Le Saint Concile de Trente

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Message  Louis Dim 15 Déc 2013, 11:27 am


Fondation par saint Ignace du Collège romain pour l’univers entier.

(suite)

Ces succès n'étaient encore que des éventualités ; rien de fixe ne se préparait ni pour l'établissement ni pour sa dotation; il vivait de bienfaits venus par hasard. Une position aussi précaire ne pouvait durer longtemps. On voyait entrer dans cette école des jeunes gens pleins d'avenir, tels que Possevin, Bellarmin et Aquaviva ; on y entendait des hommes comme Jacques Avillanéda et Tolet. Les Jésuites qui s'étaient formés sous ces grands maîtres se répandaient dans le monde. Tout cela n'empêchait pas la misère de pénétrer à la suite de l'éloquence. Le Pape Pie IV accordait bien chaque année des aumônes considérables, mais les besoins suivaient la même progression que l'accroissement.

En 1560 le souverain Pontife charge les cardinaux Moroni, Savelli, Hippolyte d'Este et Alexandre Farnèse de pourvoir aux nécessités du collège et de l'établir d'une manière stable. Du palais Salviati il est transféré tout à côté, dans un couvent que des religieuses avaient abandonné. La marquise de la Vico ( ?), nièce de Paul, était propriétaire de ce couvent ; elle l'offrit aux Jésuites. On commença par construire la chapelle; ils en furent les architectes et les maçons; on y travailla pendant sept années.

Benoît Pérez et Perpinien donnaient à leurs cours un retentissement extraordinaire ; les cardinaux, les docteurs, les universitaires même de Rome se pressaient autour de leurs chaires. S'ils avaient des paroles à la hauteur de cet imposant auditoire, d'autres Jésuites s'insinuaient aussi habilement dans le cœur des enfants. Le Père Jean Lion, afin d'augmenter leur ferveur, établissait pour les classes inférieures une petite confrérie qui a été la confrérie de la sainte Vierge, maintenant répandue dans tout l'univers.

L'empereur Ferdinand Ier écrivait à Pie IV, le 6 mars 1560, en lui adressant des secours pour le Collège romain. « De cette maison, disait-il, grand nombre d'hommes d'une vertu et d'une science signalées ont été envoyés, les années précédentes, non-seulement dans nos royaumes, mais encore dans tous les États d'Italie, en France, en Belgique, dans les autres royaumes de la chrétienté, et même jusqu'aux Indes. Il n'est point d'année qu'il n'en sorte plusieurs sujets qui, disséminés dans les différentes parties du monde, propagent la vérité, défendent la religion et raniment la foi antique ».

L'année suivante, le 24 novembre 1561, ce n'était plus un prince séculier qui faisait l'éloge du Collège romain, mais le souverain Pontife lui-même…


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Message  Louis Lun 16 Déc 2013, 6:07 am


Fondation par saint Ignace du Collège romain pour l’univers entier.

(suite)
L'année suivante, le 24 novembre 1561, ce n'était plus un prince séculier qui faisait l'éloge du Collège romain, mais le souverain Pontife lui-même. Philippe II avait défendu de laisser sortir d'Espagne l'argent destiné à cet établissement, et Pie IV, à cette occasion, lui adressait un bref dont voici quelques fragments :

« Entre tous les ordres, dit le Pape, la société de Jésus mérite une spéciale protection du Siège apostolique. Quoique arrivés les derniers de tous et à la neuvième heure pour cultiver la vigne du Seigneur, ces laborieux ouvriers non-seulement en ont arraché les ronces et les épines, mais ils l'ont étendue et propagée dans d'autres contrées. Nous avons dans cette ville le premier collège de cet ordre ; il est comme la pépinière de tous les autres qui s'établissent en Italie, en Allemagne et en France.

De ce séminaire fécond le Siège apostolique tire des ministres choisis et capables, comme autant de plantes pleines de sève et abondantes en fruits, pour les jeter dans les lieux où les besoins sont les plus grands. Ils ne refusent jamais quelque travail que ce soit pour l'honneur de Dieu et pour le service de ce Siège apostolique : ils vont sans crainte partout où ils sont envoyés, même dans les pays les plus hérétiques et les plus infidèles, et jusqu'aux extrémités des Indes.

Nous devons donc beaucoup à ce collège, qui a si bien mérité et qui continue à bien mériter de la religion catholique, et qui est si dévoué au service de Notre-Seigneur Jésus-Christ et de la chaire de saint Pierre. Mais, afin que, placé dans cette ville comme dans la citadelle de la religion chrétienne et le centre de l'Église catholique, il puisse être utile à tous ses membres, il convient que non-seulement nous le soutenions et nous ne manquions pas à ce devoir mais il réclame aussi les secours de tous les chrétiens pieux ; il a surtout besoin du vôtre et de votre protection. Nous avons donc voulu par ces lettres vous faire connaître le fruit très-grand et si opportun que l'Église universelle en tire. »

  Le Collège romain croissait, comme Jésus enfant, en piété et en science. Alde Manuce, le savant éditeur de Salluste, publiait en tête de son ouvrage l'éloge de cette maison, qu'il était venu visiter ; le cardinal Charles Borromée l'encourageait de sa présence et de ses conseils ; le cardinal Marc-Antoine Colonne, archevêque de Tarente, demandait à subir ses examens pour le grade de docteur devant les maîtres du Collège romain. Pie IV, recommandant au roi de France les Pères de Paris, lui cite pour exemple du bien qu'ils peuvent faire par l'éducation cet établissement qui, peu d'années après la mort du Pontife, s'ouvrait à plus de mille écoliers.

Les Jésuites n'avaient pas seulement le don de rendre l'instruction aimable, ils recherchaient aussi les moyens propres à exciter l'émulation. Dans la dernière année de sa vie, en 1564, Laynez inventa à Rome la distribution publique des prix, solennité si douce au cœur des mères, si magique dans la  vie des enfants et même dans les souvenirs de l'âge mûr. Le cardinal Farnèse s'associa à cette pensée ; il fit les frais des ouvrages que les professeurs distribuèrent aux plus dignes. La splendeur de la cérémonie et ses heureux effets sur les études, la rendirent populaire dans toutes les maisons de la Compagnie; plus tard elle fut adoptée partout comme une récompense et un stimulant ; le monde littéraire marcha sur les traces du Collège romain.

En 1576 le Père Bellarmin y commence ses  célèbres  controverses…


Dernière édition par Louis le Lun 16 Déc 2013, 4:06 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Lun 16 Déc 2013, 10:48 am


Fondation par saint Ignace du Collège romain pour l’univers entier.

(suite)
En 1576 le Père Bellarmin y commence ses  célèbres  controverses. Les  cardinaux Charles Borromée et de Lorraine avaient pris la maison sous leur protection spéciale; ils fournissaient, ainsi que les Papes, aux plus pressants besoins. Lorsque, dans la quatrième congrégation, les Jésuites assemblés supplièrent Grégoire XIII de donner au collège une base plus durable, le souverain Pontife consulta le cardinal Contarelli.

« Saint-Père, lui répond ce dernier, vos prédécesseurs et vous-même avez fait une statue semblable à celle de Nabuchodonosor : le Collège germanique est sa tête d'or, le Collège anglais sa poitrine d'argent; mais le Collège romain, qui sert d'appui à cette statue et qui soutient tous les autres, a des pieds d'argile. Affermissez-le donc, afin qu'un jour tant de dépenses utiles ne soient pas perdues. »

Le Pape comprit que cette situation devait avoir un terme. Ordre est donné de construire l'immense édifice que saint Ignace avait entrevu dans ses prophétiques espérances. Des revenus fixes et suffisants sont assignés pour payer les dettes contractes et pour entretenir les professeurs.

Le registre des élèves, pour l'an 1584, porte le chiffre de deux mille cent sept. Jusqu’en l'année 1591 ce chiffre ne varia guère. La famine et la peste envahissaient l'Italie; le collège ouvrit ses portes à tous les orphelins; les écoliers les reçurent comme des frères. Louis de Gonzague, devenu par la sainteté de sa vie le patron de la jeunesse, mourait cette année-là même dans le Collège romain, où il étudiait la philosophie. Le Père Tucci, poëte, orateur, historien, philosophe et canoniste, expirait, lui aussi, dans cette même maison, dont il fut l'une des gloires littéraires.

Le Pape Grégoire XIII mérite donc, après saint Ignace, le titre de fondateur de l'établissement; à sa mort, en 1623, un élève de ce collège lui succéda sous le nom d'Urbain VIII.

Depuis, cette époque le Collège romain n'a pas cessé de produire des hommes distingués, soit dans les lettres, soit dans la politique, soit dans les sciences, soit dans la sainteté. Sept autres Papes, Innocent X, Clément IX, Clément X, Innocent XII, Clément XI, Innocent XIII et Clément XII, qui marquent avec tant d'éclat dans les annales de l'Eglise, sortirent de cette maison. Elle avait d'illustres élèves, mais ses professeurs n'étaient pas moins célèbres; on vit tour à tour dans ses chaires Sacchini, Mafféi, Clavio, Mariana, Maldonat, Suarez, Azorio, Vasquez, Cornélius à Lapide, Pallavicini, Conti, Kircher, Martinez et Casati. On y formait des savants, on y élevait des saints, tels que Jean Berchmans, saint Camille de Lellis, le bienheureux Léonard de Saint-Maurice et le vénérable Pierre Berna, martyr.

Ce n'était plus le collège des Jésuites, il devenait le collège du monde entier…

A suivre : Saint Ignace procure des missionnaires à l’Église dans toutes les parties du monde, notamment en Corse et en Éthiopie, où le Pape institue un Jésuite patriarche et deux  autres évêques.


Dernière édition par Louis le Lun 16 Déc 2013, 4:11 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Mar 17 Déc 2013, 5:21 am


Saint Ignace procure des missionnaires à l’Église dans toutes les parties du monde,
notamment en Corse et en Éthiopie,
où le Pape institue un Jésuite patriarche et deux  autres évêques.

Ce n'était plus le collège des Jésuites, il devenait le collège du monde entier ; car tous les autres établissements de Rome se faisaient honneur de n'être qu'une de ses succursales. Rome avait la suprématie de l'éducation ; on prétendait que l'Église catholique était ennemie des lumières, et dans cette seule ville il existait quatorze écoles qui, en dehors de leurs cours particuliers, suivaient ceux des Jésuites. Par la simple nomenclatures de leurs noms on verra de quelle manière le Saint-Siège répondit au reproche d'obscurantisme et d'ignorance que la mauvaise foi lui a si souvent jeté : le collège des Anglais, des Grecs, des Écossais, des Maronites, des Irlandais et des Néophytes ; les collèges Capranica, Fuccioli, Mattei, Pamphili, Salviati, Ghislieri, le Collège germanique et le collège Gymnasio formaient cette brillante pléiade 1.

Saint Ignace, qui donnait le branle à toutes ces grandes choses, ne sortit que deux fois de Rome pendant son généralat : la première fois pour aller, par ordre du Pape, rétablir la paix entre les habitants de Tivoli et leurs voisins de San-Angélo ; la seconde, pour réconcilier à Naples le duc d'Ascagne Colonne et Jeanne d'Aragon, sa femme. De la ville éternelle Ignace gouvernait tous les ouvriers de l'Évangile disséminés dans le monde; il prenait part à leurs combats ; il s'associait aux maux de l'Église, il cherchait à réparer ses pertes; il excitait la ferveur des princes chrétiens ; il correspondait avec Jean III de Portugal, avec le roi des Romains ; avec le cardinal Henri infant de Portugal; avec Hercule d'Este, duc de Ferrare ; avec Albert de Bavière et Philippe d'Espagne. Il dirigeait Marguerite d'Autriche, fille de Charles-Quint; il veillait avec la même sollicitude aux imperfections les plus légères du dernier novice et aux plus grands intérêts sur lesquels les puissances de l'Europe lui demandaient conseil. Il envoyait Jean de Nugnez et Louis Gonzalès racheter ou confirmer dans la foi les chrétiens que les corsaires de Fez et de Maroc gardaient en esclavage.

Ignace ne s'occupait pas seulement des royaumes de l'Europe et des missions du Nouveau-Monde…

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1 Crétineau- Joly, t. 1,  c. 6.

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Message  Louis Mar 17 Déc 2013, 4:11 pm


Saint Ignace procure des missionnaires à l’Église dans toutes les parties du monde,
notamment en Corse et en Éthiopie,
où le Pape institue un Jésuite patriarche et deux  autres évêques.


(suite)
Ignace ne s'occupait pas seulement des royaumes de l'Europe et des missions du Nouveau-Monde; il avait appris la situation dans laquelle l'île de Corse languissait. Chrétienne de nom, mais retombée dans une espèce de barbarie à la suite des tourmentes qui la désolèrent, cette île ne savait ni obéir ni commander. Le joug des Génois lui était odieux, et elle n'avait fait de sa liberté qu'une violence continue. À la faveur de ces éternels conflits, rendant les esprits encore plus mobiles que les flots dont est battu le rivage de la Corse, la dépravation et l'ignorance s'étaient répandues partout. Les populations n'étaient plus catholiques ; à peine les prêtres se croyaient-ils chrétiens. La république de Gênes possédait alors ce pays, qui naguère avait envoyé des députés à Charles-Quint pour lui annoncer que l'île se soumettait à son empire. « Nos citoyens, lui dirent-ils, se donnent à Votre Majesté Impériale.  — Et moi, reprit l'empereur, je les donne tous au diable ! »

La mission de saint Ignace n'était pas celle-là. Les Corses étaient ingouvernables ; la république de Gênes ne savait quel moyen employer pour les réduire; en ouvrant l'île aux Jésuites elle crut avoir trouvé le remède cherché pendant si longtemps. Sylvestre Landini et Emmanuel de Monte-Mayor y pénètrent comme visiteurs apostoliques au commencement de l'année 1553. Rien ne leur paraît impossible; ils parcourent les villages, les bois, les montagnes, où vivent dans la superstition, dans la polygamie ou dans l'inceste, ces peuplades que les haines de famille à famille empêchent même de se réunir en société. Ils éclairent par leurs discours, ils édifient par leur conduite, ils instruisent par leur patience. Une révolution s'opère dans  ces natures incultes, et peu à peu la Corse apprend à connaître les bienfaits de la civilisation 1.

Quand les Portugais découvrirent cette partie de l'Éthiopie qui forme le royaume des Abyssins, le roi ou empereur de ce pays était un jeune prince appelé David, naturellement sage et vertueux. Il fut instruit par les Portugais des mystères de la foi, et il ouvrit tellement les yeux à la vérité que, ne voulant plus reconnaître le patriarche schismatique d'Alexandrie, il écrivit au Pape Clément VII et lui rendit obéissance par une ambassade solennelle, dans l'assemblée de Bologne, en présence de Charles-Quint, qui venait d'être couronné empereur.

David étant mort, son fils et son successeur, nommé Claude, qui avait été élevé dans la religion romaine et qui était homme de bon sens, crut que la foi ne pourrait s'étendre ni s'affermir dans son royaume si le Pape n'y envoyait un patriarche et des évêques. Comme il avait fait amitié avec le roi de Portugal, Jean III, qui l'avait assisté de troupes et d'argent contre le roi de Ceylan, Gradamète, il le pria de lui procurer des secours spirituels du côté de Rome. Jean III entreprit l'affaire avec beaucoup de chaleur ; mais les troubles de l'Église en retardèrent toujours l'exécution, et ce ne fut que sous le pontificat de Jules III que la chose se fit de la manière que voici.

Le roi de Portugal écrivit à saint Ignace et lui demanda des hommes qu'il pût proposer au Pape…

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1 Crétineau- Joly, t. 1,  p. 323.

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Message  Louis Mer 18 Déc 2013, 5:41 am


Saint Ignace procure des missionnaires à l’Église dans toutes les parties du monde,
notamment en Corse et en Éthiopie,
où le Pape institue un Jésuite patriarche et deux  autres évêques.

(suite)
Le roi de Portugal écrivit à saint Ignace et lui demanda des hommes qu'il pût proposer au Pape pour le patriarcat et pour les évêchés d'Éthiopie. Le seul titre de patriarche et d'évêques fit trembler le saint; mais, ayant fait réflexion qu'un patriarcat et des évêchés de cette nature étaient plutôt des croix que des dignités, et que cela n'avait point de conséquence, il se rassura et consentit même à tout ce que le prince voulait. Il lui nomma trois Pères d'une capacité profonde et d'une vertu éminente : Jean Nugnez, André Oviédo et Melchior Carnéro.

Nugnez était le même qui avait travaillé pendant plusieurs années en Afrique à la rédemption des captifs, et qui se trouvait actuellement en Portugal pour réunir de l'argent dans ce but. Dès qu'il sut la nouvelle qui le regardait, il écrivit fortement à Rome pour rompre les mesures que l'on avait prises sans le consulter. Il mandait à Ignace qu'il ne refusait pas la mission d'Ethiopie, mais qu'il ne pouvait se résoudre à y aller avec une mitre, et qu'il aimerait beaucoup mieux être le reste de ses jours à la chaîne parmi les esclaves de Barbarie. Il le conjurait ensuite, par les plaies de Jésus crucifié, de ménager sa faiblesse et de ne pas le charger d'un fardeau qui serait peut-être la cause de sa damnation. Nugnez ajoutait que, si son bon père ne voulait pas changer la décision, il lui envoyât du moins sa volonté par écrit, afin qu'un ordre signé de sa main le consolât et le soutînt dans les rencontres.

Carnéro et Oviédo manifestèrent des sentiments semblables. Ignace loua leur modestie et fut bien aise de voir que tous trois eussent besoin en cette occasion d'un commandement  absolu du vicaire de Jésus-Christ. Il leur fit néanmoins entendre que tout l'honneur, tout le revenu de ces prélatures consistait dans de grands travaux, dans des périls continuels par terre et par mer, dans la pauvreté et peut-être dans le martyre.

Jules III fut si touché de la conduite du père et de celle des enfants qu'il dit publiquement devant tous les cardinaux « qu'on voyait enfin  ce à quoi les Jésuites prétendaient en ce monde, puisque d'un côté ils renonçaient aux mitres qui étaient plus éclatantes qu'onéreuses, et que d'un autre ils acceptaient celles qui n'avaient pour apanage que le travail et la souffrance. »

Quoique saint Ignace ne crût aucun des-trois Pères capables d'abuser de l'autorité patriarcale, il lui sembla que, pour engager celui qui serait patriarche à faire mieux son devoir, il fallait qu'un commissaire apostolique résidât à Goa, et qu'il visitât le patriarche de temps en temps pour observer sa conduite de plus près. D'après ces vues, le Pape nomma Nugnez, patriarche d'Éthiopie, avec des droits et des pouvoirs absolus, non-seulement dans l'Ethiopie même, mais aussi dans toutes les provinces circonvoisines. Il fit Oviédo évêque de Nicée, Carnéro évêque d'Hiérapolis, et déclara l'un et l'autre successeurs du patriarche. Enfin il donna le titre et l'autorité de commissaire apostolique au Père Gaspard Barzée, qui était alors recteur du collège de Goa. Ignace donna au patriarche et aux deux évêques dix compagnons bien choisis, avec une lettre au roi des Abyssins, datée de Rome le 28 février 1555 1

Pendant la suspension du concile de Trente Ignace avait rappelé à Padoue le Père Laynez, …

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1 Bouhours, Vie de saint Ignace, l. 5.

A suivre : Le Jésuite Laynez.

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Message  Louis Mer 18 Déc 2013, 11:24 am

Le Jésuite Laynez.


Pendant la suspension du concile de Trente Ignace avait rappelé à Padoue le Père Laynez, qui avait paru avec distinction dans cette sainte assemblée comme théologien du Saint-Siège. Pasquier-Brouet, premier provincial d'Italie, est envoyé en France, afin d'y hâter les progrès de l'institut. Ignace lui choisit Laynez pour successeur.

Pour bien commander Laynez croit qu'il ne sait pas encore assez obéir; il refuse. Ignace lui fait une violence morale; mais à peine a-t-il pris le gouvernement de cette province qu'il s'étonne qu'on attire à Rome les Jésuites les plus distingués. Il se plaint par lettres de voir les collèges d'Italie dénués de savants professeurs. Ignace lui réplique qu'à Rome se trouve le foyer de l'ordre, et que c'est là qu'il doit briller dans toute sa splendeur, puisque c'est de la ville pontificale que sortent la plupart des Pères, Sans tenir compte de cette explication, Laynez, qui peut-être avait eu raison de dire qu'il ne savait pas assez obéir, écrit encore au général touchant le même sujet. Il était l'ami de cœur d'Ignace, son bras droit, une des gloires de la Compagnie ; le sacré collège le désirait pour cardinal ; mais Ignace ne tient aucun compte de toutes ces considérations, et il lui demande : « Réfléchissez sur votre procédé. Annoncez-moi si vous reconnaissez avoir failli, et, au cas où vous vous jugeriez coupable, faites-moi savoir quelle peine vous êtes prêt à subir pour votre faute. »

Laynez répondit de Florence : « Mon Père, quand la lettre de Votre Révérence me fut rendue, je me mis à prier Dieu, et, ayant fait ma prière avec beaucoup de pleurs, ce qui m'arrive rarement, voici le parti que j'ai pris et que je prends encore aujourd'hui, les larmes aux yeux. Je souhaite que Votre Révérence, entre les mains de laquelle je me remets et je m'abandonne tout à fait, je souhaite, dis-je, et je demande par les entrailles de Noire-Seigneur Jésus-Christ, que, pour punir mes péchés et pour dompter mes passions mal réglées, qui en sont la source, elle me retire du gouvernement, de la prédication et de l'étude, jusqu'à ne me laisser pour tout livre que mon bréviaire ; qu'elle me fasse venir à Rome, demandant l'aumône, et que là elle m'occupe jusqu'à la mort dans les plus bas offices de la maison, ou, si je n'y suis point propre, qu'elle me commande de passer le reste de mes jours à enseigner les premiers éléments de la grammaire, n'ayant nul égard à moi et ne me regardant jamais que comme l'ordure du monde. C'est là ce que je choisis tout d'abord pour ma pénitence. »

Saint Ignace se garda bien d'interdire l'étude à Laynez : c'était sa vie ; il lui ordonna de composer une Somme de théologie, et, pour l'aider dans la visite des collèges, il lui adjoignit les Pères Viole et Martin Olave.

Comme nous l'avons vu, Jules III et Marcel II n'avaient fait que passer sur le trône pontifical. Le 23 mai 1555 le cardinal Caraffe…


Dernière édition par Louis le Ven 20 Déc 2013, 5:28 am, édité 1 fois (Raison : Présentation.)

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Message  Louis Jeu 19 Déc 2013, 6:26 am

Le Jésuite Laynez.

(suite)

Comme nous l'avons vu, Jules III et Marcel II n'avaient fait que passer sur le trône pontifical. Le 23 mai 1555 le cardinal Caraffe était élu et prenait le nom de Paul IV. Il avait près de quatre-vingts ans ; mais, comme son nom de fondateur de Théatins s'était souvent mêlé aux destinées de la compagnie de Jésus, les Pères de Rome furent tous alarmés de son élévation. Ignace seul ne perd pas courage; à la première audience il se rend au palais. Pierre Caraffe n'était plus Théatin, plus cardinal ; il devenait le chef de l'Église ; il n'avait plus qu'à récompenser les services que la société des Jésuites rendait à la chrétienté.

La première pensée de Paul IV fut de revêtir Laynez de la pourpre romaine, A la nouvelle de cette promotion Laynez se trouble. Ignace, toujours calme, le rassure ; il lui  dit que le Pape est trop juste pour l'arracher à son humilité. Paul IV, cependant, désirait triompher de leur résistance ; pour accoutumer Laynez aux honneurs du Vatican il lui  ordonna d'y prendre un appartement afin de veiller à la réforme de la daterie. C'est un  tribunal chargé, à Rome, de tout ce qui regarde la collation des bénéfices ecclésiastiques, des évêchés et des abbayes. C'est aussi  à ce tribunal que se distribuent les dispenses pour les mariages. Des désordres de plus d'un genre s'étaient glissés dans cette branche d'administration, la plus compliquée et la plus importante du Saint-Siège. Laynez en étudie les vices; il les saisit, il les dénonce, il leur applique des remèdes efficaces ; mais, sentant que ce travail n'était qu'une amorce pour le retenir au Vatican, il s'échappe un jour du palais et va se réfugier à la maison professe. Le Pape comprit qu'il ne fallait pas user de son autorité pour forcer Laynez à recevoir le chapeau de cardinal ; il renonça donc à ce projet.

Depuis longtemps la santé de saint Ignace, minée par des travaux non interrompus, menaçait ruine…
A suivre : Dernières actions et mort de saint Ignace. On lui donne Laynez pour successeur.


Dernière édition par Louis le Jeu 19 Déc 2013, 4:05 pm, édité 2 fois (Raison : présentation)

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Message  Louis Jeu 19 Déc 2013, 1:12 pm


Dernières actions et mort de saint Ignace.
On lui donne Laynez pour successeur.

Depuis longtemps la santé de saint Ignace, minée par des travaux non interrompus, menaçait ruine ; il voyait sa fin approcher et ne cessait de s'occuper des soins que réclamait la compagnie; enfin le mal fut plus fort même que son courage. Laynez, plus jeune, mais aussi affaibli que son maître, était lui-même dans un état à peu près désespéré. Dans cette situation Ignace crut opportun de s'associer un Père qui veillerait pour lui. Il ne voulait pas faire ce choix lui-même ; il assembla tous les prêtres de la Société résidant à Borne et il leur demanda de lui donner un vice-gérant. Le Père Jérôme Natal fut indiqué.

Ignace se déchargea sur lui du soin des affaires ; il se réserva seulement celui des malades, ne croyant pas pouvoir en conscience s'en reposer sur personne, et jugeant qu'un supérieur était obligé de pourvoir lui-même aux besoins de ceux qui le reconnaissaient pour leur père. Ainsi toute son application se réduisit là, et on ne peut s'imaginer combien sa tendresse paternelle le rendit sensible aux moindres incommodités de ses enfants. Il disait que c'était par un ordre particulier de la Providence qu'il avait peu de santé, que les différentes indispositions auxquelles il était sujet lui faisaient ressentir davantage les maux d'autrui et lui donnaient de la compassion pour toutes sortes d'infirmes. Mais, quel que peine qu'il prît à consoler et à soulager ceux qui se portaient mal, il n'était jamais content là-dessus, et il dit un jour que le soin des malades le faisait trembler quand il pensait aux obligations d'un bon supérieur.

Quoique ses infirmités, qui augmentaient tous les jours avec l'âge, ne lui permissent pas d'agir au dehors, il voulait qu'on lui rendît compte des bonnes œuvres d'éclat qui se faisaient en Italie et ailleurs. Il apprit un jour que, des jeunes gens de Macérata ayant préparé une comédie peu honnête pour les réjouissances du carnaval, les Pères qui y étaient allés en mission de Lorette avaient exposé le Saint-Sacrement dans une chapelle magnifiquement parée, qu'on y avait fait la prière de Quarante-Heures durant les trois jours qui précèdent le mercredi des Cendres, et que le peuple, attiré par une cérémonie toute nouvelle, avait quitté le théâtre pour venir adorer Jésus-Christ sur les autels. Cette dévotion plut tant à Ignace qu'il voulut qu'elle se pratiquât toutes les années dans les maisons de la Compagnie. Et c'est à lui que nous devons ces prières solennelles qui se font aujourd'hui partout, pendant les derniers jours du carnaval, pour retirer les fidèles des débauches et des folies de la saison.

Se sentant un jour plus faible que de coutume, et considérant que l'obéissance était l'âme et le caractère de son ordre…

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Message  Louis Ven 20 Déc 2013, 5:27 am


Dernières actions et mort de saint Ignace.
On lui donne Laynez pour successeur.

(suite)

Se sentant un jour plus faible que de coutume, et considérant que l'obéissance était l'âme et le caractère de son ordre, il fit appeler le compagnon de son secrétaire, et, après lui avoir fait entendre qu'il ne pouvait plus vivre longtemps : « Écrivez, dit-il. Je désire que la Compagnie sache mes dernières pensées sur la vertu d'obéissance. » Il lui dicta ce qui suit :

« 1° Dès que je serai entré en religion mon premier soin sera de m'abandonner entièrement à la conduite de mon supérieur.

2° Il serait à souhaiter que je tombasse entre les mains d'un supérieur qui entreprît de dompter mon jugement et qui s'y attachât tout à fait.

3° Dans toutes les choses où il n'y a point de péché il faut que je suive le jugement de mon supérieur, et non pas le mien.

4° II y a trois manières d'obéir : la première, quand nous faisons ce qu'on nous commande en vertu de l'obéissance, et cette manière est bonne ; la seconde, qui est meilleure, quand nous obéissons à de simples ordres ; la troisième et la plus parfaite de toutes, quand nous n'attendons pas l'ordre du supérieur, mais que nous prévenons et que nous devinons sa volonté.

5º II me faut obéir indifféremment à toutes sortes de supérieurs, sans distinguer le premier d'avec le second, ni même d'avec le dernier ; mais je dois regarder en tous également Notre-Seigneur, dont ils tiennent tous la place, et me souvenir que l'autorité se communique au dernier par ceux qui sont au-dessus de lui.

6° Si le supérieur juge que ce qu'il me commande est bon, et que je croie ne pouvoir obéir sans offenser Dieu, à moins que cela ne me soit évident, il faudra que j'obéisse. Si néanmoins j'y ai de la peine par quelque scrupule, je consulterai deux ou trois personnes de bon sens et je m'y tiendrai à ce qu'elles me diront. Que si je ne me rends pas après cela, je suis bien éloigné de la   perfection que l'excellence de l'état  religieux demande.

7° Enfin je ne dois point être à moi, mais à mon Créateur et à celui sous la conduite duquel il m'a mis. Je dois être entre les mains de mon supérieur comme une cire molle, qui prend la forme qu'on veut, et faire tout ce qui lui plaît; par exemple, écrire des lettres ou n'en écrire point, parler à une personne ou ne lui parler pas, et autres choses semblables.

8° Je dois me regarder comme un corps mort, qui n'a de lui-même aucun mouvement, et comme le bâton dont se sert un vieillard, qu'il prend ou qu'il quitte selon sa commodité, en sorte que la religion se serve de moi suivant qu'elle jugera que je lui serai utile.

9° Je ne dois point prier le supérieur qu'il me mette en tel lieu ou qu'il me donne tel emploi ; je puis néanmoins lui déclarer ma pensée et mon inclination, pourvu que je me remette à lui de tout et que ce qu'il  ordonne me paraisse le meilleur.

10° Cela n'empêche pas qu'on ne demande des choses qui ne sont pas de conséquence, comme serait de visiter les églises ou de faire d'autres dévotions pour obtenir de Dieu quelque grâce, à la charge toutefois que nous serons dans une égale situation d'esprit soit que le supérieur nous accorde ou nous refuse ce que nous lui aurons demandé.

11° Je dois dépendre surtout du supérieur en ce qui regarde la pauvreté, n'ayant rien de propre et usant de tout, comme une statue qu'on peut dépouiller sans qu'elle s'y oppose ni qu'elle s'en plaigne. »

Tel est le testament de saint Ignace de Loyola, qui mourut le vendredi 31 juillet 1556, à cinq heures du matin, en prononçant le nom de Jésus. Il était âgé de soixante-cinq ans. Il avait désiré trois choses sur la terre : voir les souverains Pontifes confirmer son Institut, les entendre approuver le livre des Exercices spirituels, et savoir que les constitutions de l'ordre étaient promulguées partout où travaillait un de ses disciples. Ses trois souhaits étaient accomplis ; Ignace mourait heureux. Il fut béatifié en 1609 par Paul V et canonisé en 1622 par Grégoire XV. On enterra saint Ignace dans la petite église des Jésuites, dédiée sous l'invocation de la Mère de Dieu. En 1587 on transporta son corps dans l'église de la maison professe, nommée il Gesu, que le cardinal Alexandre Farnèse avait fait bâtir ; on le mit en 1637 sous l'autel de la chapelle qui porte le nom de saint Ignace. Il est enfermé dans une châsse extrêmement précieuse.

Le premier supérieur général des Jésuites étant mort…

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Message  Louis Ven 20 Déc 2013, 11:56 am


Dernières actions et mort de saint Ignace.
On lui donne Laynez pour successeur.

(suite)


Le premier supérieur général des Jésuites étant mort, Jacques Laynez, quoique malade, fut choisi comme vicaire général pendant la vacance, et la congrégation générale indiquée pour le mois de novembre 1555. La congrégation générale, en qui réside le pouvoir suprême et législatif, a seule droit d'élection; elle est composée des assistants, des provinciaux et de deux profès de chaque province. Elle se tient à la maison-mère, au Gésu. Le général est nommé à la majorité absolue et par scrutin secret. Douze provinces formaient, au 31 juillet 1556, la Compagnie de Jésus; ces provinces étaient ainsi distribuées : le Portugal, l'Italie, la Sicile, la Germanie supérieure et inférieure, la France, l'Aragon, la Castille, l'Andalousie, les Indes, l'Éthiopie et le Brésil. Cinq des premiers compagnons d'Ignace vivaient encore. Outre ces profès, il n'y en avait pas plus de trente-cinq dans l'Institut, tant Ignace s'était montré réservé ou sévère pour les admissions. Cependant on comptait déjà plus de mille Jésuites répandus sur le globe, et l'ordre possédait cent maisons ou collèges.

La guerre entre le pape Paul IV et Philippe II d'Espagne venait d'éclater; deux neveux du Pape en étaient la principale cause, et ils le payeront cher. Cette guerre rendait impossible le concours des Jésuites espagnols à la nomination du général. Laynez l'ajourna au mois d'avril 1557. La paix s'étant rétablie entre le Saint-Siège et l'Espagne, la congrégation générale s'ouvrit le 19 juin 1558; elle n'était composée que de vingt électeurs. Les provinciaux, avec deux profès choisis dans la congrégation provinciale, devaient y assister ; mais en France, en Sicile et ailleurs, il n'y avait pas encore deux profès. Les autres, comme François de Borgia, comme les missionnaires au delà des mers, étaient malades ou trop éloignés. Les cinq premiers disciples de saint Ignace : Laynez, Salmeron, Bobadilla, Rodriguez et Pasquer-Brouet, s'y trouvaient avec Canisius, Natal, Polanque, Turrian, Domenech, Miron, Viole, Jean de Parme, Nicolas de Lannoy, Louis Gonzalès, Éverard Mercurian, Michel de Torrez, Gonzalve Vas, Godin et Jean de Plaza. Le 2 juillet 1558, jour où se fit l'élection, Jacques Laynez fut élu à la majorité de treize voix sur vingt.

Quand les constitutions avaient été promulguées, saint Ignace, qui voulait laisser à son successeur et à la congrégation générale le droit de modifier ce qui, dans la pratique, aurait paru trop absolu, avait décidé qu'elles seraient examinées de nouveau. Il avait en outre demandé que, pour acquérir force de loi, elles fussent approuvées par cette même congrégation. Un décret les admit telles que saint Ignace les avait faites.

Le souverain Pontife intervint alors…
A suivre : Dernières actions et mort du Pape Paul IV.

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Message  Louis Sam 21 Déc 2013, 4:59 am


Dernières actions et mort du Pape Paul IV.

Le souverain Pontife intervint alors. Il avait chassé de Rome, il avait même puni en prince irrité ses neveux, dont les crimes passaient toute mesure. Cette sévérité prouvait les bonnes intentions de ce vieillard toujours impétueux; mais elle ne réparait qu'à demi les désordres qui, à l'abri de tant de déportements, s'étaient glissés dans l'administration ecclésiastique. Le Pape sentait que, pour faire respecter son autorité compromise, il importait de donner de grands exemples. Les vices pullulaient dans le clergé séculier et régulier ; la préoccupation de Paul IV était d'en triompher.

Pour réussir dans son dessein il prend à partie la Société de Jésus, innocente de ses désespoirs de famille, plus innocente encore des malheurs de l'Église. La Société, par sa congrégation générale, acceptait les constitutions de saint Ignace ; le Pontife désire mettre des entraves à cette acceptation. Il exigeait que la Compagnie de Jésus fit les offices du chœur comme les autres ordres et que le général ne fût élu que pour un temps déterminé, pour trois ans, par exemple. Cependant, le jour même de l'élection, il leur avait fait déclarer par un cardinal qu'il jugeait plus convenable que le général fût élu à vie et non pour un certain nombre d'années seulement. Les Jésuites le lui rappelèrent dans un Mémoire très-court et très-respectueux, signé de tous les Pères. Paul IV, qui cédait à des suggestions étrangères au Saint-Siège, persista dans son idée. Laynez, ayant été élu comme général à vie, s'offrit à donner sa démission ; Paul IV ne le voulut pas, et ajouta même qu'après trois ans il pourrait prolonger son généralat. Le Pape était octogénaire ; les Jésuites attendirent. Pour l'autre point ils donnèrent aussitôt l'exemple de la soumission, et, le 29 septembre de la même année 1558, les offices du chœur commencèrent.

Paul IV eut aussi des différends avec le roi Ferdinand…

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Message  Louis Sam 21 Déc 2013, 12:37 pm


Dernières actions et mort du Pape Paul IV.

(suite)

Paul IV eut aussi des différends avec le roi Ferdinand, devenu empereur par l'abdication de son frère Charles-Quint. La querelle indiquait une révolution entière, qui a été régularisée de nos jours. Nous avons vu que ce fut le Pape saint Léon III qui rétablit l'empire d'Occident dans la personne de Charlemagne; nous avons vu que l'empereur d'Occident, comme tel, était essentiellement le défenseur armé de l'Église romaine ; qu'en conséquence le Pape avait et devait avoir naturellement une part principale à son élection, soit en la faisant lui-même, soit en l'approuvant faite par d'autres. Depuis plusieurs siècles les électeurs étaient au nombre de sept; mais, suivant les anciennes constitutions de l'empire, constitutions communes à toutes les nations chrétiennes, ils devaient être catholiques et en communion avec le successeur de saint Pierre. Or Charles-Quint avait bien abdiqué l'empire, mais son abdication n'avait pas été ratifiée par le Pape, comme elle devait l'être; l'empire n'était pas canoniquement vacant, et Ferdinand ne pouvait donc y prétendre. L'abdication de Charles et l'accession de son frère avaient été ratifiées par les sept électeurs; mais, outre que cela ne suffisait pas, trois de ces électeurs étaient hérétiques, et, d'après l'ancienne constitution du saint-empire romain, avaient perdu leur droit d'électeur.

Lors donc que l'ambassadeur de Ferdinand se présenta pour notifier son avènement à l'empire et demander la couronne impériale, le Pape Paul IV, de concert avec les cardinaux, lui opposa les difficultés que nous venons de déduire, ajoutant que l'unique remède était que Ferdinand s'en remît au Saint-Siège, qui suppléerait par son autorité aux défauts intervenus.

Après d'assez longues négociations Ferdinand retira son ambassadeur, résolu à se passer de recevoir la couronne impériale de la main du vicaire de Jésus-Christ, en quoi il a été imité par ses successeurs. Ce fut la fin réelle du saint-empire romain en Occident; il n'en restait plus que le nom pour épitaphe; il n'y eut plus en réalité que l'empire séculier d'Allemagne. Encore est-ce trop dire, car l'Allemagne n'était plus une ; et lorsqu'en 1809 un soldat corse, devenu empereur des Français, viendra détruire jusqu'au nom de saint-empire romain et même d'empire d'Allemagne,  et diviser toute cette race d'hommes entre un empereur d'Autriche et une dizaine de rois ou d'autres princes souverains ; lorsque le soldat corse, devenu l'empereur des Français, fractionna ainsi l'Allemagne, il ne fit que constater officiellement ce que l'Allemagne avait fait elle-même par la révolution luthérienne, et notifier à tout l'univers que cette race d'hommes était désormais une proie facile, soit à un nouveau Napoléon venu de France, soit à un nouvel Attila venu de Russie.

Le pape Paul IV, ayant chassé de Rome ses propres neveux, s’appliqua…

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Message  Louis Dim 22 Déc 2013, 6:04 am


Dernières actions et mort du Pape Paul IV.

(suite)

Le pape Paul IV, ayant chassé de Rome ses propres neveux, s'appliqua fortement à réparer les fautes qu'ils lui avaient fait commettre. Il institua un tribunal de cardinaux pour juger avec lui, une fois chaque semaine, de tous les différends qui naîtraient dans les États de l'Église. Il redoubla de vigueur dans les mesures contre les hérésies et les hérétiques, non-seulement en Italie, mais dans d'autres pays de la chrétienté. A la tête de l'inquisition à Rome il mit un saint personnage, que nous verrons Pape sous le nom de Pie V. Il établit plusieurs évêchés dans les Indes et treize dans les Pays-Bas, où il n'y en avait que deux, Cambrai et Utrecht, plus deux du côté de la France, Arras et Tournay, ce qui facilitait singulièrement à l'hérésie la perversion de la Hollande. À la requête du roi d'Espagne, souverain des Pays-Bas, Paul IV érigea en archevêchés les évêchés de Cambrai et d'Utrecht, institua un archevêché à Malines et treize nouveaux évêchés répartis sous ces trois métropoles ; sous celle de Cambrai, Saint-Omer, Arras, Tournay et Namur; sous celle de Malines, Anvers, Gand, Bruges, Bois-le-Duc, Ypres et Ruremonde ; sous Utrecht, Harlem, Deventer, Middelbourg, Lewarden et Groningue.

A Rome, pour soulager la misère du peuple, Paul acheta pour cinquante mille écus de blé, à huit écus la mesure, pour ne la vendre qu'à cinq. Cependant, lorsqu'il mourut, 18 août 1559, dans sa quatre-vingt-quatrième année, le peuple était encore si exaspéré de ce qu'il avait souffert sous le gouvernement de ses neveux qu'il renversa et brisa la statue du Pape, abattit les armes des Caraffe partout où elles paraissaient, brûla la prison de l'Inquisition et commît d'autres désordres jusqu'au 1er septembre. Le corps du Pape fut enterré sans pompe. A part les défauts qu'on a pu remarquer, Paul IV avait de grandes qualités; il était d'une vie exemplaire et avait beaucoup de zèle pour conserver dans toute sa pureté la foi catholique. Il avait composé quelques traités, entre autres un du Symbole, un autre de la Réformation de l'Église, adressé à Paul III, et les règles des Théatins, dont il fut le fondateur avec saint Gaétan de Thienne et le premier supérieur. Sa dernière parole fut : « J'ai été réjoui de ce qu'on m'a dit : Nous irons dans la maison du Seigneur.»

A suivre : § V. PROMOTION  DE PIE  IV. —  TROISIÈME  REPRISE  ET  FIN  DU   CONCILE  DE  TRENTE.

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Message  Louis Dim 22 Déc 2013, 6:27 am



Élection de Pie IV. Procès des neveux de son prédécesseur.
Paul IV eut pour successeur Pie IV, élu le 25 décembre 1559. Un des premiers actes de son autorité fut le procès des Caraffe, neveux de son prédécesseur. On a prétendu, sans aucune preuve, dit la Biographie universelle, que Pie IV avait des obligations aux Caraffe dans son élévation au pontificat et qu'il se rendit coupable d'ingratitude en les livrant à la justice. Cette accusation est hors de toute vraisemblance. Les Caraffe, proscrits par leur oncle même, chargés de la haine publique, ne pouvaient rendre aucun service dans le conclave, où ils présentèrent même des lettres d'abolition. Pie IV fut porté à les poursuivre par l'indignation générale et par l'animosité particulière de l'Espagne.

Le 7 juin 1560 il fit arrêter les deux cardinaux Caraffe, Charles et Alphonse, ainsi que Jean Caraffe, comte de Montorio ; un procès fut intenté contre eux, soit pour les abus dont ils s'étaient rendus coupables dans leur administration, soit pour le meurtre de la comtesse de Montorio, que son mari avait fait assassiner. Philippe II pressait leur condamnation pour se venger ; le Pape lui-même désirait donner un exemple aux favoris et aux neveux des Pontifes à venir.

Le procès fut lu aux cardinaux, en plein consistoire, le 3 mars 1561 ; en suite de quoi Charles Caraffe, cardinal, fut dégradé et condamné à mort; il fut étranglé dans sa prison la nuit suivante. Jean Caraffe, comte de Montorio, eut la tête tranchée le même jour, avec le comte d'Alife et Léonard de Cardine, qui l'avaient assisté dans le meurtre de sa femme. Son neveu, le cardinal Alphonse Caraffe, fils du marquis de Montébello, fut relâché après avoir été soumis à une amende de cent mille écus, et se retira dans son archevêché de Naples, où il mourut de chagrin en 1565, âgé de vingt-cinq ans.

Mais, après Pie IV, Pie V, créature de Paul IV, fut élevé en 1566 au pontificat ; ce nouveau Pape fit revoir le procès ; la sentence fut déclarée injuste ; le juge rapporteur, Alexandre Pallentière, eut la tête tranchée, et la maison Caraffe fut restituée dans les honneurs qu'elle tenait de ses ancêtres et qu'elle a conservés jusqu'à nos jours 1.

Le nouveau Pape…

_____________________________________________________________

1 Biographie univers., t. 34, art. PIE IV; t. 7, art. CARAFFA (Charles, Jean et Antoine).

A suivre : Commencements de Pie IV.

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Message  Louis Dim 22 Déc 2013, 12:14 pm


Commencements de Pie IV.

Le nouveau Pape, né à Milan le jour de Pâques 1499, et nommé Jean-Ange, était le second des quatorze enfants de Bernardin Médici ou Médichino. Son frère, marquis de Marignan, s'étant extraordinairement distingué comme homme de guerre, Côme de Médicis, duc de Toscane, les reconnut pour une branche de sa famille. Jean-Ange Médici étudia, tant à Pavie qu'à Bologne, la philosophie, la médecine et le droit, dans lequel il fut reçu docteur. Revenu à Milan il s'y livra quelque temps au barreau. A Rome il fut nommé successivement, par Paul III, protonotaire apostolique, gouverneur de plusieurs villes, commissaire ou trésorier général des troupes pontificales, vice-légat de Bologne et cardinal. Paul IV lui fut si peu favorable qu'il lui reprocha publiquement d'avoir gouverné l'archevêché de Milan par de mauvaises voies. Sous ce pontificat il se retira dans sa ville natale, s'y livra non-seulement avec ardeur à la culture des sciences, mais se montra si libéral envers les malheureux qu'on le nommait le père des pauvres. En général il se distinguait singulièrement de son prédécesseur par une grande douceur de caractère. Il rétablit la bonne intelligence entre le Saint-Siège et Ferdinand en reconnaissant celui-ci pour empereur légitime. Son pontificat fut une époque de conciliation et de paix 2.

Parmi les neveux de Pie IV était saint Charles Borromée…

____________________________________________________________

2 Pallatio, Gesta Pontific., t. 3.

A suivre : Famille et commencements de saint Charles Borromée.


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Message  Louis Lun 23 Déc 2013, 5:59 am

Famille et commencements de saint Charles Borromée.

Parmi les neveux de Pie IV était saint Charles Borromée, le modèle des évêques et le restaurateur effectif de la discipline ecclésiastique. Charles était fils de Gilbert Borromée, comte d'Arone, et de Marguerite de Médicis, sœur du marquis de Marignan et de Pie IV. La famille des Borromée, une des plus anciennes de la Lombardie, a produit plusieurs hommes célèbres dans l'Église et dans l'État. Le père et la mère du saint se rendaient surtout recommandables par leurs vertus.

Le comte Gilbert se conduisit avec tant de sagesse, pendant les guerres des Français et des Espagnols dans la Lombardie, qu'il sut se concilier l'estime des deux cours, et, lorsque l'empereur Charles-Quint fut paisible possesseur du duché de Milan, il lui confia des emplois très-importants. Il avait une piété éminente et il communiait tous les dimanches. Chaque jour il récitait à genoux l'office de l'Église ; souvent il allait se renfermer dans une petite chapelle du château d'Arone, où il se revêtait d'un habit de pénitent et passait plusieurs heures de suite à s'entretenir avec Dieu dans l'oraison. Comme il priait habituellement à genoux, il s'y était formé une espèce de calus. Ses fermiers et ses vassaux le regardaient comme leur père; il prenait soin de tous les orphelins et il distribuait des aumônes si abondantes que ses amis l'accusaient de faire tort à ses enfants ; mais il avait coutume de leur répondre que, s'il avait soin des pauvres, ses enfants trouveraient en Dieu un père qui pourvoirait à leurs besoins. Jamais il ne se mettait à table qu'il n'eût fait quelque aumône. Son amour pour la mortification égalait sa charité pour les pauvres. La comtesse Marguerite était, de son côté, le modèle de toutes les dames de qualité qu'il y avait à Milan ; elle s'abstenait de toutes visites dangereuses ou inutiles, et elle ne sortait presque jamais que pour aller à l'église ou dans quelque monastère.

De ce mariage naquirent six enfants, deux garçons et quatre filles : le comte Frédéric, qui épousa depuis la sœur du duc d'Urbin, et Charles dont il est question ; Isabelle, qui se fit religieuse dans le monastère des Vierges, à Milan ; Camille, qui fut mariée à César Gonzague, prince de Malfetto; Jéronime, qui épousa le fils aîné du prince de Vénosa, et Anne, qui fut mariée à Fabricio, fils aîné de Marc-Antoine Colonne, prince romain et vice-roi de Sicile. Tous ces enfants furent les imitateurs de la vertu de leur père et de leur mère; mais on distinguait entre eux Anne et Charles, qu'un goût décidé pour la piété avait singulièrement unis. Ils avaient une sainte émulation pour les austérités de la pénitence. Anne, quoique engagée dans le monde, priait avec un recueillement qui étonnait tous ceux qui la connaissaient. Pour être en état d'assister les pauvres avec plus de libéralité elle retranchait sur les dépenses de sa table, de ses habits et de son entretien. Ses vertus et la sainte éducation qu'elle donna à ses enfants la rendirent l'admiration de la Sicile et de toute l'Italie. Elle mourut à Palerme en 1582.

Charles, son frère, était né le 2 octobre 1538 dans le château d'Arone…

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Message  Louis Lun 23 Déc 2013, 11:48 am


Famille et commencements de saint Charles Borromée.


(suite)
Charles, son frère, était né le 2 octobre 1538 dans le château d'Arone, sur les bords du lac Majeur, à quatorze milles de Milan. Dès son enfance il donna des preuves certaines de la sainteté à laquelle il désirait un jour de parvenir. Il aimait les exercices de piété ; il s'appliquait à l'étude, et ses amusements mêmes ne respiraient que l'amour du service de Dieu. Des inclinations si heureuses firent juger à ses parents qu'il était né pour l'état ecclésiastique, et il reçut la tonsure dès que son âge put le lui permettre. Le père cependant ne se détermina que d'après le choix de son fils; il respectait trop les lois de l'Église pour imiter ces parents qui décident de la vocation de leurs enfants sans consulter la volonté de Dieu, et qui ne se conduisent dans une affaire aussi importante que par des vues purement temporelles ou par le propre intérêt de leur famille. Charles, malgré son extrême jeunesse, annonçait, par sa modestie et par la simplicité de ses habits, qu'il connaissait la sainteté de l'état qu'il avait embrassé.

Il n'avait encore que douze ans lorsque Jules-César Borromée, son oncle, lui résigna l'abbaye de Saint-Gratinien et de Saint-Félin. Cette riche abbaye, de l'ordre de Saint-Benoît, était dans le territoire d'Arone, et il y avait longtemps qu'elle était possédée en commende par des ecclésiastiques de la maison de Borromée. Charles, qui connaissait déjà les règles, représenta respectueusement à son père que, après avoir pris sur ses revenus de quoi fournir son éducation et au service de l'Église, le reste appartenait aux pauvres et que tout autre usage serait illégitime. Le comte pleura de joie en voyant de tels sentiments dans son fils. Il se chargea de l'administration des biens de l'abbaye pendant la minorité de Charles; mais il tenait un compte exact de toute la dépense et lui laissait la liberté d'employer le surplus en aumônes.

Charles apprit la grammaire et les humanités à Milan. Son père l'envoya ensuite à l'université de Pavie, où il étudia le droit civil et canonique sous François Alciat. C'était un canoniste célèbre, que le saint fit depuis élever au cardinalat. Il remplissait la chaire d'André Alciat, son prédécesseur, qui, dit-on, bannit le style barbare des écoles et des écrits des juristes. On sait combien l'étude du droit canonique est utile; les articles de la foi et la condamnation des hérésies y sont expliqués ; souvent on y trouve, mieux que dans certains traités de morale, la décision des cas pratiques et le développement des devoirs du Christianisme. Rien de plus respectable que les autorités qui y sont citées ; ce sont l'Écriture, la tradition, les canons des conciles, la loi naturelle. Cette étude, qui suppose une certaine connaissance du droit civil, est d'une grande importance pour ceux qui sont chargés de la conduite des âmes et surtout pour les premiers pasteurs.


Comme Charles avait de la difficulté à parler…

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Message  Louis Mar 24 Déc 2013, 6:01 am

Famille et commencements de saint Charles Borromée.

(suite)

Comme Charles avait de la difficulté à parler, et que d'ailleurs il aimait à garder le silence, quelques personnes crurent qu'il avait peu de dispositions pour l'étude du droit; il y fit cependant de rapides progrès, parce qu'il joignait la solidité du jugement à une application soutenue. Il était, par sa piété, sa prudence et la régularité de toute sa conduite, le modèle des étudiants de l'université de Pavie. Une vigilance continuelle sur lui-même le préserva de tous les écueils. Plusieurs fois on tendit des pièges à son innocence, mais la retraite et la prière le firent triompher des attraits du vice. Il communiait toutes les semaines, à l'exemple de son père : il évitait les liaisons ou les visites qui auraient pu troubler ou déranger ses exercices de religion. Cet amour de la retraite ne l'empêchait pas cependant de recevoir avec beaucoup d'affabilité ceux qui désiraient lui parler. La mort de son père l'ayant fait revenir à Milan en 1558, il mit ordre aux affaires de sa famille avec une sagesse surprenante et retourna à Pavie. Son cours de droit achevé, il prit le grade de docteur vers la fin de l'année suivante.


Quelque temps auparavant, le cardinal de Médicis, son oncle, lui résigna une seconde abbaye avec un prieuré; il n'augmenta point pour cela sa dépense ; il n'y eut que les pauvres qui gagnèrent à l'accroissement de sa fortune. Il n'avait même accepté ces bénéfices que dans la vue de fonder un collège à Pavie. Lorsqu'il eut pris le grade de docteur il revint à Milan. Ce fut dans cette ville qu'il reçut la nouvelle de l'élévation du cardinal de Médicis, son oncle, à la papauté. Comme le nouveau Pape était patricien de Milan, il y eut de grandes réjouissances dans la ville et l'on vint en cérémonie complimenter ses deux neveux. Charles ne donna aucun signe de joie extraordinaire en cette occasion; il persuada même au comte Frédéric, son frère, de s'approcher avec lui des sacrements de Pénitence et d'Eucharistie. Le comte fit le voyage de Rome pour aller complimenter son oncle ; mais Charles resta à Milan, où il continua le même genre de vie.

Cependant le Pape lui manda de venir à Rome et le retint dans cette capitale. Il le fit cardinal le dernier jour de la même année 1559, et le 8 février suivant il le nomma archevêque de Milan, quoiqu'il ne fût que dans sa vingt-troisième année. Il le créa en même temps protonotaire et le chargea du soin de rapporter les affaires de l'une et l'autre signature. Le saint mit tout en œuvre pour ne point accepter ces dignités, et il refusa constamment celle de camerlingue, qui est la seconde et la plus lucrative de la cour romaine. Le Pape le chargea encore de la légation de Bologne, de la Romagne et de la Marche d'Ancône ; il le fit de plus protecteur de la couronne de Portugal, des Pays-Bas, des cantons catholiques de Suisse, des ordres religieux de Saint-François et des Carmes, les chevaliers de Malte, etc. La confiance que son oncle avait en lui était sans bornes et il gouvernait en quelque sorte l'Église sous son nom. Mais, s'il recevait de lui tant de marques d'affection et de tendresse, il les payait par un juste retour ; il donnait aux affaires la plus grande attention, il les suivait avec zèle, il les discutait avec sagesse et il en rendait la décision facile ; en un mot il était la consolation et l'appui du souverain Pontife dans toutes les peines et les difficultés qu'entraîne le gouvernement de l'Église.

La gloire de Dieu était la fin principale que Charles se proposait…


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Message  Louis Mar 24 Déc 2013, 11:29 am


Famille et commencements de saint Charles Borromée.

(suite)

La gloire de Dieu était la fin principale que Charles se proposait dans chacune de ses actions et de ses entreprises. On ne pouvait s'empêcher d'admirer son parfait désintéressement; son impartialité n'était pas moins admirable; les considérations les plus puissantes n'influaient jamais sur ses jugements. Comme il est très-facile de tomber dans l'erreur, il avait toujours auprès de lui des personnes d'une prudence et d'une vertu reconnues, qu'il écoutait avec docilité et sans l'avis desquelles il ne prenait aucun parti. L'État ecclésiastique le regardait comme son père ; les provisions y furent toujours abondantes et à un prix qui ne grevait point les indigents. La justice s'y administrait avec autant de promptitude que d'intégrité. Les contradictions ne le rebutaient point; il écoutait toutes les plaintes et rendait à chacun ce qui lui était dû. La multiplicité des affaires ne l'empêchait point de les expédier, parce qu'il était infatigable qu'il s'abstenait des amusements inutiles et qu'il savait distribuer son temps avec sagesse. Il en trouvait encore pour la prière pour l'étude et pour la lecture des livres de piété. Il aimait aussi à lire les anciens philosophes, et il avoua depuis qu'il avait beaucoup profité du manuel d'Épictète.

Les gens de lettres qui rapportaient leurs connaissances à l'utilité publique trouvaient en lui un protecteur zélé ; il excitait parmi eux l'amour des sciences relatives à la religion. Pour remplir cet objet et pour bannir en même temps l'oisiveté de la cour du Pape, il établit au Vatican une académie composée d'ecclésiastiques et de laïques. Il s'y tenait de fréquentes conférences, dont le but étai d'animer à la pratique de la vertu et de favoriser les progrès des bonnes études. Ces conférences furent imprimées à Venise, en 1748, sous le titre de Nuits vaticanes. Le saint leur donna lui-même ce titre, parce qu'il les tenait la nuit, à cause de la multiplicité des affaires publiques qui l'occupaient tout le jour. Dans les premières années on y discuta plusieurs points de littérature, de philosophie et d'histoire naturelle; mais saint Charles voulut, après la mort du comte Frédéric, son frère, qu'elles n'eussent plus pour objet que des matières de religion. Il sortit de cette académie des évêques, des cardinaux et un Pape, qui est Grégoire XIII. Ce fut là que le saint vainquit à la longue la difficulté qu'il avait de parler ; il acquit même l'habitude de s'exprimer avec facilité, ce qui le rendit propre à prêcher la parole de Dieu avec fruit et avec dignité, et c'était ce qu'il avait toujours désiré. Il perfectionna son style en lisant les ouvrages philosophiques de Cicéron, qu'il aimait beaucoup.

Charles, pour se conformer à l'usage de la cour de Rome, se logea dans un beau palais qu'il fit meubler magnifiquement. Il prit un équipage somptueux et une table et un train proportionnés à son rang ; mais son cœur ne tenait point à cette pompe extérieure ; ses sens étaient mortifiés au milieu du faste de la grandeur, sa douceur et son humilité n'en souffraient aucune atteinte. Il ne vit que des dangers dans le crédit dont il jouissait et dans les honneurs qui l'environnaient. Attentif à veiller sur lui-même, il ne cherchait en tout que l'établissement du règne de Jésus-Christ. Il soupirait sans cesse après la liberté des saints, et il n'y avait que l'obéissance au chef de l'Église qui put le retenir à Rome.

Comme il ne lui était pas possible de gouverner par lui-même le diocèse de Milan, il demanda pour évêque suffragant Jérôme Ferragata, afin qu'il fit en son nom les visites nécessaires, et qu'il exerçât les fonctions épiscopales. Il nomma aussi vicaire général un ecclésiastique de grande expérience et qui joignait le savoir à la piété. C'était Nicolas Ormanetto, qui avait déjà été vicaire général de Vérone et qui avait depuis accompagné le cardinal Polus dans sa légation d'Angleterre. De retour en Italie il n'avait voulu d'autre place que celle de simple curé dans le diocèse de Vérone. Le saint archevêque, malgré toutes ses précautions, avait toujours des inquiétudes sur l'article de la résidence ; il ne pouvait parfaitement se tranquilliser, quoique son éloignement de Milan ne fût point volontaire et que ses occupations habituelles eussent pour objet le bien de l'Église universelle 1.

Le bien le plus considérable qu'il fit fut l'heureuse conclusion du concile de Trente…

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1 Godescard, 4 novembre.

A suivre : Négociations du nouveau Pape pour la reprise du concile de Trente.

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Message  Louis Jeu 26 Déc 2013, 4:58 am


Négociations du nouveau Pape pour la reprise du concile de Trente.

Le bien le plus considérable qu'il fit fut l'heureuse conclusion du concile de Trente. Pie IV, à peine sur le trône pontifical, reprit les négociations pour le rétablissement de cette sainte assemblée dans la ville où elle avait commencé. Ces négociations ne souffrirent pas grandes difficultés de la part des princes catholiques ; seulement l'empereur et le roi de France désiraient qu'on se relâchât en quelque chose de l'ancienne forme des conciles pour se rapprocher un peu plus des idées des protestants ; ils espéraient que par là on ramènerait plus facilement les hérétiques.

On évita donc le terme de continuation; mais on usa de termes équivalents, en disant qu'il s'était fait plusieurs décrets à Trente, d'abord sous Paul III, puis dans le rétablissement de ce concile sous Jules III, et qu'ensuite était arrivée une suspension qu'on levait enfin. C'était déclarer formellement qu'on attribuait aux décrets déjà portés toute la force et la vigueur que pouvaient avoir ceux d'un concile toujours subsistant depuis sa première ouverture. Cependant le roi d'Espagne incidenta longtemps sur cet énoncé et représenta comme un déguisement pernicieux ce qui n'était qu'un ménagement sage et dans le fond sans conséquence. Enfin tous les catholiques s'accordèrent pour remettre le concile à Trente. La bulle d'indiction fut publiée le 29 novembre 1560; elle portait qu'on reprendrait le concile à Pâques prochain, toute suspension levée.

Le Pape fit partir des nonces pour la porter aux princes catholiques et aux princes hérétiques; ils essuyèrent de grandes difficultés et même des avanies de la part de quelques protestants. On écrivit depuis aux patriarches d'Orient, de Moscovie, et jusqu'aux chrétiens d'Éthiopie, pour les inviter au concile. En un mot on ne négligea rien pour rendre l'assemblée aussi nombreuse que possible. Pie IV, sur les instances de son neveu, saint Charles Borromée, avait déjà nommé deux légats pour présider en son nom au concile œcuménique, savoir : les cardinaux de Mantoue, Hercule de Gonzague et Jacques du Puy, auxquels il associa bientôt Séripand, Napolitain, général des Augustins et archevêque de Salerne; Hosius, Polonais, évêque de Culm et ensuite de Warmie, et Simonette, Milanais, évêque de Pésaro, dans le duché d'Urbin, lesquels trois il venait de décorer de la pourpre romaine. Quand le temps approcha d'ouvrir le concile, comme le dépérissement de la santé du cardinal du Puy faisait qu'il ne put pas s'y rendre, le Pape nomma pour sixième légat son neveu, le cardinal Marc Sitique d'Altemps, évêque de Constance. Celui-ci n'avait ni l'expérience ni la capacité de ses collègues ; mais, outre sa qualité de cardinal neveu, par sa naissance, qu'il tirait d'une des meilleures maisons de l'empire, il avait beaucoup d'avantages pour traiter avec les Allemands.

Comme Pie IV était avancé en âge et encore plus infirme, il publia dans un consistoire, à l'exemple de ce qui s'était fait en pareille rencontre, un décret portant que, si le Saint-Siège venait à vaquer pendant la tenue du concile, l'élection du souverain Pontife serait dévolue au sacré collège et non pas à l'assemblée des Pères. Il ajouta deux autres décrets, dont l'un déclarait qu'il n'est pas permis au Pape de se choisir un successeur ni un coadjuteur pour lui succéder, quand bien même tous les cardinaux y consentiraient ; l'autre, tout relatif au concile, portait que le droit de suffrage ne serait accordé qu'aux évêques qui s'y trouveraient en personne. Paul III avait usé de la même précaution. Ce décret fut cause qu'on ne vit point d'évêques polonais au concile ; il n'en vint que deux qui se retirèrent, voyant qu'on ne leur permettrait pas de donner autant de voix qu'ils avaient de procurations de leurs confrères, comme ils s'en étaient flattés.

Le 18 janvier 1562 tous les prélats, qui étaient au nombre de cent douze…

A suivre : Dix-septième et dix-huitième sessions.


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Message  Louis Jeu 26 Déc 2013, 12:33 pm

Dix-septième et dix-huitième sessions.

Le 18 janvier 1562 tous les prélats, qui étaient au nombre de cent douze, et tous ceux qui avaient le droit d'assister au concile s'assemblèrent dans l'église de Saint-Pierre, d'où ils allèrent processionnellement à la cathédrale. Le cardinal de Mantoue y chanta la messe du Saint-Esprit, et le cardinal de Reggio, en Calabre, y prêcha sur l'autorité de l'Église et l'obligation d'imiter les apôtres. Après qu'on eut chanté le Veni, Creator, et fait les autres prières, Ange Massarel, évêque de Télèze, dans l'Abruzze, et secrétaire du concile, lut la bulle de convocation, et l'archevêque de Reggio un décret pour la continuation du concile, que tous les Pères approuvèrent, excepté quatre évêques espagnols, qui s'opposèrent fortement à ces mots : les légats présidant et proposant ; mais la clause passa malgré leur opposition. On lut ensuite un second décret pour fixer la session suivante au 26 février, et un troisième pour régler le rang que les primats auraient dans le concile.

Après cette dix-septième session le premier légat indiqua une congrégation générale pour le 27 janvier, dans son palais, afin de délibérer sur les matières qu'on devait définir. Les disputes sur la préséance entre les ambassadeurs qui arrivèrent dans cet intervalle, les anciennes difficultés sur le titre du concile renouvelées par les Espagnols, et la délicatesse de l'affaire des livres défendus, proposée, ainsi que le sauf-conduit des protestants, pour objet de cette session, toutes ces discussions remplirent les congrégations préliminaires qu'on tint, selon la coutume, pour la rendre tranquille.

On ouvrit donc, le 26 février, la dix-huitième session…

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Message  Louis Ven 27 Déc 2013, 5:48 am

Dix-septième et dix-huitième sessions.

(suite)

On ouvrit donc, le 26 février, la dix-huitième session, qui était la seconde sous Pie IV. Les Pères s'assemblèrent dès le matin dans la grande église ; Antoine Élius, patriarche de Jérusalem, célébra la messe, et le sermon fut prononcé en latin par l'archevêque de Patras, nommé à l'archevêché de Corfou. Il s'étendit sur les efforts que faisaient les hérétiques pour accréditer et augmenter leur secte ; il exhorta les Pères à s'y opposer. Après les prières accoutumées on lut les lettres de créance et les pouvoirs des ambassadeurs ; on fit aussi lecture de différentes lettres du Pape qui laissaient au concile le soin de dresser le catalogue des livres défendus, et d'un bref qui réglait le rang des évêques suivant leur ordination, sans avoir égard aux privilèges des primats. Le patriarche de Jérusalem lut ensuite un décret touchant l'examen des livres qui devaient être prohibés. On y décida aussi qu'on pourrait accorder, dans une congrégation générale, un sauf-conduit aux protestants, et qu'il aurait la même force que s'il avait été donné dans une session solennelle et publique. Enfin on lut le décret qui indiquait la session suivante au 14 mai, jour de l'octave de l'Ascension. Ces deux décrets furent approuvés de tous les Pères, à l'exception de l'archevêque de Grenade, qui renouvela la dispute sur le titre du concile, voulant qu'on y ajoutât ces mots : Représentant l'Église universelle.

Aussitôt après la session les légats chargèrent quatre évêques de dresser le sauf-conduit, et ils en accordèrent un conçu dans les mêmes termes et tel absolument qu'il avait été dressé autrefois dans la quinzième session, sous Jules III, c'est-à-dire sans aucune restriction et sans ombre d'équivoque. Mais, comme il n'avait été fait alors que pour les Allemands, on l'étendit en général à toutes les nations et sans les nommer en particulier, pour ne pas paraître les taxer d'hérésie. Le cardinal Séripand fut ensuite chargé de travailler à la réformation, avec plusieurs évêques des plus vertueux et des plus zélés. Le cardinal Simonette, comme très-habile dans le droit canonique, eut ordre de rédiger les matières. Séripand proposa de commencer d'abord par ce qui concernait la cour de Rome, afin d'établir la réformation sur un fondement solide et d'arrêter les langues médisantes qui reprochaient si souvent au clergé ses désordres et ses dérèglements.

Cet avis fut fortement appuyé par le célèbre dom Barthélémy des Martyrs, archevêque de Bretagne ; d'autres Pères, sans être opposés à la réformation du clergé et de la cour de Rome, voulaient avec raison qu'on attendît, pour traiter ce point si important, qu'il y eût à Trente un plus grand nombre d'évêques et qu'il en fût arrivé au moins de la France et de l'Allemagne. Parmi les prélats…

A suivre : Insistance de l’archevêque de Bragues pour la réformation des cardinaux.

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Message  Louis Ven 27 Déc 2013, 12:22 pm

Insistance de l’archevêque de Bragues pour la réformation des cardinaux.
…Parmi les prélats qui entendirent fort diversement le discours de l'archevêque de Brague, quelques-uns avaient dit que le respect ne leur permettait pas de croire que les révérendissimes et illustrissimes cardinaux eussent besoin d'être réformés. « Et moi, reprit l'archevêque, je crois que les très-illustres cardinaux ont besoin d'une très-illustre réforme ; car il me semble que la vénération dont je les honore serait plus humaine que divine, et plus apparente que véritable, si je ne souhaitais que leur conduite et leur réputation fussent aussi inviolables que leur dignité est éminente. Comme ils sont des fontaines dont les autres doivent boire, ils doivent d'autant plus prendre garde qu'il n'en sorte que des eaux très-pures, et la première chose que je souhaiterais qu'ils daignassent changer est la manière dont ils traitent aujourd'hui les évêques. »

Ce discours de dom Barthélémy des Martyrs, qui n'était pas exempt de quelque amertume, surprit beaucoup de personnes dans l'assemblée; mais on connaissait la profonde piété de l'illustre prélat, et on était persuadé qu'il n'avait ainsi parlé que par zèle pour la gloire de Dieu et l'utilité de l'Église. Les cardinaux eux-mêmes écoutèrent ses remontrances sans témoigner la moindre marque de mécontentement et d'émotion, et lui marquèrent la même estime, la même confiance dans la suite. Son avis, toutefois, ne fut pas suivi, et on commença par les matières qui semblaient le moins prêter aux débats. On discuta avec beaucoup d'exactitude, dans les congrégations suivantes, plusieurs articles importants de réformation, concernant surtout la résidence, la collation des ordres, l'union des bénéfices, l'administration des cures, la visite épiscopale, les bénéfices en commende et les mariages clandestins.

Tout le reste du mois fut employé en cérémonies pour la réception de quelques ambassadeurs. On reprit au commencement d'avril l'examen des articles de la réforme, et dans plusieurs congrégations on agita de nouveau, mais sans rien conclure, la question de savoir si la résidence des évêques était de droit divin. Pendant cette discussion il arrivait toujours à Trente des ambassadeurs et des prélats, et on attendait aussi ceux de France. On avait reçu, quelque temps auparavant, la copie d'une lettre écrite par Charles IX à son ambassadeur à Rome, dans laquelle ce prince marquait, entre autres choses, que son dessein était de remettre au concile la décision de toutes les disputes qui s'étaient élevées dans son royaume au sujet de la religion, ce qui causa une grande joie à tous les Pères 1.

Pour bien sentir les motifs de cette joie il faut se rappeler certains faits..

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1 Dassance, Essai hist. sur le Conc. de Trente.

A suivre : Réception des ambassadeurs. Joie du concile au sujet de la France.

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Message  Louis Sam 28 Déc 2013, 5:41 am

Réception des ambassadeurs. Joie du concile au sujet de la France.

Tout le reste du mois fut employé en cérémonies pour la réception de quelques ambassadeurs. On reprit au commencement d'avril l'examen des articles de la réforme, et dans plusieurs congrégations on agita de nouveau, mais sans rien conclure, la question de savoir si la résidence des évêques était de droit divin. Pendant cette discussion il arrivait toujours à Trente des ambassadeurs et des prélats, et on attendait aussi ceux de France. On avait reçu, quelque temps auparavant, la copie d'une lettre écrite par Charles IX à son ambassadeur à Rome, dans laquelle ce prince marquait, entre autres choses, que son dessein était de remettre au concile la décision de toutes les disputes qui s'étaient élevées dans son royaume au sujet de la religion, ce qui causa une grande joie à tous les Pères 1.

Pour bien sentir les motifs de cette joie il faut se rappeler certains faits. Pendant la seconde période du concile de Trente le roi de France, Henri II, ne permit point aux évêques français d'y assister. Les causes secrètes de cette opposition venaient, les unes du roi, les autres des évêques. Le roi, à l'exemple de son père François Ier, venait de faire alliance avec les Turcs contre les chrétiens et avec les hérétiques d'Allemagne contre les catholiques; pour seconder ses alliés hérétiques contre l'empereur Charles-Quint, il fit à celui-ci la guerre en Italie et accusa officiellement le Pape Jules III de tout le mal, en particulier de ce que les évêques français ne pouvaient aller au concile à cause de ces guerres.

De leur côté les évêques français de cour voulaient bien qu'on réformât les moines, les prêtres, voire même le Pape et les cardinaux ; mais, quand ils surent que le concile s'était permis de prescrire la résidence aux évêques mêmes, ils en furent singulièrement scandalisés et secondèrent par leur rancune l'alliance impie avec les Turcs et les hérétiques pour empêcher la réforme du clergé et du peuple par le Pape et le concile.

Par suite il se forma trois partis en France : les apostats, sous le nom de huguenots; les francs catholiques, ayant pour chefs les princes de Lorraine ; enfin les entre-deux ou les Politiques. Ces derniers proposèrent un concile national qui aboutit au colloque de Poissy entre les huguenots et les catholiques, ce colloque aux conférences de Saint-Denis, et ces conférences à zéro : à zéro pour le bien, mais non pour le mal; car cette dissidence d'avec le concile œcuménique et cette condescendance pour les apostats donnèrent à ceux-ci une consistance et une audace qu'ils n'avaient pas eue jusqu’alors. Si le mal ne devint pas plus grand la France le dut à la prudente intervention du Saint-Siège; par ses remontrances, soit directes, soit indirectes, il empêcha d'abord le concile national; quand le colloque de Poissy dut se tenir, il y envoya un légat avec le Père Laynez, général des Jésuites.

Le colloque s'ouvrit le 31 juillet 1561…

_____________________________________________________________________

1 Dassance, Essai hist. sur le Conc. de Trente.

A suivre : Colloque de Poissy. Sage conduite et excellent discours du Jésuite Laynez.

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