TRAITÉ DE L'UNITÉ DE L'ÉGLISE (Saint Augustin) - (AVEC TABLES DES MATIÈRES.)
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TRAITÉ DE L'UNITÉ DE L'ÉGLISE (Saint Augustin) - (AVEC TABLES DES MATIÈRES.)
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LETTRE AUX CATHOLIQUES CONTRE LES DONATISTES ou Traité de l'Unité de l'Église.
Par Saint Augustin
Traduction de M. Eug. JOLY, docteur en théologie.
Est-ce chez les Catholiques ou chez les Donatistes que se trouve l'Église? Saint Augustin s'applique à prouver aux schismatiques que l'Église de Jésus-Christ est répandue par tout l'univers. Il invoque tour à tour les textes les plus positifs de l'Ancien et du Nouveau Testament; réfute ceux qu'objectent les Donatistes, et repousse leurs accusations calomnieuses au sujet de la tradition des Livres Saints et des persécutions dont ils se disent les victimes. Ce traité est un chef-d'œuvre de polémique, par la force des arguments, l'habileté de la réfutation, l'ordre et la clarté de l'ensemble. On y sent aussi l'âme ardente du saint Docteur, et son vif désir de ramener à l'unité de l'Église les Donatistes, qui par orgueil et par dépit s'obstinaient à demeurer schismatiques.
CHAPITRE PREMIER. LE SAINT DOCTEUR ANNONCE QU'IL VA RÉFUTER LA LETTRE DE PÉTILIEN PAR LES TEXTES DE LA SAINTE ÉCRITURE.
1. Vous vous en souvenez, mes frères, il nous est tombé entre les mains un court fragment d'une lettre de Pétilien, l'évêque donatiste de Constantine, et nous avons envoyé à votre charité la réfutation que nous en avons faite. Mais plus tard les fidèles de cette ville nous ont adressé la lettre entière et complète, et nous avons voulu la réfuter d'un bout à l'autre, comme si nous eussions discuté avec l'auteur en personne. Vous le savez, dans nos rapports avec nos adversaires, nous écartons toute animosité, et nous tenons à ce que la discussion fasse voir clairement à tous et ce qu'ils disent et ce que nous disons à notre tour. On nous apprend que cette lettre est dans bien des mains, qu'on en confie à sa mémoire bien des passages, avec cette idée que Pétilien a raison contre nous sur plusieurs points. Si l'on veut lire ma réponse, on verra ce qu'il faut rejeter, ce qu'il faut admettre.
Ce ne sont pas nos pensées que nous exprimons, comme on pourra s'en convaincre en mettant de côté l'esprit de parti. Tout ce que nous avançons, nous l'avons tiré de la sainte Ecriture ou appuyé sur ses textes ; en sorte que refuser de se rendre, c'est se déclarer l'ennemi des Livres saints. Les défenseurs obstinés d'une cause si mauvaise pourront dire, il est vrai, que je réfute cette lettre en l'absence de son auteur, qu'il n'entend point mes paroles, qu'il ne peut leur opposer sur-le-champ une réponse. Eh bien ! qu'il défende les pensées qu'il développe dans sa lettre, et s'il le peut, qu'il montre la faiblesse de ma réfutation. Ou, s'il l'aime mieux, qu'il fasse pour cette lettre ce que je fais pour la sienne, qu'il réplique à son tour. C'est aux siens qu'il adresse sa lettre, comme c'est à vous que j'envoie la mienne. Libre à lui de me réfuter.
Source=www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/augustin/polemiques/donat/unitegl.htm
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LETTRE AUX CATHOLIQUES CONTRE LES DONATISTES ou Traité de l'Unité de l'Église.
Par Saint Augustin
CHAPITRE II. ÉTAT DE LA QUESTION : OU EST L'ÉGLISE DE JÉSUS-CHRIST? LES REPROCHES DES DONATISTES, FUSSENT-ILS FONDÉS, NE PROUVENT PAS QUE LEUR SECTE SOIT LA VÉRITABLE ÉGLISE.
2. La question posée est celle-ci: Où est l'Église ? Est-ce chez nous, est-ce chez les Donatistes? — Il n'y a qu'une Église, l'Église catholique, comme nos pères l'ont appelée, pour montrer par son nom même qu'elle est universelle. Tel est en effet le sens des mots grecs : kath’ olon. Or, l'Église est le corps du Christ, selon ces paroles de l'Apôtre : « Le Christ a souffert pour son corps, qui est l'Église (1) ».
Donc, pour prétendre au salut promis aux chrétiens, il faut compter parmi les membres du Christ. C'est par les liens de la charité que les membres du Christ sont unis ensemble et qu'ils se rattachent à leur chef, qui est Jésus-Christ. Une tête et un corps : ces deux mots résument tout ce que l'on peut dire au sujet de Jésus-Christ. La tête, c'est Jésus-Christ lui-même, le Fils unique du Dieu vivant, « le Sauveur de son corps (1), celui qui est mort pour nos péchés et qui est ressuscité pour notre justification (2) ».
Le corps de Jésus-Christ, c'est l'Église, dont il est dit : « Afin qu'il se formât à lui-même une Église glorieuse, sans tache, sans ride, sans défaut (3) ». Or, entre les Donatistes et nous, il s'agit de savoir où se trouve ce corps, c'est-à-dire où se trouve l'Église. Que ferons-nous donc? Chercherons-nous l'Églises dans nos paroles ou dans celles de son Chef, Jésus-Christ Notre-Seigneur? N'est-ce pas dans les paroles de Celui qui est la vérité et qui sait parfaitement où est son corps? « Le Seigneur, en effet, connaît ceux qui lui appartiennent (4) ».
1. Coloss. I, 24.
1. Eph. V, 23.
2. Rom. IV, 25.
3. Eph. V, 27.
4. II Tim. II, 19.
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CHAPITRE II. ÉTAT DE LA QUESTION : OU EST L'ÉGLISE DE JÉSUS-CHRIST? LES REPROCHES DES DONATISTES, FUSSENT-ILS FONDÉS, NE PROUVENT PAS QUE LEUR SECTE SOIT LA VÉRITABLE ÉGLISE. (suite)
3. Non, ce n'est point dans nos paroles que nous chercherons l'Église de Jésus-Christ; et cependant, examinez ce qui s'est dit de part et d'autre, et voyez combien notre langage diffère de celui de nos adversaires. Néanmoins ce n'est pas là que nous voulons chercher l'Église. Qu'importent, en effet, ces mutuels reproches que nous nous adressons sur la tradition des Livres saints, sur l'encens offert aux idoles, sur les persécutions dirigées contre des innocents? Et pourtant que disons-nous aux Donatistes ? Ou bien nous avons également raison de nous accuser, ou bien nous avons également tort ; ou bien c'est nous qui avons raison et c'est vous qui avez tort, ou réciproquement.
Mais en toute hypothèse, que pouvez-vous reprocher à l'univers chrétien, avec lequel nous sommes en communion ? Et en effet, si leurs reproches sont fondés et que les nôtres le soient aussi, suivons le précepte de l'Apôtre : "Pardonnons-nous mutuellement, comme Dieu nous a pardonné en Jésus-Christ (5)". S'il y eut et s'il y a encore parmi nous quelques pervers, s'il y en eut et s'il s'en trouve encore parmi eux, est-ce un obstacle à la concorde, et faut-il pour cela rompre le lien de la paix ? Les Donatistes qui avaient parmi eux des méchants aussi bien que nous, ne doivent-ils pas regretter le crime qu'ils ont commis en se séparant sans motif de l'unité du monde chrétien ?
Si les reproches que nous nous renvoyons au sujet des traditeurs ou des persécutions dirigées contre des innocents sont également peu fondées, je ne vois plus aucun motif de dispute; j'y vois au contraire une raison pour eux de se rapprocher de nous, après s'en être séparés sans aucun motif. Si le bon droit est de notre côté, comme le prouve la lettre de l'empereur auquel ils ont écrit d'abord et auquel ils en ont ensuite appelé; comme nous le faisons voir encore en restant en communion avec tout l'univers; si leurs assertions sont convaincues de mensonge, par là même qu'au moment où s'agitait la question ils n'ont pu gagner leur cause, n'y a-t-il pas là plus qu'un schisme?
N'est-ce pas une animosité sacrilège et furieuse, une persécution intentée à des innocents? Cette animosité, qu'ils la rejettent, s'ils le veulent, sur quelques-uns des leurs : le schisme est l'œuvre commune. Et, fussent-ils dans le vrai, quand ils nous accusent d'avoir livré les livres saints et d'avoir persécuté les innocents, fussent-ils eux-mêmes à l'abri d'une pareille accusation, en seraient-ils moins des schismatiques ? Leurs reproches, en effet, s'adressent à des particuliers et non pas à l'univers chrétien. Le contact avec les méchants, disent-ils, a perdu l'univers.
— Que de pécheurs les saints, par désir de la paix, n'ont-ils point tolérés dans la société chrétienne ! Et puis, comment se fait-il que le contact avec les méchants n'ait point perdu les Donatistes eux-mêmes? Leur société n'a-t-elle point caché, sans qu'ils l'aient su, ne cache-t-elle pas encore, sans qu'ils le sachent, de ces misérables qui attentent à la pudeur des femmes consacrées à Dieu ? Nous ne les connaissons pas, diront-ils, et cela suffit pour que leur contact ne nous souille point. Et l'univers serait souillé quand il ignore encore si vos reproches sont fondés ? Je suppose qu'ils le soient, que vous nous l'ayez prouvé. Les autres nations de l'univers le savent-elles ? Puisqu'elles l'ignorent, elles sont innocentes; et vous vous en séparez ! On ne peut vous en faire un reproche, dites-vous, et l'ignorance où nous laissons les peuples commence notre crime ! Faut-il donc que nous courions les avertir et leur apprendre ce que nous savons? Mais à quoi bon ? Est-ce pour les sortir du péché ? Mais ils sont innocents, puisqu'ils ignorent le mal qui s'est fait parmi nous. Pour demeurer juste, il n'est pas nécessaire de connaître les fautes que commettent les hommes; il faut, quand on les connaît, ne pas y applaudir, et quand on les ignore, ne pas juger témérairement.
Ainsi donc l'univers est innocent, puisque, quelque fondés que puissent être les griefs des Donatistes contre certains particuliers, il ne les connaît point. Ce sont eux qui ont perdu la justice, en se séparant par le schisme des autres peuples chrétiens; et, s'ils tiennent à nous persuader de la légitimité de leurs accusations contre quelques-uns des nôtres, c'est afin de nous séparer de ceux contre lesquels ils ne peuvent rien alléguer de plausible.
5. Eph. IV, 32.
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: TRAITÉ DE L'UNITÉ DE L'ÉGLISE (Saint Augustin) - (AVEC TABLES DES MATIÈRES.)
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Par Saint Augustin
CHAPITRE III. a) POUR TROUVER LA VÉRITABLE ÉGLISE, IL FAUT INVOQUER, NON PAS LES RENSEIGNEMENTS HUMAINS, MAIS LES ORACLES DIVINS.
5. Mais comme je le disais tout à l'heure, ne prenons garde ni à ce qu'ils disent, ni à ce que nous disons; prenons garde aux paroles du Seigneur. N'y a-t-il pas des Livres saints dont nous reconnaissons tous l'autorité, auxquels tous nous nous soumettons entièrement? C'est là que nous devons chercher l'Église ; c'est à leur lumière que nous devons discuter notre cause. Ils diront peut-être : "Pourquoi recourir à ces livres que vous avez livrés aux flammes ?" Voici ma réponse : Mais c'est vous qui les avez sauvés des flammes: donc, pourquoi craindre que nous les lisions ? N'est-ce pas vouloir passer pour traditeur que de s'obstiner à ne point croire ce qu'ils disent? Ces livres doivent peut-être désigner celui qui les a livrés, comme le Seigneur désigna Judas. Eh bien ! Qu’ils y trouvent désignés comme traditeurs Cécilien ou ceux qui l'ont ordonné, et qu'ils décident aussi que j'ai été moi-même traditeur pour ne les avoir pas anathématisés?
Nous non plus nous ne trouvons point dans ces livres que Majorin ou ceux qui l'ont ordonné aient été des traditeurs ; et, si nous le disons, c'est d'après d'autres autorités. Mettons donc de côté ces témoignages que nous invoquons les uns contre les autres, et que nous puisons ailleurs que dans les livres canoniques. Vous vous y refusez? eh bien ! Admettons que nous ayons également raison, pourquoi vous séparer de nous, pourquoi nous fuir, puisque parmi vous vous avez aussi des traditeurs ? Ou bien nous avons également tort dans nos reproches: pourquoi se séparer de nous ? Pourquoi fuir des chrétiens auxquels ils n'ont rien à reprocher ? Si nous avons raison et qu'ils aient tort, ils devraient, au lieu de faire schisme, se corriger et demeurer dans l'unité. S'ils ont raison et que nous ayons tort, nul motif encore pour eux de nous abandonner; car ils ne devaient point se séparer de l'univers qui était innocent, et qu'ils n'ont pas voulu ou qu'ils n'ont pu convaincre de leur bon droit.
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Dernière édition par ROBERT. le Lun 18 Oct 2010, 10:12 pm, édité 1 fois (Raison : III a))
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: TRAITÉ DE L'UNITÉ DE L'ÉGLISE (Saint Augustin) - (AVEC TABLES DES MATIÈRES.)
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Par Saint Augustin
CHAPITRE II. ÉTAT DE LA QUESTION : OU EST L'ÉGLISE DE JÉSUS-CHRIST? LES REPROCHES DES DONATISTES, FUSSENT-ILS FONDÉS, NE PROUVENT PAS QUE LEUR SECTE SOIT LA VÉRITABLE ÉGLISE. (suite)
4. Voici le discours que leur tient l'univers ; il est bref, mais d'une accablante vérité : "Les évêques d'Afrique étaient aux prises. S'ils ne pouvaient mettre un terme à leurs dissensions, soit en apaisant, soit en dégradant ceux dont les prétentions étaient mal fondées, pour maintenir en communion avec le reste du monde, par le lien de l'unité, ceux qui avaient pour eux la justice; les évêques d'outre-mer, c'est-à-dire de la portion la plus étendue de l'Église catholique, devaient porter un jugement sur les dissensions de leurs collègues, et en cela céder aux instances de ceux qui reprochaient aux autres d'avoir été mal ordonnés ".
Si ce jugement n'a pas été prononcé, à qui la faute ? N'est-ce pas à ceux qui devaient s'occuper de cette affaire et point du tout à l'univers, qui ignorait nos démêlés? S'il a été prononcé, peut-on blâmer les juges ecclésiastiques de n'avoir pas condamné des crimes qu'ils ne pouvaient condamner, puisque, bien que réels et déférés à leur tribunal, ils ne leur étaient pourtant point démontrés ? On ne leur faisait point connaître les coupables, et il suffisait de leur contact pour les souiller ! Supposons qu'ils les aient connus, et que par une sorte de lâcheté ou de connivence, ils n'aient pas voulu les retrancher de leur communion, et que même, en juges pervers, ils aient prononcé en leur faveur, que pouvez-vous reprocher à l'univers ?
Savait-il que les juges étaient sans loyauté ? Croyait-il qu'ils avaient prononcé un jugement inique ? Pouvait-il les juger à son tour ? On cite un criminel devant un tribunal, les juges le trouvent innocent; en est-ce assez pour les souiller ? Eh bien ! si l'univers a ignoré le crime des juges ecclésiastiques, à supposer qu'ils l'aient commis, est-ce une raison pour que l'univers soit coupable ? C'est donc avec l'univers demeuré innocent que nous sommes en communion. D'ailleurs, encore aujourd'hui, savons-nous ce qui s'est passé alors ? Et le saurions-nous, apprendrions-nous aujourd'hui même que les accusations dirigées contre quelques-uns des nôtres sont fondées, nous n'y verrions pas un motif de nous séparer des chrétiens innocents, qui ignorent les crimes dont on nous accuse, et de passer du côté de ceux qui tous sont engagés dans le schisme; pourquoi ? pour avoir voulu faire ce qu'ils nous conseillent de faire, pour n'avoir pas consenti à supporter les méchants, comme les supportaient les Apôtres, et pour avoir voulu au contraire abandonner les bons à l'exemple des hérétiques.
Or, admettons que l'univers, par impossible, sache avec nous jusqu'à l'évidence que les griefs des Donatistes sont fondés; l'univers en sera-t-il plus innocent ? De leur vivant, ces pervers, qu'ils ne connaissaient pas, pouvaient-ils les souiller? Et maintenant qu'ils ne sont plus, comment voulez-vous qu'il suffise de les connaître pour n'être plus innocent ? A s'en tenir à ce que nous disons de part et d'autre, aux reproches que nous nous adressons mutuellement, notre cause ne peut être entamée, quand même nos reproches seraient sans fondement, quand même nous viendrions à reconnaître aujourd'hui même la légitimité de leurs griefs contre quelques-uns des nôtres. Je ne vois vraiment pas ce qu'ils peuvent répondre, soit que nous ayons raison et qu'ils aient tort, soit que nous ayons tort ou raison les uns et les autres, puisqu'ils sont vaincus sur un point où ils souhaitent si vivement d'être crus.
5. Mais comme je le disais tout à l'heure, ne prenons garde ni à ce qu'ils disent, ni à ce que nous disons; prenons garde aux paroles du Seigneur. N'y a-t-il pas des Livres saints dont nous reconnaissons tous l'autorité, auxquels tous nous nous soumettons entièrement? C'est là que nous devons chercher l'Église ; c'est à leur lumière que nous devons discuter notre cause. Ils diront peut-être : "Pourquoi recourir à ces livres que vous avez livrés aux flammes ?" Voici ma réponse : Mais c'est vous qui les avez sauvés des flammes: donc, pourquoi craindre que nous les lisions ? N'est-ce pas vouloir passer pour traditeur que de s'obstiner à ne point croire ce qu'ils disent? Ces livres doivent peut-être désigner celui qui les a livrés, comme le Seigneur désigna Judas. Eh bien ! Qu’ils y trouvent désignés comme traditeurs Cécilien ou ceux qui l'ont ordonné, et qu'ils décident aussi que j'ai été moi-même traditeur pour ne les avoir pas anathématisés?
Nous non plus nous ne trouvons point dans ces livres que Majorin ou ceux qui l'ont ordonné aient été des traditeurs ; et, si nous le disons, c'est d'après d'autres autorités. Mettons donc de côté ces témoignages que nous invoquons les uns contre les autres, et que nous puisons ailleurs que dans les livres canoniques. Vous vous y refusez? eh bien ! Admettons que nous ayons également raison, pourquoi vous séparer de nous, pourquoi nous fuir, puisque parmi vous vous avez aussi des traditeurs ? Ou bien nous avons également tort dans nos reproches: pourquoi se séparer de nous ? Pourquoi fuir des chrétiens auxquels ils n'ont rien à reprocher ? Si nous avons raison et qu'ils aient tort, ils devraient, au lieu de faire schisme, se corriger et demeurer dans l'unité. S'ils ont raison et que nous ayons tort, nul motif encore pour eux de nous abandonner; car ils ne devaient point se séparer de l'univers qui était innocent, et qu'ils n'ont pas voulu ou qu'ils n'ont pu convaincre de leur bon droit.
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: TRAITÉ DE L'UNITÉ DE L'ÉGLISE (Saint Augustin) - (AVEC TABLES DES MATIÈRES.)
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LETTRE AUX CATHOLIQUES CONTRE LES DONATISTES ou Traité de l'Unité de l'Église.
Par Saint Augustin
CHAPITRE III. b) POUR TROUVER LA VÉRITABLE ÉGLISE, IL FAUT INVOQUER, NON PAS LES RENSEIGNEMENTS HUMAINS, MAIS LES ORACLES DIVINS.
6. On me dira peut-être: Pourquoi mettre de côté nos mutuelles allégations, puisque, même en en tenant compte, vous n'avez rien à craindre pour votre communion? C'est que pour trouver la sainte Église je ne veux point invoquer les renseignements humains, mais les oracles divins. Si en effet les saintes Écritures me montrent que l'Église ne se trouve qu'en Afrique ou chez quelques Cutzupitains ou à Rome, chez quelques Montanistes, ou dans la maison et le domaine d'une femme espagnole, quoi que l'on puisse me citer d'après d'autres écrits, c'est chez les Donatistes que se trouve la véritable Église.
Si l'Écriture limite l'Église à quelques Maures de la province de Césarée, passons aux Rogatistes. Si d'après les livres saints elle est chez quelques Tripolitains et Byzacènes et chez quelques habitants de la Province, ce sont les Maximianistes qui la composent. N'existe-t-elle que chez les Orientaux, cherchons-la parmi les Ariens, les Eunomiens, les Macédoniens et autres sectes de l'Orient. Et comment énumérer les hérésies éparses dans les différentes nations? Mais n'est-ce pas d'après les témoignages divins et canoniques qu'il faut chercher l'Église parmi les nations? Et alors, quoi que puissent alléguer, quelques témoignages que puissent produire ceux qui disent: "Le Christ est ici, le Christ est là", nous écouterons plutôt la voix de notre Pasteur, si nous sommes ses disciples. Il nous dit: "Ne les croyez point (1)". Ces sectes répandues parmi les nations ne se trouvent pas là où est l'Église; et au contraire, cette Église universelle se trouve là même où elles sont. Nous la chercherons donc dans les Écritures saintes et canoniques.
1. Matt. XXIV, 23.
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L’hérésie de Montini et Ratzin est l’égout collecteur de toutes les hérésies depuis les débuts de l’Église jusqu’à aujourd’hui.
Dernière édition par ROBERT. le Lun 18 Oct 2010, 10:13 pm, édité 1 fois (Raison : III b))
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: TRAITÉ DE L'UNITÉ DE L'ÉGLISE (Saint Augustin) - (AVEC TABLES DES MATIÈRES.)
Ce dernier n° de Saint Augustin... est très beau.
Il est en quelque sorte notre réponse à la multitude qui nous "pointe" des tendances divers.. en disant "l'Église est là"
Notre réponse est la même que Saint Augustin... POUR TROUVER LA VÉRITABLE ÉGLISE, IL FAUT INVOQUER, NON PAS LES RENSEIGNEMENTS HUMAINS, MAIS LES ORACLES DIVINS
Ces oracles se trouvent dans la Sainte Écriture et dans les lois de la Sainte Église....
Ailleurs, toute est vanité et mensonge
Il est en quelque sorte notre réponse à la multitude qui nous "pointe" des tendances divers.. en disant "l'Église est là"
Notre réponse est la même que Saint Augustin... POUR TROUVER LA VÉRITABLE ÉGLISE, IL FAUT INVOQUER, NON PAS LES RENSEIGNEMENTS HUMAINS, MAIS LES ORACLES DIVINS
Ces oracles se trouvent dans la Sainte Écriture et dans les lois de la Sainte Église....
Ailleurs, toute est vanité et mensonge
gabrielle- Nombre de messages : 19796
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: TRAITÉ DE L'UNITÉ DE L'ÉGLISE (Saint Augustin) - (AVEC TABLES DES MATIÈRES.)
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LETTRE AUX CATHOLIQUES CONTRE LES DONATISTES ou Traité de l'Unité de l'Église.
Par Saint Augustin
CHAPITRE IV. POUR APPARTENIR A L'ÉGLISE, IL FAUT ADMETTRE LES TÉMOIGNAGES DES SAINTES ÉCRITURES.
7. Une tête et un corps : voilà Jésus-Christ tout entier. La tête, c'est le Fils unique de Dieu, et le corps, c'est son Église. Il est l'Époux, elle est l'épouse; ils sont deux dans une seule chair. Tous ceux qui ne sont point d'accord avec l'Ecriture au sujet du Chef lui-même, ne sont point dans l'Église, quand même ils se reconnaîtraient dans les passages où l'Église est désignée. De même aussi tous ceux qui, étant d'accord avec les Écritures sur le Chef, ne participent point à l'unité de l'Église, ceux-là non plus ne sont point dans l'Église. Car ils n'admettent point le témoignage de Jésus-Christ au sujet de son corps qui est l'Église.
Par exemple, ceux qui ne croient pas que Jésus-Christ est né de la Vierge Marie selon la chair et de la race de David, comme il est dit manifestement dans l'Écriture; ou qu'il est ressuscité avec le même corps avec lequel il a été crucifié et avec lequel il est mort, ceux-là ne sont certainement pas dans l'Église, quand même ils seraient répandus dans tous les pays où se trouve l'Église : car ils ne sont pas attachés au chef de l'Église qui est Jésus-Christ.
Ce n'est pas sur un passage obscur des livres saints qu'ils se trompent; mais ils en contredisent les témoignages les plus obscurs et les plus clairs. Ceux qui croient que Jésus-Christ, comme il vient d'être dit, est venu dans la chair et qu'il est ressuscité avec la même chair dans laquelle il est né et a souffert et qu'il est le Fils de Dieu, Dieu de Dieu, une même substance avec le Père, la parole immuable du Père, par laquelle toutes choses ont été faites ; mais qui se séparent de son corps qui est l'Église et ne demeurent point en communion avec ce corps répandu par tout l'univers, mais seulement avec quelque partie isolée, ceux-là non plus ne sont évidemment point dans l'Église catholique.
La discussion entre les Donatistes et nous porte non pas sur le chef, mais sur le corps; non pas sur Jésus-Christ, notre Sauveur, mais sur son Église. Eh bien ! que le Chef au sujet duquel nous partageons les mêmes sentiments, nous montre son corps au sujet duquel nous cessons d'être d'accord, afin que ses paroles terminent nos différends.
Or, il est le Fils unique et le Verbe de Dieu, et par conséquent les saints Prophètes eux-mêmes n'auraient rien pu dire de vrai, si la Vérité même, le Verbe de Dieu, ne leur eût manifesté ce qu'ils devaient dire et ne leur eût ordonné de le dire.
Donc avant Jésus-Christ, c'est la voix des Prophètes qui fit retentir le Verbe de Dieu; il retentit ensuite par sa propre voix, "lorsqu'il se fut fait chair et qu'il eut habité parmi nous (1)", puis par la voix des Apôtres, qu'il envoya comme ses prédicateurs (2), afin que le salut fût annoncé jusqu'aux extrémités du monde. C'est dans toutes ces manifestations du Verbe de Dieu qu'il faut chercher l’Église.
1. Jean, I, 14.
2. Matt. XXIII, 19, 20.
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: TRAITÉ DE L'UNITÉ DE L'ÉGLISE (Saint Augustin) - (AVEC TABLES DES MATIÈRES.)
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LETTRE AUX CATHOLIQUES CONTRE LES DONATISTES ou Traité de l'Unité de l'Église.
Par Saint Augustin
CHAPITRE V. ON DOIT ÉCARTER LES TEXTES OBSCURS ET RECOURIR A DES TEXTES CLAIRS ET PRÉCIS.
8. Mais souvent il arrive que ce qui était dit pour les uns et dans un certain but on le rapporte malicieusement à d'autres, on le tourne contre d'autres selon le caprice. Il arrive aussi que bon nombre de passages figurés et obscurs, sortes d'énigmes destinées à exercer les âmes spirituelles et donnant lieu à un double sens, on les croie se prêter et convenir à une fausse interprétation. Je déclare donc et je préviens que je choisirai les passages clairs et manifestes.
Si nous n'en trouvions pas dans les saintes Écritures, comment découvrir ce qui est caché ou éclaircir ce qui est obscur? Voyez, par exemple, comme il nous serait facile d'appliquer aux Donatistes, ou aux Donatistes de nous appliquer ce que , dit le Seigneur aux Pharisiens : "Vous ressemblez à des sépulcres blanchis, qui à l'extérieur offrent un aspect brillant, mais qui à l'intérieur sont remplis d'ossements et de pourriture; de même vous offrez aux hommes une apparence de justice, mais à l'intérieur vous êtes pleins d'hypocrisie et d'iniquité (1)".
Suffit-il de nous adresser ces reproches ? Ne faut-il pas montrer par des preuves bien claires quels sont ces hommes injustes qui veulent passer pour justes? Tout homme sensé dira qu'en agir autrement, c'est le fait d'une outrageante légèreté, et non point d'une sincérité qui porte la conviction. Le Seigneur s'exprimait de la sorte contre les Pharisiens, parce qu'il était le Seigneur; c'est-à-dire parce qu'il connaissait les cœurs, parce qu'il pénétrait et jugeait les plus secrètes pensées des hommes.
Pour nous, il nous faut trouver les griefs et les démontrer, si nous ne voulons encourir le reproche si grave d'une folle témérité. Qu'ils justifient donc leurs accusations, et alors nous consentirons à nous entendre appliquer ces reproches terribles et écrasants. Si à notre tour nous leur prouvons qu'ils sont coupables, nous serons en droit, après les avoir convaincus, de les accabler des reproches qu'adresse le Sauveur aux Pharisiens.
1. Matt. XXIII, 27, 28.
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: TRAITÉ DE L'UNITÉ DE L'ÉGLISE (Saint Augustin) - (AVEC TABLES DES MATIÈRES.)
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LETTRE AUX CATHOLIQUES CONTRE LES DONATISTES ou Traité de l'Unité de l'Église.
Par Saint Augustin
CHAPITRE V. ON DOIT ÉCARTER LES TEXTES OBSCURS ET RECOURIR A DES TEXTES CLAIRS ET PRÉCIS.
9. Mettons donc de côté tous les textes obscurs, et dont le sens est caché sous le voile des figures, puisqu'ils peuvent s'interpréter à leur avantage et au nôtre. Les esprits déliés peuvent juger et discerner quelle est la meilleure interprétation. Mais dans une cause qui tient les peuples en suspens, nous ne voulons pas que le sort de la discussion dépende de ces luttes d'esprit. Tous nous convenons que l'arche de Noé, qui devait sauver du déluge la famille du juste, après la destruction des pécheurs, était une figure de l'Église. Ce serait peut-être une simple conjecture de l'esprit humain, si l'apôtre saint Pierre ne nous le disait dans une épître (2).
Mais il est une chose que saint Pierre ne dit pas, c'est que toutes les espèces d'animaux se trouvaient dans l'arche, pour figurer qu'un jour l'Église comprendrait tous les peuples. Que nous le disions, nous, les Donatistes seront peut-être d'un autre avis, et interpréteront cette circonstance d'une autre manière. Que de leur côté ils veuillent interpréter en leur faveur quelque passage obscur et à double sens, il nous plaira peut-être, à nous, de l'expliquer selon l'intérêt de notre cause. Y aurait-il une fin à nos disputes ? Un de leurs évêques, à ce que l'on nous a dit, se trouvant à Hippone et s'adressant au peuple, a soutenu que l'arche de Noé était enduite de bitume à l'intérieur, pour ne point perdre l'eau qu'elle contenait, et à l'extérieur pour n'en point recevoir du dehors. A quoi tendait cette explication? Ne voulait-il pas faire entendre que le baptême ne peut sortir de l'Église ; ou que donné hors de l'Église, on ne doit point le regarder comme valide ? On a cru qu'il disait vrai; on a applaudi; on se plaisait à l'entendre, sans réfléchir à ce que l'on entendait, autrement il eût été facile de remarquer qu'une cloison qui ne livre point passage à l'eau par l'intérieur ne peut la laisser pénétrer du dehors, et que, si elle donne issue à l'eau de l'intérieur, elle laissera pénétrer celle du dehors.
Mais quand même ce qu'il dit d'une cloison serait exact, qui m'empêchera de donner un autre sens à cette circonstance du bitume qui enduit l'arche en dedans et en dehors; et alors où sera la vérité? Est-ce dans son explication, est-ce dans la mienne, est-ce dans une troisième qu'un autre donnera ? Il n'est pas déraisonnable de penser, on peut même regarder comme beaucoup plus probable que le bitume, qui colle si fortement et qui est si brûlant, figure la charité. Pourquoi est-il dit dans le psaume : " Mon âme s'est pour ainsi dire collée à toi (1)?" N'est-ce point parce que la charité est ardente ? La charité, nous devons , selon le commandement de Dieu, la pratiquer les uns à l'égard des autres et envers tous les hommes; et voilà pourquoi l'arche était enduite de bitume en dedans et en dehors .
Du moins il est écrit : « La charité supporte tout (2) »; et c'est cette force de tout supporter, véritable lien de l'unité, qui est signifiée par le bitume dont l'arche était enduite au dedans et au dehors car il faut supporter les méchants au dedans et au dehors, pour ne point briser le lien de la paix.
Donc, dans cette discussion n'ayons point recours à de semblables interprétations; cherchons des textes si clairs qu'ils nous découvrent manifestement l'Église de Jésus-Christ.
2. I Pierre, III, 20, 21.
1. Ps. LXII, 9.
2. I Cor. XIII, 7.
gras ajouté
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Par Saint Augustin
CHAPITRE V. ON DOIT ÉCARTER LES TEXTES OBSCURS ET RECOURIR A DES TEXTES CLAIRS ET PRÉCIS.
10. Il est écrit au livre des Juges : "Et Gédéon dit au Seigneur: Puisque vous sauverez Israël par ma main, comme vous me l'avez promis, voici que j'étends sur le sol ma toison de laine, et s'il s'y forme de la rosée, quand toute la terre sera sèche, je saurai que vous sauverez Israël par ma main, comme vous l'avez dit. Et c'est ce qui arriva. Gédéon veilla toute la nuit jusqu'au matin, et ensuite il pressa la toison, et il en découla assez de rosée pour remplir un bassin. Gédéon dit encore au Seigneur : Que votre fureur ne s'allume point contre moi, Seigneur. Je parlerai encore une fois, et je vous tenterai encore par cette toison : Que la toison demeure sèche, et que toute la terre soit couverte de rosée. Et Dieu fit ce prodige cette nuit-là encore, et la toison demeura sèche, et toute la terre fut couverte de rosée (1)".
Que figure ce récit et que représente-t-il? Le sol n'est-il point l'univers, et le lieu de la toison, n'est-ce point le peuple d'Israël? Nous le savons en effet, ce peuple fut autrefois inondé de la grâce des promesses divines, comme d'une rosée céleste; au lieu que toutes les nations d'alentour, privées de ce bonheur, étaient comme desséchées. Or, chez le peuple juif, ce présent était comme sur une toison, c'est-à-dire sur un voile et comme dans le nuage des promesses, parce que le secret de Dieu ne lui avait pas encore été révélé. Mais aujourd'hui nous voyons l'univers inondé de la rosée de la révélation divine par l'Évangile de Notre-Seigneur Jésus-Christ, que figurait la toison de Gédéon; et cette nation, maintenant privée du sacerdoce qu'elle possédait, nous apparaît comme assise sur une toison desséchée, pour n'avoir point compris le Christ dans les Écritures.
Ce n'est pas néanmoins dans de pareilles figures que je veux chercher l'Église, bien que pourtant elle y soit évidemment représentée. Oui, écartons les textes qui ont besoin d'interprétation, quand même cette interprétation serait facile; non pas qu'on arrive à de fausses conclusions, en les tirant, comme nous avons fait, de textes qui les enveloppent, pour ainsi dire; mais enfin ces textes demandent une explication, et.je ne veux pas qu'ils servent comme d'exercice à nos esprits.
Non, mais au contraire que la vérité elle-même se montre et parle bien haut, qu'elle brille de tout son éclat, qu'elle s'élance dans les oreilles les mieux fermées, qu'elle frappe les yeux des hypocrites ! Que personne ne puisse trouver une retraite pour y abriter sa fausse doctrine, mais que la vérité confonde tous les efforts de la contradiction, qu'elle brise toute l'audace des impudents.
1. Jug. VI, 36-40.
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gras et souligné ajouté
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CHAPITRE VI. QUE L'ÉGLISE DE JÉSUS-CHRIST DOIT REMPLIR TOUT L'UNIVERS.
11. O Donatistes, lisez la Genèse : "J'ai juré par moi-même, dit le Seigneur : Parce que tu as écouté ma parole, et que, à cause de moi, tu n'as pas épargné ce Fils que tu chérissais, je te bénirai, je multiplierai ta postérité ; elle sera aussi nombreuse que les étoiles du ciel, que les grains de sable qui couvrent, le rivage de la mer ; elle possédera comme son héritage les cités de tes ennemis, et dans ta race toutes les nations seront bénies, parce que tu as écouté ma voix (1)".
Que direz-vous à cela? Rivaliserez-vous de perversité avec les Juifs et prétendrez-vous comme eux que par la postérité d'Abraham il faut entendre seulement le peuple issu d'Abraham selon la chair ? Mais, si les Juifs ne lisent point l'apôtre saint Paul dans leurs synagogues, vous le lisez dans vos assemblées. Écoutons donc ce que dit cet apôtre. Il s'agit en effet de savoir ce qu'il faut entendre par la postérité d'Abraham. "Mes frères", dit-il, "je parle le langage des hommes ; toutefois on n'annule point, on ne réforme point le Testament d'un homme, quand une fois il est confirmé. Des promesses ont été faites à Abraham et à sa race. Il ne dit pas : Et à ses races, comme s'il s'agissait d'un grand nombre ; mais au singulier: Et à sa race, qui est le Christ (2)".
Voilà donc cette race dans laquelle seront bénies toutes les nations. Voilà le Testament de Dieu : ouvrez les oreilles. "On n'annule point", dit l'Apôtre, "on ne réforme point le Testament d'un homme, quand une fois il est confirmé". Pourquoi donc annulez-vous le Testament de Dieu, en disant qu'il ne s'est point accompli pour toutes les nations, et qu'il n'a plus son effet chez les peuples où était la race d'Abraham?
Pourquoi le réformez-vous en disant que le Christ n'a recueilli nulle part d’héritage promis par Dieu, si ce n'est là où Donat a pu le recueillir avec lui ? Nous ne savons ce que c'est que l'envie. Ce que vous dites là, montrez-le-nous dans la loi, dans les Prophètes, dans les psaumes, dans l'Évangile même, dans les épîtres des Apôtres, et nous vous croyons; oui, montrez-le-nous, comme nous vous faisons voir dans la Genèse et dans l'apôtre saint Paul que toutes les nations sont bénies dans la race d'Abraham, qui est le Christ.
1. Gen. XXII, 16-18.
2. Gal. III, 15, 16.
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gras ajouté
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CHAPITRE VI. QUE L'ÉGLISE DE JÉSUS-CHRIST DOIT REMPLIR TOUT L'UNIVERS.
12. Écoutez le même Testament adressé à Isaac, fils d'Abraham : "Il y eut une famine sur la terre, outre la famine qui eut lieu du temps d'Abraham. Or, Isaac alla trouver Abimélech, roi des Philistins, à Gerara ; et le Seigneur lui apparut et lui dit: Ne descends pas en Égypte, mais demeure dans la terre que je t'indiquerai; reste dans cette terre, et je serai avec toi et je te bénirai. Car je te donnerai toute cette terre à toi et à ta race; et je te ferai le serment que je fis à ton père Abraham ; et je te donnerai des descendants aussi nombreux que les étoiles du ciel; et je te donnerai toute cette terre à toi et à ta race; et toutes les nations de la terre seront bénies en ta race, parce que Abraham, ton père, entendit ma voix, observa mes préceptes, garda ma justice et mes lois (1)".
Que pouvez-vous objecter? La race d'Isaac, n'est-ce pas la même que celle d'Abraham, c'est-à-dire Jésus-Christ ? Y a-t-il un chrétien, quel qu'il soit, qui ne sache que le Christ selon la chair a pris naissance dans le sein d'une vierge de la tribu de Juda?
1. Gen. XXVI, 1-5.
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CHAPITRE VI. QUE L'ÉGLISE DE JÉSUS-CHRIST DOIT REMPLIR TOUT L'UNIVERS.
13. Écoutez la même promesse, faite aussi à Jacob: "Jacob s'éloigna du puits du serment et partit pour Charres, et arriva dans ce pays, et il s'endormit, car le soleil était couché, et il prit une des pierres qui se trouvaient en cet endroit; il y posa sa tête et s'endormit dans ce lieu. Et il eut une vision, et il vit une échelle appuyée sur la terre et dont le sommet touchait le ciel, et les anges de Dieu montaient et descendaient sur cette échelle, et le Seigneur y était incliné, et il dit : Je suis le Seigneur, le Dieu d'Abraham, ton père, et le Dieu d'Isaac. Ne crains rien ; la terre sur laquelle tu es endormi, je te la donnerai, à toi et à ta race.
Et ta race sera comme le sable de la mer, et elle se multipliera au-dessus de la mer et vers le midi, et vers l'Aquilon, et vers l'Orient; et toutes les tribus de la terre seront bénies en toi et en ta race. Et voici que je suis avec toi pour te garder dans tous les chemins par où tu passeras, et je te ramènerai dans cette terre : car je ne t'abandonnerai pas, jusqu'à ce que j'accomplisse tout ce que je t'ai promis (1)". Voilà cette promesse à laquelle vous résistez, voilà le Testament que vous annulez . Dieu dit : "Je ne t'abandonnerai pas, jusqu'à ce que j'aie fait tout ce que j'ai dit". Et vous, vous dites le contraire; vous voulez que nous ajoutions foi à tous vos griefs, contre un univers que nous ne connaissons point et qui ne nous connaît pas non plus ; vous voulez que nous ne croyions pas Dieu, lorsqu'il dit : "Je ne t'abandonnerai pas avant d'avoir accompli ma promesse".
1. Gen. XXVIII, 10-15.
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CHAPITRE VI. QUE L'ÉGLISE DE JÉSUS-CHRIST DOIT REMPLIR TOUT L'UNIVERS.
14. Montrez-nous dans les écritures canoniques les noms de ceux que vous accusez d'avoir livré les livres saints ; citez-nous à ce sujet des textes aussi clairs que ceux que nous avons tirés de la Genèse. Nous ne vous demandons pas ce que signifie cette pierre que Jacob mit sous sa tête pour dormir; ce que signifie cette échelle appuyée sur la terre et dont le sommet touchait le ciel ; ce que signifient ces anges de Dieu qui montent et qui descendent.
Nous laissons à de plus habiles, à de plus savants, le soin d'étudier ces circonstances, et d'en expliquer le sens au milieu d'un peuple paisible, loin du bruit sacrilège de cette contradiction, qui arme son impudence de l'obscurité du mystère et de l'énigme des textes. Il ne manque pas de cœurs fidèles auxquels le Seigneur veuille faire allusion ; ne dit-il pas, selon l'Évangile, après avoir aperçu cet Israélite en qui il n'y avait point de ruse, ne dit-il pas que Jacob, après avoir vu cette échelle, fut lui-même appelé Israël ?
Non, certes, il ne manque point d'âmes qui puissent être ainsi désignées par le Seigneur car il dit dans ce même passage : "Vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l'Homme (2)"; c'est-à-dire sur la race d'Abraham, en laquelle toutes les nations seront bénies. Mais je n'oblige personne à admettre cette interprétation.
Voici ce que vous devez entendre : "Ta postérité sera comme le sable de la terre, et elle se multipliera au-delà des mers, vers le Midi, vers l'Aquilon et vers l'Orient ; et toutes les tribus de la terre seront bénies en toi et en ta race ". Montrez-moi cette Église, si vous la possédez chez vous ; montrez-moi que vous êtes en communion avec toutes les nations qui ont été bénies dans cette postérité d’Abraham .
Oui, donnez-moi cette Église, ou bien, calmez votre fureur, et recevez-la, non pas de moi, mais de celui-là même en qui sont bénies toutes les nations. N'en citons pas davantage de ce premier livre de la loi. Qu'on le lise sans passion, avec le sentiment d'une religieuse charité, et on y découvrira bien d'autres preuves en notre faveur.
1. Gen. XXVIII, 10-15.
2. Jean, I, 47, 51.
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CHAPITRE VII. SAINT AUGUSTIN ÉTABLIT LA MÊME VÉRITÉ PAR LES TESTES D'ISAÏE, EXPLIQUÉS PAR SAINT PAUL.
15. Ouvrons maintenant les Prophètes que de témoignages manifestes en faveur de l'Église répandue dans toutes les, nations de l'univers ! Je me borne à quelques textes, laissant les autres à l'examen de ceux qui voudront consacrer leurs loisirs à les lire dans la crainte de Dieu. Recevons les réponses divines par la bouche du saint prophète Isaïe, et interrogeons ses paroles comme étant les oracles de Dieu. Imposons silence à ces violents et funestes débats des rivalités humaines : prêtons une oreille soumise à la parole du Seigneur.
Qu'Isaïe nous dise où la révélation divine lui a fait voir par avance la sainte Église de Jésus-Christ ; voyons dans ces paroles qui annoncent l'avenir ce qui s'accomplit de nos jours : "Toute la terre a été remplie", dit ce Prophète, "afin qu'elle connaisse le Seigneur ; afin que les eaux comblent le lit de la mer. Et en ce jour-là paraîtra la tige de Jessé, et Celui qui s'élèvera pour régner sur les nations : les nations espéreront en lui (1)".
Que cette tige de Jessé soit le Christ, issu de David selon la chair, nul chrétien, quel qu'il soit, ne l'ignore. Que si l'on veut disputer, il faut contredire l'apôtre saint Paul qui dans ses épîtres invoque ce témoignage d'Isaïe (2). Le Prophète dit encore : "Israël poussera des feuilles et des fleurs, et ses fruits rempliront la terre (1)". Israël était fils d'Isaac, petit-fils d'Abraham auquel Dieu promit que dans sa race toutes les nations seraient bénies; or, cette race, selon saint Paul, est Jésus-Christ. Le Christ est issu d'Abraham par Isaac et par Israël, et par ceux dont l'Évangile énumère les générations, jusqu'à l'avènement du Christ (2).
Donc ne pas admettre notre interprétation du texte d'Isaïe, c'est aller contre l'Évangile; il faut nier que le Christ soit issu d'Israël, pour oser nier ce que dit le Prophète : "Israël poussera des feuilles et des fleurs, et ses fruits rempliront l'univers". Isaïe dit encore : "Je suis le Dieu suprême, je suis présent à tout ce qui arrivera. Les nations ont vu, et les extrémités de la terre ont tremblé (3)". N'est-ce pas la même pensée que la sainte Ecriture exprime ailleurs en disant : "Je suis le premier et le dernier (4)", l'alpha et l'oméga, deux lettres qui, comme tous le savent, s'appliquent au Christ ?
Ce mot : "le dernier", Isaïe le remplace par ceux-ci : "Je suis présent à tout ce qui arrivera". C'est contredire cette révélation que de se refuser à croire, ou plutôt à voir l'accomplissement de cette prédiction : "Les nations ont vu, et les extrémités de la terre ont tremblé". Isaïe dit encore un peu plus loin : "Jacob est mon serviteur; je lui serai favorable ; Israël est mon élu ; mon âme l'a accueilli avec bienveillance. J'ai répandu sur lui mon Esprit ; il jugera les nations. Il ne criera pas, il ne se reposera pas, et on n'entendra pas sa voix au dehors. Il ne brisera point le roseau à demi rompu, il n'éteindra point le bois qui fume encore ; mais il prononcera son jugement selon la vérité. Il brillera d'un vif éclat, et ne sera point brisé, jusqu'à ce qu'il ait établi le jugement sur la terre ; et les nations espèreront en son nom (5)". C'est au Christ que conviennent ces paroles, et on les retrouve dans l'Évangile.
Aurez-vous assez d'audace pour rejeter un pareil témoignage ? Sinon, espérez en Jésus-Christ avec les nations, et ne vous séparez point de ces nations qui espèrent en lui ; ou si vous vous en êtes séparés, revenez à l'unité pour ne point périr.
1. Isa. XI, 9, 10.
2. Rom. XV, 12.
1. Isa. XXVII, 6.
2. Matt. 1.
3. Isa. XLI, 4, 5.
4. Apoc. XXII, 13.
5. Isa. XLII, 1-4.
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CHAPITRE VII. SAINT AUGUSTIN ÉTABLIT LA MÊME VÉRITÉ PAR LES TESTES D'ISAÏE, EXPLIQUÉS PAR SAINT PAUL.
16. Isaïe dit encore : "Et maintenant voici ce que dit le Seigneur : C'est lui qui m'a formé dans le, sein de ma mère pour être son serviteur, pour que je rassemble autour de lui Jacob et Israël ; je m'approcherai de lui et je serai comblé d'honneurs en sa présence, et mon Dieu sera ma force. Et il m'a dit : Ce sera pour toi une grande gloire d'être appelé mon serviteur, pour établir et les tribus de Jacob et pour convertir les enfants d'Israël. Et je t'ai placé, comme le testament de ta race, comme la lumière des nations, afin que tu sois le salut du monde jusqu'aux extrémités de la terre". Et un peu plus loin le même Prophète ajoute: "Voici ce que dit le Seigneur d'Israël : Je t'ai exaucé au temps convenable, et je t'ai assisté au jour du salut".
Après avoir rappelé ces paroles, l'apôtre saint Paul en fait voir l'accomplissement chez les chrétiens. Il dit en effet : "Voici maintenant le temps favorable; voici le jour du salut (1)".
Écoutons donc ce qu'ajoute Isaïe : "Je t'ai donné", dit-il, "pour être le testament des nations, pour que tu habites la terre et que tu possèdes l'héritage du désert". Puis il reprend bientôt la même pensée : "Voici qu'ils viendront de bien loin : ceux-ci de l'Aquilon et de la mer ; ceux-là du pays des Perses. Tressaille, ô ciel ; sois dans la joie, ô terre; que les montagnes fassent éclater leur bonheur : car Dieu a eu pitié de son peuple, et il s'est adressé aux humbles d'entre son peuple. Or, Sion a dit : Le Seigneur m'a abandonné et Dieu ne s'est point souvenu de moi. EST-CE QU'UNE MÈRE PEUT OUBLIER SON FILS? PEUT-ELLE NE PAS AVOIR PITIÉ DU FRUIT DE SES ENTRAILLES ? EH BIEN ! QUAND MÊME ELLE OUBLIERAIT SON ENFANT, CEPENDANT JAMAIS JE NE T'OUBLIERAI, DIT LE SEIGNEUR . Voici que j'ai décrit tes murailles sur mes mains; tu es en ma présence pour toujours, et bientôt tu seras construite par ceux qui t'ont renversée".
Le texte de l'Apôtre ne nous permet point d'appliquer ces paroles au peuple juif ; c'est aux chrétiens qu'il les applique. Que signifient donc ces expressions d'Isaïe : "Et bientôt tu seras construite par ceux qui t'ont renversée ?" Ne veut-il pas nous apprendre que, les rois de la terre, qui d'abord persécutaient l'Église, la protégeront ensuite ? Mais comme un grand nombre devaient mourir dans leurs iniquités, le Prophète ajoute : "Et ceux qui t'ont plongée dans la désolation, se sépareront de toi".
Puis il annonce que toutes les nations se joindront à l'Église : "Porte tes regards de tous côtés", dit-il, "et vois tous les peuples. Je vis, dit le Seigneur. Tous ces peuples formeront ton vêtement, et tu les arrangeras autour de toi comme la nouvelle mariée dispose ses ornements. Ceux que tu auras abandonnés, qui se seront corrompus, qui seront tombés, se trouveront réduits à la plus grande anxiété par ceux qui habitent dans ton sein : qu'ils soient rejetés bien loin de toi tous ceux qui te dévoraient. Voici ce que te diront les enfants que tu avais perdus : Nous sommes à l'étroit dans ce lieu : fais-nous maintenant une place où nous puissions séjourner. Pour toi, tu diras dans ton cœur : Qui donc m'a engendré ces enfants ? Car je sais que j'étais sans enfants et veuve. Qui donc à élevé pour moi ces fils ? Car j'ai été laissée seule ; et ceux-ci où étaient-ils donc ? Voici ce que dit le Seigneur: Je porterai mes mains sur les nations, et mes étendards sur les îles ; et j'amènerai tes fils dans ton sein ; et ils porteront tes filles sur leurs épaules. Les rois seront vos nourriciers ; les princesses seront vos nourrices ; ils te prieront prosternés la face contre terre, ils baiseront les traces de tes pas, et tu sauras que je suis le Seigneur, et tu ne rougiras pas (1)". Isaïe continue en ces termes : "Écoute-moi, écoute-moi, ô mon peuple ; et vous, rois, écoutez aussi : car c'est de moi que sortira la loi, et mon jugement sera la lumière des nations. Ma justice ne tardera pas à venir, mon salut partira bientôt, et les nations seront sauvées par mon bras (2)". De quel bras s'agit-il ?
Demandons-le aux écrits des Apôtres. L'apôtre saint Paul, après avoir mentionné le témoignage du même Prophète sur l'infidélité du peuple juif, sur ce crime qui empêche le Christ de se manifester à cette nation, ajoute ces mots : « Qui a cru à notre parole, et à qui le bras de Dieu s'est-il manifestés (3) ? » Le Prophète dit encore : « Que les déserts de Jérusalem tassent éclater leur joie. Car le Seigneur a eu pitié d'elle. Il a détruit Jérusalem. Mais il manifestera la puissance de son bras en présence de toutes les nations, et toutes les nations jusqu'aux extrémités de la terre verront le salut qui vient de Dieu (4)". Qui serait assez sourd, assez insensé, assez aveugle pour ne pas se rendre à de pareils témoignages ?
1. II Cor. VI, 2.
1. Isa. XLIX, 5-23.
2. id. LI, 4, 5.
3. Rom. X, 16; Isa. LIII, 1.
4. idLIX, 9, 10
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majuscules et gras ajoutés
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CHAPITRE VII. SAINT AUGUSTIN ÉTABLIT LA MÊME VÉRITÉ PAR LES TESTES D'ISAÏE, EXPLIQUÉS PAR SAINT PAUL.
17. Passons à des textes encore plus évidents. Les Écritures nous parlent de noces toutes saintes; l'Époux, c'est le Christ, l'épouse, c'est l'Église. Or, Isaïe décrit le caractère de l'un et de l'autre, pour que nous ne puissions nous méprendre ni sur l'époux ni sur l'épouse; se tromper sur l'un des deux, c'est les perdre tous deux. L'Écriture parle de ces noces comme d'une chose mystérieuse, ainsi qu'on le voit par ce texte de l'Apôtre : "Ils seront deux dans une seule chair (1)".
C'est l'Époux qui est décrit en premier lieu. Le Prophète entre dans de grands détails, et les Juifs n'ont rien à répliquer. Je ne veux point les rappeler tous. Remarquez seulement ce qui suit : "Il portera leurs péchés", dit-il, "et c'est pourquoi il en possédera un grand nombre comme son héritage ; il partagera les dépouilles des forts, parce que son âme a été livrée à la mort et qu'il a été compté parmi les criminels, et qu'il a soutenu les péchés d'un grand nombre, et qu'il a été livré pour nos iniquités (2)".
Toutes ces prédictions, toutes ces prophéties, vous le reconnaissez, ont été faites longtemps à l'avance sur Notre-Seigneur Jésus-Christ. Cet Époux, pourquoi a-t-il été livré à la mort, pourquoi a-t-il été compté parmi les impies, pourquoi un si prodigieux abaissement ? Qu'a-t-il obtenu par là, quel bien s'est-il procuré ? Qui aurait les oreilles assez dures pour ne pas l'entendre, qui serait assez grossier pour ne pas le comprendre, assez aveugle pour ne pas le voir ? "C'est pourquoi", dit le Prophète, "il possédera un grand nombre d'hommes, comme son héritage, et il partagera les dépouilles des forts, parce que son âme a été livrée à la "mort", et qu'il a été compté parmi les criminels". Comment donc vous glorifiez-vous de votre petit nombre, ô hérétiques, puisque Notre-Seigneur Jésus-Christ a été livré, afin de posséder le grand nombre comme son héritage ? Et quel est ce grand nombre? Quelle étendue de pays occupe-t-il? Écoutons la suite.
1. Eph. V, 31.
2. Isa. LIII, 11, 12.
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gras ajouté
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Par Saint Augustin
CHAPITRE VII. SAINT AUGUSTIN ÉTABLIT LA MÊME VÉRITÉ PAR LES TESTES D'ISAÏE, EXPLIQUÉS PAR SAINT PAUL.
18. L'époux et son caractère viennent de nous être annoncés. L'épouse va se montrer à son tour dans les paroles d'Isaïe. Étudions-la dans la vérité des Livres saints, et reconnaissons-la dans l'univers. Cette prophétie concernant la sainte Église, est aussi rappelée par l’apôtre saint Paul. Plus de refuge pour les ruses et les disputes des hérétiques. "Réjouis-toi, femme stérile qui n'enfantes point", dit-il, "tressaille, pousse des cris d'allégresse; les fils de la femme privée d'époux sont plus nombreux que ceux de la femme qui a un époux (1)".
Pourquoi, encore une fois, vous glorifier de votre petit nombre ? Ne sont-ils pas nombreux, ceux dont le Prophète disait tout à l'heure : "C'est pourquoi il possédera un grand nombre d'hommes comme son héritage ?" Quel est en effet son héritage, sinon son Église? "La femme sans époux", dit-il, "aura des fils en plus grand nombre que la femme qui a un époux". Cette femme qui a un époux c'est, au sens de l'Apôtre, la synagogue des Juifs qui avait reçu la loi. C'en est assez pour prouver ce que nous disons. Que les Donatistes comparent leur multitude uniquement composée d'Africains, établis en Afrique, avec la multitude des Juifs dispersés par toute la terre : ils verront combien ils leur sont inférieurs en nombre. Comment donc établir que c'est d'eux qu'il a été dit: "Les fils de la femme sans époux seront en plus grand nombre que ceux de la femme qui a un époux? ".
Qu'ils comparent ensuite la multitude des chrétiens répandus à travers toutes les nations, avec lesquels ils ne sont pas en communion; et qu'ils voient combien les chrétiens l'emportent par le nombre sur tous les Juifs. Ils pourront enfin comprendre que c'est dans l'Église catholique que s'est vérifiée cette prophétie: "Les fils de la femme sans époux seront plus nombreux que ceux de la femme qui a un époux". Admettons qu'on ne voie pas clairement quelle est cette femme ayant un époux, laquelle est inférieure pour le nombre des enfants à la femme sans époux : c'est du moins, à n'en pas douter, l'Église du Christ dont il est dit : "Les fils de la femme sans époux sont bien plus nombreux que ceux de la femme qui a un époux". Ne pas en convenir, c'est contredire, non pas moi, mais l'Apôtre.
1. Gal. IV, 27.
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À suivre…
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Re: TRAITÉ DE L'UNITÉ DE L'ÉGLISE (Saint Augustin) - (AVEC TABLES DES MATIÈRES.)
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LETTRE AUX CATHOLIQUES CONTRE LES DONATISTES ou Traité de l'Unité de l'Église.
Par Saint Augustin
CHAPITRE VII. SAINT AUGUSTIN ÉTABLIT LA MÊME VÉRITÉ PAR LES TESTES D'ISAÏE, EXPLIQUÉS PAR SAINT PAUL.
19. Mais d'où lui viendront ces fils si nombreux? Le Prophète nous l'apprend, quand il ajoute. "Car le Seigneur a dit : Étends la place de ta tente et de ton palais, plante des pieux, ne les épargne pas, allonge tes cordes, consolide tes pieux, étends ta demeure à droite et à gauche; et ta postérité possédera les nations, et tu habiteras les villes désertes. Ne crains rien, car tu prévaudras; et ne redoute rien, quand même tu auras été détestée. Tu oublieras ton éternelle honte; tu ne te souviendras pas de l'ignominie de ton veuvage : car je suis le Seigneur qui te fais : le Seigneur est le nom de Celui qui t'a délivrée, et le Dieu d'Israël sera appelé le Dieu de toute la terre (1)".
Voilà les bornes jusques auxquelles elle doit étendre ses cordes : le Dieu d'Israël sera appelé le Dieu de toute la terre. C'est d'elle encore que parle ailleurs le même Prophète, et c'est à elle qu'il s'adresse : "A cause de Sion je ne me tairai point, et à cause de Jérusalem je ne me reposerai point, jusqu'à ce que ma justice s'élance comme la lumière. Or, mon salut brûlera comme la flamme, et toutes les nations verront ta justice, et les rois verront ta gloire; et le Seigneur t'appellera du nom qu'il t'a donné lui-même; et tu seras comme une couronne brillante en sa présence, et comme un diadème royal dans la maison de ton Dieu; et on ne t’appellera plus délaissée, et la terre ne sera plus appelée un désert : Car tu seras appelée ma volonté, et ta terre s'appellera l'univers (2)". Peut-on exiger plus d'évidence ?
Ainsi, dans un seul prophète, que de témoignages, et quelle clarté dans ces témoignages ! Et cependant on s'obstine, on contredit non pas un homme, mais l'Esprit de Dieu, la vérité la plus manifeste ! Et cependant ceux qui se glorifient du nom de chrétiens, refusent à Jésus-Christ la gloire qui lui est due; ils ne veulent pas que l'on croie à l'accomplissement de ces prophéties, faites à son sujet, si longtemps à l'avance, lors même que les événements sont non plus annoncés, mais montrés, vus, possédés. Je ne veux pas rassembler dans cette lettre les témoignages que rendent tous les Prophètes à l'Église qu'ils annoncent, et avec lesquels concordent si bien les événements; j'aurais l'air de croire peu nombreux des textes si abondants néanmoins, qu'à lui seul Isaïe m'en fournirait assez pour prolonger outre mesure cet écrit.
1. Isa. LIV, 1-5.
2. id. LXII, I-1.
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CHAPITRE VIII. LA DIFFUSION DE L'ÉGLISE DE JÉSUS-CHRIST EST MONTRÉE CLAIREMENT DANS LES PSAUMES.
20. Citons donc maintenant quelques textes des psaumes, composés si longtemps avant le Christ, et réjouissons-nous de voir leurs prédictions accomplies. Et d'abord, que les Donatistes entendent ce que Pétilien, je ne sais pourquoi, a cité dans sa lettre, et ensuite qu'ils prononcent : "Le Seigneur m'a dit : Tu es mon Fils; je t'ai engendré aujourd'hui. Fais-moi une demande, et je te donnerai les nations pour héritage, et jusqu'aux extrémités de la terre pour ta propriété (1)". Jamais chrétien a-t-il douté que cette prophétie ait le Christ pour objet, et que par cet héritage il faille entendre l'Église elle-même? Mais elle doit renfermer dans les filets des mêmes mystères les bons et les méchants, et c'est pourquoi le Psalmiste ajoute : "Tu les gouverneras avec une verge de fer, et tu les briseras comme le vase du potier". N'est-ce pas la même justice toujours ferme, toujours inflexible qui dirige les bons, et qui brise les méchants?
1. Ps. II, 7, 8.
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À suivre…
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CHAPITRE VIII. LA DIFFUSION DE L'ÉGLISE DE JÉSUS-CHRIST EST MONTRÉE CLAIREMENT DANS LES PSAUMES.
21. Quel homme assez égaré, assez peu instruit des divins oracles, pour ne pas reconnaître l'Évangile, lorsqu'il entend chanter ces paroles du psaume : "Ils ont percé mes mains et mes pieds; ils ont compté tous mes os ? Pour eux ils m'ont considéré, ils ont porté sur moi leurs regards; ils se sont partagé mes vêtements, et ils ont jeté le sort sur ma robe (2)". L'Évangéliste, en racontant ce fait, ne s'est-il point rappelé ce témoignage ?
Or, ce supplice de la croix, ces prodigieux abaissements de la souveraine grandeur, cette effusion du sang innocent de l'Homme-Dieu, qu'ont-ils obtenu ? La suite du psaume va nous l'apprendre : "Tous les peuples de la terre se souviendront du Seigneur et se convertiront à lui; toutes les nations adoreront en sa présence: car au Seigneur il appartient de régner, et c'est lui qui dominera sur les nations (3)". L'Apôtre n'a-t-il pas montré qu'il s'agissait des prédicateurs du Nouveau Testament dans les paroles suivantes : Le son de leur voix a retenti par toute la terre, et leurs paroles ont retenti jusqu'aux extrémités du monde (4)?"
Et cet autre verset, n'est-ce pas à Jésus-Christ qu'il s'applique "Le Dieu des dieux, le Seigneur a parlé, et il a appelé la terre depuis le levant du soleil jusqu'à son couchant; c'est de Sion que vient l'éclat de sa beauté (1)?" N'est-ce pas Jésus-Christ qui prononce ces paroles: "J'ai dormi, après avoir été persécuté ?" Et comment le Christ a-t-il été persécuté? "Les dents des fils des hommes sont comme des armes et des flèches, et leur langue est comme un glaive acéré".
Quels sont ces enfants des hommes, sinon ceux qui s'écriaient : "Crucifiez-le, crucifiez-le (2)?" Pourquoi tant de souffrances ? Quel profit le Christ en a-t-il retiré ? Écoutez la suite: "Élevez-vous au-dessus des cieux, ô Dieu, et que votre gloire s'étende par toute la terre (3)". Ainsi donc le Christ a dormi dans sa passion; et en ressuscitant il s'est élevé au-dessus des cieux. Comment sa gloire s'est-elle répandue par toute la terre ? N'est-ce pas parce que son Église remplit le monde ? Eh bien ! hérétiques, ces deux pensées, si courtes, me donnent lieu de vous interroger sur toute la matière de nos discussions. "O Dieu", dit le Psalmiste, "élevez-vous au-dessus des cieux, et que votre gloire s'étende par toute la terre". Pourquoi proclamez-vous que Jésus-Christ a été élevé au-dessus des cieux, et ne voulez-vous pas être en communion avec sa gloire répandue par tout l'univers ?
2. Ps. XXI, 17-19; Matt. XXVII, 30; Jean, XIX, 24.
3. Ps. XXI, 28, 29.
4. Rom. X, 18; Ps. XVIII, 5.
1. Ps. XLIX, 1, 2.
2. Luc, XXIII, 21.
3. Ps. LVI, 5, 6.
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CHAPITRE VIII. LA DIFFUSION DE L'ÉGLISE DE JÉSUS-CHRIST EST MONTRÉE CLAIREMENT DANS LES PSAUMES.
22. Le psaume soixante et onzième est intitulé : "Pour Salomon". Mais les pensées qu'il exprime ne peuvent toutes convenir à ce roi de la terre, qui commit ensuite de si énormes fautes; et nous soutenons victorieusement contre les Juifs que ce psaume se rapporte à Jésus-Christ. Aucun chrétien ne le nie. Il renferme des textes, qui sans aucun doute, concernent le Christ; et on y peut reconnaître aussi l'Église répandue dans tout l'univers, après avoir soumis les rois au joug du Christ : "ET IL DOMINERA" , dit le Psalmiste, "DEPUIS LA MER JUSQU'À LA MER, ET DEPUIS LE FLEUVE, JUSQU'AUX EXTRÉMITÉS DU MONDE" Ce fleuve est le Jourdain, où l'Esprit-Saint est descendu sur lui en forme de colombe, et où une voix venue du ciel le manifesta aux hommes. Il est dit ensuite : "Les Éthiopiens tomberont devant lui, et ses ennemis baiseront la terre. Les rois de Tharsis et les îles lui offriront leurs présents; les rois des Arabes et de Saba amèneront leurs présents.
Tous les rois l'adoreront; toutes les nations le serviront". Et un peu plus loin : "En lui seront bénies toutes les tribus de la terre; toutes les nations le glorifieront. Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël qui seul a fait tous ces miracles. Béni soit son nom glorieux pour l'éternité et dans les siècles des siècles; et toute la terre sera remplie de sa gloire. Ainsi soit-il, ainsi soit-il !"
Allez donc maintenant, ô Donatistes 1, et criez Non, qu'il n'en soit pas ainsi, qu'il n'en soit pas ainsi ! Mais vous êtes vaincus par la parole de Dieu qui nous dit : "Qu'il en soit ainsi! qu'il en soit ainsi !" La voilà donc révélée dans les psaumes cette Église qui est répandue dans tout l'univers, et sur laquelle se repose la gloire de son Roi. C'est pourquoi son épouse est elle-même une reine, et c'est d'elle qu'il est écrit au quarante-quatrième psaume: "La reine s'est tenue à votre droite; elle était vêtue d'or et couverte des ornements les plus variés". La divine parole s'empresse de l'exhorter en ces termes : "Écoute, ma fille, et vois; incline ton oreille, et oublie ton peuple et la maison de ton père; car le Roi a recherché ta beauté, et ce Roi c'est ton Dieu. Remarquez les premières paroles qu'adresse la divine prophétie à l'épouse du Christ. "Écoute, ma fille, et vois".
Pour vous, vous ne voulez ni entendre ces prophéties, ni en voir l'accomplissement, mais vous les entendez et vous les voyez malgré vous . Écoutez donc ce que Dieu lui dit encore : oui, écoutez la prophétie qui prédit, et voyez-en la réalisation dans le monde entier. "A la place de tes pères", dit le psaume, "il t'est né des enfants; tu les établiras princes sur toute la terre". Que d'autres témoignages renferme sur ce point la sainte Ecriture ! Je les passe sous silence, mais ceux qui lisent nos saints Livres, les connaissent. Je les connais bien moi-même, et si je ne les cite pas, c'est pour ne point surcharger une lettre qui sollicite une réponse.
1Si saint Augustin écrivait ce commentaire aujourd'hui, il remplacerait "Donatistes" par Intrus, Montiniens, etc...
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CHAPITRE IX. RÉPONSE A CETTE OBJECTION DES DONATISTES LES HOMMES ONT EMPÉCHÉ LA RÉALISATION DE CES PROPHÉTIES.
23. Peuvent-ils rien objecter contre les textes de la loi, des Prophètes et des psaumes, concernant la diffusion partout l'univers de cette Église qu'ils aiment mieux combattre dans leur perversité, que de reconnaître en sortant de leur erreur ? Que peuvent-ils objecter? Que ces textes sont faux ? Qu'ils sont obscurs ? Mais ils n'osent dire qu'ils sont faux. Le poids d'une pareille autorité les écrase. Ils en reconnaissent donc la vérité; mais ils prétendent qu'ils ne peuvent se réaliser. Et n'est-ce pas taxer de mensonge une prophétie, que de regarder comme impossible, l'accomplissement de ses prédictions.
C'est dire en effet qu'il y a là non pas une prophétie, mais une fausse prophétie. Et si vous leur demandez pourquoi ces prophéties ne peuvent s'accomplir, ils vous répondent : "C'est que les hommes ne le veulent point. L'homme, en effet, a été créé avec le libre arbitre; et s'il le veut, il croit en Jésus-Christ; s'il ne le veut pas, il n'y croit point; s'il le veut, il persévère dans sa foi; s'il ne le veut pas, il n'y persévère point. Et c'est pourquoi, comme l'Église commençait à se répandre dans l'univers, les hommes n'ont point voulu persévérer, et la religion chrétienne a disparu du milieu des nations. Elle n'est demeurée que dans les sectateurs de Donat 1"
Est-ce que l'Esprit de Dieu ne connaissait point les volontés des hommes dans l'avenir ? Qui serait assez insensé pour le nier ? Pourquoi donc ne prophétisait-il pas ce que feraient un jour les volontés des hommes ? Si pour être prophète il suffit de faire de semblables prédictions, libre à chacun de prophétiser; si les prédictions ne se réalisent pas, on pourra toujours répondre : "Les hommes ne l'ont pas voulu. Car les chrétiens ont le libre arbitre en partage". C'est ainsi que l'on aurait dû prédire que le Christ mourrait, non pas sur la croix, mais par le glaive. L'effet n'aurait point suivi la prédiction; mais on aurait répondu : "En quoi me suis-je trompé ? Les hommes, en vertu de leur libre-arbitre, n'ont pas voulu traiter Jésus-Christ comme je l'avais annoncé, et ils ont fait ce qu'ils ont voulu." Ne voit-on pas que le champ est ouvert à mille prophéties de cette nature, ou plutôt ne voit-on pas que tout homme peut être prophète ? Peut-on douter que Judas, s'il l'eût voulu, n'eût point trahi le Christ; que Pierre, s'il l'eût voulu, ne l'eût point renié par trois fois ? Mais la prophétie a dit vrai à leur sujet, parce que Dieu prévoit les futures volontés des hommes.
1 Aujourd'hui, saint Augustin eût écrit: Montini, Wojtly, Ratzou, etc...
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CHAPITRE X. JÉSUS-CHRIST PAR SES PAROLES A CONFIRMÉ CES PRÉDICTIONS DES PROPHÈTES ET ANNONCÉ QUE SON ÉGLISE SE RÉPANDRAIT PAR TOUT L'UNIVERS.
24. Les cœurs mêmes les plus insensibles sentent la force de ces témoignages. Néanmoins écoutons maintenant la parole du Verbe lui-même, cette parole sortie de la bouche du Verbe incarné. Lorsque, après sa résurrection, il offrait à ses disciples qui doutaient encore, son corps à toucher, à palper, lorsqu'il eut accepté de leurs mains et mangé la nourriture qu'ils lui présentaient, il leur dit : "Telles sont les paroles que je vous ai adressées, lorsque j'étais encore avec vous; je vous disais que tout ce qui avait été écrit à mon sujet dans la loi, dans les Prophètes et dans les psaumes devait s'accomplir". Or, n'est-ce pas au sujet du Christ qu'ont été écrits tous les passages que nous avons cités de la loi, des Prophètes et des psaumes, ainsi que nous l'avons fait voir dans le détail ?
Donc, puisque la Vérité (1) même nous dit : "Il fallait que tout fût accompli " comment les Donatistes 1 peuvent-ils le nier, sans être hérétiques ? S'ils trouvent ces prophéties obscures, écoutons le Chef lui-même, cet auteur de toute vérité, nous manifester son propre corps. Jésus-Christ avait dit : "Il fallait que tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi, dans les Prophètes et dans les psaumes fût réalisé ". Ce mot: " A mon sujet ", doit-il s'entendre aussi de l'Église ? C'est une question que nous pouvions faire à raison de cette parole de l'Écriture : "Ils seront deux dans une seule chair (2)".
Or, pour que nous sachions bien que les divins oracles sont vrais, non-seulement quand il s'agit du chef, mais aussi quand il s'agit du corps, l'Évangéliste poursuit en disant : "Alors il leur ouvrit l'esprit, pour qu'ils comprissent les Écritures, et il leur dit : C'est ainsi qu'il a été écrit ; c'est ainsi que le Christ devait souffrir et ressusciter le troisième jour". Voilà le chef manifesté, ce chef qui donnait son corps à toucher à ses disciples.
Voyez ce que l'Évangéliste ajoute au sujet du corps qui est l'Église, de manière que nous ne puissions nous tromper ni sur l'Époux, ni sur l'épouse. "Ils prêcheront en son nom la pénitence et la rémission des péchés dans toutes les nations, en commençant par Jérusalem (1)". Quoi de plus vrai que cette parole, quoi de plus divin, quoi de plus évident ? C'est à regret que j'en fais ressortir la valeur, et les hérétiques ne rougissent pas de l'attaquer dans leurs discours.
1. Jean, XIV, 6.
2. Gen. II, 24.
1. Luc, XXIV, 41-47
1 Saint Augustin eût écrit aujourd’hui : Montini, Wojty, Ratzin, etc…
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gras, et note ajoutés
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