LA RELIGION DE COMBAT PAR L’Abbé Joseph LÉMANN

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Message  Monique Lun 11 Déc 2023, 8:22 am

Pauvres cœurs qui me lirez et qui avez conscience d’avoir accumulé péchés sur péchés, ne reconnaissez- vous pas qu’il s’est formé, creusé, au dedans de vous, comme un abîme intérieur? Eh bien, c'est lui, cet abîme, qui s’emplit peu à peu de ce suintement des choses et de leurs larmes, au point d’en former comme un lac d’amertume. Et alors, à certaines phases de la vie, dans ces heures de grand découragement, où l’homme se prend à se pencher en lui-même pour regarder dans l’abîme de ses peines et de ses souvenirs, l’amertume de toutes ces larmes rassemblées se fait sentir : et l’homme épouvanté tressaille, détourne la tète et se jette en arrière. Et cependant l’amertume n’est pas tout ce qu’elle pourrait être, parce que, tant que dure la vie, la main de Dieu est là, miséricordieuse, qui comprime et retient le lac amer entre ses bords pour l’empêcher de déborder.

Mais lorsqu’un jour Dieu voudra former l’enfer dans une âme réprouvée, à cette heure suprême où il n’y aura plus de ménagement : pour former l’enfer, Dieu n’aura qu’à lâcher l’écluse! L’Écriture dit : Le Seigneur a ouvert le puits de l'abîme ; les larmes amoncelées, rassemblées de toutes les tristesses et de toutes les choses, se répandant alors librement et n'ayant plus de bords, la pauvre âme sera comme noyée en elle-même, perdue, abreuvée dans une amertume sans fonds. Bossuet peint cet état par un mot: l'âme ne sera plus qu'un pleur!

Et ainsi, en résumé, par le péché :
A la place de la vérité dans l'intelligence, le mensonge ;
A la place de la bonté dans le cœur, les glaces de l’égoïsme et de la dureté ;
A la place du paradis de la conscience, la honte, et des abîmes de noir et de tristesse ;

N’est-ce pas la nuit de l’âme? nuit épaisse, qui donne peur, ou l'on croit entendre déjà le ricanement du spectre infernal qui attend sa proie ; oh ! comme on se jetterait avec reconnaissance dans des bras libérateurs !


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Message  Monique Mar 12 Déc 2023, 8:17 am

V


En face de cette grande misère du péché ou mal moral, on aperçoit, à cette heure de l'histoire, les attitudes différentes de trois doctrines : l’horrible sang- froid ou cynisme du pharisaïsme moderne ; l’impuissance séculaire du judaïsme et du protestantisme ; la miséricordieuse intervention de l’Eglise catholique.

Le pharisaïsme moderne.
Qui eût jamais pensé qu’un jour viendrait où les vieux pharisiens de Judée, si perfides et si retors, seraient pourtant dépassés! On sait ce qu’était le pharisaïsme dans l’antiquité. IL consistait, non pas précisément à se tromper soi-même, mais à tromper les autres ; car il reconnaissait parfaitement le mal en lui-même, le mal avec ses rides et ses laideurs ; seulement il était habile à les dissimuler au dehors en les enveloppant des apparences du bien. Ce pharisaïsme, en un mot, était un sépulcre blanchi, comme l’a stigmatisé Jésus-Christ lui même; mais, au moins, le sépulcre n’était-il blanchi qu’au dehors.

Tandis que, dans le pharisaïsme moderne, ce n’est plus seulement au dehors qu'on veut blanchir le sépulcre, c’est au dedans ; ce n’est plus seulement dans la personnalité que le mal est nié, mais le mal en soi, le mal intrinsèque. « Le mal, s’écrient les pharisiens modernes, le mal, mais c’est une chimère! Il vous plait d’appeler certaines choses du nom de mal, certaines autres du nom de bien. Ce qui fait le mal, c’est la défense, c’est la limite. Supprimons la limite, supprimons la défense, et nous supprimerons le mal. Nous étions timides et hésitants dans la glorification des sens : limite absurde! De même qu'on glorifie l'esprit et le cœur, on peut en faire autant pour les sens. Glorifions-les, glorifions tout dans notre nature, car tout est bon dans la nature humaine! »

Telle est la négation intrinsèque du mal, tel est le langage osé des pharisiens modernes.



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Message  Monique Mer 13 Déc 2023, 8:54 am

Toute controverse est inutile, serait de trop, avec pareille cohorte, digne de faire suite à la cohorte conduite par Judas! Au surplus, c'est le mal lui-même qui se charge de donner à ces audacieux un démenti formidable. Car, tandis qu’on veut le blanchir et l’effacer au dedans, lui, le mal, fait irruption au dehors, et il s’affirme à tous les regards sous deux formes terribles qui s'appellent le suicide et la folie. Le suicide et la folie, dont les cas se multiplient d’une manière effrayante, se multiplient d'autant plus que de parricides doctrines réhabilitent davantage les passions et la jouissance ; le suicide et la folie qui venant à s’emparer des foules se nommaient, il y a vingt ans en France, l’incendie de Paris !

Le suicide et la folie, ces deux effroyables attestations du mal, ah! qu’on commence par les faire disparaître, et ensuite il sera permis d’écrire dans les feuilletons et les romans, permis d’écrire, en parlant des passions et de la jouissance, que tout est bon dans la nature humaine!

Au-dessus de cette doctrine malsaine, dans une région meilleure, viennent se placer les religions qui reconnaissent le mal, mais qui restent impuissantes à le guérir : le judaïsme et le protestantisme. Il semblerait même que la misère morale, à mesure qu’elle grandit, fasse ressortir davantage l'impuissance séculaire de ces deux religions. S’inspirant toutes deux de la Bible, elles répètent, l’une comme l’autre, ce chant plaintif de Job, le patriarche de l’Idumée : L’homme né de la femme vit très peu de temps, et il est rempli de beaucoup de misères. Il naît comme une fleur qui n’est pas plutôt éclose qu' elle est foulée aux pieds; il fuit comme l'ombre, et il ne demeure jamais en un même état...

Qui peut rendre pur celui qui est né d'un sang impur? N’est-ce pas Vous seul qui le pouvez 1 ? Mais, hélas! après avoir fait entendre sur les misères de leurs enfants ce chant de douleur, la religion juive et la religion protestante les laissent sans secours. « C’est vers Dieu seul qu’il faut aller, disent-elles, c’est Dieu qu'il faut implorer; car il n’y a que Dieu seul qui puisse remettre les péchés. » — Ah ! oui, ô protestantisme, et toi, ô judaïsme, « il n’y a que Dieu seul qui puisse re mettre les péchés » ; avec vous, nous le reconnaissons et le proclamons bien haut : il n’y a que Dieu seul qui puisse remettre les péchés. Mais qui me dit, à moi cœur brisé par le remords, à moi qui répète cent fois le jour : Pardon, mon Dieu ! ô pardon ! qui me dit, qui m’assure que j’ai suffisamment gémi et pleuré ; qui me dit que Dieu m’a pardonné, et à quelle heure son pardon est descendu sur ma tête!... Ah! ne voyez-vous pas que j’ai besoin d’entendre une réponse, qui vienne frapper mon oreille ; une réponse sensible, vibrante comme mon aveu ; que j’ai besoin, en un mot, d’avouer devant quelqu’un, afin que quelqu’un me pardonne?


1 Job, XIV, 1-2-4.



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Message  Monique Jeu 14 Déc 2023, 8:46 am

O protestantisme, ô judaïsme, quelle que soit la part de vérité qui puisse encore se trouver en vous, vous m’apparaissez comme cette femme de la Bible, cette pauvre mère à qui l’enfant de ses entrailles, mourant de soif au désert, demandait de l’eau pour apaiser sa soif dévorante :

Agar, dit la Genèse, laisse son fils couché sous un des arbres qui étaient là, s'éloigne d’un trait d'arc, s’assied vis-à-vis en disant : Je ne verrai point mourir mon enfant. Et elle se met à pleurer.

« Ma mère, ne me laisse, pas mourir! » dira à la religion protestante un pauvre protestant inquiet et torturé par ses fautes comme par une soif ardente ;

« Ma mère, ne me laisse pas mourir! » dira à la synagogue un pauvre enfant d’Israël mourant de soif sur le sable d’or de ses richesses, « ne me laisse pas mourir ! »

Mais Agar s’éloigne, s’éloigne, en cachant sa faiblesse et ses larmes... Il n’y a qu’une mère compatissante à qui Dieu ait révélé et confié la source d’eau vive, et cette mère, c’est l’Eglise catholique !


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Message  Monique Ven 15 Déc 2023, 6:45 am

VI


L’Eglise catholique fait jaillir deux sources d’eaux vives, qui ne demandent qu’à s’épancher : l’une, des lèvres de l’homme ; l’autre, du cœur de Jésus-Christ; elles se nomment l'aveu et l'absolution. Ah! ne sont-ce pas là deux sources de lumière et de tendresse, dont le judaïsme et le protestantisme ne savent pas profiter pour les enfants des hommes en détresse : l’Eglise catholique y puise pour eux la paix et l’honneur. En effet, l’aveu, d’abord, réhabilite l'homme pécheur; l’aveu le replace dans sa dignité première :
non seulement parce que l’aveu rétablit en nous l’harmonie entre notre intelligence et la vérité, entre notre cœur et la bonté, et l’harmonie dans notre conscience; mais parce que cette harmonie ne se rétablit que par un acte héroïque, et l’aveu est cet acte d'héroïsme, comme précédemment le péché avait été un acte de faiblesse.

Oui, il faut le reconnaître, il y a de l’héroïsme dans cet aveu, souvent très pénible, et qui est tout volontaire et spontané; de l’héroïsme, dans cet aveu qui se fait à genoux, mais hâtons-nous d’ajouter :
qui humilie sans abaisser. O hommes qui avez le courage de vous agenouiller et de vous accuser sur ce trône de planches où siège le ministre de Dieu, ah ! vous ne vous doutez pas du frémissement d’admiration qui saisit le prêtre lorsqu’il contemple en vous l'ange tombé qui se relève ! Vous ne vous doutez pas de l’estime large, catholique, qu’il ressent pour vous lorsqu’il contemple vos larmes, vos sanglots, l’effort de votre aveu :
à ce moment, pour l’heureux prêtre, témoin et confident de votre courage, il se fait comme une vision du ciel. En effet, le royaume du ciel souffre violence, a déclaré le Christ, et il n'y a que les violents qui puissent le conquérir. Sainte violence des prédestinés, nécessaire pour monter aux cieux, vous êtes belle et variée de bien des manières, dans l’étendue de l’Eglise catholique et romaine :
belle dans la palme aux mains du martyr, belle dans le voile au front de la vierge du cloître, belle dans les pieds nus du religieux mendiant ! Mais jamais, ô sainte violence des prédestinés, vous n’apparaissez plus belle que lorsqu’un vieillard à tête blanche ou une Madeleine en pleurs vient se placer à des pieds arrêtés par la la miséricorde. A cet ineffable moment de la vie du prêtre se renouvelle en quelque sorte, pour lui, la vision de Jacob à la pierre de Béthel : il vit, le patriarche, il vit des anges qui, sur une échelle mystérieuse, descendaient et montaient, montaient et descendaient sans effort. Le prêtre a une vision supérieure à celle de Jacob : car, dans ce front blanchi et courbé, ou dans cette Madeleine en pleurs, il contemple au bas de l’échelle un ange ! un ange qui sanglote et se fait violence pour remonter de ses fautes vers l’éternelle Beauté et dans les bras de l’éternelle Bonté !


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Message  Monique Sam 16 Déc 2023, 8:33 am

Après l’aveu, l'absolution. L’aveu a été l’effort, le travail de l'homme pénitent ; l’absolution sera le fruit ou l’application du travail de l’Homme Dieu. Le pénitent a mis courageusement la main à la reconstruction de sa dignité personnelle, Dieu va y mettre la sienne :
Quelle parole que cette parole Ego te absolvo, moi je t’absous ! On est saisi par sa brièveté et par sa hardiesse. Tout de suite on la reconnaît comme devant appartenir à la famille de ces paroles scripturaires, courtes, toutes puissantes, qui opèrent à l'instant ce qu'elles expriment (1) à la famille des paroles comme celles-ci :
FIAT LUX, ET FACTA EST LUX : Que la lumière soit, et la lumière fut ;
HOC EST CORPUS MEUM : Ceci est mon corps ;
TU ES PETRUS : Tu es Pierre ;
EGO TE ABSOLVO : Moi, je t’absous.

Voilà la parenté de cotte étonnante parole; mais voici maintenant sa signification. Un prêtre étend sa main droite sur la tète d’un pénitent incliné, et il dit :
Ego, moi: moi qui te suis présent, moi homme comme toi, que tu vois et que tu entends, afin qu’à jamais tu saches bien qu’à tel jour et à telle heure il y a eu, de ta part, une suprême ouverture de tes fautes, et, sur ces fautes, une suprême réponse; afin que tu saches bien que cette réponse n’a pas été un fantôme de ton imagination, ni même une voix céleste dont les accents inconnus pourraient encore te laisser dans la perplexité; mais la réponse de moi, la réponse d’un homme dont tu étais venu humblement implorer le secours;

Et d’autre part moi, toujours moi, qui ne suis pas seul, mais qui, dans ma personne humaine consacrée par le baume sacerdotal, tiens la place de Jésus-Christ ; moi en quelque sorte le prolongement du Christ, sacerdos alter Christus; moi vers qui, ô mon frère, ô pénitent de Dieu, si un séraphin venu du ciel t’apparais sait pour me disputer l'honneur et la consolation d’entendre ton aveu, moi vers qui il faudrait hardiment te porter, parce que c’est à moi, c’est à l’homme et non pas à l’ange que le Seigneur a conféré le pouvoir de pardonner : Il nous a confié le ministère de la réconciliation 1 ;
Moi donc homme et mandataire du Christ : En face de toi : de toi qui as pris courageusement ton pauvre cœur à deux mains, et qui l’as retourné pour le verser dans le mien; oh! de toi qui t’inclines vers moi, comme moi je m’incline vers toi ;

Moi et toi :
Absolvo, je t’absous, je te délie du péché qui t’étreint, je te délivre du poids qui t’étouffe... Moi, je repousse dans la mort ce qui en toi était déjà au pouvoir de la mort ; je refoule dans les ténèbres ce qui en toi était déjà gagné par les ténèbres ; absolvo, au nom de Jésus-Christ et en vertu de sa toute-puissance qu’il m’a confiée, je t’absous, ta vie passée ne compte plus;
Et de même qu’au matin de mon sacrifice eucharistique à l’autel, sous cotte parole de la consécration, sous ce tonnerre de mes lèvres « hoc est corpus me un, ceci est mon corps », la matière du pain s'était précipitée, obéissante, dans le changement de substance où elle devient le corps de Jésus-Christ lui-même;
Au soir de ce même jour, sous cet autre tonnerre de mes lèvres : ego te absolvo, moi jo t’absous, le péché s’est enfui ; du péché il n’y avait plus la trace, plus même le souvenir ni devant Dieu ni devant son prêtre; et le pénitent incliné relevait lentement sa tète, il la relevait dans l'honneur et dans la liberté !


1 Saint Léon.
1 Deuxième Epître aux Corinthiens, chap. , 18.




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Message  Monique Dim 17 Déc 2023, 8:40 am

0 séparation des ténèbres d’avec la lumière au sein de l’âme humaine, que tu rappelles bien celle du matin de la création, alors que Dieu rangeait d’un côté la lumière et de l’autre côté les ténèbres!

L’Eglise a reçu cette toute-puissance de son divin Fondateur, et elle en investit chacun de ses prêtres.

Aussi, à toute minute du temps, et sur n’importe quel point de l’espace, il y a un prêtre, placé là par la miséricorde, pour répéter aux désespérés, à ceux qui disent qu’il est trop tard pour se repentir :

Jusqu'au dernier soir de la vie, la tige de l'espérance est encore verte; la fleur du repentir y peut éclore 1 !

« Trop tard », dites-vous;
Mais, entre TARD et trop TARD, il y a un abîme il y a le sang de Jésus-Christ!


1 DANTE.



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Message  Monique Lun 18 Déc 2023, 8:15 am

LIVRE DEUXIÈME


LES ENFANTS DE LUMIÈRE



****


CHAPITRE PREMIER


COMMENT SE DÉVELOPPE L’ENFANT DE LUMIÈRE

— I. Notre être lumineux ne nous est donné qu'à l'état de germe ou de commencement. La belle loi du développement dans la lumière, d’après saint Paul.
— II. Développement dans la lumière par la loi : les clartés de la foi et la ferveur de la vie de la foi. Recommandation faite aux Israelites : « Souvenez-vous de la montagne ardente »; » recommandation faite aux chrétiens : « Souvenez-vous de vos beaux jours de ferveur. »
— III. Développement par la pureté : elle est illuminative, pour tous les détails de notre être. Rosée de lumière qui sous le christianisme, a fait jaillir les lis dans la nature humaine. La candeur des enfants est sacrée.
— IV. Développement par la charité : elle dissipe en nous les ombres survenues, les défaillances momentanées, et, de plus, elle rayonne doucement sur le prochain.
— V. Rejaillissement, au dehors et au loin, de tout ce bel état interne : le chrétien est l'homme digne par excellence, seul droit, au milieu des autres hommes courbés ou dégradés.



I

Les camps sont tranchée. Grâce aux enseignements des pontifes romains, et grâce aussi aux événements qui forcent tout homme à sortir de la neutralité et à se définir, on sait maintenant parfaitement où se tiennent les enfants de lumière et où s’assemblent les fils de ténèbres.

Avant de les voir aux prises et de décrire leurs luttes, donnons-nous la consolation de regarder de près les enfants de lumière; la prudence nous fera aussi considérer les fils de ténèbres.

On devient enfant de lumière par le baptême ; on le redevient par le sacrement de pénitence : nous l’avons prouvé. C’est le baptême ou la naissance selon la grâce qui fournit aux chrétiens leur constitution lumineuse. Toutefois ce magnifique état n’est que commencé.

En effet, la sainte Écriture a soin de nous avertir que nous ne sommes ici-bas qu’un commencement de la créature de Dieu 1. Nous recevons notre être à l’état de germe ou de commencement, il faut qu’il se développe : comme la plante, qui avant de devenir fleur ou fruit part d’une graine ; comme le jour, qui avant d’atteindre son milieu ou plein midi part d’un petit point lumineux sur l’horizon. Conséquemment, le chrétien, lui aussi, eu recevant le saint baptême, n’est encore qu’un enfant de lumière commencé. Il faut qu’il se développe, qu’il grandisse. C’est à ce développement que faisait allusion saint Paul, lorsqu’il ne cessait de répéter dans ses Épîtres aux premiers chrétiens : qu’il y a une marche dans la lumière, marchez comme des enfants de lumière 2; qu'il y a une nourriture et des fruits de lumière, la bonté, la justice, la vérité 3. qu’il y a une armure de lumière, revêtons-nous des armes de lumière 1. Ces exhortations de saint Paul avertissent évidemment tous les chrétiens qu’ils doivent travailler à développer leur belle constitution lumineuse commencée : allons ! nobles enfants, développez-vous ! Mais quels sont les moyens, quels sont les secours qui aident le chrétien à développer, à épanouir son germe divin, son aptitude à devenir davantage enfant de lumière ? Il est consolant de l’apprendre, et, plus encore, de le pratiquer.


1 Initium aliquod creaturea ejus (Jacob, I , 18).
2 Ut filii lucis, ambulate (Ephes., V, 8).
3 Fructus lucis est in omni bonitate et justitia, et veritate (ibid., 9).
1 Induamur arma lucis, (Rom , XIII, 12)




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Message  Monique Mar 19 Déc 2023, 7:16 am

II

Ce qui, en premier lieu, développe dans le chrétien les glorieux germes de lumière déposés en lui par le baptême, c’est la foi et la vie de la foi.

En effet, la foi éclaire notre intelligence. Ne dit on pas : le flambeau de la foi. A ses divines lueurs, le chrétien apprend d’où il vient et où il va. Il apprend qui a fait l’air qu’il respire, le panorama qu'il contemple, la gerbe de blé qu’il cueille, le chemin qu’il foule, et le pavillon étoilé qui s’étend sur sa tète. Il apprend ce qu’est Dieu : un dans son essence, mais société dans ses personnes, Père, Fils et Saint-Esprit. Il apprend qu’il est devenu lui-même enfant de Dieu par adoption, grâce au Fils de Dieu qui, en se faisant homme, est devenu son frère et son ami. Il apprend enfin qu’il y a une vie éternelle, et qu’elle consistera avoir face à face et à posséder cœur à cœur ce Dieu un en trois personnes, qu’il aura aimé sur la terre et adoré sous les voiles de la foi. Il apprend et croit tout cela. Or, tout cela, n’est-ce pas, pour le chrétien, avoir son front dans la lumière? « L'œil du monde ne voit pas plus loin que la vie, disait le saint curé d’Ars, l'œil du chrétien voit jusqu'au fond de l'éternité. » C’est bien vrai. Posséder la foi, c’est voir, c’est percer jusqu’au fond de l’éternité 1 !

La foi éclaire, de la façon que je viens de dire, l'intelligence de tout homme. Elle est flambeau universel. Le bûcheron et l’artisan sont, dans la connaissance des choses éternelles, autant fils de lumière que le philosophe le plus profond. Voilà pourquoi un savant chrétien disait : Savoir, c'est peut-être se tromper. Croire, c'est sagesse et bonheur.

Toutefois, dans l’intelligence du savant, la foi produit un deuxième résultat lumineux, celui-ci : elle aide puissamment au progrès des sciences et des découvertes de ce monde. Quelle justesse dans cette large et saisissante comparaison dont se sert Ozanam pour indiquer les bienfaits de la foi dans les écoles catholiques, depuis l’humble école du soir jusqu’à l’Académie :

« Comme l’aigle, dit-il, enlève son aiglon dans les airs pour lui apprendre à fixer des yeux le soleil, et de même que, habitué à contempler face à face l’astre bridant, le jeune oiseau plonge ensuite un regard plus assuré vers la terre et distingue plus aisément sa proie au fond de l’abîme : de même la foi, s’emparant de l’esprit humain dès l’heure de son premier réveil, le fait planer dans les régions les plus élevées de la pensée, accoutume son œil aux contemplations les plus éblouissantes et exerce ses forces aux méditations les plus ardues. Alors, si l’esprit de l’homme redescendu de ces hauteurs veut à son tour explorer les régions de la science, il les par court sans effort, il s’y meut sans peine, il distingue avec rapidité la vérité sur laquelle il peut se reposer, il s’y attache avec persévérance ; et les premiers bien faits qu’il recueille dans cette éducation de la foi, dans ce commerce journalier des idées religieuses, ce sont des habitudes méditatives et sévères, une portée de vue large et profonde, et une droiture exquise de jugement. » Voilà bien, présentés dans un chaleureux raccourci, les bienfaits de l’éducation de la foi. Dix-neuf siècles d’expérience nous permettent d'affirmer fière ment que la foi nous rend maitres de notre intelligence; que par elle, l’œil du chrétien non seulement voit jus qu’au fond de l’éternité, mais se promène avec aisance au milieu des sciences de la terre : nous permettent d’affirmer que, par elle, les écoles catholiques ont vu se lever dans leur sein non seulement des générations d’enfants de lumière, mais les princes même de la lumière, saint Thomas d'Aquin et Bossuet. Aussi, lorsque dans la nuit noire qui s’avance sur notre société, Léon XIII a voulu allumer un phare, il a pris saint Thomas d’Aquin, prince de la lumière !



1 Induamur arma lucis, (Rom , XIII, 12 )
1 Avoir la foi, c'est posséder des secrets de famille. « Dieu, a dit excellemment le P. Lacordaire, nous ayant faits comme des fils, nous a parlé comme à des fils ; et autant il est impossible de concevoir un père qui n'aurait jamais parlé à ses enfants, autant il est impossible de concevoir un Dieu qui n’aurait jamais entretenu sa créature pour lui laisser dans le cœur un secret de famille. » Aussi, avoir la loi, c'est réellement posséder des secrets de famille. Le Credo est un recueil de confidences faites par Jésus-Christ !




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Message  Monique Mer 20 Déc 2023, 8:03 am

La foi qui produit dans le chrétien ces résultats de clarté : la certitude des choses éternelles et la facilité pour les sciences de la terre, produit encore en lui d’autres résultats lumineux.

Voici en effet le troisième :
Lorsque, de l’intelligence du chrétien, la foi descend dans ses actes, dans sa vie pratique, c’est-à-dire lorsque le chrétien ne se contente pas de croire les vérités éternelles, mais qu’il conforme sa conduite à ses croyances, vivant par des motifs surnaturels et selon les maximes révélées de Dieu, et non par les sentiments de la chair et du sang, ni par les coutumes du siècle ; en un mot, lorsque non seulement il a la foi, mais qu’il vit de la foi, alors il se forme en lui, dans sa conscience et dans son cœur, un état d’âme plein de douceur qu’on peut appeler un état radieux. Ce n’est plus seulement son front qui est dans la lumière, c’est tout l'homme du dedans, l’homme caché du cœur. Etre radieux, c’est- à-dire être content, avoir des rayons dans l’âme, avoir l’âme ensoleillée, quel enviable état ! c’est bien celui du chrétien qui vit de la foi. Il est content. Il reconnaît la Providence dans le sort qui lui est fait, et dans les évènements. Il est calme : calme en face des prospérités ; non moins calme en face des adversités. Il sait que la terre est séjour d’exil, et aussi séjour de mérite. Il sait que souffrir passe, mais qu’avoir souffert ne passe pas, le Livre de vie recueillant les moindres petites souffrances bien supportées. Il s’encourage à avancer vers les sommets éternels qu’il aperçoit ; et il y encourage les autres : Allons, frère, marchons ensemble. Pour Jésus nous nous sommes chargés de la croix; continuons, pour Jésus, de porter la croix 1.

Est-ce à dire que l'homme qui vit de la foi, n'a pas ses obscurités et ses défaillances ? Loin de nous la pensée de le méconnaître. L’état radieux, ici-bas, est intermittent. Une chrétienne m’écrivait un jour : « Mon âme est remplie et vide tout à la fois, elle est débordante de vie et entourée des ombres de la mort; elle est triste et sereine ; elle chante et elle pleure. » Qui n’a éprouvé cette plénitude et ce vide tout ensemble? Qui n’a constaté avec stupeur les ombres de la mort juxtaposées, dans son propre cœur, à côté de la lumière? Faut-il s’en effrayer, s’en épouvanter? Eh non ! cet état est parfaitement en rapport avec la foi. La foi, si l’on y prend garde, a un côté lumineux et un côté obscur ; un côté lumineux : elle nous dirige ; un côté obscur : elle présente des mystères ; elle est révélation, mais en même temps elle est voile. Eh bien, la vie pratique de foi, de ce dualisme : voilà pourquoi la vie chrétienne a ses transports et ses abattements; elle a ses visions enthousiastes, et elle a ses obscurités attristantes et mélancoliques. Mais, au demeurant, dans la vie chrétienne, alors même que la vallée envoie ses brouillards, on se sait dans le chemin du ciel; alors même que l’âme n’est pas toujours ensoleillée, elle sent qu’elle est l'enfant de lumière ; si elle ne peut pas toujours voler, elle sent toutefois qu’elle a des ailes : et c’est beaucoup que de savoir qu’on a les ailes, quand même elles n’ont pas toujours la force de se déployer !



1 Livre de l'Imitation.



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Message  Monique Jeu 21 Déc 2023, 8:18 am

Un état radieux de l'âme, voilà donc ce que produit la foi pratique ou vie de la foi. Très souvent, elle produit mieux encore, car d’elle procède ce quelque chose d’énergique comme opération et de délicieux comme sentiment qui se nomme la ferveur chrétienne. Qu’est- ce que la ferveur chrétienne? domine l’indique l’étymologie du mot dérivé du latin (fervere, brûler), c’est un état où l'âme, embrasée d’en haut, possède toutes les qualités de la flamme vive qui, dans sa vivacité, brûle, court, dévore, réchauffe. La ferveur brûle : elle se consume dans tout ce qui peut plaire à Dieu son Seigneur. La ferveur court, dans les voies de l’obéissance et de la générosité. La ferveur dévore : que de fois le regard d’une personne fervente n’a-t-il pas arrêté le blasphème sur les lèvres de l’impie ? La ferveur dévore le mal! Enfin, elle réchauffe: comme la poule qui a de la flamme sous les ailes, la ferveur réchauffe les pauvres cœurs glacés qui ont le bonheur de l'approcher.

0 moments fortunés que ceux où nous nous sentons fervents ! Jours de ferveur, surtout dans notre jeune âge, vous fûtes nos plus beaux jours! Ah! comme le chrétien apparait alors fils de lumière magnifiquement développé ! Mais suit-on bien d’où nous aient cette précieuse ferveur ? De la vivacité de notre foi. Dans le christianisme et dans la vie chrétienne, tout dépend de la vivacité du la foi. C’est elle qui tient tout en état. Quand on a été vivement frappé des vérités éternelles, de la fin de l'homme, de la nécessité du salut, de la beauté du ciel, de l’éternité de l’enfer, on devient fervent ; et lorsqu'on veille à conserver l’impression de ces grandes vérités, on conserve sa ferveur.

Il est dit dans la Bible que, lorsque le Seigneur donna sa Loi sur le Sinaï, la montagne était en feu. « Tout le Sinaï fumait, parce que le Seigneur y était descendu au milieu du feu; la fumée s'en élevait en haut comme d'une fournaise 1 ... et la flamme montait jusqu'au ciel 2. » Moïse, rappelant dans la suite aux enfants d’Israël cette mémorable journée, leur disait : « Vous avez vu la montagne ardente, souvenez-vous de la montagne ardente 3. »  Sous le christianisme, on ne dit plus : Souvenez-vous de la montagne ardente ; on dit: Souvenez-vous de vos beaux jours de ferveur. Car, sous le christianisme, ce n’est plus la montagne qui est en feu, qui brûle au dehors, c’est la personne humaine, l'homme de foi qui brûle au dedans par la ferveur ! Mon Dieu, je veux vous aimer de toutes mes forces. — Mon Dieu, malgré ma nature rebelle j’accomplirai mon devoir jusqu'au bout. — Je courberai ma fierté sous l’obéissance.  — Mon Dieu, je souffre; oh! oui, je souffre ; mais cette épreuve, je la supporterai en étreignant avec amour vos pieds cloués au Calvaire : tout cela, non, ce n'est plus la montagne qui brûle au dehors ; c'est mieux : c’est la personne humaine qui brûle au dedans; le feu n'est plus au Sinaï, il est au cœur !

Qu’était-ce, malgré toutes ses magnificences, que l'incendie du Sinaï, auprès de l’incendie allumé dans le cœur d’une sainte Thérèse, allumé dans le cœur d’un saint François Xavier ! Enfants de lumière, souvenez-vous donc non plus de la montagne ardente, mais souvenez-vous de vos beaux jours de ferveur.

Et ainsi, la foi produit vraiment dans l’homme un état de clarté : dans son intelligence, la certitude des choses éternelles et la facilité pour les sciences de la terre ; dans sa conscience, des rayons ; dans toute sa personne, la ferveur. O fui, que tu es bonne, que tu es délicate, que tu es habile ! Il est annoncé, ô foi, que, sur le seuil des cieux, tu disparais avec l’espérance : aussi, dans les vallées de ce monde, il m’est doux de t’embrasser (embrasser la foi chrétienne!) de te retenir, de te cultiver, de t’augmenter ! O foi, tu es mon trésor ; c’est toi qui prépares, — oh ! je l’attends de ton dernier service! — mon vêtement de lumière, et qui tresses ma couronne d'immortalité.



1 Exod.., XIX, 18.
2 Deuter.., IV, 11.
3 Deuter.., V, 23.
.



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Message  Monique Ven 22 Déc 2023, 10:24 am

III

Ce qui développe également, dans le chrétien, son germe initial d’enfant de lumière, c’est la pureté, des mœurs pures. La chaule et blanche troupe des enfants de lumière ! est il dit au livre de la Sagesse1.

L’aimable vertu de pureté, en effet, est illuminative :
Illuminative de notre éternité ; le divin Précepteur n’a-t-il pas annoncé cette béatitude : Bienheureux les cœurs purs parce qu'ils verront Dieu1.

Mais la pureté est illuminative dès ici-bas :
Elle l’est de notre intelligence. C'est un fait de bien douce expérience que lorsqu’on se conserve pur, on étudie mieux, on travaille mieux, on voit mieux. Dieu est le préparateur des pensées2, déclare positivement l’Écriture; or, il est manifeste que, préparateur attentif, il prodigue avec plus de complaisance aux intelligences chastes les grandes et belles pensées, comme il sème avec profusion, le soir, dans un ciel pur et sans nuages, les étoiles et les astres de lumière.

Illuminative de notre intelligence, la pureté l’est encore de notre visage. Elle y projette des lueurs douces, une pureté de lignes calme. C'est la gloire du Christianisme d’avoir créé, par la vertu de pureté poussée jusqu’à l’héroïsme, des visages de vierges dont l’éclat virginal ressemble à celui d’un vase d’albâtre dans lequel serait emprisonnée une vive flamme. S’inclinant devant ces visages, un ancien de la primitive Eglise disait : Si tel est le visage, quelle doit être l'âme! si telle est l'enveloppe de terre, quelle doit être la pierre précieuse3

La pureté, enfin, n'est-elle pas illuminative même de nos pas, de notre démarche? « Marchez comme des enfants de lumière,  nous a recommandé saint Paul. Or, il est certain que la pureté imprime à la démarche humaine je ne sais quoi d’aérien, de détaché, une agilité qui fait penser aux anges. Regardez passer un saint : il laisse après lui comme une traînée lumineuse.

Et ainsi, la pureté est incontestablement illuminative.


1 Çasta generatio cum claritate. Sap., IV, I.
1 Saint Matthieu, , V, 8.
2 Ipsi praeparantur cogitationes. (I Reg., II, 3,)
3 Si tanti vitrum, quanti margaritam.




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Message  Monique Dim 24 Déc 2023, 8:52 am

Un de nos vieux Prophètes, s’adressant au Seigneur, annonçait : « C’est une rosée de lumière, ô Seigneur, que votre rosée,  ros lucis, ros tuus 1. »  La pureté, qui est toujours un don de Dieu, est bien cette rosée de lumière que saluait le Prophète. Elle est tombée, cette rosée, sur les vierges, sur les hommes chastes, sur tous les cœurs purs de la nouvelle Alliance : et la blanche troupe s’est épanouie, en tous lieux et sous tous les climats. Par la Création et la rosée du matin, Dieu avait fait jaillir les lis dans le jardin de la nature ; par le Christianisme et la rusée de lumière, il a fait jaillir les lis dans la nature humaine !

Qu’on nous permette ici une digression :
Sait-on bien pourquoi, nous catholiques, nous irons jusqu’au bout de nos forces dans la grande lutte qui s’est engagée à propos de l'enseignement et de l'éducation : décidés à défendre par tous les moyens légaux nos établissements, nos méthodes, nos livres, nos maîtres, les chers maîtres de nos enfants, à les défendre école par école, faculté par faculté, luttant jusqu’au bout de nos forces, jusqu’à épuisement de nos ressources et jusqu’à épuisement de notre énergie, sait-on pourquoi ?

Sans doute, c'est pour sauvegarder la première et la plus française des libertés, celle des pères de famille dans l’éducation de leurs enfants; Sans doute, c’est également pour repousser la plus sauvage des tyrannies, celle qui, s’introduisant au foyer domestique, en interromprait le développement régulier .

Mais, au-dessus de ces raisons de justice et de liberté, il y en a une autre plus sacrée peut-être, parce qu'elle regarde nos enfants eux-mêmes, cette raison : nous lutterons et voulons rester les maîtres de l’éducation de nos enfants, afin que nos enfants se conservent enfants de lumière par la candeur et des mœurs pures ! Nous ne voulons pas qu’ils deviennent fils et filles de ténèbres...

Nous venons de tracer le mot candeur. Mot plein de charme, il s'applique spécialement à l’enfance. Dans son étymologie, il signifie : blancheur éblouissante, éclat de la lumière tirant sur le blanc, candor lucis. La lumière en effet, quand elle est extrêmement vive, devient blanche ; la flamme blanche est la plus pure, la plus éthérée. L’ordre moral a emprunté à l'ordre physique cette blanche flamme : au moral, candeur signifie ce premier âge où l’âme de l’enfant semble vivre et respirer dans un milieu diaphane, sorte d’Éden retrouvé de lumière et de blancheur, que rien ne trouble, pas même l’ombre la plus légère du mal. Heureux état, qui arrachait au Père Lacordaire ces accents émus : « La jeunesse est sacrée, à cause de ses périls et à cause de son bonheur. Respectez-la toujours! Le bien qu'on fait en la respectant est un de ceux qui touchent le plus le cœur de Dieu ; car Dieu est l’éternelle jeunesse, et il se plaît en ces enfants qui portent, un instant, dans la caducité rapide de nos âges, cette ressemblance avec sa propre figure 1. »


1 ISAIE, XXVI, 19.
1 Lettres à l'abbé Perreyve.


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Message  Monique Lun 25 Déc 2023, 8:51 am

Telle est la candeur. Eh bien, c’est pour conserver le plus longtemps possible nos enfants dans cet heureux état, que nous lutterons, et voulons avoir nos écoles à nous, nos livres à nous, nos maîtres à nous. Eh quoi, n’a-t-on pas osé dire que l’Eglise catholique était la mère de l’obscurité et de l’obscurantisme, et qu’à l’avenir, dans la question de l’éducation, il fallait ne plus lui confier les enfants. Grand Dieu ! mais vous ne voyez donc pas, impudents blasphémateurs — ou plutôt, si, vous le voyez bien! — que l’Eglise veut toute la lumière possible non pas seulement dans l’intelligence (cela va sans dire), mais même dans la conduite, dans les mœurs, puisqu’elle parle d’œuvres de lumière, de fruits de lumière, de démarche de lumière 2 ! Ah! c’est précisément à cause de ces implacables rayons dans la conduite, dans les mœurs, que vous ne supportez pas le concours de l’Église !... Vous ne voyez donc pas — ou plutôt, si, vous le voyez bien ! — que non seulement  l’Eglise montre la lumière à l’esprit des enfants, mais qu’elle la verse par les sacrements dans leurs veines et leur jeune cœur : c’est pour cela que vous voulez dégrader ces anges !... L’Eglise, mère de l’ignorance et de l’obscurantisme !

Eh bien oui, il y a une obscurité, une ignorance que l’Eglise veut et voudra toujours pour les enfants : celle des passions, ou la candeur!... Cette ignorance-là, vous, au contraire, vous ne la voulez plus pour les enfants, cruels que vous êtes ! Vous voulez devancer l’heure des passions pour les enfants. Il en résulte qu’à côté des écoles en deuil des catholiques, de leurs établissements fermés ou persécutés, on entend parfois des cris rauques et étranges. Ils partent, ces étranges cris, d’écoles sans prières et sans crucifix, d’écoles sans Dieu. Ce sont des antres : des antres dans lesquels se trouvent, non plus des enfants, mais, comme parle l’Ecriture, des petits de lionne ou de léopard, à qui on apprend à rugir sur le prêtre qui passe ; le lion rugissait, dit la Bible, et à son rugissement, le petit du lion apprenait à rugir aussi sur la proie 1.

En apercevant le jeune âge ainsi exercé au blasphème et à la haine, n'est-on pas en droit de s’écrier avec épouvante : O apostasie, que tu es cruelle! tu ne laisses plus même subsister les enfants. Aux plus mauvais jours de l’antiquité, pas même à la Passion de Jésus-Christ, rien de pareil ne s’est vu, les enfants avaient été soigneusement tenus à l’écart. Et c’est pourquoi, pour défendre et conserver vos enfants, levez-vous tous, levez-vous, ô catholiques !


2 Epîtres de saint Paul.
1 Si rugiat leo, et catulus leonis, super praedam suam.(ISAÏE,XXXI,4).




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Message  Monique Mar 26 Déc 2023, 8:36 am

Nous venons de tracer le mot candeur. Mot plein de charme, il s'applique spécialement à l’enfance. Dans son étymologie, il signifie : blancheur éblouissante, éclat de la lumière tirant sur le blanc. La lumière en effet, quand elle est extrêmement vive, devient blanche ; la flamme blanche est la plus pure, la plus éthérée. L’ordre moral a emprunté à l'ordre physique cette blanche flamme : au moral, candeur signifie ce premier âge où l’âme de l’enfant semble vivre et respirer dans un milieu diaphane, sorte d’Éden retrouvé de lumière et de blancheur, que rien ne trouble, pas même l’ombre la plus légère du mal. Heureux état, qui arrachait au Père Lacordaire ces accents émus : « La jeunesse est sacrée, à cause de ses périls et à cause de son bonheur. Respectez-la toujours! Le bien qu'on fait en la respectant est un de ceux qui touchent le plus le cœur de Dieu ; car Dieu est l’éternelle jeunesse, et il se plaît en ces enfants qui portent, un instant, dans la caducité rapide de nos âges, cette ressemblance avec sa propre figure 1. »

Telle est la candeur. Eh bien, c’est pour conserver le plus longtemps possible nos enfants dans cet heureux état, que nous lutterons, et voulons avoir nos écoles à nous, nos livres à nous, nos maîtres à nous. Eh quoi, n’a-t-on pas osé dire que l’Eglise catholique était la mère de l’obscurité et de l’obscurantisme, et qu’à l’avenir, dans la question de l’éducation, il fallait ne plus lui confier les enfants. Grand Dieu ! mais vous ne voyez donc pas, impudents blasphémateurs — ou plutôt, si, vous le voyez bien! — que l’Eglise veut toute la lumière possible non pas seulement dans l’intelligence (cela va sans dire), mais même dans la conduite, dans les mœurs, puisqu’elle parle d’œuvres de lumière, de fruits de lumière, de démarche de lumière2 !

Ah! c’est précisément à cause do ces implacables rayons dans la conduite, dans les mœurs, que vous ne supportez pas le concours de l’Église !... Vous ne voyez donc pas — ou plutôt, si, vous le voyez bien ! — que non seulement l’Eglise montre la lumière à l’esprit des enfants, mais qu’elle la verse par les sacrements dans leurs veines et leur jeune cœur : c’est pour cela que vous voulez dégrader ces anges !... L’Eglise, mère do l’ignorance et de l’obscurantisme ! Eh bien oui, il y a une obscurité, une ignorance que l’Eglise veut et voudra toujours pour  les enfants : celle des passions, ou la candeur!...

Cette ignorance-là, vous, au contraire, vous ne la voulez plus pour les enfants, cruels que vous êtes ! Vous voulez devancer l’heure des passions pour les enfants. Il en résulte qu’à côté des écoles en deuil des catholiques, de leurs établissements fermés ou persécutés, on entend parfois des cris rauques et étranges. Ils partent, ces étranges cris, d’écoles sans prières et sans crucifix, d’écoles sans Dieu. Ce sont des antres : des antres dans lesquels se trouvent, non plus des enfants, mais, comme parle l’Ecriture, des petits de lionne ou de léopard, à qui on apprend à rugir sur le prêtre qui passe ; le lion rugissait, dit la Bible, et à son rugissement, le petit du lion apprenait à rugir aussi sur la proie. En apercevant le jeune âge ainsi exercé au blasphème et à la haine, n'est-on pas en droit de s’écrier avec épouvante : O apostasie, que tu es cruelle! tu ne laisses plus même subsister les enfants. Aux plus mauvais jours de l’antiquité, pas même à la Passion de Jésus-Christ, rien de pareil ne s’est vu, les enfants avaient été soigneusement tenus à l’écart. Et c’est pourquoi, pour défendre et conserver vos enfants, levez-vous tous, levez-vous, ô catholiques !



1 Lettres à l'abbe Perreyve
2 Epîtres de saint Paul.




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Message  Monique Mer 27 Déc 2023, 8:36 am

IV


Une troisième vertu coopère, avec la foi et la pureté, au développement de notre être lumineux : la charité.

La charité se traduit en œuvres ; on dit : les œuvres de charité. Ces œuvres, qui dilatent l’àme, font vraiment comprendre au chrétien qu’il a le bonheur de se trouver dans un sentier de justice et de lumière, et elles l’aident à s’v maintenir.

Eprouvons-nous des tentations ; nos sens, en se soulevant, conspirent-ils contre notre paix ; des négligences, des défaillances, ont-elles laissé entrer des ombres dans notre intérieur ? vite un recours à quelque acte de charité : comme un rayon vainqueur, il dissipera ces ombres. Il semble que les belles expressions dont l’Eglise se sert au jour de la fête du diacre Laurent, cet héroïque martyr qui a passé par le feu, puissent s’appliquer à celui qui avait quelques fautes à se reprocher, mais qui a eu recours à la charité:
Si tu passes par le feu, la flamme ne pourra le nuire, et l'odeur du feu ne restera pas en lui.

Vous aviez, par une imprudence, laissé la flamme d’une passion s’allumer en vous, déjà la fumée commençait : mais vous avez été charitable, l’odeur du feu se dissipe devant cet acte de charité, il n'en restera rien, reprenez votre paix.

Et encore :
Ma nuit n’a rien d'obscur, toutes choses ont retrouvé leur clarté ; J’étais dans la nuit depuis telle faiblesse dont je m’étais rendu coupable ; mais voici que, après avoir serré la main à ce pauvre, les choses sont redevenues lumineuses pour moi : je vais au tribunal de la pénitence pour reprendre vaillamment mon chemin d’enfant de lumière !

O divine charité, tu dissipes les ombres, et tu ne te supportes pas au milieu des ténèbres!


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Message  Monique Jeu 28 Déc 2023, 8:28 am

Tel est le témoignage de clarté que nous rend, à nous- même, cette vertu du ciel; mais auprès du prochain, son témoignage n'est pas moins approbateur et fortifiant :
Le prochain, en effet, a dit dans son cœur :
C’est un ange de Dieu qui est venu me secourir...

Que de larmes de joie et de reconnaissance certaines visites de charité n’ont-elles pas fait couler ? Or, les larmes ont, elles aussi, une vertu illuminative. A mesure qu'elles coulent, elles purifient l’œil et rendent à la vue son regard limpide et plus perçant. Il semble, lorsqu’on a pleuré, qu’un voile est tombé des yeux et que dans un milieu plus serein, comme après un orage qui a purifié l’atmosphère, on voie, avec plus de calme et de bonheur, la scène de cette terre que l’on domine.

Cette vertu illuminative appartient aux larmes de la pénitence; elle appartient aussi aux larmes de joie et de reconnaissance que la charité fait verser. Lorsqu'elles coulent d’un grabat, dans une pauvre chaumière, au milieu d’une famille qui tond les bras, de reconnaissance, vers une vision charitable qui a passé, en vérité c’est l’exposition de cette excellente preuve de la religion recommandée parla Bible :
La religion pure et sans tache aux yeux de Dieu notre Père consiste à visiter les orphelins et les veuves dans leur affliction, et à se conserver pur de la corruption du siècle présent. Ému, le pauvre jusque-là endurci par la misère est disposé à se laisser régénérer; la charité le remet presque converti dans les bras de la religion !


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Message  Monique Ven 29 Déc 2023, 7:54 am

V


L’enfant de lumière, dont le développement interne s’opère parla foi, la pureté, la charité, trouve son achèvement dans la dignité. Elle est le rejaillissement, au dehors et au loin, de son bel état interne. Il faut poser hardiment cette assertion :
le chrétien est l'homme digne par excellence. Il a une attitude à part, un port de fils de grande maison. On y est accoutumé dans les pays où le christianisme est maître et a façonné les mœurs ; mais là où la foi chrétienne est encore étrangère, on reconnaît au chrétien un air de grandeur que la région où il habite ne fournit point aux autres habitants, et qui prouve bien que la vraie noblesse est un reflet de la patrie éternelle. «Fais-moi chevalier », demande un jour avec instance le sultan vainqueur à saint Louis son captif; et saint Louis lui répond : « Fais-toi chrétien et je te ferai chevalier. »

La fierté chrétienne était exquise dans cette réponse, comme aussi l’aveu d’une dignité incomplète se trahissait dans les instances touchantes du musulman. O chrétien, lorsque la foi vous fait porter votre front dans la lumière, que la pureté anime vos mœurs, et que la charité rayonne dans vos actes, votre personne présente alors un ensemble majestueux, quelque chose de complet, qui fait dire : que le chrétien, en étant comme les autres hommes, est plus que les autres hommes.

Mais d’où vient cette différence? D’où vient que le chrétien, en étant comme les autres hommes, est plus que les autres hommes ? D’où vient que lui seul est l’homme par excellence? Voici l’explication, fournie en partie par le Livre de l’Ecclésiaste et complétée par le saint Evangile :
Sous les ombrages du paradis terrestre, quand le Créateur en vint à la formation de l’homme, il est écrit qu’il le créa droit, debout, Dieu fit l'homme droit : non penché vers la terre, ni incliné comme les autres êtres inférieurs, mais droit, debout, selon la ligne verticale ; pourquoi ? Parce que la ligne droite ou verticale est la ligne de la vie, de l’honneur, de la liberté. Lorsqu’on dit d’un homme qu’il est droit, qu’il agit avec droiture, qu’il marche droit, c’est prononcer, de lui, l’éloge le plus honorable, car c’est dire que son maintien moral est noble comme sa noble stature. Dieu fit l'homme droit, cette courte parole de la Bible est la plus belle définition de la dignité de la personne humaine. Mais le péché, lui, a opposé à Dieu une ligne rivale, inventant pour l’homme une autre attitude :
celle de la prostration. Le péché a couché l’homme ! Dieu l’avait fait droit, en vie ; et le péché le renversa, l’étendit, le fit mort. Or, toute l’histoire do la dignité ou de l'indignité de la personne humaine à travers les siècles, s’est déroulée d’après ces deux lignes, d’après ces deux attitudes: l’attitude de la ligne droite et l’attitude de la prostration.


1 Epîtres de saint Jacques, I, 27.



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Message  Monique Sam 30 Déc 2023, 8:32 am

En effet :
Si je regarde dans l’antiquité, je cherche en vain la dignité de la personne humaine, elle est absente. L’homme, dans l’antiquité, est esclave, avili, humilié, écrasé ; au fronton de la société païenne, un poète a comme cloué cette maxime terrible qui résume tout : le genre humain est fait pour quelques-uns ; où était la dignité?

Si je regarde chez les peuples de l’Orient, même absence. L’oriental, malgré ses apparences de gravité, n’a pas la dignité complète. Muet devant le bâton de ses pachas, il est encore sous le despotisme ; énervé par le Coran, il est étendu dans la mollesse et la somnolence ; Si je regarde vers les sables de l’Afrique, la personne humaine y est toujours vendue comme un bétail, la traite des noirs n’est pas finie ; Si je regarde dans les régions de la Chine, l’homme y emprisonne les pieds de sa compagne, diminué lui-même dans la superstition et la dégradation;

Si je regarde les restes d’Israël, ah ! je suis ému de pitié devant cette race autrefois si noble, choisie pour donner le jour à Jésus-Christ et avilie depuis si longtemps. Un prophète avait annoncé ce châtiment :
Que leur dos soit toujours courbé ; ce châtiment s’est accompli à la lettre. Durant dix-huit siècles, leur dos s’est courbé sous le mépris d’abord, et puis sous le poids des ballots : Israël était le colporteur des Nations ; et maintenant qu’il a été affranchi par la loi civile, ne continue-t-il pas cependant à être courbé sur son or et sur ses lettres de change !

Enfin, si je regarde dans la vieille Europe, non plus chrétienne mais révolutionnée, l'homme, tel qu’il est préparé ou plutôt piétiné par l’athéisme, m’épouvante : Dieu avant été mis hors la loi, l’homme, redevenu sauvage, sera bientôt hors l'Immunité.

Et ainsi, de quelque côté qu’on tourne les yeux, on ne rencontre que prostration de la personne humaine. Mais alors, où donc est la réalisation du prototype originel :
Dieu a fait l'homme droit, où est l'homme droit? Regarde sur la montagne, tel est le conseil de la Bible. Je regarde vers la montagne... Ah ! c’est admirable, Jésus-Christ est mort droit, debout... Dieu avait fait l’homme droit ; le péché l'avait renversé, mais Jésus-Christ est mort droit : la ligne droite ou verticale de l’homme s’est refaite au Golgotha !

C’est là ce qui explique pourquoi le chrétien a un maintien si noble, et pourquoi, en étant comme les autres hommes, il est plus que les autres hommes ; l’attitude du Golgotha a passé dans la sienne. Le reste du genre humain est incliné, mais pas lui; seul, il est debout dans la lumière, la liberté et la dignité. C’est Jésus-Christ qui fait qu’on se tient droit!... Retiens donc Jésus-Christ, noble enfant de lumière, puisqu’il est la flamme de ton regard, la chaleur de ton cœur, la beauté de tes pas. La haine a crié en te voyant passer : il faut qu’il chancelle... Mais enraciné sur Jésus-Christ, le vrai chrétien se rit des pièges et des et des menaces ; ce n’est pas lui qui rappellerait la statue d’or aux pieds d’argile.


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Message  Monique Dim 31 Déc 2023, 8:13 am

CHAPITRE II

MAITRES ÉCLAIRÉS ET GUIDES SURS.


I. Le savant rationaliste et le savant incrédule ne méritent pas ces qualifications d’honneur : « Maîtres éclairés, guides sûrs.» Triste et orgueilleux état de leur raison, ou la froide raison. Résultats de ténèbres : science incomplète et souvent dangereuse ; froid du cœur ; morale équivoque. — II. Ceux à qui conviennent ces qualifications, dans la cité de lumière : l’évèque, le pasteur, le docteur, le savant chrétien. Magnifique épanouissement des sciences humaines, subordonnées, par eux, à la Vérité éternelle. — III. L'heure présente est aux génies malfaisants : la fable des Harpies devenue une réalité. — IV. Obligation pour les bienfaisants génies de ne rien céder en tout ce qui concerne renseignement.


I

« C’est une loi, que l'intelligence humaine, et même toute intelligence créée, doit se former par un enseignement reçu avec respect d’une intelligence supérieure. Nul n’est à lui-même son principe et son initiation : il faut que le feu de la vérité, vivant dans un ancêtre spirituel, touche l’âme qui s’ignore et y allume l’incendie qui ne s'apaisera que dans la dernière leçon de l'Éternité. Jusque-là, l'intelligence sera comme endormie, ou si elle s’éveille par l’action sourde de sa nature, elle n’aura que des lueurs, des pressentiments, tout au plus de lentes et imparfaites coordinations. Dieu a été le premier maître du genre humain; formé sous lui, l’homme a transmis à sa postérité le dépôt de la parole et de la science, et ce dépôt mystérieux, sans cesse accru par le travail des générations, arrive à chacun de nous dans un enseignement qui les résume et élève en quelques jours notre esprit à la hauteur où l’esprit humain est lui-même parvenu. Là commence en nous le règne de notre personnalité :
enfants de la lumière, héritiers des âges, il nous est permis d’ajouter à la tradition, sans la détruire, le sable d’or que nos pieds découvriront en foulant les rivages inexplorés du vrai 1. »


Avec quelle élévation de pensées et quelle magnificence de style, cette citation n’établit-elle pas que l’homme, enfant de lumière, est un être enseigné. Il a besoin, toute sa vie, de maîtres et de guides. Mais c’est à la jeunesse surtout qu’il faut de bons guides, pour la direction de ses études, de sa conscience, de ses mœurs.

Cherchons-les.
Un savant rationaliste ou incrédule mérite-t-il ces appellations d’honneur, « Maître éclairé, guide sûr, » et, avec elles, la confiance des familles ?
Difficilement.
Qu’on veuille bien peser les motifs de cette défiance, mêlée de compassion.


1 LACORDAIRE, Discourt sur saint Thomas D'Arquin.



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Message  Monique Lun 01 Jan 2024, 8:19 am

Chez le rationaliste et l’incrédule, la raison dit superbement :
je veux être seule, je n’ai nul besoin du secours de la foi, je me suffis à moi-même. Elle dit encore : je suis la froide raison. Ainsi parlent le rationaliste et l'incrédule. Raison solitaire, raison froide !

Mais ainsi, également, a parlé l’orgueil, lorsqu’il naquit avec Lucifer. Quelles ont été, en effet, les pensées de Lucifer ? L’Ecriture les rapporte :
Je me placerai au-dessus des nuées les plus élevées... je m’assoirai dans les flancs de l'Aquilon 1. C’est le propre de l’orgueil de rechercher une place à part, une place solitaire où il ne soit pas confondu avec tout le monde ; voilà pourquoi Lucifer disait :
je me placerai au-dessus des nuées les plus élevées. Et c’est aussi le propre de l’orgueil d’être froid, égoïste, de n’être pas aimant :
je m’assoirai dans les flancs de l’Aquilon.

Hélas ! n’est-ce pas exactement la même conduite que tient l’orgueilleuse raison chez le rationaliste et l’incrédule? Elle dit, cette orgueilleuse raison :
je veux être seule, à part de la foi ; je n’ai nul besoin d’elle, je suis la raison solitaire...
Elle ajoute : ce mysticisme, cette chaleur qui accompagne la foi, ne serait propre qu’à me troubler, qu’à faire dévier mon jugement :
je suis la froide raison !

Eh bien, à quels résultats aboutira cette raison solitaire et froide ? A des résultats de ténèbres.
Les voici :
Le premier résultat est une science incomplète et très souvent dangereuse.  


1 ISAIE XIV, 11,14.



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Message  Monique Mar 02 Jan 2024, 8:49 am

Oui, le rationaliste peut être un savant, un très grand savant, dans les sciences positives, en géométrie, en physique, en histoire, en médecine; mais savoir beaucoup, et ne pas savoir ce qu’il importe le plus de savoir, Jésus-Christ, le salut, n’est-ce pas une science incomplète ? N’est-ce pas, hélas ! le travail de la taupe ? Comme elle, ou remue la terre, et l’on ne connaît pas le ciel !

Et non seulement science incomplète, mais, très souvent, dangereuse. Newton, le grand savant, disait avec humilité : « Je ne sais ce que le monde pensera de mes travaux ; mais pour moi il me semble que je n’ai été autre chose qu’un enfant jouant sur le bord de la mer, et trouvant tantôt un caillou un peu plus poli, tantôt une coquille un peu plus brillante, tandis que le grand océan de la Vérité s’étendait inexploré devant moi1. » Ainsi parlait Newton après ses sublimes découvertes; Newton croyait en Dieu, et devant l’océan de la Vérité, il s’abaissait, s’anéantissait, se comparant à un enfant jouant sur la rive avec des coquillages ! Mais l’orgueilleuse raison du savant rationaliste n’a pas cette timidité. Elle ne fait pas difficulté de s’aventurer, seule, avec ses propres forces, sur l’océan de l’infini, et comme l’Ecriture a dit que celui qui veut sonder la Majesté sera accablé de sa gloire 2, l’orgueilleuse raison solitaire vient misérablement échouer sur les écueils du panthéisme, du fatalisme, du positivisme3.

Voilà pour l'intelligence du rationaliste, et que se passe-t-il dans son cœur?

La raison ayant dit : je suis la froide raison, le froid du cœur lui a répondu.

Il n’est que trop vrai, le froid du cœur envahit souvent l'homme qui a dédaigné la foi des simples, la foi chrétienne. Je m'établirai dans les flancs de l'Aquilon, disait Lucifer; l’Aquilon glacial se fait sentir autour du cœur qui, pour planer plus haut, s’est séparé des simples.

Doit-ou inférer de là que le rationaliste, que l’incrédule ne savent pas aimer? Évidemment, ce serait de l’exagération. Mais leur amour est gêné, refroidi, par la froide raison ; c’est un amour qui n’a pas toute sa force, semblable à un soleil d’hiver ! La foi étant une croyance par amour, quand on n’a pas la foi, on a moins d’amour. Est-ce donc si surprenant? N’est-ce pas de l’égoïsme que de ne point tenir compte de Jésus-Christ qui nous a tant aimés en mourant pour chacun de nous? Aussi ce refus de lui donner son adhésion fait-il contracter au cœur un rétrécissement secret, qui gêne tout. Le rationaliste admet bien qu'il y a un Dieu, il peut prononcer son nom, mais ce nom n’a point d’ailes; il peut dire :
Dieu est; mais c’est un Dieu glacé qui ne sait pas les chemins du cœur, être abstrait et solitaire, qui habite l'inaccessible région de l’infini, et devant lequel l'homme passe sans avoir l’idée d’une prière ni la puissance d'une larme, lui qui prie et qui pleure si naturellement ! Considérez, par exemple, un père longtemps rationaliste ou incrédule, en face de son enfant qui va faire sa première communion : quel contraste plein de compassion touchante! Quelle ferveur, quel amour débordant dans ce petit cœur bien simple ! Quelles émotions refoulées, quels rayons brisés dans l’âme de ce pauvre père ! Pauvre rationaliste, pauvre incrédule, oh! de grâce, rendez-vous! Quittez l’Aquilon, croyez avec votre enfant, et accordez à votre cœur la jouissance d’aimer de toutes ses forces, jusqu’au fond, parce que votre raison aura été jusqu’au bout... jusqu’à la foi !



1 Correspondance de Newton.
2 Prov., XXV, 27.
3 Si encore le naufrage n'était que pour elle! Mais que d'intelligences, que d’âmes elle entraîne dans son gouffre ! On a dit bien justement : « Les lumières produites par l'incrédulité ressemblent à ces lueurs phosphorescentes qui s'élèvent, la nuit, au-dessus des marécages, et conduisent dans les précipices les voyageurs assez imprudents pour marcher à leur clarté trompeuse. »




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Message  Monique Mer 03 Jan 2024, 8:14 am

Mais qu’est-ce qui arrête en définitive le rationaliste, qu’est-ce qui paralyse le plus l’élan de son cœur? C’est l’obligation de la foi pratique1. La plupart du temps, l’homme ne croit pas, parce qu’il ne veut pas pratiquer. Rationaliste dans l’intelligence, il s’appelle néanmoins honnête homme dans la pratique. Eli bien, dit-il vrai ? Dans sa conduite y a-t-il, du moins, beauté morale ? Là, est-il fils de lumière ? Hélas ! non ; et le troisième résultat de ténèbres qu’il faut constater en lui, c’est une morale équivoque. Le Père Lacordaire disait :
« Qui de nous n’a connue de belles natures à qui la foi seule manquait ? En les voyant, l'amour naissait de lui-même, et une joie du cœur nous révélait la présence et le charme du bien. Mais si la confiance nous a fait descendre plus avant dans le mystère de ces créatures choisies, avec quel douloureux respect y avons-nous touché des blessures d’autant plus sensibles qu’elles étaient plus secrètes1. »

Que ces paroles sont justes! Le prêtre sait bien qu’à côté d'une belle intelligence il n'y a pas toujours une belle conduite!

Mais d'où vient que le rationaliste; ne saurait être dans sa conduite le parfait honnête homme, un juste, un fils de lumière ? D’où vient cela?

Un aveu plein d’humilité touchante l’explique admirablement. Désabusé des orgueilleuses et chimériques illusions du rationalisme, Maine de Biran  écrivait à la fin de sa vie, en parlant de Jésus-Christ et de lui-même : « Il faut toujours être deux ! Malheur à celui qui est seul, il est malheureux et dégradé ; et quoiqu'il en impose au dehors, il ne s’en imposera pas à lui-même. »  

Maine de Biran avait raison :
pour être honnête, il faut être deux, Jésus-Christ et soi ; la grâce divine et l’effort humain! Car l'effort humain, seul, n’aboutit qu’à des faiblesses2. L'honnète homme solitaire, qui suit un sentier en dehors de la foi pratique et des sacrements, pourra en imposer aux autres, il s’en imposera pas à lui-même. En lui, il y aura des actes bons, je l’accorde ; mais une vie totalement bonne, jusqu’au bout, sans défaillance jusqu’à la fin, celle d’un parfait honnête homme, au dedans comme au dehors, je le nie. Il n’est aucune honnêteté naturelle qui n’ait eu à rougir par quelque endroit, aucune qui ne tremblerait devant ce mot terrible d’un homme célèbre :
S’il fallait choisir d'être connu tout entier ou ignoré tout entier, il n'y a pas d'homme qui ne préférât d'être ignoré tout entier. Oui, demandez à un rationaliste ce qu’il préférerait, s’il avait à choisir entre être connu tout entier ou être ignoré tout entier, à coup sur il préférerait les ténèbres1.

Elles lui conviennent !

Le savant chrétien qui revient du saint Tribunal de la pénitence et de la sainte Table, s’il a eu des défaillances, s’est, du moins, retrempé dans la lumière.

Tout cela fait que la science, chez le rationaliste et chez l’incrédule, inspire des tristesses, des défiances, des alarmes. Cette terrible sentence, véritable épée de Damoclès, demeure suspendue au-dessus de tous les talents superbes et solitaires : Malheur à la connaissance stérile qui ne se tourne pas à aimer!


1 Il existe, en effet, entre la vérité et le devoir, entre l'ordre métaphysique et l'ordre moral, une liaison qui fait que les questions de l'esprit font aussi des questions du cœur. Chaque découverte d‘une vérité en Dieu nous menaçant d'une vertu dans le cœur, on se détourne de la vérité afin de n'avoir pas à contracter avec la vertu.

1 LACORDAIRE, LXe Conférence.

2 Il n'aboutit qu'à des faiblesses, parce que le libre arbitre, depuis le péché originel, a été affaibli et incliné. « Tout bien nous coûte un long apprentissage: même après en avoir acquis l'habitude, nous ne l'accomplissons presque jamais qu'avec effort. Du côté du mal, au contraire, tout est pour nous possibilité, facilité, spontanéité. Double phénomène dont l’un confirme l'autre, et d'où résulte la certitude que l'homme naît avec un libre arbitre affaibli et incliné, pour me servir de l’expression même du Concile de Trente. » (LXIVe Conférence.)

1 Lire dans l'Art de croire, de M. Aug. Nicolas, le chapitre intitulé: Besoin de croire pour être honnête,
t. I, ch. X.




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Message  Monique Jeu 04 Jan 2024, 7:47 am

II


Nous avons éliminé. Déployons maintenant la liste des vrais maîtres et des guides sûrs.

C’est l’Église catholique qui dresse cette liste, avec équité et largeur. N’est-ce pas elle, en effet, qui a été établie la demeure de la sagesse, de la vertu et de la science ? L'Esprit de Dieu plaçait, dix-huit siècles avant Jésus-Christ, cette interrogation sur les lèvres d’un prince-pasteur do l’Arabie, en vue des générations à venir :

La sagesse, où se trouve-t-elle? et quel est le lieu de l'intelligence?
L'abîme dit : Elle n'est point en moi ; et la mer : Elle n'est point avec moi.
Elle ne se donne point pour l'or le plus pur, et elle ne s'achète point au poids de l'argent.
On ne la mettra point en comparaison avec les marchandises des Indes, dont les couleurs sont les plus vives, ni avec la sardoine la plus précieuse, ni avec le saphir.

Ce qu'il y a de plus grand et de plus élevé ne sera pas seulement nommé auprès d'elle ; mais la sagesse a une secrète origine d'où elle se tire.

D'où vient donc la sagesse? et ou l'intelligence se trouve-t'elle1 ?
L’interrogation, posée il y a trente-six siècles, n’est pas restée une énigme. La sagesse, partie du sein de Dieu avec le Verbe, réside aujourd’hui dans l’Eglise catholique, et l’intelligence se trouve aussi auprès d’elle.

Académies des savants, comptoirs des Indes, or des Hébreux, ce n’est pas vous qui procurez la sagesse, ni la vertu et la vraie science qui en émanent : c’est l’Eglise catholique. A elle donc il appartient de présenter au monde la liste des maîtres éclairés et des guides sûrs. La variété en est magnifique. On peut, toutefois, les distribuer en quatre catégories d'honneur, subordonnées par la hiérarchie.

Le premier maître éclairé et guide sûr est l'Évêque. Le nom d’évêque, d’après son étymologie venue du grec,   signifie: voir sur, voir de haut. L’évêque voit de haut, pour éclairer et pour guider. Chaque évêque est, dans son diocèse, la colonne et l'appui de la vérité1.



1 Première Ép. à Timothée. III. 15.
1 Job. XXVIII.





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Message  Monique Ven 05 Jan 2024, 8:01 am

Quel spectacle que celui d’un évêque revêtu de ses insignes, assis sur son trône pontifical, entouré de son clergé et de ses fidèles ! (C'est vraiment la vision de la force et de la durée, le lien du présent, du passé et de l’avenir, la colonne au centre du peuple chrétien ! O évêques, que vous êtes vénérables ! Un rayon de l’immutabilité divine est répandu sur vos visages, et un autre rayon de la fécondité divine descend dans vos bénédictions !

Après l'évêque, le deuxième maître éclairé et guide sûr prend le doux nom de pasteur ; on le nomme aussi curé, appellation non moins douce, provenant du mot latin curare, avoir soin.

Homme simple et modeste, content de peu, vivant au milieu des peuples sans richesse ni puissance, et cependant avec une autorité constante, respectée, remarquable par sa simplicité même : tel est le pasteur, homme de chaque jour. Un bon pasteur : que de lumières et que de sûreté viennent de lui !

« Assis, non plus sur les collines éternelles, mais sur les hauteurs abaissées de notre terre, Jésus étendait au loin son regard. Il pénétrait le ciel pour y lire les mystères de la justice et de l'amour, les secrets de l’avenir, et les moments de Dieu! Puis, le ramenant sur ses brebis, il les interrogeait, il les avertissait; parfois même il les menaçait; ô douces menaces de l’amour !... Le plus souvent, il leur inspirait la sécurité, l’espérance et la joie. « Douces brebis, vivez en paix, le cœur du Bon Pasteur vous protège ; goûtez la vie, il vous la donne ; que l’amour vous fasse croître, qu’il vous multiplie sur la terre comme l’innombrable armée des étoiles qui brillent au-dessus de vos têtes, et que le regard du Seigneur dirige à travers les immenses plaines des cieux 1. » Cette délicieuse description a été faite du Bon Pasteur par excellence, du Fils de Dieu descendu sur la terre : il est permis de l’étendre à tout fidèle pasteur des âmes, qui continue, dans le poste que l'Eglise lui a confié, les fonctions de Jésus-Christ.


1 Pensées chrétiennes de Mgr Baudry , sur le Cœur de Jésus.



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