CEUX QUI ONT LA FOI.

IIa-IIæ, qu. 5, par R. Bernard, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:

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CEUX QUI ONT LA FOI. (suite)


ARTICLE 4. Peut-il y avoir une foi plus grande chez quelqu'un que chez un autre ? (suite)


CONCLUSION : Nous l'avons dit, la grandeur d'une habitude est mesurée par deux choses : par l'objet, et selon le degré de participation du sujet. L'objet de foi, quant à lui, peut être considéré sous un double aspect : dans sa raison formelle, et dans les choses qui sont matériellement proposées comme ce qu'on doit croire.


Pour ce qui est de l'objet formel de la foi, il est simple; nous l'avons assez dit : c'est la Vérité première; aussi, de ce côté, la foi ne se diversifie pas chez les croyants, elle est chez tous unique en son espère, nous l'avons dit également.

Mais, pour les choses que matériellement on propose à croire, elles sont plusieurs et on peut les accueillir plus ou moins explicitement : à cet égard quelqu'un peut croire explicitement plus de choses qu'un autre, ce qui fait que la foi peut être plus grande chez quelqu’un, dans le sens d'un plus grand développement de son objet.

— Si maintenant on considère la foi suivant la participation du sujet, l'inégalité se présente de deux façons. Car l'acte de la foi, nous l'avons dit, découle et de l'intelligence et de la volonté. On peut donc dire que la foi est plus grande chez quelqu'un, du côté de l'intelligence, en raison d'une plus grande certitude et de plus de fermeté ; du côté de la volonté, en raison d'une plus grande promptitude ou dévotion, ou encore d'une plus grande confiance. [99]





note explicative :


[99] Qu. 5, art. 4, concl. — Parmi les vrais croyants, quelle que soit la grande unité de la foi, et quelle que soit leur unanimité dans la foi, cette foi n'est cependant pas égale chez tous, ni non plus toujours égale dans le même homme. A cette constatation des degrés dans la foi se rattache celle des progrès dans la foi. L'auteur ne fait qu'appliquer à l'habitude ou vertu de foi ce qu'il expose en général touchant l'accroissement ou, comme il dit, l'augment des habitudes (cf. Ia-IIæ, qu. 52, art. 1-2). L'inégalité dans la foi peut être vue soit du côté de l'objet, soit du côté du sujet.


— Du côté de l'objet, formellement il n'y a pas de variation possible : tous croient, et chacun doit croire, en adhérant à la Vérité première et en la mettant au-dessus de tout; matériellement pourtant, sous le rayon de cet unique objet formel, peuvent se présenter plus ou moins de choses, mais chacun même là doit être prêt à croire tout ce qui sera présenté de la part de Dieu. Ces vertus théologales ont un objet qui est, si l'on peut dire, à son paroxysme : Dieu est une Vérité à croire au-dessus de tout (sol. 2) comme il est un Bien à désirer et une Amabilité à aimer au-dessus de tout. Il n'y a donc pas à attendre beaucoup d'inégalité ni beaucoup de croissance de ce côté.


—En revanche, il y en a beaucoup à attendre du côté de la participation du sujet à l'objet. Notez que cette participation, surtout lorsqu'il s'agit d'habitudes surnaturelles, n'est pas autre chose qu'une pénétration de l'objet dans le sujet. A cet égard vous pensez bien qu'il y a de réelles différences entre les croyants, suivant qu'ils se rendent et se soumettent plus ou moins à la Vérité de Dieu, de tout leur esprit et aussi de tout leur cœur.

A notre second tome nous aurons l'occasion d'indiquer quels sont les principaux moyens qui sont à la disposition d'un bon croyant pour grandir dans la foi. Mais n'oublions pas que Dieu nous est tout dans la foi, comme va l'affirmer la question 6. C'est pourquoi la source et la ressource de la foi c'est de demeurer extrêmement sensible à la lumière qu'il nous donne intérieurement et vivement accessible à toute la vérité qu'il propose extérieurement.
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IIa-IIæ, qu. 5, par R. Bernard, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1950, et notes explicatives a écrit:

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CEUX QUI ONT LA FOI. (suite)

ARTICLE 4. Peut-il y avoir une foi plus grande chez quelqu'un que chez un autre ? (suite)


SOLUTIONS : 1. Celui qui refuse opiniâtrement de croire un des points qui sont contenus dans la foi, n'a pas l'habitude de foi, tandis que celui qui ne croit pas explicitement tout mais qui est prêt à croire tout, lui a l'habitude de foi.

Et c'est ce qui fait, en se plaçant au point de vue de l'objet, que quelqu'un a une foi plus grande qu'un autre, dans le sens que nous avons dit, en tant qu'il croit explicitement plus de choses.


2. Il est de l'essence de la foi que la Vérité première soit préférée à tout. Mais cependant, parmi ceux qui la préfèrent à tout, il en est qui se soumettent à elle avec plus de certitude et plus de dévotion que d'autres. Et en ce sens la foi est plus grande chez l'un que chez l'autre.


3. L'intelligence des principes dérive de la nature humaine elle-même, laquelle se trouve chez tous d'une manière égale. Mais la foi dérive du don de la grâce, lequel n'est pas égal chez tous, comme nous l'avons remarqué. Le raisonnement n'est donc pas le même dans les deux cas.

— Du reste, suivant qu'il a une plus grande capacité d'intelligence, quelqu'un connaît plus qu'un autre la force des principes. [100]





note explicative :



[100] Qu. 5, art. 4, sol. 3. — Retenir avec soin ce rapprochement, il est capital, entre la connaissance de foi et l'intelligence des principes. L'auteur tient beaucoup à cette idée : les articles de la foi sont dans l'ordre de la grâce comme les premiers principes dans l'ordre de la raison naturelle; c'est pourquoi la vertu de foi est en nous comme une faculté surnaturelle de percevoir et de posséder les premiers principes qui nous initient dans la connaissance et dans la participation du mystère de Dieu.


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