Le Saint Concile de Trente

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Message  Louis Sam 13 Juil 2013, 2:27 pm

Négociations plus heureuses de Paul III pour le même sujet.

Clément VII négociait encore cette grande affaire quand il mourut, le 25 septembre 1534. Paul III, qui lui succéda le 13 octobre suivant, s'occupa sans retard et sans relâche du concile œcuménique et de la pacification entre les princes chrétiens, notamment l'empereur et le roi de France. Ce fut pour les réconcilier qu'il fit le voyage de Nice en Provence; car cette pacification était un préliminaire indispensable pour que le concile pût s'assembler. Dès les premiers jours de son pontificat il nomma une commission de cardinaux et d'autres prélats recommandables pour travailler à la réformation de la cour romaine. Il se hâta aussi d'envoyer partout des lettres et des nonces pour presser, de concert avec les princes, la réunion du concile. Le 4 juin 1536, après une entrevue avec l'empereur à Rome, il indique le concile à Mantoue pour le 23 mai de l'année suivante, et envoie partout des légats, des nonces et des lettres pour notifier cette convocation et procurer la paix entre les princes. Le duc de Mantoue ayant fait des difficultés, le Pape prorogea le concile, puis le convoqua dans la ville de Vicence par sa bulle du 8 octobre 1537. La guerre avait recommencé entre Charles-Quint et François Ier, lequel appelait les Turcs pour leur livrer l'Italie et Rome. Ce fut alors que le Pape fit le voyage de Nice. À la demande de ces deux princes il prorogea le concile de Vicence, où il avait déjà envoyé ses légats.

Enfin, le 22 mai 1542, après bien des négociations et avec les princes et avec les diètes d'Allemagne, le Pape Paul III convoqua le concile dans la ville de Trente ; mais il fallut encore le suspendre à cause des guerres entre l'empereur et le roi de France. La paix s'étant rétablie entre ces deux souverains, le Pape, par sa bulle du 19 novembre 1544, convoqua de nouveau le concile de Trente pour le dimanche de Lætare, quatrième du Carême, 15 mars de l'année suivante (1545). De nouveaux incidents, de nouveaux obstacles en firent différer l'ouverture jusqu'au 13 décembre de la même année.

Avant ce jour il y eut plusieurs réunions préparatoires…
 
A suivre : Discours  préliminaire de Dominique Soto.


Dernière édition par Louis le Dim 14 Juil 2013, 7:02 am, édité 1 fois (Raison : Lien inexistant.)

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Message  Louis Dim 14 Juil 2013, 6:58 am

Discours  préliminaire de Dominique Soto.

Avant ce jour il y eut plusieurs réunions préparatoires. Le premier dimanche de l'Avent, 29 novembre, Dominique Soto, célèbre Dominicain d'Espagne, prêcha devant les Pères du concile sur l'évangile du jour, qui au romain est du jugement dernier.

« Ce jugement, dit-il en substance, est un concile vraiment universel, mais qui n'éprouvera point les délais, les obstacles de celui de Trente. La terre rendra les morts à la vie; les cieux s'arrêteront dans leur course et viendront tremblants, non pour rendre compte, mais pour rendre témoignage. Excepté les anges, l'homme seul rendra compte de ses actions, parce que seul il a reçu le libre arbitre, étant fait à l'image de Dieu et pour commander à la terre. C'est en vain que des novateurs voudraient effacer en nous cette ressemblance divine et nous réduire, sans libre arbitre, à la condition des brutes. Mais, révérendissimes Pères, avez-vous bien pensé à ce jugement formidable ? Dieu vous y demandera compte de son Fils, de sa doctrine, de son Église. En quel état est cette Église pour laquelle Jésus-Christ est mort? N'y voit-on pas comme des signes avant-coureurs du jugement dernier ? le soleil, la puissance spirituelle, ne donnant plus sa lumière ; la lune, la puissance temporelle, tournée en sang par des guerres interminables; les étoiles, les saints, jetés par terre dans leurs images et foulés aux pieds? Ne voyons-nous pas, sous bien des rapports, cette apostasie, cette grande défection prédite par l'Apôtre ? Il est donc l'heure de nous réveiller de notre sommeil et d'implorer la miséricorde de Dieu afin de prévenir sa justice 1. »

La séance d'ouverture…

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1 Labbe, t, 14, col. 980-989.

A suivre : Séance d’ouverture. Discours de l’évêque de Bitonto. Observations sur certaines critiques.

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Message  Louis Dim 14 Juil 2013, 12:22 pm

Séance d’ouverture. Discours de l’évêque de Bitonto. Observations sur certaines critiques.

La séance d'ouverture, 13 décembre, troisième dimanche de l'Avent, fut précédée d'un jour de jeûne, afin d'attirer les bénédictions du Ciel sur les opérations de l'assemblée, Le jour même de l'ouverture les trois légats, ainsi que les Pères, se revêtirent de leurs habits pontificaux dans l'église de la Trinité. Là, ayant chanté le Veni, Creator , ils se mirent en procession. En avant marchaient les ordres religieux, ensuite les chapitres collégiaux et le reste du clergé; venaient ensuite les évêques, et enfin les légats, suivis des ambassadeurs du roi des Romains. Ils se rendirent en cet ordre à la cathédrale, qui est dédiée à saint Vigile. Là le premier légat, cardinal del Monte, officia solennellement, et accorda, au nom du Pape, à tous ceux qui étaient présents, une indulgence plénière, leur enjoignant de prier pour la paix et la concorde de l'Église.

À l'évangile l'évêque de Bitonto, de l'ordre de Saint-François, fit le discours. Il prit pour texte le commencement de l'épître de ce même dimanche :

« Réjouissez-vous dans le Seigneur, mes Pères, réjouissez-vous dans le Seigneur, mes frères, je le dis encore une fois, réjouissez-vous tous ! Le sujet de cette grande joie, c'est l'ouverture du concile œcuménique, concile si longtemps attendu, si longtemps retardé par toutes sortes d'obstacles, concile cependant si nécessaire; car, encore un peu de temps, si Dieu n'avait conservé l'Église, le concile même n'en trouvait plus à qui porter secours. Concile nécessaire, la nature même nous l'enseigne dans le corps humain, où, ce qu'un membre ne peut isolément, tous le peuvent par leur concert. En effet la nature semble nous avoir donné deux mains, deux yeux et deux pieds, afin que ce petit monde, se réunissant comme en concile, puisse s'aider et se défendre ; car la main lave la main, le pied soutient le pied, le côté droit affermit le côté gauche, et réciproquement. Et qui ne sait que, dans le concile des Pères, les affaires les plus graves de l'Église une, sainte, catholique et apostolique, se traitent avec plus de prudence, se définissent avec plus de maturité, s'approuvent avec plus de solennité, et sont acceptées plus volontiers par tous les peuples ? Et ce n'est pas témérairement qu'il a été dit : « La multitude des sages est la santé de l'univers 1 ; » et encore : « Là est le salut où il y a beaucoup de conseils 2. » Moïse ne porte ses lois que dans le concile de la synagogue…

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1 Sap. 6. — 2 Prov. , 11.

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Message  Louis Lun 15 Juil 2013, 5:35 am

Séance d’ouverture.
Discours de l’évêque de Bitonto.
Observations sur certaines critiques.

(suite)

… Moïse ne porte ses lois que dans le concile de la synagogue ; c'est en concile qu'il fait l'aspersion du sang de l'alliance ; ce n'est qu'en concile que les apôtres élisent Mathias, les sept diacres, et dressent les premiers décrets du droit ecclésiastique.

Et où le Symbole des Apôtres a-t-il été plus amplement expliqué et défendu que dans les quatre conciles de Nicée, d'Éphèse, de Constantinople, de Chalcédoine ?

Où a-t-on fait le discernement des Écritures canoniques, sinon dans les conciles de Laodicée et de Carthage?

Où a-t-on convaincu les hérétiques et condamné les hérésies, si ce n'est dans les conciles de Latran, de Constance, d'Antioche et de Vienne ?

Quand a-t-on mieux réformé les mœurs, tant du peuple et des princes que du clergé, sinon dans les conciles de Grégoire VII, d'Alexandre III, d'Urbain II ?

L'union des nations discordantes a-t-elle jamais été plus heureusement rétablie que dans les conciles de Latran et de Florence ?

La rage des Turcs a-t-elle jamais senti la puissance et le courage des chrétiens comme dans le concile de Clermont, où trois cent mille hommes prirent la croix pour le rétablissement de Jérusalem ?

Longtemps les princes chrétiens, avec une fureur tyrannique, se sont insurgés contre la puissance de l'Eglise, devant qui ils auraient dû fléchir le genou et courber la tête. N'est-ce pas dans les saints conciles qu'ils ont été déposés, frappés d'anathème, expulsés du royaume et de l'empire ?

Autant en est-il des schismes, des conciliabules, des accusations injustes contre les Papes; jamais on n'y a porté remède aussi facilement que par des conciles légitimes.

La vertu des conciles est si grande que les poètes les introduisent parmi les dieux. Quant à Moïse, on y voit Dieu, lorsqu'il veut créer l'homme, cette merveille du monde, dire presque conciliairement : « Faisons l'homme à notre image et ressemblance ; » et encore, lorsqu'il veut réprimer l'audace des géants : « Venez, confondons leur langage afin que nul n'entende la parole de son prochain. »

« Trois choses sont à considérer par le concile : la foi, les sacrements, la charité ; la foi défigurée par l'hérésie, les sacrements foulés aux pieds par l'impiété, la charité anéantie par les schismes et les divisions. Tout cela réclame le secours des conciles. Mais, mes Pères, suivant le prophète, commencez par le sanctuaire de Dieu 1 ; car c'est de là que sont partis tous les maux. Les Turcs, qui menacent continuellement nos têtes, ont pris des accroissements, non par leurs forces, mais par nos mœurs corrompues; ce ne sont pas tant des ennemis que le fléau de Dieu ; ils nous attaquent, mais ce sont nos péchés qui nous abattent. Que nul de vous, mes Pères et mes frères, ne s'irrite contre moi. Souvenez-vous que mieux vaut la blessure de celui qui aime que le baiser frauduleux de celui qui hait 2. »

L'orateur fait l'éloge du Pape Paul III…

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1 Ézéch. , 9. — 2 Prov., 27.

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Message  Louis Lun 15 Juil 2013, 12:55 pm

Séance d’ouverture.
Discours de l’évêque de Bitonto.
Observations sur certaines critiques.


(suite)

L'orateur fait l'éloge du Pape Paul III, qui par ses soins avait procuré l'assemblée du concile; de l'empereur, du roi de France, du roi des Romains, du roi de Portugal, qui y donnaient les mains ; des trois légats qui le présidaient. « Qui donc, s'écrie-t-il, ne s'enfermerait volontiers dans l'enceinte de ce concile, comme dans le cheval de Troie, avec les princes de l'empire et de la religion? » Certains critiques ont blâmé cette comparaison comme peu digne ; ces critiques ignoraient qu'elle est de l'Orateur romain, qui l'emploie jusqu'à deux fois, et que l'évêque de Bitonto ne fait que le copier, non-seulement pour la pensée, mais presque dans toutes ses expressions. Cicéron dit en effet dans le second livre de l’Orateur : « De l'école d'Isocrate, comme du cheval de Troie, sont sortis des princes sans nombre. » Enfin, dans sa seconde Philippique, il dit au sénat même : « Je ne refuse pas de demeurer ici, comme dans le cheval de Troie, enfermé, avec les premiers chefs de la république, au sein de cette auguste assemblée. » Ainsi le blâme retombe, non pas précisément sur l'évêque, mais sur ses ignorants critiques. L'évêque finit sa harangue par conjurer les Pères de se rendre dignes par une sainte vie des grâces et des lumières dont ils avaient besoin 3.

Après le discours de l'évêque de Bitonto le premier légat récita différentes prières selon le cérémonial et bénit trois fois le concile entier. On chanta les litanies, on lut la dernière bulle de la convocation à Trente, et le bref qui était personnel aux légats. Lorsque tout fut terminé le premier président, après une courte exhortation aux Pères, fît les questions et le concile les réponses que nous avons déjà vues. Alors Hercule Sévéroli, comme promoteur du concile, demanda que de tout ceci acte fût dressé. On chanta le Te Deum; après quoi tous les prélats se dépouillèrent de leurs habits pontificaux et reparurent dans leur costume habituel. Les présidents retournèrent à leurs logis, accompagnés des Pères et précédés de la croix.

Dans l'intervalle de la première session à la seconde, le quatrième dimanche de l'Avent, frère Antoine, de l'ordre des Carmes, prêcha devant les Pères du concile…

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 3 Labbe, t. 14, col. 990 et seqq. Pallavicin, l, 5, c, 18.

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Message  Louis Mar 16 Juil 2013, 6:27 am

Séance d’ouverture.
Discours de l’évêque de Bitonto.
Observations sur certaines critiques.


(suite)

Dans l'intervalle de la première session à la seconde, le quatrième dimanche de l'Avent, frère Antoine, de l'ordre des Carmes, prêcha devant les Pères du concile sur l'évangile du jour, la prédication de saint Jean-Baptiste touchant l'approche du royaume de Dieu ; royaume attendu si longtemps pour réparer la chute originelle de l'homme et détruire le règne du péché. La loi naturelle n'y suffisait point, obscurcie qu'elle est par les ténèbres de l'ignorance. La loi de Moïse fait connaître le mal, mais ne donne pas la grâce de l'éviter et de faire le bien. Cette grâce est un don de Jésus-Christ; elle nous affranchit de l'empire de la loi, non pour que nous puissions la violer, mais pour que nous l'accomplissions au fond de notre cœur, et que pour la gloire de Dieu nous fassions même plus que la loi n'exige. Loin de nous cette prétendue liberté évangélique que quelques-uns mettent en avant pour pécher avec plus de liberté et fouler aux pieds les vœux, le célibat, les prières, les jeûnes, les institutions de l'Église ! Ces œuvres sont précisément les dignes fruits, les consolations, les délices de cette liberté chrétienne que nous procure la grâce ; grâce qui n'est pas restreinte à une époque, mais a été communiquée et sous la loi de nature et sous la loi de Moïse; seulement, à la vue du Christ, elle se répand avec plus d'abondance, afin d'établir le royaume de Dieu par toute la terre, comme il est effectivement arrivé, malgré les Juifs, malgré les philosophes, malgré les empereurs idolâtres. Mais aujourd'hui que voyons-nous ? Cet empire universel réduit à un coin de l'Europe, où il est agité en tout sens comme une barque au milieu de la tempête. Mais déjà il me semble voir Jésus marchant sur les flots et nous disant : « Ayez confiance, c'est moi, ne craignez point. » L'orateur exhorte les Pères, réunis au nom de Jésus, à tout faire pour la gloire de Jésus, sans aucune considération humaine 1.

Après plusieurs réunions particulières et une réunion ou congrégation générale…

___________________________________________________

1 Labbe, t. 14, col. 999.
 
A suivre: Seconde session. Discours de l’évêque de Saint-Marc.


Dernière édition par Louis le Mar 16 Juil 2013, 2:19 pm, édité 1 fois

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Message  Louis Mar 16 Juil 2013, 2:17 pm

Seconde session. Discours de l’évêque de Saint-Marc..

Après plusieurs réunions particulières et une réunion ou congrégation générale, la seconde session se tint au jour indiqué, le 7 janvier 1546. Jean Fonséca, évêque de Castellamare, chanta la messe solennelle, Coriolan Martiran, évêque de Saint-Marc, fit le discours, « II est bien vrai que la barque de Pierre peut être agitée, mais non submergée. On l'a vu bien des fois, mais jamais plus clairement que de nos jours. Emportée par les flots de nos crimes, elle périclitait au milieu des écueils, des ténèbres et des tempêtes, disloquée et prête à s'entr'ouvrir, sans voiles, sans gouvernail et sans rames, flottant au gré des vents, lorsque Celui qui calme la mer éleva le phare du concile sur les hauteurs de Trente. Aussitôt elle s'y réfugie comme dans un port, mais tellement brisée que, si vous ne réparez promptement ses avaries, elle périra dans le port même. La sainte Église, notre mère, implore votre assistance et votre compassion. Le peuple  chrétien, gisant et gémissant à vos pieds, vous demande un remède à ses plaies mortelles. Lorsque, ému de pitié et de douleur, je raconte ses misères et ses souffrances, écoutez- moi comme un homme de ce peuple, comme un ignorant qui, s'il m'avait été permis, ne serait pas monté en cette chaire. « Il y a deux points où la chrétienté est excessivement malade, la religion et les  mœurs; c'en est fait de l'un et de l'autre si vous n'y remédiez promptement. »

Commençant par les mœurs, il fait un tableau effrayant de leur corruption et s'écrie :

« Voyez Rome, placée au milieu des nations pour resplendir comme un luminaire; regardez l'Italie, la Gaule, l'Espagne : vous ne trouverez ni état, ni sexe, ni âge, ni membre qui ne soit corrompu, infecté, pourri. Est-il besoin de paroles ? Les Scythes, les Africains, les Thraces ne vivent pas d'une manière plus impure et plus criminelle. Oh ! si j'osais dire la chose même ; si, ce que mon esprit a conçu depuis longtemps, je ne croyais pas intempestif de le produire au grand jour, je découvrirais la cause de cette grande ruine, l'origine de ce grand incendie, je dirais... Mais, oui, je le dirai ; non je ne le tairai point; j'élèverai la voix comme une trompette du haut de ce beffroi, comme une mère qui enfante.

« 0 pasteurs! ô cités placées sur la montagne, qui devrions briller avec plus d'éclat que le soleil, c'est nous qui, par l'exemple, plus pernicieux que la flamme, c'est nous qui, par l'exemple, avons égorgé les brebis du Seigneur ; c'est en regardant à nos mœurs et à notre vie, c'est en nous croyant d'autant plus sages qu'elles nous voyaient plus élevés en dignité, c'est en réglant leur vie sur la nôtre qu'elles sont tombées avec nous dans ces gouffres, d'où il n'y a d'autre moyen de sortir si ce n'est en remontant par où nous sommes tombés. Jamais nous ne rétablirons l'édifice écroulé par notre faute si nous ne jetons de nouveau les mêmes fondements que Jésus-Christ, si nous ne revenons aux principes sur lesquels Jésus-Christ a fondé l'Eglise dans l'origine, la probité, l'humilité, la pauvreté, la charité.

« Voyez ensuite les plaies de la religion, attaquée par trois espèces d'ennemis : les transfuges déclarés, qui bouleversent tout, détruisent les sacrements, assujettissent tout à la fatalité, nous attaquent avec nos propres armes, l'Écriture sainte, qu'ils mutilent, déchirent et torturent ; des ennemis occultes, qui, faisant mine d'être des nôtres, pervertissent non-seulement des individus, mais quelquefois des villes entières ; enfin les Turcs, les Ottomans, qui depuis deux cents ans ne cessent d'enlever à la chrétienté des peuples et des provinces et de la resserrer dans des limites toujours plus étroites. » C'est à protéger l'Église contre ces trois espèces d'ennemis que l'évêque exhorte, les Pères du concile 1.

Après ce discours on …

_____________________________________________________________

1 Le Plat, Monumenta Conc. Trid. t. I, p. 32-38.
 
A suivre :   Exhortation des légats. Décret sur la manière de vivre dans le concile. Deux oppositions à ce décret.

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Message  Louis Mer 17 Juil 2013, 7:17 am

Exhortation des légats.
Décret sur la manière de vivre dans le concile.
Deux oppositions à ce décret.

Après ce discours on fit les prières ordinaires; ensuite Ange Massarelli, secrétaire du cardinal Cervini, choisi par rassemblée deux jours auparavant pour servir provisoirement de secrétaire au concile, jusqu'à ce qu'on eût pourvu définitivement à cette place, lut, au nom des légats, une exhortation à tous les Pères. Elle avait été composée par le cardinal Polus, l'un des présidents, dernier rejeton de la royale dynastie des Plantagenets. On y respire le véritable esprit de l'Église, l'Esprit de Dieu, comme dans les lettres de sainte Catherine de Sienne, dont on sent que les consolantes prophéties vont s'accomplir. Ce qui est surtout nécessaire aux Pères du concile, comme à des nautoniers sur une mer orageuse, c'est la vigilance; vigilance pour ne pas donner dans des écueils semés sur la route; vigilance courageuse pour ne pas se laisser accabler par la grandeur des affaires comme par les flots.

« Il y a trois choses  qu'il faut atteindre : l'extirpation des hérésies, la réformation de la discipline et des mœurs, la paix extérieure de toute l'Église; mais cela il ne faut pas nous imaginer qu'aucun de nous ni que tous ensemble nous puissions le faire : c'est Jésus-Christ seul. Penser autrement, ce serait, après avoir délaissé la source d'eau vive, nous creuser des citernes rompues ; car ces citernes sont tous les conseils qui partent de notre prudence, et non de l'Esprit de Dieu, et qui augmentent le mal au lieu de le guérir : le passé peut nous servir de leçon. Mais ce n'est point assez de confesser notre impuissance ; le Prince des pasteurs a pris sur lui les péchés de nous tous, comme s'il les eût commis lui-même ; ce qu'il a fait par charité, nous le devons par justice, prendre sur nous les péchés de tout le monde, parce que nous en sommes en grande partie la cause.

D'où viennent ces hérésies qui pullulent de notre temps comme des ronces et des épines? N'est-ce point parce que nous avons négligé de cultiver le champ du Seigneur et d'y semer le bon grain?

D'où vient la décadence de la discipline et des mœurs ? Pouvons-nous en nommer un autre auteur que nous-mêmes ?

Coupables sur ces deux premiers chefs, pouvons-nous encore attribuer à d'autres…

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Message  Louis Mer 17 Juil 2013, 12:05 pm

Exhortation des légats.
Décret sur la manière de vivre dans le concile.
Deux oppositions à ce décret.


(suite)

Coupables sur ces deux premiers chefs, pouvons-nous encore attribuer à d'autres les guerres qui nous en punissent ? Et pourquoi rappelons-nous ces choses? Est-ce pour vous contusionner ? Loin de nous ! mais pour vous exhorter, comme nos bien-aimés Pères et frères, nous exhorter d'abord nous-mêmes à prévenir par notre résipiscence de plus grands châtiments. Car, dit l'Écriture, un jugement formidable est réservé à ceux qui président, et ce jugement, nous le voyons commencer par la maison de Dieu.

« Ce qui nous donne grande confiance que l'Esprit divin est descendu sur nous, c'est que nous en voyons plusieurs pleurant leurs péchés et ceux de notre ordre. Un autre gage de la miséricorde divine, c'est la réunion même de ce concile pour relever les ruines de l'Église. Prenons pour modèles ce que nous lisons dans Esdras, Néhémie et Daniel, lorsqu'il fut question de finir la captivité de Babylone et de rebâtir le temple et la ville de Jérusalem. Chefs et peuples confessèrent leurs péchés et implorèrent la miséricorde de Dieu; dès lors tout leur réussit, malgré tous les obstacles. Enfin nous sommes ici les conseillers et les juges des douze tribus d'Israël, c'est-à-dire de tout le peuple de Dieu ; comme tels nous devons agir de la manière que Dieu et les hommes nous recommandent, n'avoir ni colère, ni haine, ni prédilection pour personne, pas plus pour les princes, ecclésiastiques ou séculiers, que pour d'autres ; mais rappelons-nous toujours que nous procédons ici en la présence de Dieu, de ses anges et de l'Église universelle 1. »

Après cette exhortation l'évêque de Castellamare lut du haut de la chaire les constitutions du Pape, tant celles qui concernaient le jour de l'ouverture que celles qui interdisaient l'exercice du droit de suffrage par procureur. Vint ensuite le décret …

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1 Labbe, t. 14, col. 973 et seqq. Le Plat, t. 1, p. 38-46.

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Message  Louis Jeu 18 Juil 2013, 6:02 am

Exhortation des légats.
Décret sur la manière de vivre dans le concile.
Deux oppositions à ce décret.


(suite)

…Vint ensuite le décret de la manière de vivre et des autres choses qui se devaient observer pendant le concile.

« Le saint concile de Trente, légitimement assemblé dans le Saint-Esprit, les trois légats du siège apostolique y présidant, reconnaissant avec l'apôtre saint Jacques « que tout bien excellent et tout don parfait vient d'en haut et descend du Père des lumières, qui départ la sagesse avec abondance et sans reproche à tous ceux qui la lui demandent 1,» et sachant aussi que « la crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse 2 , » a résolu d'abord et jugé à propos d'exhorter, comme il fait aujourd'hui, tous et chacun des fidèles chrétiens qui se trouvent à présent dans cette ville de Trente à se corriger des vices et des péchés qu'ils peuvent avoir commis jusqu'ici, pour vivre dorénavant dans la crainte de Dieu et s'abstenir des désirs de la chair ; à s'appliquer à la prière, à fréquenter les sacrements de Pénitence et d'Eucharistie, à visiter souvent les églises ; et que chacun enfin s'efforce de tout son pouvoir d'accomplir les commandements du Seigneur, et fasse tous les jours quelques prières particulières pour la paix entre les princes chrétiens et pour l'union de l'Église.

« Quant aux évêques et à tous les membres de l'ordre sacerdotal qui composent dans cette ville le concile général ou qui y assistent, qu'ils s'appliquent assidûment à bénir Dieu et à lui présenter continuellement l'offrande de leurs prières et de leurs louanges, et qu'au moins chaque dimanche, qui est le jour auquel Dieu a créé la lumière et auquel Notre-Seigneur est ressuscité et a répandu le Saint-Esprit sur ses disciples, ils aient soin d'offrir le sacrifice de la messe ; faisant, comme le même Saint-Esprit l'ordonne par l'Apôtre, « des supplications, des prières, des demandes et des actions de grâces 3» pour notre Saint-Père le Pape, pour l'empereur, pour les rois et pour tous ceux qui sont élevés en dignité, et généralement pour tous les hommes, afin que nous menions une vie paisible et tranquille, que nous jouissions de la paix et que nous puissions voir l'accroissement de la foi.

« Le saint concile les exhorte, de plus, à jeûner, au moins tous les vendredis, en mémoire de la passion de Notre-Seigneur, et à faire des aumônes aux pauvres. Que, dans l'église cathédrale, on dise tous les jeudis la messe du Saint-Esprit, avec les litanies et les autres prières ordonnées à ce dessein, et que, dans les autres églises, on dise le même jour au moins les litanies et les prières ; que surtout, pendant qu'on célébrera les saints mystères, on s'abstienne de toutes sortes d'entretiens et de discours frivoles ; qu'on soit attentif à ce que fait le célébrant, et qu'on y réponde aussi bien de l'esprit que de la bouche.

« Et parce qu'il faut que les évêques…

________________________________________________

1 Jacob, 1, 17. — 2 Ps. 110, 10. —3 1 Tim, 2, 1.

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Message  Louis Jeu 18 Juil 2013, 12:34 pm

Exhortation des légats.
Décret sur la manière de vivre dans le concile.
Deux oppositions à ce décret.


(suite)

« Et parce qu'il faut que les évêques se montrent irréprochables, sobres, chastes et intelligents dans la conduite de leur propre famille 1, le saint concile les exhorte, premièrement, à observer chacun à sa table une telle frugalité qu'il n'y ait aucun excès ni superfluité dans les mets, et comme c'est là d'ordinaire qu'on se laisse le plus aller à des discours vains et inutiles, qu'ils fassent faire pendant le repas quelque lecture de l'Écriture sainte. Ensuite, à l'égard des domestiques, que chacun ait soin de les instruire et de les avertir de n'être point querelleurs, ivrognes, débauchés, intéressés, arrogants, blasphémateurs ni déréglés dans leurs mœurs, mais qu'ils évitent toute sorte de vices ; qu'ils s'affectionnent à la vertu, et que, dans toutes leurs actions, leurs habits et leur manière extérieure, ils fassent voir une modestie et une honnêteté dignes des serviteurs et domestiques des ministres de Dieu.

  « Au surplus, le soin, l'attention et le dessein principal du saint concile étant de dissiper les ténèbres des hérésies qui depuis tant d'années ont couvert toute la surface de la terre, en réformant tout ce qui pourra avoir besoin de réforme et faisant paraître en son jour la pureté, l'éclat et la lumière de la vérité catholique, à la faveur et par la protection de Jésus-Christ, qui est la lumière véritable, il exhorte tous les catholiques qui se trouvent ici assemblés, ou qui s'y trouveront dans la suite, particulièrement ceux qui sont versés dans les saintes lettres, à s'appliquer chacun avec une sérieuse attention à la recherche et à la découverte des moyens par lesquels une si sainte intention puisse être remplie et heureusement conduite à sa fin, de manière que, parles voies les plus promptes, les plus prudentes et les plus convenables, on parvienne à condamner ce qui se trouvera condamnable et à approuver ce qui sera digne d'approbation, et qu'ainsi, par toute la terre, tous les hommes puissent, d'une même bouche et par une même profession de foi, bénir et glorifier Dieu, Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

« Au reste, dans les suffrages, conformément au statut du concile de Tolède, lorsque les prêtres du Seigneur tiendront leur séance dans le lieu de bénédiction, aucun ne doit s'emporter jusqu'à troubler l'assemblée par des bruits et des tumultes indiscrets, ou par des cris et des paroles inconsidérés, ni par des contestations vaines, opiniâtres et mal fondées ; mais chacun tâchera d'adoucir tout ce qu'il aura à dire par des termes si affables et des expressions si honnêtes que ceux qui les entendront n'en soient pas offensés et que la droiture du jugement ne soit point altérée par le trouble de l'esprit.

« Enfin le saint concile a ordonné et déclaré que, s'il arrive par hasard que quelques-uns n'aient pas séance en la place qui leur est due, et soient obligés de donner leur avis, même par le mot de placet, c'est-à-dire je le trouve bon, et d'assister aux assemblées ou avoir part à quelque autre acte que ce puisse être, pendant le concile, personne dans la suite n'en souffre pour cela préjudice, ni que personne aussi n'en puisse prétendre l'acquisition d'un nouveau droit 1. »

Les Pères, interrogés, selon la coutume, si ce décret leur plaisait, l'approuvèrent généralement, sauf deux oppositions…

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(1) 1, Tim. 3, 2.– (1) Labbe, t. 14, col. 741.

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Message  Louis Ven 19 Juil 2013, 6:28 am

Exhortation des légats.
Décret sur la manière de vivre dans le concile.
Deux oppositions à ce décret.


(suite)

Les Pères, interrogés, selon la coutume, si ce décret leur plaisait, l'approuvèrent généralement, sauf deux oppositions ; la première, de Guillaume Dupré, évêque de Clermont: il demanda que, dans le décret où l'on ordonnait des prières pour l'empereur et pour les autres princes en général, on exprimât nommément le roi de France. Cette demande avait déjà été présentée par les Français dans la congrégation précédente, et, comme on leur avait répondu que ce serait exciter la jalousie des autres princes qui ne seraient pas également nommés, ou que, si on voulait les nommer tous, on tomberait dans les discussions les plus fastidieuses de préséance, ils insistèrent en alléguant que, puisque leur roi était le seul avec l'empereur dont le Pape fît mention dans de la bulle de convocation du concile, il pouvait bien être aussi le seul qui fût nommé dans le décret. Néanmoins la majorité fut d'avis d'ajourner la décision pour le roi des Romains. Ce qui contribua le plus à déterminer  les Français à se désister, ce fut l'usage où est communément l'Église de ne faire dans la prière du vendredi saint mention d'aucun autre prince séculier que de l'empereur.

La seconde opposition qu'éprouva le décret vint de la part de plusieurs évêques qui se plaignirent de l'omission de ces mots: représentant l'Église universelle ; formule employée avec une affectation schismatique par le concile de Bâle, et qui, pour cette raison, inspirait une juste défiance aux légats et à la majorité des Pères. Les opposants étaient un Français, l'archevêque d'Aix, quatre Espagnols et cinq Italiens. Ensuite on demanda aux Pères s'ils étaient d'avis que, pour éviter des longueurs inutiles, on regardât comme faite la lecture des autres bulles pontificales que l'évêque de Castellamare tenait alors à la main, s'ils voulaient assigner tels emplois à telles personnes (et là on nomma celles qui avaient eu les suffrages dans les congrégations précédentes), et enfin s'il leur convenait de fixer la session prochaine au quatrième jour de février. L'assemblée répondit à toutes ces questions par un assentiment unanime 1

Dans la congrégation du 13 janvier le premier légat se plaignit…

__________________________________________________

1 Pallavicin l. 6, c. 5.
 
A suivre : Discussions sur le titre de représentant l’Église universelle.


Dernière édition par Louis le Ven 19 Juil 2013, 12:00 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Ven 19 Juil 2013, 11:44 am

Discussions sur le titre de représentant l’Église universelle.

Dans la congrégation du 13 janvier le premier légat se plaignit de quelques Pères qui, contrairement au rejet qu'on avait fait, dans l'assemblée du 5, du titre magnifique de concile représentant l'Église universelle , n'avaient pas eu honte, dans la session solennelle, de s'opposer pour cette raison à la rédaction du décret, et là furent déduites tout de nouveau les raisons nombreuses qu'on avait de s'abstenir de ce titre. L'usage des plus anciens conciles s'y opposait ; on ne l'avait pas même fait à Constance, si ce n'est dans certains actes plus importants, comme lorsqu'on eut à procéder contre un usurpateur du premier Siège ou à condamner de nouveaux hérésiarques. L'emphase de cette épithète allait mal à une assemblée composée de si peu de prélats et si pauvre en ambassadeurs ; il ne fallait pas s'exposer aux bons mots des Luthériens, qui ne manqueraient pas de rappeler l'ancien proverbe que c'est le propre des hommes petits de se dresser sur la pointe des pieds. Mais rien ne servit plus à apaiser les opposante qu'une observation du frère Jérôme Séripand, général des Augustins.

Persuadé que, ce qui rend si difficile la conciliation d'opinions opposées, c'est la répugnance qu'on éprouve à s'avouer vaincu dans la discussion, il fit voir qu'il ne s'agissait pas de bannir ce titre à jamais, mais de le réserver à des temps meilleurs, lorsque le concile serait dans un état plus florissant, et pour des questions dont l'importance répondrait à la majesté de ce titre. Ainsi, cachant sous le nom d'ajournement leur désistement réel, ces évêques se retirèrent honorablement du combat. Il voulurent cependant qu'on ajoutât au décret précédent les épithètes d'œcuménique et d'universel, puisque le souverain Pontife les appliquait lui-même au concile dans la bulle de convocation, et de cette nouvelle disposition prise à l'égard d'un décret fait antérieurement il résulta qu'il en parut quelques exemplaires où était cette addition et quelques autres où on ne la trouvait pas. Le seul évêque de Fiésole s'était tellement infatué de ce titre brillant que, dans une autre assemblée générale où il s'agissait d'arrêter la forme du décret sur le symbole de la foi, il protesta que sa conscience lui défendait de jamais consentir à un décret qui manquait de cet ornement indispensable, et il refusa de s'en rapporter, comme le lui conseilla le cardinal Polus, à l'avis de la majorité consultée une dernière fois. Le premier président le reprit de cette sortie ; mais la réprimande la plus mortifiante pour lui fut de se trouver abandonné de tout le monde dans cette prétention dont on était fatigué. Les Pères furent indignés de voir un de leurs collègues récuser l'autorité unanime de ceux qui étaient rassemblés pour donner au monde chrétien des décisions qui tiendraient lieu de loi.

Dans les congrégations du 18 et du 22 janvier on discuta longuement et vivement si…

A suivre : Discussion sur le point de savoir si l’on commencerait par le dogme ou par la réforme. On décide de traiter à la fois des deux choses.

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Message  Louis Sam 20 Juil 2013, 5:19 am

Discussion sur le point de savoir
si l’on commencerait par le dogme ou par la réforme.
On décide de traiter à la fois des deux choses.

Dans les congrégations du 18 et du 22 janvier on discuta longuement et vivement si l'on traiterait d'abord des dogmes ou si l'on commencerait par la réforme. Le Pape pensait que le concile ne devait s'occuper que de la foi ; l'empereur, pour complaire aux protestants, voulait que l'on commençât par la réforme, ce qui était vouloir tirer les conséquences avant d'avoir posé les principes, vouloir couronner un édifice avant d'en avoir assuré les fondements.

Pour concilier le tout les légats proposèrent  de s'occuper à la fois du dogme et de la réformation. La majorité parut de cet avis dans  l'assemblée du 18 ; mais dans celle du 22  le cardinal de Trente lut un discours qui fit revenir la majorité au sentiment de l'empereur. Le premier président, le cardinal del Monte, avant qu'elle se fût expliquée, prit son parti en homme habile; il dit

« qu'il remerciait Dieu d'avoir inspiré au cardinal de Trente la pensée si ecclésiastique de commencer la réforme de la chrétienté par eux-mêmes ;

qu'il s'offrait sur-le-champ, comme il était le premier en dignité, à donner aussi le premier l'exemple ;

qu'il se démettrait de son évêché de Pavie, qu'il laisserait tout ce qu'il y avait de brillant dans son train et qu'il réduirait sa cour ;

que chacun des autres en pourrait faire autant, et que la réforme des Pères serait consommée en peu de jours, à la grande édification du monde chrétien ; mais

qu'il ne fallait pas pour cela ajourner les décisions dogmatiques, ni souffrir que tant de chrétiens continuassent, au risque de se perdre, à vivre au milieu de ténèbres qui seraient imputables au concile chargé de les dissiper ;

que la réforme de la chrétienté était une affaire de difficile exécution et qui demanderait beaucoup de temps ;

qu'il y avait besoin de réforme ailleurs qu'à la cour romaine ;

que, si on criait plus contre elle, ce n'était pas qu'elle fût la plus vicieuse, mais la plus en évidence ;

que, les abus se retrouvant dans tous les ordres, tout habit avait besoin de la brosse et tout champ du râteau ;

qu'il ne convenait pas d'attendre la fin d'un travail si long pour éclairer les fidèles sur la véritable doctrine du Sauveur, et de laisser, en attendant, s'engloutir dans les abîmes du Cocyte, comme parle l'Ecriture, tant d'âmes qui pensaient traverser les eaux du Jourdain.»

Ces paroles du légat furent comme un enchantement qui changea à l'heure même le visage et le cœur de chacun…


Dernière édition par Louis le Sam 20 Juil 2013, 3:23 pm, édité 1 fois (Raison : mise en forme)

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Message  Louis Sam 20 Juil 2013, 12:33 pm

Discussion sur le point de savoir
si l’on commencerait par le dogme ou par la réforme.
On décide de traiter à la fois des deux choses.


(suite)

Ces paroles du légat furent comme un enchantement qui changea à l'heure même le visage et le cœur de chacun. On avait cru jusqu'à ce jour que les prélats romains ne redoutaient rien tant que leur propre réforme, et que la foi et les dogmes n'étaient que des mots spécieux avec lesquels ils se paraient des apparences du zèle; mais, à cette bonne volonté des légats pour l'exécution prompte de la réforme, chacun des évêques demeura étonné et satisfait. Le cardinal de Trente seul fut mortifié; il était, en entrant, à la tête de tous et pour ainsi dire triomphant avant de combattre, et il se voyait tout à coup seul, abandonné, et, de censeur ardent des autres, devenu l'objet d'une critique indirecte qui le signalait comme ayant besoin lui-même de réforme à cause de l'opulence de ses revenus ecclésiastiques et de la magnificence du train qu'il menait. Il protesta donc, au milieu de son trouble, qu'on avait mal pris ses paroles, qu'il n'avait voulu attaquer personne, qu'il était persuadé qu'il y avait tel évêque qui administrait mieux deux évêchés que tel autre un seul; que, quant à lui, il était disposé à se démettre de celui de Brixen, quand le concile le jugerait à propos.

Le cardinal Cervini, second président, développant la pensée de son collègue, ajouta que les Pères agissaient sous les yeux d'un Juge qu'on ne pouvait tromper ; si, au préjudice de leurs propres intérêts, ils cherchaient ceux de Dieu, ils acquerraient des droits à la vénération du monde entier; pour être digne de cette récompense ce n'était pas la paille des paroles qu'il fallait, mais l'or des actions. Ensuite il montra la nécessité de ne pas négliger les décisions de foi, à l'exemple de ce qui se faisait dans les anciens conciles, à une époque où pourtant le monde n'était pas pur d'abus.

Ce même sentiment fut embrassé par le cardinal Polus et par le cardinal espagnol Pachéco ; ce dernier ajouta que la réforme ne devait pas se borner à une classe de personnes, qu'elle devait être universelle.

Vint après le général des Servîtes, qui opina dans le même sens; il établit, avec les propres paroles des hérétiques, qu'eux-mêmes imputaient la démoralisation dans les ecclésiastiques à la religion qu'ils avaient dénaturée ; que la corruption est la compagne inséparable de l'impiété; si donc on ne décidait pas d'abord les vérités de la religion, quelque grande amélioration qu'on fît dans ce qui regardait la discipline, les hérétiques n'approuveraient jamais comme honnête la vie de ceux dont ils jugeaient la croyance sacrilège.

L'opinion qu'on ne devait pas préférer les règlements de discipline aux discussions de foi prévalut donc tellement que…

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Message  Louis Dim 21 Juil 2013, 6:48 am

Discussion sur le point de savoir
si l’on commencerait par le dogme ou par la réforme.
On décide de traiter à la fois des deux choses.


(suite)

L'opinion qu'on ne devait pas préférer les règlements de discipline aux discussions de foi prévalut donc tellement que quelques-uns allèrent jusqu'à dire que, si une de ces deux matières devait se différer pour céder le pas à l'autre, il serait plus convenable de commencer exclusivement par la foi.

Mais la raison qui convainquit le plus fortement de la nécessité d'embrasser les deux matières en même temps, ce fut la considération des derniers mots prononcés à Worms, à la fin de la diète précédente. On y avait dit que, dans le cas où, à l'époque de la diète suivante, indiquée pour être tenue prochainement à Ratisbonne, on n'aurait pas l'espérance de recevoir de la part du concile un remède convenable à l'un et à l'autre mal, on y pourvoirait au moyen d'une assemblée impériale. On ne pouvait donc pas négliger l'un ou l'autre sans s'exposer au danger de voir les laïques en prendre soin, au grand applaudissement des hérétiques et à la honte de l'Église, dont la paix serait troublée. D'autres résolutions moins importantes furent arrêtées dans cette congrégation.

Le Pape voulait d'abord que le concile s'occupât exclusivement de la foi, dans la crainte qu'à propos de réforme quelques esprits brouillons ne vinssent renouveler à Trente la confusion de Bâle, et de fait l'évêque de Fiésole était un peu de ce caractère ; mais, quand il sut comment les choses s'étaient passées, Paul III acquiesça au parti qu'on avait pris1.

______________________________________________

1 Pallavicin, 1, 6, c, 7 et 8.
 
A suivre :  Troisième session. Discours du Dominicain Antoine Polite. Profession de foi de tout le concile.

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Message  Louis Dim 21 Juil 2013, 11:58 am

Troisième session.
Discours du Dominicain Antoine Polite.
Profession de foi de tout le concile.

La troisième session eut lieu le 4 février 1546; Pierre Tagliava, archevêque de Palerme, chanta la messe; le sermon fut prononcé en latin par le frère Antoine Polite, de Sienne. Ce Dominicain, d'abord professeur de droit civil dans le siècle, y avait eu le premier légat pour disciple ; nommé ensuite évêque de Minori, il devint enfin archevêque de Conza. Sa dévotion pour la sainte de son pays et de son ordre lui fit prendre le nom de Catharin ; il est resté célèbre dans l'école, où pourtant on admire plus son génie qu'on ne suit sa doctrine.

Il commence par bénir le Père des miséricordes qui lui avait enfin donné de voir ce concile si longtemps attendu; mais il n'est pas encore sans inquiétude. « Plus le concile doit faire de bien, plus Satan lui suscitera d'obstacles. Le Seigneur vous en prévient en disant à Pierre : « Simon, Simon, voici que Satan vous a demandés à cribler comme du froment; mais moi j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point ; lors donc que tu seras converti confirme tes frères. » Tout cela vous regarde, ô saint concile, car dans un sens spirituel vous êtes Pierre, puisque celui qui tient les clefs de Pierre est au milieu de vous comme votre chef. Prenez donc garde au cribleur. En criblant le sénat apostolique il en gagna un sur douze. L'Église est un corps dont le chef est Jésus-Christ, de qui le vicaire en terre est Paul III. Qui n'est pas sous le chef n'est pas dans le corps ; qui méprise le vicaire méprise le Seigneur; il est tombé du crible et n'appartient plus au Christ, mais à Satan. Craignez donc, pendant la secousse, de tomber du crible. Voyez Pierre lui-même ; il dit d'abord avec assurance : « Quand il me faudrait mourir avec vous je ne vous renierai point; » et bientôt il le renie en tremblant à la voix d'une servante.

Mes Pères, l'esprit du mal a encore deux servantes bien à craindre. Vous demandez lesquelles? La première n'est pas loin de chacun de nous, c'est à chacun sa propre chair; la seconde est la convoitise de la gloire humaine, l'ambition, la mère et la nourrice de tous les hérétiques ; car, enflée de sa présomption magistrale, elle ne sait ni écouter, ni se taire, ni apprendre, mais brûle d'enseigner toujours et de parler. »

L'orateur prémunit ensuite les Pères contre la crainte des puissances du siècle…

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Message  Louis Lun 22 Juil 2013, 6:49 am

Troisième session.
Discours du Dominicain Antoine Polite.
Profession de foi de tout le concile.


(suite)

L'orateur prémunit ensuite les Pères contre la crainte des puissances du siècle, qui voudraient abuser du concile pour leurs intérêts particuliers, et leur rappelle ce précepte du Seigneur : « Ne craignez point ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent davantage; mais craignez celui qui, après avoir tué le corps, peut envoyer l'âme dans la géhenne du feu; je vous le dis, craignez celui-là 1. »

Après ce discours eut lieu la solennelle profession de foi par tout le concile.

Nous avons vu que les apôtres, avant de se séparer pour marcher à la conquête spirituelle du monde, dressèrent le Symbole ou abrégé de la foi qu'ils allaient prêcher à toutes les nations. C'est la substance de ce que Dieu a dit à nos pères, par les patriarches et les prophètes, et enfin par son propre Fils. Ce Symbole, chaque fidèle le récitait devant l'évêque à son baptême, chaque martyr ou confesseur devant le tribunal des persécuteurs. Lorsque l'hérésie arienne attaque la doctrine de ce Symbole, l'Église, à peine sortie des catacombes et portant encore les stigmates de la persécution, se rassemble à Nicée ; là elle explique, développe et sanctionne ce symbole héréditaire, comme la loi inviolable de la foi, de l'espérance et de la charité chrétienne, que pendant trois siècles elle n'a cessé d'arroser de son sang. Douze siècles plus tard, lorsqu'une nouvelle hérésie reproduit presque toutes les anciennes, l'Église de Dieu leur oppose cette même profession de foi comme un bouclier impénétrable aux traits enflammés de l'ennemi.

L'archevêque de Sassari lut donc le décret suivant du symbole de la foi : …

________________________________________

1 Labbe, t. 14, col. 1000.

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Message  Louis Lun 22 Juil 2013, 12:32 pm

Troisième session.
Discours du Dominicain Antoine Polite.
Profession de foi de tout le concile.

(suite)
L'archevêque de Sassari lut donc le décret suivant du symbole de la foi :

« Au nom de la sainte et indivisible Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit;

« Le saint et sacré concile de Trente, œcuménique et général, légitimement assemblé dans le Saint-Esprit, les trois mêmes légats du Siège apostolique y présidant ; considérant la grandeur et l'importance des choses à traiter, et principalement ces deux points capitaux, l'extirpation des hérésies et la réformation des mœurs, qui ont particulièrement donné lieu à cette assemblée, et reconnaissant avec l'Apôtre qu'il n'a point à combattre contre la chair et le sang, mais contre les esprits de malice dans les régions célestes 2 ; il exhorte avec le même Apôtre tous et chacun en particulier, ayant toutes choses, à mettre leur force et leur confiance au Seigneur et en la puissance de sa vertu, prenant en main, en toutes occasions, le bouclier de la foi, pour pouvoir amortir et éteindre tous les traits enflammés du malin esprit 1 et à s'armer encore du casque de l'espérance du salut, avec le glaive spirituel, qui est la parole de Dieu. Dans cet esprit donc, et afin que son pieux travail soit accompagné, dans son commencement et dans la suite, de la grâce et de la bénédiction de Dieu, il a résolu et prononcé, pour première ordonnance, qu'il faut d'abord commencer par la profession de foi, suivant en cela les exemples des Pères, qui, dans les plus saints conciles, ont accoutumé d'opposer ce bouclier contre toutes les hérésies au commencement de leurs actions. Ce qui leur a si bien réussi que quelquefois, par ce seul moyen, ils ont attiré les infidèles à la foi, forcé les hérétiques et confirmé les fidèles. Voici donc le Symbole dont se sert la sainte Eglise romaine, et que le concile a jugé à propos de rapporter en ce lieu, comme étant le principe dans lequel conviennent nécessairement tous ceux qui font profession de la foi de Jésus-Christ, et comme le fondement ferme et unique contre lequel les portes de l'enfer ne prévaudront jamais. Le voici mot à mot, tel qu'il se lit dans toutes les églises : …

______________________________________________________

2 Éphés., 6, 12.– 1 Ibid.. , 16.


Dernière édition par Louis le Mar 23 Juil 2013, 5:33 am, édité 1 fois (Raison : ponctuation)

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Message  Louis Mar 23 Juil 2013, 5:29 am

Troisième session.
Discours du Dominicain Antoine Polite.
Profession de foi de tout le concile.

(suite)
«… Le voici mot à mot, tel qu'il se lit dans toutes les églises :

« Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de toutes choses visibles et invisibles; et en un seul Seigneur Jésus-Christ, Fils unique de Dieu et né du Père avant tous les siècles; Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu ; engendré et non fait; consubstantiel au Père ; par qui toutes choses ont été faites; qui pour nous hommes et pour notre salut est descendu des cieux et a pris chair, a été incarné de la Vierge Marie par la vertu du Saint-Esprit, et s'est fait homme ; qui a été aussi crucifié pour nous sous Ponce Pilate, a souffert et a été enseveli; qui est ressuscité le troisième jour selon les Ecritures, et est monté au ciel, est assis à la droite du Père, et viendra une seconde fois avec gloire juger les vivants et les morts, duquel le règne n'aura point de fin ; et au Saint-Esprit, Seigneur et vivifiant, qui procède du Père et du Fils; qui, avec le Père et le Fils, est conjointement adoré et glorifié ; qui a parlé par les prophètes ; et l'Église, une, sainte, catholique et apostolique. Je confesse un baptême pour la rémission des péchés, et j'attends la résurrection des morts et la vie du siècle à venir. Ainsi soit-il. »

Priés de dire leur avis sur ce décret, le premier légat et ensuite tous les Pères répondirent : « Il nous plaît, nous le croyons ainsi. » Il n'y eut que trois  évêques qui voulurent qu'on y ajoutât quelque chose; leur demande fut écrite sur un billet qu'ils remirent à l'assemblée afin d'éviter le scandale qu'aurait  produit une opposition de vive voix : l'un était celui de Fiésole ; il déclarait dans son billet qu'il ne pouvait approuver ce décret ni aucun autre à moins qu'on ne donnât au concile le titre auquel il avait droit, de représentant l'Eglise universelle. Les deux autres furent les évêques de Carpaccio et de Badajoz ; ils déclaraient qu'ils ne consentaient à l'omission du titre en question, pour cette fois, qu'à condition que le concile conserverait le droit de l'ajouter quand il le jugerait à propos.

Dans un second décret  on fixa la prochaine session au 8 avril. Ce terme était bien reculé, mais on se proposait, par ce délai, de donner plus de force et d'autorité aux décisions qu'on prendrait ; car on savait que plusieurs évêques étaient déjà en route et que d'autres se préparaient à partir pour le concile. On convint de ne pas interrompre l'examen des points qu'on croirait susceptibles de devenir le sujet des décisions. Les trois évêques signalés plus haut firent encore des observations pareilles aux premières 1.

Pendant que l'Eglise catholique, toujours une, proclamait au concile de Trente la foi toujours une des patriarches, des prophètes, des apôtres, des martyrs, la foi de tous les siècles et de tous les pays chrétiens, l'Allemagne protestante allait toujours se divisant d'avec la catholicité et d'avec elle-même…
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1 Pallavicin, 1, 6, c. 9.
 
A suivre : Dernières actions et mort de Luther, de Georges Spalatin et Justus Jonas.

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Message  Louis Mar 23 Juil 2013, 12:32 pm

Dernières actions et mort de Luther, de Georges Spalatin et Justus Jonas.

Pendant que l'Eglise catholique, toujours une, proclamait au concile de Trente la foi toujours une des patriarches, des prophètes, des apôtres, des martyrs, la foi de tous les siècles et de tous les pays chrétiens, l'Allemagne protestante allait toujours se divisant d'avec la catholicité et d'avec elle-même, et s'enfonçant de plus en plus dans l'anarchie religieuse et intellectuelle où nous la voyons encore plongée après trois siècles. L'auteur de cette funeste anarchie, le moine apostat de Wittemberg, mourut le 18 février 1546; il mourut à peu près comme Julien l'Apostat, qui fut lui-même clerc et moine.

En opposition avec l'Église catholique, en opposition avec les Zwingliens, les Calvinistes, les anabaptistes, les sacramentaires, les Anglicans, en opposition avec lui-même, Luther devenait plus furieux avec les années. Sa lettre si emportée contre les docteurs de Louvain est de la fin de sa vie. Ce ne fut qu'une vingtaine de jours avant sa mort, le 25 janvier, qu'il écrivit la fameuse lettre où, sur ce que les Zwingliens l'avaient appelé malheureux, il s'écrie : « Ils m'ont fait plaisir ; moi donc, le plus malheureux de tous les hommes, je m'estime heureux d'une seule chose et ne veux que cette béatitude du Psalmiste : Heureux l'homme qui n'a point été dans le conseil des sacramentaires, et qui n'a point marché dans les voies des Zwingliens, ni ne s'est assis dans la chaire de ceux de Zurich. »  Mélanchthon et ses amis étaient honteux de tous les excès de leur chef; on en murmurait, sourdement dans le parti,  mais personne n'osait parler. Si les sacramentaires se plaignaient à Mélanchthon et autres, qui leur étaient plus affectionnés, des emportements de Luther, ils répondaient « qu'il adoucissait les expressions de ses livres par ses discours familiers, et les consolaient sur ce que leur maître, lorsqu'il était échauffé, disait plus qu'il ne voulait dire 1 ; ce qui était, disaient-ils, un grand inconvénient, mais où ils ne voyaient point de remède. »

Les comtes de Mansfeld, principaux piliers du luthéranisme, se haïssaient en frères ennemis pour un bout de territoire. Luther…

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1 Hospin., p. 194 199, etc.

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Message  Louis Mer 24 Juil 2013, 6:20 am

Dernières actions et mort de Luther, de Georges Spalatin et Justus Jonas.

(suite)

Les comtes de Mansfeld, principaux piliers du luthéranisme, se haïssaient en frères ennemis pour un bout de territoire. Luther offrit sa médiation ; elle fut repoussée par l'un d'eux comme offensante. Cependant, sur les instances de l'électeur, il se raidit à Islèbe : c'était son endroit natal. A peine en eut-il aperçu les clochers qu'il fut saisi d'une sorte de pâmoison, Revenu à lui, il dit aux assistants de ne pas s'étonner de cette syncope, œuvre du diable, qui n'avait jamais manqué de l'assaillir chaque fois qu'il avait quelque grande mission à remplir. Le lendemain de son arrivée il avait oublié ses douleurs. Il monta en chaire dans l'église de Saint-André, où, en présence d'une foule accourue de loin, il répéta contre le Pape et les moines toutes les vieilles injures qui traînaient dans ses livres depuis près de vingt ans. Il avait cru, en chassant les juristes auxquels les princes avaient remis leurs intérêts, ramener la paix dans la famille de Mansfeld ; mais ses efforts échouèrent.

Les princes le reçurent magnifiquement et dépensèrent à le fêter les meilleurs vins du Rhin et le gibier le plus fin des forêts voisines. Luther fit honneur à ses hôtes, mangea et but en joyeux convive, jusqu'à y perdre la raison et la santé. Ennemi capital du jeûne et de l'abstinence, il mourra d'une indigestion.

Au milieu de ces tables somptueuses et de ces larges coupes qu'il vidait comme dans son adolescence, Luther épanche son humeur en sarcasmes contre le Pape, l'empereur, les moines et le diable aussi, qu'il n'oublie pas. « Mes chers amis, dit-il, il ne nous faut mourir que quand nous aurons vu le diable par la queue 1. Je l'aperçus hier matin qui me montra le derrière sur les tours du château 2. » Alors, se levant de table, il détacha de la muraille un morceau de craie et traça sur la paroi ce vers latin : Pestis eram vivus, moriens tua mors ero, Papa. « Vivant, j'étais pour toi la peste, ô Pape ! mort, je serrai ta mort. » Et il vint se rasseoir au milieu des rires des convives, qui croyaient que Dieu venait d'écrire la sentence de la papauté 3.

Voilà trois siècles, et la papauté vit encore. Mais…

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1 Tischreden. Islèbe, fol. 67. — 2 Seckendorf, 1. 3, s. 36, § 134. — 3 Audin, Hist. de Luther, t. 2, p. 535.

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Message  Louis Mer 24 Juil 2013, 11:56 am

Dernières actions et mort de Luther, de Georges Spalatin et Justus Jonas.

(suite)

Voilà trois siècles, et la papauté vit encore. Mais il est une autre prophétie de Luther qui a peut être eu son accomplissement. Le 21 août 1532 on se plaignait devant lui de l'oppression que souffraient les ministres et les prédicants. Luther répondit ; « Il en sera autrement chez nos descendants; aujourd'hui nous sommes dans le paroxysme, la fièvre nous agite, ils nous oppresseront jusqu'à ce que nous les salissions de notre selle; après quoi ils adoreront notre fumier et le prendront pour du baume 1. » C'est aux princes, aux peuples et aux prédicants luthériens d'Allemagne, de Danemark, de Suède et de Norvège, de nous apprendre jusqu'à quel point cette prophétie de leur patriarche s'est accomplie.

Mais revenons à Islèbe. A peine Luther eut-il écrit sur la muraille sa sentence contre le vicaire du Christ, au milieu des rires des convives, qu'il se sentit lui-même frappé d'une indicible tristesse qui ne le quitta plus. Un des convives lui présenta un verre de bière; un autre se mit à parler à son voisin du style des Écritures. Luther lui répondit par ce billet, qu'il laissa sur la table : « Nul ne peut comprendre les Bucoliques de Virgile s'il n'a été cinq ans berger; nul les Géorgiques s'il n'a été cinq ans laboureur; nul les épîtres de Cicéron s'il n'a manié vingt ans les affaires ; nul déguster suffisamment les Ecritures s'il n'a gouverné cent ans les églises, avec les prophètes Élie, Elisée, Jean-Baptiste, Jésus-Christ et les apôtres. Pour toi, n'entreprends pas cette divine Enéide, mais adores-en humblement les vestiges. En vérité nous sommes des gueux. 16 février 1546 2, » Ce billet fut transcrit par un des convives, Jean Aurifaber, qui l'inséra dans les Propos de table ou colloques de Luther. Voilà comment, la veille de sa mort, Luther condamna tout le luthéranisme ; car le luthéranisme consiste essentiellement à livrer à chacun l'interprétation des saintes Écritures.

Comme on se levait de table vint un de ses disciples de Francfort qui apportait la nouvelle de la mort du Pape Paul III…

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1 Tischreden. Francfort, f. 347, B. — 2 Id. Francfort, fol. 3, B.

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Message  Louis Jeu 25 Juil 2013, 5:50 am

Dernières actions et mort de Luther, de Georges Spalatin et Justus Jonas.

(suite)

Comme on se levait de table vint un de ses disciples de Francfort qui apportait la nouvelle de la mort du Pape Paul III ; c'était une rumeur qui s'était répandue. «Voilà le  quatrième Pape que j'enterre, dit gaiement Luther; j'en enterrerai bien d'autres. Si je meurs, vous verrez venir un homme qui ne sera pas aussi doux que moi pour la monacaille. Je lui aï donné ma bénédiction; il prendra une faucille, celui-là, et la tondra comme un épi 3. »

Le lendemain la nouvelle se trouva fausse. La défaillance de Luther augmentant toujours, il dit aux siens qui le transportaient au lit : « Priez pour Notre-Seigneur Dieu et pour son Évangile, afin qu'il leur arrive bonheur; car le concile de Trente et le maudit Pape sont terriblement irrités contre lui 1. » Appliquées au Dieu véritable ces paroles sont un blasphème; mais rappelons-nous bien que le Dieu de Luther est un être si méchant qu'il nous punit non-seulement du mal que nous n'avons pu éviter et qu'il a opéré lui-même en nous, mais encore du bien que nous avons fait de notre mieux, c'est-à-dire que c'est Satan ou quelque chose de pis. Pour ce dieu-là, sans doute, le concile de Trente et le Pape étaient à craindre; jamais on n'a fait un plus grand éloge de l'un et de l'autre.

Pendant la nuit du 17 au 18 février 1546 Luther éprouva de mortelles angoisses, dans lesquelles il mourut après plusieurs heures d'agonie, à l'âge de soixante-deux ans, après avoir protesté dans ses dernières prières « qu'il avait cru, confessé et prêché le Christ, mais le Christ que le Pape déshonore, persécute et blasphème. » Ce sont les paroles d'un historien protestant 2. Sur quoi il est bon de se rappeler qu'il n'y a qu'un vrai Christ, mais qu'il y a plusieurs faux christs, comme il y a plusieurs anges de ténèbres qui se transforment en anges de lumière. Reste à voir quel Christ le successeur de saint Pierre, avec le concile de Trente, combat et maudit; si c'est le Christ, Fils du Dieu vivant, qui a dit : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle;» ou bien quelque faux christ, comme ceux qui ont aveuglé le peuple déicide, comme le dieu de ce siècle qui aveugle l'intelligence des infidèles. On saura ainsi, par contre-coup, quel Christ l'apostat Luther a cru, confessé et prêché à l'Allemagne.

Le 16 janvier de l'année précédente (1545) son dévoué protecteur à la cour de Saxe, Georges Spalatin, curé ou prédicant d'Altenbourg, avait terminé sa vie dans une grande tristesse, après qu'un curé ou prédicant eut épousé la marâtre de sa femme défunte et que lui-même y eut donné les mains; ce qui lui causa ensuite de cuisants remords. Vainement Luther lui rappela-t-il, dans une lettre, sa téméraire doctrine sur la justification : « Croire, comme un article de foi, que, malgré tous ses crimes, on est en état de grâce 1. » C'était donner la présomption pour remède au désespoir. Justus Jonas, superintendant de Halle entre les bras de qui Luther mourut à Islèbe, étant lui-même plus tard au lit de la mort, se montra si désespéré et si inconsolable que son domestique dut lui dire de gros mots pour lui redonner quelque contenance 2.

Le cardinal Pallavicin, avec assez de justesse, compare Luther à un géant, mais avorté…

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3 Florimond de Rémond, l. 3, c. 2, fol. 287. Bozius, de Sign. Eccl., l.. 23, c. 3. Ling. in vita Luth., fol. 4. Audin, p. 537. — 1 Menzel, Hist.  des Allemands depuis la réformation , t. 2, p, 426. — 2 Id. ibid. — 1 Walch, t 10, p. 2022.— 2 Menzel, t. 2, p. 429. note.
 
A suivre :   Caractère de Luther  suivant Pallavicin.

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Message  Louis Jeu 25 Juil 2013, 12:00 pm

Caractère de Luther  suivant Pallavicin.

Le cardinal Pallavicin, avec assez de justesse, compare Luther à un géant, mais avorté. En effet on n'y voit rien de complet ni de mûr; c'est une grandeur, mais informe ; une énergie, mais sauvage; une science, mais indigeste ; une force, mais téméraire et aveugle, qui ne songe qu'à détruire, sauf à s'irriter plus tard des ruines qu'elle a faites. Pour guérir la noire mélancolie qui le désespère il confond la présomption avec la confiance, l'homme avec la brute, Dieu avec Satan, le bien avec le mal, les bonnes œuvres avec le crime, l'Église avec le monde, le sacerdoce avec le peuple, la tète avec les pieds; puis, quand il a mis l'Allemagne sens dessus dessous, il injurie tout le monde de ce qu'il n'y a plus d'accord dans les esprits, plus d'union dans les cœurs, plus de règle dans les mœurs, plus de subordination dans l’Église, plus de respect pour ses ministres, et, de colère, il prédit aux Allemands que, s'ils méconnaissent alors sa voix, un jour viendrait où ils adoreront son fumier et le prendront pour du baume 3.

Et, la veille de sa mort, il écrit sa propre condamnation : « Il faut avoir gouverné cent ans les Églises avec Jésus-Christ, les apôtres et les prophètes, pour pouvoir seulement déguster les divines Écritures ; » c'est-à-dire, je suis un fou et un misérable, moi qui, sans avoir gouverné une seule Église un seul jour, me suis arrogé non-seulement de déguster les Écritures, mais de les juger, de les admettre ou de les réprouver, de les interpréter, et de préférer mon interprétation à celle de tous les siècles et docteurs chrétiens. C'est à Rome, qui gouverne les Églises, non-seulement depuis cent ans, mais depuis seize cents, avec Jésus-Christ, les apôtres, les martyrs, les saints docteurs, c'est à Rome seule qu'il appartient d'interpréter les Écritures qu'elle a reçues en dépôt.

Ce que Pallavicin dit de Luther on peut le dire de toute la nation allemande…

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 3 Id., t. 1, p. 483.
 
A suivre : Caractère de la nation allemande.

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