la crainte peut aller".



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À suivre…
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Message  ROBERT. Lun 18 Avr 2011, 5:00 pm

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IIa-IIæ, qu. 19, par J. Le Tilly, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:


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L'ESPÉRANCE

QUESTION 19.

LE DON DE CRAINTE.


ARTICLE 11.

La crainte demeure-t-elle au ciel ? (suite)


SOLUTIONS : 1. L'autorité des Proverbes exclut des Bienheureux la crainte inquiète et précautionneuse contre le mal, mais non la crainte établie dans la sécurité.


2. Comme le déclare Denys, "les mêmes choses à la fois sont semblables à Dieu et lui sont dissemblables : semblables, selon leur relative imitation de l'inimitable", c'est-à-dire du fait qu'elles imitent à leur mesure Dieu, qui n'est pas parfaitement imitable; "dissemblables, selon que les choses créées restent en deçà de leur cause, déficientes vis-à-vis de ses mesures infinies et incomparables". De ce que la crainte ne convient pas à Dieu, qui n'a pas de supérieur à qui il soit soumis, il ne suit pas qu'elle ne convienne pas aux Bienheureux, dont la béatitude consiste en une parfaite soumission à Dieu [69].

3. L'espérance implique un défaut, l'absence de la béatitude, absence que la possession présente de la béatitude fera disparaître. Mais la crainte comporte un défaut qui tient à la nature créée, à cause de son infinie distance de Dieu, défaut qui demeurera dans la patrie. Et c'est pourquoi la crainte ne disparaîtra pas complètement.




Note explicative :

[69] Qu. 19, art. 11, sol. 2. — C'est cette même crainte révérencielle que l'Ecriture, la Tradition et l'Eglise reconnaissent dans le Christ à un état parfait. Voir IIIa, qu. 7, art. 6.


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À suivre…
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Message  ROBERT. Lun 25 Avr 2011, 8:09 pm

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IIa-IIæ, qu. 19, par J. Le Tilly, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:


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L'ESPÉRANCE

QUESTION 19.

LE DON DE CRAINTE.


ARTICLE 12.

La pauvreté d'esprit est-elle la béatitude qui correspond au don de crainte ?


DIFFICULTES : La pauvreté d'esprit [70] ne semble pas être la béatitude qui répond au don de crainte. En effet :


1. La crainte est le début de la vie spirituelle. Or la pauvreté se rattache à la perfection de la vie spirituelle, selon S. Matthieu "Si tu veux être parfait, va et vends tout ce que tu as et donne-le aux pauvres". La pauvreté d'esprit ne correspond donc pas au don de crainte.

2. Le Psaume nous dit: "Pénètre ma chair de ta crainte", ce qui montre que c'est à la crainte que revient le rôle de réprimer la chair. Mais à la répression de la chair semble au premier chef se rattacher la béatitude des larmes. Donc la béatitude des larmes répond mieux au don de crainte que la béatitude de la pauvreté.


3. Le don de crainte correspond à. la vertu d'espérance. Mais à l'espérance semble surtout répondre la dernière béatitude : "Bienheureux les pacifiques, car ils seront appelés enfants de Dieu" , d'après l'Épître aux Romains: "Nous nous glorifions dans l'espérance de la gloire des fils de Dieu". Cette béatitude répond donc mieux au don de crainte que la pauvreté d'esprit.


4. Aux béatitudes répondent des fruits [71] Mais on ne trouve rien dans les fruits qui corresponde au don de crainte. Il n'y a donc pas non plus dans les béatitudes quelque chose qui lui corresponde.


CEPENDANT, au dire de S. Augustin, "la crainte de Dieu convient aux humbles dont il a été dit : Bienheureux les pauvres en esprit".



Notes explicatives :

[70] Qu. 19, art. 12, diff. 1. — La pauvreté en esprit est l'esprit de pauvreté, le détachement effectif, ou par avance consenti, de tous les biens du monde, intérieurs et extérieurs, dont la possession pousse l'homme à s'enorgueillir.

[71] Ibid., diff. 4. — Au sujet des "béatitudes " et des "fruits", voir P. Noble, La Prudence, Traduction de la Revue des Jeunes, notes explicatives, Nos 20 et 21 :





[20]Qu. 52, art. 4. — Les quatre "Béatitudes" évangéliques rapportées par S. Luc, VI, 20-22, et les "Béatitudes" rapportées par S. Matthieu, V, 1-8, ont suggéré à S. Ambroise et à S. Augustin l’idée de les rattacher respectivement aux quatre vertus morales et aux sept Dons du Saint-Esprit (la huitième n’étant qu’un résumé des premières).

Ces docteurs ont donc considéré les œuvres évangéliques qui y sont glorifiées comme des actes spéciaux, soit des vertus, soit des Dons, et les récompenses que ces Béatitudes font valoir, comme appropriées aux mérites des vertus et des Dons. S. Ambroise, considérant que les béatitudes ont été adressées aux foules, les rapporte aux vertus morales qui sont l’apanage de tous, tandis que S. Augustin, considérant que les béatitudes renferment des actes proposés à des hommes qui s’élèvent à la perfection, les rattache aux actes des Dons. S. Thomas s’est rallié à l’opinion de S. Augustin (voir Ia-IIæ, qu. 69.)

— Ainsi, le don de Conseil convient particulièrement aux actes de miséricorde. Les services que nous rendons à nos amis et à nos proches relèvent de la vertu de libéralité. S’employer à secourir les pauvres, dans la spontanéité du dévouement et par révérence à Dieu qui s’est fait pauvre pour nous, est une perfection qui vient plus spécialement de l’invitation intérieure que nous en fait le Saint-Esprit. (Cf. Gardeil, Dict. de théol. cath., article: Béatitudes évangéliques.)


[21] Qu. 52, art. 4, objection 3. — Les "Fruits" du Saint-Esprit, dit S. Paul, sont la charité, la joie, la paix, la patience, la bénignité, la douceur, la foi, la modestie, la continence et la chasteté. (Gal. V, 22-23) En quoi ces "Fruits" se distinguent-ils des vertus et des dons ?

D’après S. Thomas, ce sont des actes particulièrement délectables qui procèdent en nous de l’influence du Saint-Esprit et se rattachent soit à l’exercice des vertus surnaturelles soit des Dons. S. Thomas se devait de faire rentrer les "fruits" du Saint-Esprit dans l’organisme de la conscience surnaturelle.

Ainsi, aux Dons d’Intelligence, de Science et de Sagesse est attribuée comme "fruit" spécial, la foi ou certitude de la foi et, comme "fruit" ultérieur, la joie (II-II., qu. 7, art. 8). La joie et la paix sont directement rapportées à la vertu de Charité (ibid. qu. 29, art. 4; qu. 30, art. 4) La patience et la longanimité sont des "fruits" du Don de piété; la mansuétude se rattache indirectement à ce même Don (ibid. qu. 52, art. 4, rép. 3), etc.

— Chose curieuse, comme il est dit dans la rép.3, qu. 52, art. 4 qui motive la présente note, le Don de conseil ne donne lieu directement à aucun "fruit" (voir la raison de convenance donnée par S. Thomas); cependant l’acte de ce Don se voit rattaché ces deux fruits : miséricorde et bénignité. (Cf. Gardeil, Dict. de théol. cath., article : Fruits du Saint-Esprit)



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À suivre…
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Message  ROBERT. Mar 26 Avr 2011, 4:16 pm

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L'ESPÉRANCE

QUESTION 19.

LE DON DE CRAINTE.


ARTICLE 12.

La pauvreté d'esprit est-elle la béatitude qui correspond au don de crainte ? (suite)


CONCLUSION : A la crainte correspond très proprement la pauvreté d'esprit. A la crainte filiale, en effet, revient de témoigner de la révérence à Dieu, et de lui être soumis : dès lors, ce qui fait suite à une pareille sujétion se rattache au don de crainte. Mais du fait de sa soumission à Dieu, l'homme cesse de chercher à se magnifier en lui-même ou en un autre que Dieu, car un tel sentiment répugnerait à une sujétion parfaite à Dieu.


C'est pour cela qu'il est dit dans le Psaume : "Ceux-ci se confient dans les chars et ceux-là dans les chevaux, mais nous, nous invoquons le nom de notre Dieu". Et c'est pourquoi, s'il craint parfaitement Dieu, l'homme ne cherche ni à s'exalter en lui-même par l'orgueil, ni à se glorifier dans les biens extérieurs, honneurs et richesses : ces deux sentiments relèvent de la pauvreté d'esprit, en entendant par pauvreté d'esprit soit un anéantissement de l'enflure et de l'orgueil de l'esprit, soit un mépris des biens temporels dont le renoncement se fait par l'esprit, c'est-à-dire par la volonté de l'homme sous la motion du Saint-Esprit, ainsi que l'exposent S. Ambroise et S. Jérôme.

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À suivre…
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Message  ROBERT. Mer 27 Avr 2011, 4:28 pm

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L'ESPÉRANCE

QUESTION 19.

LE DON DE CRAINTE.

ARTICLE 12.

La pauvreté d'esprit est-elle la béatitude qui correspond au don de crainte ? (suite)


SOLUTIONS : 1. La béatitude est un acte de la vertu parfaite, et c'est pourquoi toutes les béatitudes se rattachent à la perfection de la vie spirituelle. Mais le commencement de cette perfection semble se réaliser quand, tendant à la parfaite participation aux biens spirituels, on méprise les biens de la terre; de même que la crainte est le premier degré parmi les dons. Mais la perfection ne consiste pas dans l'abandon même des biens temporels : c'est là seulement le chemin de la perfection [72]. Toutefois la crainte filiale, à qui répond la béatitude de la pauvreté, demeure même avec la perfection de la sagesse.


2. Ce qui est plus directement opposé à la sujétion à Dieu qu'apporte la crainte filiale, c'est l'exaltation indue de l'homme en lui-même ou dans les autres biens, plus directement que les plaisirs cherchés au dehors. Ceux-ci cependant s'opposent à la crainte par leurs conséquences : car celui qui révère Dieu et lui est soumis ne met pas son plaisir en autre chose que Dieu. Mais le plaisir ne comporte pas cependant l'aspect de difficulté, caractère essentiel de l'objet de la crainte, comme l'implique l'exaltation de soi [73] Et c'est pourquoi la béatitude de la pauvreté répond directement au don de crainte; seulement, la béatitude des larmes en relève aussi, mais par voie de conséquence.

3. L'espérance implique un mouvement de tendance vers le terme qui est son but, tandis que la crainte comporte un mouvement de retrait vis-à-vis de son point de départ, (l'objet dont elle s'écarte) [74]. Et c'est pourquoi la dernière béatitude, qui est le terme de la perfection spirituelle, correspond, de la façon qu'il faut, à l'espérance, par mode d'objet ultime; mais la première béatitude, qui se réalise en un retrait vis-à-vis des biens extérieurs dont la possession empêche la soumission à Dieu, correspond, de la façon qu'il faut, à la crainte.


4. Parmi les fruits, ceux qui sont relatifs à l'usage modéré ou à la totale abstention des biens temporels semblent convenir au don de crainte : ainsi la modestie, la continence et la chasteté [75].





Notes explicatives :


[72] Ibid., sol. 1. — L'objectant cite une parole de Notre-Seigneur, mais incomplète. Le texte complet est celui-ci: "Si tu veux être parfait, va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres, et suis-moi". C'est cette vie à la suite de Jésus qui est la perfection : l'abandon des biens du monde n'est qu'une préparation.


[73] Ibid., sol. 2. — L'aspect de difficulté est un caractère essentiel des objets de la crainte et de l'espérance, et, par suite, spécifie ces mouvements affectifs, au point de réclamer pour eux un sujet, l'irascible, qui n'est pas celui de la délectation.


[74] Ibid., sol. 3. — Cette tendance ou ce retrait sont l'essentiel des mouvements de l'espérance ou de la crainte. On conçoit qu'à des façons si diverses de se conformer aux objets correspondent des attitudes différentes vis-à-vis de la fin ultime.


|75] Ibid., sol. 4. — A propos des rapports entre la crainte et l'espérance d'une part, et les vertus morales d'autre part, voir Appendice II, Renseignements techniques, p. 246 et suiv.

Note : en ce qui concerne les renseignements techniques, ils seront tous à la fin du Traité pour faire une lecture plus facile de la Somme. On pourra prendre dans ceux-ci ce qui nous sera utile. Leur pagination sera d’un grand secours. Je n’ai pas voulu les intercaler dans les notes explicatives comme telles, ce qui aurait alourdi inutilement et considérablement la lecture des questions et réponses de Saint Thomas d’Aquin…


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À suivre…
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Message  ROBERT. Jeu 28 Avr 2011, 4:19 pm

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LE DON DE CRAINTE (suit le sujet de l'espérance)  SAINT THOMAS D'AQUIN - Page 2 Saint_13
IIa-IIæ, qu. 20, par J. Le Tilly, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:


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L'ESPÉRANCE

LE DON DE CRAINTE.

QUESTION 20.

LE DÉSESPOIR.

Venons-en maintenant à l'étude des vices opposés à la vertu d'espérance et au don de crainte : d'abord le désespoir et ensuite la présomption.

A propos du désespoir, nous aurons à nous demander :

— 1. Si le désespoir est un péché.
— 2. S'il peut exister sans l'infidélité.
— 3. S'il est le plus grave des péchés.
— 4. S'il naît de l'acédie. (mélancolie)


ARTICLE 1.

Le désespoir est-il un péché ?

DIFFICULTÉS : Il semble que le désespoir ne soit pas un péché. En effet :

1. Tout péché, d'après S. Augustin, comporte une conversion à un bien périssable, avec une aversion pour le bien immuable. Or le désespoir ne comporte pas de conversion à un bien périssable. Il n'est donc pas péché.


2. Ce qui sort d'une bonne racine ne paraît pas être un péché, car "un arbre bon ne peut pas produire de mauvais fruits", comme il est dit dans S. Matthieu. Or le désespoir semble venir d'une bonne racine, la crainte de Dieu ou l'horreur de l'immensité des péchés personnels. Le désespoir n'est donc pas un péché.


3. Si le désespoir était un péché, ce serait, dans les damnés, un péché que de désespérer. Or ce désespoir ne leur est pas imputé à faute, mais plutôt à damnation. Il n'est donc pas non plus imputé à faute à ceux qui sont encore sur la terre. Et ainsi le désespoir n'est pas un péché.


CEPENDANT, ce qui induit les hommes à pécher semble être, non seulement un péché, mais un principe de péchés. Or le désespoir est de cette sorte : l'Apôtre parle en effet de certains "qui, désespérant, se sont livrés à la débauche par la pratique de toutes sortes d'impuretés dans la cupidité". Le désespoir n'est donc pas seulement un péché, mais le principe d'autres péchés.



.



À suivre…


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Message  ROBERT. Ven 29 Avr 2011, 8:16 pm

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LE DON DE CRAINTE (suit le sujet de l'espérance)  SAINT THOMAS D'AQUIN - Page 2 Saint_13
IIa-IIæ, qu. 20, par J. Le Tilly, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:


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L'ESPÉRANCE

LE DON DE CRAINTE.

QUESTION 20.

LE DÉSESPOIR.


ARTICLE 1.

Le désespoir est-il un péché ? (suite)



CONCLUSION : Au dire d'Aristote, ce qui, dans l'intelligence, est affirmation ou négation, se traduit, dans l'appétit, en recherche et en fuite; et ce qui est, dans la connaissance, vrai ou faux, devient, dans l'appétit, bon et mauvais. C'est pourquoi tout mouvement de l'appétit en conformité avec une intelligence vraie est de soi bon; par contre, tout mouvement appétitif en conformité avec une intelligence fausse est de soi mauvais et péché [76].

Or envers Dieu, le jugement vrai de l'intelligence est que c'est de lui que vient le salut des hommes, et que le pardon est donné aux pécheurs, selon le mot d'Ezéchiel : "Je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu'il se convertisse et qu'il vive". Par contre, l'opinion fausse est que Dieu refuse le pardon au pécheur repentant, ou qu'il ne retourne pas les pécheurs vers lui par la grâce qui les justifie. Et c'est pourquoi, de même que le mouvement d'espérance, qui se réalise en conformité avec un jugement vrai, est louable et vertueux, de même le mouvement opposé de désespoir, qui se fait en conformité avec une opinion fausse sur Dieu, est vice et péché.



Note explicative :


[76] Qu. 20, art. 1, conclusion. — L'union entre le désir et la connaissance qui le précède est si étroite qu'il existe entre eux une véritable proportion. Aux deux actes de l'intelligence, l'affirmation par laquelle elle accepte le vrai, la négation par laquelle elle refuse le faux, correspondent, dans la volonté, deux actes qui leur sont proportionnés, la poursuite par laquelle le désir tend au bien et s'attache à lui, et la fuite par laquelle il s'éloigne du mal et le rejette. Et donc l'intelligence et la volonté peuvent concorder à ce point que ce que l'intelligence affirme bon, l'appétit le poursuit, et ce dont l'intelligence nie la valeur l'appétit le fuit. Et c'est pourquoi le vrai ou le faux du côté de l'esprit amènent le bien ou le mal du côté du sentiment. Par suite, pécher contre l'espérance, c'est avoir dans la recherche de Dieu un sentiment basé sur une fausse opinion de lui, cette erreur devant être elle-même coupable pour pouvoir fonder un péché.


L'objet de l'espérance étant double, l'erreur du jugement peut porter sur l'un et l'autre, ou sur l'un des deux. Mais comme le vice s'oppose à la vertu en ce qu'elle a de formel, les péchés contre l'espérance iront essentiellement contre le formel de cette vertu, c'est-à-dire contre le secours divin qui nous est absolument nécessaire pour atteindre Dieu. Tant dans la nature de ces péchés que dans leur origine, c'est formellement contre Dieu secourable que se fera l'erreur du jugement, et, par suite, la faute dans la recherche de Dieu; ce ne sera d'ailleurs pas une simple abstention, mais un acte positif contre l'espérance, tendance contre tendance.


.



À suivre…


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Message  ROBERT. Sam 30 Avr 2011, 8:21 pm

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IIa-IIæ, qu. 20, par J. Le Tilly, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:


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L'ESPÉRANCE

LE DON DE CRAINTE.


QUESTION 20.

LE DÉSESPOIR.


ARTICLE 1.

Le désespoir est-il un péché ? (suite)


SOLUTIONS : 1. Dans tout péché mortel, il y a aversion pour le bien immuable et conversion à un bien périssable, mais diversement. En effet, c'est principalement en une aversion pour le bien immuable que consistent les péchés opposés aux vertus théologales, comme la haine de Dieu, le désespoir et l'infidélité, parce que les vertus théologales ont Dieu pour objet; ce n'est qu'en conséquence qu'ils impliquent une conversion à un bien périssable, l'âme qui délaisse Dieu se tournant nécessairement, et comme par voie de conséquence, vers d'autres réalités. Les autres péchés, par contre, consistent principalement en une conversion à un bien périssable, et comme conséquence, en une aversion pour le bien immuable : celui qui pratique la fornication n'a pas en effet l'intention de s'éloigner de Dieu, mais de jouir d'un plaisir de la chair; la conséquence cependant est qu'il s'éloigne de Dieu.


2. De la racine d'une vertu un effet peut sortir de deux façons. Directement, du côté de la vertu elle-même, comme un acte sort d'un habitus : et sous ce mode, aucun péché ne peut sortir d'une racine vertueuse; et c'est en ce sens que S. Augustin déclare que "nul n'use mal de la vertu". Par ailleurs, un effet peut venir d'une vertu indirectement et occasionnellement. Dès lors, rien n'empêche qu'un péché émane d'une vertu : ainsi voit-on certains s'enorgueillir de leurs vertus, selon la parole de S. Augustin: "L'orgueil s'insinue dans leurs bonnes œuvres, pour qu'elles périssent". De cette façon, il peut arriver que de la crainte de Dieu ou de l'horreur des péchés personnels naisse le désespoir, quand on use mal de ces biens et qu'on y prend une occasion de désespérer.

3. Les damnés sont en état de désespoir, à cause de l'impossibilité où ils se trouvent de revenir à la béatitude. Et c'est pourquoi le fait de ne pas espérer ne leur est pas imputé à faute, mais c'est une part de leur damnation. De même aussi sur terre, quelqu'un qui désespérerait d'atteindre ce qu'il n'est pas par nature appelé à posséder ou ce qui ne lui est pas dû, ne commettrait pas un péché : ainsi le médecin qui désespérerait de la guérison d'un malade, ou l'homme qui désespérerait de posséder un jour des richesses.



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À suivre…


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Message  ROBERT. Lun 02 Mai 2011, 5:34 pm

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IIa-IIæ, qu. 20, par J. Le Tilly, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:


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L'ESPÉRANCE


LE DON DE CRAINTE.

QUESTION 20.

LE DÉSESPOIR.


ARTICLE 2.

Peut-il y avoir désespoir sans infidélité ?


DIFFICULTÉS : Il semble qu'il ne puisse y avoir désespoir sans infidélité. En effet :

1. La certitude de l'espérance dérive de la foi. Or tant qu'une cause demeure, son effet ne disparaît pas. Donc on ne peut perdre la certitude de l'espérance par le désespoir que si la foi s'en est allée.


2. Faire passer une faute personnelle avant la bonté ou la miséricorde divines, c'est nier l'infinité de cette miséricorde ou de cette bonté, ce qui est de l'infidélité. Or celui qui désespère fait passer sa faute avant la miséricorde ou la bonté de Dieu, selon cette parole de la Genèse: "Mon crime est trop grand pour que j'en puisse mériter le pardon". Donc quiconque désespère est infidèle.


3. Quiconque tombe dans une hérésie condamnée est infidèle. Or celui qui désespère semble bien verser dans une hérésie condamnée par l'Eglise, celle des Novatiens qui prétendent que les péchés ne sont pas remis après le Baptême. Quiconque désespère semble donc bien être infidèle.


CEPENDANT, la disparition d'une réalité postérieure à une autre n'enlève pas la première. Or l'espérance est postérieure à la foi. Donc, quand l'espérance s'en est allée, la foi peut demeurer, et tout désespéré n'est pas infidèle.


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À suivre…


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Message  ROBERT. Mar 03 Mai 2011, 7:54 pm

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IIa-IIæ, qu. 20, par J. Le Tilly, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:


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L'ESPÉRANCE

LE DON DE CRAINTE.

QUESTION 20.

LE DÉSESPOIR.


ARTICLE 2.

Peut-il y avoir désespoir sans infidélité ? (suite)


CONCLUSION : L'infidélité relève de l'intelligence, et le désespoir de la volonté. Mais l'intelligence porte sur l'universel, et la puissance appétitive sur les singuliers : le mouvement de l'appétit va en effet de l'âme aux choses, qui, en elles-mêmes, sont des réalités particulières. Or on trouve des hommes au jugement droit dans l'universel et qui n'agissent pas comme il faut quand il s'agit du mouvement appétitif, parce que leur jugement, dans le particulier, est faux : c'est qu'il est nécessaire que, du jugement dans l'universel, ils passent au désir d'une réalité particulière par l'intermédiaire d'un jugement particulier, de même que d'une proposition universelle on n'infère pas une conclusion particulière sans recourir à l'intermédiaire d'une proposition particulière [77].

C'est de là qu'il arrive qu'un homme, possédant la vraie foi dans l'universel, tombe en défaut dans son acte de vouloir vis-à-vis d'un objet particulier, par suite d'une corruption de son jugement particulier, corruption apportée par un habitus vicieux ou par une passion. Ainsi celui qui pratique la fornication, en faisant choix de ce crime comme d'une chose bonne pour lui à l'heure actuelle, celui-là a une appréciation pervertie dans le cas particulier, alors que cependant il garde, dans l'universel, un jugement vrai de foi, à savoir que la fornication est un péché mortel. Semblablement un homme, tout en gardant, dans l'universel, ce jugement vrai de foi qu'il y a dans l'Eglise la rémission des péchés, peut cependant éprouver ce mouvement de désespoir que pour lui, dans son état actuel, il n'y a pas à espérer le pardon, ceci par suite d'une perversion de jugement dans un cas particulier [78]. De cette façon il peut y avoir désespoir sans infidélité, tout comme les autres péchés mortels.




Notes explicatives :

[77] Qu. 20, art. 2, conclusion. — L'objet de l'intelligence est l'universel; celui de la volonté n'existe que dans les singuliers, et la tendance ne se réalise qu'à la suite d'un jugement pratique, qui peut être faussé Bans l'application concrète des principes universels. La valeur du jugement universel n'en demeure pas moins.


[78] Ibid. — S. Thomas dit à propos des espèces de péché contre le Saint-Esprit 2a-2æ qu. 14, art. 2, ad 1): "Le péché de désespoir ou de présomption ne consiste pas à ne pas croire à la justice ou à la miséricorde de Dieu, mais à les mépriser". De même que, pour espérer, il faut passer de la certitude de la foi à la certitude pratique personnelle de son salut propre, ce qui affaiblit la valeur de cette certitude, de même on peut perdre cette certitude pratique et affective, sans pour cela toucher à la certitude universelle du salut accessible à tous.


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gras et majuscules ajoutés.
À suivre…
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Message  ROBERT. Mer 04 Mai 2011, 4:51 pm

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IIa-IIæ, qu. 20, par J. Le Tilly, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:


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L'ESPÉRANCE

LE DON DE CRAINTE.

QUESTION 20.

LE DÉSESPOIR.

ARTICLE 2.

Peut-il y avoir désespoir sans infidélité ? (suite)


SOLUTIONS : 1. L'élimination d'un effet ne dépend pas seulement de la disparition de la cause première, mais aussi de l'abolition de la cause seconde. Par suite, le mouvement de l'espérance peut être supprimé, non seulement par suppression du jugement universel de foi, qui est comme la cause première de la certitude de l'espérance, mais aussi par disparition du jugement particulier, qui en est comme la cause seconde.


2. Celui qui, dans l'universel, jugerait que la miséricorde de Dieu n'est pas infinie, serait infidèle [79]. Or ce n'est pas cela que pense le désespéré, mais que pour lui, dans l'état où il se trouve, à cause de telle disposition particulière, il n'y a pas à espérer en la miséricorde divine.


3. Les Novatiens [80] niaient, dans l'universel, qu'il y eût dans l'Eglise la rémission des péchés.




Notes explicatives :


[79] Ibid., sol. 2. — On ne peut même pas dire que dans ce cas il y aurait formellement désespoir; quelqu'un qui n'a pas la foi sur un seul point, ne l'a pas du tout, et, par suite, se trouve en dehors de l'ordre théologal, donc du désespoir comme de l'espérance.


|80| Ibid., sol. 3. — Novatien, prêtre romain du IIIe siècle, célèbre par ses lettres à. S. Cyprien au sujet des apostats et par le Schisme qu'il causa à la suite de l'élection du pape Corneille; sa morale rigoriste fut encore outrée par ses disciples qui, au siècle suivant, prétendirent qu'après le Baptême il n'y a pas de pénitence et que l'Eglise ne peut remettre le péché mortel.

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À suivre…
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Message  ROBERT. Mer 04 Mai 2011, 8:12 pm

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IIa-IIæ, qu. 20, par J. Le Tilly, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:


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L'ESPÉRANCE

LE DON DE CRAINTE.

QUESTION 20.

LE DÉSESPOIR.


ARTICLE 3.

Le désespoir est-il le plus grave des péchés ?

DIFFICULTES : Le désespoir ne semble pas être le plus grand des péchés. En effet :

1. Il peut y avoir désespoir sans infidélité. Or l'infidélité est le plus grand des péchés, puisqu'elle ruine le fondement de l'édifice spirituel. Le désespoir n'est donc pas le plus grand des péchés.


2. A un plus grand bien s'oppose un plus grand mal, enseigne Aristote. Or la charité est meilleure que l'espérance, d'après S. Paul. Donc la haine est un péché plus grand que le désespoir.


3. Dans le péché de désespoir, il y a seulement une aversion désordonnée pour Dieu. Dans les autres péchés, il y a non seulement une aversion désordonnée, mais aussi une conversion illicite. Le péché de désespoir ne comporte donc pas une gravité plus grande, mais, au contraire, moins grande que les autres péchés.


CEPENDANT, le péché incurable paraît être le plus grave, d'après ce texte de Jérémie : "Ta blessure est incurable, ta plaie est très mauvaise". Or le péché de désespoir est inguérissable, selon cette autre parole de Jérémie : "Ma plaie est désespérément rebelle à la guérison". Le désespoir est donc le plus grave des péchés.



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À suivre…
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Message  ROBERT. Jeu 05 Mai 2011, 3:54 pm

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IIa-IIæ, qu. 20, par J. Le Tilly, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:


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L'ESPÉRANCE

LE DON DE CRAINTE.

QUESTION 20.

LE DÉSESPOIR.


ARTICLE 3.

Le désespoir est-il le plus grave des péchés ? (suite)


CONCLUSION : Les péchés qui s'opposent aux vertus théologales sont, par leur genre même, plus graves que les autres péchés. En effet, les vertus théologales ont Dieu pour objet, et les péchés qui leur sont opposés impliquent directement et principalement une aversion pour Dieu. Or, dans tout péché mortel, la raison principale de mal et la gravité viennent de son aversion pour Dieu : si en effet on pouvait opérer une conversion au bien périssable sans aversion pour Dieu, encore que cette conversion fût désordonnée, elle ne serait cependant pas péché mortel. C'est pourquoi le péché qui, en premier lieu et de soi, implique une aversion pour Dieu est ce qu'il y a de plus grave parmi les péchés mortels.

— Aux vertus théologales s'opposent l'infidélité, le désespoir et la haine de Dieu. La haine et l'infidélité, comparées au désespoir, se manifesteront plus graves, si on les considère en elles-mêmes, c'est-à-dire d'après ce qui constitue leur espèce propre. L'infidélité en effet vient de ce que l'homme ne croit pas à la vérité même de Dieu; la haine de Dieu est provoquée par le fait, pour l'homme, d'avoir une volonté en opposition avec la divine bonté elle-même; le désespoir vient de ce que l'homme n'espère pas participer lui-même à la bonté de Dieu : ce qui manifeste bien que l'infidélité et la haine de Dieu sont contre Dieu, dans son être même [81], mais que le désespoir est contre Dieu dans la participation que nous prenons à sa bonté. D'où il y a plus grand péché, si on parle des péchés pris en eux-mêmes, à ne pas croire à la vérité de Dieu, ou à haïr Dieu, qu'à ne pas espérer obtenir de lui la gloire.

— Mais si on compare le désespoir aux deux autres péchés par rapport à nous, alors le désespoir est plus lourd de périls : car c'est par le moyen de l'espérance que nous nous détournons du mal et que nous commençons de rechercher le bien ; et c'est pourquoi, l'espérance perdue, les hommes, sans aucun frein, se laissent aller aux vices et abandonnent toutes les bonnes œuvres. D'où, sur le texte des Proverbes, "Si, tombé, tu désespères au jour de ta détresse, ta force s'en trouvera diminuée", la Glose commente: "Il n'y a rien de plus exécrable que le désespoir : qui l'a en lui perd toute constance dans les travaux de cette vie, et, ce qui est pire, dans le combat de la foi". Et S. Isidore déclare: "Commettre un crime, c'est la mort de l'âme; mais désespérer, c'est descendre en enfer."


SOLUTIONS : L'exposé de la conclusion suffit pour résoudre les trois difficultés.




Note explicative :


|81| Qu. 20, art. 3, conclusion. — Dans son Commentaire de cet article, Cajetan fait remarquer que le raisonnement à propos de la foi est différent de celui qui a été établi plus haut qu. 17, art. 6. S. Thomas disait alors de la foi qu'elle est, comme l'espérance, une participation à l'être de Dieu, tandis que la charité vise la bonté même de l'être divin. Mais ici il y a changement de perspective : il s'agissait alors du motif de la foi, (credere Deo), croire Dieu, Dieu parlant, comme principe de la vérité qu'il révèle; il s'agit ici de l'objet, (credere Deum), croire à Dieu, dans son être énoncé par les articles du Credo. De là les différences dans les expressions.

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Message  ROBERT. Ven 06 Mai 2011, 9:07 pm

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L'ESPÉRANCE

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QUESTION 20.

LE DÉSESPOIR.


ARTICLE 4.

Le désespoir a-t-il pour origine l'acédie ?


DIFFICULTÉS : Il semble que le désespoir n'ait pas pour origine l'acédie [82].

En effet :

1. Une même réalité ne vient pas de causes diverses. Or le désespoir de la vie future vient de la luxure, au témoignage de S. Grégoire. Il ne sort donc pas de l'acédie.

2. De même qu'à l'espérance s'oppose le désespoir, de même à la joie spirituelle s'oppose l'acédie. Or la joie spirituelle vient de l'espérance, d'après l'Epître aux Romains: "Ayez la joie que donne l'espérance". L'acédie a donc pour origine le désespoir, et non le contraire.

3. Les contraires ont des causes contraires. Or l'espérance, à laquelle s'oppose le désespoir, semble naître de la considération des bienfaits de Dieu, et surtout d'un regard attentif sur l'Incarnation. S. Augustin dit en effet: « Il n'y avait rien d'aussi nécessaire pour exalter notre espérance que de nous manifester combien Dieu nous aimait. Or, de cet amour, quelle preuve plus manifeste que de voir le Fils de Dieu daigner entrer en communauté avec notre nature ?" Le désespoir vient donc davantage de la négligence d'une pareille contemplation que de l'acédie.


CEPENDANT, S. Grégoire range le désespoir parmi les vices qui ont leur origine dans l'acédie.




Note explicative :

[82] Qu. 20, art. 4, diff. 1. — L'acédie est ce dégoût du service de Dieu, qui tend à nous rendre odieuses et à nous faire considérer comme inutiles autant que pénibles toutes les œuvres que nous demande la situation dans laquelle la Providence nous a placés. Elle est une tristesse des choses de Dieu, qui déprime l'âme, et ainsi la rend inapte à la recherche des biens divins, et la jette dans tous les plaisirs faciles. C'est un vice contraire à la charité, car elle fait s'attrister des biens spirituels, éminemment sources de la joie dont la charité est une des causes. Cassien (de cœno-biorum institutione, 1. V. c. I). a rendu célèbre l'acédie en l'identifiant avec le démon de midi du Psaume 90.


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Message  ROBERT. Dim 08 Mai 2011, 6:48 pm

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L'ESPÉRANCE

LE DON DE CRAINTE.

QUESTION 20.

LE DÉSESPOIR.

ARTICLE 4.

Le désespoir a-t-il pour origine l'acédie ? (suite)


CONCLUSION : L'objet de l'espérance est un bien difficile à obtenir, mais qu'il est possible d'atteindre ou par soi ou par autrui. C'est donc d'une double façon que peut défaillir chez quelqu’un l'espérance d'obtenir la béatitude : soit parce qu'il ne la tient pas pour un bien difficile; soit qu'il ne l'envisage pas comme possible à atteindre par lui-même, ou par autrui. En ce qui nous concerne, que nous ne goûtions pas les réalités spirituelles comme des biens, ou qu'elles ne nous paraissent pas de grands biens, nous sommes amenés à un pareil sentiment principalement du fait que notre affectivité est infectée par l'amour des plaisirs corporels dont, au premier chef, font partie les délectations sexuelles : car l'amour de ces plaisirs fait que l'homme prend en dégoût les biens spirituels, et ne les espère pas comme des biens difficiles. Sous cet aspect, le désespoir a pour cause la luxure [83].


— Par ailleurs, qu'un homme n'estime pas qu'il lui soit possible, par lui-même ou par autrui, d'atteindre un bien difficile, il y est amené parce qu'il est très déprimé, faiblesse qui, dominant dans la volonté de l'homme, lui donne le sentiment qu'il ne peut plus jamais opérer son redressement vers le bien. Et, parce que l'acédie est une tristesse qui déprime l'âme, sous cet aspect le désespoir est fils de l'acédie. Or c'est là le caractère propre de l'objet de l'espérance, qu'il soit possible : car les autres caractères, bonté et difficulté, relèvent aussi d'autres passions. C'est donc plus spécialement de l'acédie que tire son origine le désespoir, encore qu'il puisse naître de la luxure, pour la raison que nous avons dite [84].





Notes explicatives :

[83] Ibid., conclusion. — Voir Appendice II, Renseignements techniques, p. 254 et suiv.

Note : en ce qui concerne les renseignements techniques, ils seront tous à la fin du Traité pour faire une lecture plus facile de la Somme. On pourra prendre dans ceux-ci ce qui nous sera utile. Leur pagination sera d’un grand secours. Je n’ai pas voulu les intercaler dans les notes explicatives comme telles, ce qui aurait alourdi inutilement et considérablement la lecture des questions et réponses de Saint Thomas d’Aquin…



[84] Ibid. — Cet article manifeste bien la différence entre l'objet de l'espérance et son motif, et le caractère plus formel de celui-ci. Il peut y avoir désespoir à la suite d'un jugement faux sur l'objet, mais formellement le désespoir s'attaque au motif, parce que c'est lui qui est absolument essentiel dans la vertu.


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À suivre…
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Message  ROBERT. Lun 09 Mai 2011, 7:35 pm

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LE DON DE CRAINTE (suit le sujet de l'espérance)  SAINT THOMAS D'AQUIN - Page 2 Saint_13

IIa-IIæ, qu. 20, par J. Le Tilly, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:


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L'ESPÉRANCE

LE DON DE CRAINTE.

QUESTION 20.

LE DÉSESPOIR.


ARTICLE 4.

Le désespoir a-t-il pour origine l'acédie ? (suite]


SOLUTIONS : 1. La première difficulté trouve sa solution dans l'exposé même de la conclusion.

2. Au dire d'Aristote, de même que l'espérance produit la délectation, de même aussi les hommes qui vivent dans la joie voient leur espérance se fortifier. De la même façon, ceux qui sont établis dans la tristesse tombent plus facilement dans le désespoir, selon le texte de la IIe Epître aux Corinthiens: "[Encouragez le pécheur] pour qu'il ne soit pas submergé par un chagrin excessif". — Mais cependant, parce que l'objet de l'espérance est le bien, que recherche par nature le désir, tandis que ce n'est pas naturellement qu'il le fuit mais seulement parce que sa recherche est empêchée, c'est plus directement de l'espérance que naît la joie, tandis qu'au contraire le désespoir a pour origine plus directe l'acédie [85].

3. Que nous négligions de considérer les bienfaits de Dieu, cela même vient de l'acédie. En effet l'homme, dominé par une passion, voit par dessus tout ce qui touche à cette passion. C'est pourquoi l'homme établi dans la tristesse n'a pas facilement des pensées relevées et joyeuses, mais seulement des considérations bien tristes, à moins que par un grand effort il ne se détourne de ces images moroses.






Note explicative :


[85] Ibid;, sol. 2. — La joie est le sentiment de repos, de bien-être, d'épanouissement qui fait suite chez un être à la conscience qu'il prend d'un surplus de vie : ainsi chez l'affamé qui mange; ainsi dans l'homme qui reçoit réponse à une angoissante question; ainsi chez celui qui aime et qui a la certitude que son amour est partagé. La joie se manifeste comme le couronnement de l'opération, et sa valeur, comme son intensité, dépendent à la fois de l'objet et du sujet, et des relations plus ou moins intimes entre le sujet et l'objet. L'espérance est source d'une double joie : l'une qui fait suite à l'opération même de la faculté irascible, l'autre qui provient de la possession future, mais certaine et déjà en puissance, de la béatitude convoitée.

Quoique différentes, ces deux formes de joie se rencontrent pour donner à l'activité de l'espérance un affermissement et une facilité qui sont la caractéristique de toutes les œuvres faites dans la joie. La psychologie de l'homme se trouve ainsi tout imprégnée de joie par l'exercice de l'espérance, joie qui se fait sentir davantage peut-être ici-bas que la joie de la charité, tant à cause du caractère plus puissant des sentiments qui sortent de l'irascible, que de la part d'imagination sensible dont nous remplissons notre conception fie la béatitude future, tandis que la charité est actuelle et ne se ressent pas par elle-même : il reste cependant que la joie de la charité est d'une qualité plus pure que celle de l'espérance.

— Par suite de l'union de notre corps et de notre âme, l'intensité de la joie peut rejaillir jusque dans notre physiologie et se manifester en phénomènes divers d'exultation et d'allégresse, qui d'ailleurs tendent à se modérer à mesure que le sentiment s'épure.

— Ce n'est qu'accidentellement que l'espérance engendre la tristesse, par suite de l'absence et de la longue attente de la béatitude, Mais plus notre certitude s'accroît par confiance totale en Dieu, plus donc la béatitude se fait proche de nous, et plus la joie l'emporte sur la tristesse au point de caractériser toute la psychologie des âmes de grande espérance.




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À suivre…
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Message  ROBERT. Mar 10 Mai 2011, 4:17 pm

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IIa-IIæ, qu. 21, par J. Le Tilly, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:


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L'ESPÉRANCE

QUESTION 21.


LA PRÉSOMPTION.

Après le désespoir, la présomption, qui pose quatre questions :

1. Quel est l'objet sur lequel s'appuie la présomption ?
2. Est-t-elle un péché ?
3. A quoi s'oppose-t-elle?
4. Dans quel vice prend-elle son origine?


ARTICLE 1.


Dans la présomption, s'appuie-t-on sur Dieu ou sur sa valeur personnelle ?


DIFFICULTÉS : Il semble que, dans la présomption, péché contre le Saint-Esprit, l'homme ne s'appuie pas sur Dieu, mais sur sa valeur personnelle. En effet :

1. Moins forte est une puissance, et plus grave est le péché de celui qui s'y confie trop. Or la puissance humaine est moindre que la puissance divine. Il pèche donc plus gravement celui qui présume des forces humaines que celui qui présume de la puissance divine. Or le péché contre le Saint-Esprit est le plus grave qui soit. Dans la présomption qu'on donne comme une espèce du péché contre le Saint-Esprit, on s'appuie donc sur la force de l'homme plus que sur celle de Dieu.


2. D'un péché contre le Saint-Esprit naissent d'autres péchés, car on appelle de ce nom la malice qui fait pécher. Or les autres péchés paraissent davantage sortir de la présomption que l'homme a vis-à-vis de lui-même que de celle qu'il a vis-à-vis de Dieu, l'amour de soi étant le principe du péché, comme l'a fait voir S. Augustin. Il semble donc que dans la présomption, péché contre le Saint-Esprit, on s'appuie par-dessus tout sur les forces de l'homme.


3. Le péché provient d'une conversion désordonnée au bien périssable. Or la présomption est un péché. Elle provient donc plus d'une conversion aux forces humaines, qui sont un bien périssable, que d'une conversion à la puissance divine, qui est le bien immuable.


CEPENDANT, de même que le désespoir consiste à mépriser la miséricorde divine, sur laquelle s'appuie l'espérance, de même la présomption consiste à mépriser la divine justice, qui punit les pécheurs. Mais, comme la miséricorde, la justice aussi est en Dieu. De même donc que le désespoir arrive par une aversion pour Dieu, de même la présomption s'établit par une conversion désordonnée à Dieu.





À suivre…
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Message  ROBERT. Mer 11 Mai 2011, 6:15 pm

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LE DON DE CRAINTE (suit le sujet de l'espérance)  SAINT THOMAS D'AQUIN - Page 2 Saint_13

IIa-IIæ, qu. 21, par J. Le Tilly, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:


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L'ESPÉRANCE

QUESTION 21.

LA PRÉSOMPTION.

ARTICLE 1.

Dans la présomption, s'appuie-t-on sur Dieu ou sur sa valeur personnelle ? (suite)


CONCLUSION : La présomption semble impliquer un certain excès. Or l'objet de l'espérance est un bien difficile et possible. Mais une chose peut être possible à l'homme d'une double façon : par sa valeur personnelle, et par la seule puissance divine. Vis-à-vis de l'une et l'autre espérances, il peut y avoir présomption par excès.

— S'il s'agit de l'espérance confiante en la valeur personnelle du sujet, la présomption se prend de ce que l'homme vise, comme proportionné à ses forces, un bien qui dépasse sa puissance, selon ce texte du livre de Judith: "Tu abaisses ceux qui présument d'eux-mêmes". Une telle présomption s'oppose à la vertu de magnanimité qui établit le juste milieu dans l'espoir humain [86]


— S'il s'agit de l'espérance fixée à la puissance de Dieu, il peut y avoir présomption par manque de modération quand l'homme tend à un bien qu'il estime possible par référence à la puissance et à la miséricorde divines, et qui, de fait, n'est pas possible : ainsi, pour le pécheur, espérer obtenir son pardon sans pénitence, ou la gloire sans mérites. C'est cette présomption qui est à proprement parler une espèce du péché contre le Saint-Esprit, car une telle présomption fait qu'on rejette ou qu'on méprise l'aide du Saint-Esprit, aide qui permet à l'homme de sortir du péché.




Note explicative :


[86] Qu. 21, art. 1, conclusion. — La magnanimité est la vertu morale qui concourt, avec l'humilité, à rectifier la passion d'espérance, à établir son activité en conformité avec la loi raisonnable. Le magnanime prend conscience des forces qui sont à sa disposition, juge de leur adéquation avec l'œuvre à accomplir, et se porte vertueusement vers cette grande œuvre, en enveloppant dans ce mouvement raisonnable la passion d'espérance que la difficulté du bien convoité arrête. C'est là une activité raisonnable, mais qui peut devenir déréglée quand la difficulté dépasse, de fait, la valeur réelle des forces du sujet; le mouvement n'est pas raisonnable, il n'y a plus magnanimité, mais présomption, en dehors de la règle de la raison.




couleur et police ajoutées.
À suivre…
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Message  ROBERT. Jeu 12 Mai 2011, 7:23 pm

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IIa-IIæ, qu. 21, par J. Le Tilly, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:


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L'ESPÉRANCE

QUESTION 21.

LA PRÉSOMPTION.

ARTICLE 1.

Dans la présomption, s'appuie-t-on sur Dieu ou sur sa valeur personnelle ? (suite)


SOLUTIONS : 1. Le péché contre Dieu est, par son genre même, plus grave que les autres péchés. D'où la présomption qui fait que l'homme s'appuie d'une manière désordonnée sur Dieu est un péché plus grave que la présomption qui le fait se confier à sa valeur personnelle. En effet, s'appuyer sur la puissance divine pour rechercher ce qui ne convient pas à Dieu, c'est diminuer la puissance divine [87] Or il est évident que celui-là pèche plus gravement, qui diminue la puissance de Dieu, que celui qui surfait sa valeur personnelle.


2. Cette présomption, qui nous fait présumer de Dieu d'une manière désordonnée, inclut bien, elle aussi, un amour de soi, le désir du bien personnel se déployant alors en dehors de l'ordre divin : ce qu'en effet nous désirons beaucoup, nous estimons que les autres peuvent facilement nous le procurer, même s'ils ne le peuvent pas.


3. La présomption de la miséricorde divine comporte et une conversion au bien périssable, en tant qu'elle procède d'un désir déraisonnable du profit personnel, — et une aversion pour le bien immuable, dans l'attribution qu'elle fait à la puissance divine de ce qui ne convient pas à cette puissance : par là, en effet, l'homme se détourne de la vérité divine [88].






Notes explicatives :

[87] Ibid., sol. 1. — La présomption consiste formellement à mal s'appuyer sur Dieu, à la suite d'un jugement faux sur sa toute-puissance : on prétend s'appuyer sur lui pour rendre possible un objet qui de fait est contre sa puissance, ce qui est en vérité la diminuer. Espérer le pardon et la béatitude sans pénitence et sans mérites, c'est proprement réclamer de la puissance divine quelque chose de contraire à sa nature, c'est donc l'attaquer, et, autant qu'il est au pouvoir du pécheur, la diminuer; car c'est vouloir la séparer de la justice qui est un attribut divin inséparable de la toute-puissance.

Sans doute la miséricorde et la puissance divines sont assez grandes, de soi, pour nous sauver sans mérites de notre part; mais, dans sa divine sagesse, Dieu a décidé de nous faire l'honneur de nous sauver avec notre concours, non seulement dans la miséricorde, mais aussi dans la justice. Et c'est cet ordre que méprise le présomptueux qui prétend n'en appeler qu'à la toute-puissance en se passant de la justice; c'est bien attaquer la toute-puissance elle-même, puisque c'est la méconnaître dans la justice qui lui est liée indissolublement. "La miséricorde qui fait fi de la justice, nous dit S.Thomas, doit être appelée sottise plutôt que vertu".


[88] Ibid., sol. 3. — Dans la présomption il y a conversion au bien périssable et aversion du bien immuable : mais c'est l'aversion qui est première, parce que nous sommes ici dans un péché théologal, où Dieu est objet.



Majuscules et gras ajoutés.
À suivre…
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Message  ROBERT. Ven 13 Mai 2011, 7:54 pm

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IIa-IIæ, qu. 21, par J. Le Tilly, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:


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L'ESPÉRANCE

QUESTION 21.

LA PRÉSOMPTION.

ARTICLE 2.

La présomption est-elle un péché ?

DIFFICULTES : Il semble que la présomption ne soit pas un péché. En effet :

1. Aucun péché ne peut fournir un motif d'être exaucé par Dieu. Or c'est à la présomption que certains doivent d'être exaucés par Dieu; on dit en effet dans Judith: "Exaucez-moi, malheureuse qui vous supplie et qui présume de votre miséricorde". Présumer de la miséricorde divine n'est donc pas un péché.


2. La présomption implique un excès d'espérance. Or dans l'espérance qu'on a de Dieu il ne peut y avoir d'excès, car la puissance et la miséricorde divines sont infinies. La présomption ne semble donc pas être un péché.


3. Ce qui est péché n'excuse pas du péché. Or la présomption excuse du péché : le Maître des Sentences dit en effet qu'Adam a péché moins gravement parce qu'il a péché avec l'espoir du pardon, ce qui a bien un air de présomption. La présomption n'est donc pas un péché.


CEPENDANT, on classe la présomption comme une espèce du péché contre le Saint-Esprit.






À suivre…
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