Le Saint Concile de Trente

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Message  Louis Ven 08 Nov 2013, 7:50 am

Gouvernement papal de la reine papesse, d’après le protestant Cobbet.

Quant au gouvernement pontifical de la reine-papesse, voici comment en parle le protestant Cobbet :

« Élisabeth comprenait que le sang de ses sujets était nécessaire à la consolidation de son pouvoir ; elle le fit couler par torrents. L'esprit du catholicisme répugnait à consacrer une usurpation ; la religion catholique ne convenait plus dès lors à ses peuples, et elle en conjura la ruine. Une législation spéciale, qu'on dirait faite par le bourreau, fut introduite à cet effet et servit à augmenter le nombre de ces héros de la foi chrétienne qui, dans les jours de persécution, s'estimaient heureux de payer de leur mort leur vie éternelle.

Après avoir prescrit à tous ses sujets le serment de suprématie en les plaçant dans l'alternative du supplice ou de l'apostasie, la digne fille de Henri VIII poussa bientôt sa frénésie antireligieuse jusqu'à faire déclarer punissable de mort tout prêtre catholique qui célébrerait la messe dans l'étendue de ses Etats. Les bourreaux manquèrent bientôt aux victimes, et la plume s'échappe de mes mains au moment où je me dispose à faire le récit de toutes les atrocités qui épouvantèrent alors l'univers.

Comme pour mettre le comble à tant de forfaits, Élisabeth voulait encore violenter les malheureux catholiques jusque dans leur conscience, et elle leur imposa, sous des peines terribles, l'obligation de fréquenter les temples de la nouvelle religion, où des tables en bois blanc tenaient lieu d'autels. Quel ingénieux moyen pour ajouter aux vexations de toute espèce dont les catholiques étaient victimes, eux qui, continuellement inquiétés ou tourmentés, ne pouvaient échapper à la mort, qu'ils encouraient en refusant de se soumettre aux tyranniques ordonnances de la reine, qu'en s'expatriant 1 ».

________________________________________________

1 Cobbet, lettre 9.
Bientôt la reine-papesse fit sentir les effets de sa sollicitude pastorale à la France et à l'Ecosse, où elle finira par couper la tête à une reine d'Ecosse et de France, à sa cousine Marie Stuart.

En France le roi Henri II, suivant la politique de son père…
 
A suivre : Suites funestes en France de la politique française. Français renégats ou huguenots. Assassinat du président Minard. Exécution du prêtre apostat Dubourg. Les huguenots s’engagent à la révolte par le conseil  de leurs prédicants. Leur conjuration d’Amboise réprimée par le duc de Guise.

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Message  Louis Ven 08 Nov 2013, 12:14 pm

Suites funestes en France de la politique française. Français renégats ou huguenots.
Assassinat du président Minard. Exécution du prêtre apostat Dubourg.
Les huguenots s’engagent à la révolte par le conseil  de leurs prédicants.
Leur conjuration d’Amboise réprimée par le duc de Guise.

En France le roi Henri II, suivant la politique de son père, avait conspiré avec les Turcs contre les chrétiens, avec les hérétiques d'Allemagne et d'Angleterre contre les catholiques ; il avait même protesté contre le concile de Trente, qui travaillait à réprimer et à guérir radicalement cette anarchie révolutionnaire et dans la société spirituelle et dans les sociétés matérielles. Après avoir ainsi fomenté l'anarchie religieuse et intellectuelle par sa politique et son exemple, tout en punissant quelques sectaires de bas étage, ce roi parut étonné de la voir aboutir à des émeutes et à des séditions.

Beaucoup d'auteurs français disent et répètent que, pour couper la racine du mal, Henri II voulut introduire en France l'inquisition espagnole et la confier aux Dominicains, comme ils l'avaient en Espagne, mais que le parlement de Paris s'y opposa fortement et demanda que le jugement des hérétiques fût remis entre les mains des évêques. En parlant ainsi ces auteurs confondent des choses très-distinctes : l'inquisition ecclésiastique, qui existait depuis longtemps en France, et l'inquisition royale, qui existait en Espagne seulement. L'inquisition ecclésiastique, confiée aux Dominicains, nous l'avons vue en France au temps de Jeanne d'Arc et tout récemment dans la vie de saint Ignace de Loyola. Nous avons vu aussi que l'inquisition d'Espagne n'était pas une juridiction ecclésiastique, mais royale, composée en très-grande partie de juges séculiers, et n'ayant parmi les conseillers ecclésiastiques que deux religieux, dont un seul Dominicain. Quant au bien ou au mal qu'a fait à l'Espagne sa royale inquisition, il est un fait notoire : pendant que l'Allemagne, la France, l'Angleterre, qui n'avaient pas l'inquisition espagnole, se déchiraient, se déshonoraient par des guerres civiles, des meurtres, des incendies, des régicides, l'Espagne jouit de la paix, cultive avec succès les lettres et les arts, porte ses conquêtes et sa gloire, avec la civilisation chrétienne, jusqu'aux extrémités des deux mondes; et, pour que nous ayons la contre-épreuve, l'Espagne abolit son inquisition; aussitôt elle perd sa gloire, ses conquêtes, sa paix, et entre dans la carrière sanglante des révolutions.

Il y eut cependant un grand-inquisiteur en France ; ce fut le peuple français, peuple qui se montra plus chrétien et plus français que les Montmorency et les Bourbons, peuple qui empêcha la France de se renier elle-même, peuple qui obligea les descendants de saint Louis à rejeter la religion étrangère et à reprendre la foi éminemment française de saint Louis et de Charlemagne, peuple qui obligea les Bourbons à conserver l'honneur de la France et l'honneur de leur race.

Ainsi les Luthériens de Paris…

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Message  Louis Sam 09 Nov 2013, 10:34 am


Suites funestes en France de la politique française. Français renégats ou huguenots.
Assassinat du président Minard. Exécution du prêtre apostat Dubourg.
Les huguenots s’engagent à la révolte par le conseil  de leurs prédicants.
Leur conjuration d’Amboise réprimée par le duc de Guise.

(suite)
Ainsi les Luthériens de Paris, car ils prenaient encore le nom de leur premier père, s'étant assemblés, le 4 septembre 1557, nuitamment, dans une maison de la rue Saint-Jacques, le peuple du quartier s'ameuta autour de la maison. À la sortie des Luthériens il y eut un combat à coups de pierres et d'épées; la force publique survint et arrêta plusieurs sectaires,, parmi lesquels on découvrit plusieurs seigneurs et dames de la cour. La justice n'osa poursuivre ces derniers et se contenta de punir quelques individus médiocres. Chose remarquable ! cette anarchie révolutionnaire qui menace de broyer les trônes et les grandeurs humaines comme une poussière que le vent emporte, cette anarchie révolutionnaire est partie d'auprès des trônes; ses plus puissants propagateurs ont été de grands seigneurs et de grandes dames, et c'est le peuple français qui s'y est opposé le plus énergiquement.

Parmi les seigneurs apostats de France les premiers furent un descendant de saint Louis et un neveu du connétable de Montmorency. Les sectaires en devinrent plus hardis. Dans les soirées du printemps 1558 il se forma dans le Pré-aux-Clercs, à Paris, des rassemblements de cinq à  six mille Luthériens, ou huguenots, chantant ensemble les psaumes de Marot, qu'ils avaient adoptés pour leur culte. Antoine de Bourbon, roi de Navarre, par complaisance pour sa femme, se trouvait souvent à ces assemblées. Louis de Bourbon, prince de Condé, et François de Châtillon, surnommé Dandelot, avaient aussi embrassé la secte. Ce dernier fit même prêcher l'hérésie de Calvin dans ses terres, en Bretagne. Le roi lui en fit de vifs reproches et le mit aux arrêts quelque temps 1.

L'année suivante, ayant fait la paix avec Philippe d'Espagne, Henri II…

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1 Sismondi, Hist.  des Français, t. 18, p, 75.

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Message  Louis Sam 09 Nov 2013, 2:25 pm


Suites funestes en France de la politique française. Français renégats ou huguenots.
Assassinat du président Minard. Exécution du prêtre apostat Dubourg.
Les huguenots s’engagent à la révolte par le conseil  de leurs prédicants.
Leur conjuration d’Amboise réprimée par le duc de Guise.

(suite)
L'année suivante, ayant fait la paix avec Philippe d'Espagne, Henri II songea tout de bon à réprimer l'hérésie avec plus de suite et d'ensemble. Le 14 juin 1559, comme le parlement délibérait sur les moyens de rétablir l'uniformité dans le châtiment des hérétiques, le roi s'y rendit inopinément, accompagné des princes de Bourbon et de Lorraine. Il fit continuer la délibération. Le président Minard et le premier président Lemaître votèrent pour la stricte exécution des lois contre les hérétiques, comme au temps de Philippe-Auguste. Quelques conseillers, au contraire, un surtout, Luthérien dans l'âme, s'emportèrent contre la cour de Rome et prirent le parti des hérétiques. Le plus violent fût un prêtre apostat, Anne Dubourg. Le roi le fit arrêter. Le prisonnier fut interrogé trois jours après sur sa religion; l'évêque de Paris le déclara hérétique, le dégrada du sacerdoce et le livra au bras séculier, c'est-à-dire au juge royal, pour être puni. Dubourg appela de cette sentence à l'archevêque de Sens, métropolitain de Paris.

Henri II mourut dans cet intervalle; mais son fils, François II, guidé par ses oncles, les princes de Lorraine, fit continuer le procès. Entre les juges était le président Minard; Anne Dubourg le récusait et, sur son refus de s'abstenir, lui dit d'un ton de prophète qu'il ne  serait point ses juges. Les protestants surent bien accomplir la prophétie ; le président fut massacré sur le soir en rentrant dans sa maison. On sut depuis que Lemaître et le maréchal Saint-André, très-opposés au nouvel évangile, auraient eu le même sort s'ils étaient venus au palais. Trois jours après, le prêtre apostat, Anne Dubourg, fut condamné à mort, pendu et brûlé 1.

Ce fut alors que les Luthériens de France se préparèrent à la révolte ; Elisabeth d'Angleterre les favorisait secrètement, ainsi que l'atteste l'évêque anglican Burnet. De son côté Théodore de Bèze, bras droit de Calvin, après avoir raconté l'exécution d'Anne Dubourg, ajoute aussitôt l'histoire de la conjuration d'Amboise. A la tête des motifs qui la firent naître il place « ces façons de faire ouvertement tyranniques et les menaces dont on usait à cette occasion envers les plus grands du royaume, » comme le prince de Condé et les Châtillon.

C'est alors, dit-il, que


« plusieurs seigneurs se réveillèrent comme d'un profond sommeil; d'autant plus, continue cet historien, qu'ils considéraient que les rois François et Henri n'avaient jamais voulu attenter à la personne des gens d'état (c'est-à-dire des gens de qualité), se contentant de battre le chien devant le loup, et qu'on faisait tout le contraire alors; qu'on devait pour le moins, à cause de la multitude, user de remèdes moins corrosifs et n'ouvrir pas la porte à un million de séditions 1. »
En vérité l'aveu est sincère. Tant qu'on ne punit que la lie du peuple…
________________________________________________________________________

1 Hist. des Variat., l. 10, n, 51. Biogr. univ., t. 5.
1 Bèze, Hist. eccl., 1. 3, p. 249.

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Message  Louis Dim 10 Nov 2013, 5:23 am


Suites funestes en France de la politique française. Français renégats ou huguenots.
Assassinat du président Minard. Exécution du prêtre apostat Dubourg.
Les huguenots s’engagent à la révolte par le conseil  de leurs prédicants.
Leur conjuration d’Amboise réprimée par le duc de Guise.

(suite)
En vérité l'aveu est sincère. Tant qu'on ne punit que la lie du peuple les seigneurs du parti ne s'émurent pas et les laissèrent traîner au supplice; lorsqu'ils se virent menacer comme les autres ils songèrent à prendre les armes, ou, comme parle l'auteur, « chacun fut contraint de penser à son particulier, et commencèrent plusieurs à se rallier ensemble pour regarder à quelque juste défense, pour remettre sus l'ancien et légitime gouvernement du royaume. » Il fallait bien ajouter ce mot pour couvrir le reste 2 .

On avait bien prévu que les nouveaux sectaires de France ne tarderaient pas à prendre les armes contre leur prince et leur patrie. Pour ne point rappeler ici les guerres des Albigeois, les séditions des Wicléfites en Angleterre et les fureurs des Taborites en Bohême, on n'avait que trop vu à quoi avaient abouti toutes les belles protestations des Luthériens en Allemagne. Les ligues et les guerres, au commencement détestées, aussitôt que les protestants se sentirent forts, devinrent permises, et Luther ajouta cet article à son évangile. Les ministres des Vaudois avaient encore tout nouvellement enseigné cette doctrine, et la guerre fut entreprise dans les vallées contre les ducs de Savoie, qui en étaient les souverains.

Les nouveaux réformés de France ne tardèrent pas à suivre ces exemples; ils se déclarèrent peu à peu, dans le même temps que la réformation anglicane prit sa forme sous la reine-papesse. Après environ trente ans les Luthériens français se lassèrent de tirer leur gloire de leur souffrance; leur patience n'alla pas plus loin. Ils cessèrent aussi d'exagérer aux rois de France leur soumission. Cette soumission ne dura guère qu'autant que les rois furent en état de les contenir ; sous des règnes faibles ils produisirent bien vite, contre toutes leurs déclarations et protestations précédentes, la nouvelle doctrine, qu'il est permis de prendre les armes contre son prince et sa patrie pour la cause d'une religion nouvelle, inventée en Saxe par un moine apostat et raffinée en Suisse par un prêtre marié.

Quant à la conjuration d'Amboise tous les historiens témoignent que…

________________________________________________________________

 2 Variat., l. 10, n. 28.

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Message  Louis Lun 11 Nov 2013, 6:27 am

Suites funestes en France de la politique française. Français renégats ou huguenots.
Assassinat du président Minard. Exécution du prêtre apostat Dubourg.
Les huguenots s’engagent à la révolte par le conseil  de leurs prédicants.
Leur conjuration d’Amboise réprimée par le duc de Guise.

(suite)
Quant à la conjuration d'Amboise tous les historiens témoignent que les sectaires de France y furent engagés par leurs prédicants, et Bèze même en est d'accord dans son Histoire ecclésiastique. Ce fut sur l'avis des docteurs, luthériens ou calvinistes que le prince de Condé se crut innocent, ou fit semblant de le croire, quoiqu'un si grand attentat eût été entrepris sous ses ordres. On résolut dans le parti de lui fournir hommes et argent, afin que la force lui demeurât, de sorte qu'il ne s'agissait de rien moins, après l'enlèvement violent des deux Guise dans le château même d'Amboise, où le roi était, que d'allumer dès lors dans tout le royaume le feu de la guerre civile 1. Tout le gros de la réforme entra dans ce dessein, et la province de Saintonge est louée par Bèze en cette occasion pour avoir fait son devoir comme les autres 2. Le même Bèze témoigne un regret extrême de ce qu'une si juste entreprise ait manqué, et en attribue le mauvais succès à la déloyauté de quelques-uns.

L'agent de la conspiration protestante fut un seigneur de la Renaudie, gentilhomme du Périgord. Jean du Tillet, greffier du parlement de Paris, ayant eu occasion d'examiner les titres de cette famille, trouva que la Renaudie possédait illicitement un riche bénéfice et l'en fit dépouiller pour le donner à son frère. La Renaudie appela de cette décision au parlement de Bourgogne. Dans le cours du procès il altéra son titre de possession, dont on lui avait fait apercevoir le vice. Il fut poursuivi alors comme faussaire par du Tillet, et il aurait couru risque de la vie si le duc de Guise, François de Lorraine, gouverneur de Bourgogne, ne l'eût fait évader le jour de la Fête-Dieu. Il s'enfuit à Genève, y embrassa le calvinisme, et ourdit une trame avec les réfugiés français pour rentrer dans leur patrie en liant leur cause à  celle des grands seigneurs que l'ambition et la jalousie éloignaient de la cour, et qui soupiraient après une révolution pour se mettre à la place des autres. Mais, pour bien concerter toute l'affaire, il fallait pouvoir circuler en France. La Renaudie recourut donc au même duc de Guise, dont il avait éprouvé la bienveillance ; il obtint par son crédit des lettres de révision et put revenir en France sans être inquiété. Mais, au lieu de s'occuper de son procès,  il s'occupait uniquement de son projet de renverser ces mêmes Guise, et avec eux l'ancienne religion de la France, et par là même son ancienne constitution. Ce fut lui qui colporta de côté et d'autre la consultation des théologues protestants qui canonisaient son entreprise.

Le 1erfévrier 1560, avant tout concerté dans une assemblée des conjurés à Nantes, il vint à Paris pour en rendre compte au prince de Condé, fils apostat de saint Louis et de la France, et pour conférer avec les meneurs de la secte protestante sur la somme qu'elle fournirait pour le succès de la conjuration. Il alla loger chez un avocat nommé Pierre des Avenelles, qui tenait un hôtel garni fréquenté par les huguenots que leurs affaires appelaient à Paris. Avenelles, étonné de l'affluence des étrangers qui venaient dans sa maison le jour et la nuit, les observa plus attentivement et devina qu'il se tramait quelque chose d'extraordinaire. Il fit part de ses soupçons à la Renaudie, qui crut pouvoir sans danger lui révéler une partie de son plan. Avenelles, huguenot zélé, reçut avec joie cette confidence; mais bientôt, poussé par la crainte ou le remords, il alla  révéler ce qu'il venait d'apprendre au duc de Guise, François de Lorraine, et à son frère le  cardinal, lesquels soupçonnaient déjà quelque chose.

La cour faisait alors son séjour ordinaire à Blois…

__________________________________________________________________

1 De Thou, ann. 1560, t. 1,1. 24, p. 752. La Poplinière,1. 6. Bèze, 1. 3, p. 250, 254, 270. —  2 Bèze, 1. 3, p. 313.


Dernière édition par Louis le Lun 11 Nov 2013, 1:36 pm, édité 1 fois

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Message  Louis Lun 11 Nov 2013, 8:10 am

Suites funestes en France de la politique française. Français renégats ou huguenots.
Assassinat du président Minard. Exécution du prêtre apostat Dubourg.
Les huguenots s’engagent à la révolte par le conseil  de leurs prédicants.
Leur conjuration d’Amboise réprimée par le duc de Guise.

(suite)
La cour faisait alors son séjour ordinaire à Blois, ville qu'une simple muraille ne mettait pas à l'abri d'un coup de main. Dès qu'il connut avec certitude l'existence et le plan de la conjuration, le duc de Guise fit conduire la famille royale au château d'Amboise, qui pouvait offrir quelque résistance. Les conjurés, quoique contrariés par cette manœuvre, se rendent par petits détachements au lieu que la Renaudie leur a désigné ; mais, à mesure qu'ils arrivent, ils sont enlevés par les troupes royales, conduits aux prisons d'Amboise si l'on en espère des révélations, ou pendus aux créneaux du château. La Renaudie, instruit de ces désastres, cherchait à rassembler ses différentes bandes pour attaquer Amboise et l'emporter de vive force, lorsqu'il est rencontré par un de ses cousins, le jeune Pardaillan, fidèle au roi, qui le tue, le 17 mars 1560. Son cadavre fut apporté à Amboise et attaché à une potence avec cette inscription : « La Renaudie, dit Laforêt, chef des rebelles. » La Bigne, son secrétaire, fut pris avec son chiffre et ses papiers et révéla toute la conjuration. Il déclara que le véritable chef en était le prince de Condé, que les Guise devaient être massacrés les premiers, et qu'on n'aurait point épargné le roi.

On a voulu infirmer cette déposition en disant que cet homme n'avait parlé de la sorte que pour racheter sa vie ; mais Brantôme et l'historien Belleforest nous apprennent que, longtemps après, et lorsqu'il n'y avait plus aucun intérêt, il leur confirma sa première déclaration. Aussi le parlement de Paris, informé par le gouvernement de ce qui s'était passé, donna-t-il au duc de Guise, François de Lorraine, le titre de  CONSERVATEUR  DE  LA  PATRIE.

Cependant les huguenots de France, traîtres à Dieu et au prochain eussent bien voulu donner ces noms aux princes de Lorraine, qu'ils traitaient d'étrangers. Les princes lorrains étaient étrangers à la France comme Jeanne d'Arc, dont ils achevaient l'ouvrage. Sous Charles VI et Charles VII les princes et leurs parents abusent de la démence de l'un et de la jeunesse de l'autre pour déchirer la France par des guerres civiles et la vendre à l'étranger, aux Anglais. Lorsqu’il n'y a plus d'espoir Jeanne d'Arc arrive de Lorraine et chasse les Anglais de devant Orléans, conduit et fait sacrer le roi à Reims, et rend la France aux Français. Sous Henri II, lorsque des princes français complotent d'imposer à la France une religion étrangère et de la rendre étrangère à elle-même, François de Lorraine, enfermé dans Metz, défend la France contre toutes les forces de l'empire, puis enlève aux Anglais le dernier pied-à-terre qu'ils avaient sur les terres françaises, et enfin, malgré certains princes français, il rend à la France et lui conserve la France une et entière, à peu près comme une autre famille, sortie de la même contrée, l'Austrasien Charles-Martel, l'Austrasien Charlemagne, rendirent à l'Europe et lui conservèrent l'Europe une et entière.

Pour demeurer ou redevenir une et entière à son tour il aurait fallu à l'Allemagne…
 
 
A suivre :  Variations sanglantes et serviles de l’Allemagne protestante entre le parti luthérien et le parti calviniste, notamment en Prusse, sous le moine apostat Albert de Brandebourg. Exécutions atroces.

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Message  Louis Lun 11 Nov 2013, 1:00 pm

Variations sanglantes et serviles de l’Allemagne protestante
entre le parti luthérien et le parti calviniste, notamment en Prusse,
sous le moine apostat Albert de Brandebourg. Exécutions atroces.

Pour demeurer ou redevenir une et entière à son tour il aurait fallu à l'Allemagne un ou deux hommes semblables ; Charles-Quint croyait en avoir trouvé un dans son favori, Maurice de Saxe ; mais ce favori joua son bienfaiteur et rendit la division humainement irrémédiable par la pacification de Passau, consommée à la diète d'Augsbourg en 1555. L'Allemagne, au lieu de rester une et entière, se reconnut divisée en deux, les catholiques et les protestants ; l'Allemagne protestante l'est encore en deux, les Luthériens et les Calvinistes ou sacramentaires, qui pendant plus d'un siècle s'anathématiseront, se traiteront réciproquement d'hérétiques, et même se condamneront au dernier supplice lorsqu'ils en auront le pouvoir. Et, chose singulière ! ces deux partis ennemis dans le protestantisme reconnaissent pour leurs chefs indigènes le maître et le disciple, Luther et Mélanchthon.

Enfin les difficultés, les frottements, les collisions entre les protestants et les catholiques aboutiront à une guerre civile de trente ans, dans laquelle les bons Allemands, ne se croyant point assez forts tout seuls pour ruiner leur pays en tous sens et s'égorger les uns les autres, appelleront à leur aide les Français, les Espagnols, les Anglais, les Suédois, et finalement les Russes et les Cosaques. Leur ancienne bonhomie continuera d'écrire dans les protocoles ces grands mots : LE SAINT-EMPIRE ROMAIN ; mais il ne sera plus ni saint, ni empire, ni romain, si ce n'est, comme en use Luther pour le libre arbitre de l'homme, qu'on donne le nom d'une maison, d'une cité, à ses ruines et à ses décombres.

Effectivement, depuis cette époque, l'Allemagne, surtout l'Allemagne protestante, ne présente plus un peuple, une grande communauté d'hommes ayant un passé, un présent et un avenir, ayant une religion certaine et constante qui lie entre elles ces trois phases de son existence ancienne et lui donne ainsi l'idée et la force de conserver tous ses anciens droits, même temporels; mais des troupeaux d'hommes, renégats de la seule religion certaine et constante, et par suite privés de leurs anciens droits politiques, à qui leurs conducteurs ont dit jusqu'à présent : Aujourd'hui vous serez Luthériens, demain Calvinistes, après-demain autre chose, et ce sous peine d'être bâtonnés, pendus, fusillés, suivant notre bon plaisir. Et jusqu'à présent il a été fait comme il a été dit. Voilà ce que montre l'histoire de l'Allemagne protestante à qui sait lire; voilà surtout ce qui est bien présenté dans la Nouvelle Histoire des Allemands depuis la réformation jusqu'à l'acte d'alliance, par le protestant Menzel. Nous ne ferons le plus souvent que résumer la substance de ce travail, aussi neuf que remarquable en soi-même.

Les membres du clergé allemand qui poussèrent à la défection d'avec Rome croyaient travailler pour eux-mêmes…

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Message  Louis Mar 12 Nov 2013, 9:12 am

Variations sanglantes et serviles de l’Allemagne protestante
entre le parti luthérien et le parti calviniste, notamment en Prusse,
sous le moine apostat Albert de Brandebourg. Exécutions atroces.

(suite)
Les membres du clergé allemand qui poussèrent à la défection d'avec Rome croyaient travailler pour eux-mêmes ; ils comptaient marcher dorénavant de pair avec les Papes, les cardinaux, ou tout au moins les évêques. Les populations allemandes qui se laissèrent entraîner à la défection croyaient travailler pour elles-mêmes et secouer le joug des princes comme celui du Pape. Les apostats du clergé allemand se trompaient, les populations allemandes se trompaient ; bien loin de secouer le joug temporel des princes, ils n'ont fait que le rendre plus dur, en y joignant forcément le pouvoir spirituel, enlevé au Pape et aux évêques.

Parmi les auteurs et ouvriers de cette révolution plusieurs ne l'entendaient pas ainsi et prétendaient sérieusement mener les peuples : tels Osiander à Kœnigsberg, Flacius Illyricus à Magdebourg. Les troubles qui s'ensuivirent hâtèrent l'asservissement général. Les théologues du luthéranisme, convoqués à Naumbourg, sur la Saale, en mai 1554, par l'électeur de Saxe, ne trouvèrent d'autre moyen, pour arrêter la confusion et l'anarchie, que de conjurer les princes de remplacer les évêques pour maintenir dans leurs églises l'unité de la doctrine et l'ordre de la discipline et du culte. Mélanchthon, qui était du nombre de ces théologues, gémissait sur la manière dont les affaires religieuses étaient traitées dans les cours ; « mais les menées des anarchistes et des démagogues théologiques, dit le protestant Menzel, ne lui laissèrent, non plus qu'aux autres modérés, d'autre choix que de chercher leur salut auprès des cours. »  

Pour justifier cet asservissement de la religion aux princes ils alléguaient deux passages de l'Écriture : l'un d'Isaïe, où il est dit que « les rois seraient les nourriciers des églises 1. » mais, fait observer Menzel, supposé qu'on applique ce passage à l'Église, il y est dit en même temps que « les rois se prosterneraient devant elle et baiseraient la poussière de ses pieds ; » aussi les docteurs protestants n'eurent-ils garde de citer tout le passage. L'autre citation est encore plus étrange de la part de ces docteurs; ce sont quatre mots d'un psaume, non suivant l'hébreu ni la traduction de Luther, mais suivant la Vulgate latine : Attollite portas, principes, vestras : levez vos portes, ô princes; tandis que dans l'hébreu et dans la traduction de Luther il y a : O portes, levez vos têtes. L'auteur s'étonne avec raison de cette manière d'agir, surtout après qu'on eut tant déclamé contre la Vulgate et contre l'abus qu'on pouvait en faire 2.

Ce que les docteurs protestants avaient conseillé à Naumbourg, en 1554, fut définitivement décrété à la diète d'Augsbourg de l'année suivante; dans la pacification conclue entre les princes protestants et Ferdinand, roi des Romains. Le protestant Menzel dit à ce sujet:

« Ce qu'il y a sans doute de plus remarquable dans cette pacification religieuse, c'est que, chez les protestants, la religion et l'église, après avoir été enlevées à l'autorité spirituelle, dont elles dépendaient jusqu'alors, furent mises sous la dépendance des princes et des états, qui venaient de conclure cet accord pour le nouveau parti avec les adhérents de l'ancien. Ceux qui firent la paix avec les adversaires, ce ne furent ni le peuple ni le clergé, du milieu desquels cependant était sortie cette religion et cette Église nouvelle, mais les princes, qui en avaient pris la protection, et les premiers n'y trouvaient d'avantage qu'autant que les princes et les autorités demeuraient fidèles aux convictions où ils étaient lors de la pacification. Ces convictions changeaient-elles et se retournaient-elles vers l'ancienne Église : aussitôt la croyance des sujets perdait tous les droits acquis par la paix. Il était clair comme le jour que ces rapports étaient très-défavorables, et que la forme religieuse, pour laquelle on avait tant combattu, était abandonnée à l'arbitraire et à l'inconstance des puissants 1 »

L'auteur en cite un exemple…

_________________________________

1 Is., 49, 23, — 2 Menzel, t 3, p, 530-536. — 1 Menzel, t 3, p, 576 et 577.

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Message  Louis Mar 12 Nov 2013, 12:26 pm

Variations sanglantes et serviles de l’Allemagne protestante
entre le parti luthérien et le parti calviniste, notamment en Prusse,
sous le moine apostat Albert de Brandebourg. Exécutions atroces.


(suite)

L'auteur en cite un exemple. Les électeurs palatins, en vertu du droit de réformation que la pacification religieuse établissait de fait et que la paix de Westphalie déclara un droit originaire de l'Empire, contraignirent leurs sujets à passer d'abord du catholicisme au luthéranisme, ensuite du luthéranisme au calvinisme, puis du calvinisme au luthéranisme, puis de nouveau au calvinisme, et enfin les voulurent faire revenir au catholicisme 2.

Quant aux rapports des protestants entre eux, le duc Jean-Frédéric de Saxe-Weimar voulut un strict luthéranisme. Les théologiens de ce parti étaient Amsdorf, le même que Luther avait prétendu sacrer évêque de Naumbourg, et Matthias Flacius Illyricus. Ce dernier établit à Magdebourg un bureau d'histoire ecclésiastique pour recueillir tout ce qu'il pouvait y avoir de défavorable à l'Église romaine : c'est ce qu'on appelle les centuriateurs de Magdebourg. Les ecclésiastiques ou prédicants opposés à ce parti furent destitués par l'autorité séculière. George Major, ayant enseigné la nécessité des bonnes œuvres pour le salut, fut chassé pour cela de Mansfeld et anathématisé par Illyricus et Amsdorf. Justus Ménius, prédicant de Gotha, eut le même sort. Amsdorf enseigna, au contraire, que les bonnes œuvres étaient nuisibles au salut. L'autre partie dont le siège était à Wittemberg, avait pour chef Mélanchthon, qui était revenu de quelques excès de Luther sur le libre arbitre ; il reconnaissait enfin que le libre arbitre n’était pas anéanti et qu’il coopérait à l’œuvre du salut. Amsdorf et Illyricus  l’attaquèrent là-dessus ; il y eut guerre entre Wittenberg et Iéna sur la coopération du libre arbitre 1. Les deux maisons de Saxe, le duc et l’électeur, se divisèrent pour et contre.

En 1556, el Palatinat et le Wurtemberg envoient une ambassade à Weimar pour négocier la paix entre les deux partis, avec une amnistie théologique. Le duc de Weimar pose pour première condition que l’on condamnerait toutes les opinions qui s’écarteraient du strict luthéranisme.  Mélanchthon et Illyricus ont en vain des conférences à Coswig pour s’entendre.

En 1557 diète théologique à Francfort-sur-le-Mein afin de remédier à l’anarchie ; on y propose de créer un pape luthérien en Allemagne ; cela n’est pas du goût des princes, qui se bornent à nommer un vicaire général au spirituel pour leurs principautés. Les théologiens s’accordent seulement à dire qu’on est d’accord des deux côtés sur les points principaux et sur la doctrine ; mais les zélateurs, notamment Illyricus, y contredisent avec véhémence. Le duc de Wiemar donne des instructions dans ce sens pour le colloque de Worms, sous la présidence de l’évêque catholique de Naumbourg. Le colloque devait avoir lieu entre les catholiques et les protestants sur la Confession d’Augsbourg, pour essayer si l’on n’arriverait pas à quelque rapprochement. Les deux partis luthériens s’y disputent avec violence. Les catholiques demandent que les uns et les autres expliquent nettement ce qu’ils entendent par la Confession d’Augsbourg ; le parti d’Illyricus appuie la proposition des catholiques, les prend même pour juges de son différend avec l’autre parti, puis se retire de Worms, ce qui rompt la conférence et envenime la division parmi les Luthériens.

Les deux partis se tranchaient de plus en plus…

_____________________________________________

 2 T. 3, préface, p. 14
1 T. 4,  c. 3.

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Message  Louis Mer 13 Nov 2013, 6:04 am

Variations sanglantes et serviles de l’Allemagne protestante
entre le parti luthérien et le parti calviniste, notamment en Prusse,
sous le moine apostat Albert de Brandebourg. Exécutions atroces.

(suite)
Les deux partis se tranchaient de plus en plus : du côté de la Saxe électorale, avec les deux universités de Wittemberg et de Leipzig, tenaient le Palatinat, le Wurtemberg Hesse et Anhalt ; du parti des Thuringiens et de l’université d’Iéna était la basse Saxe, particulièrement Magdebourg et Brunswick, Mansfeld et Ratisbonne. Les chefs du premier étaient Mélanchthon et Brentius ; à la tête du second se trouvait Illyricus avec le vieux Amsdorf. Le premier parti était accusé par l’autre d’Avoir abandonné la Confession d’Augsbourg, dont les adhérents  étaient seuls dans la pacification générale et en pouvaient revendiquer les droits. Les princes du premier parti sentirent bine vitre le préjudice que cette accusation pouvait leur faire. C’est pourquoi, en mars 1558, les trois électeurs de Saxe, du Palatinat et de Brandebourg, avec les princes de Wurtemberg, de Hesse et de Deux-Ponts, publièrent une déclaration, rédigée par Mélanchthon, de manière à dissiper la mauvaise renommée et à se rapprocher le plus possible du parti contraire. Mais le duc de Wiemar, Jean-Frédéric de Saxe, la repoussa formellement et en publia une Confutation officielle par les théologiens de Weimar. 1.

L’animosité de la dispute vint à son comble sur l’Eucharistie. Luther admettait la présence réelle, Zwingle et Calvin seulement la figure. Du vivant de Luther, Mélanchthon penchait vers le calvinisme; après la mort de son maître il s’y décida tout à fait ; mais, comme l’électeur de Saxe y était opposé, il n.osa se déclarer et dissimula tant qu’il put ; il cherchait même à sortir du pays, afin de manifester librement sa pensée.

Dans les années 1559 et suivantes un prédicant de Hambourg, Joachim Westphal, lança deux libelles contre l’hérésie des sacramentaires, signalant aux vrais Luthériens les ravages que cette hérésie faisait dans leurs propres rangs. Calvin répondit de la manière insultante que nous avons vue ailleurs, puis se retira de la mêlée, La guerre continua plus vive en Saxe. Les Luthériens se réunirent contre les partisans de Mélanchthon, comme secrètement calviniste. Hardenberg refusa de souscrire d’une manière absolue à la Confession d'Augsbourg. Plusieurs villes et princes luthériens se coalisent contre Brême. Tileman Hesshus chasse Hardenberg de cette ville. Le parti luthérien y prend le dessus. Simon Musée s'efforce de rendre au clergé luthérien le droit d'excommunication; le bourgmestre renverse le luthéranisme par un coup d'État. Vainement les Luthériens font-ils une croisade contre Brème : le calvinisme y triomphe 1.

En 1558 l'électeur Otton du Palatinat…

________________________________________________

1 Menzel, t. 4 c. 4.
1 id, t. 4 c. 5 et 6.


Dernière édition par Louis le Jeu 14 Nov 2013, 5:36 pm, édité 2 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Mer 13 Nov 2013, 12:01 pm

Variations sanglantes et serviles de l’Allemagne protestante
entre le parti luthérien et le parti calviniste, notamment en Prusse,
sous le moine apostat Albert de Brandebourg. Exécutions atroces.

(suite)
En 1558 l'électeur Otton du Palatinat appela Hesshus à Heidelberg et le fit surintendant général de ses églises. Nous avons vu le patriarche de Constantinople prendre le titre de patriarche œcuménique ; le prédicant luthérien de Heidelberg prit celui de généralissime de tous les superintendants du Palatinat. Il se conduisait en pape infaillible et supérieur au concile. Mais l'électeur mourut et fut remplacé par un autre. Le généralissime des superintendants se vit attaquer par le prédicant Klébitz; ils s'anathématisèrent bientôt l'un l'autre du haut de la chaire. Tout le pays s'en émut ; pour faire cesser le trouble, le nouvel électeur, Frédéric III, les destitua tous les deux. Il consulta Mélanchthon, et par suite fit passer le Palatinat au calvinisme. Le duc Jean-Frédéric de Saxe-Weimar vint à Heidelberg avec ses théologiens pour soutenir la cause du luthéranisme; il y eut une conférence publique, mais sans résultat : le culte suisse envahit tout le Palatinat. Le catéchisme de Heidelberg fut rédigé dans ce sens.

Cette défection du luthéranisme au calvinisme ne fit pas moins de sensation parmi les Luthériens que leur première séparation d'avec l'Église catholique ; ils se coalisèrent pour s'opposer aux progrès de la doctrine calviniste.

En 1559, par ordre du duc de Wurtemberg, il y eut à Stuttgart un synode luthérien, présidé par Brentius, où l'on condamna les innovations du Palatinat, et où l'on érigea l'ubiquité en dogme, c'est-à-dire cette opinion que le corps, la nature humaine de Notre-Seigneur, était non-seulement dans l'Eucharistie, mais partout, dans toutes les créatures; opinion monstrueuse qui tend à confondre les deux natures. Malgré tout cela elle fut érigée en article de foi, souscrite par le duc et par tous les prédicants, avec la décision que nul n'obtiendrait un emploi sans l'avoir approuvée par sa souscription.

Mais les rigides Luthériens eux-mêmes se divisèrent à Iéna sur la coopération de la volonté humaine au salut ; le professeur Strigel ou Étrille soutenait que le libre arbitre y coopérait pour quelque chose, Illyricus pour rien du tout. Les théologiens de Thuringe, assemblés à Weimar, condamnèrent l'opinion d'Étrille. Celui-ci en appelle au duc de Weimar. Pour toute réponse, d'après un ordre envoyé par le prince le 24 mars 1559, Étrille et son ami Hugel, superintendant à Iéna, sont arrêtés nuitamment dans leur lit, placés demi-nus sur une voiture, et, au milieu de mauvais traitements, emmenés dans une forteresse. Dix compagnies de mousquetaires tenaient en respect les étudiants de la ville. Sur les remontrances de plusieurs princes, même du roi des Romains, Maximilien II, le duc de Weimar remit les deux captifs en liberté, mais ordonna une conférence publique entre les deux partis. Elle eut lieu à Weimar, sous la présidence du duc, et roula sur le péché originel et sur le libre arbitre. Illyricus, qui avait renforcé son parti de deux prédicants de Magdebourg, Wigand et Judex, et qui même avait entrepris d'excommunier le juriste Wesenbeck, soutint effrontément que le péché originel était devenu la substance même de la nature humaine. Il exigea que les notaires inscrivissent sa doctrine en ces termes : …

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Message  Louis Jeu 14 Nov 2013, 5:59 am

Variations sanglantes et serviles de l’Allemagne protestante
entre le parti luthérien et le parti calviniste, notamment en Prusse,
sous le moine apostat Albert de Brandebourg. Exécutions atroces.

(suite)
… Illyricus… soutint effrontément que le péché originel était devenu la substance même de la nature humaine. Il exigea que les notaires inscrivissent sa doctrine en ces termes : …

« Dans les choses spirituelles l'homme n'est pas seulement comme un bloc et une statue, mais encore plus misérable ; car un bloc et une statue n'offensent personne et ne haïssent point Dieu. Il est plus misérable que la lune, car celle-ci accepte au moins la lumière ; mais l'homme est entièrement mort pour le bien. La substance originelle de son corps, et encore plus de son âme, est entièrement ruinée par la chute; elle est devenue une pure ombre ; l'image de Dieu a été changée en l'image du diable, de même que le feu change l'or en scorie et les épices en fade résidu. »
Illyricus croyait, par cette déclaration, atterrer son adversaire. Celui-ci voulait comparer l'homme à un malade qui conserve encore assez de force pour ouvrir la bouche afin de recevoir le remède ; mais Illyricus répliqua que ce malade avait la bouche close et que le remède devait lui être administré de force. Le duc, sans prononcer de jugement, suspendit la conférence, sauf à la reprendre plus tard. De retour à Iéna Illyricus et les siens y exercèrent une tyrannie toujours plus violente, excommuniant tous leurs adversaires sans distinction de personnes. Le duc de Weimar leur ayant recommandé la modération, ils prirent à son égard le ton des Papes à l'égard des princes coupables. Mais le vent change bientôt à la cour de Weimar. On y conçoit le projet d'un consistoire dont le duc serait le maître, qui seul aurait la décision des affaires ecclésiastiques et le droit de censure pour les personnes et les livres. Pas un professeur ni prédicant d'Iéna n'en est nommé membre. Ceux-ci jettent feu et flammes, réclamant la liberté de l'Église; la cour leur répond en interdisant la prédication aux professeurs de théologie.

Ce fut au milieu de ces animosités que Mélanchthon mourut à Wittemberg, le 19 avril 1560, dans la soixante-quatrième année de son âge et dans la plus profonde douleur sur le triste état de cette Église qu'il avait fondée avec Luther, et dont les chefs actuels luttaient à qui récompenserait le mieux ses travaux pour elle par des outrages et des anathèmes 1.

En janvier 1561, grande assemblée des princes protestants à Naumbourg, pour savoir quelle position prendre vis-à-vis du concile de Trente, qui allait se réunir de nouveau…

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1 Menzel, t. 4 c. 7.

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Message  Louis Jeu 14 Nov 2013, 10:58 am

Variations sanglantes et serviles de l’Allemagne protestante
entre le parti luthérien et le parti calviniste, notamment en Prusse,
sous le moine apostat Albert de Brandebourg. Exécutions atroces.


(suite)

En janvier 1561, grande assemblée des princes protestants à Naumbourg, pour savoir quelle position prendre vis-à-vis du concile de Trente, qui allait se réunir de nouveau, en même temps pour calmer les divisions entre les Luthériens rigides et les Luthériens modérés ou calvinistes, et enfin pour renouveler leur adhésion à la Confession d'Augsbourg. L'électeur de Saxe disait, dans sa lettre de convocation, qu'on regarderait comme non avenues toutes les condamnations par lesquelles un parti reprocherait à l'autre d'avoir corrompu la doctrine luthérienne et de faire secte. Ceci tombait directement sur le duc Jean-Frédéric de Saxe-Weimar, qui avait publié une réfutation et la condamnation officielle d'une déclaration théologique des autres princes. Le duc vint à l'assemblée, et demanda que l'on souscrivît non-seulement à la Confession d'Augsbourg, mais encore aux articles de Smalkalde, qui étaient plus rigides contre les sacramentaires. La majorité fut d'avis qu'on ne souscrirait que la Confession d'Augsbourg; mais aussitôt on demanda à quelle édition.

Les deux électeurs de Saxe et du Palatinat opinèrent pour la plus récente : c'est qu'elle était plus favorable aux sacramentaires. Les autres provinces votèrent pour l'édition de 1530, qu'on avait présentée à l'empereur.

Sur quoi les princes résolurent d'examiner les deux par eux-mêmes. A la lecture de la plus ancienne, qui reconnaissait la présence réelle et le sacrifice de la messe, l'électeur palatin, calviniste depuis peu, protesta qu'il ne pourrait la souscrire ; toutefois il se rendit à l'avis de la majorité et signa la première édition, à laquelle on joignit une préface pour dire qu'on ne rejetait point pour cela les autres. Le duc Jean-Frédéric de Saxe-Weimar refusa constamment d'y souscrire, à moins qu'on n'y condamnât d'une manière plus expresse l'erreur des sacramentaires, et présenta une protestation dans ce sens.

Tous les états de l'assemblée s'engagèrent finalement à obliger leurs superintendants, prédicants et professeurs, à se conformer, dans tous les articles de la foi chrétienne, à l'Écriture sainte et à la confession nouvellement souscrite, de n'employer aucune des locutions jusqu'à présent inusitées dans les églises luthériennes, de ne publier absolument rien par la presse sans l'examen préalable des censeurs, afin de constater si cela était conforme à la Confession d'Augsbourg, non-seulement quant au fond, mais encore quant à la forme et aux expressions.

« Difficilement, dit le protestant Menzel…

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Message  Louis Ven 15 Nov 2013, 5:58 am


Variations sanglantes et serviles de l’Allemagne protestante
entre le parti luthérien et le parti calviniste, notamment en Prusse,
sous le moine apostat Albert de Brandebourg. Exécutions atroces.


(suite)
« Difficilement, dit le protestant Menzel, aurait-on pu imaginer une plus grande servitude que cette sujétion de l'esprit humain à l'autorité d'un écrit confessionnel. La liberté d'écrire et de penser, au profit de laquelle avait été opérée la réformation, eut alors en ceci comme plus tard sous d'autres rapports,  Iéna destinée d'être mise aux fers par ceux-là même qu'elle avait aidés à remporter sur leurs antagonistes. Ces fers furent forgés avec les mêmes armes par lesquelles on avait combattu le Pape 1. »

Les Illyriciens d'Iéna ou Luthériens rigides, autrefois favoris du duc de Saxe-Weimar, lui adressèrent les plaintes les plus vives contre les restrictions apportées à la liberté d'écrire et d'enseigner. Dans une remontrance sur la liberté de la presse; contre la censure que le duc venait d'établir, ils lui écrivaient : « Les princes ne doivent pas s'imaginer, parce qu'ils ont envahi les biens ecclésiastiques et les droits de vocation, qu'ils ont à commander aux théologiens et aux prédicants comme à leurs vassaux, parce qu'ils leur payent leur solde du trésor de l'État. Les séculiers peuvent ordonner les choses séculières, mais les ministres du Christ ne sont soumis qu'au Christ. Autant un prince trouverait mauvais que son ambassadeur reçoive et exécute des ordres d'un autre que lui, autant le Fils de Dieu trouve-t-il mauvais que ses envoyés et ses ambassadeurs se laissent prescrire quelque chose par des séculiers. Par conséquent on ne pouvait leur défendre d'imprimer, du moins à l'étranger. »

Leurs plaintes furent encore plus véhémentes lorsque le duc mit en fonction son consistoire. Ils développèrent au long, dans plusieurs écrits, que l'établissement de ce tribunal eût dû être délibéré en synode, attendu qu'un prince n'est ni l'Église ni son chef, et qu'il n'appartient pas à des séculiers de décider des choses ecclésiastiques d'après les formes des juristes. Un évêque même ne pouvait rien décider dans son chapitre. Ceci était la papauté impériale, prédite par Luther. La différence entre la papauté de Rome et le consistoire de Weimar consiste uniquement en  ce que celle-là est une monarchie et celui-ci une oligarchie de neuf personnes, ou plutôt, comme le duc s'arrogeait lui-même le vote définitif, et qu'il n'était pas mentionné qu'on pût appeler du consistoire à un synode, c'était une dictature et une tyrannie où l'on n'entendait plus : « Dites-le à l'Église, » mais, « Dites-le à la cour. »

Pour toute réponse on les appela des théologiens hypocrites, indociles et turbulents…

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1 Menzel, t. 4 c. 9.

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Message  Louis Ven 15 Nov 2013, 12:29 pm

Variations sanglantes et serviles de l’Allemagne protestante
entre le parti luthérien et le parti calviniste, notamment en Prusse,
sous le moine apostat Albert de Brandebourg. Exécutions atroces.


(suite)
Pour toute réponse on les appela des théologiens hypocrites, indociles et turbulents. Musæus  se rendit à Brême. Les autres, poussant toujours plus loin, accusèrent d'hérésie le duc de Weimar et tout le pays. Ils finirent par être destitués. Illyricus prit la fuite pour éviter un sort plus fâcheux. Un étudiant d'Iéna fut condamné à la peine de mort, que le duc voulut bien commuer en un bannissement perpétuel. Le duc fut obligé de demander des professeurs à Wittemberg pour rétablir l'université d'Iéna, complètement désorganisée par suite de ces troubles 1.

Plusieurs des partisans fugitifs d'Illyricus se réfugièrent à Magdebourg, auprès de leur ami Hesshus, que le magistrat de la ville avait loué pour trois ans comme pasteur d'une paroisse. Hesshus travaillait à se faire une position plus sortable en rétablissant Magdebourg la hiérarchie luthérienne, qui avait échoué à Brème et à Heidelberg. Il profita pour cet effet de la présence des nouveaux venus. Comme les magistrats et les bourgeois ne voulaient pas entendre de cette oreille, Hesshus les fit excommunier secrètement. Sur cela les magistrats lui payèrent les deux années de gages qui restaient encore à courir et lui ordonnèrent de déguerpir. Sur son refus la bourgeoisie prit les armes, entoura au milieu de la nuit la maison qu'il habitait, le plaça dans une charrette couverte et l'emmena hors du territoire 2. Après plusieurs autres querelles et aventurés qu'il s'attira par son esprit turbulent, Hesshus fut appelé à Kœnigsberg pour être évêque de Samland, où il procura à son ami Wigand l’évêché de Poméranie.
             
Kœnigsberg, capitale de la Prusse, était alors une arène de querelles théologiques, comme il n'y en avait aucune autre dans toute l'Allemagne. Le souverain du pays était Albert de Brandebourg, ce moine apostat de l'ordre des religieux militaires de Sainte-Marie plus connus sous le nom de chevaliers Teutoniques. Élu supérieur général de l'ordre, il fut parjure à ses trois vœux et à son serment : à son serment en trahissant son ordre par l'apostasie; à son vœu d'obéissance en foulant aux pieds tous les statuts de l'ordre ; à son vœu de pauvreté en lui enlevant le duché de Prusse pour se le donner lui-même ; à son vœu de chasteté en prenant une femme.

Ainsi devenu duc de Prusse, l'ex-moine…

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1 Menzel, t. 4, c 11. —  2 Id., ibid.

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Message  Louis Sam 16 Nov 2013, 6:40 am

Variations sanglantes et serviles de l’Allemagne protestante
entre le parti luthérien et le parti calviniste, notamment en Prusse,
sous le moine apostat Albert de Brandebourg. Exécutions atroces.

(suite)

Ainsi devenu duc de Prusse, l'ex-moine fonda à Kœnigsberg une université où il appela les plus hardis sectaires. Le principal fut Osiander, que déjà nous avons appris à connaître. Il introduisit parmi les Luthériens une nouvelle opinion sur la justification. Il ne voulait pas qu'elle se fît, comme tous les autres protestants le soutenaient, par l'imputation de la justice de Jésus-Christ, mais par l'intime union de la justice substantielle de Dieu avec nos âmes, fondée sur cette parole souvent répétée en Isaïe et en Jérémie : Le Seigneur est notre justice; car, de même que, selon lui, nous vivions par la vie substantielle de Dieu et que nous aimions par l'amour essentiel qu'il a pour lui-même, ainsi nous étions justes par sa justice essentielle, qui nous était communiquée ; à quoi il fallait ajouter la substance du Verbe incarné, qui était en nous par la foi, par la parole et par les sacrements 1. Comme Osiander était en faveur auprès d'Albert de Brandebourg, sa doctrine fut vivement attaquée par les autres professeurs.

Merlin, prédicant réfugié de Brunswick, qui, sur l'invitation d'Albert, s'offrit comme médiateur, fut tellement irrité de la violence d'Osiander qu'il devint son plus véhément adversaire. La fureur des partis monta à un point dont on ne se fait pas d'idée. D'après un témoin oculaire, l'amitié disparaissait entre le père et le fils, la mère et la fille, le frère et la sœur, comme s'ils ne s'étaient jamais connus ; même entre époux s'allumait la plus extrême désunion ; le bon voisinage était détruit ; le repos public, les égards, la politesse étaient tellement violés qu'on passait à côté l'un de l'autre non-seulement sans se saluer, mais en se conspuant, en se poursuivant de cris, et qu'on ne voulait ni vendre ni acheter à quiconque allait au prêche d'Osiander. Les plus grossières injures retentissaient dans les chaires. Merlin maudissait son antagoniste jusqu'au fond des enfers, et Osiander ne demeurait pas en reste. Merlin prêchait :


« La justice d'Osiander est un rêve, et je voudrais bien savoir si c'est par derrière ou par en haut qu'il faut l'entonner avec un feutre. Une telle justice n'est ni au ciel ni sur la terre. Fi de toi ! noir démon, avec ta justice! Te précipite Dieu dans l'abîme des enfers ! Le diable emporte ta justice, car je ne la veux pas emporter. Si on te demande : Est-ce Dieu le Père ta justice ? dis : Non. Est-ce le Saint-Esprit ta justice? dis : Non. Qu'est-ce donc qui est ta justice ? Uniquement la sanglante sueur et la mort ignominieuse de Jésus-Christ; car le Christ n'est notre justice ni selon sa nature divine, ni selon la nature humaine, mais uniquement dans son office, lorsqu'il meurt et souffre. »
Merlin ne disconvient pas d'avoir prêché ainsi, mais il justifie son zèle sur le zèle d'Élie 1.

Merlin soutenait même qu'Osiander…
.    
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1 Bossuet, Variat.,  1.  8, n. 11. – 1 Menzel, t. 4, c 12, p. 319.

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Message  Louis Sam 16 Nov 2013, 11:51 am

Variations sanglantes et serviles de l’Allemagne protestante
entre le parti luthérien et le parti calviniste, notamment en Prusse,
sous le moine apostat Albert de Brandebourg. Exécutions atroces.

(suite)

Merlin soutenait même qu'Osiander avait dit qu'il fallait empoigner les lances et les bâtons, et, si l'on peut en croire d'autres rapports, qu'Osiander et ses partisans allaient non-seulement par les rues à main armée, mais même, au sénat académique, avec des fusils chargés sous leurs manteaux et des sabres à leurs côtés. Cette précaution n'était pas superflue avec de pareils adversaires. Vainement le duc commandait-il la paix. Les adversaires d'Osiander, fiers de leur prépondérance, réclamaient un synode, et notifièrent au duc qu'ils ne pouvaient plus reconnaître pour président de l'évêché un homme qui soutenait une opinion visiblement erronée et hérétique, et qui par là s'était déposé lui-même de son office et rendu incapable d'exercer les fonctions épiscopales.

Ils ne s'en tinrent pas là ; Merlin fit en sorte, par son influence sur la noblesse et sur le conseil de la ville, que les candidats à l'office de prédicant n'étaient plus présentés à Osiander, mais à lui-même, pour l'examen et l'ordination, et sous les yeux d'Osiander il en remplissait toutes les fonctions, comme évêque intérimaire.

Le duc, dans un rescrit sévère aux ecclésiastiques, leur ayant demandé compte et leur ayant envoyé en même temps une confession manuscrite d'Osiander pour l'examiner, ils lui renvoyèrent cette dernière pièce sans la décacheter, avec la déclaration qu'ils ne voulaient plus avoir aucun rapport avec Osiander. Ils n'avaient aucun besoin de réclamer le jugement de l'Église contre lui, car ils avaient la parole de Dieu, par laquelle l'Église doit se laisser juger. Le duc lui-même n'avait-il pas reçu l'Évangile sans consulter auparavant l'Église ? Eux cependant n'entendaient préjudicier à l'Église en rien. Quant au reproche que, par la déposition d'Osiander, ils avaient commencé le projet par l'exécution, ils ne le méritaient point ; car depuis longtemps cet homme était convaincu de son erreur par la parole de Dieu, et eux ne pourraient s'excuser devant Dieu et l'Église s'ils voulaient reconnaître plus longtemps un tel loup pour évêque.

En outre Merlin exclut de la Cène plusieurs membres de sa communauté qu'il tenait pour des partisans d'Osiander, et annonça formellement du haut de la chaire qu'il ne recevrait personne au confessionnal ni aux fonts de baptême qui fréquentât les prêches d'Osiander.

Intervint une nouvelle réprimande plus sévère de la part du duc…

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Message  Louis Dim 17 Nov 2013, 6:05 am

Variations sanglantes et serviles de l’Allemagne protestante
entre le parti luthérien et le parti calviniste, notamment en Prusse,
sous le moine apostat Albert de Brandebourg. Exécutions atroces.

(suite)

Intervint une nouvelle réprimande plus sévère de la part du duc. « Il doit savoir, lui disait-on, que le duc ne veut accorder à aucun pasteur le droit d'excommunier arbitrairement dans son pays. »

Merlin répondit à cette réprimande dans un prêche qu'il tint le dimanche suivant.

« Tenez bon, chers enfants, et ne souffrez pas plus longtemps cette abomination dans le pays. Tenez bon, non pour vous, mais pour les petits enfants encore au berceau, mais pour ceux que vous portez encore dans les reins, afin qu'ils ne soient pas empoisonnés par cette hérésie satanique ! Il vous serait mille fois plus avantageux de marcher dans le sang jusque pardessus les genoux, de voir le Turc aux portes de la ville et vous égorger tous ; oui, il vous serait même plus avantageux que vous fussiez Juifs et païens que de souffrir cela ; car, avec cette doctrine, vous serez aussi bien damnés que les païens. Je veux que vous soyez avertis, du moins qui veut encore l'être. Qui ne le veut pas, qu'il s'en aille au diable. Je n'ai pas besoin de les lui donner ; ils sont au diable déjà tous ceux qui reçoivent cette doctrine. Et j'annonce de nouveau que je n'admettrai au Sacrement aucun qui reçoit la doctrine d'Osiander ou fréquente son prêche; ils iront courir où ils voudront. Vous ne devez pas non plus les saluer, n'avoir aucune communication avec eux, mais les fuir comme s'ils étaient le diable en personne. »  Ainsi déclamait le prédicant Merlin.

L'ex-moine et duc Albert de Brandebourg ne vit d'autre remède que de consulter les théologiens étrangers sur la doctrine d'Osiander ; la plupart n'y furent point favorables. Osiander s'emporta contre eux avec fureur, particulièrement contre Mélanchthon et ceux de Wittemberg. L'embarras du duc devint ainsi extrême, lorsque, le 17 octobre 1552, Osiander mourut subitement d'apoplexie. Le parti contraire répandit aussitôt le bruit que le diable lui avait tordu le cou, et ce bruit trouva tant de crédit que le duc crut nécessaire de faire visiter le cadavre et en dresser procès-verbal. Pour braver l'opinion populaire le duc et la duchesse, avec toute la cour, accompagnèrent le corps au cimetière, et, dans l'oraison funèbre, le prédicateur de la cour dit que jamais la terre n'avait vu son pareil ni ne le verrait probablement, et que le premier il avait apporté en Prusse la connaissance de la vraie parole de Dieu. Ce prédicateur était gendre du mort et se nommait Funck.

Le duc rendit un arrêté pour ordonner la paix et le silence…

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Message  Louis Dim 17 Nov 2013, 12:40 pm

Variations sanglantes et serviles de l’Allemagne protestante
entre le parti luthérien et le parti calviniste, notamment en Prusse,
sous le moine apostat Albert de Brandebourg. Exécutions atroces.


(suite)

Le duc rendit un arrêté pour ordonner la paix et le silence. Merlin continua la lutte contre le parti de la cour ; il fut banni. Vainement quatre cents dames notables de la ville, avec leurs demoiselles et leurs petits enfants, donnèrent-elles une espèce d'assaut au palais pour obtenir le rappel de Merlin, le duc fut inexorable. Funck succéda dans la faveur du prince à son beau-père Osiander et se vit le maître des affaires. La duchesse tenait également pour lui, et pour gagner le peuple s'habillait en bourgeoise ; mais la noblesse, qui pouvait n'avoir pas grand respect pour un moine apostat et sa femme, tenait pour le parti de Merlin. En 1563, après onze ans de roueries politiques, le duc voulut frapper un coup d'État pour briser le parti de l'opposition. Le frère de sa femme, Henri de Brunswick, devait amener une armée de quinze mille hommes, sous prétexte d'aller au secours du roi de Pologne ; mais au moment d'entrer en Prusse l'armée se débanda. Dans l'intervalle le parti de la noblesse réclama l'intervention du roi de Pologne, suzerain de la Prusse, et demanda des commissaires pour faire une enquête sur les troubles du pays. Une diète fut indiquée à Kœnigsberg pour le 1er août 1566.

Le duc prit des mesures en sens contraire ; il fit recruter à Dantzick mille hommes de cavalerie, sous prétexte de faire la guerre aux Moscovites, mais dans la réalité pour la faire aux états de Prusse qui allaient se réunir dans la capitale. De plus il fit commencer une galerie souterraine du château à une église voisine, comme pour abréger le chemin, mais en effet pour se ménager un moyen de fuir en cas de besoin. Les orateurs de la diète réclamèrent contre la présence des troupes étrangères ; le duc finit par céder, assurant être peiné de voir qu'on avait pour lui de la défiance. « Que le diable emporte mon âme à l'heure même, s'écria-t-il, si jamais j'ai en la pensée de faire tort à un de mes sujets ! » Les commissaires polonais arrivèrent le 23 août. Résultat final : le duc fut contraint de congédier les cavaliers étrangers; son prédicant favori, Funck, et deux autres furent condamnés à mort et exécutés le 28 octobre, et cela avec l'agrément forcé du duc en pleurs. Pendant leur exécution sur la grande place le peuple chantait dévotement des cantiques. D'autres prédicants furent bannis ou déclarés hors la loi. Le nombre des victimes eût été vraisemblablement beaucoup plus considérable si, peu auparavant, les principaux des Osiandristes n'avaient pris la fuite. Pour quelques expressions offensantes envers le grand-maître de la diète, la duchesse fut obligée de lui faire amende honorable en personne et d'en donner acte, ce qui la chagrina tellement qu'elle se confina pour toujours dans un de ses châteaux.

Le duc, ex-moine, Albert de Brandebourg fut réduit…

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Message  Louis Lun 18 Nov 2013, 6:34 am

Variations sanglantes et serviles de l’Allemagne protestante
entre le parti luthérien et le parti calviniste, notamment en Prusse,
sous le moine apostat Albert de Brandebourg. Exécutions atroces.

(suite)

Le duc, ex-moine, Albert de Brandebourg fut réduit à envoyer jusqu'à deux ambassades au prédicant démagogue Merlin, devenu superintendant de Brunswick, pour le supplier de vouloir bien, avec son  collègue Chemnitz, revenir à Kœnigsberg et reprendre l'évêché de Samland. Ils daignèrent revenir en automne 1567, et rédigèrent pour l'Église prussienne une nouvelle constitution qui fut adoptée dans un synode. Le duc, ex-moine, Albert de Brandebourg mourut le 20 mars 1568. Les dernières-paroles de son agonie furent : « Ne me retenez pas captif ! Rendez-moi à la liberté! » Était-ce un accomplissement funeste de cette exécration prononcée contre lui-même : « Que le diable emporte mon âme si jamais j'ai eu la pensée de faire du mal à aucun de mes sujets ? »

Son fils, Albert-Frédéric, âgé de quinze ans, ne fut jamais duc que de nom ; même lorsqu'il fut plus avancé en âge, les conseillers de régence le réduisaient à leur volonté par des menaces et des coups. Ce traitement exaspéra au dernier point le jeune prince. Bien des fois il disait en pleurant : « Ils ont chagriné et tourmenté mon père jusque dans la tombe, ils me font de même. Que Dieu les punisse jusqu'à la troisième et quatrième génération ! » Il conçut le soupçon qu'on voulait l'empoisonner, et, de fait, les remèdes qu'on employa pour vaincre sa répugnance au mariage affaiblirent son esprit sans atteindre le but qu'on se proposait. Comme il refusait de s'y prêter, le jour fixé pour ses noces avec la princesse Marie-Eléonore de Clèves, un des conseillers du gouvernement lui dit : « Si votre princière grâce ne veut pas obéir, on ne dira plus : Gracieux seigneur ! mais bien : Ah ! damoiseau ! Qu'on le tire sous la table et qu'on le rosse comme il faut ! » Le mariage s'accomplit, mais le prince tomba complètement en démence. Les enfants qui naquirent de cette union expirèrent tous en bas âge 1.

Tel fut le sort du moine apostat Albert de Brandebourg et de sa race. Ce duché de Prusse, qu'il avait volé par l'apostasie, appartenait de droit à l'ordre des religieux militaires de Sainte-Marie, ou chevaliers Teutoniques, sous la suzeraineté du Pontife romain. En vertu de la politique moderne, ce prix de l'apostasie et du parjure, ce nouvel Haceldama fut adjugé à la maison de Brandebourg, qui en a même étendu le nom à tous ses domaines.

Merlin mourut en…

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1 1 Menzel, t. 4, c 12.

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Message  Louis Lun 18 Nov 2013, 11:58 am

Variations sanglantes et serviles de l’Allemagne protestante
entre le parti luthérien et le parti calviniste, notamment en Prusse,
sous le moine apostat Albert de Brandebourg. Exécutions atroces.


(suite)

Merlin mourut en 1571 et eut pour successeur Hesshus, qui procura l'évêché de Poméranie à son ami Wigand, lequel en 1577, fit déposer Hesshus de celui de Samland comme hérétique, en sorte qu'il fut obligé d'aller mourir à l'université de Helmstädt, où il avait fini par devenir un très souple courtisan.

Matthias Flacius Illyricus eut un sort encore plus triste. Après avoir été chassé d'Iéna il vécut plusieurs années à Ratisbonne, avec sa nombreuse famille, sans aucun revenu certain. En 1566, pendant les troubles des Pays-Bas, il fut appelé comme prédicant luthérien dans la ville d'Anvers; mais, cette ville s'étant soumise aux Espagnols dès l'année suivante, il se trouva de nouveau sur le pavé. Son idée fixe était que le péché originel était devenu la nature même de l'homme. L'ayant reproduite dans un ouvrage intitulé Clef de l'Écriture, il fut stigmatisé comme manichéen par Hesshus et Wigand, et décrié de telle sorte que parmi les Luthériens rigides il ne trouva plus une demeure permanente. Il erra bien des années comme aventurier théologique et chevalier du péché originel à travers l'Allemagne, disputa en divers lieux, appela à un concile général, à quoi personne ne voulut entendre, souffrit avec sa nombreuse famille la faim et le chagrin, la maladie et le besoin, et succomba, finalement à sa misère, le 11 mars 1575, à Francfort-sur-le-Mein. A peine ses anciens collègues lui accordèrent-ils une sépulture convenable 1.

Le duc de Saxe-Weimar, Jean-Frédéric, eut son tour….


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1 Menzel, t. 4, c 12.

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Message  Louis Mar 19 Nov 2013, 6:13 am

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entre le parti luthérien et le parti calviniste, notamment en Prusse,
sous le moine apostat Albert de Brandebourg. Exécutions atroces.


(suite)
Le duc de Saxe-Weimar, Jean-Frédéric, eut son tour. Un baron luthérien de Franconie, Wilhem Grumbach, ayant un procès avec l'évêque de Wurzbourg, Melchior Zobel, envoya dès gens qui le tuèrent, le 15 avril 1558. Grumbach s'enfuit en France et y recruta des troupes. On lui fit espérer que le nouvel évêque lui donnerait satisfaction quant au procès. Le conseil épiscopal répondit: « Si on s'était garé des gros oiseaux, on n'aurait pas maintenant à craindre les petits. L'instigateur du meurtre commis sur un évêque n'est point à récompenser, mais à punir. » Grumbach s'associa des nobles de son caractère pour se venger du nouvel évêque de Wurzbourg et montrer, à la noblesse allemande, que l'épée l'emportait sur la crosse des évêques et la plume des juristes impériaux. L'important pour lui était de gagner le duc Jean-Frédéric de Saxe et; son chancelier Bruck, dont le père avait été le principal ressort politique du luthéranisme. Grumbach leur promit des secours de France et d'Angleterre pour exécuter prochainement leur dessein contre la Saxe électorale, et affermit son influence sur l'esprit faible du duc par le moyen d'un jeune visionnaire.

C'était Jean Mille-Fois-Beau, que le duc avait pris à sa cour parce qu'il prétendait que des anges, grands comme des enfants de trois ans, avec des habits couleur de cendre, des chapeaux noirs et des bâtons, le visitaient et lui faisaient voir des choses merveilleuses. Un jour, sur leur commandement, il les suivit à la cave, d'où ils venaient à lui, et là il vit son père et ses grands-pères; plus tard le jeune homme persista dans les tortures à soutenir ses visions d'anges. Le sceptre de l'empire fut, dit-on, montré au duc dans un cristal; lui-même rappelle dans un Mémoire justificatif publié plus tard, qu'il vit un aigle sans tête, mais qu'il ne savait pas si cela signifiait l'empereur. Les anges avaient aussi parlé d'un grand trésor qu'il lui était réservé de découvrir.

En attendant, se fiant un peu plus sur son épée que sur les promesses de ses anges, Grumbach rassembla des troupes, et, le 4 octobre 1563, surprit la ville de Wurzbourg et força l'évêque et le chapitre à souscrire toutes les conditions voulues; mais l'empereur défendit à l'évêque de les accomplir, déclara au ban de l'empire l'auteur et les complices de cet attentat contre la paix publique, et manda itérativement au duc de ne pas tenir plus longtemps chez lui les coupables. Le duc n'en tint compte, quitta Weimar, et se relira dans la forteresse de Gotha, résolu d'y braver la justice de l'empire.

Un jour cependant il chancela et exprima des doutes…

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Message  Louis Mar 19 Nov 2013, 12:11 pm

Variations sanglantes et serviles de l’Allemagne protestante
entre le parti luthérien et le parti calviniste, notamment en Prusse,
sous le moine apostat Albert de Brandebourg. Exécutions atroces.


(suite)

Un jour cependant il chancela et exprima des doutes, parce qu'une promesse des anges, que tel jour s'ouvrirait à, son profit une mine, ne s'était pas réalisée, Grumbach lui écrivit aussitôt que ces indications tiraient quelquefois en longueur sans qu'on pût savoir pourquoi Dieu  le  permettait.   « L'affaire des anges, disait-il, est au-dessus de mon esprit, à moi qui suis un laïque; mais le jeune garçon a dit récemment qu'on ne devait pas entretenir de doutes ni s'affliger, attendu que Dieu accorderait abondamment ce qu'il a promis. Au fond, moi-même je trouve tout véritable, et j'ai été confirmé encore davantage lorsque je me suis fait lire le vingt-deuxième chapitre que le docteur Martin Luther a écrit dans son Explication des bons et des mauvais anges. » En outre, ces angelots révélèrent encore la manière dont il fallait préparer le breuvage de vin blanc et de vin rouge, avec du gingembre pilé et un peu de pain d'épices ou de laurier, que le duc devait boire en compagnie des chevaliers avant d'aller dormir.

En conséquence, le duc de Saxe-Weimar répondit d'une manière évasive à tous les mandements de l'empereur, qui était Maximilien II; même lorsque, le 13 mai 1566, la diète d'Augsbourg eut  mis juridiquement Grumbach au ban de l'empire, le duc répondit absolument qu'il n'abandonnerait pas un innocent persécuté. Enfin, après d'autres instances inutiles, le duc lui-même fut mis au ban de l'empire, le 12 décembre de la même année.  Son parent, l'électeur de Saxe, Auguste,  fut   chargé de l'exécution ; son propre frère, le duc Jean-Guillaume, eut ordre  d'y prendre part. Le duc proscrit, Jean-Frédéric, ne s'en émut pas ;  au contraire il prit dès lors sur ses monnaies, et peu après en public, le titre   d'électeur-né. Nous avons vu son père dépouillé de la dignité électorale par Charles-Quint, qui la transféra au duc Maurice de Saxe. De là une haine profonde entre les deux branches de Dresde et de Weimar.  

Cependant les moyens ne répondaient point à la confiance de Jean-Frédéric…

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Message  Louis Mer 20 Nov 2013, 5:55 am

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(suite)
Cependant les moyens ne répondaient point à la confiance de Jean-Frédéric; dès la fin de décembre il se vit bloqué par les troupes de l'électeur et de son propre frère, qui les commandait en personne. Les secours promis n'arrivaient point ; les assiégeants surent faire connaître aux assiégés le véritable état des choses. Le quatrième mois du siège, comme on ne payait pas les troupes de la forteresse, elles se mutinèrent. Le commandant, voulant les calmer par des menaces, empira le mal. La multitude le fit prisonnier, envahit le château, et, malgré les supplications du prince, se saisit du chancelier Bruck et des autres partisans de Grumbach. Grumbach lui-même fut tiré de la couchette où il était malade, placé sur une civière et porté à l'hôtel de ville aux cris de : «Nous avons la mariée ! » Le 13avril 1567 la ville se rendit à l'électeur, La bourgeoisie demanda pardon et fit serment de fidélité au duc Jean-Guillaume comme à son nouveau maître. Le duc Jean-Frédéric fut réservé à la discrétion de l'empereur. C'était vingt ans auparavant, jour pour jour, que son père avait perdu la bataille de Muhlberg. Le fils, ayant ainsi perdu le même jour la souveraineté et la liberté, fut conduit en Autriche, où il demeura en prison le reste de sa vie.

Les autres prisonniers furent jugés à Gotha. L'électeur Auguste et le duc Jean-Guillaume assistèrent à la question derrière un rideau de soie. Lorsque Grumbach fut étendu sur l'échelle il cria malheur sur le chancelier, qui avait persuadé au duc de le rappeler à Gotha lorsqu'il était déjà sur la route de France. II avait assuré vouloir le défendre devant tout l'empire romain. Le chancelier Bruck se jeta aux pieds du comte de Schwarzbourg et le supplia de s'intéresser pour lui auprès des princes afin de lui obtenir la vie, ou du moins qu'il pérît par le glaive, sans être mis à la torture. Le comte répondit : « Misérable ! tu as voulu me priver du mien ! Qu'on te fasse grâce comme tu le mérites ! » Ensuite le malheureux s'adressa au docteur Cracow, dont il avait été le professeur en droit à Wittemberg, le lui rappela, ainsi que le souvenir de son père, qui avait tant fait pour la maison de Saxe et pour l'Église évangélique, et le supplia par tous ces motifs d'intercéder pour lui auprès de l'électeur. Le docteur luthérien ne répondit que par des injures : « Si j'ai appris de toi quelque chose, je te l'ai bien payé ; si ton père a été un honnête homme, tu devrais suivre son exemple. » Le  chancelier fut donc, malgré ses pleurs, appliqué à la torture.

Voici le résultat principal des aveux. Le plan était de lever huit mille chevaux et trois régiments d'infanterie, de surprendre d'abord la ville d'Erfurt, puis, avec la moitié des troupes, envahir les évêchés sur le Mein et sur le Rhin; avec l'autre moitié et les troupes auxiliaires, chasser l'électeur, proclamer le duc Jean-Frédéric non-seulement électeur de Saxe, mais empereur. Deux jours après les interrogatoires on prononça le jugement; Grumbach et Bruck furent condamnés à être coupés en quatre morceaux, tout vivants ; Jean Beyer et le visionnaire des anges, à être pendus.

Le 18 avril, un échafaud…

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