La charité et les transformations qu'elle opère

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Message  ROBERT. Lun 12 Avr 2010, 1:20 pm

Monique a écrit:
UN AUTRE TOI-MÊME

CHAPITRE V

Une réflexion de saint Thomas, d'autant plus frappante qu'elle est dite comme en passant, montre à quel point est vraie cette communion au prochain. Le saint docteur se demande s'il faut aimer le prochain plus que son propre corps et il répond par l'affirmative ; il réfute ainsi une objection qui voudrait voir préférer notre corps parce que plus proche de nous que notre prochain : « Oui, répond-il, en ce qui consume notre nature humaine, notre corps est plus proche de notre âme que le prochain ; mais en ce qui concerne la participation à la béatitude, la communauté est plus étroite entre notre âme et celle du prochain qu'avec notre propre corps (1). »

Mais le mot évangélique dit plus que la métaphore : en ton frère, c'est lui-même que tu aimes, lui différent de toi, mais uni à toi, lui qui est un absolu parce qu'il est une personne. L'amour va à la personne ; les modernes le redécouvrent ; les grands théologiens, un saint Thomas entre autres, n'avaient jamais cessé de l'affirmer.

Jamais donc la charité ne traitera ceux qu'elle aime comme des choses, comme des cas. C'est pourquoi le dialogue qui met en communication deux personnes pour échanger leurs pensées, pour se comprendre, s'interroger et se répondre, pour chercher ensemble, pour « écouter ensemble », et s'il est entre disciples pour s'aimer mieux en communiant plus étroitement, est une des formes privilégiées de la charité fraternelle.

Du même coup, se réduit à néant la fameuse objection : aime-t-on à cause des qualités, à cause des nécessités, à cause d'un intérêt étranger, fût-il supérieur? Non, c'est à cause de toi que tu es aimé, mais ce « toi » qui te fais un absolu par rapport à tout le reste, te réfère à celui dont la triple Personnalité en l'unité de sa déité, crée toute personnalité. On ne peut être une personne qu'en référence à lui.

On ne peut vraiment aimer une personne humaine de cette manière-là, sans être, même à son insu, soulevé jusqu'à Dieu : c'est une des formes de l'amour implicite de Dieu.



1. IIa-IIae q. 26, a. 5 ad. 2.

Merci Monique pour cet approfondissement qui nous fait voir la différence essentielle qu’il y a entre simple humanisme, philanthropie, d'une part, et charité, d'autre part. Voici des notes complémentaires sur ce sujet (Note de robert : nous sommes ici sur le terrain difficile de la théologie morale…)





IIa-IIæ, qu. 26, art.5, concl. Et art. 5, ad. 3, par H.D Noble, O.P., Éd. Des Jeunes, Paris, 1936, notes complémentaires, pp. 341-344. a écrit:



.
Qu. 26, art. 5, concl. — Quand nous disons qu'en charité nous devons nous aimer nous-mêmes plus que le prochain, c'est notre nature spirituelle que nous comparons à la nature spirituelle du prochain. Mais, nous sommes corps et âme, et notre prochain est corps et âme. Et voici de nouvelles questions : devons-nous aimer notre corps plus que le corps du prochain; et notre corps plus que l'âme du prochain?


— Saint Thomas ne soulève pas la première question, mais la réponse se devine. Notre corps, que nous aimons dans la charité comme associé à notre âme dans la sanctification et la glorification, nous est plus uni que le corps du prochain. C'est pourquoi, à ne regarder que les corps eux-mêmes, leur sauvegarde ou leur existence, abstraction faite des intérêts spirituels qui peuvent venir s'y mêler et modifier l'estimation des choses, on doit dire : la charité ne nous oblige pas à préférer le corps du prochain au nôtre et à sacrifier, le cas échéant, notre corps pour le sien. Ce n'est pas une obligation de la charité de risquer la mort pour sauver la vie corporelle de tout venant et à tout propos.


— Cependant, l'enjeu peut se présenter, non plus de notre corps et du corps du prochain, mais de notre corps et des intérêts spirituels du prochain. Et ainsi se pose la nouvelle question, celle du présent article : devons-nous aimer l'âme du prochain plus que notre corps ? Oui, répond saint Thomas. L'âme de notre prochain représente devant Dieu un bien de plus grande valeur que le bien de notre corps. Dans l'appréciation et l'amour de notre charité, il devra en être ainsi. C'est l'âme qui est héritière de la béatitude éternelle du ciel, le corps y sera seulement glorifié comme un associé de l'âme et parce qu'il aura été ici-bas l'instrument de la sanctification. Le salut du prochain et ses intérêts spirituels doivent donc, devant l'amour et le dévouement de notre charité, prendre plus d'importance que l'existence terrestre de notre corps et même plus que sa glorification céleste. Par la charité, nous nous aimons corps et âme, mais la priorité doit aller à notre âme sanctifiée ou à sanctifier; de même nous aimons notre prochain, tel qu'il est, corps et âme, mais la priorité doit aller au salut de son âme de préférence à son corps et à notre propre corps.



Qu. 26, art. 5, sol. 3. — Les applications pratiques des principes qui viennent d'être dits ne vont pas sans de très grandes difficultés. Jusqu'à quel point la prudence, la justice et la charité permettent-elles à quelqu'un d'exposer sa vie corporelle pour subvenir aux intérêts spirituels d'un autre?

— Bien des distinctions doivent ici intervenir. Le prochain est-il en urgente et extrême nécessité spirituelle, ou bien en danger non immédiat? Celui qui est prêt à se dévouer, va-t-il s'exposer à la mort ou bien à un détriment moins grave ou à un dommage seulement léger ? D'autre part, est-il tenu à ce dévouement par un devoir de justice (par exemple par devoir professionnel ou fonction de ministère sacerdotal), avant d'y être tenu par devoir de charité ? Et encore, ce devoir de charité, faut-il l'entendre, selon le cas, d'une obligation stricte de la charité ou seulement d'une exigence prise à la perfection de la chanté ? On le voit, les situations sont complexes et compliquées et nous ne saunons tenter de résoudre ici toutes les difficultés soulevées par le conflit entre le dévouement dû à l’âme du prochain et la charité que nous nous devons à nous-mêmes.

— Voici cependant quelques règles : Pour être tenus de secourir, au péril de notre vie, le prochain qui se trouve en extrême et urgente nécessité spirituelle, par exemple, pour nous exposer à être brûlés vifs en allant baptiser un enfant qui va périr dans les flammes, il faut tout d'abord être certain que le résultat visé sera obtenu. De plus, il faut qu'un bien plus grand à sauvegarder ne s'y oppose pas. Au cours d'une attaque, un aumônier militaire n'a pas à se précipiter tout de suite à travers les balles pour secourir le premier soldat blessé, quand tout à l'heure, vingt autres blessés auront besoin d'un secours pareil et ne l'auront plus si le prêtre s'est risqué témérairement. En dehors de ces restrictions, c'est un acte de charité que d'exposer sa vie pour sauver spirituellement le prochain qui se trouve en extrême nécessité, c'est-à-dire dans le cas où son salut éternel dépend immédiatement de cet acte héroïque. Si l'on a charge d'âmes, on est tenu à ce dévouement périlleux. Un curé doit administrer les derniers sacrements à un de ses paroissiens contagieux et mourant, au risque de prendre lui-même la contagion : il y a là un devoir de justice et de ministère sacré, en même temps qu'une obligation stricte de charité. Cependant, cet héroïsme ne serait pas dans l'obligation stricte de la charité, mais relèverait seulement de la perfection de cette même charité, si, n'ayant pas charge d'âme, on s'exposait à la mort pour sauver une âme en péril et quand, il n'y aurait que ce moyen de la sauver. Dans un cas de besoin spirituel, non plus extrême ni immédiat, mais cependant sérieux, on n'est point tenu, par charité, de secourir autrui en s'exposant à la mort ou en s'attirant de grands dommages. A plus forte raison, si le besoin du prochain ne présente aucune gravité ni urgence.

— Dans la solution pratique de tous ces cas, le discernement de la prudence doit jouer un rôle capital : il s'agit non seulement de juger exactement des faits et de leurs circonstances, mais encore de tenir un juste milieu entre une charité à contre-temps et un égoïsme absolu qui refuserait toute entr'aide, dès que menacerait le moindre inconvénient. Entre tout perdre inconsidérément, et perdre quelque chose de ses aises, il y a de la marge. Peut-on concevoir un dévouement de charité qui n'accepterait pas quelque sacrifice ? C'est bien le cas de redire ici la sentence du P. Lacordaire : « L'immolation est la moitié généreuse de l'amour, et nul ne sait aimer qui ne sait s'immoler ».

.
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Message  Monique Lun 12 Avr 2010, 2:13 pm

Merci cher Robert, pour ces notes complémentaires et essentielles. Wink
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Message  Monique Lun 12 Avr 2010, 6:12 pm

UN AUTRE TOI-MÊME

CHAPITRE V

L'hospitalité qui accueille chez soi trouve là tout son sens : l'étranger venu de la part de Dieu est reçu chez lui. La maison accueillante, ou mieux le cœur qui accueille devient le « chez soi » de celui qui n'en n'avait plus. Les voyages modernes ont supprimé bien des éléments de ce qui rendaient l'hospitalité si grande chez les anciens. Les touristes ne sont pas au même titre « envoyés de la part de Dieu », ni non plus tous les étrangers.

Pourtant le monde moderne a créé tant d'autres détresses, tant d'autres distances, que la charité n'y a pas de peine à trouver de nouvelles formes de service et d'hospitalité qui toutes essaient de réaliser l'accueil du Christ, non seulement dans le lieu et le travail, mais plus encore dans le cœur et l'esprit : « Soyez accueillants les uns aux autres (2). »

Les paroles pressantes de saint Pierre et de saint Paul pour recommander l'hospitalité entre chrétiens (3) reprennent une nouvelle actualité dans les jours de détresse et de persécutions, ainsi qu'à l'égard de tous ceux que des nécessités d'étude ou de travail mènent loin de chez eux.

A la lumière de ces réflexions, on reconnaît tout ce qu'il y a de chrétien dans la recommandation de traiter tout homme « comme un ami possible (1) ». Le moi et le toi qui se rencontreront ainsi peu à peu, qui se découvriront pour s'aimer, sont le fondement de toute communion.

Ici encore revient à l'esprit la parole augustinienne : « Aime et dis ce que tu veux », parce que si tu aimes, tes paroles seront la reprise et la retransmission de celles du Seigneur, car lui seul peut apprendre à aimer un autre comme soi-même : « Jamais homme n'a parlé comme cet homme (2) », personne ne sait parler à l'homme comme Dieu et ceux qui l'apprennent de lui.

2. Rm. 15, 7.
3. Cf. I P. 4, 9 et Rm. 12, 13.
1. Lavel, A la recherche d'autrui.
2. Jn. 7, 46.
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Message  Monique Mar 13 Avr 2010, 7:07 pm

UN AUTRE TOI-MÊME

CHAPITRE V

La conscience dit à chacun ses possibilités, mais que ce soit sa conscience et non sa paresse ou sa peur de l'effort. Le paresseux craint toujours des difficultés inouïes, il a peur de rencontrer le lion, lui faisait dire le Sage (3), il a peur de son ombre, disait sainte Catherine de Sienne.

L'activisme n'est pas à craindre quand on reste vraiment serviteur, commandé par les besoins réels, par les possibilités effectives et non par une vaine démangeaison de s'agiter. L'activisme n'est pas dans la quantité de ce qu'on fait, mais dans la manière et l'esprit dont on le fait.

Le service chrétien sous toutes ses formes ne nous extériorise pas par rapport à l'autre, mais au contraire, en nous faisant regarder dans la même direction que le Christ — selon la définition, déjà citée, de l'amitié d'après Saint-Exupéry — et viser les mêmes intentions, il nous met en communion avec lui et ensemble nous retrouvons le Christ, car c'est à lui seul finalement que revient le service rendu au plus petit des siens.

On ne s'étonne plus alors de la joie promise à ceux qui mettraient en pratique sa solennelle recommandation et on s'aperçoit bien vite que, si entrer dans la joie du Maître est pour demain, recevoir cette joie est pour aujourd'hui : « Il y a plus de joie à donner qu à recevoir (4). »




3. Cf. Prov. 25, 12.
4. Ac. 20, 35.
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Message  Monique Mer 14 Avr 2010, 8:44 pm

LA CHARITÉ FRATERNELLE ET L'UNION À DIEU

CHAPITRE VI

La formule du précepte divin qui fait du prochain un autre nous-même, puisque nous devons l'aimer ainsi, est si simple qu'on n'en remarque pas d'abord les dimensions, aussi bien que les exigences et les applications. Celles pourtant que nous avons entrevues suffisent à mettre en lumière que pour aimer son prochain, il faut s'être quitté soi-même et s'être établi en Dieu : là seulement, aimer un autre comme soi-même devient possible et vrai.

Alors, nous sommes prêts à recevoir l'enseignement divin qui nous donne le secret total de toutes ces recommandations : « C'est à Moi que vous l'avez fait... » Le prochain est si proche de Dieu, si incorporé au Christ et si entré par là dans le cœur même de Dieu, qu'on n'aime plus et qu'on ne sert plus seulement un homme, mais Dieu.

La charité fraternelle, en unissant au frère, unit à Dieu. Le Maître du bonheur nous le donnait déjà à comprendre dans la parole que nous citions de lui : « Vous serez heureux si vous le faites (1) » Quel bonheur nous enseigne-t-il ? Quel bonheur attendons-nous de lui, sinon de trouver Dieu? Nous promettre d'être heureux, c'est nous assurer que nous serons plus unis à Dieu dans le temps et dans l'éternité, c'est nous dire qu'aimer le prochain, c'est aimer Dieu lui-même qui est toute notre joie.

La théologie catholique le dit et le répète en affirmant inlassablement qu'il y a une seule et même vertu de charité qui fait aimer Dieu pour lui-même et le prochain en lui ; vertu théologale parce qu'elle est divine dans son origine et dans son objet, voulant au prochain ce bien que Dieu est seul à vouloir par lui-même, ou à apprendre aux siens à vouloir avec lui, c'est-à-dire sa propre vie.

L'amour du prochain est donc élément constitutif de la vie et de la perfection chrétiennes ; on ne peut y grandir sans croître en sainteté et sans posséder Dieu davantage. C'est ce qui inspirait ce souhait à saint Jean : « Tout ceci nous vous l'écrivons pour que notre joie soit complète (2) », ce que saint Augustin commente ainsi : « Cette joie complète est suivant lui (saint Jean) le fruit de l'union, de la charité et de l'unité (3). »

1. Jn. 13, 17.
2. I Jn. I, 4.
3. In Jn. I n° 3.
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Message  Monique Jeu 15 Avr 2010, 8:17 pm

LA CHARITÉ FRATERNELLE ET L'UNION À DIEU

CHAPITRE VI

La charité fraternelle atteint Dieu et nous donne Dieu : c'est une vérité de foi qu'aucun disciple de Jésus ne peut mettre en doute. C'est en même temps un enseignement si beau et si riche qu'il est infiniment utile d'essayer d'en comprendre la réalité et les conséquences qui sont comme toujours des exigences et des promesses. Exigences qui nous veulent nous-mêmes totalement, promesses qui nous offrent Dieu Lui-même en sa plénitude : telle est la loi de tout amour, telle est celle de l'amour divin, plus vrai que tout amour.


L'Ancien Testament avait déjà, comme à la dérobée, insinué cette révélation : « Qui fait la charité au pauvre prête à Dieu, lequel paiera le bienfait de retour (1). » Le Christ, lui, prend les formules les plus expressives pour faire entrer cette idée divine en nos esprits rebelles le pardon de Dieu se réglera sur la manière dont nous avons pardonné son jugement sur nous se fera selon que nous aurons jugé nos frères.

Bien plus, il est si proche qu'un geste temporel se situe brusquement dans l'éternel : rien n'est plus soumis au temps qu'un verre d'eau donné au voyageur pour étancher sa soif renaissant avant le prochain tournant de la route ; rien n'est plus absolu qu'une récompense gardée par Dieu et qui ne peut être autre que Lui-même. La parabole du Jugement dernier est dans toutes les mémoires chrétiennes et avertit tout homme que le Christ est là sous les apparences du pauvre, du malade, du prisonnier pour recevoir ses services : « C'est à moi que vous l'aurez fait ».

Le Maître a résumé tout cet enseignement dans une formule simplement prodigieuse quand on pense à celui qui parle et à qui il s'adresse : « Donnez et on vous donnera ; c'est une bonne mesure, tassée, secouée, débordante, qu'on versera dans les plis de votre vêtement ; car de la mesure dont vous aurez mesuré, on mesurera pour vous en retour (2). »


1. Pr. 19, 17.
2. Lc. 6, 38.
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Message  Régis Sam 17 Avr 2010, 2:54 am

Merci à Monique pour ces exhortations à la charité et dernièrement à la charité envers le prochain.

"Aimer son prochain comme soi-même "
Quelle difficulté...on s'aime tellement soi-même ! Il semble que ce soit aussi difficile que cette autre sentence du Seigneur
"Soyez donc parfaits, vous, comme votre Père céleste est parfait". Mt 5,48

Saint Marc, nous dit même qu'aimer son prochain "c’est plus que tous les holocaustes et tous les sacrifices"...ce qui, à première vue parait, bien étrange !

"Voici le second: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas d’autre commandement plus grand que ceux-là et que l’aimer de tout son coeur, de toute sa pensée, de toute son âme et de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, c’est plus que tous les holocaustes et tous les sacrifices" .Mark 12:33

Souvent, nous sommes déçus, voire dégoutés ou amers de notre prochain...que nous méprisons et nous croyons prendre la voie du ciel en recourant à Dieu pour notre consolation.
Nous avons, il est vrai notre consolation mais est-ce que cette démarche plait vraiment à Dieu ? Si aimer Dieu, c'est faire sa volonté, ce n'est pas forcément en recourant à Lui de cette manière que nous lui plaisons !

Pourtant, le Maître dans la plus cruelle partie de sa vie nous donne l'exemple de cet amour du prochain qui nous semble impossible.
En effet, si Jésus nous montre qu'il garde pour Judas l'amour au moment même où il le trahit et le livre à ses bourreaux, à partir de quelle offense pourrons-nous décider de retirer l'amour que l'on doit au prochain ? Et sans doute que cet exemple de Jésus doit être suivi puisque Saint Augustin nous dit que Jésus n'est pas moins venu nous donner une vie à imiter qu'une doctrine à connaître.


"Jésus lui dit: Mon ami, pourquoi es-tu venu ? Alors ils s'avancèrent, mirent les mains sur Jésus, et Le saisirent". Mt 26,50.

PS : J'ai cité Saint Augustin de mémoire et je n'arrive pas à le retrouver dans le texte, quelqu'un pourrait-il y pourvoir ...un grand merci pour lui.

Régis

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Message  gabrielle Sam 17 Avr 2010, 1:19 pm

Je vais tenter le coup...

Oui, pas facile l'amour des ennemis..
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Message  gabrielle Mar 20 Avr 2010, 1:36 pm

Peine perdue, mon Régis, personne ne trouve le passage de Saint Augustin dans le texte Shocked
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Message  Monique Mar 20 Avr 2010, 2:27 pm

Êtes-vous sûr que c'est bien dans le texte, je n'ai rien trouvé qui soit conforme à la citation de Saint Augustin! scratch
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Message  Régis Mar 20 Avr 2010, 3:31 pm

Je suis sûr que c'est de Saint Augustin mais je n'ai retenu que l'idée et peut-être que les mots que j'ai utiliséd ne correspondent pas au texte d'où l'impossibilité de retrouver le texte par mots clés.

Régis

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Message  Monique Mar 20 Avr 2010, 5:21 pm

Maintenant je me retrouve mieux... d'où l'impossibilité de retrouver le texte par mots clés. Very Happy

Et sans aucun doute que c'est de Saint Augustin, cher ami ! Wink

Et il est sûr et certain que cet exemple de Jésus doit être suivi...

Saint Augustin nous dit que Jésus n'est pas moins venu nous donner une vie à imiter qu'une doctrine à connaître.

Par contre j'ai fait des recherches hors texte sur cette citation de Saint Augustin... sans rien trouvé ?

Si un jour la mémoire vous revient cher Régis sur cette citation, je suis preneuse ! sunny
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Message  ROBERT. Mar 20 Avr 2010, 6:33 pm

Monique a écrit: Et il est sûr et certain que cet exemple de Jésus doit être suivi...

Saint Augustin nous dit que Jésus n'est pas moins venu nous donner une vie à imiter qu'une doctrine à connaître.

Par contre j'ai fait des recherches hors texte sur cette citation de Saint Augustin... sans rien trouvé ?

Si un jour la mémoire vous revient cher Régis sur cette citation, je suis preneuse ! sunny

La charité et les transformations qu'elle opère - Page 2 956204 avec vous Monique que cet exemple de Notre-Seigneur doit être suivi La charité et les transformations qu'elle opère - Page 2 87722

Je suis également preneur du recouvrement de mémoire de notre ami Régis.. Very Happy
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Message  Monique Mar 20 Avr 2010, 6:51 pm

ROBERT. a écrit:
La charité et les transformations qu'elle opère - Page 2 956204 avec vous Monique que cet exemple de Notre-Seigneur doit être suivi La charité et les transformations qu'elle opère - Page 2 87722

Je suis également preneur du recouvrement de mémoire de notre ami Régis.. Very Happy



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Message  Monique Mer 21 Avr 2010, 6:16 pm

LA CHARITÉ FRATERNELLE ET L'UNION À DIEU

CHAPITRE VI

Notre tort est de ne pas assez comprendre que Dieu est lui-même tout le bien qu'il promet et surtout de reporter l'accomplissement de ces promesses à la vie d'outre-tombe, oubliant que nous pouvons les vivre dès aujourd'hui.

Saint Jean, pourtant est formel : « Dieu est amour et qui demeure dans l'amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui (3). » Cela est dit du temps et de l'éternité, du présent et du futur. Aussi vrai que Dieu est amour, celui qui demeure dans l'amour ne fait qu'un avec lui. Nous sommes définitivement et uniquement dans l'absolu.

Cette miséricorde promise par le Christ aux miséricordieux gonfle leur cœur de joie dès aujourd'hui ; ils éprouvent mystérieusement qu'ils sont en communication avec le Seigneur lui-même ou plus vraiment qu'ils communient à ses dispositions et qu'ils reçoivent de Lui leurs sentiments : Lui seul blesse de tendre compassion pour le malheureux ; Lui seul désapprend de juger ; Lui seul sait aimer et on reconnaît sa présence à l'amour qu'il inspire.

Saint Augustin, à qui on ne se lasse pas de revenir quand on parle de la charité, l'expliquait à ses ouailles : « Aime ton prochain, dit-il, car si tu aimes le prochain que tu aperçois, tu verras aussi Dieu, parce que tu verras la charité même et que Dieu habite en ton cœur (...) Que personne ne questionne son voisin ; que chacun de nous rentre en lui-même ; et s'il trouve en son cœur la charité fraternelle, qu'il soit tranquille parce qu'il a passé de la mort à la vie. Il est déjà placé à la droite ; si maintenant sa gloire est cachée, qu'il ne fasse pas attention, lorsqu'aura lieu l'avènement du Seigneur, alors il apparaîtra dans la gloire (1). »

Cette phrase est trop nourrie de réminiscences scripturaires pour qu'on risque de la prendre pour une exagération oratoire : qui a la charité « est passé de la mort à la vie », « des ténèbres à la lumière ». Mais que dire de cette autre proposition de l'apôtre qui nous promet sur le chemin de l'amour fraternel la plus haute expérience mystique et une communion étroite avec Dieu : « Aimons-nous les uns les autres, puisque l'amour est de Dieu et que quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu (2). »

3. I Jn. 4, 16.
1. In I Jn. n° 7 et 10.
2. I Jn. 4, 7.
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Message  Monique Jeu 22 Avr 2010, 8:57 pm

LA CHARITÉ FRATERNELLE ET L'UNION À DIEU

CHAPITRE VI

Il y a donc une manière d'aimer son frère, quel qu'il soit, qui est communion à Dieu. On ose y reconnaître une autre forme de ce témoignage que l'Esprit rend à notre esprit, nous faisant sentir que nous sommes enfants de Dieu parce que nous sommes frères de ses enfants et unis à eux en lui. Cela est si vrai et nous place si exactement au centre de tout, que saint Jean put appliquer ici, sous une autre forme, ce que saint Paul dit de « ceux qui aiment Dieu (4) » et saint Pierre de « ceux qui sont zélés pour le bien (5) » : « Celui qui aime son frère demeure dans la lumière et il n'y a en lui aucune occasion de chute (6). »

Il est situé surnaturellement sur cet axe où tout est grâce, où tout conduit à Dieu et rapproche de lui, parce qu'on est tout orienté dans le sens de ses intentions providentielles. En tout, Dieu mène à Dieu ; la condition est de ne vouloir que Dieu. L'amour fraternel donne le regard même de Dieu sur les hommes et sur le monde.

Il ne faut pourtant pas se dissimuler ce qu'ont d'exorbitant de telles promesses, non seulement au niveau de ces hautes réalités qu'est l'expérience mystique, mais aussi dans l'humble réalité quotidienne. Les premiers chrétiens aimaient à se redire comme l'une de celles qu'ils tenaient du Christ lui-même, cette parole : « Voir nos frères, c'est voir Dieu. »

Partout où l'on est avec le prochain, partout où on l'aime et où on le sert, on devrait le faire de telle manière que le Christ le fasse en nous : « Chacun selon la grâce reçue, mettez-vous au service les uns des autres, comme de bons intendants d'une multiple grâce de Dieu. Si quelqu'un parle, que ce soit comme les paroles de Dieu ; si quelqu'un assure le service, que ce soit comme par un mandat reçu de Dieu, afin qu'en tout Dieu soit glorifié par Jésus-Christ à qui sont la gloire et la puissance dans les siècles des siècles (1). »

4. Rm. 8, 28.
5. I P. 3, 13.
6. I Jn. 2, 10.
1. I P. 4, 10 et 11.
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Message  Régis Dim 25 Avr 2010, 2:54 am

Monique a cité :

"nous sommes frères des enfants de Dieu et unis à eux en lui"

Bonjour la famille, c'est une grande joie de vous souhaiter un saint dimanche dans ces conditions !

Régis

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Message  gabrielle Dim 25 Avr 2010, 8:32 am

Bonjour! Wink
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Message  Monique Dim 25 Avr 2010, 5:58 pm

Bonjour et bonsoir Régis, un saint dimanche à vous aussi ! flower
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Message  ROBERT. Dim 25 Avr 2010, 8:17 pm

.

J'arrive un peu tard pour vous souhaiter le "bonjour" cher Régis.

Passez une bonne nuit avec Jésus, Marie et Joseph...
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Message  Monique Lun 26 Avr 2010, 7:00 pm

LA CHARITÉ FRATERNELLE ET L'UNION À DIEU

CHAPITRE VI

Ces splendeurs éclairent donc la vie d'ici-bas dans ses réalités humaines ; les moindres paroles, les gestes les plus discrets et les sentiments eux-mêmes y peuvent prendre un sens infini ; n'est-ce pas la salutation de celle en qui l'Esprit-Saint est survenu et de qui le Verbe divin prend chair qui va porter la grâce, sanctifiant le précurseur et remplissant Elisabeth de la joie d'en-haut?

Pourtant, il ne faudrait pas les vulgariser et les faire tomber à un niveau tout humain en en méconnaissant la signification : c'est l'homme qui est élevé jusqu'en Dieu. Il est donc indispensable de réfléchir à deux choses : d'une part, à quel point l'homme est fait proche de Dieu, pour qu'on ne puisse rien faire à l'homme sans rejoindre Dieu ; d'autre part, comprendre les exigences profondes d'un tel amour.

Que l'homme soit proche de Dieu depuis l'instant où il a plu à Dieu de l'aimer tant qu'il semble ne pouvoir s'en passer, c'est évident, et la promenade quotidienne racontée par la Genèse : « Dieu se promenait dans le jardin à la brise du jour (2) » en est une image transparente par son anthropomorphisme même ; la réaction divine au crime de Caïn le redit encore.

Mais, il faut bien avouer que cette situation de l'homme rapproché de Dieu et rendu membre de sa famille est surtout mise en lumière dans le Nouveau Testament : désormais tout homme est le frère du Christ et il fait partie de son Corps Mystique au point que le Père ne peut plus se défendre de l'aimer et qu'ayant donné son Fils, il ne peut pas ne pas tout donner avec lui. Désormais, il est impossible d'aimer Dieu sans aimer ce qu'il aime et ce qui le touche de si près. On comprend pourquoi saint Jean associe sans cesse dans son enseignement la foi à l'Incarnation et l'amour fraternel : ce sont pour lui deux choses inséparables, l'une étant la conséquence nécessaire de l'autre.

Quant à la profondeur des exigences de la charité fraternelle, faut souligner que l'homme doit quitter tout égoïsme, pour arriver ainsi : saint Paul le suppose chaque fois qu'il parle de la charité fraternelle. On ne peut prêter une épaule fraternelle à l'autre pour prendre part à son fardeau et remplir la loi du Christ, si on se croit quelque chose (1). Pour arriver à se dépasser soi-même afin de se mettre au point de vue des autres, la condition est de se mettre au-dessous d'eux (2). On a eu raison de le dire : aimer tout étranger comme soi-même implique comme contre-partie s'aimer soi-même comme un étranger.

2. Gn. 3, 8.
1. Remarquer la conjonction qui unit les deux propositions : « Car si quelqu'un estime être quelque chose alors qu'il n'est rien, il se fait illusion » (Ga. 6, 3).
2. Cf. Ph. 2, 3.
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Message  ROBERT. Lun 26 Avr 2010, 8:33 pm

Monique a écrit:
LA CHARITÉ FRATERNELLE ET L'UNION À DIEU

CHAPITRE VI

On a eu raison de le dire : aimer tout étranger comme soi-même implique comme contre-partie s'aimer soi-même comme un étranger.
.

caractère et souligné ajoutés
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Message  gabrielle Mar 27 Avr 2010, 9:56 am

Elle est profonde cette phrase.


Pour s'aimer comme un étranger, cela implique un détachement universel de nous-mêmes...
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Message  Monique Mar 27 Avr 2010, 6:50 pm

LA CHARITÉ FRATERNELLE ET L'UNION À DIEU

CHAPITRE VI

La charité fraternelle est si transformante qu'elle nous rend selon les goûts mêmes de Dieu : elle réalise ses intentions, elle accomplit toute sa loi. Bien loin d'être un « moyen court », qui nous dispenserait des labeurs de la pénitence et des travaux de la vertu, elle nous les fait pleinement réaliser en perfection. Il ne faut jamais oublier de rapprocher l'un de l'autre deux mots de l'Écriture qui paraissent d'abord se contredire, mais qui au contraire, s'harmonisent : d'un côté, saint Paul affirme que l'amour du prochain est l'accomplissement de la loi ; de l'autre, saint Jean donne comme preuve de l'amour fraternel l'amour de Dieu et l'accomplissement de ses commandements : « Celui qui aime autrui a, de ce fait, accompli la loi (...) la charité est donc la loi dans sa plénitude (3) », « A ceci nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu : lorsque nous aimons Dieu et que nous faisons ce qu'il nous commande, car tel est l'amour de Dieu : garder ses commandements (4). » On pourrait conclure avec ce mot de saint Pierre : « Obéissant à la vérité, vous avez sanctifié vos âmes pour vous aimer sincèrement comme des frères (5). »

On voit par ces simples indications que l'amour du prochain mène à la sainteté et devient occasion de l'expérience mystique la plus authentique : « Dieu, personne ne l'a jamais contemplé. Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, en nous son amour est accompli (6). »

Cette voie est à la portée de quiconque, car il n'est pas un homme qui ne soit d'une manière ou d'une autre en relation avec un autre homme : le prisonnier dans son cachot a encore un geôlier, le malade a des visites et le plus solitaire au fond du désert reste invisiblement relié au monde des humains. Avec cela, cette voie n'est pas exposée aux illusions : « Si quelqu'un dit : '' j'aime Dieu '' et qu'il déteste son frère, c'est un menteur : celui qui n'aime pas son frère qu'il voit, ne saurait aimer le Dieu qu'il ne voit pas (1). »

Le fait même que ce prochain ait des défauts, ait des affections contraires aux nôtres va permettre à la charité de devenir de plus en plus semblable à celle de Dieu, plus miséricordieuse pour pardonner plus patiente pour supporter, plus désintéressée pour ne vouloir que le bien de l'autre à cause de Dieu.

3. Rm. 13, 8 et 10.
4. I Jn. 5, 2 et 3.
5. I P. I, 22.
6. I Jn. 4, 12.
1. I Jn. 4, 20.
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Message  Monique Mer 28 Avr 2010, 6:59 pm

LA CHARITÉ FRATERNELLE ET L'UNION À DIEU

CHAPITRE VI

Sainte Catherine de Sienne note très heureusement que ce sont là les purifications de la charité : l'amour mercenaire qui se cherche soi-même en Dieu deviendra, par de telles épreuves, de plus en plus désintéressé. Les déceptions que nous cause tel prochain vont nous forcer à puiser en Dieu l'amour que nous continuerons à lui porter ; son éloignement de nous nous amènera à ne vouloir son bien qu'en fonction de Dieu et ainsi cette épreuve, en purifiant notre affection, aboutira à rendre notre charité de plus en plus vraie ; elle fera du chrétien ce disciple, cet ami du Christ auquel la sainte n'hésitera pas à appliquer la vieille définition de l'amitié « un autre lui-même par union d'amour ».

A cause même de l'excellence de cette voie qui surpasse toutes les autres, il ne faudrait pas se payer de mots ; il s'agit de l'essentiel en vie chrétienne au point que manquer ici, serait tout perdre : « Qui n'a pas la charité n'a pas Dieu (2). »

L'ascèse chrétienne a retenu la leçon : « Rien ne rend Dieu proche comme le prochain » disait le Prince Ghika ; et Hilton donnait jadis ce conseil à une recluse inquiète des dérangements que les visiteurs pouvaient causer à sa prière : « Si vous avez de la répugnance à vous interrompre et à quitter Dieu pour parler à un homme, vous devez, selon moi, passer outre ce scrupule ; car si vous êtes sage vous ne quitterez pas Dieu mais vous le trouverez, vous le posséderez et le verrez dans vos frères aussi bien que vous le trouveriez dans la prière, quoique d'une manière différente. Si vous savez aimer votre frère comme il convient, une conversation discrète avec lui ne vous causera aucun dommage (3). »

Plus encore que les livres, la vie des saints redit l'enseignement l'Évangile et en montre les promesses réalisées. Martin de Tours reconnaît la moitié de son manteau devenu vêtement du Roi de gloire; une Catherine de Sienne s'enfonce dans les secrets et les privilèges de l'union divine par ses héroïques dévouements près des malades les plus repoussants ; une sainte Thérèse de l'Enfant Jésus reconnaît dans la paix qui a envahi sa demeure intérieure un effet de la victoire qu'elle a remportée envers cette sœur qui avait le don de lui déplaire et que les artifices du démon défiguraient encore ; elle s'était mise à agir envers elle comme envers la personne qu'elle aurait le plus aimée (1). A quoi bon poursuivre une énumération ? Personne n'a jamais pu s'approcher du Christ sans s'unir d'une manière ou d'une autre à ce prochain qui ne fait qu'un avec lui.

2. Saint Cyprien, De l'unité de l'Église catholique.
3. Hilton, Échelle de la perfection, livre I, ch. LXXXIII.
1. Cf. Histoire d'une âme, ch. IX. Manuscrits autobiographiques, Lettre à Mère Marie de Gonzague, deuxième partie, p. 267.
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