LA RELIGION DE COMBAT PAR L’Abbé Joseph LÉMANN

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Message  Monique Lun 26 Fév 2024, 8:05 am

En supposant que, après l'avoir rappelé, leurs feux viendraient à s’éteindre et s'évanouiraient pour toujours, elles auraient amplement rempli leur mission. Mais l’Écriture dit : Le Seigneur a voulu régner : il s’est revêtu de beauté, il s’est enveloppé de forces et s’est fait une ceinturé1. Il est remarquable que ces traînées d’étoiles, dans l’azur des nuits sereines, se développent toutes en forme de ceintures. Lors donc que Celui dont le soleil, infatigable coureur, annonce quotidiennement la venue, apparaîtra et se découvrira dans sa beauté, qui empêche de croire que toutes ces bandes d’étoiles viendront former autour de Dieu et de son trône la merveilleuse ceinture annoncée? Je vais créer de nouveaux cieux et de nouvelles terres 2, a dit le Seigneur. Les étoiles ne seront pas oubliées dans ce renouvellement universel des mondes. Si la Sagesse, quand elle s’est montrée créatrice, a fait, avec ces perles de lumière, des merveilles dans la voûte du firmament, que ne fera-t-elle pas, avec ces perles devenues, par le renouvellement, plus pures et plus éblouissantes, quand elle se montrera triomphatrice? Telle est la leçon du terme inscrite dans les voies lactées. Que trouvons-nous, maintenant, en correspondance dans l'Eglise de Dieu ?

L’Église est en marche vers le terme, vers le triomphe, elle est elle-même un chemin triomphal. Quel est l’esprit initié aux choses de l’Église qui n’a admiré ce transport prophétique, cette ode sublime de l'aigle des prophètes, d’Isaïe, où l’on dirait que la langue humaine a été insuffisante quand il l’a prononcée :

Lève-toi., illumine-toi, Jérusalem, ta lumière s'avance, et la splendeur de Jéhovah se lève sur toi;
Les ténèbres couvrent la terre, et l'obscurité, les nations ; mais Jéhovah parait et sa gloire t'illumine.
Des Nations marcheront à ta lumière, et des rois, à la splendeur de ton lever.
Lève les yeux, regarde de tous côtés : les peuples s'assemblent, ils viennent à toi...

Les dromadaires de Madian et d'Epha t'inondent, ceux de Saba accourent ; ils apportent l'or et l'encens. Tous publient les louanges de Jéhovah. Les troupeaux de Cédar sont rassemblés pour toi, les béliers de Nabaïolh sont employés à ton service; ils montent sur mon autel, victimes agréables, et je remplis de gloire la maison de ma majesté.

Qui sont ceux-ci qui sont emportés en l'air comme des nuées, et qui volent comme des colombes lors qu'elles retournent à leurs colombiers ?
Car les îles m'attendent, et il y a déjà longtemps que les vaisseaux sont prêts sur la mer pour faire venir tes enfants de loin.
Tes portes seront toujours ouvertes, ni jour ni nuit elles ne seront fermées, afin que te soient apportées les richesses des Nations...
Ils t'appelleront la cité du Seigneur, la Sion du Saint d’Israël...

Parce que tu as été abandonnée et exposée â la haine, et qu'il n'y avait personne qui passât jusqu'à toi, je t'établirai dans une gloire qui ne finira jamais et dans une joie qui durera dans la succession des âges...
Ton soleil ne se couchera plus, et ta lune ne souffrira plus de diminution, parce que le Seigneur sera ton flambeau éternel, et que les jours de tes larmes seront finis 1.



1 Ps. XCII.
2 Isaïe, LXV, 17. - Saint Pierre, IIe Epitre, III, 13.
1 Isaïe, chap. LX




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Message  Monique Mar 27 Fév 2024, 7:39 am

De cette sublime prophétie, il y a eu plusieurs accomplissements ; car souvent les prophètes cl ’Israël apercevaient, de leurs regards inspirés, des horizons d’avenir successifs, où il y avait un premier plan et un arrière-plan, et, dans leurs prédictions et descriptions, ils passaient de l'un à l’autre (c’est ce qui explique les magnificences, et aussi les difficultés de leurs prophéties). Cette prophétie, au point de vue littéral, n’a reçu qu’un accomplissement très imparfait ; jamais, en effet, le peuple de Dieu n’a revu la splendeur du règne de Salomon, alors que la ville de Jérusalem, bâtie après le Temple, étincelait de portiques de marbre et de faites d’or, et, attirant à elle l'admiration des peuples les plus lointains, regorgeait de la foule des étrangers et des longues files de dromadaires fléchissant sous le poids des pierres précieuses et des aromates ;

Au point de vue spirituel, elle s’est accomplie exactement avec l’établissement de la sainte Eglise catholique, nouvelle et plus admirable Jérusalem. Les peuples accourent à sa lumière ; rois et sujets lui apportent leurs présents. A mesure que les siècles et les espaces se développent, quelles longues files d’enfants entrent dans son sein, les grandes nations, les petites peuplades, les iles : semblables à des nuées lumineuses ou à des colombes qui retournent à leurs colombiers ! Elle n’a ni portes ni murailles, afin que son accès soit facile à tous. Et comblée de gloire au milieu même de ses épreuves, elle rayonne, enveloppée de lumière et comme centre de lumière, tandis que les ombres et les ténèbres descendent sur le reste du monde.

Mais certaines expressions du prophète sont tellement magnifiques (ton soleil ne se couchera plus, ta lune ne souffrira plus de diminution), elles dépassent tellement tout événement terrestre, qu’il reste de la prophétie, un autre accomplissement : celui du terme ou de la Jérusalem des cieux. Or, c’est à ce dernier accomplissement que, pieusement, s’entrelace la vision des voies lactées. Ces chemins d’étoiles, jetés dans l’azur des nuits sereines, me semblent le plus beau commentaire du cantique d’Isaïe. Regardez attentivement : ces groupes d'étoiles, ces traînées lumineuses et blanches qui se prolongent et se croisent dans le firmament, ne ressemblent- elles pas à autant de caravanes en marche, comme pour faire leur entrée dans la Jérusalem des cieux? Les dromadaires de Madian et d’Epha t'inondent, les caravanes de Saba accourent, apportant l’or et l'encens; longue file de dromadaires dans la Jérusalem de Salomon; longue file de peuples dans la Jérusalem de l’Eglise ; mais surtout longue file d’élus dans la Jérusalem des cieux : voies lactées du firmament, vous aurez symbolisé ces différentes caravanes !

Lève-toi, illumine-toi, Jérusalem, ta lumière s’avance : céleste Jérusalem, ô patrie des cieux, oui, la lumière s’avance. Chaque année, à un jour déterminé, à la fête de la Toussaint, l’Église ne fait-elle pas avancer sur nos têtes et ne découvre-t-elle pas devant nos regards cette grande nuée de témoins dont parle saint Paul1 : la multitude de tous les saints, heureuses caravanes déjà arrivées, parvenues au terme, voie lactée par excellence, éblouissante de blancheur et d’or, innombrable dans ses rangs pressés d’élus, vision fortifiante où se trouve réalisée la parole du Prophète : Ton soleil, ô Jérusalem, ne se couchera plus, et ta lune ne souffrira plus de diminution, parce que le Seigneur sera ton flambeau éternel, et que les jours de tes larmes seront finis!


1 Epître aux Hébreux, III, 1, 2.



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Message  Monique Mer 28 Fév 2024, 6:09 am

V

Dans cette nuée de témoins couronnés, entre toutes ces figures souriantes que l’Eglise nous fait admirer et nous presse d’imiter, il est une figure qui s’est détachée des autres durant cette partie de notre travail consacré aux enfants de lumière ; elle nous encourageait et semblait nous bénir : c’est la jeune sainte Agnès.

Tout le monde catholique connaît les particularités exquises de sa noble origine, de sa virginité et de son martyre à treize ans. L’Eglise s’est plu à lui consacrer deux fêtes1. La seconde honore une apparition de l’enfant de lumière à ses parents, au lendemain de son entrée dans la béatitude. Les Actes des saints racontent ce qui suit :

« Le huitième jour après sa mort, ses parents étaient venus pour veiller à la grotte de son sépulcre : tout à coup, dans le silence de la nuit, ils voient un chœur de vierges qui, revêtues de cyclades tissues d’or, passaient au travers d’une grande lumière, et au milieu d’elles, la bienheureuse vierge Agnès, parée aussi de cette cyclade éblouissante, et à sa droite, un agneau plus blanc que le lait. A ce spectacle, ils sont frappés de stupeur, ainsi que tous ceux qui étaient avec eux. Agnès pria les vierges saintes de s’arrêter un peu ; et debout devant ses parents, elle leur dit : Vous voyez que vous ne devez pas me pleurer comme une morte; mais réjouissons-nous ensemble el félicitez-moi, parce que j'ai été reçue avec ces compagnes dans les demeures lumineuses, et que je suis unie dans les cieux à Celui que j'ai aimé sur la terre de toute ma puissance d’aimer. Et ayant dit ces choses, elle passa1. »

Pieux lecteur, lorsque par une nuit sereine, vous considérez la voie lactée, rappelez-vous le passage de sainte Agnès avec son agneau plus Liane que le lait. Puisse aussi cette partie de notre livre, où il n’a été question que des enfants de lumière, mériter la grâce de passer devant votre âme comme la vision de l'angélique petite sainte! Peut-être, pieux lecteur, pleurez-vous un être chéri, un fils, un ami, une jeune fille, dont les vertus et l’affection aidaient à votre bonheur : pleurez moins, ils font partie maintenant de la voie lactée des bienheureux; et cette page expression de leur sourire et de leurs regards, vous dit : « Consolez-vous et félicitez-nous, parce que nous sommes unis dans les cieux à Celui que nous avons aimé sur la terre de toute notre puissance d'aimer ! »


1 Elles se célèbrent l'une, le 2i janvier, l’autre le 28.
1 Actes de sainte Agnès, traduits par le saint Victor, Fleurs des saints.




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Message  Monique Jeu 29 Fév 2024, 8:26 am

LIVRE TROISIÈME

LES FILS DE TÉNÈBRES NÉS DE L'APOSTASIE


****




CHAPITRE PREMIER

COMME QUOI, DES DIFFÉRENTES TÉNÈBRES, CELLES DU VENDREDI SAINT ONT LE PLUS DE RAPPORT AVEC LA NOIRCEUR DE L' APOSTASIE CONTEMPORAINE


I. L’histoire a enregistré, à certaines époques, des invasions extraordinaires de ténèbres. Caractères particuliers aux ténèbres qui formèrent la neuvième plaie d’Egypte; celles de notre époque n’ont de commun avec elles que l’endurcissement des cœurs. — II. Les ténèbres du Vendredi Saint : prodige de leur apparition; leur universalité; gradation dans leur noirceur; leur signification terrible. — III. Les ténèbres spirituelles qui proviennent de l'apostasie contemporaine rappellent, en les dépassant, celles du Vendredi Saint. Qu’est-ce donc que l'apostasie. — IV. Caractère de prodige diabolique dans ces ténèbres de l’apostasie : c’est au point culminant de la civilisation et dans la splendeur des plus merveilleuses découvertes scientifiques qu’elles apparaissent. — V. Universelles, elles envahissent et n’épargnent aucun endroit de la terre. — VI. Gradation : elles ont été épaisses et horribles en 1789-1793 ; elles se sont, ensuite, éclaircies, afin qu’on put apercevoir la beauté, la patience, la mansuétude de l’Eglise au milieu des souffrances ; mais que seront-elles, à la dernière heure de la Révolution? — VII. Trait de comparaison le plus sinistre : l’aveuglement des juifs déicides fut plus étonnant et plus lugubre que les ténèbres de la nature survenant à midi, et l’aveuglement des chrétiens apostats est plus étonnant et plus lugubre que celui des juifs déicides.


I

L’histoire a enregistré, à certaines époques de l’humanité, des invasions de ténèbres extraordinaires. Il y aura pas curiosité, mais utilité, à rechercher quelles sont celles qui présentent le plus d'analogie avec les ténèbres de notre époque.

Considérons en premier lieu les fameuses ténèbres qui formèrent la neuvième plaie d’Egypte. Le Livre de l’Exode raconte ainsi leur apparition, leur durée et leurs caractères :

Le Seigneur dit à Moïse : « Etendez votre main vers le ciel, et qu’il paraisse sur la terre de l'Egypte des ténèbres si épaisses, qu’elles soient palpables. » Moïse étendit sa main vers le ciel, et des ténèbres horribles couvrirent toute la terre de l'Egypte pendant trois jours. Nul ne vit son frère, ni ne se remua du lieu ou il était; mais le jour luisait partout où habitaient les enfants d'Israël1.

Ces ténèbres eurent une durée de trois jours. Leurs caractères furent les suivants, exprimés dans la citation du Livre de l’Exode, et complétés par le Livre de la Sagesse qui a tout un chapitre sur ces ténèbres qui formèrent la neuvième plaie d’Égypte :

Premier caractère : Elles furent matérielles ; si épaisses, qu’elles étaient palpables. « Nul ne vit son frère. » Le Livre de la Sagesse ajoute : Il n'y avait point de feu si ardent qui put leur donner quelque clarté, et les flammes toutes pures des étoiles ne pouvaient éclairer cette horrible nuit2. Aucune lumière artificielle, même celle des fournaises, ne put tenir devant ces ténèbres, ni les pénétrer.



1 Exode X, 21-23.
2 Livre da Sagesse, XV. 1, 5.




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Message  Monique Ven 01 Mar 2024, 8:26 am

Deuxième caractère : Horribles, pleines d'épouvantes. « Nul ne se remua du lieu où il était. » Le Livre de la Sagesse ajoute ces détails très circonstanciés: Les lieux secrets où les habitants s'étaient retirés ne les défendaient point de la crainte, parce qu'il s’élevait des bruits qui les effrayaient, et qu'ils voyaient paraître des spectres affreux qui les remplissaient de terreur ; Les bêtes qui passaient et les serpents qui sifflaient, les mettant comme hors d'eux-mêmes, les faisaient mourir de peur; et ils eussent voulu ne pas même ouvrir les yeux de crainte de regarder, ni respirer l'air, quoique cela soit impossible.

Que si quelqu'un était tombé, il demeurait renfermé sans chaînes dans cette prison de ténèbres. Que ce fût un paysan ou un berger, ou un homme occupé aux travaux de la campagne, qui eût été ainsi surpris, il se trouvait dans la nécessité de demeurer à sa place, et dans un abandonnement inévitable. Le grand bruit que les pierres faisaient en tombant, la course des animaux qui se jouaient ensemble, sans qu'ils les pussent apercevoir, les hurlements des bêtes cruelles, ou les échos qui retentissaient du creux des montagnes, toutes ces choses, frappant leurs oreilles, les faisaient mourir d’effroi 1.

On se représente facilement l'épouvante de ces scènes. L’Égypte, dans plusieurs parties, est pleine d'animaux dangereux et de bêtes féroces. Les serpents et les reptiles venimeux y fourmillent, les crocodiles remplissent son fleuve et ses canaux, de même que les lions, les hyènes et les panthères sont en grand nombre dans les contrées désertes qui l'a voisinent. En outre, les Egyptiens, adorant ces animaux comme des dieux, en nourrissaient jusque dans leurs maisons. Toutes ces bêtes, sans doute, se mirent à rugir, et, pressées par la faim et enhardies par les ténèbres, devaient sortir de leurs repaires et menacer les Egyptiens. Quelles impressions d’épouvante alors, sans pouvoir bouger de sa place ! quelle image de l’enfer !


1 Sagesse, XVII, 4, 9, 15, 16, 18.



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Message  Monique Sam 02 Mar 2024, 8:02 am

Troisième caractère : Elles enveloppèrent les seuls Egyptiens. « Le jour luisait partout où habitaient les enfants d’Israël. » Le Livre de la Sagesse ajoute : Tout le reste du monde était éclairé d’une lumière très pure, et s'occupait à son travail sans aucun empêchement. Eux seuls étaient accablés d'une profonde nuit. Les enfants d'Israël entendaient les cris des Egyptiens, sans voir leurs visages 1. Placés dans la terre de Gessen, ou du moins dans des groupes à l’écart, les Hébreux entendaient les cris lamentables des Egyptiens, mais ne les voyaient pas, et ils glorifiaient le Seigneur de ce qu’ils ne souffraient pas les mêmes choses.

Et ainsi, matérielles et palpables, pleines d’horreur et d’épouvante, mais enveloppant les seuls Égyptiens : telles furent, dans leurs principaux caractères, ces fameuses ténèbres qui formèrent la neuvième plaie.

Or y a-t-il dans les trésors de la colère de Dieu, consignés aux divines Ecritures, un retour possible à de pareilles ténèbres ? Pour l’époque des derniers jours du monde, quelque chose d'analogue se produira sans doute, car les évangélistes saint Matthieu, saint Luc et saint Marc parlent en ces termes :

Le soleil s'obscurcira. Il se couvrira de ténèbres. La lune ne répandra plus sa lumière. Les étoiles tomberont du ciel. Et sur la terre, les nations seront dans l'angoisse par la crainte que leur causera le bruit confus de la mer et des flots; et les hommes sécheront de frayeur dans l'attente de ce qui doit arriver dans tout l'univers 1.

Mais en dehors de ces terribles phénomènes, avant-coureurs du jugement général, y a-t-il possibilité de retour à de pareilles ténèbres ? Ce n’est guère probable, pour ne pas dire d’une façon absolue : non ; et en voici la raison :

Quand la divine Providence, dans son courroux contre Pharaon, jugea convenable de frapper l’Egypte d’une pareille plaie, les peuples étaient encore enfants, c’était l’âge d’enfance pour l’humanité : conséquemment, la raison était peu écoutée, l’imagination se montrait extravagante, et les sens, par contre, comme il arrive chez les enfants, avaient un débordement et un empire fâcheux. En un tel état de choses, le Tout-Puissant eut recours à des ténèbres qui devaient peser sur la détermination d’un peuple corrompu et endurci comme l’étaient l’Egypte et ses Pharaons, et dont le souvenir, en même temps, ne s’effacerait jamais de la mémoire du peuple hébreu qui, volage et entêté, avait besoin, lui aussi, d’être formé à rude école et frappé dans son imagination. Les ténèbres employées furent donc palpables et horribles.

Mais dans la suite des âges, à mesure que l’humanité avancera et se développera, Dieu, qui dispose de nous avec une grande révérence1, proportionnera sa justice à cet état de développement ; et lorsque sa justice devra recourir à des châtiments, les ténèbres employées comme châtiments seront d’autant moins matérielles que les peuples seront plus murs : car Dieu témoignera, en cela, son respect pour le libre arbitre.

Nos ténèbres actuelles n’ont donc de commun avec celles des Égyptiens que l’endurcissement. Le Livre de l’Exode observe que le cœur de Pharaon, à la suite de cette plaie, s'endurcit encore davantage2. Tel est aussi l'état des mauvais depuis bientôt un siècle : sous les coups de la justice, leur cœur devient une enclume. Passons aux ténèbres du Vendredi Saint, pour ex miner si l'analogie est plus étroite avec les ténèbres de notre époque.



1 Sagesse, XVII, 19, 24; XVIII, 1.
1 Saint Mathieu, XXIV. — Saint Marc, XIII. — Saint Luc, XXI.

1 Sagesse XII, 18.
2 Exode, X, 27-29.



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Message  Monique Lun 04 Mar 2024, 8:52 am

II

Or, depuis la sixième heure du jour jusqu’à la neuvième (c'est-à-dire depuis midi jusque vers trois heures), la terre entière fut couverte de ténèbres 1.

Ainsi parlent les évangélistes saint Matthieu et saint Marc.

Dieu avait conduit les Mages par une étoile extraordinaire jusqu’à la crèche de Jésus-Christ son Fils ; et il éteint le soleil lorsque son Fils est crucifié par les Juifs ! « Le soleil ne se coucha point, mais il tomba en quelque sorte en défaillance, et ne put continuer sa course. » Cette admirable réflexion est de saint Hilaire2.

Dans ce phénomène lugubre, il importe de distinguer quatre choses : le caractère de prodige dans ces ténèbres; leur universalité; la gradation dans leur noirceur ; leur signification terrible3.

A. Le prodige de leur apparition. — L’obscurité fut si subite, si grande, si longue, si différente de toutes les éclipses ordinaires, qu’il ne fut pas possible de l’attribuer à aucune cause naturelle. « Il était midi quand les premières ténèbres s’élevèrent sur le Golgotha : depuis ce temps elles montaient toujours, étendant un linceul sur Jérusalem, la Judée, le inonde entier. Aucune cause naturelle ne suffit à expliquer ce phénomène, car la lune alors dans son plein rendait une éclipse de soleil impossible. 1 »

B. Leur universalité. — L’obscurité fut générale, et non particulière pour la Judée. Les historiens et les astronomes de l’époque l’observèrent comme un phénomène singulier. Tertullien, dans son Apologie pour les chrétiens, cite les monuments publics de l’Empire qui en conservaient la mémoire : « Le jour manqua tout à coup, quoique le soleil fût au milieu de sa course. Ceux qui ne savaient pas que cela avait été prédit relativement à Jésus-Christ,2 prirent cet événement pour une éclipse. Mais un tel prodige, qui a été universel dans tout le monde, est attesté par vos propres Archives3. »

D. Leur signification terrible. — Elles venaient signifier l’aveuglement des juifs plus étonnant, plus inexplicable que ces ténèbres elles-mêmes. En effet, voilà un peuple que Dieu avait choisi pour donner naissance au Messie ; chez qui une suite de prophètes se sont succédé durant deux mille ans, constamment et sans variation, pour prédire et rappeler la grande espérance, et qui même ont décrit par avance la physionomie de Celui qui est attendu, l’un annonçant son humble naissance, l’autre sa douceur et ses miracles, l’autre ses souffrances et sa mort ; un peuple qui, lui-même, est tout entier prophète, puisqu’il annonce le Messie aux autres Nations qui l’attendent : et lorsque le Messie vient, ce peuple entend sa céleste doctrine, voit et recherche ses nombreux miracles, peut constater en lui les traits prédits par ses prophètes, le méconnaît cependant et le place en croix : de telles ténèbres ne sont-elles pas encore plus incroyables que celles qui couvrirent alors le soleil?

Aveuglement d’autant plus étonnant et plus inexplicable qu'il avait été, lui-même, prédit ! Le prophète Isaïe avait annoncé avec larmes : Nous attendions la lumière, et nous voilà dans les ténèbres.

Nous espérions un grand jour, et nous marchons dans une nuit sombre. Nous allons comme les aveugles en touchant les murailles : nous marchons à tâtons comme si nous étions sans yeux. Nous nous heurtons en plein midi, comme si nous étions dans les ténèbres ; nous sommes dans des antres obscurs, comme les morts1. » Oui, il est grand jour, il est midi, c’est l’heure même où Jésus est élevé sur la croix, et voici que le peuple juif tout entier se heurte contre le Golgotha ! « En plein midi, nous n’avons rien vu, ni la lumière, ni les ténèbres, ni le soleil, ni son obscurcissement. Rien ne nous a instruits, et rien ne nous a touchés. Nous avons été aussi insensibles que les morts, aussi privés de mouvement que ceux qui sont dans les tombeaux » . En vérité, comment les ténèbres de la nature ne seraient-elles pas survenues, en attestation lugubre d’un si monstrueux et si terrible aveuglement ?

Et après dix-neuf siècles, cet aveuglement n’a point cessé !... Moïse avait emporté du Sinaï des rayons. Les juifs ont emporté, du Golgotha, des ténèbres dans leurs yeux et dans leur cœur, et se les transmettent, depuis près de deux mille ans, de génération en génération... Ce sont là les ténèbres qui se rattachent au déicide : examinons maintenant dans quelle mesure et sous quelles formes elles reparaissent dans l’apostasie.


1 Saint Matthieu, XXVII, 45. — Saint Marc, XV, 33.
2 Saint Hilaire, Livre III de la Trinité, n° 11.
3 Dom Calmet a écrit une très savante dissertation sur « les ténèbres arrivées à la mort de Jésus-Christ, » t. IIT, 2e partie.
1 La Vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ, par l'abbé Fouard, t. II p. 421-422.
2 La prédiction à laquelle Tertullien fait allusion a été celle du prophète Amos ; voici en (Quels termes inspirés le saint prophète avait parlé aux juifs de son temps : « En ce jour-là, dit le Seigneur, je couvrirai le SOLEIL EN PLEIN MIDI, ET JE REPANDRAI DES TENEBRES SUR LA TERRE, DANS LE TEMPS MEME QUE DURERA LE JOUR, ET QU'ELLE DEVRAIT ÊTRE éclairée Je changerai vos fêtes en deuil, et vos cantiques en lamentations. Je ferai que votre terre sera dans les larmes, comme si elle les répandait sur un fils unique, et son dernier jour sera pour elle un jour plein d'amertume. » Amos, VIII, 9, 10.
3 « Eodem momento, dies, medium oriem signante sole, subducta est. Deliquium utique putaverunt, qui id quoque super Christo prædicatum non scierunt. Et tameneum mundi casum relatum in Archivis vestris habetis. » Tertull., in Apolcap. 21.
1 Duguer, Explication du mystère de la Passion.





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Message  Monique Mar 05 Mar 2024, 6:45 am

III

Si on avait dit aux enfants d’Israël, quand la plaie des ténèbres s’étendait devant eux sur les Égyptiens, tandis qu’eux-mêmes continuaient à jouir de la lumière la plus pure, qu’un temps viendrait où, à leur tour, ils entre raient dans les ténèbres, et d’une façon plus épouvantable, ils lie l’eussent jamais cru. Cette aggravation, cependant, est arrivée. Car durant les trois jours où les Égyptiens se sentirent enveloppés de cette nuit profonde, leur conscience se réveilla momentanément : l'Ecriture a eu soin de noter qu'ils étaient devenus plus insupportables à eux-mêmes que leurs propres ténèbres1, tandis que les juifs déicides se supportent dans les leurs, s’y cantonnent, s’y complaisent ! Ce spectacle plein de stupeur est indéniable, il s’étale sous les yeux de l’histoire. Mais voici qu’un autre spectacle, où la stupeur n’est pas moins inattendue et douloureuse, est venu lui faire pendant :

Si, aux Nations qui ont reçu le baptême du Christ et ont pris la place d’honneur des juifs, on avait annoncé, le jour où se firent et l’appel de la Gentilité et la réprobation du peuple déicide, qu’un temps viendrait où, parmi elles, l’apostasie formerait des foules plus endurcies et plus enfoncées dans les ténèbres que les juifs, elles ne l’eussent jamais cru.

Cette douloureuse révolution des choses est, cependant, en train de s’accomplir. Définissons l’apostasie. Nous montrerons ensuite que les ténèbres qui s’y rattachent rappellent celles du Vendredi Saint, en les dépassant.

Qu’est-ce donc que l’apostasie ?

La théologie, envisageant ce crime tel qu'il se commettait dans les siècles passés, répond : C'est le crime de celui qui abandonne la vraie religion pour en embrasser une autre; ainsi était apostat celui qui abandonnait Jésus-Christ pour Mahomet.


1 Livre de la Sagesse, XVII, 20.



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Message  Monique Mar 02 Avr 2024, 9:03 am

Saint Paul, dont le regard inspiré a plongé dans les secrets de l’avenir, a annoncé avec une poignante tristesse un temps où l’on quitterait Jésus-Christ , mais sans signaler quelque autre fausse religion que l’on embrasserait. L’Apôtre a simplement employé le terrible mot de discessio, défection ; « l'apostasie, la défection arrivera auparavant1 » ; on rejettera Jésus-Christ qu’on aura connu, aimé et servi ! mot lugubre, dont un évêque nous disait à nous-même « que, lorsqu’il le rencontre dans sa lecture de la Bible, il lui donne le tremblement. » Discessio!

Il suit de ce qui précède qu’il y a une différence entre l’apostasie dans les époques antérieures et l’apostasie à notre époque : autrefois on abandonnait la vraie religion pour en suivre une autre fausse, Jésus-Christ pour Mahomet, tandis qu’aujourd’hui on rejette Jésus-Christ purement et simplement, parce qu’on en a assez, parce qu’on veut s’en tenir à ce qui se passe chez l'homme, sans prendre la peine de se ranger sous un autre culte. Mais, en cela, il y a une ruse terrible de l'Esprit de ténèbres. L’homme étant un être dépondant, enseigné, dominé, il faut toujours qu’il serve un maître. Il en résulte que, d’une façon consciente ou inconsciente, par haine ou par solidarité maçonnique, on abandonne Jésus-Christ pour servir Satan. L'apostasie s’identifie aujourd'hui avec le Satanisme.

L’apostasie étant ainsi définie, il est manifeste que les ténèbres qui vont en sortir et s’y rattacher seront autrement redoutables que toutes leurs invasions anciennes : ce seront les ténèbres du Vendredi Saint, avec aggravation. Il importe de rappeler préalablement ce principe énoncé plus haut : que les ténèbres sont d’autant moins matérielles que les peuples sont plus mûrs ; Horriblement matérielles, à la neuvième plaie d’Egypte ; Moins matérielles, mais plus profondes dans l’esprit et le cœur, au Golgotha ; Nullement matérielles dans l'apostasie contemporaine, mais présentant, dans l’esprit et le cœur des apostats, les redoutables caractères que nous allons décrire.


1 Deuxième épître aux Thessaloniciens, II, 3.



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Message  Monique Mer 03 Avr 2024, 7:30 am

IV


A la passion du Christ, ce fut à midi que, tout à coup, le jour vint à manquer, et qu’un noir linceul s’étendit sur la cité déicide : afin qu’il fût bien constaté qu’il y avait prodige dans cette venue des ténèbres en plein midi.

Semblable prodige se renouvelle présentement. Saint Paul, en effet, a annoncé une époque de maturité pour les Nations qui serait en quelque sorte leur plein jour, le midi de leur éclat, de leur génie et de leur puissance ; aussi l'appelle-t-il d’un terme expressif : la plénitude des Nations1; de même que le jour est dans son plein à midi, les Nations, environnées de toutes leurs gloires, apparaîtront alors dans leur plénitude, dans leur midi.

N’assistons-nous pas à cette glorieuse époque? Du haut de la chaire de Notre-Dame de Paris, en 1849, le Père Lacordaire faisait entendre ces accents qui soulevèrent l’émotion de son auditoire :

Quand on vient à considérer, Messieurs, le travail intellectuel accompli par l'homme ici-bas, on ne peut retenir en soi un mouvement de stupeur et d’admiration. Placé sur cette terre comme dans une île dont le ciel est l’Océan, l’homme a voulu connaître le lieu de son passage ; mais d’innombrables barrières dressées autour de lui s’opposaient à son dessein, et lui interdisaient de prendre possession de son empire et de son exil. La mer lui opposait la jalousie de ses flots : il a regardé la mer, et il a passé. La proue de son génie a touché les plus inaccessibles rivages ; il en a fait le tour, il en a dessiné les plis, et après quelques siècles d’une audace plus opiniâtre que les tempêtes, dominateur paisible des eaux, il se promène où il veut et quand ll veut à la surface soumise de leur immensité. Il envoie ses ordres à tous les écueils, devenus des ports ; il leur emprunte par des échanges qui ne s’arrêtent jamais, le luxe et l’orgueil de sa vie, mêlant ensemble tous les climats pour ne faire d’eux, si divisés qu’ils soient, qu’un serviteur unique obéissant sur tous les points du globe à ses désirs souverains.


1 Epître aux Rom., XI, 25.




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Message  Monique Jeu 04 Avr 2024, 8:34 am

Une autre mer, plus vaste, plus profonde encore, recueil de mystères infinis, répandait sur sa tête ses ondes peuplées d’étoiles. Lui, simple pâtre alors, errant à la suite de ses troupeaux, dans les champs de la Chaldée, a regardé le ciel à travers les pures nuits de l’Orient. Aidé du silence, il a dit aux astres leur nom, connu leur marche, pénétré le secret de leurs obscurcissements, prédit leur disparition et leur retour; et toute cette armée lumineuse, comme si elle eût pris ses ordres dans les yeux de l’homme, n’a cessé de se rendre, dans un cycle exact, au rendez-vous où l’attendait l'observateur. L’astre même qui n’apparaît qu’un jour en plusieurs siècles n’a pu nous dérober sa course ; appelé à heure fixe, il se détache des profondeurs inénarrables où nul regard ne le suit, il vient, il aborde, à un point signalé d'avance, notre étroit horizon, et saluant de sa lumière l'intelligence qui l’a prophétisé, il retourne aux solitudes où l’infini seul ne le perd jamais de vue.

Mais entre la terre et le ciel, entre la demeure de l’homme et celle des étoiles, s’étendait un espace différent de tous les deux, moins subtil que l’un, moins grossier que l’autre, habité par les vents et les orages, et pénétrant de ses actives influences tous les ressorts de notre vie. L’homme a reconnu ces compagnons invisibles de son être ; il a décomposé l’air qu’il respire, et saisi les nuances du fluide qui l’éclaire; la vitesse de l’un ne lui a pas plus échappé que la pesanteur de l’autre. En vain la foudre, cette vive image de la toute-puissance divine, semblait défier la hardiesse de ses investigations : comme un géant qui a tout abattu autour de lui, et qui s’indigne de rencontrer un obstacle, il s’est pris corps à corps avec ce résumé terrible des forces de la nature, et, plus maître que jamais, il a traité la foudre comme un enfant qui se mène par un fil, tantôt l’arrêtant respectueuse au sommet des palais et des temples, tantôt la forçant de se précipiter par des routes inoffensives dans les muets abîmes de la terre. La terre, la mer, le ciel et tous ses flambeaux, l’air et tous ses phénomènes, rien du dedans et du dehors n’avait pu se soustraire à l’esprit de l'homme1...

Et après avoir ainsi énuméré les merveilleuses découvertes du génie des Nations, le grand moine s’écriait :
Mais est-ce là tout? Le roi du monde s'est-il arrêter là? Gardez-vous de le croire. Il est monté plus haut ; il s’est demandé ce qu’il y avait au delà des étoiles, quel est l’orbe qui meut tous ces orbes mesurés par son compas, et il s’est répondu :

L’infini ! Il a passé plus loin ; il a débordé l’infini imaginaire pour contempler en face l’infini réel, et le voyant sans le voir, le définissant sans le définir, parvenu au terme de toute vérité, il a dit d’une voix qui a été la première, et qui sera la dernière :

Par delà tous les cieux: le Dieu des cieux réside!

A ce moment, l’auditoire ému se levait, de transport, et le Père Lacordaire, ému plus que personne, eut ce mouvement admirable : Ne me troublez pas, Messieurs, laissez-moi tremblant devant la grandeur de l'homme; tout à l’heure il ne remuait que la poussière, et le voilà qui touche Dieu1 !



1 Lacordaire, cinquante-cinquième conférence. De la nécessite du commerce surnaturel de l'homme avec Dieu (année 1849).
1 Lacordaire, cinquante-cinquième conférence




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Message  Monique Sam 06 Avr 2024, 8:28 am

Quarante ans se sont écoulés. A quarante ans de distance ( 1849- 1889), les étonnantes découvertes célébrées par Lacordaire se sont complétées et précisées ; nous approchons de midi : le midi de l’éblouissante puissance matérielle des peuples; mais qu’est-ce que j’aperçois? Le dernier mot du grand moine ému était :

Le voilà qui touche Dieu ; l’homme touche Dieu, c’est vrai, mais pour l’expulser du monde, comme un étranger dangereux qu’on reconduit à la frontière!... Hélas ! oui, c’est à l’apogée de leur grandeur et de leur puissance, dans la maturité de leur raison et dans la pleine possession de toutes leurs forces ;

C’est après avoir comme et aimé Jésus-Christ, approfondi et goûté sa doctrine, admiré et servi son Eglise; C’est après leur avoir demandé, et obtenu de leur amour, les lumières et les grâces pour accomplir tant de merveilles qui constituent la civilisation;

C’est, en un mot, dans ce plein midi de leur gloire que, tout à coup, les peuples modernes, et, parmi eux, les plus favorisés, les plus privilégiés, tolèrent qu’on lève la main contre le ciel, et que, chez eux, le Christ est voué à l'exécration, Dieu à l’expulsion, l’Église à l’extinction!

N’est-ce pas un prodige, mais diabolique? N’est-ce pas le midi du Vendredi Saint obscurci par les ténèbres1?


1 Léon XIII s'est servi avec un étonnement douloureux de ce mot prodige, à propos du scandale de la statue élevée dans Rome à Giordano Bruno, moine révolté et perdu de mœurs.
... « Rome donc a vu en ces jours une immense tourbe amenée de tous les côtés dans ses murs : des processions de drapeaux cyniquement hostiles à la religion, et ce qui est le plus épouvantable, c’est qu’il s'y trouvait même des étendards avec l'effigie du mauvais Esprit qui a refusé d’obéir dans le ciel au Très-Haut, et qui est le prince des séditieux, le chef de tous les révoltés.
Il est douloureux à constater, et c ‘est presque un prodige que, dans cette auguste ville où Dieu a établi le domicile de son vicaire, retentisse l’éloge de la raison humaine en révolte contre Dieu. Les événements nous ont conduits à ce point que nous voyons l’abomination de la désolation dans le lieu saint.
Nous déclarons que Rome a été outragée... (Allocution de Léon XIII, prononcée en consistoire le 30 juin 1889.)





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Message  Monique Dim 07 Avr 2024, 8:28 am

V

Et les ténèbres actuelles ont aussi un caractère d'universalité, comme à la Passion du Christ « la terre entière fut couverte de ténèbres 2 ». Chez tous les peuples, en effet, la guerre est déclarée à Dieu. Ce n’est pas à dire que les peuples y prennent part comme peuples : oh non, certes, et fort heureusement. Mais chez tous les peuples, l’épouvantable déclaration de guerre est notoire ; et les gouvernements, ou complices ou terrifiés, ne sont plus assez forts pour dissiper les noirs bataillons qui, des souterrains, sont entrés publiquement en ligne contre le ciel. En France, la Révélation chrétienne est rayée du domaine entier de l’Etat, et il se fait des déclarations officielles d'athéisme. En Italie, à Milan, à Turin, un drapeau a été déployé qui portait cette inscription : Vive l'En fer! A Rome, l'audace des sectes n’a plus de bornes ni de freins. A Madrid et en Espagne, il y a la
Main-Noire. En Russie, c’est le Néant qui est invoqué, le Nihilisme.

En Allemagne, nonobstant une compression de fer, se développe l'Internationale : et partout, jusque dans les dernières îles de l'Océanie, aborde et s’implante la Franc-Maçonnerie. Une ouverture du puits de l'abîme s’est produite à l’intérieur de chaque nation. Chaque pays a son soupirail d’où sort, avec une fumée étrange, un esprit de vertige qui révolutionne et obscurcit les idées, les mœurs, les institutions. Rien n’est plus à l’abri des ténèbres !

Evidemment, à toutes les époques de l’ère chrétienne, il y a eu des ténèbres qu’engendrait la dépravation, et souvent elles pénétraient les idées et les mœurs au point de les rendre méconnaissables. Mais, en aucun temps, elles n’avaient eu ce caractère d’universalité et de cohésion qu’elles présentent aujourd'hui : l'horizon semble pris et cerné de tous côtés.

On avait cru un instant, précisément aux temps du Père Lacordaire, que la Révolution était finie, parce qu’on s’était bercé de l’espérance chimérique de lui infuser un esprit chrétien. Mais quelqu’un écrivait aux côtés mêmes du moine généreux : « Si je regarde autour de moi, je lis la révolte écrite sur des fronts cicatrisés par la foudre des vengeances divines. Si je prête l’oreille, j’entends des blasphèmes hautains et des ris moqueurs. Dieu est encore un scandale pour ceux qui avaient juré de l’anéantir. Et gardez-vous de penser qu’ils aient perdu l’espoir ou abandonné le dessein de le détrôner. S’il subsiste un reste de foi, si la terre est encore esclave de l’espérance, c’est qu’on a mal attaqué le ciel. Pleins de cette idée, ils rassemblent sous nos yeux et renouent les fils dispersés de leur vaste conjuration1. »

Ces fils, aujourd’hui complètement renoués, sont étendus d’une façon plus vaste et plus savante : ce qui explique pourquoi les ténèbres « couvrent la terre entière ».



2 Saint Matthieu, XXVII, 45. — Saint Marc, XV, 33.
1 Lamennais, Essai sur l'indifférence, t. I.





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Message  Monique Lun 08 Avr 2024, 8:36 am

VI

Mais voici, dans ces ténèbres de l'apostasie, un troisième caractère saisissant : elles sont graduées, comme furent celles du Vendredi Saint « qui, vraisemblablement, avons-nous remarqué avec de savants interprètes, ne furent très épaisses qu’au commencement et à la fin, diminueront et s’éclaircirent entre deux, afin que pût être aperçu le grand spectacle des souffrances et de la patience du Christ. »

Cette même distribution, par une permission manifeste de la Providence, s’est reproduite. Au début, à l’ouverture, de l’apostasie en 1789-1793, les ténèbres furent épaisses, horribles; la mémoire des Français n’oubliera jamais cette obscurité épouvantable ; il se transmettra de génération en génération des détails comme ceux-ci :

La place de la Révolution avait reçu tant de sang que l’air en était infecté. Les tyrans craignant aussi que ces convois de chaque jour vers l’échafaud à travers les grands quartiers de Paris n’éveillassent des sentiments hostiles à leur puissance, transportèrent l'instrument libérateur de la République à la barrière du Trône. Un aqueduc par où le sang devait s’écouler fut creusé à la place Saint-Antoine : détail horrible, mais devant lequel l’histoire ne recule point ! Tous les jours le sang humain se puisait par seaux, et quatre hommes étaient occupés, au moment de l'exécution, à les vider dans cet aqueduc 1.

Et encore :

La terreur était à son comble. Tous les bruits effrayaient, tous les pas semblaient être les pas des bourreaux. On n’osait plus regarder ni parler ; on vivait en retenant son haleine ; on redoutait même que la crainte il fit passer pour coupable. Des cachettes pratiquées dans les murs, un étroit espace ménagé dans les profondeurs des caves, un coin dans une caverne au fond des forêts, des trous de rochers disputés aux bêtes, les déguisements et les ombres de la nuit, les plans mystérieux, les inventions, les ruses, les mille combinaisons du dévouement ou de l’amour de la vie protégeaient quelque temps les suspects, et puis les précautions les mieux calculées venaient échouer devant les animosités perfides, les délations cruelles. Les fleurs, la verdure les bois n’avaient plus de charmes; on redoutait un ennemi derrière les objets les plus riants; des oiseaux qui s’envolaient paraissaient annoncer un menaçant voisinage. Plus de beaux jours ; car l’aube la plus belle commençait la plus horrible journée; durant la nuit, les cieux avaient trop d’étoiles; leurs magnifiques clartés importunaient les fugitifs ; ils souhaitaient l’épaisseur des ténèbres pour se dérober aux chercheurs impitoyables 1.


1 Poujoulat, Histoire de la Révolution française, p. 441-142.
1 Poujoulat, ibid, p. 454.





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Message  Monique Mar 09 Avr 2024, 9:12 am

Au début donc, en 89-93, les ténèbres furent très épaisses. Mais, depuis lors, tout en ne quittant pas l’horizon de la société, elles se sont rangées, étendues, éclaircies en s’étendant : Dieu le permettant ainsi, afin que l’Eglise catholique, divine épouse de Celui qui a ôté patient au Golgotha, soit, à son tour, aperçue, contemplée, admirée dans son attitude patiente au milieu des souffrances et de leur longue durée.

En effet, y a-t-il jamais eu vision plus touchante et plus poignante que celle qui se prolonge depuis bientôt un siècle ? cette vision :

Pie VI, quoique gravement malade, enlevé avec une brutalité féroce du Vatican, par ordre du Directoire, et venant mourir de fatigues et d’épuisement dans une maison de Valence où, du haut du balcon, il bénit la France, après avoir dit : Ecce homo ;

Pie VII, enlevé à son tour, enfermé à clef dans une Voiture par un gendarme, traîné de ville en ville, abreuvé de chagrins et réduit à Fontainebleau, par ordre de Napoléon, à un tel point d'humiliation et d’indigence, que l’empereur le surprend un jour lavant lui-même son linge;



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Message  Monique Mer 10 Avr 2024, 6:14 am

Les archevêques de Paris se succédant dans le martyre : Monseigneur de Quélen traqué, contraint de changer de demeure, presque chaque nuit, pendant deux ans, et ne pouvant reparaître au milieu de son peuple réuni à la cathédrale qu’après que le choléra a fait cent mille victimes dans Paris ; Monseigneur Affre frappé à mort sur les barricades où il cherche à arrêter l’effusion de sang ; Monseigneur Darboy fusillé contre un mur, en bénissant ;

La catholique Pologne refusant de mourir dans son tombeau ensanglanté, et ses enfants entraînés vivants vers le tombeau de la Sibérie ;

Les ouvriers trompés partout en Europe par les mauvaises doctrines, se défiant de plus en plus de la religion, qui répond à leurs défiances par la création des sociétés de Saint-Vincent de Paul et par l’angélique mission des Petites-Sœurs des pauvres ;

Pie IX dépouillé de ses Etats par un roi qui était comme le fils de sa droite, et obligé d’inaugurer pour la Papauté, dans le Vatican, la tombe de Gethsémani ; L’héroïque La Moricière trahi, sur des ordres venus de France, et les enfants des plus nobles familles de la chrétienté se rangeant une dernière fois en bataille pour mourir à Castelfidardo ;



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Message  Monique Jeu 11 Avr 2024, 7:31 am

La France, si longtemps le soldat de Dieu, transformée, malgré elle, en valet de la Passion ; les religieux, dans son sein, expulsés de leurs chapelles et de leurs couvents, et n’opposant à cette spoliation inique que leur antique droit, leurs cheveux blancs et leurs infirmités ;

Les magistrats chrétiens descendant de leurs sièges plutôt que de condescendre à l'injustice devenue maîtresse du prétoire, déchirant leurs toges plutôt que de recevoir atteinte dans leur honneur, et brisant leur avenir ;

Des milliers de martyrs en Chine, au Japon, au Tonkin, parce que l’épée de la France ne protège plus les missions lointaines ;

Les catholiques déclarés partout hors la loi par la Maçonnerie triomphante, mais répondant à toutes les ruses et à toutes los violences de l’apostasie par ce cri de saint Paul : Quant à nous, nous ne sommes pas les fils de la désertion, nous sommes les fils de la foi, pour le salut de nos âmes1 ;

Voilà quelques traits de la touchante et poignante vision qui s’aperçoit, depuis bientôt un siècle, au milieu des ténèbres. En cernant l’horizon, les ténèbres sont, cependant, assez éclaircies pour qu’on puisse contempler la patience et la mansuétude de la sainte épouse du Christ qui n’a plus, de la terre, que le Calvaire ! Mais il se pourrait que, vers la fin, les ténèbres reprissent leur noirceur du commencement. Grand Dieu ! que nous réserve la dernière heure de la Révolution?


1 Non sumus subtractionis filii in perditionem, sed fidei in acqui sitionem animas. Hebr., x, 39.




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Message  Monique Ven 12 Avr 2024, 8:01 am

VII

Il y a beaucoup à redouter, car voici le trait de comparaison le plus sinistre :

Si l’aveuglement des juifs déicides fut plus étonnant et plus lugubre que l’apparition des ténèbres à midi du Vendredi Saint, l’aveuglement, aujourd’hui, des chrétiens apostats est plus étonnant et plus lugubre que celui des juifs déicides.

Certes, le crime des juifs fut monstrueux, le plus grave qui puisse se commettre, ainsi que l'établit saint Thomas d’Aquin1, et leur aveuglement, plus inexplicable que le noir linceul de ténèbres s’étendant subitement sur la nature. Néanmoins, quelques jours après les terribles scènes de la Passion, saint Pierre ayant pris en mains l’autorité apostolique s’adressait en ces termes aux juifs assemblés :

« O Israélites, vous avez renoncé le Saint et le Juste, et vous avez demandé qu’on vous accordait la grâce d’un homicide... Cependant, mes frères, je sais que vous avez agi en cela par ignorance, aussi bien que vos chefs2. »

1 Somme théologique, 3e partie, Quest. XLVIII, art. 6;
2 Actes des Apôtres, chap. III, 14, 17.




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Message  Monique Sam 13 Avr 2024, 6:43 am

Il va sans dire que la charité et la miséricorde faisaient, avant tout autre motif, parler de la sorte le chef des Apôtres; il cherchait à ramener le peuple juif égaré, comme on ramène lin enfant, en atténuant sa faute et en l’attribuant à l’ignorance. Cette ignorance était, en soi, inexcusable, complètement coupable, vu que les éclatants miracles du Christ, sa physionomie et sa céleste doctrine, qui correspondaient en tous points aux prophéties dont un peuple était porteur, auraient dû mille fois la dissiper. L’ignorance était donc inexcusable1. D’autre part, cependant, certaines particularités se rattachant à l’histoire juive ont pu permettre à saint Pierre de tenir ce langage de compassion et de plaindre le peuple juif d’avoir été ignorant ; par exemple, celles-ci :

Première : La Judée n’était-elle pas restée sous le coup du massacre des Innocents? Hérode, le mauvais roi, le tyran cruel, avait glacé d’effroi toutes les mères. Depuis lors, on n’avait plus osé s’occuper ouvertement du Messie. Or ce silence imposé par la crainte n’avait-il pas contribué, chez beaucoup, à l’ignorance du Messie?

Deuxième : La Judée est devenue vassale de Rome, et ses habitants sont tributaires de César. Us n’ont plus qu’une liberté amoindrie: jusqu’où va cette liberté, ils n’en savent rien. Arrive le grand triomphe du jour des Rameaux où Jésus-Christ est acclamé. C’est le prétexte dont se sert la haine, avec avidité, pour faire peur au peuple. Que va dire César en apprenant l’éclat de cette journée royale ? Sa jalousie ne va-t-elle pas se montrer terrible, et les légions romaines rapides connue des aigles ne vont-elles pas arriver pour détruire ce qui reste de liberté Epouvanté, le peuple se détache du Christ.


1 Saint Thomas d’Aquin dit : « Il faut observer que leur ignorance ne les excusait pas de leur crime, parce qu’elle était affectée : ils voyaient des signes évidents de sa divinité, mais ils les interprétaient mal par haine et par envie pour le Christ ; et ils ne voulurent pas croire à ses paroles par lesquelles il leur disait qu’il était le Fils de Dieu. Aussi le Seigneur dit d’eux (saint Jean, xv, 22) : Si je n'étais point venu et que je ne leur eusse point parlé, ils ne seraient point coupables; mais maintenant ils sont inexcusables dans leur péché. Puis il ajouta : Si je n'avais pas fait parmi eux des œuvres qu' aucun autre faites, ils ne seraient point coupables » On peut par conséquent leur appliquer ces paroles (Job, xxi, 14): Ils ont dit de Dieu : « Eloignez-vous de nous, nous ne voulons pas connaître vos voies. » Somme théologique, 3e partie, quest. XLVII,art. 5.




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Message  Monique Dim 14 Avr 2024, 7:20 am

Troisième : Quand la Passion a lieu, c’est en quelque sorte par surprise que ce drame sanglant se déroule. Jérusalem s’est endormie, la veille au soir, dans le plus grand calme et dans l’attente joyeuse de la solennité de Pâques. Tout à coup, vers l’aube, elle se réveille à ce bruit sinistre : on flagelle Jésus, on va le crucifier; il a été jugé... Et Jérusalem, encore à moitié endormie, atterrée, n’ayant pas le temps de se reconnaître, est emportée dans le crime.

Voilà bien quelques particularités qui, en laissant subsister entières la perfidie, l’ingratitude, la noirceur et la cruauté des juifs, ont pu permettre au chef des Apôtres de plaindre le peuple de Jérusalem d’avoir été ignorant. Du reste, le bon Sauveur, admettant mieux que personne, du haut de sa croix et de son amour, cette circonstance atténuante, a supplié ainsi son Père en alléguant l’ignorance : Mon Père, pardonnez-leur, parce qu'ils ne savent ce qu'ils font 1.

Mais aujourd'hui, dans le complot ourdi contre le Christ et son Eglise par l’apostasie, y a-t-il ignorance de Celui dont on veut se débarrasser?

Hélas! non.

« Ils ont été éclairés, ils ont goûté le don du ciel, ils ont été rendus participants du Saint-Esprit, ils se sont nourris de la sainte parole de Dieu et de l’espérance des grandeurs de la vie future ; et après cela ils sont tombés, crucifiant de nouveau en eux-mêmes le Fils de Dieu, et l’exposant à l’ignominie... Il est presque impossible qu’ils se renouvellent par la pénitence1. »


1 Pour l'explication de cette ignorance dans ses moindres détails et des circonstances atténuantes qui s’y rattachent, voir la savante dissertation de mon frère : le Christ rejeté, chap. VI, « le peuple trompé »; chap. VII, Le Sanhédrin ou l'assemblée de ténèbres ».

1 Epitre aux Hébreux, chap. VI, 4, 5, 6.




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Message  Monique Lun 15 Avr 2024, 8:47 am

Cette terrible condamnation de saint Paul trouve ici son application. D’abord, relativement à l’enseignement qui poursuit de ses lumières miséricordieuses les apostats, il ne manque pas, il surabonde. « L’Eglise, disait le comte de Maistre, est le grand miracle vivant suspendu depuis dix-neuf siècles entre le ciel et la terre ; si ou ne le voit pas, que verrait-on? » Si on n’entend pas ses enseignements, qu’entendrait-on ? Mais y a-t-il, du moins, certaines particularités historiques qui, comme au temps de l’histoire juive, permettent de dire qu’on est entraîné dans l’ignorance? Hélas! encore, il semble que non.

Hélas! encore, il semble que non.

En effet : Hérode, le mauvais roi, en terrorisant la Judée, avait détourné les esprits de la connaissance du Christ; en France, au contraire, quand l’apostasie a commencé, il y avait un bon roi, un des meilleurs rois, et l’apostasie, pour mieux réussir, a fait tomber sa tête ; dans les conciliabules qui ont précédé la Révolution, les sectaires avaient dit: Voilà la victime1 !

Les juifs, tributaires de Rome et de César, n’avaient plus toute leur liberté; maintenant, au contraire, les peuples sont libres, ils n’ont jamais été plus libres, et c’est dans la plénitude de leur liberté que, de leurs votes, sort la condamnation du Christ et de son Église. Jérusalem s’éveillait à peine quand elle apprit que la Passion commençait, on ne lui donna pas le temps de réfléchir, elle fut précipitée dans le crime; aujourd’hui, au contraire, la réflexion ne manque pas, ou a tout le temps de se reconnaître. Voilà cent ans bientôt que la Religion attend comme une victime, et que l'apostasie tue les âmes. Dans la matinée du Vendredi Saint, la surprise, la précipitation, l’affolement ont laissé enlever le Christ ; à présent, un calcul froid, une persécution savante et lente conduisent au rebut le Christ et son Eglise.

L’apostasie sait très bien ce qu’elle fait 2 !



1 Parole de Mirabeau (les Sociétés secrètes, par le P. Deschamps, t. II).
2 « La nation des juifs était comme une ébauche du peu]île chrétien, et les vicissitudes de leur ancienne histoire ont souvent été l'image prophétique de ce qui devait réaliser plus tard, avec cette différence que la Bonté divine nous a enrichis et comblé de bienfaits plus considérables, et que les péchés des chrétiens sont marqués au cachet d'une plus coupable ingratitude. » Léon XIII, Encyclique sur les principaux devoirs des chrétiens, 1890.




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Message  Monique Mar 16 Avr 2024, 8:09 am

CHAPITRE II

LA PHYSIONOMIE DES FILS DE TÉNÈBRES, NÉS DE L’APOSTASIE


******

I. Les fils de Satan à présent, et dans l'avenir : le monstre décrit par Job. — II. Déchéance de leurs physionomies. Effacement, sur elles, de la franchise chrétienne et française, et réapparition de la vieille hypocrisie pharisaïque. — III. La débauché apostate. — IV. Leur dureté envers le Christ : les maillets des bourreaux du Golgotha repris pour une exécrable besogne. — V. Le crime de la Voie scélérate dépassé. — VI. Leur dureté envers les âmes : effroyables mesures pour qu'elles tombent dans la perdition, sans pouvoir en sortir; l'huile de la malédiction injectée dans les veines des enfants. — VII. Les jeunes vipères. — VIII. La volupté cruelle d'enlever à Dieu les derniers soupirs des mourants, et de priver du ciel.


I

« Vous avez pour père le diable. » Cette terrible apostrophe est du Christ lui-même ; il l'adressait aux pharisiens hypocrites qui allaient devenir déicides. De tout temps, Satan a exprimé sa physionomie et ses désirs dans ceux qui lui appartenaient, parce qu’un père reproduit sa ressemblance dans ses enfants. Mais il est effrayant de constater que sa physionomie et ses désirs s’accusent davantage dans ceux qui lui appartiennent aujourd’hui : ce qui donnerait à penser que le temps n’est peut-être plus éloigné où celui qui sera l’expression dernière et définitive de Satan, l’Antéchrist, apparaîtra. Le cortège se forme, en vue d’ac cueillir le monstre !

Cette expression de monstre ne veut pas dire que le fils de Satan sera dépourvu, dans sa personne et dans les moyens qu’il emploiera, de séduction ; bien au contraire, il les aura toutes : séduction du langage, séduction de la science, séduction de l’or, séduction de la puissance ; mais il sera un monstre par ses tentatives contre Dieu et les saints.

Or, pour la venue de ce géant du mal, un cortège ne s’organise-t-il pas, en rapport?

Job a décrit un monstre, auquel il donne le nom de Léviathan. Les naturalistes ont reconnu, dans la description faite par l’écrivain sacré, le crocodile 1 ; mais saint Cyrille, saint Éphrem, saint Grégoire, saint Athanase et saint Jérôme n’hésitent pas à enseigner que, sous le symbole du monstre des eaux, l’auteur sacré a voulu exprimer les attributions du prince des enfers 2. Frappé et couvert d’ulcères par Satan, Job n’a-t-il pas eu, mieux que personne, qualité et énergie pour dénoncer et signaler l’ennemi du genre humain?


1 Un naturaliste écrit du crocodile : Cet animal monstrueux, qui vit sur les limites de l'eau et de la terre, étend son pouvoir sur les habitants de la mer et de la terre ferme. Surpassant en grosseur tous les animaux de son rang et ne partageant ses propriétés spécifiques ni avec le vautour, comme l'aigle, ni avec le tigre, comme le lion, le crocodile exerce une domination plus complète que le lion et l'aigle. Et cette domination est d'autant plus durable, que d'une part, les deux éléments lui étant propres, il peut aisément se soustraire aux pièges qui lui sont tendus ; et que, d’autre part, son sang ayant peu de chaleur, ses forces ne s'épuisent qu'à la longue et il a moins besoin de les renouveler ; et enfin, qu’étant capable de résister longtemps à la faim, il court moins de danger dans le combat.

2 Saint Cyrille, saint Athanase, saint Grégoire et d'autres interprètes grecs et latins enseignent que, quoique le Saint-Esprit ait eu en vue, en tout cela, de dépeindre, selon la lettre, quelque grand animal aquatique, cependant, dans un sens plus élevé, il a voulu parler de Satan. Il semble également que saint Jérôme ait pris cette opinion en considération dans sa version ; et lorsqu'on compare les paroles du texte sacré avec les attributions du prince de l’enfer, on ne peut disconvenir qu'il n'y ait une analogie frappante, de même que l'on reconnaîtra en général que le bien, comme le mal, a ses symboles dans la nature, lesquels doivent nous servir d'exhortation à éviter l'un et à pratiquer l'autre (Sainte Bible, traduite par le Dr Allioli, t. III, p. 427).




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Message  Monique Mer 17 Avr 2024, 8:12 am

Voici les principaux traits de sa description :

Il dort à l'ombre, dans l'épaisseur des roseaux et des marécages. Les ombres (les buissons) couvrent son ombre.

Qui soulèvera le coin de son armure? Qui se présentera à lui avec le rude mors qui lui convient ?

Son corps est semblable aux lames d'un bouclier. Il est de toutes parts aussi fermé par ses écailles que si on y avait mis un sceau. Elles se tiennent en semble et adhèrent l'une à l'autre, et pas un souffle ne peut passer entre elles.

Il sort de sa gueule comme des flambeaux allumés, il en part des étincelles de feu. Une fumée se répand de ses narines comme celle d'une chaudière qui bout sur un brasier. Son haleine allume des charbons. La famine marche devant sa face. Les membres de son corps sont liés les uns aux autres; les foudres tomberont sur lui sans qu'il s’en remue d'un côté ni d'autre. Son cœur s'endurcira comme la pierre, et il se resserrera comme l’enclume sur laquelle on bat sans cesse.

Lorsqu'il sera élevé, les anges craindront et, dans leur frayeur, ils se purifieront.

Il méprisera le fer comme de la paille, et l’airain comme un bois vermoulu. L'archer ne le mettra point en fuite, et il se rira des dards lancés contre lui. Les rayons du soleil seront sous lui; et il marchera sur l'or comme sur la boue. Il fera bouillonner la mer comme une chaudière, et il la mettra au même état que les liqueurs huileuses qui servent aux parfums et que le feu fait élever.

Il n'y a point de puissance sur la terre qui puisse être comparée à la sienne. C’est lui qui est le roi de tous les enfants d'orgueil1.


1 Job, chap. XL-XLI



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Message  Monique Jeu 18 Avr 2024, 8:27 am

Cette description effrayante désignait donc, dans la pensée de l’écrivain sacré, moins le crocodile que le prince des abîmes infernaux. Toujours vraie et toujours actuelle, elle s’applique d’une manière saisissante aux fils de ténèbres des sectes modernes et elle explique comment Satan est bien leur père. Qu’on en juge par le commentaire des versets énumérés :

Il dort à l'ombre, dans l’épaisseur des roseaux et des marécages. Les ombres (les buissons) couvrent son ombre. — Un mystère profond n’enveloppe-t-il pas la plupart des initiations de la secte maçonnique? Des couches d’ombres successives cachent leurs grades et leurs impures cérémonies. Satan ne saurait conseiller que l’impureté : aussi les pratiques les plus honteuses forment-elles le limon où les adeptes se plongent et dorment,
ainsi que fait le monstre écaillé, dans les marécages du Nil. Il semble que le Christ ait tracé lui-même le commentaire de ce verset de Job, lorsqu'il signalait les préférences de Satan et de sa troupe pour les lieux écartés, pleins d’aridité et d’inquiétude : l'Esprit impur va par des lieux arides, cherchant du repos, et il n'en trouve pas (S. Matth., XII).

Qui soulèvera le coin de son armure? Qui se présentera à lui avec le rude mors qui lui convient? — Qui sera assez hardi, assez intrépide, pour arracher et faire voler à droite et à gauche les simulacres sous lesquels la secte se dissimule et trompe tant de malheureuses victimes ? Qui arrêtera cette bête furieuse en lui présentant un frein ? Léon XIII a eu ce courage : il a dénoncé la Bête ; dans ses encycliques puissantes, il va droit à elle avec le mors.


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Message  Monique Ven 19 Avr 2024, 7:51 am

Son corps est semblable aux lames d'un bouclier. Il est de toutes parts aussi fermé par ses écailles que si on y avait mis un sceau. Elles se tiennent ensemble et adhèrent l'une à l'autre, et pas un souffle ne peut passer entre elles. — De même que le corps du crocodile est couvert d’écailles si serrées qu’elles lui servent de boucliers impénétrables : de moine, tous les adeptes de la secte maudite se tiennent les uns aux autres par des engagements si serrés, si étroits, si terribles, que rien, jusqu'à ce jour, n’a réussi à passer au travers : le sceau de l’Enfer y semble apposé.

Il sort de sa gueule comme des flambeaux allumés, il en part des étincelles de feu. Une fumée se répand de ses narines comme celle d'une chaudière qui bout sur un brasier. Son haleine allume des charbons de feu. — Combien sont exactes ces comparaisons pour exprimer et dépeindre ce qui se passe dans l’intérieur de ces exécrables sociétés secrètes. Ne dit-on pas la gueule de l’Enfer ? Et n’en sort-il pas des torches enflammées pour éclairer ces sombres conciliabules? Ceux qui y participent ne sentent-ils pas le sang bouillonner dans leurs veines, et la fureur dans leur cœur, comme un pot qui bout sur un brasier ? Au rapport de témoignages dignes de foi, l'haleine du Diable allume véritablement des charbons de feu en eux tous.

La famine marche devant sa face. — Sinistre image, en train de se réaliser. N’assiste-t-on pas à ce spectacle, sans précédents dans les siècles passés, où, par centaines de mille, ouvriers, employés, patrons, pères de famille, n’obtiennent de l’ouvrage, et par conséquent du pain, qu’à la condition de faire partie de la secte?
Celle-ci est déjà maîtresse des principaux centres de travail, des grandes artères du commerce, et des réseaux des chemins de fer. Qui oserait assurer qu’elle ne vise pas à la possession des boulangeries ? L’idée de boulangeries municipales a circulé ; qu’elle vienne à se réaliser, et la famine marcherait devant sa face. Ou on pourrait plus acheter du pain qu’à la condition d’être membre de la secte et de présenter sur soi le signe de la Bête1.

Les membres de son corps sont liés les uns aux autres; les foudres tomberont sur lui sans qu'il s’en remue d'un côté ni d'autre. Son cœur s'endurcira comme la pierre, et il se resserrera comme l'enclume sur laquelle on bat sans cesse. — La structure du corps maçonnique apparaît vraiment impénétrable. Les coups, jusqu’à ce jour, n’ont-ils pas glissé sur lui? Les foudres de Pie VII, de Pie VIII, de Léon XII, de Grégoire XVI, de Pie IX, même de Léon XIII, n’ont pu l’entamer par aucun endroit. Comme l’enclume sur laquelle on bat sans cesse, son endurcissement et son impénitence expriment bien la haine inflexible de Satan qui l’anime et le maintient.


1 Apocal., XIII, 17.



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