LA FACILITÉ DU SALUT
2 participants
Page 1 sur 1
LA FACILITÉ DU SALUT
LA FACILITÉ DU SALUT
Dieu n'a jamais contemplé son Verbe glorieux sans nous voir et nous aimer en Lui. Il y a dans cet amour éternel quelque chose d'effrayant pour des créatures aussi inconstantes que nous le sommes. Celui dont l'amour n'a jamais eu de commencement nous retirera-t-Il facilement sa tendresse pour nous céder à son ennemi?
Loin d'agir ainsi, Il accompagne chacun de nos pas dans la vie d'un tel cortège de grâces, d'une telle assistance de ses Anges, qu'il faut que l'homme ait une volonté propre bien arrêtée pour rompre avec Dieu et se perdre. Cependant, il est certaines questions de nature à nous tourmenter et à devenir des occasions de tentations, bien que, pour un catholique, aucune ne puisse pratiquement entraver la poursuite de la sainteté.
Nous en choisirons trois, dont l'étude en résoudra implicitement une foule d'autres. La première est la difficulté du salut ; la seconde, la destinée finale de la grande multitude des fidèles; et la troisième, la question si complexe de l'esprit du monde.
A la première objection, dont l'examen fera le sujet de ce chapitre, nous pouvons d'abord répondre que Dieu ne peut à la fois nous laisser libres et nous contraindre à nous sauver, mais qu'on doit plutôt s'attendre à ce que son amour rédempteur ait une grande indulgence pour la malheureuse dégradation de l'homme par le péché, et que son salut devienne une œuvre d'une difficulté très ordinaire.
En réalité pour un croyant — et nous ne traiterons la question que pour les seuls enfants de l'Église — le salut est facile. Il est vrai que la vie du chrétien est une vie d'efforts, mais ils lui sont rendus aisés, tant par les secours surnaturels qu'il reçoit que par la jouissance des récompenses d'ici-bas et l'espérance de la rémunération future. Autrement, quel serait le sens de cette parole de Notre-Seigneur : « Mon joug est doux et mon fardeau léger? »
Il n'y a pas à craindre que la facilité du salut (si nous arrivons à la démontrer) nous rende lâches et apathiques dans la poursuite de la perfection chrétienne; loin de là, cette vérité, une fois affirmée, portera ceux qui n'aiment pas Dieu à L'aimer, et incitera ceux qui L'aiment déjà à L'aimer davantage. Ce n'est pas la crainte de l'enfer qui détermine l'homme à viser à la sainteté, pas plus que l'ambition de devenir un saint ne saurait le soutenir dans les austérités de la pénitence et dans les veilles consacrées à la prière. C'est la seule beauté de Dieu qui le captive et lui sert d'aiguillon pour gravir les sommets escarpés de la perfection.
Père F.-W. FABER
Extrait ''LE MYSTÈRE
DE L'Amour Créateur''
ÉTABLISSEMENTS CASTERMAN, S. A.
ÉDITEURS PONTIFICAUX
PARIS (VIe) - TOURNAI 1923
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13758
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA FACILITÉ DU SALUT
LA FACILITÉ DU SALUT
Retraçons dès le principe les opérations par lesquelles Dieu daigne sauver une âme. Porté aux fonts baptismaux, l'enfant y est régénéré au nom de la Très Sainte Trinité : rien de plus facile, ni de plus instantané. Par le baptême, les conséquences éternelles de la chute primitive sont effacées; au même moment il acquiert des droits à d'étonnants privilèges et à un héritage inestimable :il devient l'enfant de Dieu ; la Nature divine lui est communiquée par la grâce sanctifiante; un caractère de vie éternelle est imprimé dans son âme et il reçoit les vertus théologales : la foi, l'espérance et la charité, ainsi que les sept dons du Saint-Esprit. S'il meurt avant l'âge de raison, l'éternelle vision de Dieu lui est assurée avec toutes les gloires intellectuelles d'un esprit immortel, à lui dont l'intelligence n'a pu recevoir sur la terre aucun développement.
Or, cette hâte, si nous pouvons parler ainsi, avec laquelle l'infinie miséricorde saisit l'âme de cet enfant, implique un amour si déterminé de la part du Créateur, qu'il n'est pas facile de concevoir comment la suite des opérations relatives au salut ne participerait pas à ce même caractère de divine impatience et de facilité.
L'enfant baptisé, parvenu à l'âge de raison, se trouve aussitôt soumis à un code de lois destinées à assurer son salut : ce sont les dix commandements de Dieu et les six préceptes de l'Église. Dans les circonstances ordinaires de la vie, l'observation en est aisée, et dans celles où elle présente plus de difficultés, une merveilleuse assistance de grâces surnaturelles est préparée pour soutenir l'âme dans tous ses combats. Il faut toujours se souvenir que le péché mortel, son plus fatal ennemi, ne peut la faire tomber par surprise, ni se tenir en embuscade pour la prendre au piège ; pour succomber, il faut une pleine connaissance jointe à un parfait consentement. Quand nous réfléchissons à ce qu'est Dieu et à sa Sainteté ineffable, il y a lieu de s'étonner que tout péché ne soit pas mortel, et qu'aucune habitude invétérée, ni aucune somme de péchés véniels ne puissent constituer un péché mortel, et par là-même donner la mort à l'âme.
La rémission du péché véniel est si facile à obtenir que le pécheur peut effacer sa faute aussi aisément et fréquemment qu'il la commet. Les bénédictions, l'eau bénite, le signe de la Croix, le nom de Jésus, des actes passagers de contrition suffisent à dépouiller l'âme de ses fautes, ainsi que le vent d'automne arrache de l'arbre ses feuilles desséchées. Et quelle foule de péchés véniels oubliés, ou que le repentir n'a jamais effacés, l'homme ne peut-il pas emporter avec lui dans l'autre monde comme aliment pour le feu du Purgatoire, péchés qui retardent mais n'interdisent pas son entrée dans la gloire. Tout ceci empêche de voir en Dieu un tyran, et de conclure que le Ciel est seulement l'apanage du petit nombre.
Père F.-W. FABER
Extrait ''LE MYSTÈRE
DE L'Amour Créateur''
ÉTABLISSEMENTS CASTERMAN, S. A.
ÉDITEURS PONTIFICAUX
PARIS (VIe) - TOURNAI 1923
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13758
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA FACILITÉ DU SALUT
LA FACILITÉ DU SALUT
Une question plus grave est celle du péché mortel. C'est une chose effrayante pour la créature que de se détourner de son Créateur et de perdre sa grâce. Nous savons que la grâce peut subsister quel que soit le nombre des péchés véniels, car aussi longtemps que l'éclipsé de Dieu n'est pas totale dans l'âme, aussi longtemps II continue d'y habiter, aveuglé, dirait-on, par son amour pour elle. Mais quand l'éclipsé est totale, que devrait-il s'ensuivre sinon des ténèbres complètes? Eh bien! il n'en est pas ainsi.
Malgré la malice du péché mortel, résultant de la parfaite connaissance du mal et de la pleine adhérence de la volonté, la foi et l'espérance survivent chez le pécheur et lui conservent le ressort nécessaire à sa conversion. N'est-il pas étrange que deux vertus surnaturelles déposées en lui au baptême, ne soient pas expulsées de son âme lorsque s'y éteint la vie divine? Dans ces ténèbres elles conspirent contre le mal, et défendent avec une inlassable patience la forteresse contre les assauts répétés d'un siège qui peut durer des années, soutenues par les phalanges de volontaires que sont les grâces actuelles. Cette merveille est-elle compatible avec la théorie de la difficulté du salut? Ces pathétiques invitations à revenir à Dieu : les remords si poignants et si doux à la fois, la pensée dégrisante des châtiments futurs, les flèches lancées du haut de la chaire ou par le muet langage des livres, la grave éloquence de la mort d'êtres chéris, sont quelques-unes des manifestations de la grâce actuelle, veillant aux portes du cœur, et toujours prête à les rouvrir à son Seigneur et Maître.
Père F.-W. FABER
Extrait ''LE MYSTÈRE
DE L'Amour Créateur''
ÉTABLISSEMENTS CASTERMAN, S. A.
ÉDITEURS PONTIFICAUX
PARIS (VIe) - TOURNAI 1923
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13758
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA FACILITÉ DU SALUT
LA FACILITÉ DU SALUT
Comment ne pas croire que Dieu veut nous sauver quand, dans toutes les sinuosités de nos voies terrestres, Il nous attend à chaque tournant avec une nouvelle et magnifique invention de salut, dont un artiste infiniment sage et aimant pouvait seul combiner le mécanisme?
Le pouvoir surnaturel que Dieu confère aux actions vertueuses est un nouveau secours apporté à l'œuvre de notre salut. Dieu ne regarde pas à l'importance de l'action, mais à la pureté d'intention avec laquelle elle est accomplie. Pour une créature, quel devoir paraît plus simple que de tenir constamment son esprit et son cœur appliqués au Créateur? Nous ne nous appartenons pas, nous travaillons sous les yeux de notre Père, pour Lui, et à l'ouvrage qu'il nous a assigné : il s'ensuit que dans l'intention actuelle de Lui plaire et de Le glorifier se trouve la route qui conduit à la sainteté. Cette vertu de pureté d'intention est le pionnier qui fraye la voie à toutes les autres, et qui, dans la claire atmosphère de cet incomparable exercice spirituel, fait périr les mauvaises habitudes, si enracinées soient-elles dans une âme.
Chaque acte de piété, même le plus vulgaire, est récompensé par trois forces surnaturelles : l'impétration, le mérite, et la satisfaction.
Par la force d'impétration, nos prières exercent une grande influence sur l'adorable volonté de Dieu. Nous avons tant besoin de Lui que notre vie presque entière devrait se passer dans une attitude de pétition; il est donc facile de comprendre combien ce mystérieux pouvoir d'intercession doit nous aider à atteindre le Ciel. Nous sommes les créatures les plus indignes d'être écoutées; néanmoins cette puissance d'impétration nous confère le droit d'être favorablement entendus de notre Créateur.
Non moins étonnant est le pouvoir de mériter que la grâce communique à nos bonnes œuvres. Une action obscure et rapide, mais faite par amour pour Dieu et ainsi embellie par la pureté d'intention, n'a qu'à reposer un instant sur la Croix de Jésus,où elle s'imprègne de ses mérites, pour de là s'envoler au Ciel dont les gardes de la citadelle du Roi des rois se hâtent d'ouvrir les portes. La terre est tellement jonchée de tout ce qui peut être matière de mérites, que du matin au soir nous pouvons en faire des faisceaux comme les pauvres composent leurs fagots des brindilles éparses dans la forêt.
Un dernier pouvoir mystérieux, infusé dans nos actions par la grâce, est celui de la satisfaction. Par les mérites infinis de notre Sauveur, nos plus humbles actions et nos plus légers sacrifices peuvent apaiser la colère de Dieu, Lui donner une satisfaction réelle et substantielle, expier les châtiments temporels dus à nos fautes passées, et contraindre sa justice elle-même — oh! avec quelle gracieuse contrainte, — à donner des ordres pour que soient ouverts les trésors de sa compassion. Déjà, c'eût été une grande miséricorde de la part de notre Créateur qu'il eût accepté, pour satisfaire en quelque degré les droits de sa Justice, nos œuvres de pénitence proprement dites : telles que nos jeûnes rigoureux, nos veilles laborieuses, nos disciplines sanglantes.
Père F.-W. FABER
Extrait ''LE MYSTÈRE
DE L'Amour Créateur''
ÉTABLISSEMENTS CASTERMAN, S. A.
ÉDITEURS PONTIFICAUX
PARIS (VIe) - TOURNAI 1923
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13758
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA FACILITÉ DU SALUT
LA FACILITÉ DU SALUT
Un dernier trait de son amour est de donner une dignité intime aux plus inévitables souffrances de ses créatures; c'est ce que les théologiens appellent la satispassion.
En vue de Jésus-Christ et comme reflet de sa Passion rédemptrice, il y a dans la pure douleur, dans l'angoisse morale, dans la souffrance physique, dans le poids du travail, une vertu secrète, souterraine pourrait-on dire, qui n'est pas sans un mérite propre qui la rend acceptable à la justice divine, car ce n'est pas parce qu'il aime voir souffrir sa créature qu'il permet la douleur, puisqu'elle est une irrégularité introduite par le péché dans sa joyeuse création. C'est ainsi que l'amour de Dieu nous suit pas à pas en nous prodiguant les moyens de salut. Il sait trop bien que pas un des artifices de sa miséricorde ne saurait être omis sans amener la perte d'une foule d'âmes qui ne seront sauvées précisément que par cette spéciale invention de l'amour créateur.
Le salut n'est pas seulement facile en soi, et en raison des secours qui nous sont donnés, il est encore facile parce qu'il constitue notre intérêt primordial. Pour nous, dont la vie est une lutte, qui recevons la grâce avec le redoutable pouvoir de lui résister et de nous égarer, il est impossible de douter que l'enfer ne soit une vraie miséricorde, parce qu'il est un saisissant avertissement. Il n'est pas une catégorie de chrétiens à laquelle son existence n'apporte une aide efficace. La conversion d'un pécheur n'est jamais complète sans la crainte de l'enfer; sans elle, son changement ressemblerait à la semence de la parabole de Notre-Seigneur qui, tombant sur la pierre, germa d'abord et se dessécha bien vite.
L'enfer nous enseigne Dieu, quand nous sommes trop grossiers pour l'apprendre autrement. Il éclaire les profondeurs de la malice du péché et nous rend sages par cette lueur qui nous fait regarder avec effroi dans ses brûlants abîmes. Ses feux se changent en eau pour éteindre les traits enflammés du tentateur.
Qui aurait jamais pensé que l'enfer, création désolée de la Justice éternelle, deviendrait l'allié de notre faiblesse? Même les chrétiens qui visent à la perfection trouvent dans la méditation de l'enfer une immense assistance. Il n'est pas dans la vie spirituelle d'état habituel où l'âme puisse se reposer; en outre, elle ne saurait sans péril mettre des bornes à sa défiance d'elle-même. Cela étant, il est très souhaitable que les âmes qui marchent vers Dieu et tendent à Lui par amour, ramènent souvent à leur pensée ses jugements redoutables dans les terrifiantes rigueurs de l'enfer; leur sainteté ne peut se développer si elles ne se font une appréciation croissante des extrémités possibles à sa justice. A côté de la contemplation pénétrante et claire des divins attributs, rien n'est plus capable de donner une véritable horreur du péché que la nature de ses châtiments éternels.
Père F.-W. FABER
Extrait ''LE MYSTÈRE
DE L'Amour Créateur''
ÉTABLISSEMENTS CASTERMAN, S. A.
ÉDITEURS PONTIFICAUX
PARIS (VIe) - TOURNAI 1923
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13758
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA FACILITÉ DU SALUT
.
Quel bonheur pour l'âme et paix pour l'esprit que cette lecture des écrits du Père Faber...
Quel bonheur pour l'âme et paix pour l'esprit que cette lecture des écrits du Père Faber...
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LA FACILITÉ DU SALUT
ROBERT. a écrit:.
Quel bonheur pour l'âme et paix pour l'esprit que cette lecture des écrits du Père Faber...
Et son utilité est de tous les temps !
Monique- Nombre de messages : 13758
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LA FACILITÉ DU SALUT
Monique a écrit:.
Quel bonheur pour l'âme et paix pour l'esprit que cette lecture des écrits du Père Faber...
Et son utilité est de tous les temps !
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LA FACILITÉ DU SALUT
LA FACILITÉ DU SALUT
La fausse délicatesse des temps modernes, en écartant l'épouvantable image de l'enfer, a souvent gâté l'éducation de l'enfant et créé un extrême danger pour la foi et la sanctification de l'homme. En sorte que le souvenir de l'enfer souvent évoqué n'est rien autre qu'une vigoureuse impulsion vers le Ciel.
Si les terreurs des jugements de Dieu contribuent pour une large part à assurer le salut, d'un autre côté l'attrait de ses récompenses facilite aussi beaucoup celui de millions d'âmes. Nous avons besoin d'un objet qui éteigne les splendeurs de la terre et ternisse son éclat d'un jour, qui désenchante des charmes éphémères de la création, bien faits pour nous séduire et dérober à Dieu nos cœurs.
Pour qu'il soit notre tout, un idéal est nécessaire pour nous faire traverser le monde dans un parfait détachement. La gloire de Dieu est trop éblouissante pour que nos yeux mortels puissent la contempler; de là, la nécessité de nous familiariser avec ce que la théologie enseigne des joies du Ciel ; de là, la force que puise une âme simple dans la pensée, pourtant nécessairement très incomplète, des grandes récompenses du Créateur. Et que sont toutes les délices du Paradis, sinon les corollaires, les débordements de la vision Béatifique?
De sorte que le plus pur amour se mêle à l'innocente espérance de notre propre bonheur, et que le Ciel est déjà sur la terre une puissance qui nous attire avec une force magnétique dans les sphères lumineuses de ses splendeurs. Qu'est le Ciel, sinon le lieu spécial que nous assignons à la gloire de notre Père présent partout, et dans les bras duquel notre amour aspire à se cacher?
Par toutes ces considérations nous croyons avoir répondu assez complètement à la première objection sur la facilité du salut, qui est d'ailleurs la doctrine la plus consolante pour les créatures, et la croyance la plus digne du Créateur .
Père F.-W. FABER
Extrait ''LE MYSTÈRE
DE L'Amour Créateur''
ÉTABLISSEMENTS CASTERMAN, S. A.
ÉDITEURS PONTIFICAUX
PARIS (VIe) - TOURNAI 1923
FIN
Monique- Nombre de messages : 13758
Date d'inscription : 26/01/2009
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum