Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET

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Message  Louis Mer 07 Nov 2012, 10:24 am

DÉVOTION DE LA SŒUR LE BER ENVERS LE TRÈS-SAINT SACREMENT.
ELLE REÇOIT LA VISITE DE DEUX ANGLAIS.


(suite)

Cette disposition de son cœur, toujours amoureusement présent à JESUS au Très-Saint Sacrement, paraissait assez dans la position de son corps. Car non seulement elle se tournait vers le Saint Tabernacle, dans ses actions de religion, par exemple, durant la Sainte Messe, que tous les jours elle entendait, en partie, les bras en croix ; mais même dans les actions les plus ordinaires, et les plus communes, telles que celles des repas, qu'elle prenait toujours à genoux, tournée du côté où reposait le Très-Saint Sacrement ; comme l'aimant, qui malgré les secousses qu'il peut éprouver, s'agite, se pousse et se dirige perpétuellement vers le Nord. Aussi avec qu'elle ardeur ne volait-elle pas à la Sainte Table, pour s'unir réellement à celui, qu'elle adorait sans cesse par la foi ? Elle avait ce bonheur quatre fois chaque semaine, et c'étaient autant de jours de délices célestes, et de saints transports, pour un cœur aussi épris de l'amour de JESUS, que l'était le sien.

Enfin, comme si le temps de la journée n'eût pas suffi à son amour continuel, et toujours haletant pour JESUS : elle interrompait son sommeil, et se levait invariablement à minuit, pour s'entretenir de nouveau avec cet Époux céleste. Dans le silence et la solitude de la nuit, elle pouvait, en toute liberté et sans crainte d'être vue de personne, descendre à l'Eglise, alors que les portes extérieures en étaient fermées. Quittant donc ainsi sa cellule, pendant que la Communauté prenait son sommeil, elle allait se prosterner au pied de l'autel, et là elle demeurait en adoration une heure entière toutes les nuits, et même deux heures, la veille des fêtes ; sans que les froids les plus rudes, aient jamais pu ralentir sa ferveur. L'une de ses plus chères pratiques, dans cette oraison de la nuit: c'était comme on l'a dit déjà, de rendre ses devoirs d'adoration à JESUS, en s’unissant à ceux que lui offrent perpétuellement les Saints Anges, dans ce Sacrement adorable. Elle s'unissait encore à ces Esprits célestes, dans les louanges qu'ils rendent sans fin â la Très-Sainte Trinité, récitant de cœur avec eux le cantique : Saint, Saint, Saint, le Seigneur le Dieu des armées célestes; le ciel et la terre sont remplis de sa gloire ; comme aussi la doxologie : Gloire soit au Père, et au Fils, et au Saint Esprit, comme il était au commencement, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Mais surtout…

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Message  Louis Mer 07 Nov 2012, 4:56 pm

DÉVOTION DE LA SŒUR LE BER ENVERS LE TRÈS-SAINT SACREMENT.
ELLE REÇOIT LA VISITE DE DEUX ANGLAIS.


(suite)

… Mais surtout elle s'offrait elle-même à Dieu, comme Hostie de pénitence, pour tous les pécheurs, en s'unissant à JESUS, l'agneau immolé pour les péchés du monde, notre seule Hostie de propitiation, auprès de son Père. Pour se donner ainsi à JESUS, et n'être avec lui qu'une seule victime, elle s'unissait avec Marie, qui a participé si excellemment à sa pénitence et à ses douleurs sur le Calvaire; et qui dans le ciel, ne cesse de s'offrir et d'intercéder pour tous les pécheurs.

JESUS au Très-Saint Sacrement, l'objet de tous les sentiments de cette sainte Recluse, était encore le motif et la fin de ses occupations les plus ordinaires, dans les intervalles qui partageaient ses exercices de piété. Car, elle travaillait alors pour JESUS, à moins qu'elle ne fut appliquée à quelque ouvrage, pour les pauvres.

Se rappelant, que dans la maison de Nazareth, dont sa cellule lui offrait l'image, Marie s'était occupée à préparer de ses mains, les linges et les vêtements qui devaient servir à l'Enfant JESUS : elle s'unissait avec bonheur aux dispositions de cette divine Mère, en pensant que les corporaux, les purificatoires, les nappes qu'elle faisait, étaient destinés pour le corps adorable de son Fils, et que les ornements et les devants d'autels, qu'elle brodait pour cela avec tant d'assiduité et d'application, devaient également contribuer à son honneur et à la pompe de son culte.

En entrant dans la maison de la Congrégation, elle avait fait espérer de contribuer de sa part, à la décoration et aux ornements de la nouvelle Eglise. Elle s'acquitta de sa promesse avec autant d'empressement que de générosité. Car presque tous les ornements qui servirent à l'autel pendant sa vie, furent son propre ouvrage ; et de plus, elle eût soin de procurer par ses pieuses largesses, ceux qu'elle ne pouvait faire de ses mains. Ainsi, elle donna un très beau Tabernacle, un Ciboire, un Calice et un Soleil de Vermeil, des Burettes avec leur plateau, une Lampe, un Encensoir avec sa Navette. Tous ces objets qu'on conserve encore à la Congrégation sont en argent, et très délicatement travaillés.

Mais ces objets extérieurs, offerts à JESUS, n'étaient rien, pour contenter son ardent amour….

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Message  Louis Jeu 08 Nov 2012, 6:30 am

DÉVOTION DE LA SŒUR LE BER ENVERS LE TRÈS-SAINT SACREMENT.
ELLE REÇOIT LA VISITE DE DEUX ANGLAIS.


(suite)
Mais ces objets extérieurs, offerts à JESUS, n'étaient rien, pour contenter son ardent amour. Peu satisfaite même des hommages intérieurs, qu'elle ne cessait de lui rendre, elle désira pour les augmenter encore, et les rendre perpétuels, de s'associer la ferveur de la sœur Bourgeoys, et celle de ses saintes compagnes; et, dans ce dessein, elle leur proposa d'établir, dans leur Eglise, l'Adoration du Très-Saint Sacrement, pour toutes les heures du jour. Elles agréèrent avec bonheur sa proposition, et commencèrent à la réaliser, peu de temps après qu'elle fut entrée dans sa cellule, en sorte qu'en tout temps, excepté certains jours, ou l'Adoration devait avoir lieu à l'Eglise paroissiale, il y eût continuellement, depuis la prière du matin, jusqu’à celle du soir, une sœur en adoration devant le Très-Saint Sacrement, au nom de toute la communauté.

Elle fit plus, voulant assurer à JESUS-CHRIST, un tribut d'hommages, qui lui était rendu par des âmes si pures et si ferventes ; elle désira que les sœurs de la Congrégation s'engageassent à le lui offrir à perpétuité, en acceptant une Fondation particulière, pour le soutien de laquelle, elle offrit une somme de trois mille livres. Les Sœurs l'acceptèrent avec joie et reconnaissance, et M. Dollier de Casson approuva une Fondation, si utile et si religieuse. Enfin, pour qu'il ne manquât rien aux honneurs qu'elle désirait de faire rendre à Notre-Seigneur dans cette Eglise, elle y fonda une Messe quotidienne qui devait y être célébrée par un prêtre du Séminaire, à l'heure la plus commode pour les Sœurs, et assigna pour cette Fondation une somme de huit mille livres.

L'amour si ardent de la Sœur Le Ber pour le Très-Saint Sacrement, qui seul l'avait attirée et la retenait dans sa cellule, fut aussi le seul motif de toutes les dures privations, et des austérités volontaires, qu'elle y pratiqua constamment.

En 1698, M. de Saint Valier, Evêque de Québec, étant revenu de France, et ayant fait sa visite à la Congrégation, fut bien aise d'y voir cette sainte Recluse, dont il avait entendu parlé avec estime et vénération. Il se fit donc conduire à sa cellule ; et après qu'il se fut informé de sa manière de vivre, il ne put s'empêcher d'en être singulièrement frappé, et d'admirer lui-même tout ce que produisaient de force, de générosité et de constance, dans cette âme céleste, sa foi vive et ardente, et les flammes de sa charité, envers JESUS-CHRIST au Très-Saint Sacrement.

Sur ces entrefaites, deux Anglais…

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Message  Louis Jeu 08 Nov 2012, 3:34 pm

DÉVOTION DE LA SŒUR LE BER ENVERS LE TRÈS-SAINT SACREMENT.
ELLE REÇOIT LA VISITE DE DEUX ANGLAIS.

(suite)

Sur ces entrefaites, deux Anglais de considération, qui se trouvaient à Ville-Marie, et qui connaissaient la famille Le Ber, témoignèrent au Prélat le désir de la voir dans sa solitude, pour s'assurer par eux-mêmes, si tout ce qu'ils en avaient entendu dire, était conforme à la vérité. Il ne douta pas, que la vue de cette sainte Recluse, ne fit sur leurs cœurs une salutaire impression; et voulut bien, les conduire lui-même à sa cellule.

Ils furent extraordinairement frappés de voir la plus riche fille du Canada, dans un réduit si étroit et si pauvre ; et endurer tant de privations à la fois. Car, bien que, par obéissance, elle eut conservé la propriété de ses biens, la Sœur Le Ber pratiquait aussi exactement la pauvreté réelle dans sa cellule, que pouvaient le faire de fervents religieux, dans les communautés les plus réformées et les plus austères. Ils furent surtout étrangement surpris, de là trouver vêtue d'une robe de grosse serge, gris-blanc, toute usée, avec un tablier de même étoffe ; et chaussée de souliers de paille de blé-d'Inde, que, par esprit de pauvreté, elle faisait elle-même de ses mains.

La vue de sa couchette ne leur causa pas un moindre étonnement: elle consistait, en une simple paillasse, qu'elle ne remuait jamais, afin d'être couchée plus durement, un oreiller de paille, et une couverture, sans drap, ni matelas. Sa nourriture se ressentait de la pauvreté de tout le reste. Il est vrai que la délicatesse de son tempérament, ne lui permettait pas de s'interdire, tout à fait, l'usage de la viande, mais, à cette exception près, ses repas étaient tout ce qu'on pouvait imaginer de plus frugal et de plus simple. Elle ne mangeait à son dîner que du bouilli, et le soir de la soupe seulement ; et encore, tous les samedis de l'année, et la veille d'un grand nombre de fêtes, jeûnait-elle au pain et à l'eau.

Ces deux étrangers ne revenaient pas de leur surprise ; et l'un d'eux qui était Ministre protestant, ne put s'empêcher de lui demander, à la fin, pourquoi donc elle se condamnait à une vie si dure, tandis qu'elle pourrait vivre dans le monde, avec tant de commodités et de douceurs?

" C'est une pierre d'aimant qui m'a attirée dans cette cellule, lui répondit-elle, et qui m'y tient ainsi séparée de toutes les jouissances et des aises de la vie."

L'autre voulant savoir qu'elle pouvait donc être cette pierre d'aimant : Mlle Le Ber…


Dernière édition par Louis le Ven 09 Nov 2012, 3:56 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Ven 09 Nov 2012, 6:45 am

DÉVOTION DE LA SŒUR LE BER ENVERS LE TRÈS-SAINT SACREMENT.
ELLE REÇOIT LA VISITE DE DEUX ANGLAIS.

(suite)

…Mlle Le Ber qui se trouvait alors avec ces étrangers, au rez-de-chaussée de son appartement, ouvrit la petite fenêtre, par où elle recevait la Sainte Eucharistie; et se prosternant, humblement du côté du tabernacle: "Voilà," dit-elle, en portant ses regards vers l'autel, " voilà ma pierre d'aimant. C'est la personne adorable de Notre-Seigneur, véritablement et réellement présent dans la Sainte Eucharistie, qui m'engage à renoncer à toutes choses, pour avoir le bonheur de vivre auprès de lui: sa personne a pour moi un attrait irrésistible."

Et là-dessus elle se mit à lui parler de cet auguste Mystère, avec une foi si vive, un zèle si ardent, et des paroles si embrasées, par la ferveur de son amour pour DIEU, que le Ministre en demeura tout étonné. La Sœur Le Ber, qui avait une grande facilité à s'exprimer, et beaucoup de vivacité et de feu, semblait, en effet, avoir un langage inspiré de DIEU, lorsqu'elle parlait sur des matières de religion, à cause de la conviction des vérités évangéliques, dont son esprit et son cœur étaient tout pénétrés ; mais surtout, lorsqu’elle parlait sur la Sainte Eucharistie : tant était vive sa foi à ce Mystère incompréhensible de l'amour de DIEU pour nous.

Les impressions qu'elle laissa dans les cœurs de ces étrangers ne pouvaient être que très vives et très profondes. Celui des deux qui était Ministre protestant, étant ensuite retourné dans son pays racontait souvent les circonstances de cette visite ; et ne parlait jamais de la Sœur Le Ber, que comme d'une sorte de prodige, n'ayant rien vu, disait-il, de si extraordinaire dans tout le Canada.

M. Montgolfier, Supérieur du Séminaire de Ville-Marie, qui écrivait, environ cinquante ans après la mort de la Sœur Le Ber, ajoute au récit précédent de M. de Belmont, que ce Ministre, disait-on, avait eu le bonheur dans la suite, de renoncer à l'hérésie et d'embrasser la vrai foi. La vie de la Sœur Le Ber, dans sa solitude, était en effet une sorte de miracle continuel, inimitable à l'hérésie; et qui aurait dû suffire pour convaincre tout esprit droit, de la vérité de la foi catholique, qui seule pouvait lui communiquer cette constance et cette force vraiment surhumaines, comme on a pu le voir déjà, et comme on le verra de plus en plus encore, dans le chapitre qui suit.
A suivre : Chapitre VI. AUSTÉRITÉS DE LA SOEUR LE BER DANS SA CELLULE. RÈGLEMENT DE VIE QU'ELLE SUIT.


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Message  Louis Ven 09 Nov 2012, 3:58 pm

LIVRE TROISIEME


ENTRÉE DE LA SŒUR LE BER A LA CONGRÉGATION.
SA DÉVOTION ENVERS JÉSUS-CHRIST AU TRÈS-SAINT SACREMENT.
SES PRATIQUES POUR LUI TÉMOIGNER SON AMOUR.


CHAPITRE VI.



AUSTÉRITÉS DE LA SOEUR LE BER DANS SA CELLULE.
RÈGLEMENT DE VIE QU'ELLE SUIT.


La pauvreté très étroite que la Sœur Le Ber observait, dans son vêtement, dans sa chaussure, dans tout son ameublement; la nourriture si commune et si grossière qu'elle prenait, et à laquelle elle n'ajoutait jamais aucun adoucissement, ni rien d'extraordinaire, même les jours des plus grandes solennités ; tous ces genres de privations, étaient déjà une sorte de pénitence très rude et très accablante, pour une personne d'un tempérament frêle et délicat, tel qu'était le sien. Néanmoins, son amour pour JESUS-CHRIST au Très-Saint Sacrement, qui lui inspirait ce genre de vie, savait encore y ajouter. Ainsi, comme si sa chétive et grossière nourriture, eut été trop exquise, elle s'en privait fréquemment par des jeûnes rigoureux au pain et à l'eau ; et les jours où elle s'accordait sa nourriture ordinaire, elle la prenait en quantité si petite, qu'on s'étonnait, avec raison, qu'elle put suffire pour la faire subsister. La mère Juchereau, rapporte de plus, qu'avant de s'en nourrir, la Sœur Le Ber attendait que ses aliments fussent gâtés et moisis.

Quoique son linge fut extrêmement grossier, souvent elle s'en passait entièrement: et se contentait de ses habits qui n'étaient faits que de la serge la plus commune et la plus rude, ayant même soin de les raccommoder et de les rapiécer une multitude de fois, avant de cesser de s'en servir. Nous avons déjà rapporté, qu'elle portait toujours sur sa chair une haire de crins, ou une ceinture de même matière, et qu'elle n'était jamais sans l'un ou l'autre de ces instruments. A toutes ces mortifications, elle joignait encore celle du froid, durant la plus grande partie de l'année : car bien qu'il y eût dans sa cellule un poêle, meuble absolument indispensable en Canada, il était rare qu'elle le chauffât suffisamment, pour ne pas endurer les incommodités de la saison. Enfin, l'été, elle souffrait les excès de la chaleur, quelquefois étouffante dans sa cellule; sans se présenter jamais à la fenêtre, lorsqu'elle aurait pu, à certaines heures du jour, y trouver un peu de fraîcheur. Voilà, ce que lui inspirait son grand amour pour JESUS-CHRIST, résidant près d'elle dans le Saint Tabernacle; ou plutôt une partie de ce que son grand amour pour lui, lui inspirait.

Le règlement de vie, qui lui fixait la distribution de son temps, et auquel nous verrons qu'elle était rigoureusement et religieusement fidèle, lui fournissait, en effet, la matière d'une nouvelle et très dure mortification. Durant les vingt années de son séjour à la Congrégation, elle se leva tous les jours à quatre heures, depuis Pâques jusqu'à la Toussaint; et à quatre heures et demie le reste de l'année. Elle faisait ensuite sa première oraison, qui durait une heure, puis récitait les Petites Heures de l'Office de la Très-Sainte Vierge, et entendait enfin la Sainte Messe, pendant une partie de laquelle, elle avait les bras en croix, ainsi qu'on l'a déjà rapporté.

De neuf heures à neuf heures et demie, elle faisait une lecture spirituelle, et de dix à onze heures une seconde heure d'oraison ; après quoi, elle lisait un chapitre du Nouveau Testament, suivi de l'examen particulier; Elle dînait à onze heures et demie ; à une heure, elle récitait vêpres et complies du Petit Office ; puis, faisait une seconde demi-heure de lecture spirituelle; et à quatre heures, sa troisième heure d'oraison.

Elle soupait à six heures ; récitait le chapelet, et d'autres prières vocales, à sept heures ; et se couchait enfin à huit heures et demie. Outre les trois heures qu'elle employait à l'oraison, les jours ordinaires: elle en consacrait deux autres à ce saint exercice, les Dimanches et les Fêtes, l'une pendant là grand' messe, l'autre durant les vêpres.

Enfin, comme on l'a déjà remarqué, elle se levait toutes les nuits, pour faire une autre heure d'oraison, après laquelle elle répétait Matines et Laudes du Petit Office ; et la veille des Fêtes, cette Oraison de la nuit durait deux heures, sans préjudice des cinq autres heures, qu'elle employait à ce saint exercice le lendemain.

Voilà, quelle était la distribution de son temps…


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Message  Louis Sam 10 Nov 2012, 6:53 am


AUSTÉRITÉS DE LA SOEUR LE BER DANS SA CELLULE.
RÈGLEMENT DE VIE QU'ELLE SUIT.

(suite)

Voilà, quelle était la distribution de son temps : il était partagé entre le travail, la lecture et les exercices de piété; et voici, maintenant, quelques particularités sur la manière dont elle vaquait à ces occupations diverses.

Le grand soin que la Sœur Le Ber est toujours d'éviter l'oisiveté ; lui faisait employer entièrement au travail des mains, tout le temps que son règlement ne désignait pas pour quelqu'autre usage, sans prendre jamais aucune récréation. La fin qu'elle se proposait, en travaillant ainsi, c'était, ou de vêtir JESUS-CHRIST vivant dans la personne des pauvres, ou de l'honorer au Très-Saint Sacrement, soit en faisant des ornements pour les ministres qui le consacrent, soit en décorant les tabernacles, où il veut bien résider.

Elle s'appliquait quelquefois à filer et à tricoter pour les pauvres, aussi bien que pour elle-même; mais toujours elle leur réservait ce qu'il y avait de meilleur, dans le produit de son travail, et ne retenait que le pire pour son propre usage. Ses bas n'étaient faits, qu'avec la laine la plus grossière, ou d'une sorte de filasse poignante, que les plus misérables auraient eux-mêmes dédaignés. Son amour pour les pauvres, à qui elle faisait souvent d'assez grandes largesses, la rendait ainsi très parcimonieuse pour elle-même : jusque là qu'elle cousait toujours quelque morceau de vieux cuir, sous ses souliers de feuille de blé-d'Inde, non-seulement, pour faire moins de bruit en marchant dans sa cellule, (et cela par respect pour le Très-Saint Sacrement, qui reposait à côté) ; mais aussi, comme elle le disait elle-même, pour faire durer ses souliers plus longtemps, et être par là plus en état d'assister les pauvres.

Son travail le plus ordinaire avait pour objet…


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Message  Louis Sam 10 Nov 2012, 4:32 pm


AUSTÉRITÉS DE LA SOEUR LE BER DANS SA CELLULE.
RÈGLEMENT DE VIE QU'ELLE SUIT.

(suite)

Son travail le plus ordinaire avait pour objet, des linges ou des ornements destinés aux saints autels. Elle excellait surtout pour la broderie, et l'on admirait avec raison, tous les ouvrages de ce genre qui sortaient de ses mains. La laine, la soie, l'or, l'argent y étaient employés avec une habileté égale. Par l'usage intelligent de ces matières, par l'heureux mélange qu'elle faisait des couleurs, et le bon goût qui la dirigeait dans tous ses ouvrages : elle savait donner à ses broderies, un éclat et une richesse, qui les plaçaient au premier rang, et les faisaient considérer, alors, comme autant de modèles. Quoiqu'elle n'eût jamais appris le dessin, et que dans sa cellule, elle fut réduite à se faire à elle-même ses propres modèles : on était étonné de la parfaite régularité, du goût exquis, et de la grâce qui distinguaient toutes ses compositions. Il serait impossible d'évaluer le nombre de ses ouvrages; car elle n'avait pas moins d'activité, dans cette sorte de travail, que de facilité et d'adresse.

En 1721, M. de Belmont écrivait : " Outre presque tous les ornements, qui sont présentement à la Congrégation : elle a fourni à toutes les paroisses du Nord et du Sud du gouvernement de Montréal, des chasubles, des devants-d'autel, des bouquets et d'autres ornements."

On voit encore, aujourd'hui, à l'Église paroissiale de Ville-Marie, un ornement complet, à fond glacé d'argent, composé du devant-d'autel, de la chasuble, des dalmatiques et de la chappe, dont toutes les broderies sont de la main de la Sœur Le Ber. C'est une preuve, encore subsistante de son habileté, et, tout à la fois, un monument de sa religion, bien digne d'être conservé précieusement dans le trésor de cette Eglise.

Elle sanctifiait son travail, en occupant alors son esprit et son cœur, de la méditation des sujets de piété, qui avaient été la matière de ses lectures. Ses livres de prédilection, étaient le Psautier et le Nouveau Testament, et avec beaucoup de raison : le Psautier qui est une exposition des sentiments intérieurs de JESUS-CHRIST, dont pour cela l'âme fidèle, ou l'Église sur la terre, fait sa nourriture de chaque jour, pour s'animer de sentiments semblables à ceux de son divin époux ; le Nouveau Testament, qui dans le récit des actions et des paroles de JESUS, offre à l'âme fidèle, le modèle de la vie parfaite, et lui rappelle les espérances qu'elle attend. La Sœur Le Ber s'était rendu ces deux livres si familiers, par ses fréquentes lectures, qu'elle les savait presque par cœur ; et en pénétrait très bien le sens.

A ces lectures…

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Message  Louis Dim 11 Nov 2012, 7:17 am


AUSTÉRITÉS DE LA SOEUR LE BER DANS SA CELLULE.
RÈGLEMENT DE VIE QU'ELLE SUIT.

(suite)


A ces lectures, elle ajoutait diverses pratiques de dévotion, et un grand nombre de prières vocales. Outre les prières chrétiennes du matin et du soir, le Petit Office et le chapelet ; elle récitait encore l'Office de la Croix et les Litanies des Saints, tous les jours: et l'Office des morts trois fois la, semaine.

Par l'Office des morts, elle avait en vue d'attirer sur la Colonie la protection des âmes de tant de fervents colons, horriblement massacrés par les Iroquois. L'extrémité ou plusieurs fois Ville-Marie s'était vue réduite : les cruautés exercées en tant d'occasions, contre un grand nombre de ses citoyens, massacrés ou réduits en esclavage : la crainte continuelle, où l'on était alors, de tomber au pouvoir des ennemis communs du pays, les Anglais, les Hollandais et les Iroquois; tous ces motifs avaient engagé en 1691, les citoyens et à leur tête M. Le Ber père, à réclamer, auprès de DIEU, les prières des saintes âmes du purgatoire, et spécialement celles des âmes des concitoyens morts pour la défense de la foi et du pays. A cette intention, ils avaient promis par un vœu solennel de faire célébrer en faveur de ces âmes, un service, chaque semaine, pendant un an, et de bâtir une chapelle attenante à l'Eglise paroissiale, où l'on pourrait célébrer à l'avenir des messes pour les défunts. Il était bien naturel, que la Sœur Le Ber, en sa qualité de victime auprès de DIEU, pour sa patrie, s'unit à la dévotion commune, et la continuât encore, après l'année du vœu expirée; pour ce motif donc, outre toutes ses autres prières, elle récitait trois fois par semaine l'Office des morts.

Tant de prières, tant d'exercices de piété joints à une vie si pauvre, si dure, continuée toujours la même, pendant tant d'années, sont sans contredit, la preuve incontestable d'une vertu héroïque dans la Sœur Le Ber, et d'un amour sans borne envers JESUS-CHRIST résidant dans la Sainte Eucharistie. Mais ce qui relève l'éclat de sa vertu, et montre comme à découvert tout ce qu'elle lui inspirait, de force, de magnanimité et de constance ; c'est qu'elle se portait à ce genre de vie, sans éprouver aucune consolation sensible. Car dans les efforts continuels qu'elle était obligée de faire contre elle-même, pour persévérer ainsi, sans se relâcher jamais de sa ferveur : elle n'était soutenue par aucun appui humain, ni encouragée par aucune de ces douceurs, qu'on rencontre ordinairement dans la pratique de la vie parfaite, comme nous allons le raconter dans le chapitre suivant.

A suivre : Chapitre VII. MALGRÉ LES ÉPREUVES INTÉRIEURES QU'ELLE SOUFFRE PENDANT PLUS DE VINGT ANS, LA SŒUR LE BER
DEMEURE FIDÈLE A TOUS SES EXERCICES, OBÉISSANTE A SON DIRECTEUR, ET NE CHERCHE QU'EN DIEU SEUL SA CONSOLATION.


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Message  Louis Dim 11 Nov 2012, 12:06 pm

LIVRE TROISIEME


ENTRÉE DE LA SŒUR LE BER A LA CONGRÉGATION.
SA DÉVOTION ENVERS JÉSUS-CHRIST AU TRÈS-SAINT SACREMENT.
SES PRATIQUES POUR LUI TÉMOIGNER SON AMOUR.


CHAPITRE VII.


MALGRÉ LES ÉPREUVES INTÉRIEURES QU'ELLE SOUFFRE PENDANT PLUS DE VINGT ANS,
LA SŒUR LE BER DEMEURE FIDÈLE A TOUS SES EXERCICES, OBÉISSANTE A SON DIRECTEUR,
ET NE CHERCHE QU'EN DIEU SEUL SA CONSOLATION.


On a vu que la Sœur Le Ber consacrait quatre heures à l'oraison, les jours ordinaires; cinq heures d'autres jours; d'autres, enfin, sept heures. A en juger par le temps qu'elle y employait, on pourrait croire que ses longues oraisons, étaient pour elle un exercice très agréable, où elle n'éprouvait que délices, et ne goûtait que charmes et que suavité ; c'était tout le contraire. Il est vrai que, les années qu'elle passa en solitude dans la maison paternelle, DIEU pour l'attacher, de plus en plus, à son service, lui fit trouver alors dans l'exercice de l'oraison, une source abondante de paix et de douceurs. Mais avant qu'elle fut entrée à la Congrégation, et pendant plus de vingt ans, avant sa mort, il la fit passer et la conduisit toujours depuis, par une voie d'épreuves très rude et très pénible, qui ne peut guère être comprise, que par ceux qui l'ont eux-mêmes expérimentée.

C'est la conduite qu'il tient sur les grandes âmes, lorsqu'il les élève à une haute perfection. Les lumières et les douceurs dont il se sert pour attirer suavement à lui celles qui commencent à le servir, ne les rendent pas vertueuses, quoiqu'elles les excitent à aimer la vertu. Ces lumières et ces douceurs leur inspirent bien le goût de la vertu ; mais sans leur donner la vertu elle-même qui doit être le fruit de la peine et du travail. Ce sont comme ces friandises, que les mères donnent à leurs enfants, pour les déterminer à remplir leurs devoirs. Tant qu'on est obligé d'employer ces douceurs, pour obtenir des enfants ce qu'on désire d'eux: c'est une preuve que l'amour du devoir est encore bien faible dans leurs cœurs ; si toutefois, il y a pris racine. Ainsi, tant qu'une âme est conduite dans la voie suave des lumières et des douceurs sensibles, qui ne touchent en elle que la partie inférieure: elle est semblable aux enfants dont nous parlons : elle est encore dans un état de faiblesse et d'enfance.

DIEU voulant donc traiter la Sœur Le Ber, en âme forte, et l'exercer aux vraies et solides vertus, fondées essentiellement sur l'abnégation intérieure: il lui retira toutes les vives lumières, qui avaient éclairé et charmé jusqu'alors son esprit, et la priva en même temps, de toutes les douceurs sensibles, qui auparavant attiraient fortement son cœur, et lui donnaient comme des ailes pour voler vers lui. Ce n'est pas à dire, pourtant, que par cette soustraction, DIEU délaisse l'âme qu'il veut perfectionner. Il ne cesse pas alors de verser toujours sa pure charité et ses autres dons dans la partie supérieure, où il réside : la soustraction dont nous parlons n'ayant pour objet que ce qu'il y a de sensible dans les dons de DIEU, et n'affectant pour cela, que la partie inférieure de l'âme.

Après donc que DIEU eût retiré à la Sœur Le Ber ses dons sensibles…

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Message  Louis Lun 12 Nov 2012, 7:10 am


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(suite)

…Après donc que DIEU eût retiré à la Sœur Le Ber ses dons sensibles, elle passait ses longues oraisons dans des épreuves accablantes : il lui semblait qu'il n'y eût dans son esprit qu'obscurité profonde ; et dans son cœur que sécheresse continuelle, et complète aridité. Elle n'eût plus alors pour guide que la foi pure et simple en la bonté de DIEU envers elle ; et pour soutien que la soumission à sa très-sainte volonté. Il est vrai que par intervalle, DIEU faisait briller dans l'esprit de sa fidèle servante, quelques petits traits de lumière très vive et très pénétrante; et laissait tomber sur son cœur quelques gouttes de la source immense de ses ineffables consolations. Mais c'était pour la replonger aussitôt dans les obscurités précédentes, et lui laisser éprouver de nouveau ses premières aridités. Voilà comment elle a passé les vingt dernières années de sa vie. Par ce moyen elle a mis le comble à ses sublimes vertus ; et a laissé encore dans sa personne, un parfait modèle, de la fidélité que doivent à DIEU, les âmes qu'il daigne sanctifier par ces sortes d'épreuves.

Plusieurs, rebutées bientôt, des aridités apparentes, qu'elles rencontrent, alors, dans la piété, se relâchent aisément de la fidélité à leurs exercices, dans lesquels elles ne trouvent plus aucun goût. Ce ne fut pas la conduite que tint notre sainte Recluse : durant les vingt années de ses épreuves, elle persévéra dans toutes ses pratiques de piété, avec la même fidélité qu'auparavant. Elle n'omit, ni n'abrégea jamais aucune de ses Oraisons, si multipliées et si longues : se levant toujours la nuit avec le même empressement, et se rendant à l'Oraison avec la même ponctualité, quoiqu'elle ne dût y éprouver que sécheresse et froideur apparente.

Enfin, elle était scrupuleusement fidèle à passer d'un exercice à l'autre, précisément au moment marqué par son règlement; et c'était ce qui frappait, surtout, la personne chargée de la servir, Anne Barroy, sa cousine. Quoiqu'elle ignorât les peines intérieures qu'elle souffrait, elle ne laissait pas d'admirer cette fidélité ponctuelle et invariable, que la Sœur Le Ber ne pouvait lui cacher : celle-ci étant dans la nécessité de recevoir journellement de ses mains, les aliments, et les autres objets, dont elle avait besoin.

Il est même à remarquer qu'étant devenue Sœur de la Congrégation, et obligée dans la suite de mettre par écrit ce qu'elle avait remarqué des vertus de la Sœur Le Ber, elle ne put s'empêcher d'insister particulièrement, sur sa constance invariable à observer les moindres points de sa règle. " Elle faisait tout avec tant d'exactitude, dit-elle, qu'on ne vit jamais un plus beau modèle de fidélité, ni un plus puissant motif pour animer, même les plus ferventes, à la plus parfaite observation de nos règles, jusque dans les plus petites choses, et à nous confondre dans les moindres infidélités."

Un premier fruit que la Sœur Le Ber retirait de cet état d'épreuves…

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Message  Louis Lun 12 Nov 2012, 12:11 pm


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(suite)
Un premier fruit que la Sœur Le Ber retirait de cet état d'épreuves, c'était donc de se porter à l'observation fidèle de son règlement, par le seul motif du pur amour de DIEU.

Les âmes que DIEU sanctifie par des peines semblables, si elles persévèrent, néanmoins, dans la fidélité à leurs exercices sont quelquefois tentées d'un autre côté. L'ennemi de tout bien leur faisant faussement envisager cet état d'épreuves, comme nuisible à leur avancement dans la vertu, s'efforce de leur mettre dans l'esprit, que si elles n'en sortent pas, tout est perdu pour elles. Puis, dans la vue de les écarter du droit chemin, il leur persuade que le directeur à qui elles s'adressent, ne connaît pas les peines qu'elles éprouvent, qu'il n'a pas grâce pour les en délivrer; et sous le spécieux prétexte de leur avancement spirituel, il les porte à désirer de s'adresser à quelqu'autre. D'où il arrive, que plusieurs cédant à la tentation, quittent légèrement et sans conseil leur confesseur : sans s'apercevoir, que le motif véritable de ce changement, est moins le désir de s'avancer dans la vertu, que le dégoût et l'impatience qu'elles éprouvent en la pratiquant ainsi, sans mélange de consolation sensible.

La Sœur Le Ber n'eût garde de donner jamais dans cette illusion de l'amour propre. Quoiqu'elle ne trouvât plus aucune onction dans les avis de son directeur, et que celui-ci lui eût proposé plusieurs fois de s'adresser à quelqu'autre, plus capable de la soutenir et de l'encourager dans ses épreuves ; quoique même il y eût alors à Ville-Marie deux communautés de religieux, nouvellement établis, les RR. PP. Jésuites et les Récollets, parmi lesquels elle aurait pu trouver plusieurs directeurs pleins de lumière et d'expérience, sans parler encore de plusieurs prêtres de Saint Sulpice: elle se refusa toujours à tout changement, même à s'ouvrir de ses peines à tout autre, qu'à son confesseur ordinaire. Elle crût, que son directeur ayant été l'instrument dont la divine Providence s'était servi, pour lui donner, dès son enfance, les premiers enseignements de la science du salut, et pour guider ses premiers pas dans les sentiers de la vie chrétienne : DIEU la conduirait toujours sûrement par ses avis.

Il est même à remarquer que cette persévérance ferme et invariable à recourir toujours au même directeur, ne pouvait lui être inspirée que par sa foi vive et ardente, qui lui montrait en lui, l'instrument que DIEU avait choisi pour la conduire toujours. Car M. Séguenot, l'unique directeur qu'elle ait jamais eu à Ville-Marie, fut Curé de la paroisse de la Pointe-aux-Trembles pendant vingt ans, et jusqu'en l'année 1695, qu'il fut rappelé au Séminaire. Durant tout ce temps, il ne venait guères qu'une fois, chaque semaine, à la ville, où il l'entendait en confession. L'éloignement où elle était de lui, l'impossibilité de le consulter dans des besoins imprévus, et même de le voir tous les huit jours, lorsque les chemins étaient impraticables : tous ces motifs auraient pu, ce semble, l'autoriser très raisonnablement à s'adresser à un autre directeur Elle voulut néanmoins n'avoir jamais que lui seul : jusque là, que dans sa dernière maladie, son confesseur, qui demeurait alors à Ville-Marie, étant trop indisposé pour aller la communier la nuit : elle n'osa communier sans sa permission ; quoiqu'elle eût désiré de le faire alors, et qu'un autre prêtre qui était présent, lui offrit de lui apporter la Sainte Eucharistie.

Voilà certainement la marque d'une vie de foi très parfaite, s'il en fut jamais.

Les personnes qui marchent dans la voie rude des épreuves intérieures, sont exposées à une autre sorte de tentation…

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Message  Louis Mar 13 Nov 2012, 6:27 am


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Les personnes qui marchent dans la voie rude des épreuves intérieures, sont exposées à une autre sorte de tentation. Ne trouvant plus du côté de DIEU, la consolation sensible qu'elles goûtaient auparavant, elles se tournent quelquefois vers les créatures, pour chercher dans leur entretien sur les matières de piété, quelque sorte de dédommagement; ou des moyens de distraction qui leur fassent oublier leurs peines. Toujours en garde contre ces sortes de tentations, la Sœur Le Ber, dans ses longues et rudes épreuves, ne se relâcha jamais de la résolution qu'elle avait prise, au commencent de son entrée en réclusion, de n'avoir que DIEU seul pour son unique partage sur la terre, et de ne chercher qu'en lui seul sa consolation.

D'après les restrictions, qu'on l'avait obligée de mettre à son vœu, elle aurait pu demander, à l'occasion de ses peines, de se procurer autour de sa cellule quelque petit sujet de distraction innocente, ou d'avoir avec des âmes ferventes, quelques entretiens de piété, qui eussent pu l'encourager et la fortifier à persévérer dans son genre de vie. Jamais elle ne demanda, ni l'un ni l'autre, et les refusa même généreusement, lorsqu'ils lui furent offerts.

Elle s'était proposée pour modèle, dans sa vie de retraite, Saint Jean Baptiste, se privant dans le désert de l'usage des créatures et des douceurs de la vie; et pour s'animer à garder cette abstinence parfaite, elle aimait à se rappeler ces paroles, dites de ce grand Saint: " Que dans l'attente de voir un jour le Sauveur: il ne daigna jamais jeter les yeux sur aucun autre objet, avec quelque complaisance." Ainsi quelqu'instance qu'on put faire à la Sœur Le Ber, elle ne voulut jamais avoir un petit jardin, près de sa cellule, pour y respirer l'air pur.
Dans une circonstance, où elle était indisposée, son confesseur lui ayant proposé de sortir quelques moments de sa cellule, pour changer d'air. " Ah! mon père, lui répondit-elle dans un saint transport de ferveur : ma chambre est mon paradis terrestre ; c'est mon centre, c'est mon élément. Un poisson peut-il vivre hors de l'eau? il n'y a pas de lieu plus délicieux, ni plus salutaire pour moi ; point de Louvre, point de palais, qui me soit plus agréable. Je préfère ma cellule à tout le reste de l'univers."

Nous raconterons dans la suite les instances qu'elle fit, pour engager les Sœurs de la Congrégation, à construire un nouveau bâtiment, destiné au Pensionnat et aux Ecoles…



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Message  Louis Mar 13 Nov 2012, 2:04 pm


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Nous raconterons dans la suite les instances qu'elle fit, pour engager les Sœurs de la Congrégation, à construire un nouveau bâtiment, destiné au Pensionnat et aux Ecoles ; et comme ce bâtiment fut entrepris principalement à sa sollicitation, et élevé en partie à ses frais : la Sœur qui en dirigeait la construction, et qui avait alors la liberté de lui parler, lui demanda, si lorsque l'ouvrage serait achevé, on n'aurait pas le plaisir, de la voir un instant dans cette nouvelle bâtisse. La Sainte Recluse, n'en avait jamais vu le plan, ni le local; bien qu'elle entendit tous les jours et presque continuellement à ses oreilles, la voix des ouvriers qui y travaillaient et le bruit de leurs instruments ; et quoiqu'elle eut pu voir ce bâtiment, sans presque sortir de sa cellule, elle se contenta de répondre, avec douceur : " cela ne me paraît pas être nécessaire ; mais j'y penserai." On comprit alors sa pensée; et on ne lui parla plus de cette proposition, qui resta sans effet pour elle. Enfin, elle portait si loin la mortification de toute satisfaction propre, que pouvant aisément de sa fenêtre même, jouir de la vue du jardin de la Congrégation, situé devant sa cellule, et de celui de M. Le Ber, son père, qui n'était pas éloigné : elle ne jeta jamais les yeux, ni sur l'un ni sur l'autre.

Elle n'était pas moins fidèle à s'interdire toute conversation, qui n'eut pas été nécessaire, ou ordonnée par son directeur. Lorsqu’elle entra dans sa cellule à la Congrégation, M. Séguenot lui déclara qu'elle ne pouvait en refuser l'entrée à Monseigneur l'Evêque de Québec, s'il allait la visiter ; et que deux fois l'année, elle devrait y recevoir M. Le Ber son père. Elle s'en tint scrupuleusement à cette dernière règle, sans jamais demander de voir son père plus souvent.

M. Le Ber avait, pour cette fille unique et chérie, toute la tendresse que peut ressentir le cœur d'un père, augmentée encore, par la confiance et la vénération qu'elle lui inspirait pour son innocence et ses éminentes vertus. Aussi voulut-il être inhumé dans l'Eglise même de la Congrégation ; afin qu'au moins, après sa mort, il put se trouver toujours auprès de sa fille ; et que de la sorte leurs cendres se trouvassent, un jour, réunies dans le même lieu.

De son côté, la Sœur Le Ber lui était très cordialement attachée, autant par affection naturelle, que par reconnaissance et par religion. Néanmoins pendant la maladie dont son père mourut, elle ne demanda point de sortir pour aller le visiter ; et se contenta de prier pour lui. Cette mort lui causa une affliction extrême : elle eut même à côté d'elle le touchant spectacle de l'enterrement de ce père si cher et si vénéré ; et si elle n'en vit pas de ses yeux la cérémonie funèbre: elle eut les oreilles frappées des chants lugubres dont elle fut accompagnée. Et ce qui est bien digne d'admiration : malgré son extrême douleur: elle ne manqua ce jour-là à aucun de ses exercices ordinaires.

Elle avait une amitié sincère pour tous ses autres parents…


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Message  Louis Mer 14 Nov 2012, 7:06 am


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Elle avait une amitié sincère pour tous ses autres parents, et même une bonté toute généreuse, pour quelques-uns d'entre eux moins favorisés des biens de la fortune : ayant fourni de son bien pour faire instruire plusieurs de ses petites cousines, qui seraient demeurées dans l'ignorance sans ce secours. Elle refusa cependant toujours de les voir, depuis sa réclusion. Elle ne voulut pas même recevoir la visite de ses petits neveux, de Saint Paul et de Senneville, quoiqu'ils ne l'eussent jamais vue. Tout ce qu'ils pouvaient faire pour l'entrevoir, c'était de se trouver dans l'Eglise de la Congrégation, près du sanctuaire, au moment où elle se présentait à la petite grille pour y communier. Une sainte curiosité attirait souvent aussi plusieurs personnes à la messe ces jours-là, afin de l'entrevoir dans ce court instant; et tous se retiraient singulièrement touchés de sa profonde religion et de sa grande modestie.

Après la personne de l'Evêque et celle de M. Le Ber son père, elle ne recevait, dans sa cellule, que la Supérieure de la Congrégation ; et cela une ou deux fois seulement, chaque année. La règle qu'elle s'était imposée, de l'avis formel de son directeur, lui interdisait toutes les communications qui n'étaient pas nécessaires. Ainsi, quoiqu'elle eût une personne à son service, elle ne lui adressait la parole, que lorsqu'elle ne pouvait faire autrement. Si elle était malade, et qu'on fut obligé de lui donner une Sœur pour l'assister ; elle ne parlait à cette Sœur, qu'autant que cela était nécessaire pour lui demander ses besoins. Hors le cas de maladie, elle laissait sur sa fenêtre un billet, où elle avait écrit ce qu'elle désirait ; et si elle y en trouvait quelqu'un qu'on y eût mis, elle s'abstenait de le lire, et l'envoyait à son directeur.

On permit cependant, plusieurs fois, par une faveur spéciale, à quelques Sœurs de la Congrégation, de la voir, pour lui parler de leurs peines ou de leurs troubles de conscience ; car la voie rude et aride, où elle marchait elle-même, ne lui ôtait rien de son aménité naturelle pour le prochain, ni de la facilité qu'elle avait d'exprimer ses pensées. Cette voie qui la purifiait comme l'or dans le creuset, lui donnant à elle-même une connaissance pratique des difficultés de la vie intérieure, la rendait même par là plus propre à conduire sûrement les âmes, au milieu de leurs obscurités. Son amour religieux pour le silence, et sa fidélité à le garder, lui avaient d'ailleurs mérité la grâce de toucher les cœurs par ses paroles, et de leur communiquer sa propre ferveur. Elle parlait avec tant d'onction, et une si grande plénitude de l'Esprit de DIEU, que toujours on se retirait d'auprès d'elle le cœur comme tout embrasé et renouvelé par sa conversation, et déterminé à tout faire et à tout souffrir, pour l'amour de DIEU et pour sa gloire.

Dans ces sortes d'occasion, où elle avait à parler de DIEU, elle ne se possédait plus elle-même…

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Message  Louis Mer 14 Nov 2012, 12:06 pm


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Dans ces sortes d'occasion, où elle avait à parler de DIEU, elle ne se possédait plus elle-même. C'était ce qui arrivait aussi, lorsqu'elle avait quelqu'entretien avec son directeur : ce qui arrivait assez rarement, comme nous l'apprend la mère Juchereau. " Alors, rapporte M. de Belmont, elle était comme emportée par la ferveur, la rapidité et l'onction, avec lesquelles elle parlait ; en sorte que son confesseur se voyait obligé de l'arrêter, à tout moment : ce qu'il faisait par ce mot : doucement. Se jetant aussitôt à genoux, elle lui disait : Je vous demande pardon, mon père: vous faites bien de m'avertir de mon indiscrétion ; et elle demeurait ainsi humiliée et en silence, jusqu'à ce que le confesseur lui eût permis de parler. Mais bientôt après, ce torrent de la conviction des vérités évangéliques, dont son âme était remplie, s'échappait avec la même rapidité, et la même abondance qu'auparavant."

Cette vivacité de sentiments, cette facilité à s'exprimer, et cette ardeur qui l'entraînait elle-même, quand elle parlait de DIEU, ou des choses de la religion, montre combien les épreuves de la Sœur Le Ber contribuaient efficacement à la faire avancer dans le pur amour de DIEU, et dans les voies de la solide perfection, fondée sur le renoncement à soi-même. On ne peut, en effet s'empêcher d'admirer, qu'avec de telles dispositions, elle ait pu se condamner au silence le plus rigoureux et le plus continuel et surtout qu'elle l'ait gardé pendant 34 ans, avec tant de fidélité et de constance.

A suivre : LIVRE QUATRIEME. DÉVOTION ET CONFIANCE DE LA SŒUR LÉ BER ENVERS LA TRES-SAINTE VIERGE. SON AFFECTION POUR LA CONGRÉGATION. SA SAINTE MORT.

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Message  Louis Jeu 15 Nov 2012, 6:04 am

LIVRE QUATRIEME


DÉVOTION ET CONFIANCE DE LA SŒUR LE BER ENVERS LA TRES-SAINTE VIERGE.
SON AFFECTION POUR LA CONGRÉGATION.
SA SAINTE MORT.


CHAPITRE I.


DÉVOTION FILIALE DE LA SOEUR LE BER
ENVERS LA TRÈS-SAINTE VIERGE.


Tout ce que la Sœur Le Ber pratiquait d'austérités dans sa cellule ; la pauvreté à laquelle elle s'était condamnée, sa solitude profonde, ses longues oraisons, ses veilles, son travail assidu, son silence continuel, et tout le reste de sa vie admirable : c'étaient autant de pratiques qu'elle s'était volontairement imposées, pour témoigner son amour à JESUS-CHRIST, résidant au Très-Saint Sacrement de l'autel. JESUS, dans ce mystère était l'objet unique, où tendaient tous ses divers exercices, et le centre de toutes ses dévotions. Mais le moyen dont elle se servait, pour arriver à ce centre: c'était l'union de ses dispositions, aux dispositions intérieures de Marie, la plus parfaite adoratrice de JESUS-CHRIST.

Sachant et croyant par la foi, que comme chrétienne, elle avait le bonheur de porter, en elle-même, l'Esprit Saint; et que ce divin Esprit a toujours en soi la source de la vie qu'il répand continuellement dans tous les Saints : elle s'unissait intérieurement aux dispositions très-saintes et très-parfaites, qu'il imprime à l'âme de cette divine Vierge. Pour s'exciter à cette union, elle avait dans sa cellule, et considérait fréquemment une pieuse estampe, qui représentait la vie intérieure de Marie. On y voyait Marie, dans des nuées, les mains croisées sur sa poitrine, où l'Esprit Saint, sous la forme d'une colombe lumineuse, semblait répandre toute la richesse de ses dons ; et ayant les yeux élevés au ciel, fixés sur le monogramme de JESUS Sauveur des hommes . C'était pour signifier, que si le Saint Esprit fut toujours le principe de ses actions : l'amour de JESUS et le salut des âmes, en furent la fin et le terme ; et on lisait au-dessous ces paroles, qui étaient comme une invitation, pour s'unir à ses dispositions intérieures : Avec Marie, par Marie, et en Marie . Cette sainte union était l'objet de toute l'application de la Sœur Le Ber, dans sa solitude.

Ainsi, dans ses oraisons, à la sainte messe, dans ses communions, dans ses autres exercices de piété, en travaillant, en prenant ses repas; enfin, dans tout le détail de ses actions: elle s'unissait par la foi, et par l'amour, aux dispositions intérieures de Marie, la priant de se rendre présente à son esprit, à son cœur, à toutes ses facultés, d'être le modèle de ses actions, et comme l'âme de son âme. Elle lui demandait enfin, de la remplir de son esprit, de la pénétrer, de la posséder toute entière, afin de n'être plus qu'un simple instrument, dont cette divine Mère se servit à son gré, pour glorifier JESUS-CHRIST son fils.

Dans ce dessein…

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Message  Louis Jeu 15 Nov 2012, 1:35 pm


DÉVOTION FILIALE DE LA SOEUR LE BER
ENVERS LA TRÈS-SAINTE VIERGE.


(suite)

Dans ce dessein, et afin d'entrer dans des sentiments de parfait abandon, entre les mains de Marie ; elle avait devant les yeux une seconde estampe, qui formait le pendant de la précédente. Elle représentait la Très-Sainte Vierge, recevant dans ses bras, et soutenant amoureusement l'âme fidèle, qui languissant de la durée de son exil, paraissait mettre toute sa joie, à reposer ainsi en Marie, à qui elle adressait une touchante invocation, qu'on lisait au-dessous ; et que la Sœur Le Ber récitait elle-même tous les jours, avec une vive et filiale confiance.

Ainsi, la dévotion à la vie intérieure de Marie, et le désir d'y participer sans cesse, étaient le secret divin et infaillible qu'elle employait, pour se rendre agréable à JESUS, en s'efforçant de se transformer de plus en plus en elle. Sa piété lui avait fait adopter, pour son vêtement, une étoffe de laine de couleur gris-blanc. Mais c'était surtout à sa vie intérieure qu'elle s'attachait, comme à ce qui avait attiré sur cette divine Vierge, les regards de la Sainte Trinité et ses complaisances. Ainsi chaque année, elle solemnisait cette fête, le jour où les Ecclésiastiques du Séminaire de Ville-Marie, étaient dans l'usage de la célébrer, le 19 d'Octobre ; et pour s'y disposer avec plus de ferveur, elle jeûnait la veille de ce jour, au pain et à l'eau.

Enfin, comme la vie intérieure de Marie était ce qu'elle honorait le plus dans cette divine Vierge, quoique pourtant elle ne négligeât aucun de ses mystères extérieurs: elle laissa un témoignage encore subsistant de cette prééminence de sa dévotion, dans l'ornement qu'elle broda, pour l'Église Paroissiale, duquel on a déjà parlé. Destinant cet ornement pour servir à toutes les fêtes de la Très-Sainte Vierge, elle broda, en effet, dans la croix de la chasuble, un médaillon qui représente sa vie intérieure, conformément à l'estampe, que nous avons expliquée. Son désir était de faire connaître par là, cette dévotion aux fidèles, et de l'accréditer parmi eux: sachant par une heureuse expérience, combien elle lui était avantageuse à elle-même, et répandait de douceurs et de charmes sur toute sa vie. Aussi dans les occasions où la personne qui la servait, avait la permission de converser avec elle, comme nous le dirons bientôt, la Sœur Le Ber lui déclarait souvent : qu'elle n'avait rien de plus à cœur, que d'honorer et d'imiter Marie; et de la faire honorer de tout son pouvoir.

On ne peut douter qu'une âme si pure, animée d'une confiance si vive en Marie, et d'un désir si ardent de lui gagner des cœurs; n'ait attiré dans bien des rencontres, la protection de cette divine Mère sur la Colonie. Le peu de soin qu'on a eu après sa mort, de composer des mémoires sur l'histoire de sa vie, nous a privé, sans doute, d'une multitude de traits édifiants. En voici un qu'on nous a conservé, et qui peut montrer l'efficacité de sa confiance en la puissance de Marie….

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Message  Louis Ven 16 Nov 2012, 6:03 am


DÉVOTION FILIALE DE LA SOEUR LE BER
ENVERS LA TRÈS-SAINTE VIERGE.

(suite)

...En voici un qu'on nous a conservé, et qui peut montrer l'efficacité de sa confiance en la puissance de Marie.

En 1711, les Anglais, après avoir médité longtemps la conquête du Canada, firent un grand armement pour s'en emparer cette année même ; et dans ce dessein, trois mille hommes partirent de New-York, avec de petites pièces de canon, pour surprendre Ville-Marie par terre : tandis qu'une flotte allait attaquer Québec. Chacune des deux armées était supérieure en force, à tout ce que le Canada pouvait alors leur opposer de combattants ; et comme Ville-Marie n'était environnée que d'une palissade de pieux, hors d'état de résister à l'artillerie : on crut être à la veille des derniers malheurs.

Dans ces circonstances, la cousine de la Sœur Le Ber, chargée de lui porter sa nourriture, reçut ordre de lui faire connaître le danger imminent où l'on se trouvait, afin qu'elle le détournât par ses prières. Elle lui donna donc les détails que nous venons de raconter. La sainte Recluse, l'ayant écoutée attentivement, garda, d'abord, quelque temps le silence ; puis, prenant la parole, elle l'assura qu'on n'avait rien à craindre, et que la Très-Sainte Vierge serait elle-même la gardienne du pays. Néanmoins, comme on savait certainement, que l'armée de terre s'était mise en marche, et qu'on s'attendait à voir la Ville investie par les ennemis : la Sœur Le Ber donna à sa cousine une image de la Très-Sainte Vierge, sur laquelle elle avait écrit une prière, par laquelle elle recommandait à cette puissante mère de la Congrégation, la garde du blé destiné à nourrir les Sœurs, renfermé dans une grange à la campagne. En remettant cette image, elle pria sa cousine, de la faire attacher à la porte de la grange dont nous parlons. La prière était ainsi conçue :

"Reine des Anges, notre Souveraine, et notre très bonne mère : vos filles de la Congrégation confient à vous seule la garde de leur blé ; et mettent en vous toute leur confiance : espérant de votre bonté, que vous ne souffrirez pas que vos ennemis, touchent au partage de celles, qui sont sous votre protection."

L'image fut, en effet attachée à la porte de la grange. A peine eût-on connaissance de cette action, que divers particuliers portèrent à la Congrégation des images, en demandant que la Sœur Le Ber y écrivit aussi quelque prière de sa main : car on la vénérait universellement comme une sainte. Elle s'y refusa par humilité ; ce qui porta les plus mécontents à dérober l'image de la Congrégation, en sorte qu'elle fut contrainte, malgré elle, d'écrire la même prière de nouveau sur une autre image.

Cette confiance au crédit de la Sœur Le Ber auprès de Marie, n'était pas particulière au peuple : les personnes de la première condition, la partageaient elles-mêmes, comme le trait suivant le montrera…


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Message  Louis Ven 16 Nov 2012, 11:41 am


DÉVOTION FILIALE DE LA SOEUR LE BER
ENVERS LA TRÈS-SAINTE VIERGE.

(suite)

Cette confiance au crédit de la Sœur Le Ber auprès de Marie, n'était pas particulière au peuple : les personnes de la première condition, la partageaient elles-mêmes, comme le trait suivant le montrera. Le Baron de Longueuil, cousin germain de la Sœur, Gouverneur de Ville-Marie, et surnommé avec raison: le Machabée du Montréal: jugeant qu'on ne devait pas laisser arriver à Ville-Marie, les ennemis partis de New-York, sans leur dresser quelqu'embuscade sur la route, résolut d'aller avec une poignée de monde, les attaquer près de Chambly, où ils devaient passer. Mais ne comptant que sur la protection de Marie, la Maîtresse et la Reine du pays, il voulut s'avancer à leur rencontre, armé d'un étendard, sur lequel fût peinte l'image de la Très-Sainte Vierge, et autour de laquelle la Sœur Le Ber eût écrit une prière de sa composition.

Elle ne put s'y refuser cette fois ; et ayant pris une toile, sur laquelle M. Pierre Le Ber, son frère, avait peint autrefois la figure de Marie, elle en fit un étendart, et y écrivit la prière suivante :

" Nos ennemis mettent toute leur confiance dans leurs armes : mais nous mettons la nôtre au nom de la Reine des Anges, que nous invoquons. Elle est terrible comme une armée rangée en bataille; sous sa protection, nous espérons vaincre nos ennemis."

M. de Belmont, Supérieur du Séminaire, bénit l'étendart, et le mit solennellement entre les mains de M. de Longueuil, dans l'Église paroissiale de Notre-Dame, en présence de tout le peuple, accouru à un spectacle si édifiant. Après quoi, ce brave et vaillant capitaine, partit en toute hâte, plein de confiance, portant lui-même cette enseigne, qu'il regardait comme un gage assuré de la protection du ciel.

Lorsque la cousine de la Sœur Le Ber, était allée lui annoncer, le danger que courait la Colonie, elle avait ajouté ces paroles : Si les Anglais ont un peu bon vent, leur flotte arrivera à tel jour devant Québec ; et c'en sera fait de la Colonie. Et la Sœur Le Ber après avoir gardé quelque temps le silence lui avait donné d'une manière nette et précise, l'assurance du contraire : Non, ma Sœur : la Très-Sainte Vierge aura soin de ce pays ; elle en est la gardienne, nous ne devons rien craindre. Elle déclarait donc manifestement, que par l'intervention de la puissance de Marie, les ennemis n'auraient pas le vent favorable qu'ils désiraient ; puisque, eu égard à leur nombre, ce vent semblait suffire pour leur assurer la conquête de la Colonie. Après cette réponse on ne peut pas douter qu'en attendant l'événement, la Sœur Le Ber n'ait demandé à la Très-Sainte Vierge d'arrêter les ennemis dans leur marche, en suscitant des vents contraires à ceux qu'ils désiraient ; et que ce n'ait été là l'objet de ses longues oraisons la nuit aussi bien que le jour: vu, surtout, que tous les citoyens étaient en proie aux plus vives et aux plus justes alarmes.

Quelque téméraire qu'eût pu paraître à la sagesse humaine…

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Message  Louis Sam 17 Nov 2012, 6:02 am


DÉVOTION FILIALE DE LA SOEUR LE BER
ENVERS LA TRÈS-SAINTE VIERGE.

(suite)

Quelque téméraire qu'eût pu paraître à la sagesse humaine, l'assurance quelle avait donnée de l'inutilité des efforts des ennemis : l'évènement montra bientôt, que la Sœur Le Ber, en la donnant de cette manière nette et précise, n'avait parlé que par une inspiration divine ; et que, comme une autre Sainte Geneviève, elle était destinée, elle-même, à procurer, dans cette extrémité alarmante, le salut et la délivrance de sa patrie.

En effet, la flotte Anglaise, qui allait attaquer Québec, étant entrée dans le fleuve Saint Laurent, et se trouvant au Nord de l'Isle-aux-Œufs, le vent du Sud souffla avec tant d'impétuosité, pendant la nuit du 2 au 3 Septembre, qu'en moins d'une demi-heure, sept des plus gros vaisseaux se brisèrent sur les rochers et les battures, avec une violence épouvantable.

Les éclairs et les tonnerres, se mêlant au bruit des flots et des vents, la foudre tomba sur l'un des vaisseaux, et le fit sauter si loin, que sa quille fut jetée bien avant sur la grève. On trouva aussi sur le rivage près de trois mille cadavres, parmi lesquels on reconnut deux compagnies entières des Gardes de la Reine d'Angleterre, qu’on distingua à la couleur de leurs habits.

Après un tel désastre, l'Amiral Anglais, craignant de perdre le reste de sa flotte, retourna droit à Londres, avec le peu de vaisseaux qui lui restaient ; et n'osant se présenter à la Reine, il fit sauter son navire, quand il fut sur la Tamise, tout près du port, où il périt avec tout son équipage, à l'exception de deux hommes. Enfin, l'armée de terre qui marchait sur Ville-Marie, rebroussa chemin, dès quelle eût appris le désastre de la flotte ; et le jour que les Anglais arrivèrent à Boston, la consternation générale fut encore augmentée, dans cette ville par un furieux incendie, qui consuma quatre-vingts maisons.

Tous les Canadiens, sans exception, regardèrent cette déroute des ennemis, qu'on n'avait pas eu la peine de vaincre, comme un effet manifeste de la Providence de DIEU sur la Colonie.

"Nous allons rendre grâces à DIEU de la protection visible qu'il a bien voulu accorder à ce pays, écrivait au ministre de la marine en France, M. de Vaudreuil, Gouverneur-général du Canada. Tous les peuples conviennent que DIEU leur a fait de grandes grâces, en détruisant la flotte Anglaise, sans qu'il en ait coûté une goutte de sang à cette Colonie."

Outre le désastre de la flotte et la mort de trois mille ennemis, on eût lieu d'admirer encore, que le vent et les flots avaient poussé sur le rivage, une grande quantité de dépouilles, qui enrichirent le pays. Aussi M. de Belmont, frappé de toutes ces circonstances, et surtout de la liberté, que la déroute des ennemis donnait au Canada, n'a pas craint de comparer cette défaite, à celle des Egyptiens dans la mer Rouge, disant dans sa Vie de la Sœur Le Ber, aux prières de laquelle il attribue cette délivrance: que la Mère de DIEU obtint, en faveur des Canadiens, le plus grand miracle qui fut arrivé, depuis le temps de Moyse.

A suivre : CHAPITRE II. LA DÉVOTION DE LA SŒUR LE BER A MARIE, LUI INSPIRE UNE RELIGIEUSE VÉNÉRATION POUR LA SŒUR BOURGEOYS, ET UNE AFFECTION SPÉCIALE POUR LA CONGRÉGATION.


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Message  Louis Sam 17 Nov 2012, 12:22 pm

LIVRE QUATRIEME


DÉVOTION ET CONFIANCE DE LA SŒUR LÉ BER ENVERS LA TRES-SAINTE VIERGE.
SON AFFECTION POUR LA CONGRÉGATION.
SA SAINTE MORT.


CHAPITRE II.


LA DÉVOTION DE LA SŒUR LE BER A MARIE,
LUI INSPIRE UNE RELIGIEUSE VÉNÉRATION POUR LA SŒUR BOURGEOYS,
ET UNE AFFECTION SPÉCIALE POUR LA CONGRÉGATION.



Le respect, la confiance, et l'amour filial dont la Sœur Le Ber était pénétrée envers la Très-Sainte Vierge, était le motif qui avait attaché si étroitement son cœur à la vénérable Sœur Bourgeoys, dans laquelle elle croyait trouver une image vivante des vertus de cette Divine Mère. Dans les entretiens qu'on lui permit d'avoir avec Anne Barroy, sa cousine, à l'occasion surtout de l'entrée de celle-ci dans l'Institut de la Sœur Bourgeoys, comme nous le dirons incontinent, elle lui répétait souvent : que c'était à l'odeur des vertus de cette admirable Fondatrice, qu'elle était venue, après un grand nombre d'autres saintes filles, dont elle honorait la ferveur, se renfermer avec bonheur dans cette solitude. Elle ne se lassait pas de relever le mérite de la Sœur Bourgeoys ; et lorsqu'elle avait à parler à quelqu'une des Sœurs de la Congrégation sur les vertus de leur état : elle leur mettait toujours devant les yeux, leur vénérable Institutrice, comme un modèle accompli de ce que doit être dans l'Eglise une véritable et parfaite Sœur de la Congrégation. C'est sans doute le plus bel éloge que put recevoir la Sœur Bourgeoys, et la marque la plus incontestable de ses vertus éminentes, que d'avoir été l'objet de l'admiration et de la vénération, d'une âme si élevée dans les voies de DIEU, que l'était la Sœur Le Ber.

De son côté la Sœur Bourgeoys avait pour cette sainte Recluse une vénération toute extraordinaire, fondée sur la sublimité des vertus, qu'elle ne cessait d'admirer en elle. Ces deux saintes personnes qui vivaient dans la même maison, n'avaient cependant que de très rares communications ensemble, ne se voyant presque jamais quoiqu'elles ne tarissent jamais en parlant des vertus l'une de l'autre. C'est qu'éclairées d'une lumière surnaturelle, qui découvrait à chacune d'elles les dons et les vertus de l'autre, elles se portaient mutuellement une religieuse vénération. Si la Sœur Le Ber éprouva une satisfaction très douce et très sainte, lorsqu'elle entra à la Congrégation, pour s'y renfermer: la Sœur Bourgeoys ne goûta pas un moindre bonheur dans cette circonstance. Plusieurs années après, elle en écrivait en ces termes :

" J'ai été bien réjouie, le jour que Mlle Le Ber est entrée dans cette maison, en qualité de solitaire, pour y persévérer dans la réclusion, comme Sainte Madeleine était demeurée dans sa grotte. Elle n'en sort point, en effet, ajoute-t-elle, et ne parle à personne; on lui porte ses vivres par une porte, qui est au dehors de la Chapelle, et on les lui donne par une petite ouverture. Elle a aussi une petite grille, qui lui donne vue sur le Saint Sacrement, et y reçoit la Sainte Communion."

La satisfaction de la Sœur Bourgeoys, n'était pas fondée seulement, sur l'estime qu'elle faisait de la personne de la Sœur Le Ber, pour ses grâces éminentes…

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Message  Louis Dim 18 Nov 2012, 7:07 am


LA DÉVOTION DE LA SŒUR LE BER A MARIE,
LUI INSPIRE UNE RELIGIEUSE VÉNÉRATION POUR LA SŒUR BOURGEOYS,
ET UNE AFFECTION SPÉCIALE POUR LA CONGRÉGATION.

(suite)


La satisfaction de la Sœur Bourgeoys, n'était pas fondée seulement, sur l'estime qu'elle faisait de la personne de la Sœur Le Ber, pour ses grâces éminentes. Le genre de vie qu'elle menait à la Congrégation, était encore pour elle le sujet d'un vif sentiment de reconnaissance envers la bonté divine. Dès sa jeunesse, et avant qu'elle eût songé à passer en Canada, la Sœur Bourgeoys, avait été frappée d'une pieuse considération, proposée à ses méditations, par le directeur qui la conduisait alors. C'était que Notre-Seigneur, en montant au Ciel, avait laissé sur la terre, trois sortes de filles pour suivre et pour servir l'Église. Les unes, vouées à la contemplation, avaient été exprimées, par Sainte Madeleine ; d'autres, qui servent le prochain, en vivant, dans la clôture, avaient été figurées par Sainte Marthe ; mais que d'autres avaient été destinées à imiter la vie voyagère de la Très-Sainte Vierge, en travaillant sans être cloîtrées à la sanctification du prochain, et que c'était un Institut de ce dernier genre, que la Sœur Bourgeoys devait établir un jour, comme elle le fit en effet, en donnant naissance à la Congrégation de Notre-Dame à Ville-Marie.

Il est à remarquer encore, qu'en 1695, lorsque la Sœur Le Ber s'était retirée à la Congrégation, les Religieuses Hospitalières de Saint Joseph, s'y trouvaient alors logées, après un furieux incendie, qui avait réduit leur maison en cendres. A la vue de toutes ces personnes réunies, la Sœur Bourgeoys n'avait pu s'empêcher, de se rappeler alors, la considération que lui avait autrefois proposée son directeur ; et ce rapprochement lui avait fait attacher plus de prix encore, à la possession de cette sainte et admirable Recluse.

" Je vois, écrivait-elle, que du jour que Mlle Le Ber est entrée dans cette Communauté, en qualité de Solitaire, les trois états de filles, que Notre-Seigneur a laissées, après sa résurrection, pour en être servi, et pour servir à l'Église : comme Sainte Madeleine, par la vie solitaire; Sainte Marthe par la vie active, dans la clôture ; et la Très-Sainte Vierge, par sa vie de zèle, sans clôture extérieure : je vois, dis-je, que ces trois états sont dans cette maison. La Recluse, Mlle Le Ber, est dans l'état de Sainte Madeleine, retenue dans sa grotte, et appelée à la vie contemplative, comme Saint Jean-Baptiste dans le désert. Les Hospitalières, depuis le jour de leur incendie, sont dans cette maison : c'est l'état de Sainte Marthe. Enfin, les Sœurs de la Congrégation, sans clôture extérieure, sont dans l'état de la Sainte Vierge, notre Sainte Mère, notre Souveraine et Supérieure, qui embrasse tous les états de l'Eglise. Cette divine Mère reçoit, pourtant, ces trois états de filles dans sa Maison, pour faire connaître la grande union que nous devons avoir, avec toutes les personnes, qui s'employant au service de DIEU, sous sa sainte protection."

Si la Sœur Le Ber fit toujours paraître une prédilection particulière…

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Message  Louis Dim 18 Nov 2012, 12:11 pm


LA DÉVOTION DE LA SŒUR LE BER A MARIE,
LUI INSPIRE UNE RELIGIEUSE VÉNÉRATION POUR LA SŒUR BOURGEOYS,
ET UNE AFFECTION SPÉCIALE POUR LA CONGRÉGATION.


(suite)

Si la Sœur Le Ber fit toujours paraître une prédilection particulière pour la Congrégation: c'est qu'elle considérait cette Communauté comme étant la famille bien-aimée de Marie. Après avoir fait construire, en très grande partie à ses frais, l'Église de la Congrégation ; après l'avoir fournie d'ornements et de vases sacrés, et y avoir fondé l'Adoration perpétuelle, et une Messe quotidienne, comme il a été dit : voulant contribuer, de sa part, à maintenir une œuvre si chère à sa piété, et à la tendresse de sa dévotion envers Marie, que l'était cette Communauté : elle lui donna une somme de 10,000 livres ; et cela, dit-elle, dans le contrat de cette donation: Pour la bonne amitié, qu'elle porte aux Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame. Elle ne mit à son présent, que cette condition unique : savoir, que le revenu de la somme ne pourrait être employé à aucun autre usage, qu'à l'entretien de leur Communauté à Ville-Marie, sans jamais être détourné à quelqu'autre emploi.

M. Le Ber, son père, qui avait toujours professé pour la Congrégation, la même affection et la même estime, en avait donné une preuve bien touchante à sa mort. Quoique les Sœurs de la Congrégation n'exigeassent point de dot, de la part des postulantes qui ne pouvaient en fournir aucune : il leur avait laissé par son testament, la somme de deux milles livres, à la charge pour elles de recevoir dans leur Institut, Anne Barroy, dont on a parlé, si DIEU lui donnait cette vocation ; ou dans l'autre cas, tel sujet que Mademoiselle Le Ber, sa fille, présenterait, et que la Communauté aurait pour agréable. Il laissa aussi la somme de trois mille livres, pour servir de dot, à une autre de ses nièces, Marie, Elizabeth Lemoyne de Longueuil, dans le cas qu'elle embrassât la vie religieuse. (*)

A suivre : le (*)…

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Message  Louis Lun 19 Nov 2012, 7:05 am


LA DÉVOTION DE LA SŒUR LE BER A MARIE,
LUI INSPIRE UNE RELIGIEUSE VÉNÉRATION POUR LA SŒUR BOURGEOYS,
ET UNE AFFECTION SPÉCIALE POUR LA CONGRÉGATION.

(suite: explication du *)
___________________________________________
(*) Cette généreuse prévoyance de M. Le Ber, est une preuve touchante de la délicatesse et de l'élévation de ses sentiments. Il aurait pu sans fournir aucune dot pour Anne Barroy, demander son entrée à la Congrégation, en considération des largesses nombreuses, faites par Jeanne Le Ber, sa fille, à cet Institut. Il aurait pu même réclamer pour sa protégée, le privilège que la générosité chrétienne des Sœurs, a toujours accordé aux filles pauvres : d'être reçues gratuitement, sous la condition qu'elles jouiraient de leurs droits à venir. Mais en sa qualité de parent d'Anne Barroy, M. Le Ber voulant bien lui tenir lieu de père, fournit généreusement pour elle, la dot que les familles aisées, avaient coutume de donner alors.

Par une conduite, bien différente, on a vu quelquefois des parents quoique favorisés des biens de la fortune, oser feindre des prétextes, pour refuser à leurs propres filles, l'entretien, qu'ils leur devaient de droit naturel ; et frustrer, tout à la fois, la Communauté de la dot, à laquelle elle avait les droits les plus légitimes après s'être obligée, par la profession, à les nourrir et à les entretenir, toute leur vie.

En 1718, Marie Madeleine de Chapt de Lacorne, étant entrée à la Congrégation, sous le nom de Sœur du Saint Sacrement, son père, alors chargé d'une famille nombreuse, prétendit qu'il ne pouvait donner de dot, et se contenta, d'assurer verbalement â sa fille, ses droits à venir. La Sœur de Lacorne passa ainsi quarante ans à la Congrégation. Quelques années après la mort de cette Sœur, M. le Chevalier de Lacorne, son frère, périt dans le naufrage de l'Auguste, et la Communauté des Sœurs réclama la part de la succession qui lui était justement due, dans la personne de la défunte. M. Saint Luc de Lacorne, frère du précédent, qui s'était sauvé, comme miraculeusement de ce naufrage, refusa à la Congrégation toute espèce de dédommagement ; alléguant pour ses raisons : qu'il n'existait aucun contrat écrit, qui assurât aux Sœurs leurs prétentions ; ni aucun testament en leur faveur, de la part de la défunte.

C'était après la conquête du Canada par les Anglais. L'affaire ayant été portée à la Chambre des Capitaines de Milices : ils condamnèrent la famille de Lacorne. Elle appela de leur sentence, à Son Excellence, Thomas-Gage, Gouverneur de Montréal, qui après avoir mûrement pesé et considéré toutes choses, condamna à son tour la famille de Lacorne, à donner à la Congrégation, deux mille livres, pour dot de la Sœur défunte ; et en outre, à payer les intérêts de cette somme, depuis l'année 1718, qu'il fixa à deux mille sept cent-cinquante livres; en laissant pourtant à la famille, le choix de-donner à la place des 4750 livres, la part de la succession du Chevalier de Lacorne, à laquelle la défunte, sa sœur, aurait eu droit, si elle eut encore vécu.

Ainsi, ce Militaire, quoique Protestant, et par conséquent non suspect de vouloir favoriser les Communautés religieuses, reconnut, d'après la seule équité naturelle, qu'il était de la justice rigoureuse, d'indemniser la Congrégation ; et, ce qui est plus étonnant encore : il fit comprendre à la famille de Lacorne, toute catholique qu'elle était, cette grave obligation de conscience, qui pesait sur elle, et à l'égard de laquelle elle se faisait à elle-même une si étrange illusion. [ 18 Décembre 1762, Archives Judiciaires de Montréal.]

___________________________________________
Anne Barroy, avait constamment vécu dans la maison des Sœurs de la Congrégation, depuis l'entrée de la Sœur Le Ber dans sa cellule…

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