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Message  Roger Boivin Ven 15 Jan - 13:28


CHAPITRE LVII

II. — TENTATION FONDAMENTALE ET GÉNÉRALE

I. — DE LA RENAISSANCE A LA RÉVOLUTION. — Tout en continuant à susciter des hérésies, Satan institua au sein de l'Eglise une secte chargée d'en chasser l'esprit surnaturel pour y substituer l'esprit naturaliste — C'est bien le but poursuivi par la Franc-Maçonnerie, depuis le XIVe siècle, d'établir la religion naturelle sur les ruines de la religion révélée. — Preuves de ce dessein. — Essai d'institution de la religion naturelle après la Terreur.      



Table des matières page 1833 en bas :
LA CONJURATION ANTICHRÉTIENNE - Le Temple Maçonnique voulant s'élever sur les ruines de l'Église Catholique - Tome III - Mgr Henri Delassus, Docteur en Théologie - Table des Matière p. 1833 en bas, Chapitre LVII :

https://archive.org/stream/ConjurationT3#page/n581/mode/2up




Voici une lettre, datée de l'an 1845, qui en prouve l'existence :


LETTRE PASTORALE DE MONSEIGNEUR L'ÉVËQUE DE VIVIERS, [Joseph-Hippolyte Guibert], AU CLERGÉ DE SON DIOCÈSE. Sur les tendances dangereuses d'un parti qui se forme dans l'Église de France contre l'autorité épiscopale.

page 6 : [..] Nous vous dirons donc que de nos jours des hommes se sont élevés même dans les rangs de la milice sacrée, qui sont, comme parle l'Apôtre, inobedientes, vaniloqui, seductores......, quos oportet redargui. (ad Tit. I. 10 et 11.) Ils se sont émus sur plusieurs points de la France, au nom des droits du clergé du second ordre. Ils ont formé dans l'Eglise un parti qui bientôt, par l'esprit dont il se laisse pénétrer, deviendrait, il est permis de le craindre, une secte prête à se jeter, l'occasion advenant, dans le schisme ou l'hérésie. Leurs sourdes menées et leurs écrits publics, ce qu'ils font et ce qu'ils disent, tout de leur part atteste une sorte de conjuration, pour mener à leur accomplissement des pensées funestes, dont il est possible qu'ils ne voient pas eux-mêmes toute la portée, mais qui vont à la ruine des âmes et servent d'une manière déplorable les vues de l'impiété contre l'Eglise. [..]

Donné à Viviers, le saint jour de l'Epiphanie, 6 Janvier 1845.


Au complet ici (28 pages) : https://archive.org/stream/delancienneetdel00rich?ref=ol#page/n9/mode/2up

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Message  Roger Boivin Ven 15 Jan - 14:47


Ce qui serait intéressant, ce serait de pouvoir suivre par les écrits, le développement de cette secte parasite et subversive,
qualifiée en 1845 de "Prebytéranisme" (1) par l'évêque qui vient d'être cité,

et je suis convaincu qu'on aboutirait inévitablement à la Contre-Église "Conciliaire",
ainsi baptisée par Montini, avec :

- son anti-concile "vatican 2", ( https://messe.forumactif.org/t5729-declaration-de-guitton-sur-le-modernisme-du-concile-vatican-ii#107500 ) ;

- son œcuménisme issus du "protestantisme", ( https://messe.forumactif.org/t5869-l-oecumenisme-pseudo-de-vatican-ii#109451 ) ;

- sa nouvelle messe, copie conforme du rite sacrilège du "protestant Cranmer", ( https://messe.forumactif.org/t2001-concordance-troublante-cranmer-et-n-o-m ) ;

- sa Nouvelle Pentecôte issus du "Pentecôtisme", ( https://messe.forumactif.org/t5793-pentecotisme-mouvement-charismatique-1975 ) ;

- son rite modifié et invalidé d'Ordination, à l'égal de celui des protestants, ( http://www.a-c-r-f.com/documents/RORE-Tome_2.pdf ) ;

- sa réhabilitation de Luther, ( https://messe.forumactif.org/t3722-ratzinger-agenouille-devant-l-autel-de-luther ) ;

- etc.
______

(1). Page 7 : .
Et il s'en explique, voir pages 20-21 de la même Lettre qui vient d'être citée :
https://archive.org/stream/delancienneetdel00rich?ref=ol#page/n25/mode/2up
Et, pages 35-39, voir les "Observations sur le Presbytéranisne Moderne" : https://archive.org/stream/delancienneetdel00rich?ref=ol#page/n39/mode/2up
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Message  Roger Boivin Ven 15 Jan - 14:53


J'ai trouvé dans un livre de Mgr Bougaud, (Le Christianisme et les Temps Présents - 4e Tome - 1921), un chapitre où l'on dit que pour survivre le Protestantisme a dû renier son propre principe destructeur, et reprendre celui catholique de l'Autorité. Et c'est quand même ahurissant que les nouveautés de vatican-2 soient toutes issues du Protestantisme. Voilà le texte que je vais placé en trois envoies (les soulignés sont de moi) :



COMMENT ON EXPLIQUE QUE LA RELIGION PROTESTANTE SUBSISTE ENCORE ET N'AIT PAS ÉTÉ DÉVORÉE PAR SON PRINCIPE.

[..]

Aussi étaient tombés les uns après les autres, du vivant même de Luther, les remparts de la cité de Dieu. Ainsi avaient disparu ces caractères éclatants que Dieu a posés sur le front de son Église pour aider à la reconnaître. Il n'y avait plus même d'Église. Elle s'était évanouie. Il n'y avait plus que des individus feuilletant dans l'ombre un livre obscur et s'y taillant une religion au gré de leurs imaginations ou de leurs vices. Et ce n'étaient pas seulement les tours et les murs visibles de la sainte cité qui s'écroulaient ; au dedans le libre examen rongeait tous les dogmes, mutilait les livres saints, en arrachait des pages entières, réduisait les sept sacrements, tantôt à deux, tantôt à trois, et achevait la ruine en brisant la hiérarchie. Henri VIII disait : « Point de Pape, seulement des évêques. » Luther disait : « Point d'évêques, seulement des prêtres. » Calvin disait : « Point de prêtres, seulement des ministres, des prédicateurs. » Et une foule de sectes disaient : « Point de ministres, de prédicateurs ; chacun est à soi-même son prophète, son docteur et son prêtre. »

Voilà où l'on en était dès les premiers jours. On pouvait croire que le protestantisme ne résisterait pas à de tels coups, et qu'il ne tarderait pas à périr, empoisonné par son propre principe. Bossuet n'en doutait pas. Tenant sous son scalpel redoutable cette plaie de la réforme, il s'arrête à chaque instant pour en prédire la fin prochaine,..

[..]

Et cependant, je le répète, la prophétie ne s'est pas réalisée. Le principe du libre examen, ce poison fatal, n'a pas tué la religion protestante. Elle vit, après trois siècles, aussi solide en apparence qu'au premier jour. Plus solide même ; car ses convulsions primitives sont passées, et on ne prévoit plus sa fin. A quoi cela tient-il ? Comment a-t-on pu conjurer les conséquences d'un si détestable principe ?

Cela tient à un fait extraordinaire, dont l'analogue ne se retrouve pas dans l'histoire. Avertie par ces signes de mort, se sentant défaillir, la réforme a abjuré son principe. Elle s'est catholicisée.  Elle n'a gardé le principe du libre examen que comme une arme contre l'Eglise. Pour vivre, elle a repris le principe catholique, c'est-à-dire le principe d'autorité.

Voilà qui ne s'était jamais vu : une religion périssant par son propre principe, et adoptant un principe étranger pour pouvoir vivre. Que dis-je ? adoptant, pour ne pas mourir, le principe même qu'elle avait renié pour naître !

Oui, à peine les premiers réformateurs eurent été conduits, sans prévision, sans plan, non par leur génie, mais par l'impitoyable logique, à ce principe du libre examen, qu'ils sentirent, qu'on me permette l'expression, qu'ils avaient fait une sottise. On ne vit pas dans une telle atmosphère ; on ne peut rien fonder sur un sol si mouvant. Chaque jour c'était un nouveau dogme, une séparation nouvelle, et toujours au nom du même principe. Et nulle réfutation possible. Nul moyen d'imposer silence, d'obtenir un peu de discipline, un semblant d'unité. Ni le génie emporté de Luther, ni l'autorité froide et cruelle de Calvin, ni la douceur de Théodore de Bèze, ni les tristesses de Mélanchthon n'y pouvaient rien. La réforme s'en allait. C'était un émiettement. Que faire donc ? Revenir au seul principe qui peut mettre l'unité dans les âmes, le principe d'autorité. La chose était difficile. On avait tant conspué ce principe ! On entendait déjà les railleries, les colères de ceux à qui on avait promis de briser tous les jougs. Mais il fallait vivre, et on se sentait dévoré et emporté aux abîmes par une anarchie qui croissait tous les jours.

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Message  Roger Boivin Sam 16 Jan - 0:26


« Si le monde dure encore longtemps, écrivait Luther à Zwingle, il faudra de nouveau, à cause des interprétations diverses que l'on fait mainteuant de l'Écriture, recevoir, POUR CONSERVER L'UNITÉ DE LA FOI, les décrets des Conciles et nous y réfugier 1. » Pendant que Luther redemandait l'autorité des Conciles, Mélanchthon réclamait celle des évêques : « On a besoin dans l'Eglise, disait-il, d'inspecteurs pour maintenir l'ordre, pour observer attentivement ceux qui sont appelés au ministère sacerdotal, pour veiller sur la doctrine des prêtres et prononcer les jugements ecclésiastiques ; en sorte que, si les évêques n'existaient pas, il faudrait les créer. » On allait même jusqu'à regretter l'autorité du Pape : « La monarchie du Pape, continue Mélanchthon, serait aussi d'une grande utilité pour conserver, entre des nations si diverses, l'uniformité de la doctrine 2. » Et Grotius : « Sans la suprématie du Pape, il est impossible de mettre fin aux disputes 3 ». » Et Calvin : « Dieu a placé le siège de son culte au centre de la terre, et y a mis un Pontife unique que tous puissent regarder, afin de mieux se conserver dans l'unité 4 . » Et Mélanchthon ajoutait : « Voilà ce dont tous nos gens conviennent. » Mais il n'était plus temps. On ne pouvait plus revenir au Pape de Rome, tant méprisé, tant bafoué. Il fallait en créer un.

On essaya d'abord d'un Pape de papier, selon l'expression ironique de Bucer. Luther publia un catéchisme obligatoire, envoyant à tous les diables et excommuniant ceux qui s'en écarteraient d'une ligne. Calvin rédigea le corps de sa doctrine, et édicta les peines les plus sévères, même temporelles, contre ceux qui y contrediraient. On se réunit à Àugsbourg, on y rédigea une confession de foi ; et il fut décile que tous s'engageraient solennellement, et par serment, à l'adopter et à ne jamais la combattre. Il faut lire dans Bossuet l'histoire tragique, éloquente, de cette première confession de foi ; et comment le grand évêque montre à Jurieu, à Claude, qu'en jurant solennellement de se soumettre à tout ce qui sera conclu dans cette assemblée, persuadés que Dieu y présidera par son Esprit, ils abandonnent le principe protestant et reviennent au principe catholique 1. On ne le savait que trop, mais la nécessité de vivre l'emportait. Bientôt on rétablit les Conciles sous le nom de Synodes provinciaux, nationaux, avec peine d'excommunication contre ceux qui refuseraient de se soumettre à leurs décisions 2. Il est vrai qu'on ne put obtenir d'abord tant d'obéissance de la part d'esprits si révoltés. Peu à peu cependant la logique parla plus haut que l'orgueil. Ceux que ne satisfaisait pas la confession de foi d'Augsbourg en firent d'autres. Elles se multiplièrent. Chacune d'elles eut ses adhérents qui l'acceptèrent, l'enseignèrent à leurs enfants, lesquels y adhérèrent, comme les catholiques adhèrent au Symbole, par voie d'enseignement et d'autorité, et il en résulta, sous l'étiquette protestante, une foule de petites Eglises qui vivaient et qui vivent encore catholiquement.

Considérez une paroisse protestante, et comparez-la à une paroisse catholique. Au point de vue du principe et de la règle de foi, où est la différence ? Le protestant va au prêche comme le catholique va à la messe. Il écoute le ministre comme le catholique écoute son curé. Fait-il de grandes recherches pour connaître personnellement, et d'après la Bible, ce qu'il faut croire de Dieu, de Notre-Seigneur Jésus-Christ ? Non, il a foi à son pasteur. Cette recherche personnelle, elle peut être dans les ministres, elle n'est pas dans les fidèles. La grande masse n'étudie rien, ne cherche rien, ne peut rien étudier, rien chercher. Elle croit. Au loin, bien au-dessus de sa tête, dans le monde des ministres, se trouve la région des discussions engendrées par le principe du libre examen. Mais encore, combien rares ! Que de pasteurs qui n'étudient rien, ne recherchent rien, acceptent la doctrine toute faite du consistoire, et vivent eux aussi, sous ce rapport, catholiquement ! Voilà où l'on en est. Ce n'était pas la peine d'abjurer en théorie le principe d'autorité, pour y revenir dans la pratique.


______


1. « Si diutius steterit mundus, iterum erit necessarium, propter diversas Scripturae interpretationes quae nunc sunt, ad conservandam fidei unitatem, ut conciliorum décréta recipîamus, atque ad ea confugiamus. » (Luth, ad Zwinglium.)

2. Melancht. Resp. ad Bell.

3. Grot. Votum pro pace Ecclesiae.

4. Calv. Instit. vi § 2.

1. Bossuet, Histoire des variations, liv. III. Conférence avec M. Claude sur la matière de l'Eglise.

2. « Nous promettons devant Dieu de nous soumettre à tout ce qui sera conclu et résolu en votre sainte assemblée, y obéir, et l'exécuter de tout notre pouvoir, persuadés que nous sommes que Dieu y présidera et vous conduira par son Saint-Esprit en toute vérité et équité, par la règle de sa parole. » (Synode protestant de Vitré en 1617.) Les catholiques n'en disent pas plus du concile du Vatican. Voir aussi le synode national de Sainte-Foi de 1578. (Bossuet, Exposition de la doctrine catholique § XX.)

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Message  Roger Boivin Sam 16 Jan - 19:04


Ce point de vue si curieux n'a pas échappé à tous les protestants. « Quoi qu'en disent nos théologiens, écrit Perthes, le principe des deux Eglises est pratiquement le même ; et l'Église réformée n'aurait pu vivre, si au lieu de traiter la foi comme un acte d'obéissance et de soumission à une Eglise visible, ainsi que l'on fait dans l'Église catholique, on eût voulu réellement l'asseoir sur l'examen propre et sur l'opinion libre de chacun. D'une part donc, en fait, l'Eglise protestante, tout aussi bien que l'Eglise catholique, conçoit chacun de ses enfants dans son sein, puis elle l'instruit et le forme ; elle embrasse et dirige toute la vie du peuple par ses usages ; elle communique son propre esprit à tous. Et d'autre part, elle continue d'affirmer et d'enseigner spéculativement que la condition du pur christianisme c'est l'examen libre de chacun 1. »

Il est même arrivé, par suite de cette fausse position, et pour soutenir une unité qui menace toujours de se rompre, que l'on a exagéré l'autorité du pasteur et pour les fidèles l'obligation de s'y soumettre ; si bien qu'à chaque instant on entend sortir, des rangs du protestantisme, des cris de révolte et d'indignation, en voyant les fils du libre examen plus asservis dans leurs croyances que ne le sont les catholiques eux-mêmes, « On ne saurait imaginer, dit Harless, un esclavage plus honteux pour les Eglises que celui qui oblige les fidèles à courber le cou sous un joug que les théologiens leur fabriquent aujourd'hui d'une manière, demain d'une autre 2. »

Encore ce joug doctrinal, si antipathique à l'essence de la réforme, n'a pas suffi. Partout on a appelé le sceptre et le glaive à son secours. Cette religion qui posait fièrement à sa base la liberté d'examen a partout proclamé que le prince était le chef-né de la religion 3. Après l'avoir fait timidement d'abord, en rougissant, elle a fini par s'en glorifier. « Il est certain, écrit Jurieu, que les princes sont chefs-nés de l'Eglise chrétienne, également maîtres de la religion comme de l'État. » Ainsi on rétrogradait de quinze siècles ; on brisait cette singularité sublime de l'Eglise catholique d'être la première et la seule qui, honorant plus qu'on ne l'a jamais fait l'autorité politique et civile, est restée toujours debout et libre en face d'elle, prête à verser son sang, comme il est arrivé mille fois, plutôt que d'abjurer la liberté qu'elle a reçue de son divin Maître. On aurait dû attendre autant et même mieux du protestante, à ne considérer que son principe. Mais dans les positions fausses on ne fait pas ce qu'on veut. Il fallait d'abord vivre, et on ne le pouvait qu'en soutenant un joug doctrinal illogique par un joug matériel plus illogique encore.

L'Europe a donc vu, avec un étonnement profond, le protestantisme tendre les mains aux chaînes du pouvoir civil, l'appeler à son aide, et, en échange de la liberté religieuse, obtenir la possibilité de vivre. Il a cessé d'être e religion libre ne relevant que de Dieu, pour devenir une branche de l'administration civile, comme les eaux et forêts, les ponts et chaussées. C'est une chose que l'Etat administre, et qui dès lors participe à l'immortalité de l'État.

C'est ainsi que le protestantisme a traversé les siècles, et qu'il a sinon évité, du moins ajourné cette décomposition doctrinale qui est la conséquence nécessaire du libre examen. « Cette grande tentative d'affranchissement de la pensée humaine, » ainsi que l'appelle M. Guizot, n'a abouti, au lieu de la soumission à une autorité spirituelle et divine, qu'à son asservissement à un joug temporel. A la place du Pape, successeur de saint Pierre, un Pape laïque. Mais on ne pouvait vivre qu'à ce prix.

Comme un édifice mal conçu et déjà lézardé avant d'être fini dure cependant des années, grâce aux ligatures de fer et aux contreforts ajoutés après coup, ainsi le protestantisme a dû la prolongation inattendue de son existence au principe catholique qu'il a ressuscité pour ne pas mourir, et au pouvoir temporel qui depuis deux siècles lui sert d'appui et de ciment.


______


1. Perthes, Œuvres complètes, t. 111, p. 213.

2. Harless, Feuille périodique» t, 1, p. 33. — Burke fait la bae observation, t. IV, no 37.

3. Luther en avait pris hardiment l'initiative (Œuvres, XIV, 520 ; XIX, 287). Zwingle suivit son exemple à Zurich (Dœllinger, l'Église et les églises, p. 302). Melanchthon, à Naumbourg, apporta des textes de l'Écriture pour prouver qu'il fallait soumettre l'Église aux pouvoirs de la terre. Grotius composa un grand ouvrage pour établir que les princes sont juges souverains des questions de foi et maîtres absolus de la religion : De dmperic summarum polestatum circa sacra. « Œuvre, dit Bossuet, d'une prodigieuse et vaine érudition. » Ce fut l'arsenal où puisèrent Claude, Jurieu, et les autres.


Source : LE CHRISTIANISME ET LES TEMPS PRÉSENTS - Par Mgr Bougaud - Tome 4e - 1921 :

https://archive.org/details/lechristianismee04boug/page/286/mode/2up
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