Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET

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Message  Louis Ven 28 Sep 2012, 5:47 pm

Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET Page_c10

OFFERT

À


MARIE,

PRÉSENTÉE AU TEMPLE

21 NOVEMBRE 1859.

INTRODUCTION.

Les Rois de France, François Ier, Henri IV, et Louis XIII, en envoyant des navigateurs en Canada, eurent pour motif principal, le désir d'étendre, dans ce pays, les limites de l'Église Catholique, par l'établissement d'une colonie française. C'est ce qu'ils déclarent expressément dans leurs lettres de commissions royales. Jusque là que Lescarbot, connu pour avoir été un assez mauvais catholique et dont, par conséquent, le suffrage ne saurait être suspect en cette matière, frappé de la pureté des motifs qui dirigèrent ces princes, n'a pu s'empêcher de leur rendre ce témoignage: " Nos rois en se mettant en mouvement pour ces découvertes, ont eu une autre fin que nos voisins (les Anglais et les Hollandais), car je vois par leurs commissions, qu'ils ne respirent que l'avancement de la Religion Chrétienne, sans aucun profit présent." (*)

Jacques Cartier, en affrontant les périls de la mer, par l'ordre de François Ier, dans ces régions encore inconnues, n'eut lui-même d'autre ambition que l'espérance d'y frayer les voies à l'Église Catholique, alors violemment attaquée en Europe, par l'hérésie naissante des Protestants. Dans la dédicace de la relation de son deuxième voyage, il dit à ce prince:

"Le soleil qui, chaque jour, se lève à l'orient, et se couche à l'occident, faisant le tour de la terre, donne sa lumière et sa chaleur à tout le monde. A l'exemple de quoi, je pense qu'il plait à DIEU, par sa divine bonté, que toutes les créatures humaines qui habitent sur le globe de la terre, aient connaissance de notre sainte foi. Elle a été semée et plantée en la Terre Sainte, qui est dans l'Asie, à l'orient de notre Europe ; depuis, elle a été apportée jusqu’à nous ; et enfin, de notre Europe, elle passera en occident, à l'exemple du soleil.

Pareillement (à ce qui arrive quelquefois à cet astre,) nous avons vu notre très-sainte foi, à l'occasion des méchants hérétiques, ces faux législateurs, comme maintenant les Luthériens, s'éclipser en quelques lieux, et ensuite reluire soudain, et montrer sa clarté avec plus d'éclat qu'auparavant. C'est que les princes chrétiens, ces vrais appuis de l'Église Catholique, contrairement à ce que font les enfants de Satan, s'efforcent de jour en jour de l'augmenter et de l'accroître : ainsi qu'a fait le roi d'Espagne, dans les terres qui ont été découvertes par son commandement, lesquelles auparavant nous étaient inconnues, comme la Nouvelle Espagne, l’Isabelle, et autres.

Et maintenant, dans la présente navigation, faite par votre commandement royal, pour la découverte des terres occidentales, auparavant inconnues à vous et à nous ; vous pourrez voir (par cette relation), la bonté et la fertilité de ces terres. la quantité innombrable de peuples qui les habitent, leur bonté, leur douceur, et aussi la fécondité du grand fleuve qui les arrose, le plus vaste sans comparaison que l'on sache avoir jamais vu ; lesquels avantages donnent une espérance certaine de l'augmentation de notre très sainte foi, dans ce pays."

Ce motif de zèle apostolique, qui avait conduit Jacques Cartier…

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(*) Lescarbot, livre 1, chapitre 1, page 3.


Dernière édition par Louis le Sam 01 Déc 2012, 11:00 pm, édité 1 fois (Raison : Compléter le titre du fil.)

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Message  Louis Sam 29 Sep 2012, 1:01 pm

INTRODUCTION.
(suite)

Ce motif de zèle apostolique, qui avait conduit Jacques Cartier jusqu'à l'Ile de Montréal, fut le même qui, un siècle plus tard, y fit établir une colonie catholique. Car les généreux associés qui se vouèrent à cette sainte œuvre, n'eurent d'autre ambition que l'honneur de porter la vraie foi dans cette Ile; et, comme ils récrivaient eux-mêmes: de faire célébrer les louanges de DIEU, dans un désert où JESUS-CHRIST n'avait point encore été nommé, et qui auparavant était le repaire des démons.

Ils se proposèrent de plus, d'y construire une ville, qui fut comme une place forte de l'Église Catholique, dans cette partie du nouveau monde ; et, parce-que le nom seul de Marie, objet de terreur pour les hérétiques, dans tous les temps, est comme l'étendard distinctif des vrais enfants de l'Église : ils voulurent que cette nouvelle ville, en signe de sa catholicité, fut appelée Ville-Marie, et toute consacrée à cette puissante Reine, le bouclier impénétrable de la vraie foi.

Enfin, ils se proposèrent d'y faire honorer tout à la fois, la Sainte Famille, JESUS, Marie, et Joseph; et pour cela, d'y établir trois communautés, vouées chacune à l'une de ces trois augustes personnes, qui se consacreraient toutes de concert, quoique par des voies différentes, à la formation de cette nouvelle chrétienté. Au moyen de ces mesures, disaient-ils, dans leur projet d'établissement, les associés espèrent de la bonté divine, de voir en peu de temps, une nouvelle chrétienté qui imitera la pureté et la charité de la primitive.

Ce projet fut réalisé avec un succès trop connu pour le rapporter ici. Nous ne dirons donc rien du zèle des premiers colons, qui quittèrent si généreusement leurs parents et leur patrie, en vue de procurer l'exécution d'un si religieux dessein. Nous ne parlerons pas de la sainte allégresse qu'ils firent éclater, en mettant le pied sur cette terre de Marie ; ni des chants de jubilation et de louanges dont ils firent retentir ces lieux. Nous ne rappellerons pas non plus, la piété avec laquelle ils assistèrent au sacrifice adorable de nos autels, célébré dans cette Ile, le lendemain même de leur arrivée ; ni, enfin la religion profonde et touchante avec laquelle ils laissèrent exposé, et honorèrent le Très-Saint Sacrement, pendant tout ce jour: afin de faire connaître par cette auguste cérémonie, que JESUS-CHRIST en personne prenait possession de cette terre ; et d'apprendre à la postérité, que ce nouvel établissement n'avait été entrepris que pour l'augmentation de sa gloire, et l'extension de son royaume sur la terre, qui est l'Église Catholique.

Mais nous dirons, et il est de notre objet de faire remarquer ici, que…

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Message  Louis Sam 29 Sep 2012, 6:25 pm

INTRODUCTION.
(suite)

Mais nous dirons, et il est de notre objet de faire remarquer ici, que cette même Église, chargée de porter la connaissance de DIEU et celle de JESUS-CHRIST son fils, à tous les peuples du monde, doit encore, comme étant l'arche du salut, hors de laquelle on ne peut que périr, porter avec soi, et montrer à tous les yeux, les preuves de sa divine mission sur la terre ; et que Ville-Marie était destinée à lui rendre ce témoignage, dans les vastes contrées de l'Amérique du Nord.

Outre l'unité de sa foi et de son gouvernement, ce qui est propre à elle seule ; outre sa catholicité, qui la rend seule présente, dans toutes les parties de la terre habitée ; outre son apostolicité, qui la fait remonter seule jusqu'aux Apôtres : l'Église a encore pour caractère distinctif, la sainteté, non seulement de sa morale, mais aussi de plusieurs de ses membres. Au rapport de JESUS-CHRIST, si l'Église est semblable à un champ, où l'homme ennemi a semé de l'ivraie : dans ce champ, il y aura toujours du bon grain, c'est-à-dire, non seulement des âmes justes, mais encore des personnages éminents en sainteté, qui par leurs vertus héroïques, et quelquefois par leurs miracles, mettront sous les yeux des hommes les plus simples et les plus grossiers, les preuves sensibles et palpables de la vérité de l'Église Catholique, la seule Église de JESUS-CHRIST : en montrant ainsi dans son sein, la présence et l'action de l'esprit de DIEU, qui toujours l'anime et la dirige.

C'est ce qui a paru avec éclat dans plusieurs des premiers colons de la Nouvelle France. Leur piété touchante, leur charité mutuelle et généreuse, leur courage à toute épreuve, leur patience et leur douceur dans les horribles tourments qu'ils endurèrent pour la foi, les égalèrent aux chrétiens de l'Église primitive ; et tous ces traits admirables de vertu, fourniraient la matière d'un ouvrage considérable.

Nous nous bornons, dans celui-ci, à raconter la vie d'une Vierge Chrétienne, qui par l'héroïsme de sa ferveur, a donné à l'Église Catholique, une nouvelle preuve de sa mission divine dans ces contrées.

Mademoiselle Le Ber, c'est le nom de cette héroïne, fille d'un des premiers colons qui s'étaient dévoués par motif de religion à l'établissement de Ville-Marie, renouvela dans ce pays, où elle avait pris naissance, la ferveur des solitaires de l'Église des premiers temps. Pendant trente-cinq ans, elle vécut séparée du monde, et pratiqua un genre de vie, que les forces naturelles ne pouvaient soutenir si longtemps, sans miracle. Aussi, aucune des sectes qui se sont séparées de l'Église Catholique, n'a jamais produit, et ne produira jamais rien de pareil.

Le fait de la réclusion de Mlle Le Ber…

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Message  Louis Dim 30 Sep 2012, 12:09 pm

INTRODUCTION.
(suite)

Le fait de la réclusion de Mlle Le Ber, dont le souvenir s'est perpétué jusqu'à ce jour, avec la vénération pour sa personne, est de notoriété publique dans tout le Canada. Il est attesté encore aujourd'hui par un certain nombre de monuments contemporains, publics et autographes : nous parlons d'actes de Donations, de Fondations et autres, conservés au greffe de cette cité, passés par les notaires publics, à l'entrée même de la cellule de cette sainte recluse, et signés de sa propre main.

Il est aussi rapporté par plusieurs écrivains du temps, comme un prodige admiré de tout le monde ; entre autres par la Mère Juchereau, dans son Histoire de l'Hôtel-Dieu de Québec; par la Sœur Morin, dans ses Annales de l'Hôtel-Dieu de Ville-Marie; par la Sœur Bourgeoys, dans ses Mémoires ; par M. de Belmont, dans la Vie qu'il a composée de cette sainte recluse ; par M. de Bacqueville de la Potherie, dans son Histoire de l'Amérique Septentrionale; et nous citerons ici les paroles de ce dernier, comme pour servir d'introduction à la vie de Mlle Le Ber:

" Je ne puis passer sous silence un trait de vertu, tout-à-fait extraordinaire, d'une Demoiselle, qui fait son séjour dans la maison des filles de la Congrégation de Notre-Dame.

" Mademoiselle Le Ber, fille du plus riche commerçant du Canada, ayant mené une vie extrêmement retirée, dans la maison de son père, crut que DIEU demandait d'elle un plus grand recueillement ; elle se retira pour cet effet, il y a sept ou huit ans, chez les filles de la Congrégation. Elle a un petit appartement où elle est enfermée de murailles, n'ayant communication que par une fenêtre qui donne dans la chapelle. On lui apporte à manger par une ouverture, qui est à la porte de sa chambre. Cette fille est gouvernée par M. Séguenot, ecclésiastique de St. Sulpice. Le genre de vie qu'elle mène, ne consiste point (exclusivement) dans l'Oraison Mentale, elle y emploie cependant plusieurs heures par jour : elle s'occupe, tout le reste du temps, à des ouvrages, dont elle fait présent aux communautés. Elle couche sur la dure, elle ne voit que son directeur, et son père une ou deux fois l'année. Elle a cependant l'esprit fort aisé, et fort docile ; elle s'est fait dans cette solitude un nouveau tempérament."

La vie de cette admirable solitaire, n'était pas seulement un témoignage éclatant, que DIEU voulut donner à l'Église Catholique, Dans les desseins de sa Providence, elle devait être encore comme un flambeau, qui par la douce clarté de sa lumière, éclairât et réjouît tous les vrais enfants de cette même Église. Car Mlle Le Ber fut donnée à tous les fidèles, comme un modèle touchant des plus pures vertus du Christianisme ; et par les exemples de ferveur qu'elle offrit, surtout aux jeunes personnes, elle en détermina plusieurs à se consacrer sans partage au service de DIEU, et un plus grand nombre, à se vouer, dans le monde, à la pratique de la vie parfaite.

Nous ajouterons, que l'histoire de sa vie…

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Message  Louis Dim 30 Sep 2012, 6:25 pm

INTRODUCTION.
(suite)

Nous ajouterons, que l'histoire de sa vie, offre à toutes les familles vraiment chrétiennes, des exemples admirables de vertu, bien dignes de leur imitation. Dans la famille Le Ber, on trouvera une parfaite copie de la Sainte Famille, JESUS, Marie, et Joseph, que les premiers colons de la Nouvelle France, avaient tant à cœur d'imiter. Non seulement les enfants auront dans Mlle Le Ber, un modèle aussi aimable que touchant d'une très sainte conduite ; mais les pères et les mères y verront un modèle parfait de la leur, dans l'heureuse alliance que Monsieur et Madame Le Ber surent faire, de l'affection la plus vive et la plus sincère pour leurs enfants, avec la fidélité qu'ils devaient à DIEU, le premier de tous les pères.

Cette vie sera divisée en quatre livres. Dans le premier, on exposera la conduite de Mlle Le Ber, depuis son enfance jusqu'à sa sortie du pensionnat ; et ici, on la proposera pour modèle de perfection, à toutes les jeunes pensionnaires. Le deuxième, comprendra tout le temps qui s'écoula, depuis la fin de son éducation jusqu'à son entrée à la Congrégation, en qualité de recluse ; ici, elle offrira à toutes les jeunes personnes qui veulent se sanctifier dans le monde, le modèle d'une vie parfaite. Le troisième fera connaître sa dévotion envers JESUS-CHRIST au Très-Saint Sacrement, et les pratiques par lesquelles elle lui témoignait son amour. Le quatrième, enfin, sa dévotion envers la Très-Sainte Vierge, et le récit de sa sainte mort. Dans ces deux derniers livres, elle pourra servir de modèle d'une vertu vraiment magnanime à toutes les Religieuses et en général à tous les états.

Nous prions la bonté divine, qui a donné autrefois tant d'efficacité aux exemples de vertu de cette admirable Vierge, de bénir cet ouvrage, et de bénir aussi tous ceux qui le liront. Puisse le récit d'une vie si sainte, produire encore dans les cœurs des effets signalés de grâce, les détacher de plus en plus des créatures, et d'eux-mêmes, et les unir parfaitement à DIEU !

A suivre : Approbation de l’Évêque de Montréal, (1860)


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Message  Louis Lun 01 Oct 2012, 12:17 pm

APPROBATION

DE

MGR. L'ÉVÊQUE DE MONTRÉAL.

Nous soussigné, Evêque de Montréal, avons vu arriver, avec bonheur, le moment marqué par la divine Providence, pour révéler, au monde étonné, des vertus qui paraissaient devoir demeurer cachées dans l'enceinte d'une pauvre cellule, jusqu'au grand jour des manifestations. Car nous sommes intimement convaincu que la Vie de l'Héroïne, que vient de publier un Auteur bien connu par ses autres excellents ouvrages, va réjouir tous les cœurs religieux de notre catholique Canada.

Tous, en effet, y trouveront un grand sujet d'admiration, en voyant tant d'héroïques vertus, pratiquées dans un coin obscur de notre Cité ; et ils seront par là puissamment encouragés à remplir très-fidèlement, au moins tous les devoirs de la vie commune, à la vue d'une fille de bonne famille, qui a pu faire, pour se sanctifier davantage, tant de pénibles sacrifices.

Mais il en est d'autres, pour qui cette Vie admirable sera d'un puissant secours, pour arriver à la haute perfection de la vie contemplative, vie qui n'est connue maintenant, dans notre jeune pays, que par la lecture des livres qui en traitent, ou par les relations des personnes qui ont vu de leurs yeux, comment elle se pratique ailleurs.

Cet ineffable attrait pour la contemplation qui va jusqu'à consumer et réduire en langueur certaines âmes, se communiquera à d'autres, au moyen de la vie contemplative de notre héroïne, appelée qu'elle est maintenant, à attirer à la suite du céleste Epoux, des âmes très-parfaites, après avoir fait l'admiration des Anges, dans son étroite cellule, pendant tant d'années.

Oui, nous sommes vraiment convaincu, que la Vie de l'Héroïne Chrétienne du Canada, dont nous recommandons instamment la lecture, à toutes les âmes pieuses de ce Diocèse, donnera lieu de faire éclater l'amour pour la vie contemplative, resté jusqu'ici comme comprimé dans plusieurs cœurs, qui ne soupirent qu'après les plus pénibles sacrifices. Si leurs généreux sentiments sont restés cachés jusqu'à ce jour, c'est qu'il ne s'offrait point encore de carrière religieuse pour ces sortes de victimes d'expiation. Mais DIEU, dans le secret de ses communications intimes, a eu soin de les préparer lui-même, à cet esprit d'immolation, pour en faire des hosties vivantes, qui satisfassent aux droits de sa justice, afin d'exercer par là sa miséricorde sur les plus grands pécheurs.

Car, il n'en faut pas douter : les âmes contemplatives sont nécessaires au monde ; il périrait dans ses iniquités, s'il n'y avait aux centres des grandes populations, où les scandales sont malheureusement si nombreux, des victimes pures qui apaisent la colère divine, en se sacrifiant pour le salut de leurs frères.

Si donc nous recommandons si instamment, à toutes les saintes âmes, la lecture de la Vie de Mlle Le Ber, c'est que nous sommes dans la persuasion qu'elle fera éclore ces vocations sublimes, aujourd’hui plus nécessaires que jamais, à notre patrie. Nous voudrions voir ainsi notre cher Canada, à l'abri des fléaux de la Justice Divine, et préservé à jamais des malheurs, qui affligent tant d'autres contrées, autrefois si heureuses, lorsque la religion y était florissante, et aujourd'hui si désolées, parce qu'elles sont horriblement travaillées par l'esprit révolutionnaire qui enfante tant de maux.

Puisse donc cette belle Vie se répandre de toutes parts, pour exciter les personnes du monde à bien remplir les devoirs de leur état, et en même temps pour faire surgir ces âmes d'élite, dont les ferventes prières montent nuit et jour au ciel, comme un encens dont l'agréable odeur réjouira le cœur de DIEU et nous le rendra propice et favorable !

+ IG. EV. DE MONTRÉAL.

Montréal, le jour de la fête de N.-D. de Pitié, 30 Mars 1860.

A suivre : Livre Premier.

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Message  Louis Lun 01 Oct 2012, 10:11 pm

DÉCLARATION DE L’AUTEUR a écrit:

Si nous donnons à Mlle Le Ber et à d'autres personnages dont il est parlé dans cette Vie le titre de Saint, nous déclarons que c'est uniquement pour nous conformer à l'usage reçu parmi les fidèles, qui donnent quelquefois cette qualification aux personnes d'une piété universellement reconnue ; et qu'en cela nous n'avons pas eu dessein de prévenir le jugement du Souverain Pontife, à qui nous soumettrons toujours (comme nous l'espérons de la miséricorde de DIEU) nos sentiments, nos écrits et notre personne.

LIVRE PREMIER

Enfance de Mlle Le Ber. Son séjour au Pensionnat des Ursulines à Québec.

CHAPITRE I.

Famille de Mlle Le Ber. Sa Naissance. Son Baptême. Sa première éducation.

Jeanne Le Ber, dont nous écrivons la vie, eut le bonheur de naître d'une des familles les plus vertueuses, que DIEU ait données au Canada. Son père, Jacques Le Ber, natif de Pistre au diocèse de Rouen, touché du désir de consacrer ses services et sa personne, à l'œuvre sainte de Ville-Marie, ne dégénéra pas du noble et généreux dévouement, qui lui avait fait quitter son pays et sa famille ; et DIEU, pour l'en récompenser, même dès cette vie, lui donna le centuple promis dans l'Écriture, à ceux qui laissent tout pour son amour.

Outre la paix et la joie du cœur, le seul vrai bonheur que l'homme puisse goûter ici bas, M. Le Ber trouva, dans son sacrifice même, tous les biens de la terre, à l'acquisition desquels il semblait avoir renoncé, en voulant prendre part aux périls et aux privations inévitables de ces premiers temps de la colonie. Par la bénédiction que DIEU donna à ses entreprises commerciales, il devint bientôt le plus riche négociant du Canada, et l'un des hommes les plus considérés de la Nouvelle-France. Sa charité généreuse envers les pauvres, sa probité parfaite dans les affaires, la haute profession qu'il fit toujours des vrais principes de la foi et de là morale chrétienne, enfin, son zèle désintéressé pour le bien public, lui méritèrent à juste titre, l'affection et même la vénération de ses concitoyens, la considération et la confiance des gouverneurs, et l'estime particulière du souverain, qui daigna l'honorer ainsi que tous ses descendants, des prérogatives attachées alors à la noblesse. (*)

Mais un avantage plus précieux encore,…

___________________________________

(*) Louis XIV anoblit la famille Le Ber, par ses lettres patentes du mois de novembre 1696 ; et Louis XV la maintint dans sa noblesse, par arrêt du 9 mars 1717. M. Le Ber prit le titre de Le Ber de Saint Paul, du nom de l'Ile dont il possédait les deux tiers. Ces deux tiers formaient alors un seul fief, avec toute justice, quoiqu'ils fussent aux deux extrémités de l'Ile; et Claude de Robutel de St. André, possédait le troisième. Zacharie de Robutel, Sieur de Lanoue, fils du précédent, céda par échange les deux tiers de ce troisième tiers, aux Sœurs de la Congrégation; et Anne de Robutel sa sœur, leur vendit le restant de ce tiers, l'année suivante. De sorte qu'elles acquirent alors un tiers de l'Ile St. Paul, qu'elles possédèrent enfin dans son entier, l'année 1769.

A suivre…

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Message  Louis Mar 02 Oct 2012, 11:50 am

Famille de Mlle Le Ber. Sa Naissance. Son Baptême. Sa première éducation.

(suite)

Mais un avantage plus précieux encore, ce fut de trouver à Ville-Marie, dans la personne de Jeanne Lemoyne, sœur de Charles Lemoyne, depuis baron de Longueuil, une épouse digne de lui, pour ses vertus, et pour l'élévation de ses sentiments ; et qui, de concert avec lui, sut inspirer aux enfants que DIEU leur donna, l'amour des plus pures maximes de l'Evangile. Celle dont nous écrivons la vie, naquit à Ville-Marie, le 4 de janvier de l'année 1662, et fut baptisée le même jour, dans l'église paroissiale, par le supérieur du Séminaire, M. Gabriel Souart. Cette enfant de bénédiction, qui devait être un jour, par la sainteté et l'héroïsme de sa vie, l'honneur et la gloire de sa patrie, était bien digne d'être présentée à DIEU sur les fonts sacrés du baptême, par les deux personnages illustres, à qui la colonie devait sa conservation et même son établissement. Elle eut en effet pour parrain, M. Paul de Chomedey de Maisonneuve, envoyé par les seigneurs de l'Ile de Montréal, en qualité de gouverneur, qui jeta les fondements de cette colonie; et pour marraine, Mademoiselle Mance, institutrice et première administratrice de l'Hôtel-Dieu, qui prit aussi la plus grande part à l'établissement du pays, comme on le voit dans la Vie de cette fille admirable.

En présentant la nouvelle-née au Saint Baptême, Mlle Mance ne lui donna d'autre nom, que celui de Jeanne, qu'elle-même portait ; et ce fut le seul nom, sous lequel la jeune Le Ber fut désignée, depuis dans sa famille. Il n'est pas inutile de remarquer ici l'esprit de sagesse et de religion, qui dirigeait alors les parents, dans le choix des noms qu'ils donnaient à leurs enfants. Les personnes les plus illustres, aussi bien que celles du commun, se faisaient gloire de porter les noms des saints, qui avaient été les plus chers à Notre-Seigneur, ou à la Très-Sainte Vierge, sa mère. Elles choisissaient de préférence ceux des Saints Apôtres, ou des Saints qui eurent le bonheur d'être alliés ou amis de la Sainte Famille, et que l'Église honore pour cela d'un culte plus éclatant, que celui qu'elle rend à la plupart des autres Saints.

M. de Maisonneuve, d'une noble famille de Champagne, avait reçu au baptême le nom de Paul. Mlle Mance, très considérée de la reine régente, mère de Louis XIV, et des dames de la cour, et issue d'une famille noble, s'honorait du nom de Jeanne; et la reine qui lui témoignait cette estime, se glorifiait elle-même d'avoir reçu au baptême le nom d'Anne, comme étant celui de l'aïeule du Sauveur. (*)

A mesure que la jeune Le Ber fit paraître les premières étincelles de sa raison, la grâce du baptême produisait en elle des effets assez surprenants…


(*) Aujourd'hui, par une conduite bien différente, beaucoup de parents, qui n'ont aucun éclat de naissance, de fortune on de talents, semblent rougir de donner à leurs enfants, les noms de ces saints si vénérés et si illustres. S'ils consentent à leur imposer le nom de quelque saint, comme l'église le désire, ils affectent, par un esprit de faste et d'ambition imaginaire, de leur en donner d'autres de leur invention, souvent inouïs, quelquefois même indécents et ridicules. Ils s'imaginent par là se distinguer de la foule ; et ils ne font pas attention, qu'ils se confondent au contraire avec le vulgaire, qui est seul abusé par cette folle illusion de l'orgueil. Car si ces personnes se distinguent comme elles le prétendent; ce n'est pas de la foule, mais bien de la classe la plus honorable et la plus élevée de la société, qui de nos jours, en France, aussi bien qu'autrefois, continue de donner aux enfants, ces mêmes noms de Saints, que le commun rebute et dédaigne.
A suivre…



Dernière édition par Louis le Mar 02 Oct 2012, 8:43 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Mar 02 Oct 2012, 7:01 pm

Famille de Mlle Le Ber. Sa Naissance. Son Baptême. Sa première éducation.

(suite)

A mesure que la jeune Le Ber fit paraître les premières étincelles de sa raison, la grâce du baptême produisait en elle des effets assez surprenants. C'est que sa pieuse mère, fidèle aux devoirs de son état, ne négligeait rien pour développer et pour faire croître dans l'enfant, la grâce de sa seconde naissance. D'abord, pour préparer les voies à l'exercice de la foi chrétienne, elle voulut que dans l'esprit de sa fille, l'instruction précédât la raison. Dans ce dessein, elle s'efforça de lui donner les premières notions de DIEU et de JESUS-CHRIST, avant même que son esprit fût capable de les comprendre, et sa mémoire de les retenir; et par là, elle eut la joie si douce, pour une mère chrétienne, de voir l'esprit de sa fille se tourner et se porter comme spontanément vers DIEU, dès les premiers rayons de sa raison naissante, et son tendre cœur lui offrir les prémices de ses affections.

L'enfant, en effet, n'avait encore que cinq ou six ans, et presque tous les jours, elle allait voir, avec beaucoup de joie, Mlle Mance, sa marraine, et les hospitalières de St. Joseph, pour leur proposer, durant les récréations, diverses questions sur Notre-Seigneur et ses mystères, particulièrement sur sa Sainte Enfance dont elle ne parlait qu'avec des sentiments extraordinaires d'estime et d'amour. Mlle Mance en était surprise et frappée. Elle ne pouvait assez admirer la sagesse des réflexions qu'elle faisait, dans un âge si tendre ; comme aussi la justesse, la pénétration de son esprit et l'avidité insatiable qu'elle avait, de connaître les motifs pour lesquels DIEU avait créé tout ce qu'elle voyait sur la terre, et dans le firmament : demandant de chaque chose en particulier, pour quel dessein, DIEU l'avait faite de la sorte.

Madame Le Ber ne s'appliquait pas avec moins de succès, à préparer le cœur de sa fille, à l'exercice des vertus chrétiennes. Elle n'ignorait pas que le baptême, en nous rendant enfants de DIEU, n'éteint pas en nous, la source des inclinations vicieuses que nous avons apportées en naissant: l'orgueil, l'amour du plaisir sensible, et l'amour désordonné des richesses. Elle savait très bien, que pour nous aider à en triompher, JESUS-CHRIST, au baptême, vient résider dans nos âmes par son Esprit, afin de nous inspirer ses propres sentiments d'humilité, de mortification et de dégagement des biens de ce monde, et nous faire vivre comme il a vécu.

Étant donc bien convaincue que le devoir capital des parents, surtout celui des mères chrétiennes, chargées par l'ordre de la divine Providence de la première éducation de leurs enfants, est de favoriser en eux l'exercice et le développement de ces sentiments de JESUS-CHRIST : Madame Le Ber, en s'appliquant à imprimer dans l'esprit de sa fille les premières notions des vérités de la foi, ne fut pas moins attentive à lui inspirer, dès le plus bas âge, de l'aversion pour la vanité, vice si opposé à l'esprit chrétien, et qui d'ordinaire ouvre la porte du cœur à tous les autres vices.

Quoiqu'elle ne lui refusât aucun des petits ajustements…
A suivre…

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Message  Louis Mer 03 Oct 2012, 12:25 pm

Famille de Mlle Le Ber. Sa Naissance. Son Baptême. Sa première éducation.

(suite)

Quoiqu'elle ne lui refusât aucun des petits ajustements, que portaient les autres enfants de sa condition et de son âge, elle fut toujours attentive à lui faire comprendre, qu'elle devait en user, sans jamais y attacher son cœur; et par là, elle eut le bonheur de la prémunir efficacement, contre toute affection désordonnée pour la parure. Docile à ces salutaires impressions, la jeune Le Ber annonça dès lors, ce qu'elle devait être dans la suite, un modèle parfait de toutes les vertus propres d'une Vierge Chrétienne. Jamais, peut-être, ne vit-on dans un enfant de cet âge, des indices plus assurés de la vraie et solide vertu, plus d'amour pour la prière, plus de modestie dans le maintien, plus de charité pure pour ses petites compagnes, et de compassion pour les malheureux. C'était le fruit de l'éducation chrétienne qu'elle recevait de sa pieuse mère.

Si l'exemple de Madame Le Ber trouve encore, de nos jours, un grand nombre d'imitatrices, parmi les mères qui se font gloire d'être chrétiennes, quelques-unes, il faut l'avouer, au lieu d'inspirer à leurs enfants l'amour des maximes de l'Évangile, comme elles y sont obligées en conscience, semblent au contraire, (quoique sans y penser,) chercher à remplir leurs jeunes cœurs de l'amour des vanités et des pompes du monde, auxquelles pourtant elles ont renoncé par le baptême.

Il n'est pas sans exemple en effet de voir des mères, après avoir paré leurs enfants, qui à peine se soutiennent sur leurs pieds, prendre plaisir à les louer, à les admirer, à relever la beauté et la recherche de leurs vêtements, et à exagérer follement leur bonne grâce. L'expression de joie excessive qu'elles font alors paraître dans les traits de leur visage, dans leurs regards ; les paroles animées, les gestes significatifs dont elles se servent pour exprimer leur satisfaction ; toutes ces démonstrations font plus d'impression qu'on ne le pense, sur le cœur des enfants, et les ouvrent aux fausses douceurs de la vanité et de la folle estime d'eux-mêmes. C'est ce qu'il est aisé de remarquer, à l'attitude qu'ils savent prendre alors, à leur démarche, à tous leurs procédés, quelquefois pleins de hauteur; jusque là qu'on en voit, se préférer avec orgueil aux autres enfants, et dédaigner même, ceux à qui l'on ne donne pas les mêmes louanges, ou qui ne sont pas si bien vêtus.

Par ces insinuations perfides, la puissance et les charmes du langage et de l'amour maternels, qui devraient préparer dans les enfants, les voies à l'exercice de la foi, de l'espérance et de la charité, qu'ils ont reçues dans le baptême, tendent au contraire à y éteindre ces vertus, et contribuent en quelque sorte, à les rendre orgueilleux, hautains, et dédaigneux, avant même qu'ils soient raisonnables.

Voilà les suites naturelles et inévitables de la première éducation, lorsqu'elle n'est pas dirigée par les lumières de la foi chrétienne. Nous allons voir au contraire dans Mlle Le Ber des effets tout différents, que produisit la direction si sage et si éclairée qu'elle avait reçue dès le premier âge.

A suivre : chapitre II. Mlle Le Ber entre au pensionnat des Ursulines de Québec. Sa mortification. Sa politesse. Sa charité.

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Message  Louis Mer 03 Oct 2012, 7:55 pm

LIVRE PREMIER

Enfance de Mlle Le Ber. Son séjour au Pensionnat des Ursulines à Québec.

CHAPITRE II.

Mlle Le Ber entre au pensionnat des Ursulines de Québec. Sa mortification. Sa politesse. Sa charité.

Quoique les Mémoires, qu'on nous a laissés sur Mlle Le Ber, ne nous apprennent pas, si la Vénérable Sœur Bourgeoys, fondatrice de la Congrégation, eut quelque part à sa première éducation, nous ne pouvons guère douter, que de concert avec la pieuse mère de cette sainte enfant, elle ne lui ait donné des soins particuliers, en formant son cœur à la vertu, et en lui enseignant les premiers éléments des lettres humaines. C'est ce qu'elle faisait à l'égard de toutes les petites filles de Ville-Marie, de quelque condition qu'elles fussent, tant était grande l'estime que les parents avaient conçue de sa vertu, et la bénédiction dont DIEU se plaisait à couronner son zèle pour la sanctification de l'enfance.

Lorsque la jeune Le Ber eut atteint sa huitième année, la Sœur Bourgeoys se voyant hors d'état de suffire à l'éducation des enfants du pays, par défaut de coopératrices, qu'elle ne pouvait encore trouver en Canada, prit la résolution de repasser en France pour en ramener avec elle; et aussi pour solliciter à la Cour, des Lettres Patentes, qui pussent assurer l'avenir de son nouvel Institut. Ce voyage priva la Colonie pendant deux ans de la présence de cette sainte fondatrice. Ce fut apparemment cette absence de la Sœur Bourgeoys, et l'assurance de trouver chez les Ursulines de Québec, tout ce qu'elle pouvait désirer pour l'instruction de sa fille, qui déterminèrent Madame Le Ber à la placer auprès de ces Religieuses, afin qu'elle y achevât son éducation. Quoiqu'elle n'eût que cette seule fille, qu'elle l'aimât très tendrement, et qu'il s'agit de l'envoyer à soixante lieues de Ville-Marie : comme son affection pour elle, était vraiment chrétienne, et avait DIEU pour motif: Madame Le Ber ne balança pas à sacrifier sa tendresse naturelle à son devoir de mère et au bien de son enfant. La jeune Le Ber fut donc conduite à Québec et confiée aux Ursulines.

Si l'on doit juger de la bonté d'un arbre par celle de ses fruits, et de l'habileté des institutrices par l'excellence des élèves qu'elles forment ; le plus digne éloge que l'on puisse faire des Religieuses Ursulines de Québec, dans le grand art d'élever la jeunesse, c'est de dire qu'elles ont été les instruments, dont la Sagesse divine a voulu se servir, pour former l'esprit et le cœur de ce rare sujet, la merveille de son siècle et le plus parfait modèle qui ait pu être offert jusqu'ici à toutes les jeunes personnes canadiennes. La suite montra en effet, que DIEU avait ménagé cette circonstance, pour mettre au grand jour et faire admirer dans cette enfant de grâce, les bénédictions dont il l'avait prévenue ; comme aussi pour produire par elle dans les cœurs de ses jeunes compagnes et de ses maîtresses les impressions les plus profondes.

Voici ce qu'en écrivaient les Ursulines elles-mêmes, plus de quarante ans après:…

A suivre…


Dernière édition par Louis le Jeu 04 Oct 2012, 5:20 pm, édité 1 fois

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Message  Louis Jeu 04 Oct 2012, 11:40 am

Mlle Le Ber entre au pensionnat des Ursulines de Québec. Sa mortification. Sa politesse. Sa charité.
(suite)
Voici ce qu'en écrivaient les Ursulines elles-mêmes, plus de quarante ans après :

"Mlle Le Ber étant pensionnaire dans notre maison, nous a donné, dès sa plus tendre jeunesse, des marques des plus sublimes vertus, et tout-à-fait au-dessus de son âge. Mais surtout, elle a fait paraître un dégoût marqué, disons mieux, un mépris, une aversion, une horreur extrême pour les maximes et les vanités du monde et pour tout ce qui peut y avoir rapport; un amour singulier de la retraite, du silence, et un goût décidé pour la vie intérieure et l'esprit d'oraison, qui fut toujours son attrait principal ; enfin un grand respect et une parfaite soumission pour ses Maîtresses. Voilà ce que nous avons eu occasion d'admirer en elle, et dont nous rapporterons ici quelques traits sur lesquels il sera facile de se former une idée de tout le reste de la conduite de cette sainte enfant.

Plusieurs personnes de la ville de Québec, à qui Mlle Le Ber avait été recommandée par ses parents, lui envoyaient souvent des objets propres à lui servir d'amusement, ou des friandises de haut goût, dont la plupart des enfants sont ordinairement si avides. Dans ces occasions, Mlle Le Ber s'excusait poliment de les accepter : son esprit de mortification, qui lui faisait rechercher les privations de tous les genres, aurait trop souffert de toucher à ces objets ou à ces douceurs."

Quelle vertu consommée dans un âge si tendre ! quel parfait modèle pour toutes les élèves des pensionnats !...

A suivre.

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Message  Louis Jeu 04 Oct 2012, 6:04 pm

Mlle Le Ber entre au pensionnat des Ursulines de Québec. Sa mortification. Sa politesse. Sa charité.
(suite)

Quelle vertu consommée dans un âge si tendre ! quel parfait modèle pour toutes les élèves des pensionnats ! Bien différente de ces enfants délicates, pour ne rien dire de plus, qui esclaves de la sensualité, demandent elles-mêmes des friandises à leurs parents, et les reçoivent toujours avec des démonstrations de joie excessives et messéantes ; MLLE Le Ber refusait celles mêmes qu'on venait lui offrir; montrant par une conduite si chrétienne, combien elle avait mortifié en elle toute affection pour ces sortes de douceurs, et laissant toujours les personnes qui les lui offraient, vivement touchées et édifiées d'une mortification si rare.

Et toutefois, quelque vif et ardent que fut cet amour pour la mortification, il ne lui faisait négliger aucun des égards que commandait la bienséance ou la charité chrétienne. Si elle jugeait qu'en refusant ces petits présents, elle dût mortifier les personnes qui les lui offraient, alors, elle les acceptait de bonne grâce, aimant mieux se mortifier elle-même, en contrariant son attrait, quelque saint qu'il fût, que de mécontenter les personnes honorables, qui lui témoignaient tant de bienveillance et d'amitié. Une si sage condescendance faisait bien voir que ce grand amour de la jeune Le Ber pour la mortification, était en elle, non l'effet du caprice, comme on le voit quelquefois dans d'autres enfants, qui se font une dévotion à leur mode, mais la marque certaine d'une vraie et solide

Enfin, ajoutent ses Maîtresses, "lorsque par ménagement pour les personnes qui les lui offraient, elle acceptait ces objets et ces douceurs par pure politesse, ce n'était que pour les distribuer ensuite à celles de ses compagnes à qui ces petits présents pouvaient faire plaisir," trouvant ainsi dans le généreux abandon qu'elle leur en faisait, le moyen de pratiquer la charité envers elles, sans se relâcher en rien de son amour pour la mortification.

Si l'on voit quelquefois des enfants assez éprises de l'amour d'elles-mêmes pour refuser de faire part aux autres des friandises qu'on leur donne ; si l'on en voit qui se réservent à elles seules l'usage de leurs objets d'amusement, sans souffrir que les autres s'en servent ou y touchent ; on en trouve, il est vrai, d'autres en plus grand nombre, qui par bonté de cœur, ou par vertu, se font un plaisir de les mettre en commun avec leurs petites compagnes. Mais qu'une enfant soit dans l'habitude de se priver elle seule de ces sortes d'objets, pour en laisser l'entière jouissance aux autres : c'est ce qu'on ne vit peut-être que dans la jeune Le Ber, que DIEU voulut donner en effet, à toutes les jeunes pensionnaires pour un parfait modèle de mortification et de douceur.

A suivre :

CHAPITRE III. – MLLE LE BER FAIT PARAITRE PAR LA SIMPLICITE DE SES PETITS MEUBLES L'HORREUR QU'ELLE A DEJA POUR LES VANITES DU MONDE, ET DONNE A SES COMPAGNES DES EXEMPLES D'UNE ADMIRABLE HUMILITE.

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Message  Louis Ven 05 Oct 2012, 12:37 pm

LIVRE PREMIER

Enfance de Mlle Le Ber. Son séjour au Pensionnat des Ursulines à Québec.

CHAPITRE III.

MLLE LE BER FAIT PARAITRE PAR LA SIMPLICITE DE SES PETITS MEUBLES L'HORREUR QU'ELLE A DEJA POUR LES VANITES DU MONDE, ET DONNE A SES COMPAGNES DES EXEMPLES D'UNE ADMIRABLE HUMILITE.


Mlle Le Ber, si parfaitement détachée d'elle-même, ne cherchait pas à s'attirer l'estime de ses compagnes, comme font tant d'autres enfants, qui visent toujours à l'éclat, afin de se faire admirer. Un moyen dont plusieurs se servent pour y arriver, c'est de ne vouloir rien avoir que de beau et de recherché dans leurs petits meubles et dans tout ce qui leur appartient ; comme si le luxe et l'éclat de ces objets qui sont étrangers à leurs personnes, pouvaient leur donner à elles-mêmes quelque mérite. Animée d'un esprit bien différent, la jeune Le Ber se contentait des objets nécessaires, et voulait de plus qu'ils ne fussent remarquables que par leur simplicité. Lorsqu'on lui offrait quelque petit meuble pour son usage, elle commençait par l'examiner avec soin, et si elle y remarquait quelque chose qui sentit la vanité, elle s'excusait de le prendre, à moins que la politesse, ou l'obéissance ne l'y obligeât ; et encore trouvait-elle alors le moyen de satisfaire son attrait pour la simplicité, comme le trait suivant va nous l'apprendre.

Entre autres ouvrages manuels, auxquels elle s'exerçait au pensionnat ; car elle aimait le travail et avait horreur de l'oisiveté, la mère de tous les vices : elle s'appliquait à faire de la dentelle. Une dame de considération, qui la visitait quelquefois, lui offrit, un jour, un fort joli coussin, pour qu'elle s'en servit dans cette sorte de travail ; il était orné de diverses boucles de ruban, et de quelques accompagnements de galons, qui lui donnaient un certain éclat. Dès qu'elle l'eût vu, par un premier mouvement, elle s'excusa d'abord de le prendre, et remercia la personne par un refus très poli. Voyant cependant que cette dame insistait, elle craignit de lui faire de la peine, en persévérant plus longtemps dans son refus, et par un retour délicat de politesse, elle accepta le coussin. Mais elle ne se vit pas plutôt en liberté par le départ de la personne, qu'elle se mit à découdre tous ces ajustements, et quoiqu'ils fussent assez précieux en eux-mêmes, elle les portait au feu, lorsqu'une de ses Maîtresses l'ayant aperçue, l'arrêta dans son chemin.

On la blâma d'abord, on remit le coussin dans l'état où il était auparavant, et on voulut l'obliger à s'en servir et à le garder tel qu'elle l'avait reçu de cette dame. La jeune Le Ber se soumit, sans murmurer, à la volonté de ses Maîtresses; car sa grande mortification ne nuisait jamais en rien à la perfection de son obéissance, qui au contraire servait toujours de règle à sa mortification. Toutefois, et ceci montre bien la vigueur et la force de l'esprit chrétien dans cette enfant de grâce : en se servant de ce coussin, elle se faisait à elle-même de si excessives violences, qu'elle arrosait sans cesse son ouvrage de ses pleurs. Mais les larmes qu'elle répandait ainsi, n'étant point l'effet d'un caprice ou d'un dépit de volonté propre blessée, comme il arrive quelquefois dans les enfants qu'on oblige à faire ce qui les contrarie : les Religieuses Ursulines, touchées de la pureté des motifs qui lui faisaient répandre tant de pleurs, et craignant de contrarier dans cette sainte enfant l'attrait et l'action de la grâce, lui permirent enfin de dépouiller le coussin de tous ces ajustements inutiles, et de le remettre dans l'état de simplicité, où elle l'avait mis d'abord.

" Nous étions toujours dans l'admiration," concluent les Ursulines en terminant ce récit,…


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Message  Louis Ven 05 Oct 2012, 6:33 pm

MLLE LE BER FAIT PARAITRE PAR LA SIMPLICITE
DE SES PETITS MEUBLES L'HORREUR QU'ELLE A DEJA POUR LES VANITES DU MONDE,
ET DONNE A SES COMPAGNES DES EXEMPLES D'UNE ADMIRABLE HUMILITE.

(suite)

" Nous étions toujours dans l'admiration," concluent les Ursulines en terminant ce récit, " de voir dans une enfant de cet âge tant d'éloignement et tant de mépris pour ces bagatelles, que les autres enfants recherchent pour l'ordinaire avec tant d'empressement. C'est que dès lors, ajoutent-elles, Mlle Le Ber jugeait des choses selon les lumières de la foi ; et trouvait dans ces vains ornements, un certain rapport avec les vanités du monde réprouvé, auxquelles elle avait renoncé entièrement dans le fond de son tendre cœur, et auxquels tous les chrétiens ont renoncé par le saint Baptême."

Qu'une conduite si chrétienne devrait inspirer des sentiments de confusion et de regret à une multitude d'enfants ! Combien, qui ne se contentant pas de l'honnête nécessaire, convenable à leur condition, voudraient dans tout ce qui est à leur usage, n'avoir que ce qu'il y a de plus beau, de plus recherché, de plus éclatant, de plus précieux ! Combien, qui étant dépourvues de ces objets de prix, portent envie aux enfants qui les possèdent; et parmi ces dernières, combien qui y mettent leur complaisance, qui en tirent vanité, et qui peut-être, en prennent occasion de mépriser celles de leurs compagnes, qui n'ont que des choses plus simples et plus communes!

Parmi les élèves du pensionnat des Ursulines, Mlle Le Ber était l'une des plus distinguées selon le monde. La considération dont jouissaient ses parents, les talents naturels qu'on remarquait en elle, la facilité et la bonne grâce avec lesquelles elle parlait en public, les succès qu'elle obtenait dans ses études, et dans les ouvrages de goût, auxquels les pensionnaires s'exerçaient alors ; tous ces avantages semblaient l'élever au-dessus de la plupart de ses compagnes, et lui donner droit de prétendre à quelque distinction. Jamais cependant, on ne vit une jeune personne moins empressée à paraître, ou plutôt aussi désireuse de demeurer inconnue.

C'est le témoignage que lui ont rendu ses Maîtresses, et qu'on lira ici avec édification…


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Message  Louis Sam 06 Oct 2012, 1:08 pm

MLLE LE BER FAIT PARAITRE PAR LA SIMPLICITE DE SES PETITS MEUBLES
L'HORREUR QU'ELLE A DEJA POUR LES VANITES DU MONDE,
ET DONNE A SES COMPAGNES DES EXEMPLES D'UNE ADMIRABLE HUMILITE.

(suite)

C'est le témoignage que lui ont rendu ses Maîtresses, et qu'on lira ici avec édification.

" Son amour pour la vie cachée, pour la retraite et le silence, disent-elles, se manifesta dans une multitude d'occasions. C'est un usage dans nos classes, qu'aux approches de certaines Fêtes principales, surtout au temps de Noël, on fasse apprendre par cœur aux pensionnaires, quelques petites pastorales ou d'autres pièces de dévotion, tant pour cultiver leur mémoire, et l'orner de choses utiles, que pour leur donner du naturel et de la bonne grâce dans le débit. Mlle Le Ber ne craignait pas de parler en public, elle le faisait toujours bien et très à propos. Mais ce n'était qu'avec peine qu'elle paraissait dans ces exercices, parce qu'ils l'exposaient à s'y faire remarquer, et à recevoir des applaudissements et des louanges. Voici l'une des pieuses industries que son humilité lui fournissait, pour paraître le moins qu'elle le pouvait dans ces sortes d'occasions.

" Dans ces petites pièces, chacune des pensionnaires est chargée d'un rôle particulier, et en leur distribuant ces rôles, on se conforme autant qu'on le peut, à l'inclination et au caractère des enfants.

Mlle Le Ber, quelqu'amour qu'elle eût pour la vie cachée, ne refusait jamais de prendre part à ces exercices avec les autres pensionnaires ; car elle était ennemie des dispenses et des singularités; mais tandis qu'elle aurait pu se charger des premiers rôles et s'en acquitter avec honneur, elle demandait toujours de préférence ceux où il y avait peu de choses à dire, ceux dont les personnages avaient le moins d'action dans la pièce, ou même qui supposaient l'acteur au-dessous des autres, ou dans le mépris."

Voilà la marque certaine d'une vertu consommée…


Dernière édition par Louis le Sam 06 Oct 2012, 6:23 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Sam 06 Oct 2012, 6:23 pm

MLLE LE BER FAIT PARAITRE PAR LA SIMPLICITE DE SES PETITS MEUBLES
L'HORREUR QU'ELLE A DEJA POUR LES VANITES DU MONDE,
ET DONNE A SES COMPAGNES DES EXEMPLES D'UNE ADMIRABLE HUMILITE.

(suite)

Voilà la marque certaine d'une vertu consommée. Qu'une enfant naturellement timide, ou dont la mémoire est assez ingrate, demande de préférence les rôles où il y a le moins à faire et à dire ; on le conçoit aisément ; l'amour de sa petite réputation, trop exposée peut-être dans un autre rôle, peut bien lui inspirer un tel choix. Mais qu'une jeune personne capable des premiers rôles, et en état de les remplir avec applaudissement, demande toujours les derniers, ceux surtout qui doivent la mettre au-dessous de ses compagnes : c'est ce que peut inspirer, seule, la vraie et parfaite humilité. Quel contraste entre les sentiments si purs de Mlle Le Ber, et ceux de certaines jeunes personnes, qui ont à paraître dans ces exercices ! Cette sainte enfant y trouvait un nouveau moyen de récréer innocemment et d'édifier ses compagnes, et de témoigner de plus en plus à DIEU son amour ; tandis que d'autres, s'en font à elles-mêmes une occasion de relâchement à son service, et quelquefois de péché, par les sentiments de vaine complaisance et d'orgueil auxquels elles s'abandonnent.

Il est vrai, qu'elles ne négligent rien pour s'acquitter parfaitement de leur rôle, et en cela elles remplissent un juste devoir et sont dignes d'approbation. Mais au lieu de se proposer la gloire de DIEU, l'accomplissement de sa sainte volonté, manifestée par celle de leurs Maîtresses, l'instruction et l'édification du prochain, ou enfin quelqu'autre motif chrétien : elles n'ont en vue, dans les efforts qu'elles font pour réussir, que l'espérance ambitieuse de s'attirer l'estime et les applaudissements des assistants, et le désir de laisser, dans tous les esprits, une grande idée d'elles-mêmes.

En se laissant ainsi entraîner à la tentation de l'orgueil, ces enfants oublient malheureusement qu'elles sont chrétiennes, car une vraie chrétienne s'efforce d'imiter JESUS-CHRIST, qui dit dans l'Évangile : Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur; et c'était sur ce divin modèle que Mlle Le Ber formait sa conduite. Si elle ne demandait pas les premiers rôles, si elle préférait au contraire ceux qui semblaient la mettre en oubli, c'était pour ressembler plus parfaitement à JESUS, qui dans une circonstance, où on voulait le faire roi, se déroba aux empressements de la foule et prit la fuite.

Ce grand désir d'imiter JESUS, venait dans Mlle Le Ber…

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Message  Louis Dim 07 Oct 2012, 12:53 pm

MLLE LE BER FAIT PARAITRE PAR LA SIMPLICITE DE SES PETITS MEUBLES
L'HORREUR QU'ELLE A DEJA POUR LES VANITES DU MONDE,
ET DONNE A SES COMPAGNES DES EXEMPLES D'UNE ADMIRABLE HUMILITE.


(suite)

Ce grand désir d'imiter JESUS, venait dans Mlle Le Ber de son ardent amour pour lui. On ressemble volontiers à ceux que l'on aime, et si nous avions dans nos cœurs, un amour vif et ardent pour sa personne adorable, comme l'avait dans le sien Mlle Le Ber, à son exemple, nous nous plairions à l'imiter en tout.

Les Ursulines dans leur Mémoire, ajoutent ici un trait bien touchant.

" Il arriva," rapportent-elles "que dans une de ces occasions, où l'on distribuait des rôles, le tendre amour de Mlle Le Ber pour Notre-Seigneur, et le grand désir qu'elle avait de lui être semblable, trahirent son humilité, et n'en firent que mieux paraître le fond admirable de son cœur. Il était question de représenter, sous divers personnages l'adoration des pasteurs à la crèche de JESUS enfant. On lui demanda, qui elle voulait représenter dans cette pastorale. C'est l'Enfant JESUS, répondit-elle sans hésiter. Vous ne choisissez pas mal, mademoiselle, lui dit-on ; mais pourrait-on savoir la raison de votre choix? Elle fit cette belle réponse:

' C'est que le Saint Enfant ne dit mot et ne se remue point ; et que je voudrais l'imiter en toutes choses.' "

A suivre : CHAPITRE IV. — Fidélité de Mlle Le Ber à garder le silence prescrit aux pensionnaires, et à marcher en la sainte présence de Dieu. Son amour pour la méditation.

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Message  Louis Dim 07 Oct 2012, 6:07 pm

LIVRE PREMIER

Enfance de Mlle Le Ber. Son séjour au Pensionnat des Ursulines à Québec.

CHAPITRE IV.

FIDELITE DE MLLE LE BER A GARDER LE SILENCE
PRESCRIT AUX PENSIONNAIRES, ET A
MARCHER EN LA SAINTE
PRESENCE DE DIEU.
SON AMOUR POUR LA MEDITATION.

Mlle Le Ber pouvait être proposée à ses compagnes du pensionnat, comme un modèle de fidélité parfaite à tous les points de leur règlement. Aucune ne lui était comparable pour l'exactitude à observer le silence, prescrit dans certains moments de la journée. Il est vrai que cette règle si importune pour quelques enfants, n'avait pour Mlle Le Ber que des douceurs et des charmes. C'était le fruit de sa grande application à mortifier toutes ses inclinations naturelles, qui auraient pu contrarier ses devoirs. On conçoit qu'une enfant si prompte à étouffer en elle, les moindres mouvements de vanité, de complaisance, d'attache aux objets les plus agréables, et si généreuse au service de DIEU, devait avoir une égale facilité à mettre un frein à sa langue.

La démangeaison de parler, dont plusieurs enfants sont les esclaves, ne vient en effet que de leur immortification, et de la malheureuse liberté qu'elles se donnent de satisfaire tous leurs petits caprices et leurs moindres fantaisies. Toutefois, en se conformant si ponctuellement à la règle du silence, Mlle Le Ber ne se proposait pas de s'attirer par là l'estime et les éloges de ses Maîtresses. Ce motif intéressé eût été trop bas et trop vil, pour un cœur aussi pur et aussi élevé qu'était le sien. La fin qu'elle avait en vue, c'était l'accomplissement de la sainte volonté de DIEU qu'elle adorait dans la règle qui prescrivait le silence, et aussi le désir sincère d'imiter JESUS qui voulut le garder lui-même dans son enfance, quelque douceur qu'il pût goûter en s'entretenant avec Marie.

A la faveur de dispositions si saintes, le silence était pour Mlle Le Ber, un moyen facile de se tenir dans le recueillement, qui, au rapport de ses Maîtresses, faisait toutes ses délices. Mais ce recueillement…

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Message  Louis Lun 08 Oct 2012, 12:39 pm

FIDELITE DE MLLE LE BER A GARDER LE SILENCE PRESCRIT AUX PENSIONNAIRES,
ET A MARCHER EN LA SAINTE PRESENCE DE DIEU.
SON AMOUR POUR LA MEDITATION.

(suite)

Mais ce recueillement, au lieu d'être un exercice oisif, l'unissait doucement à DIEU ; il la faisait marcher tout le long du jour en sa sainte présence, et converser intérieurement avec lui. C'est la remarque que font ses Maîtresses, dans le Mémoire déjà cité :

"Le profond respect dont elle avait toujours été pénétrée dès sa plus tendre enfance pour la Souveraine Majesté de DIEU, disent-elles, la rendait continuellement attentive à sa divine présence."

Après cela, nous ne devons pas être étonnés, si cette sainte enfant a fait de si rapides progrès dans les plus solides vertus. L'exercice de la présence de DIEU est, en effet un moyen très-efficace et infaillible pour les acquérir toutes ; puisque DIEU en choisissant Abraham, pour qu'il fût le père et le modèle de tous les croyants, c'est-à-dire des âmes parfaites, ne lui donna pas d'autre moyen à pratiquer : Marchez en ma présence lui dit-il, et soyez parfait. C'était comme s'il lui eût dit : cet exercice renferme lui seul tous les autres exercices ; pourvu que vous marchiez en ma présence, vous éviterez infailliblement le mal, vous pratiquerez le bien, vous serez humble, charitable, patient, enfin vous arriverez à la perfection la plus sublime.

D'où vient cependant que certaines enfants ne s'appliquent presque jamais à une pratique si sainte, et qu'elles ont tant de peine à penser à DIEU? C'est qu'elles ne sont au pensionnat que de corps, et que leur cœur est encore dans le monde ; c'est-à-dire, que leur cœur est esclave de toutes ses petites affections. Ces enfants n'ont d'autre règle de conduite, que la recherche de leurs plaisirs, elles ne peuvent souffrir la moindre humiliation, quelquefois même la correction la plus douce. Elles veulent tout voir, tout entendre, tout connaître, jouir de tout et ne se mortifier en rien. Elles ne savent ce que c'est que de sacrifier à DIEU, un regard de curiosité, une parole inutile ou piquante, un désir sensuel ou superflu, un mouvement d'amour propre. Leurs yeux sont toujours ouverts pour tout voir, leurs oreilles pour tout entendre, leur langue est toujours prête à produire au dehors les désirs ou les sentiments de leurs cœurs. Cet état de dissipation habituelle leur inspire du dégoût pour les exercices spirituels, leur rend très-difficile et comme impossible la pratique de la présence de DIEU, les expose infailliblement à une multitude de tentations, et les entraine quelquefois dans des fautes déplorables.

L'exercice de la présence de DIEU…

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Message  Louis Mar 09 Oct 2012, 12:03 am

FIDELITE DE MLLE LE BER A GARDER LE SILENCE PRESCRIT AUX PENSIONNAIRES,
ET A MARCHER EN LA SAINTE PRESENCE DE DIEU.
SON AMOUR POUR LA MEDITATION.

(suite)

L'exercice de la présence de DIEU, que Mlle Le Ber s'était rendu familier, lui inspirait pour la méditation, une affection merveilleuse, qui était le sujet de l'édification et de l'admiration de ses Maîtresses. Quand une âme est bien pénétrée d'amour pour DIEU, elle n'a pas de peine à s'entretenir avec lui. Cette âme le recherche avec d'autant plus d'ardeur, elle le trouve avec d'autant plus de facilité, elle le contemple avec d'autant plus de clarté, elle jouit de lui avec d'autant plus de plénitude, qu'elle s'est plus entièrement et plus foncièrement dépouillée de toute affection aux choses créées. C'est pourquoi, Notre-Seigneur dit dans l'Évangile : Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu'ils verront DIEU, c'est-à-dire : parce qu'ils le verront, non seulement dans le ciel par la claire vue de sa divine essence ; mais encore sur la terre par l'oraison, où il leur manifestera ses beautés adorables, et ses ravissantes amabilités.

Ce fut ce qu'expérimenta Mlle Le Ber, dès sa plus tendre enfance, à cause du soin qu'elle avait de mortifier ses sens et ses affections naturelles et de vivre par là dans un parfait recueillement. Voici ce que rapportent sur ce sujet, ses anciennes Maîtresses.

"De son recueillement naissait en elle un grand attrait pour l'Oraison, dans laquelle il semble que le Saint Esprit ait voulu être son premier maître. Son zèle pour l'Oraison était même si ardent, que n'étant encore qu'une petite enfant, on l'a trouvée souvent à l'écart, où elle s'était cachée pour prier DIEU. Si quelquefois pendant les récréations communes, on s'apercevait qu'elle avait disparu de la compagnie des autres pensionnaires : on était sûr de la trouver prosternée devant le Très-Saint Sacrement, ou devant quelqu'oratoire de la maison."

Heureuses les Maîtresses qui n'ont à reprendre dans leurs plus vertueuses élèves, que de semblables excès de ferveur !...


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Message  Louis Mar 09 Oct 2012, 12:37 pm

FIDELITE DE MLLE LE BER A GARDER LE SILENCE PRESCRIT AUX PENSIONNAIRES,

ET A MARCHER EN LA SAINTE PRESENCE DE DIEU.

SON AMOUR POUR LA MEDITATION.

(suite)

Heureuses les Maîtresses qui n'ont à reprendre dans leurs plus vertueuses élèves, que de semblables excès de ferveur ! Au lieu de nuire à l'édification des autres, ces excès laissent au contraire dans les esprits et dans les cœurs, des sentiments de respect et d'admiration, pour la fervente piété qui les fait entreprendre, et sont même pour les institutrices, le signe précoce et les heureuses prémices des fruits qu'elles espèrent pour l'avenir, de la part de leurs élèves, comme il a paru d'une manière incontestable dans Mlle Le Ber.

On peut croire raisonnablement, avec les Religieuses Ursulines, que cette sainte enfant, appelée de DIEU à un genre de vie tout angélique, comme on le verra bientôt, ne se séparait ainsi de ses compagnes, que par un mouvement particulier du Saint-Esprit, qui voulait donner dès lors des indices de sa vocation future. C'est ce que nous voyons aussi dans plusieurs saints personnages qui ont fait paraître, dès leur enfance, quelque signe du genre de vie extraordinaire, auquel ils étaient appelés.

Au reste cette sainte avidité avec laquelle Mlle Le Ber recourait ainsi à l'oraison, est une preuve assurée des joies célestes qu'elle goûtait dans ce saint exercice ; et montre bien, que si DIEU était l'unique objet de ses affections les plus tendres et les plus vives : c'est qu'il se plaisait à inonder de ses plus ineffables consolations, un cœur si généreux à lui témoigner à lui-même son amour.

Beaucoup d'enfants n'éprouvent aucun sentiment de joie dans la méditation, ni dans les autres exercices de piété, parce que leur cœur est embarrassé dans mille affections déréglées, qu'elles y portent avec elles, et dont elles refusent de faire le sacrifice à DIEU. Pour elles, ces exercices sont toujours un travail pénible et accablant: elles n'y vont que par coutume, n'y demeurent que par nécessité, n'y rencontrent que froideur, qu'ennui, que dégoût. Ah ! si elles étaient fidèles à débarrasser leur cœur de ces attaches qui le souillent; si elles voulaient une bonne fois se renoncer généreusement : DIEU leur ferait goûter aussi à elles-mêmes, combien son service est aimable, et elles expérimenteraient avec bonheur la vérité de cette parole : Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu'ils verront DIEU. Ces enfants goûteraient plus de douceur, plus de véritables charmes, dans les exercices de piété, dans l'oraison, qu'elles n'en trouvèrent jamais dans leurs récréations et dans tous les autres divertissements les plus agréables. Enfin elles désireraient le moment où il leur serait donné de retourner à leurs exercices, que par une douce expérience, elles sauraient être pour elles, l'occasion des joies les plus pures, et du plus parfait bonheur, qu'elles puissent goûter ici bas.

A suivre : CHAPITRE V. DÉVOTION DE MLLE LE BER ENVERS LES SAINTS ANGES. SA PIÉTÉ ENVERS MARIE. SA RELIGION ENVERS LE TRÈS-SAINT SACREMENT.

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Message  Louis Mar 09 Oct 2012, 4:01 pm

LIVRE PREMIER

Enfance de Mlle Le Ber. Son séjour au Pensionnat des Ursulines à Québec.

CHAPITRE V.

DÉVOTION DE MLLE LE BER ENVERS LES SAINTS ANGES. SA PIÉTÉ ENVERS MARIE. SA RELIGION ENVERS LE TRÈS-SAINT SACREMENT.

L'application de Mlle Le Ber, à marcher en la présence de DIEU; le besoin que son cœur éprouvait, de s'entretenir avec lui, dans l'oraison ; l'empressement avec lequel elle saisissait toutes les occasions de recourir à ce saint exercice; enfin sa fidélité constante à plaire à DIEU en tout : de si heureuses dispositions, rendaient sa vie en quelque sorte, céleste, et semblaient l'avoir associée aux Anges, quoiqu'elle vécût encore dans un corps mortel. C'était sur le modèle de ces Esprits bienheureux, qu'elle réglait propre conduite, à cause de la vénération singulière, que dès sa plus tendre enfance, elle avait conçue pour eux. " L'idée des Saints Anges, qui sont sans cesse en la présence de DIEU dans le ciel," rapportent ses Maîtresses, " l'affectait d'une façon tout-à-fait extraordinaire ; et elle ne pouvait penser à ces bienheureux Esprits, sans éprouver dans son cœur, de grands sentiments de confiance et d'amour." Cette confiance, fondée sur la charité des Saints Anges pour nous, et sur leur puissance auprès de DIEU, portait Mlle Le Ber à recourir à eux, dans tous ses besoins ; et elle éprouva sensiblement l'effet de leur assistance, dans une multitude d'occasions, comme nous en rapporterons quelques exemples dans la suite de sa vie.

Parmi les Saints Anges, elle avait surtout recours à Saint Michel, et à son Ange Gardien. L'Archange St. Michel, qui avait pris si hautement le parti de DIEU, contré les anges rebelles, en s'écriant : Qui est semblable à DIEU? Ce prince de la milice céleste lui inspirait une particulière confiance, et elle recourait à lui dans ses tentations, afin qu'il l'animât de la force de DIEU, et qu'elle sortît toujours victorieuse du combat.

Mais son recours le plus ordinaire, était au Saint Ange sous la protection duquel DIEU l'avait placée, le jour de son baptême. Il serait impossible de dire le respect qu'elle lui témoignait, et la confiance qu'elle eut toujours, pour ce fidèle gardien de son innocence. Elle l'invoquait en toutes rencontres, s'entretenait intérieurement avec lui, lui demandait conseil dans ses doutes ; et comme les effets de son assistance qu'elle expérimentait, étaient sans nombre, ils ne servaient qu'à accroître en elle sa confiance, et à rendre plus habituel encore son recours vers lui.

Nous ne pouvons douter que les Saints Anges, nos frères aînés, ne soient pleins de charité pour nous, et très-puissants pour nous secourir ; ni que chacun de nous n'ait reçu à son baptême, un de ces Esprits bienheureux, pour veiller à sa conduite particulière. Comment se fait-il, cependant, que si peu de personnes recourent à eux, leur rendent quelques devoirs, ou même se rappellent leur souvenir ? Que l'exemple de Mlle Le Ber, vous porte à les honorer désormais ; et surtout à recourir à votre Ange Gardien, dans tous vos besoins, avec une confiance parfaite. C'est une sainte habitude, que les jeunes personnes doivent contracter dans leur séjour au pensionnat; afin d'invoquer toute leur vie, ce saint protecteur, et de mériter son assistance dans les occasions difficiles, qui pourront se présenter, surtout à l'heure de leur mort.

Une enfant aussi heureusement prévenue de la grâce, que l'était Mlle Le Ber, ne pouvait manquer d'avoir une sincère et fidèle dévotion…
A suivre.


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Message  Louis Mer 10 Oct 2012, 12:11 pm

DÉVOTION DE MLLE LE BER ENVERS LES SAINTS ANGES. SA PIÉTÉ ENVERS MARIE. SA RELIGION ENVERS LE TRÈS-SAINT SACREMENT.


(suite)

Une enfant aussi heureusement prévenue de la grâce, que l'était Mlle Le Ber, ne pouvait manquer d'avoir une sincère et fidèle dévotion envers Marie, la véritable mère des chrétiens. On peut même dire, que cette dévotion, qu'elle semblait avoir puisée avec le lait maternel, fut le principe de sa piété et de toute sa vie angélique. Elle la fit éclater, dès son entrée au pensionnat des Ursulines de Québec. Elle s'y croyait même plus obligée qu'aucune autre de ses compagnes, à cause de la ville où elle était née : ayant coutume de dire, que la tendre et sincère dévotion envers cette divine Mère, devait faire le caractère particulier d'une fille de Ville-Marie, ville qui a été fondée, en effet, pour mettre en honneur cette dévotion dans toute l'Amérique Septentrionale.

Outre les mystères de Marie, qu'elle honorait avec le commun des chrétiens, son attrait particulier la portait à respecter les dispositions intérieures, avec lesquelles cette divine Vierge faisait toutes ses actions, et qui leur donnait tant de prix, même aux plus petites. Pour se sanctifier sur ce modèle admirable de la Vie intérieure de Marie, elle s'unissait dans ses actions, aux dispositions et aux sentiments qu'elle avait eus dans les siennes, quand elle vivait sur la terre : par exemple, en priant, en travaillant, en conversant ; afin de faire les mêmes actions dans des dispositions semblables. Nous ne nous étendrons pas ici sur les autres pratiques de sa dévotion envers la Très-Sainte Vierge ; le reste de cette vie n'offrira qu'une suite de moyens qu'elle employa jusqu'à sa mort, pour lui devenir de plus en plus conforme.

C'était en s'unissant ainsi aux dispositions intérieures de Marie, qu'elle aimait, surtout, à adorer JESUS au Très-Saint Sacrement: mystère qui fut toujours le centre de toutes ses dévotions, comme on le verra dans toute la suite de sa vie. Dès sa plus tendre enfance, elle avait donné des marques peu communes de ce respect profond. Aussi rapporte-t-on d'elle, qu'elle fit sa première communion avec des sentiments d'amour et de ferveur inexprimables ; et on le conçoit aisément de la part d'une telle enfant, en qui il paraissait sensiblement que DIEU avait mis ses plus douces complaisances. La ferveur qu'elle fît alors paraître, ne se ralentit jamais, en elle, comme il n'arrive, que trop souvent dans beaucoup d'autres jeunes personnes. Elle eut soin de l'entretenir et de l'accroître toujours davantage, après sa sortie du pensionnat, par la fidélité avec laquelle elle se préparait à la réception fréquente de ce divin Sacrement, l'objet de ses plus ardents désirs, et son véritable pain de vie.

A suivre : Livre second.



Dernière édition par Louis le Mer 10 Oct 2012, 8:40 pm, édité 2 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Mer 10 Oct 2012, 6:14 pm

LIVRE SECOND


DEPUIS LA SORTIE DE MLLE LE BER DU PENSIONNAT,
JUSQU'À SON ENTRÉE À LA CONGRÉGATION EN QUALITÉ DE RECLUSE,


CHAPITRE I.

RENTRÉE DANS LE MONDE, MLLE LE BER DEMEURE FIDÈLE
A TOUS LES EXERCICES DE PIÉTÉ, QU'ELLE AVAIT PRATIQUÉS AU PENSIONNAT.
LA MODESTIE DE SES VÊTEMENTS.


Après que MlleLe Ber eut achevé son éducation ; elle se sépara enfin de ses chères compagnes et de ses bonnes Maîtresses, dont elle emportait les justes regrets, et retourna à Ville-Marie auprès de ses parents. Ce fut vers l'année 1677 ; elle était alors âgée d'environ quinze ans. En quittant le couvent, elle ne changea presque rien à sa manière de vivre ; surtout elle n'abandonna aucun de ses exercices de piété. Elle savait que dans le monde, ces moyens de sanctification, lui seraient plus nécessaires encore, qu'ils ne l'étaient dans la solitude, à cause des dangers auxquels elle pourrait être exposée ; et au lieu de diminuer le nombre de ses dévotions, elle y en ajouta de nouvelles.

Bien différente de ces jeunes personnes, qui n'ayant pas pris le véritable esprit de la piété, pendant qu'elles faisaient leur éducation dans des maisons religieuses, se réjouissent de leur rentrée dans la maison paternelle, en pensant qu'elles pourront y vivre, enfin, dans une plus grande liberté. Hélas ! le premier usage qu'elles font de cette liberté funeste, c'est d'abandonner insensiblement leurs exercices de piété, alors qu'ils leur sont plus nécessaires ; et de quitter ainsi les armes au moment du combat.

Ce ne fut pas ainsi que se conduisit Mlle Le Ber, cette vierge sage et prudente. Dès qu'elle fut rentrée dans la maison de ses parents, son premier soin fut de se tracer à elle-même, et de soumettre à l'approbation de son directeur, un règlement de vie, où elle avait partagé avec sagesse et discernement le temps de la journée, entre la prière, la lecture, le travail et les autres devoirs domestiques. Ses pieux parents, convaincus qu'ils ne pouvaient mieux lui témoigner leur amour, qu'en secondant les mouvements de sa ferveur, bien loin de la gêner dans ses pratiques religieuses, lui facilitèrent, au contraire, avec joie, les moyens de s'y rendre fidèle, quoique quelques-uns pussent paraître extraordinaires, dans une jeune demoiselle de quinze ans.

Elle se levait tous les jours…


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