Re: A quoi sert le Pape ? (complet)

Louis Jeu 29 Oct 2009, 6:52 pm

X

(suite)

Vous aurez rendu le gouvernement de l'Église impossible à Pie lX, comme il le fut à Pie VII, captif à Savone. Dans cet état, nous l'admettons, on vous verra, soldats de Pilate, fléchir le genou devant le Vicaire de Jésus-Christ, dépouillé et garrotté comme son maître, et lui dire en le souffletant : Salut, Roi des consciences. Ave, Rex Judæorum.

Voilà ce que vous voulez. Ce jeu sacrilège vous suffira-t-il longtemps ? Qui peut répondre ? Trois choses seulement sont certaines. Le Calvaire n'est pas loin du Prétoire ; saint Pierre fut crucifié au Vatican, et quelques années après le déicide, Titus campait autour de Jérusalem, où il ne resta pas pierre sur pierre.

Quant à vous, catholiques, vous pouvez, le regard ferme et le cœur haut, envisager l'avenir. Les fossoyeurs dormiront dans le tombeau qu'ils auront creusé pour vous. En attendant, à tous les sophismes contentez-vous de répondre : « Je suis enfant de l'Église. Avec tous les siècles catholiques, je crois ce que croit le Saint-Père ; j'approuve ce qu'il approuve ; je condamne ce qu'il condamne, ni plus ni moins. Sur cet oreiller des martyrs et des saints, je dors en paix : In pace in idipsum dormiam et requiescam. »

On le voit, nul dans le monde ne tient une aussi large place que le Pape et le Pape-Roi. Qu'il disparaisse, et son absence laisse un vide qui ne sera jamais comblé. Chef de l'Eglise, soleil du monde, clef de voûte de la société, organe de tous les devoirs, protecteur de tous les droits, s'il tombe tout s'écroule avec lui, et descend dans un abîme sans fond.

Telle est la réponse à cette question : à quoi sert le Pape, et le Pape-Roi ?

op. cit

A suivre : XI – Pourquoi le Pape sert-il à tout ?

ROBERT. Jeu 29 Oct 2009, 8:45 pm

« Je suis enfant de l'Église. Avec tous les siècles catholiques, je crois ce que croit le Saint-Père ; j'approuve ce qu'il approuve ; je condamne ce qu'il condamne, ni plus ni moins. Sur cet oreiller des martyrs et des saints, je dors en paix : In pace in idipsum dormiam et requiescam. »

On le voit, nul dans le monde ne tient une aussi large place que le Pape et le Pape-Roi. Qu'il disparaisse, et son absence laisse un vide qui ne sera jamais comblé.

Qu'il disparaisse, et son absence laisse un vide qui ne sera jamais comblé....

Louis Ven 30 Oct 2009, 6:53 pm

XI – Pourquoi le Pape sert-il à tout ?

Le Pape sert à tout, et il est tout ce que nous venons de dire, non parce qu'il est homme, mais parce qu'il est Pape. L'homme est un billet de banque. Par lui-même, le billet de banque n'est rien, rien qu'un morceau de papier. Ainsi de l'homme. Mais le billet de banque vaut ce qu'il représente. Ainsi de l'homme qui s'appelle LE PAPE.

Que vaut le Pape ? Ce qu'il représente.

Que représente-t-il ? Dieu lui-même.

Dépositaire choisi de Dieu et dépositaire unique, en lui se concentre tout ce que, dans l'ordre moral, Dieu est pour le monde civilisé. Pour le monde civilisé, Dieu est tout : religion, société, famille, droit, justice, dignité, liberté, sécurité. Le Pape est tout cela.

Vicaire de Dieu, tous ces trésors sortent du Pape comme la chaleur et la lumière du foyer incandescent ; comme le sang sort du cœur et porte la vie dans toutes les parties de l'organisme. Par le Pape, ces forces élémentaires sont mises en action, maintenues en harmonie, appliquées dans la mesure convenable, suivant les climats, les temps et les personnes. Ce que tous les êtres doivent dire du Créateur, les principes civilisateurs des nations chrétiennes peuvent le dire en parlant du Pape. C'est en lui que nous avons la vie, et le mouvement et l'être : In ipso enim vivimus, et movemur, et sumus.

Otez le Pape, et le divin billet de banque est déchiré. La valeur qu'il représente n'existe plus. Les transactions nécessaires entre le pouvoir et le devoir, se font avec le papier-monnaie des changements politiques, expédients éphémères, assignats sans garantie, ayant pour leur donner cours les projectiles des canons rayés ou les pavés des barricades. Il est donc manifeste qu'en s'attaquant à Pie IX, ce n'est pas à l'homme qu'on s'attaque, mais au Pape ; et en s'attaquant au Pape on s'attaque à Dieu Lui-même, tel qu'Il s'est donné à l'humanité chrétienne et constitué au milieu d'elle pour l'élever jusqu'à Lui.

Le Pape tombé, il faut le redire, l'idée souveraine du Dieu rédempteur, du Dieu civilisateur, retombe à l'état de lettre morte, pour se perdre bientôt dans la poussière du doute et finir par le néant de la négation universelle, avec toutes ses conséquences.

À ces vérités fondamentales, se mesure l'énormité de l'attentat qui se commet aujourd'hui.

op. cit

A suivre : XII – Pourquoi le Pape est-il si délaissé ?

Louis Sam 31 Oct 2009, 6:41 pm

XII –Pourquoi le Pape est-il si délaissé ?

Les choses étant ainsi, il semble que, sous le ciel de l'Europe, il ne devrait se rencontrer ni un seul homme ni une seule femme qui ne tienne au Pape, et au Pape-Roi, comme chacun tient et doit tenir au christianisme, à la civilisation, à sa dignité personnelle, à sa liberté, à sa fortune, à sa sécurité.
Autre est la réalité. Le Vicaire du Fils de Dieu, comme autrefois le Fils de Dieu Lui-même, est aujourd'hui trahi par les uns, abandonné par les autres : relicto eo, omnes fugerunt. Le vide s'est fait autour de lui, et il parcourt sa voie douloureuse au milieu de l'indifférence des nations.

De cette indifférence monstrueuse, présage sinistre de catastrophes innommées, quelle est la cause ? On n'aime pas ce qu'on ne connaît pas. Or, qu'y a-t-il de moins connu que le Pape, même parmi les catholiques ? Ils savent du Pape qu'il est le chef de l'Église, qu'il institue les évêques et qu'il canonise les saints.

Mais la place que le Pape tient dans le monde ; l'obéissance filiale que lui doivent les rois et les peuples ; l'influence indispensable de son action, aussi bien dans l'ordre temporel que dans l'ordre spirituel ; les bienfaits immenses dont l'humanité lui est redevable ; l'indépendance nécessaire de son siège : de tout cela que savent les générations modernes ?

Rien.

A qui la faute ?...

op. cit
A suivre.

Louis Dim 01 Nov 2009, 6:49 pm

XII –Pourquoi le Pape est-il si délaissé ?

(suite)

…A qui la faute ? Au risque de fatiguer certaines oreilles, ne nous lassons pas de proclamer la vérité. Nous nous adressons à tous ceux qui ont fait leurs études classiques, et la société à l'image de leurs études, et nous leur demandons si jamais ils ont eu entre les mains un seul livre grec, latin, français, historique, scientifique, philosophique ou autre, qui réponde sérieusement, véridiquement, à cette question fondamentale : À quoi sert le Pape ?

Chacun de nous ne peut-il pas dire en toute vérité : « Nous savons par cœur les rôles divers de tous les dieux du paganisme ; les luttes des patriciens et des plébéiens ; les décisions plus ou moins importantes du sénat et de l'aréopage ; les faits, les gestes et dires d'Alexandre, de César, de Socrate et de Cicéron.

« Mais la nécessité sociale du Pape ; mais les luttes héroïques des Papes en faveur de la liberté des peuples ; mais les bienfaits des Papes ; mais les victoires des Papes sur la force brutale et sur la barbarie ; mais la haute sagesse des Papes dans le gouvernement du monde : qui nous en a jamais parlé ?

« Toute notre instruction classique, historique, littéraire, juridique, politique, quelquefois même théologique, est indifférente ou hostile à la Papauté. Est-il étonnant qu'en présence de ses ennemis, nous soyons indifférents, muets, désarmés ? Nous sommes ce qu'on nous a faits. Si nous sommes coupables, plus coupables sont ceux qui nous ont faits ce que nous sommes».

op. cit
A suivre : Avertissements solennels.

Louis Lun 02 Nov 2009, 6:13 pm

XIII – Avertissements solennels.

Au milieu de ces dispositions lamentables, dont la responsabilité pèse avec plus de force sur ceux qui le croient le moins, que fait le Saint-Père ? Humilié, abreuvé d'outrages, menacé dans sa liberté, peut-être dans sa vie, il s'adresse à tous et à chacun, aux rois comme aux peuples ; et, en forme de suprême adieu, il leur dit ces paroles de Jérémie, vraiment écrites pour la circonstance : «Voilà que je suis entre vos mains ; faites de moi ce qu'il vous plaira. Mais, sachez-le bien ; si vous m'outragez, si vous attentez à ma liberté ou à ma vie, vous appelez toutes les foudres du ciel sur vos personnes, sur vos royaumes et sur leurs habitants : car je suis vraiment le Lieutenant de Dieu, l'Organe de Ses volontés, le Dépositaire de Ses droits».(1)

Le croiront-ils ? C'est un peut-être. Ce qui n'en est pas un, c'est que le monde passera ; mais les paroles de l'éternelle Vérité ne passeront point. Ainsi que leurs devanciers, les ennemis actuels de la Papauté seront brisés comme des vases de terre et quand la Révolution aura jeté leur poussière au vent, le Pape, seul survivant de tous les pouvoirs, continuera de redire, parmi les ruines des choses humaines, le cantique de sa royale immortalité : Et portæ inferi non prævalebunt.

(1) Jérémie XXVI, 14, 15.

FIN