DTC, article Infaillibilité du Pape, Tome VII, col.1709-1712
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Catherine
gabrielle
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DTC, article Infaillibilité du Pape, Tome VII, col.1709-1712
CONCLUSIONS CONCERNANT L'OBLIGATION D'ADHÉRER A L'ENSEIGNEMENT PONTIFICAL NON INFAILLIBLE.
1. Cette obligation est une conséquence rigoureuse des principes précédemment établis. On a prouvé que l'Église possède l'autorité d'enseigner non seulement les vérités appartenant à la révélation, mais aussi toutes celles sans lesquelles le dépôt de la révélation ne pourrait être défendu avec efficacité, ni proposé avec une suffisante autorité; et que ce pouvoir s'étend non seulement à ce qui est strictement défini et imposé à tous les fidèles, mais encore à ce qui est désapprouvé comme constituant quelque danger plus ou moins immédiat pour la foi, ou à ce qui est reconnu comme meilleur pour la défense ou pour la sécurité de la foi. Voir DÉPÔT DE LA FOI, t. IV, col. 528; ÉGLISE, t. IV, col. 2199 sq.; CONGRÉGATIONS ROMAINES, t. III, col. 1110. Cette autorité doctrinale appartenant incontestablement au magistère de l'Église, appartient aussi au magistère pontifical qui, d'après toutes nos démonstrations précédentes, possède la plénitude du pouvoir conféré à l'Église.
2. Il est manifeste, d'après les nombreux documents précédemment cités, que l'obligation d'adhérer à un enseignement pontifical non infaillible a toujours été admise dans l'Église au moins implicitement, par le fait que le devoir de se soumettre au pape a toujours été reconnu, et que cette obligation n'a jamais été restreinte exclusivement aux seuls enseignements infaillibles. Cette loi apparaît plus manifeste à partir du XIIIe siècle, à cause des interventions fréquentes des papes en matière doctrinale, même en dehors de toute définition infaillible; et ces interventions d'ailleurs, furent toujours acceptées avec soumission, même quand l'enseignement pontifical n'avait point de titre certain à être considéré comme infaillible. Nous citerons particulièrement la condamnation de plusieurs propositions de Guillaume de Saint-Amour par Alexandre IV en 1256, Denzinger-Bannwart, Enchiridion, n. 449 sq., quelques articles réprouvés dans Eckhart par Jean XXII en 1329, comme male sonantes, temerarios et suspectos de haeresi, avec d'autres condamnés absolument comme hérétiques, n. 529; ainsi que les décrets pontificaux de Sixte IV en 1476 et en 1483, louant la dévotion envers l'immaculée conception de la très sainte Vierge et réprouvant ceux qui la condamnaient, n. 734 sq.
Au XVIe siècle, le cardinal Jean de Torquemada affirme comme une vérité constante, que les décrétales des papes qui ne sont pas renfermées dans les canons des conciles, et où il est manifeste que l'enseignement infaillible est généralement absent, doivent être acceptées avec soumission par tous les fidèles. Summa de Ecclesia, 1. II, c. CVIII.
Au XVIe siècle, Bellarmin reconnaît comme admis par tous les catholiques que le pape décidant seul, ou avec son concile particulier, aliquid in re dubia, qu'il puisse errer ou non, doit être écouté avec obéissance par tous les fidèles. De romano pontifice, 1. IV, c.II.
De même Bannez, relativement aux décrets des conciles généraux ou des conciles provinciaux confirmés par le pape, fait observer qu'il est téméraire de nier ces décrets surtout en ce qui concerne la doctrine de foi, même quand les signes attestant une définition infaillible ne s'y rencontrent aucunement. Commentaria in IIam, IIae q. 1, a. 10, dub. II, Venise, 1602, p. 127.
Il est vrai qu'au XVIe siècle et dans les siècles suivants beaucoup de théologiens laissent fréquemment entendre que le pape parle ut doctor privatus, quand il n'enseigne pas infallibiliter ut pontifex; ainsi Bellarmin, De romano pontifice, 1. IV, c. XXII; Bannez, loc. cit. Mais si l'on examine attentivement toutes ces assertions, d'ailleurs souvent contredites par des assertions tout opposées, il est facile de constater que ce sont seulement des réponses données, en passant, à quelques objections historiques, sans que l'on ait voulu établir par là une doctrine s'appliquant généralement à tous les cas où l'infaillibilité pontificale n'existe point.
3. Cette autorité doctrinale non infaillible fut particulièrement affirmée dans la seconde moitié du XIXe siècle.
a) Pie IX, dans sa lettre à l'archevêque de Munich du 21 décembre 1863, déclare que les catholiques qui se livrent à l'étude des sciences doivent, outre la soumission aux dogmes définis par l'Église, pratiquer aussi la soumission aux décisions doctrinales des Congrégations romaines. Denzinger-Bannwart, Enchiridion, n. 1684. Soumission qui, d'après l'ensemble de tout ce texte, est considérée comme obligatoire en conscience, sans qu'il soit cependant question d'un enseignement infaillible. D'où l'on doit conclure que la même soumission est due, à plus forte raison, aux enseignements similaires donnés par le pape lui-même en dehors d'une définition proprement dite.
b) La même conclusion doit être déduite de l'encyclique Quanta cura du 8 décembre 1864, réprouvant l'audace de ceux qui, impatients du joug de la saine doctrine, prétendent que l'on peut, sans péché et sans atteinte à la profession de la foi catholique, refuser l'assentiment et l'obéissance aux jugements et décrets du saint-siège concernant le bien général, les droits et la discipline de l'Église et n'appartenant point aux dogmes de foi. Ibid. , n. 1698.
c) On doit également citer quelques formules de souscription imposées par le saint-siège en plusieurs circonstances où il ne s'agissait point d'un enseignement pontifical infaillible. En 1866, des professeurs de l'université de Louvain dont l'enseignement avait été déféré à Rome, durent adhérer à cette formule : Decisionibus sanctae sedis apostolicae die 2 martii et 30 augusti hujus anni plene perfecte absoluteque me subjicio, et ex animo acquiesco. Ideoque ex corde reprobo et rejicio quamcumque doctrinam oppositam. Franzelin, Tractatus de divina traditione et Scriptura, 2e édit., Rome, 1875, p. 135. De semblables souscriptions avaient été précédemment exigées de l'abbé Bautain en 1840 et de Bonetty en 1855, p. 136. Voir ces noms.
d) De même le concile du Vatican, en 1870, rappela l'obligation qui incombe à tous non seulement de fuir l'hérésie, mais aussi d'observer les constitutions et décrets du saint-siège, proscrivant et prohibant les opinions perverses qui ne sont point mentionnées expressément par le concile, et qui sont plus ou moins proches de l'hérésie. Denzinger-Bannwart, n. 1820. Paroles qui, outre les décrets doctrinaux des Congrégations romaines, visent certainement aussi des constitutions et décrets pontificaux, même non infaillibles. Vacant, Études théologiques sur les constitutions du concile du Vatican, Paris, 1895, t. n, p. 334 sq. Il est d'ailleurs manifeste que ce grave avertissement, appuyé sur la nécessité de fuir toute contagion plus ou moins prochaine de l'hérésie, indique qu'il s'agit ici d'une adhésion de l'intelligence.
e) Un peu plus tard Léon XIII, dans l'encyclique Immortale Dei du 1er novembre 1885, déclarait qu'en matière d'opinions quaecumque pontifices romani tradiderint vel tradituri sint, singula necesse est et tenere judicio stabili comprehensa et palam, quoties res postulaverit, profiteri. Ce qui est particulièrement requis en ce qui concerne les libertés modernes, pour lesquelles oportet apostolicae sedis stare judicio, et quod ipsa senserit idem sentire singulos. Déclarations qui exigent certainement une adhésion de l'intelligence, même pour des décisions qui ne sont pas nécessairement infaillibles.
4. On a pu observer que les documents qui viennent d'être cités, exigent une adhésion de l'intelligence à l'enseignement proposé, bien que celui-ci ne soit pas infaillible. Pour concilier cette obligation avec la non-infaillibilité de l'enseignement, on doit tenir compte des remarques suivantes :
a) Il ne s'agit point ici d'un assentiment ferme comme celui de la foi, qui tire son absolue certitude de l'infaillible véracité de Dieu sur laquelle il s'appuie. Car il n'y a pas enseignement révélé. L'assentiment exigé est simplement un assentiment prudent, appuyé sur la certitude morale de la vérité proposée ou recommandée.
b) Cette certitude morale repose principalement sur les motifs suivants : la prudente maturité avec laquelle l'Église procède à l'examen doctrinal, les preuves traditionnelles ordinairement citées, et la sagesse éprouvée des papes en toutes ces occurrences, sagesse telle que, dans les nombreuses interventions doctrinales provenant immédiatement du pape lui-même, on ne peut en citer une seule où l'erreur ait été enseignée ou favorisée.
c) La certitude morale de l'enseignement proposé ou recommandé suffit pour que l'autorité enseignante ait le droit de commander un assentiment prudent. En principe, il doit en être ainsi; autrement l'Église ou le pape ne pourrait pas prémunir suffisamment les fidèles contre tous les dangers qui menacent leur foi. Car il faut que l'Église ou le pape puisse pourvoir à la défense intégrale non seulement des vérités révélées, mais encore de tout ce qui a une connexion intime avec ces vérités. Il faut que le pape puisse écarter non seulement les dangers de perversion immédiate de la foi, mais encore, selon le concile du Vatican, précédemment cité, ce qui est plus ou moins proche de la perversion hérétique. Pour cela il ne suffit pas que le pape puisse, avec une autorité infaillible, définir ce qui est de foi ou ce qui a avec la foi une connexion intime. Il est nécessaire qu'il puisse aussi, avec autorité, interdire ce qui, à son jugement, est dangereux pour la foi, même d'une manière moins immédiate, et doit pour cette raison être rigoureusement évité; qu'il puisse aussi avec autorité prescrire ce qui, à son jugement, est très utile ou très efficace pour la défense intégrale des vérités appartenant indirectement au dépôt de la foi.
En fait, l'Église et les papes ont toujours procédé ainsi et leur pouvoir a toujours été universellement reconnu par les fidèles.
d) Contre la certitude morale avec laquelle l'enseignement pontifical se présente à l'intelligence, il ne peut y avoir normalement que des doutes ou soupçons non fondés ou imprudents, que l'on doit écarter soit à l'aide des motifs d'ordre intellectuel sur lesquels s'appuie la certitude morale de l'enseignement, soit par l'influence de la volonté qui doit, par déférence pour l'autorité, incliner l'intelligence vers une adhésion jugée pratiquement très prudente.
Si, dans un cas particulier, des doutes qui paraissent bien fondés arrêtent l'intelligence et empêchent son adhésion à l'enseignement proposé, on doit, pour mettre un terme à cette situation d'esprit, soumettre ses doutes à des guides capables d'éclairer l'intelligence, ou les soumettre à l'autorité elle-même.
5. On doit pratiquement insister beaucoup sur l'accomplissement intégral de l'obligation d'adhérer à l'enseignement pontifical même non infaillible, parce que c'est la meilleure garantie pour la parfaite intégrité de la foi qui par là sera toujours défendue contre tous les périls. C'est en même temps la meilleure garantie d'une entière soumission aux enseignements infaillibles du saint-siège.
Ce devoir doit être plus particulièrement accompli par ceux qui exercent dans l'Église quelque autorité ou qui peuvent, de quelque manière, collaborer, avec charité et soumission, à l'oeuvre du ministère ecclésiastique, surtout à notre époque où, suivant les instantes recommandations si souvent répétées par Léon XIII et Pie X, il importe souverainement que toute l'action catholique de tous les fidèles, dans toute leur vie publique, se fasse avec unité de vues, et avec la concorde des intelligences et des volontés. Conditions manifestement nécessaires pour le plein succès désiré, mais conditions qui ne pourront jamais être suffisamment réalisées sans une constante soumission de l'intelligence aux enseignements du souverain pontife, même en dehors des définitions infaillibles au sens du décret du concile du Vatican.
gabrielle- Nombre de messages : 19796
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: DTC, article Infaillibilité du Pape, Tome VII, col.1709-1712
Excellent, chère Gabrielle! Merci!
Catherine- Nombre de messages : 2399
Age : 39
Date d'inscription : 02/04/2009
Re: DTC, article Infaillibilité du Pape, Tome VII, col.1709-1712
Je pense que ce texte place les pendules à la bonne heure.
J'ai beaucoup appris avec ce texte.
J'ai beaucoup appris avec ce texte.
gabrielle- Nombre de messages : 19796
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: DTC, article Infaillibilité du Pape, Tome VII, col.1709-1712
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Merci de ce texte Gabrielle.
Vous m'avez devancé avec les mots « les pendules à la bonne heure ».
Merci de ce texte Gabrielle.
Vous m'avez devancé avec les mots « les pendules à la bonne heure ».
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: DTC, article Infaillibilité du Pape, Tome VII, col.1709-1712
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Merci Beaucoup Gabrielle... Il me semblait aussi, gros bon sens oblige, que le Pape, même dans les sujets
non infaillibles, avait toujours en vue le bien commun de l'Église et également celui de toutes les sociétés civiles...
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Merci Beaucoup Gabrielle... Il me semblait aussi, gros bon sens oblige, que le Pape, même dans les sujets
non infaillibles, avait toujours en vue le bien commun de l'Église et également celui de toutes les sociétés civiles...
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: DTC, article Infaillibilité du Pape, Tome VII, col.1709-1712
Magnifique ce texte ! Merci Gabrielle
Bien d'accord avec vous mon cher Robert !
Robert a écrit:
Il me semblait aussi, gros bon sens oblige, que le Pape, même dans les sujets
non infaillibles, avait toujours en vue le bien commun de l'Église et également celui de toutes les sociétés civiles...
Bien d'accord avec vous mon cher Robert !
Sandrine- Nombre de messages : 4297
Date d'inscription : 17/02/2009
Re: DTC, article Infaillibilité du Pape, Tome VII, col.1709-1712
ROBERT. a écrit:Sandrine a écrit:Magnifique ce texte ! Merci Gabrielle
Robert a écrit:
Il me semblait aussi, gros bon sens oblige, que le Pape, même dans les sujets
non infaillibles, avait toujours en vue le bien commun de l'Église et également celui de toutes les sociétés civiles...
Bien d'accord avec vous mon cher Robert !
Sandrine, avez-vous posé pour votre avatar ?
Comment avez-vous deviné Robert ?
Sandrine- Nombre de messages : 4297
Date d'inscription : 17/02/2009
Re: DTC, article Infaillibilité du Pape, Tome VII, col.1709-1712
Gabrielle a cité le DTC :
L'auteur commence à dire qu"il est manifeste que l'on doit adhérer à un enseignement pontificale même non infaillible.
Cependant, deux lignes plus loin il précise que cela devint manifeste
Mais enfin, expliquez moi comment peut-on se permettre de dire des choses pareilles. J'en suis tout abasourdi !
Peut-on trouver des ecclésisatiques qui parlent sérieusement ou du moins avec un minimum de rigueur ?
Il est manifeste, d'après les nombreux documents précédemment cités, que l'obligation d'adhérer à un enseignement pontifical non infaillible a toujours été admise dans l'Église au moins implicitement, par le fait que le devoir de se soumettre au pape a toujours été reconnu, et que cette obligation n'a jamais été restreinte exclusivement aux seuls enseignements infaillibles. Cette loi apparaît plus manifeste à partir du XIIIe siècle, à cause des interventions fréquentes des papes en matière doctrinale, même en dehors de toute définition infaillible.
L'auteur commence à dire qu"il est manifeste que l'on doit adhérer à un enseignement pontificale même non infaillible.
Cependant, deux lignes plus loin il précise que cela devint manifeste
je m'excuse de vous signaler que le pape est infaillible en matière doctrinale. Ce n'est quand même pas moi qui vais vous l'apprendre."à cause des interventions fréquentes des papes en matière doctrinale"....
Mais enfin, expliquez moi comment peut-on se permettre de dire des choses pareilles. J'en suis tout abasourdi !
Peut-on trouver des ecclésisatiques qui parlent sérieusement ou du moins avec un minimum de rigueur ?
Gérard- Nombre de messages : 2681
Date d'inscription : 17/02/2009
gabrielle- Nombre de messages : 19796
Date d'inscription : 25/01/2009
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