La Représentation du NU en Art.

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Message  Roger Boivin Mar 26 Oct 2010, 1:04 am

Comme l'on sait, je suis en train de mettre en ligne un livre qui à mon avis donne les vraies Notions sur l'Art.
Le petit problème, c'est qu'à un moment donné sur deux pages, l'auteur, Dominique Laberge, pour tâcher de nous faire comprendre quelque chose, prend en manière de comparaison la question du NU. Il nous montre, en citant le nom de certaines œuvres de certains artistes très connus, que le NU peut être représenté de façon chaste ou vulgaire.
Mais, à mon avis, si le NU doit, c'est évident, être représenté de façon chaste, il faut de plus, dans un premier temps, qu'il le soit aussi pudiquement, c'est-à-dire avec les voiles appropriés pour ne pas blesser la pudeur d'autrui, ce qui n'est pas une mince affaire ; et dans un deuxième temps, que quand la scène l'exige, telle Adam et Ève, la Chaste Suzanne et les vieillards, l'Enfant Jésus, etc., et pas dans toute sa vérité, mais de façon pudique, avec les voiles ( une façon de parler) que la Morale l'exige.
..

Ce qui m'amène depuis longtemps à me demander : Quel est la pertinence de vouloir représenter le NU en Art ?

Alors, si quelqu'un trouve de quoi d'autorité sur la question, qui donne les directives obligatoires à observer, c'est plus que bienvenu.

Merci d'avance.



ooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooo



A ce propos, voici une information fournie en m.p. par gabrielle, et que je partage ici :



Daniele Ricciarelli (né à Volterra en 1509 et mort à Rome, le 4 avril 1566), plus connu sous le nom de Daniele da Volterra ou le Volterran, est un sculpteur et un peintre maniériste italien de la Renaissance tardive

Il est connu pour sa participation à l’œuvre de Michel-Ange. Plusieurs des œuvres importantes de Volterra se basent sur des dessins de Michel-Ange, et après la mort de celui-ci, il recouvre les parties génitales des personnages du Jugement final par des repeints de pudeur, ce qui lui fait gagner le surnom de Il Braghettone.

Le Jugement dernier est une fresque peinte par Michel-Ange sur le mur de l'autel de la chapelle. Michel-Ange le peignit sur commande du pape Clément VII, alors qu'il avait 60 ans. Le travail dura 6 ans, entre 1535 et 1541.

En 1532, Michel-Ange revient à Rome après un séjour de plusieurs années à Florence — au cours duquel il avait pris parti contre le pape lors du conflit avec l'empereur Charles Quint — et Clément VII, qui lui a pardonné, lui demande de peindre les deux extrémités de la chapelle Sixtine. Il devait y représenter la Chute des anges rebelles et le Jugement dernier. Presque aussitôt il se mit à l'étude pour réaliser ce projet démesuré, mais, Clément VII étant mort (en 1534), il songeait à renoncer à ce travail pour reprendre le tombeau de Jules II, quand le pape Paul III s'y opposa et le nomma par bref en 1535 architecte, peintre et sculpteur du Vatican. Le Jugement dernier fut seul exécuté.

La fresque s'étend sur un vaste mur (20 m de haut, 10 m de large) en forme de double lunette, sur lequel Michel-Ange compose une scène saisissante, à la fois ordonnée et bouillonnante, offrant une vision torturée et douloureuse du jugement dernier, loin de la calme majesté des représentations habituelles.

La figure du Christ surprend par l'apparence inhabituelle — un jeune homme viril et athlétique — sous laquelle Michel-Ange a représenté Jésus. Il y exprime le caractère divin du Seigneur par la force et la puissance qui se dégage du personnage.
A l'époque, l'œuvre avait fait scandale, en partie à cause du fait que les 400 et quelques personnages qui y figurent sont nus, y compris le Christ lui-même. Paul IV songea un moment faire effacer le tout puis se contenta de faire voiler pudiquement certains personnages par Daniele da Volterra, qui y gagna le surnom de Braghettone (culottier). Au XVIIe siècle, Clément XII fera encore recouvrir d'autres personnages.

La vision de l'œuvre a été fortement perturbée par la longue restauration qui a été effectuée de 1981 à 1992. Elle a dévoilé des couleurs étonnantes chez celui qu'on surnomma le « terrible souverain de l'ombre » : des roses pastels, des verts acides, des bleus clairs...

Donc, c'est JP2 qui avait fait enlevé les voiles.



Dernière édition par roger le Mar 26 Oct 2010, 12:58 pm, édité 4 fois
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Message  ROBERT. Mar 26 Oct 2010, 11:29 am

Spoiler:
Je n'ai qu'un mot pour JP2: il est terrible de tomber aux mains du Dieu vivant !
.
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Message  Roger Boivin Mer 27 Oct 2010, 12:46 am

J'ai trouvé ça dans un Manuel de Littérature, J. V. s.i.,1939, p.301 :

Plusieurs théories soutiennent que l'objet propre de la sculpture est la beauté corporelle, en tant que telle, ou, comme disent les matérialistes, « le bel animal humain ». de là, leur prédilection pour le nu. (Lessing, Laocoon.) C'est une grave erreur : « Le corps n'intéresse l'art qu'à titre de révélateur de l'âme. La peinture de l'homme physique vaut uniquement comme appoint à la manifestation de l'homme moral. » Voyez Longhaye, S. J., etc., pp 234 et suiv.
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Message  Catherine Mer 27 Oct 2010, 4:18 am

Effectivement, le nu dans les peintures religieuses (on en parle même pas ailleurs! Rolling Eyes) est particulièrement choquent!

Une des raisons pour lesquelles je n'aime pas du tout Michel Ange.... en plus ses personnages font sensuels, bref, ils ne respirent pas du tout "la bonne odeur de Jésus-Christ!" (enfin, c'est personnel, hein! Wink )

J'ai eu l'occasion de visiter la basilique Saint Pierre de Rome.... et je n'ai pas aimé du tout!

Je préfère de loin la simplicité, et j'ai presque envie de dire, le "sainteté" de nos petites églises de campagne, qui possèdent bien souvent de trés belles représentations de nos saints mystères...
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Message  Johnny Mer 27 Oct 2010, 3:15 pm

Je ne m'étais jamais penché sur la question de l'art dans la religion, je trouve que c'est tellement secondaire. Par contre je dois dire que ce que Catherine vient de dire, je l'approuve à 110%.

On peut bien voir l'œuvre des montiniens partout. Encore un chose que je n'étais pas au courant; JP2 le déculloteur Mad .
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Message  Roger Boivin Lun 15 Nov 2010, 7:49 am



Vous avez absolument raison, Johnny, l'Art c'est secondaire et doit rester au service de la Religion, ce qu'il ne fait plus du tout aujourd'hui officiellement aujourd'hui.

Il est supposé être son serviteur, et non pas se servir de la Religion à son détriment pour s'émanciper, se donner toutes sorte de licences comme universellement on le constate aujourd'hui.

L'art pour l'art, c'est absolument condamnable, n'a pas raison d'être ; c'est une dérive grave qui entraine les âmes à leur perte éternelle.

Je le répète, l'Art se doit de conserver, ou plutôt de recouvrer sa vocation, car il l'a perdu aujourd'hui. Et cette vocation c'est d'être au service de LA Religion.





Pour ma phrase soulignée en gras, je me demandais si je n'étais pas un peu excessif (?).

Et pour la dernière phrase, je ne me fais pas d'illusion, le Messie que j'attends, Il va venir, oui, mais des Cieux pour son deuxième avènement.

LA Religion ? ce mot est péjoratif dans l'esprit des gens aujourd'hui, car les gens en général ne font pas la distinction entre LA RELIGION et les IRRÉLIGIONS (ou ce qui englobe tout ce qu'il y a de sectes, de fausses religions :l'IRRÉLIGION ).



Dernière édition par roger le Lun 15 Nov 2010, 7:46 pm, édité 2 fois
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Message  Johnny Lun 15 Nov 2010, 11:05 am

Vous avez tout à fait raison Roger. Je dois admettre que l'art au service de la religion est une très belle chose qui nous fait découvrir Dieu d'une façon plus facile pour notre intelligence limitée. Je n'ai malheureusement pas encore prit le temps de lire votre fil sur l'art. Je vais l'enregistrer et lorsque j'aurai plus de temps je le lirai.

Merci.
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Message  Roger Boivin Dim 17 Nov 2013, 1:38 pm

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Message  Roger Boivin Dim 17 Nov 2013, 1:41 pm


TRAITÉ D'ICONOGRAPHIE CHRÉTIENNE par Mgr X. BARBIER DE MONTAULT, 1898 ; pages 56, 57, 58 :

http://liberius.net/livres/Traite_d_iconographie_chretienne_%28tome_1%29_000000380.pdf

CHAPITRE X

L A NUDITÉ


1. — Le nu est essentiellement païen et anti-chrétien. Le christianisme ne l'a pas pratiqué, parce qu'il y voyait la conséquence de la faute originelle : « Ettimui eo quod nudus essem et abscondi me » (Gen., III, 10) et un sujet de confusion : « Non appareat confusio nuditatis tua » (Apoc., III, 18). Aussi le pape S. Damase a-t-il dit qu'elle ne convenait qu'aux idoles : « Huic homini, qui in habitu idoli incedit, numquam adscribendum est nomen Christiani. »

2. — Quand la nudité a été imposée par la nécessité, on a toujours eu soin de sauvegarder les lois de la pudeur, soit par un geste, soit par un feuillage ou un linge enroulé autour des reins. Ces faits sont rares et exceptionnels : citons Adam et Eve dans le paradis terrestre, les prophètes Jonas et Daniel, le crucifix, la résurrection des corps.

On peut la classifier ainsi : Nudité historique, qui se manifeste dans Adam et Eve, Noé ivre, le Christ au baptême et à la crucifixion ; nudité symbolique, comme Daniel dans la fosse aux lions et le prophète Jonas, en vue de la résurrection; nudité naturelle, pour des personnifications à l'antique, tels que les fleuves, la terre, etc, ; nudité païenne, représentation d'une idole.

3. — La nudité, en dehors de ces quelques exceptions, signifie la damnation et la misère. Les démons et les damnés sont nus, pour ajouter la honte à la réprobation. Les pauvres sont à peu près nus et la lèpre est indiquée par des taches sur la peau (vitr, de la cath. de Poitiers, XIII°s.)

A Vézelay, XIIe siècle, une femme nue est au pouvoir du démon et, en regard, une femme habillée se tient sur ses gardes.

4. — L'âme est nue complètement, mais sans sexe, pour attester que l'état du mariage qui n'existe plus n'appartient qu'à la vie terrestre : « Cum enim a mortuis resurrexerint, neque nubent neque nubentur, sed sunt sicut angeli in coelis » (S. Marc, XII, 25). L'âme, qui est pur esprit, reprend donc la nature angélique, autant qu'il est possible de l'exprimer par une forme conventionnelle.

5. — Le moyen âge ne s'est pas gêné, dans ses miniatures et sculptures, d'aller jusqu'à l'obscénité. Faut-il y attacher un sens symbolique? Quelques archéologues le prétendent, mais leur opinion n'est pas très sûre. Serait-il mieux de croire les artistes naïfs à l'égal des spectateurs ? Je n'oserais l'affirmer. La pensée n'est pas toujours suffisamment évidente. Le vice est montré dans sa réalité, mais est-ce constamment pour en détourner ? La licence a eu une grande part dans l'art. Or quatre scènes se reproduisent assez fréquemment : l'indécence absolue de l'homme et de la femme, attirant l'attention sur les parties sexuelles, la séduction, l'accouplement et l'accouchement.

6. — Le XVe siècle a commencé à déshabiller l'Enfant Jésus, et à étaler le sein de la Vierge dans l'allaitement. La Renaissance naturaliste a érigé le nu en système : elle a fait des anges nus, elle a mis des femmes nues partout, elle a rendu les vertus indécentes et, en mille détails de l'ornementation, a copié l'antiquité dans ses poses éhontées et ses attitudes provocantes. Une des statues du tombeau de Paul III, à Saint Pierre de Rome, chef-d’œuvre de Guillaume délia Porta, a beau être vêtue d'une chemise de fer blanc, mise après coup, le geste n'en reste pas moins lascif comme la pose et le regard.

Il y a dans cette iconographie un désordre réel. Dès lors, on préfère les sujets scabreux, uniquement parce qu'ils prêtent à des études anatomiques : la tentation de nos premiers parents, l'histoire de Loth et de ses filles, la rencontre de David et de Bethsabée, Suzanne au bain, la circoncision, Sainte Madeleine pénitente, les martyres de Sainte Agathe et de Saint Sébastien, la tentation de Saint Antoine etc.

7. — La nudité des pieds a été érigée en principe pour attester la divinité ou une mission remplie dans le monde. Elle est exclusivement réservée à la Trinité, aux anges et aux apôtres ; ce n'est que par exception qu'on la voit attribuée aux prophètes. La Vierge elle-même a les pieds chaussés.

La nudité est complète sur les monuments français ; en Grèce, la plante des pieds est protégée par une sandale, admise aussi généralement par les Italiens.

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Message  Roger Boivin Dim 17 Nov 2013, 2:38 pm


MANUEL DE L'ART CHRÉTIEN -- Le Comte Henri-Julien-Léonard de Grimoüard de Saint-Laurent - 1878 -- p. 69 :

https://archive.org/stream/manueldelartchr00saingoog#page/n87/mode/2up
DU NU.


Adam et Ève venaient de pécher : Dieu les appela : ils se cachèrent, parce qu'ils avaient compris qu'ils étaient nus, et Dieu lui-même se chargea de leur fournir de premiers vêtements. Depuis cette chute, nos sens sont restés dans un état de révolte ; et il est de prudence, il est de convenance de toujours couvrir notre nudité.

Dans l'art païen lui-même, originairement, la nudité humaine était réputée contraire aux bonnes mœurs ; mais, lors de l'apparition du christianisme, on en était venu, au contraire, au point d'agir, au moins sur le terrain de l'art, comme s'il n'y avait en nous rien à couvrir, rien à dissimuler ; et les yeux s'étaient tellement accoutumés à la nudité, que, pour les chrétiens eux-mêmes, la reproduction intégrale et sans voile du corps humain pouvait paraître indifférente en elle-même. Il ne semble pas que, dans les peintures des Catacombes, on ait attaché la moindre importance à l'éviter dans les sujets qui l'amenaient naturellement : telles certaines figures allégoriques empruntées plus directement aux habitudes de l'ancienne société, et adoptées avec bonne signification ; tels, parmi les sujets directement chrétiens, Daniel dans la fosse aux lions, les trois Hébreux dans la fournaise, Jonas dans les diverses circonstances de son histoire.

Toutes ces figures, d'ailleurs, étaient exécutées avec une grande réserve, et se réduisaient à de simples indications dans tout ce qui eût été capable d'offusquer des yeux comme ceux des Cécile et des Agnès.

Quelque minimes que dussent être les inconvénients de ces nudités, à une époque où il y avait autant de chaste simplicité dans les obscurs réduits où se cachaient les disciples de l'Évangile que de corruption dans la Rome officielle, il était difficile qu'ils n'en eussent aucun. Les pasteurs les plus clairvoyants le durent comprendre ; ils durent comprendre aussi que, par ces réminiscences païennes, on n'ajoutait aucune valeur à des œuvres composées dans un but d'édification chrétienne, et nous croirions avoir aperçu dans les monuments de l'antiquité chrétienne une tendance graduelle à vêtir quelques-unes des figures qui, dans le principe, avaient toujours été représentées nues.

Tout le moyen âge participe tout à la fois de la liberté naïve des premiers siècles et de la disposition qui avait porté à n'en user que de plus en plus sobrement. Les nudités, en somme, devinrent plus rares ; mais les artistes les étalaient quelquefois avec un laisser-aller qu'on ne leur permettrait plus aujourd'hui (on est en 1878). Ce que nous ne voyons pas, c'est que, jusqu'au XV° siècle, le nu ait été recherché comme une beauté artistique. Quand il se multiplie alors, c'est un des symptômes du naturalisme. C'est à dater de cette époque que l'Enfant Jésus est généralement représenté tout nu.

C'était d'abord avec une grâce naïve, tout à fait en rapport avec l'idée de l'innocence que l'on pensait ainsi représenter. Mais bientôt les abus du nu se multiplièrent, s'aggravèrent ; et l'on se familiarisa tellement avec la représentation du corps humain sans aucun voile que, dans le Lieu saint, au-dessus des autels, Michel-Ange, quand il peignit son Jugement dernier, se crut permis de représenter non-seulement ceux qui sortent du tombeau et les damnés, mais jusqu'aux Saints et aux Saintes dans le ciel, jusqu'aux Anges, sous la figure d'adultes vigoureusement cantonnés, sans rien dissimuler de ce que les règles les plus vulgaires de la décence doivent apprendre à cacher. Qu’on en juge par un groupe de ces prétendus Anges portant la croix que nous reproduisons, en rappelant que les draperies dont on les voit couverts ont été ajoutées par les ordres du saint pape Pie V.

La Représentation du NU en Art. A13

Nous leur opposons un Ange remplissant les mêmes fonctions dans le Jugement dernier d'Orcagna, au Campo Santo de Pise.

La Représentation du NU en Art. B10

Le nu en vint à passer pour la première, presque pour l'unique condition du beau, pour un besoin de l'art. Le nu de Michel-Ange s'étale sans respect pour les convenances, pour la pudeur chrétienne ; mais il n'est pas sensuel. Beaucoup d'autres, même lorsqu'ils sont plus couverts, sont moins chastes.

La tolérance fut grande ; les réclamations cependant ne manquèrent pas. Les conciles, les papes, les Saints élevèrent assez la voix pour ne pas nous laisser plus de doute sur la persistance du mal que sur les efforts tentés pour en arrêter la propagation. Tous les théologiens qui s'en sont occupés se plaignent amèrement de ces images, qui, selon leurs expressions, sont propres à exciter des passions mortelles, et ne servent de rien à la piété. En aucun temps plus que dans le nôtre, il n'importe de le rappeler. Aujourd'hui, nous avons en face de nous un naturalisme brutal, qui, prenant pour point de départ la négation de la chute de l'homme, est le dernier mot de toutes les erreurs contemporaines. Ce qui était toléré autrefois ne peut plus l'être. Nos conclusions, cependant, ne diffèrent pas de celles qui résultent de toutes les réclamations que nous venons de rappeler.

Toute nudité complète doit être proscrite de l'art chrétien. Aucune raison valable ne la réclame jamais, même dans les enfants, car l'on peut représenter des figures comme étant nues, quand le sujet le demande, sans être obligé d'étaler toute leur nudité ; il suffit d'un léger artifice de composition pour dissimuler ce qui doit toujours l'être.

Toute nudité partielle qui n'est pas commandée par le sujet doit être elle-même soigneusement évitée. Car pourquoi montrer dans un tableau, selon l'expression d'Érasme, « ce que l'on cache partout ailleurs par une honte bien entendue » ?

Ainsi n'est-il pas évident que, dans cet Ange du Dominiquin, la nudité de la cuisse, non-seulement n'est pas réclamée par le sujet, mais que, pour l'obtenir, il a fallu tenir des draperies suspendues d'une manière naturellement impossible ; et n'y a-t-il pas plus de vérité dans cet autre Ange, représenté dans le même rôle, que nous lui opposons à la page suivante ?

La Représentation du NU en Art. C10

D'ailleurs, que nul sujet exigeant le nu dans des conditions un peu délicates ne soit adopté, s'il ne produit des fruits d'édification bien solides. Puis, que l'artiste chrétien, obligé par les exigences de son sujet à laisser quelqu'un de ses personnages à découvert, y apporte de tels correctifs que les sens ne puissent être ramollis ; ces correctifs lui sont offerts par les circonstances mêmes qui légitiment l'usage du nu. La signification en est prise en bien ou en mal. Dans le premier cas, le nu ne saurait porter l'empreinte d'une pureté trop angélique ; dans le second, loin de provoquer aucune impression que l'on ait à réprimer, il ne devrait exciter que la compassion ou l'horreur.

La Représentation du NU en Art. D10

Même sujet par Chiodorolo, fresque de la chapelle de Sainte-Cécile-des-Bentovoglio, à Bologne.

Comme attribut de l'innocence, la nudité convient à Adam et à Ève avant leur chute. et nous croyons qu'elle ne convient à aucun autre. Après une dégradation qui s'est étendue à la race humaine tout entière, où retrouver en effet l'innocence ? Les enfants apportent en naissant la souillure originelle ; il faut les en laver par le baptême, et le signe de l'innocence ainsi recouvré est la robe blanche et non la nudité. Et lorsque l'œuvre de la régénération sera consommée, le signe de l'éternelle béatitude sera la robe de gloire, stolam gloriæ.

Le Sauveur, aussitôt sa naissance, fut enveloppé de langes ; il en avait certainement été de même de sa très-sainte Mère, et rien n'oblige, tout dissuade de choisir pour les représenter les courts instants qui ont pu se passer avant qu'ils ne l'aient été, si tant est que ces instants aient même jamais été, en réalité, saisissables à la vue ; car, par respect, sainte Anne et la sainte Vierge durent instantanément recueillir dans un pan de leurs vêtements le fruit béni de leur sein, et leur éviter l'ignominie de la nudité.

La nudité est devenue, en effet, un signe d'ignominie ; elle est désormais la marque du dénuement, l'effet de la spoliation, la suite de la pauvreté, une forme de la misère, la compagne du supplice, une cause de souffrance, un sujet de honte. Au point de vue du dépouillement, il y a lieu de l'envisager sous deux aspects différents, suivant qu'elle est bien ou mal supportée : tantôt c'est une épreuve salutaire, tantôt un châtiment. Dans le premier cas, Notre-Seigneur Jésus-Christ lui-même est le modèle par excellence, et la chaste réserve avec laquelle on doit peindre ses chairs sacrées, soit dans la scène de son baptême, soit dans celles de sa passion et de son crucifiement, doit servir de règle et de mesure pour toutes les scènes de baptême et de martyre.

La nudité est aussi la dernière conséquence du vice et son châtiment ; trop souvent il s'en est paré, abjurant toute honte ; il est juste de la lui imposer quand il voudrait en dissimuler l'horreur. Mais prenons garde de peindre le vice sous ses propres couleurs, au temps de ses séductions : ce serait se rendre sa dupe ou son complice. Il est reconnu, en saine morale, que ni la bouche ni la plume ne doivent jamais se souiller par une certaine peinture du vice. De même, dans l'art chrétien, la nudité ne doit être, en quelque sorte, qu'un symbole qui indique comme honteux ce que le vice montre comme attrayant.

La nudité est, dans ce sens, l'attribut du vice personnifié, du démon, des damnés, et même des possédés, comme étant momentanément sous la puissance du démon.

Nous admettrons aussi qu'au moment de la résurrection, et avant que leur sort n'ait été prononcé, les morts, revenant à la vie, soient encore nus ; mais c'est pure fiction, et cette fiction n'est pas obligatoire au point d'exclure le droit d'en choisir une autre.

L'étude du nu pour l'artiste ne peut pas être circonscrite aux circonstances où il est obligé de le représenter. Cette étude est nécessaire pour rendre avec vérité les proportions et les mouvements du corps humain ; et la situation de l'artiste chrétien est analogue à celle du médecin, obligé d'étudier l'anatomie. Il ne doit pas oublier cependant qu'elle est moins impérieuse et plus délicate, parce qu'elle se fait sur des corps vivants ; et nous l'engageons, s'il veut conserver toute la fraîcheur de ses pensées et la chasteté de ses affections, à ne pas s'abandonner sans réserve aux pratiques d'atelier.

Les figures anatomiques lui prêteront un grand secours ; l'étude de l'antique, dans une sobre proportion, lui profitera, jusqu'à un certain point, plus que celle de la nature même ; elle lui apprendra à l'ennoblir. L'idéal des Grecs a rendu le nu plus décent ; le céleste des chrétiens le doit élever au plus haut degré de pureté qu'il puisse atteindre. Moins palpitant de vérité naturelle, il n'en sera que plus vrai par l'élévation de la pensée.

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Message  Roger Boivin Dim 17 Nov 2013, 2:50 pm


ESSAI D'ESTHÉTIQUE, LA CONNAISSANCE PRATIQUE DU BEAU, par le frère MARTINUS -- CHAPITRE VIII - LE BEAU EN SCULPTURE :

https://messe.forumactif.org/t3911p45-essai-d-esthetique-la-connaissance-pratique-du-beau-par-le-frere-martinus#75936


[..]

Chez les Grecs, l'art se confondait, pour ainsi dire, avec la philosophie et la religion. Les sages et les artistes étaient mis sur le même rang. Tous les citoyens avaient le plus grand respect pour les statues des dieux. Socrate, fils d'un sculpteur, cisela lui-même un groupe des Trois Grâces. Platon regardait la beauté du corps comme la marque ordinaire d'un esprit sain. " L'indifférence d'une nation en matière de sculpture, dit Charles Blanc, accuse un vice dans l'éducation publique... Ce n'est pas être complètement religieux que de mépriser ou seulement négliger l'étude de la forme qui est sortie des mains de Dieu si admirable, si harmonieuse, si profondément belle, que notre esprit suffit à peine à le comprendre et notre langage à le dire."

Mais cette étude ne doit pas faire tomber dans le sensualisme. Parce que le corps humain est un chef-d’œuvre, ce n'est pas une raison de le représenter dans toute sa nudité. Une telle reproduction de la beauté corporelle est de nature à ravaler la personne humaine plutôt qu'à l'élever. Du moment que l'art prend l'homme pour objet, il ne doit chercher à exprimer que ce qu'il y a de beau en lui : les formes les plus nobles du corps, le rayonnement de la vie, le reflet de l'âme sur la physionomie. Pour être suffisamment drapé, le corps ne perd rien de sa beauté. La statue de Minerve et la plupart des bas-reliefs du Parthenon, par Phidias, représentent des personnages vêtus. Les autres sont en partie drapés. En sont-ils pour cela moins beaux et moins admirables ? Est condamnable surtout le nu complet, le nu troublant, qui ne peut être excusable, chez l'artiste, ni par le désir de révéler sa science de l'anatomie, ni par l'enthousiasme qu'excite en lui la beauté des formes humaines, puisque ces deux raisons n'empêchent nullement de couvrir ce qui doit l'être, ne fût-ce que par une draperie volante. " Les sculpteurs grecs de la meilleure époque, dit le Père Lacouture ( dans son Esthétique fondamentale), sans autre lumière que le tact exquis dont ils étaient doués, s'appliquèrent à éviter dans leurs œuvres tout ce qui pouvait provoquer les passions, afin que rien ne troublât l'admiration des spectateurs. Leurs œuvres, loin de rien perdre à cette absence d'attraits inférieurs, y trouvent une supériorité de beauté qui a fait le ravissement des siècles. De nos jours malheureusement, le plus grand nombre des artistes (en Europe) méconnaissent cette vérité et suivent une voie opposée. Leur première préoccupation paraît être de parler aux sens le langage de la passion." "Alors ce n'est plus la beauté qui charme, ajouterait Winckelman, c'est la volupté qui séduit." Hegel s'exprime ainsi sur le même sujet : " La pudeur est un commencement de courroux intérieur contre quelque chose qui ne doit pas être. L'homme qui a conscience de sa haute destination intellectuelle doit considérer la simple animalité comme indigne de lui. Il doit cacher, comme ne répondant pas à la noblesse de l'âme, les parties du corps qui ne servent qu'aux fonctions organiques et n'ont aucune expression spirituelle." Quand il est esthétique d'ailleurs et qu'il laisse suffisamment voir ou deviner la forme corporelle, le vêtement apporte de la variété dans une œuvre et lui aide à satisfaire aux conditions de l'esthétique. C'est ce que nous allons constater maintenant par l'étude du beau dans l'art du sculpteur.

[..]

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