Le prêtre de Saint-Sulpice.
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Le prêtre de Saint-Sulpice.
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Bonjour,
Comme à l’habitude, dès la publication des Mémoires et des Souvenirs du Père Lacombe, o.m.i., nous éditerons ce fil pour compléter le message et y déposer des liens en vue de faciliter la consultation et pour ne pas surcharger le texte.
Bonne lecture,
Bien à vous.
* Lettre de Mgr Paul Bruchési, archevêque de Montréal
* Dédicace
* Avant-Propos
* Lettre du père Ortolan, o.m.i.
* Introduction par Mgr Legal, archevêque d’EdmontonCHAPITRE PRÉLIMINAIRE
* Un enlèvement par les Algonquins au XVIIe siècleCHAPITRE IParoisse Saint-Sulpice – Collège de l’Assomption – Évêché de Montréal1827–1849
* La naissance d’Albert — * La famille Lacombe — * Un compliment du nouvel an — * L’école de Lavaltrie — * Enfance laborieuse — * L’appel de Dieu — * Le collège de l’Assomption — * A l’évêché de Montréal. Compagnon de Mgr Bourget dans la visite pastorale — * Un sermon de circonstance (M. Belcourt) — * Le curé Viau et « son petit sauvage »…CHAPITRE IILes trois ordres sacrés : Bonsecours –Saint - Jacques – Saint-Hyacinthe1849
* Les Ordres mineurs de la chapelle Bonsecours — * Les Ordres majeurs à la cathédrale Saint-Jacques de Montréal (rue Saint-Denis) — * Le « Nunc Dimittis » de M. Viau : sa mort — * La prêtrise à la cathédrale de Saint-Hyacinthe
(A suivre)
Dernière édition par Louis le Ven 13 Déc 2024, 6:23 am, édité 19 fois
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Le prêtre de Saint-Sulpice.
L’homme au bon cœur
ARCHEVÊCHÉ
DE
MONTRÉALMontréal, 11 janvier 1917
Ma révérende sœur,
Au moment où va paraître, à Montréal, "Le Père Lacombe, d'après ses mémoires et ses souvenirs," ce livre à la rédaction duquel vous avez travaillé, en grande partie, sous la dictée du père Lacombe lui-même, vous me demandez, en outre de mon "imprimatur" quelques mots d'encouragement. Je vous les donne avec bonheur.
Le douze décembre dernier, en apprenant la mort du vénérable missionnaire, j'adressais à Midnapore une dépêche qui résumait ce que je pense de sa longue et fructueuse carrière: "Avec le père Lacombe disparaît un admirable apôtre de l'ouest et une gloire de l'Eglise du Canada."
Ce sont, ma révérende sœur, les labeurs et les œuvres de cet illustre oblat, né à Saint-Sulpice, dans notre diocèse, que votre livre raconte. Vous avez su faire, de ses soixante-dix ans de si fécond apostolat, d'après les renseignements que vous teniez de la bouche de votre héros, et d'après ceux que vous avez puisés à des sources très sûres, un récit simple, bien ordonné, attachant, et qui, à cause des événements importants qu'il rapporte, sera, pour vos lecteurs, tout à la fois intéressant, instructif et édifiant.
Je vous félicite sincèrement, ma révérende sœur, et je souhaite de tout mon cœur, pour l'honneur de notre sainte religion et pour le bien de tous, que cet ouvrage ait une large diffusion.
Dédicace
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Re: Le prêtre de Saint-Sulpice.
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Re: Le prêtre de Saint-Sulpice.
Une lettre du révérend père Thomas Ortolan, o.m.i.L’homme au bon cœursuite
Avant – Propos
C'est au reflet du soleil couchant de mon existence que, me conformant aux désirs de mes supérieurs, je viens accomplir un dernier devoir; car les désirs de mes supérieurs impliquent pour moi un devoir à remplir: il s'agit de présenter au public les Mémoires de soixante-six années de mon apostolat dans le Nord-Ouest.
Tout ardue que peut paraître la tâche, pour les facultés physiques et morales d'un nonagénaire, je me mets courageusement à l'œuvre, sachant, par expérience, qu'avec l'aide de Dieu et la protection de la Vierge Immaculée, ma mère et ma patronne, rien n'est impossible à l'homme.
Depuis la fondation de l'Ordre des révérendes sœurs de la Providence, ces dignes filles de la vénérée mère Gamelin, j'ai entretenu avec leurs diverses communautés et leur maison-mère, à Montréal, des rapports fréquents et précieux.
Aujourd'hui, les ramifications croissantes et florissantes de cet Ordre s'étendent dans les provinces du Manitoba, de la Saskatchewan, de l'Alberta, et jusqu'aux parties les plus reculées du Nord-Ouest; on les trouve sur la rivière la Paix, l'Athabaska et le Mackenzie, où j'eus autrefois le bonheur de jeter la semence de l'évangélisation aux tribus sauvages et aux métis.
Quelle ne fut donc pas ma joie lorsque la très révérende Mère Générale 1: de cette belle et grande communauté, prenant en considération mon âge avancé, acquiesça à mon désir en m'accordant une secrétaire pour accélérer les travaux de cette publication dont le produit sera destiné à ce cher "Home", hospice bien-aimé dont l'établissement aura marqué l'exécution du plus doux et dernier rêve de ma longue vie !
Ah! puisse le Saint-Esprit darder les rayons puissants de sa lumière sur mon pauvre cerveau qui s'affaiblit! Puisse-t-il inspirer mes pensées et rafraîchir ma mémoire, me permettant ainsi de fournir à la main qui reproduira mes récits, tous les renseignements susceptibles d'intéresser et d'édifier nos lecteurs. Mon unique désir est qu'après ma mort, la lecture des expériences du vétéran missionnaire soit appelée à faire quelque bien aux âmes.
Je prie nos bienfaiteurs, nos communautés et notre clergé, archevêques, évêques et prélats d'Amérique et d'outremer, d'agréer dans ces Mémoires comme un dernier tribut de ma reconnaissance envers Dieu pour tous ses bienfaits, et de ma gratitude à leur endroit pour tous les témoignages de charité et de bienveillance qu'ils n'ont jamais manqué de me prodiguer en tous temps et en tous lieux.
Cet ouvrage me rappellera avec émotion les différentes phases de ma vie de missionnaire; j'en place le succès sous l'égide du Sacré-Cœur de Jésus, et sous la sauvegarde de Notre-Dame du bon Conseil, je le recommande à la protection de saint Joseph et à celle de mon bienheureux patron, Albert le Grand. Puissent-ils aussi bénir le travail de mes chères collaboratrices, dont la vie de sacrifice, de dévouement, d'abnégation et de prière est proverbiale !
Enfin, le vieux pionnier canadien, se rappelant qu'il est l'obligé de tous, prie le Dieu rémunérateur de tous biens, de bénir et de récompenser au centuple, sur cette terre, ses amis et ses frères en Jésus-Christ, en attendant le jour des récompenses éternelles.
Et si le Tout-Puissant daigne, dans sa bonté infinie, m'admettre au bonheur des élus, je continuerai, là-haut, à veiller sur les intérêts de la mission que j'ai commencée sur la terre, dans ce Nord-Ouest canadien, si souvent arrosé de mes sueurs et de mes larmes, mais où j'ai goûté tant de joies, de bonheur et de consolation, en travaillant dans la vigne du Seigneur.
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1. Mère M. Julien.ALBERT LACOMBE, O.M.I.
" LACOMBE HOME,"
Midnapore, Alberta,
13 juin 1914
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Re: Le prêtre de Saint-Sulpice.
Introduction par Mgr Legal, archevêque d’EdmontonL’homme au bon cœursuite
Une lettre du révérend père Thomas Ortolan, o.m.i, au père Lacombe, après un séjour à Midnapore.Midnapore, 13 octobre 1912.
Mon révérend Père,
Avant de quitter votre cher Home, où j'ai goûté pendant près d'une semaine les charmes d'une si douce et si aimable hospitalité, je tiens à vous dire avec quelle émotion, et aussi avec quel bonheur, j'ai lu plusieurs des manuscrits que vous vous proposez de publier bientôt. Moi-même je venais de parcourir en tous sens cet immense Nord-Ouest pour lequel vous fûtes un messager de l'Évangile, et un pionnier de la civilisation. Votre récit mettait sous mes yeux les scènes étonnantes, parfois étranges, parfois tragiques, dont ces lieux furent le théâtre. Que de fatigues pour vous ! que d'obstacles amoncelés sous vos pas! que d'erreurs à combattre ! que de préjugés à déraciner !... Mais qu'ils sont merveilleux les résultats obtenus !. ..
Merci de m'avoir fait savourer les prémices d'un livre attendu depuis longtemps. Je ne doute point du réel intérêt qu'il suscitera dans tout le Canada et jusque dans notre lointaine France.
Daigne le Seigneur accorder à votre verte vieillesse la santé physique nécessaire pour mener à bonne fin un travail de cette importance ! Malgré vos quatre-vingt-six ans, votre cœur est toujours jeune, votre imagination vive, votre intelligence pénétrante, et votre mémoire pleine de fraîcheur. Cet ensemble de qualités rares, et le talent qui distingue votre dévouée secrétaire, nous donnent la ferme espérance que dans le courant de l'année prochaine, l'ouvrage sera terminé. Ne croyez pas cependant que vous pourrez alors chanter votre Nunc dimittis... Non. Il vous faut rester plus longtemps encore ici-bas. Votre présence sera pour les nouvelles générations d'apôtres une lumière et un encouragement.
Et lorsque le souverain Maître jugera à propos de décerner à votre vaillance la couronne d'immortelle gloire méritée par tant d'héroïques labeurs, vous continuerez à vivre sur cette terre par ce volume qui réconfortera les âmes, perpétuera, en ie développant, le bien que vous avez si heureusement commencé, et inspirera, j'en suis sûr, à d'autres, la généreuse pensée de marcher sur vos traces.
Avec mes souhaits les plus ardents pour le succès du livre dont je salue à l'avance l'apparition, agréez, cher et vénéré père, l'expression de mon admiration respectueuse et de mon attachement profond.TH. ORTHOLAN, O.M.I.
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Re: Le prêtre de Saint-Sulpice.
L’homme au bon cœursuiteINTRODUCTION
PÈRE LACOMBE a dépassé maintenant sa quatre-vingt-neuvième année. C'est une figure à part et d'une originalité puissante. Il y a quatre ans, sa remarquable carrière a été présentée au public par une femme douée d'un grand talent. Cet ouvrage s'adressait surtout au public de langue anglaise.
Le présent travail, dû à la plume d'une canadienne-française, humble sœur de la Providence, digne fille de la révérende Mère Gamelin, est destiné au public de langue française, surtout aux Canadiens-français qui retrouveront ici le père Lacombe tel qu'ils l'ont connu et admiré dans ses beaux jours. Bien des détails, omis dans l'édition anglaise, trouveront ici leur place.
La vie du révérend père Lacombe est celle d'un simple missionnaire, oblat de Marie-Immaculée, dans ces vastes régions connues jusque dans ces derniers temps sous le nom de territoires du Nord-Ouest. On n'y trouvera aucune action d'éclat passionnante. C'est la vie d'un prêtre qui se livre avec toute l'ardeur d'une foi vive et d'un zèle ardent à son ministère apostolique.
Au début de sa carrière, il croit bien que sa vie se passera tout entière au milieu de ces tribus errantes, qui semblent destinées à posséder à jamais ces vastes solitudes de l'Ouest, et à s'en partager le domaine avec l'animal remarquable que Dieu leur a donné comme une providence visible: le "buffalo" ou bison. Cet animal fournit à ces enfants de la nature habitation, nourriture et vêtement. Cela, et le culte inné du Grand-Esprit qui domine le monde, suffirait à l'indien. Mais le missionnaire sait que l'enfant des bois a, lui aussi, une âme à sauver: et il vient lui apporter une foi plus noble et des espérances plus hautes. Son grand cœur ne peut se faire à la pensée que tant d'âmes demeureront toujours privées des bienfaits du christianisme ; voilà pourquoi il a tout quitté pour venir leur inculquer les vérités de la foi et les rendre participants de la vie divine.
Pour atteindre ce but, il faudra se résigner à de pénibles voyages, se soumettre à des privations de tous genres, s'exposer à d'innombrables dangers, s'appliquer à des études sérieuses et difficiles, s'assimiler des idiomes étrangers. Rien ne le rebute. Il est partout, dans l'immense prairie, dans les bois profonds. En même temps, il étudie ces langues au prime abord si abstraites. Par un travail opiniâtre, il en découvre le mécanisme, et bientôt il les possède assez pour composer des livres de prières, même des grammaires et des dictionnaires. Un tel exploit approche certainement du prodige, et paraîtra merveilleux aux générations futures !
Mais voilà que la scène a soudainement changé. Les vastes solitudes réservées aux indiens sont envahies de toutes parts; d'autres populations arrivent; les visages-pâles supplantent peu à peu les peaux-rouges. C'est une civilisation nouvelle qui s'avance et que rien n'arrêtera désormais.
Alors, que faire ?.... Il faut préparer les indiens dépaysés à adopter un nouveau genre de vie; et, puisqu'il n'est plus possible de les laisser jouir en paix de leur domaine de chasse, les faire profiter de cette civilisation nouvelle, faire en sorte qu'elle soit une civilisation chrétienne !
Pour cela, il faut créer des missions permanentes, des pensionnats pour les enfants indiens, des écoles industrielles pour jeunes gens et jeunes filles. C'est Mgr Grandin, dont la grande âme est connue, qui, le premier, conçoit l'idée de ces écoles industrielles; mais c'est le révérend père Lacombe qui est choisi pour les fonder.
C'est le père Lacombe qui va assiéger le gouvernement, à Ottawa. Il sait intéresser à ses projets les représentants de Sa Majesté, les gouverneurs généraux au Canada et vient à bout d'établir pensionnats pour indiens, écoles industrielles pour indiens, hôpitaux pour indiens.
Mais il y a là une classe à part, ayant aussi du sang indien dans les veines: c'est la nation métisse. Les métis, eux non plus, ne sont pas prêts à passer brusquement de l'ancien mode de vie au mode nouveau de la civilisation. Il faut les protéger. Le vaillant missionnaire entreprend une campagne pour leur rédemption.
Ce n'est pas tout. Des émigrants affluent des différents pays de l'Europe: Galicie, Autriche, Pologne, Allemagne et Russie. Pour eux aussi, le besoin de protection se fait sentir. Ils sont catholiques pour beaucoup; ne vont-ils pas se trouver noyés au milieu des populations protestantes, et, par là même, perdre la foi ? A l'exemple du grand saint Paul, le père Lacombe se dit: "Je me dois à tous, aux Grecs et aux étrangers:— Omnibus debitor sum.— Il est nécessaire de procurer à ces pauvres colons des prêtres de leur rite, qui, comme on sait, diffère du rite latin. De nouveaux voyages s'imposent: Il faut aller en Galicie et ailleurs solliciter les autorités religieuses de ces pays. Il faut se rendre à Rome, auprès de la Sacrée Congrégation de la Propagande. Le vénérable missionnaire va jusqu'au trône de l'empereur d'Autriche, pour y plaider la cause des populations venues de son empire. Et le père Lacombe, toujours favori du succès, réussit dans toutes ses démarches.
A quoi attribuer ces heureux résultats ? Aux qualités éminentes du missionnaire. Il ne se propose que de nobles buts, ne visant jamais à des intérêts personnels, mais seulement au bien spirituel et moral de ceux pour qui il se dévoue. Une fois le but déterminé, rien ne saurait arrêter le zèle à toute épreuve qu'il met en jeu pour l'atteindre. Doué d'une activité dévorante, il irait jusqu'au bout du monde pour faire réussir son entreprise. Sa puissante et inébranlable volonté se concentre sur l'objet en vue; il semble, pour lui, qu'il n'y ait rien autre chose au monde, et toutes les occasions sont bonnes pour avancer l'exécution de ses plans.
Faut-il faire des démarches ? Est-il nécessaire de s'adresser à des personnages influents ? Le missionnaire dispose d'une qualité essentielle. Il est doué d'un magnétisme personnel des plus remarquables. Il charme ses auditeurs par le don qu'il possède de dramatiser ses récits. Il emploie l'expression pittoresque pour peindre les situations et dispose d'une sensibilité communicative. Bref, on est contraint de se laisser convaincre et de se rendre à ses instances.
C'est ainsi qu'il a su se concilier les faveurs des hauts personnages, des membres du gouvernement, des présidents des compagnies de chemins de fer, et des gouverneurs généraux qui se sont succédé au Canada depuis trente ans.
Il n'a pas seulement été le favori des grands, il a aussi été l'ami des humbles, des déshérités du monde, des pauvres indiens. Il semble que c'est au milieu des plus grands et parmi les plus petits, aux deux extrémités de l'échelle sociale, qu'il s'est trouvé le plus à l'aise, et qu'il s'est montré sous son jour le plus favorable.
Lorsque, suivant la coutume parmi les tribus indiennes, il s'est agi de lui donner un nom, ces enfants des bois ne se sont pas trompés. Les Cris l'ont appelé: "La belle âme" —Kamiyo-Atchakwêt —, et les Pieds-Noirs: "Le bon cœur" —Arsous-Kitsi-Parpi.
Le vénérable pionnier est encore de ce monde; les épaules se voûtent, l'œil est moins vif, les pieds traînent sur le sol; mais le missionnaire est encore plein de vie, et ne demeure pas inactif. Il vit retiré, avec "ses vieillards" et "ses orphelins" qu'il a recueillis dans cette belle institution, le "Lacombe Home", sa dernière œuvre, dit-il; mais lorsque les dettes de l'établissement auront été payées, si le bon Dieu lui accordait encore quelques années de vie, personne ne pourrait dire quelle serait sa prochaine entreprise.
Le "Lacombe Home" est une magnifique propriété, sise à Midnapore, dans l'Alberta, sur les bords d'un ruisseau charmant. C'est le don princier d'un des nombreux amis et admirateurs du père Lacombe, M. Patrick Burns. C'est là que vous trouverez le vénérable missionnaire, au milieu de sa famille de déshérités du sort, à qui il consacre les derniers efforts de sa vie d'apôtre. Son grand âge l'a sans doute affaibli, mais son magnétisme personnel ne l'a point abandonné; le vieux pionnier canadien saura encore vous fasciner par le charme de ses récits et par la puissance de son éloquence persuasive.ÉMILE-J LEGAL,
Archevêque d'Edmonton
Saint-Albert, 8 décembre 1914
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Note—Le texte recueilli auprès du Père Lacombe par une sœur de la Providence a été revu et accommodé au goût du grand public par M. A. Goua, rédacteur au Devoir, l'auteur apprécié de la "Vie qui passe", revisé par M. l'abbé Gouin, prêtre de Saint-Sulpice.
Chapitre préliminaire
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Re: Le prêtre de Saint-Sulpice.
L’homme au bon cœurUn Enlèvement par les Algonquins au XVIIe Siècle
C'était aux environs de 1695, à vingt-cinq milles de Ville-Marie; quelques colons français, séduits par la beauté du site et par la richesse du sol encore vierge, s'étaient établis sur la rive gauche du Saint-Laurent, et menaient là l'existence âpre et pénible que connurent les premiers colonisateurs de notre beau Canada. Non seulement ils devaient pourvoir eux-mêmes à tous leurs besoins, défricher la foret au prix de mille labeurs, mais ils étaient à tout moment mis en alerte par de fâcheux voisinages. D'un côté les Iroquois, ennemis nés des Français, déterraient à toute occasion la hache de guerre; de l'autre, les Algonquins, quoique alliés, ne se gênaient guère, avec leur cauteleuse fourberie, pour se livrer à toutes sortes de rapines et de déprédations. Cependant ni l'énergie, ni la foi ne manquaient aux premiers colons, et, peu à peu, l'avenir se faisait plus souriant.
Mais ils devaient être prêts à tout, s'attendre à tout !...
C'est ainsi que certain jour, les époux Duhamel, dits "Sans-Façon", trouvèrent en revenant des champs, leur maison saccagée. Les enfants, qu'ils avaient laissés le matin à la garde de leur fille aînée, à peine âgée de seize ans, étaient seuls, fous de terreur, et sanglotaient autour du foyer désert... Les Sauvages avaient passé par là, entraînant, malgré ses pleurs et ses supplications, la jeune fille impuissante.
On organise une battue : les rives du fleuve, la plaine, la forêt, les coins les plus ignorés sont vainement explorés, et les parents éperdus contraints d'accepter la poignante réalité. Heureusement, ils sont chrétiens, et dans un sublime élan de foi ils s'écrient, comme le saint homme Job: "Le Seigneur nous l'avait donnée, le Seigneur nous l'a enlevée, que son saint Nom soit béni!"
Malgré tout, l'espoir ne s'éteint pas dans leurs cœurs. Durant cinq années, les recherches se poursuivent avec la même constance et la même inutilité.
Or, c'était l'âge d'or de la traite des pelleteries; et, de temps à autre, des compagnies de marchands visitaient les bourgades sauvages du Sault-Sainte-Marie pour y trafiquer avec les Algonquins. Il fallait essayer toutes les chances; l'oncle de la jeune fille, esprit fin et délié, voulut profiter de l'occasion pour tenter, sous couleur de commerce, de retrouver sa nièce.
Le voilà chez les Sauvages !. . . Il feint de ne pas entendre leur langage et demande si personne ne pourrait lui servir d'interprète. Effectivement, il y a là une squaw 1 qui comprend le français. Indifférent en apparence, mais le cœur palpitant, il la voit venir. . . C'est bien une Visage-Pâle !... Si ce pouvait être ? . . .
C'est elle ! Du premier regard, l'oncle et la nièce se sont reconnus. Mais il faut se contraindre, se garder d'éveiller des défiances toujours sur le qui-vive. . . Quelle joie et quel supplice que cette première entrevue !
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1. Nom de la femme chez les Peaux-Rouges.
Cependant, les opérations commerciales s'achèvent, et
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Re: Le prêtre de Saint-Sulpice.
Chapitre Premier (1829-1840)L’homme au bon cœurUn Enlèvement par les Algonquins au XVIIe Sièclesuite
Cependant, les opérations commerciales s'achèvent, et l'agent de la Compagnie va retourner vers les établissements français. Profitant de l'absence du ravisseur Objibway parti pour la chasse, protégée par les ténèbres de la nuit, la captive court se blottir dans le canot de son oncle, confiante dans la divine Providence qui ne peut l'abandonner.
Le départ a lieu sans encombre. Elle est sauvée; et quelques jours plus tard, elle aperçoit avec ravissement le clocher de son village natal. Avec ravissement sans doute, mais aussi avec inquiétude, car elle n'est pas seule. Le sauvage ravisseur lui a imposé son alliance et l'a rendue mère de deux enfants.
Cette maternité, la malheureuse qui ne l'a pas voulue, l'accepte pourtant de la main de Dieu. D'autres, moins héroïques, moins chrétiennes, eussent pu abandonner les pauvres petits êtres à leur triste sort; elle, les aime, non seulement comme une mère courageuse aime ses enfants, mais comme une sainte aime ses épreuves. De ces enfants, elle fera des hommes de cœur, des Canadiens sans reproche, de futurs élus du royaume éternel.
Telle est l'émouvante narration que nous avons entendu répéter bien souvent et sur laquelle le bon père Lacombe aimait à revenir. Car cette demoiselle Duhamel, dite "Sans-Façon", captive des Algonquins, mère héroïque et douloureuse, fut son aïeule maternelle. Cette maison de Saint-Sulpice, 1 témoin de l'attentat, fut sa maison natale; c'est là qu'il fit ses premiers pas dans la vie, qu'il vécut les joyeuses années de sa jeunesse, souvent bercé par le tragique récit qui se passait de bouche en bouche, à chaque génération, comme une tradition de famille.
N'y a-t-il pas là plus qu'une coïncidence, et ne peut-on admirer le plan de la Providence, qui voulait qu'un peu de leur sang coulant dans ses veines attirât davantage vers les Sauvages celui qui devait être le grand missionnaire du Nord-Ouest ?
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1. Cette maison de pierre, habitée en 1825 par M. Albert Lacombe père, existe encore à Saint-Sulpice. Elle est aujourd'hui la propriété de M. Ambroise Hétu.
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Re: Le prêtre de Saint-Sulpice.
La famille Lacombe :LE PÈRE LACOMBE''ARSOUS-KITSI-PARPl"L’HOMME AU BON COEURsuiteChapitre Premier
1829-1840La naissance d’Albert
Les cloches de la petite église de Saint-Sulpice lancent, à toute volée, leurs joyeux carillons. Sous le nom d'Albert Lacombe, l'Église compte un enfant de plus, un enfant qui deviendra, plus tard, un homme énergique et doux, un religieux soumis et dévoué, un apôtre infatigable des infidèles.
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Re: Le prêtre de Saint-Sulpice.
L’homme au bon cœurChapitre Premier
1829-1840suiteLa famille Lacombe
Nous n'avons que peu de choses à dire de la famille Lacombe : sinon qu'elle fut, à l'époque, un admirable type de famille canadienne. Les jeunes époux étaient moins riches d'écus que de courage; et si leur modeste maison de Saint-Sulpice ne pouvait guère offrir les superfluités du luxe, du moins était-on sûr d'y trouver le plus agréable confort et le bonheur chrétien heureux partage des familles nombreuses1 où l'accomplissement du devoir demeure l'immuable règle de conduite.
Monsieur Lacombe ne possédait guère la science que l'on acquiert dans les écoles; mais son jugement était sain, son intelligence ouverte et droite, son caractère bienveillant et serviable... Aussi les amis ne lui manquaient-ils pas.
Il voulut faire de son fils un homme et l'âme du petit Albert, protégée par la sollicitude d'une mère pieuse et douce, était merveilleusement préparée pour recevoir la bonne semence qu'on lui confiait.
Dès l'âge de sept ans, il fréquente l'école de Lavaltrie, la paroisse voisine, et montre un attrait particulier pour l'étude du catéchisme. Sa vie d'enfant se partage entre les labeurs intellectuels et les travaux de la maison. Car Albert, suivant l'exemple de l'enfant Jésus, à Nazareth, sait se rendre utile à ses parents et met ses petites forces au service du papa chéri qu'il quitte le moins possible.
A cette époque il faut rattacher l'anecdote suivante :...
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1. Par suite de la mort en bas âge d'un fils premier-né, Albert Lacombe devint l'aîné de six enfants.
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Re: Le prêtre de Saint-Sulpice.
Un compliement du nouvel an:L’homme au bon cœurChapitre Premier
1829-1840La famille Lacombesuite
A cette époque il faut rattacher l'anecdote suivante : nous nous en voudrions de la passer sous silence, car elle montre quels trésors de tendresse renfermait déjà le coeur de celui que les Pieds-Noirs devaient appeler plus tard: "Arsous-Kitsi-Parpi", l'homme au bon coeur; et les Cris: "Kamiyo-Atchakwê", l'homme à la belle âme.
L'année tire à sa fin, et madame Lacombe, suivant une tradition chère à toutes les familles françaises, veut ménager, pour le premier jour de l'année, une surprise à son mari. Elle se met donc en devoir de faire apprendre au petit Albert le compliment qu'il devra réciter au père pour lui souhaiter la bonne année. Enthousiasmé, l'enfant ne pouvait contenir son impatience et trouvait que le temps passait bien lentement. On arriva pourtant au 31 décembre.
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Re: Le prêtre de Saint-Sulpice.
L’homme au bon cœurChapitre Premier
1829-1840Un compliment du nouvel an
"Eh bien ! mon chéri, dit la mère souriante, c'est demain le premier de l'an. Te souviens-tu, au moins, de "ton compliment ?"
"Oh ! oui, petite mère, écoute..."
Et il commence d'un ton solennel :"Mon papa chéri, voici ton petit Albert à tes genoux; tu l'aimes beaucoup, n'est-ce pas? Mais lui t'aime bien gros aussi, de tout son petit cœur de six ans ! Veux-tu me bénir, pour que cette bénédiction dure toute ma vie, même quand je serai vieux, bien plus vieux que toi ? Pour me prouver que tu exauces ma requête, donne-moi un baiser.. . et des étrennes, pour que je t'aime encore davantage."
L'enfant récita son compliment avec une telle dignité, une conviction si sincère, que la mère en versait des larmes de joie : "C'est parfait, mon Albert, lui dit-elle,... Dors bien cette nuit; fais une place sur ton oreiller pour ton bon ange, et invite aussi le petit Jésus à venir reposer près de toi. Demain matin, je t'appellerai de bonne heure."
Faut-il ajouter que le sommeil ne vint guère cette nuit-là ? Trop de visions radieuses illuminaient la petite imagination enfiévrée : le bon Jésus, l'ange gardien, papa, maman, et aussi... les étrennes !
Le moment solennel vient enfin; le jeune orateur fait merveille, et, palpitant d'émotion, en même temps que de fierté heureuse, il se jette dans les bras maternels avec ces seuls mots: "Maman, je me suis souvenu !"
Cependant que le vieux curé, spectateur attendri de la scène, se plaisait à assurer qu'Albert deviendrait un grand homme: Tu Marcellus eris ! Il ne savait pas si bien dire !
L’école de Lavaltrie
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Re: Le prêtre de Saint-Sulpice.
L’homme au bon cœurChapitre Premier
1829-1840L’école de Lavaltrie
En attendant, l'écolier grandissait, un peu espiègle parfois, réfléchi pourtant et surtout loyal; jamais on ne put trouver en lui la moindre trace, je ne dirai pas de duplicité, mais de cachotterie. Dieu, qui se le réservait pour le service des âmes, en faisait la joie de ses parents.
C'est à l'époque de sa première communion qu'Albert Lacombe entendit pour la première fois l'appel d'en haut : "Je serai missionnaire, se dit-il, et missionnaire chez les Sauvages !"
Dès lors, cette pensée ne le quitte plus et toute sa conduite s'en ressent à tel point que M. Viau, alors curé de Saint-Sulpice, secondant le travail de la grâce, l'admet au chœur de la paroisse, puis en fait son servant de messe attitré.
Enfance laborieuse
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Re: Le prêtre de Saint-Sulpice.
L’appel de DieuL’homme au bon cœurChapitre Premier
1829-1840Enfance laborieuse
Ce n'était que le premier pas dans la voie entrevue dans la marche vers le bonheur rêvé, et il sembla, un moment, qu'il faudrait en rester là. Les difficultés matérielles, — il ne fallait pas, avec les modestes ressources dont on disposait, songer à entreprendre des études coûteuses — rendaient tout espoir chimérique. L'enfant, de peur d'attrister ses parents, qui ont grand besoin de son aide, renferme ses aspirations au dedans de lui-même, sans se résigner pourtant à les voir mourir tout à fait. Il tâche de se faire à la vie qui doit être la sienne.
Frêle en apparence, Albert est actif et adroit. Le lever régulièrement matinal, le pain noir et la frugale nourriture de la maison, lui font une constitution saine et vigoureuse, insoucieuse de délicatesse et de raffinement. Son corps s'endurcit peu à peu aux rudes travaux des champs; déjà il manie la hache en bûcheron expérimenté, et il sait tracer son sillon droit comme un vieux laboureur. A l'exemple de son père, il fera un robuste cultivateur, si Dieu ne s'en mêle.— Dieu va s'en mêler.
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Re: Le prêtre de Saint-Sulpice.
Le collège de l’AssomptionL’homme au bon cœurChapitre Premier
1829-1840L’appel de Dieu
C'est en août 1840, par une belle fin d'après-midi dominicale. Le soleil, avant de disparaître tout à fait au bout de l'horizon, caresse amoureusement la verte prairie de ses feux adoucis. Ses derniers rayons s'attardent ; ils accrochent des reflets d'or aux boucles de cheveux des enfants qui s'ébattent dans l'herbe, et font passer des lueurs attendries dans les yeux des parents songeurs. C'est la paix des cœurs simples et purs qui s'harmonise si bien avec la paix de la nature.
Qui donc pourrait troubler la sérénité de cette paix ? Serait-ce le cavalier qui vient dans le chemin et dont le trot rapide se fait de plus en plus distinct ? Non, car les yeux intrigués ont bientôt reconnu le bon curé Viau en tournée chez ses paroissiens. —"Mes enfants, s'écrie-t-il au saut de l'étrier, je vous apporte une grande et bonne nouvelle. Allons, ne nous alarmons pas; c'est de mon "petit sauvage" 1 que je m'en viens vous entretenir."
C'en est fait; la paix s'est enfuie. Le père, qui devine trop bien de quoi il s'agit, baisse la tête en silence ; la mère se sent ballottée entre la douleur et la joie, elle attend sans mot dire. Quant au "petit sauvage", son cœur tressaille à la fois de crainte et d'espoir.
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1. Viau faisait par là allusion à l'enlèvement de mademoiselle Duhamel que nous avons relaté au chapitre préliminaire.
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Re: Le prêtre de Saint-Sulpice.
A l’évêché de Montréal. Compagnon de Mgr Bourget dans la visite pastoraleL’homme au bon cœurChapitre Premier
1829-1840Le collège de l’Assomption
"Ah ! çà, père Lacombe, continue le curé, je veux aller droit au but, sans battre les buissons, comme on dit par chez nous. Voyons, que comptez-vous faire de votre petit Albert ? Vous savez que l'enfant désire entrer au collège. Qui sait ? Il est peut-être appelé à me remplacer un jour !"
"Mais, monsieur le curé, répond le pauvre père tout troublé, vous savez .. nous ne sommes pas riches. .. Albert est mon bras droit. Que ferai-je sans lui ?"
"Allons, allons, le père, faites-moi généreusement votre sacrifice, et vous verrez que le bon Dieu vous bénira et vous rendra tout au centuple. Voyons, est-ce dit ? Oui ?. . . Merci ! Tout ce que vous aurez à faire, ce sera de lui fournir un bon trousseau. Je me charge du reste, et nous l'enverrons au collège de l'Assomption..."
— Eh bien ! monsieur le curé, j'accepte !
— Bon, bon ! Merci !. .. Et vous, la mère, qu'en pensez-vous ?
— Oh ! moi,... si c'est la volonté de Dieu et le bonheur de notre enfant..."
Elle n'en peut dire davantage; les sanglots l'étouffent, elle presse tendrement sur son cœur le fils chéri auquel elle vient de renoncer par devoir et par amour.
— Et toi, mon petit sauvage, qu'as-tu à dire pour ta défense ?. .. Allons, c'est bien !. . . Qui ne dit mot consent... Voilà une affaire entendue: je vous disais bien que j'apportais une bonne nouvelle. .. Du courage, et surtout priez bien; vous verrez que tout ira pour le mieux. Au revoir !. . .
Et le bon curé s'en fut.
Longtemps, la famille resta silencieuse. Le triple sacrifice était consommé: le passé s'enfuyait sans retour, comme s'éteignait dans le lointain le trot du cheval, comme se mouraient à l'horizon les dernières lueurs du couchant. Un frisson bruissait à travers les feuilles des arbres, la nuit descendait sur la prairie.
Mais une à une, les étoiles parurent, et comme la terre se faisait plus noire, le ciel ne fut plus qu'une lumière.
De nouveau, la paix revint dans les cœurs illuminés de la grâce divine.
Un mois plus tard, Albert Lacombe entrait au collège de l'Assomption, l'Alma Mater de tant d'hommes d'élite, où il ne tarda pas à se faire remarquer par son assiduité et son ardeur au travail. La tâche était rude pourtant, et les difficultés sérieuses.
Écoutez plutôt: "Pendant mes études, il me fallut beaucoup travailler pour tenir tête aux élèves de mon cours. Si j'atteignis le premier rang dans ma classe, je dus mon succès plus à mon travail qu'à mes capacités, car mes talents étaient bien inférieurs à ceux de plusieurs de mes condisciples. Mes professeurs m'estimaient parce que j'étais docile et diligent; ma ligne de conduite m'était tracée par mon désir ardent de devenir un jour soldat du Christ."
A quoi ne peut prétendre une ferme volonté constamment tendue vers un but précis ? Aspirations généreuses, travail soutenu, obéissance parfaite, conduite irréprochable, telles étaient les notes d'Albert Lacombe au collège de l'Assomption, notes qui lui valurent d'être choisi comme professeur suppléant avec la faveur de porter la soutane...
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Re: Le prêtre de Saint-Sulpice.
Albert Lacombe, ami et confrère de théologie d’Édouard-Charles Fabre, le successeur de Mgr BourgetL’homme au bon cœurChapitre Premier
1829-1840A l’évêché de Montréal. Compagnon de Mgr Bourget dans la visite pastorale
Sa réputation parvint jusqu'à Mgr Bourget, l'évêque de Montréal, qui le fit venir à l'évêché, le prit sous sa protection, et le plaça pour l'étude de la théologie sous la direction de Mgr J.-Ch. Prince, son coadjuteur 1 . Entre temps, Albert faisait fonctions de secrétaire près de M. J. Paré dont les sages conseils et les recommandations avisées lui furent un secours précieux.
Mais laissons-le parler lui-même de son séjour près de Mgr Bourget :
"Durant mon séjour à l'évêché, j'appris à connaître les vertus et les hautes qualités du saint évêque. Ainsi j'eus le bonheur de l'accompagner dans ses visites pastorales; combien de fois ai-je été témoin de sa part d'actes merveilleux dont seuls des saints peuvent être capables ! Je n'oublierai jamais les instructions précieuses qu'il me prodiguait pendant ces voyages, et je remercie Dieu de m'avoir accordé le rare bonheur de cette vénérable compagnie. Dans mes vieux jours, je respire encore le parfum des suaves exemples et des vertus du saint prélat, et ce souvenir me réconforte."
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1. Plus tard évêque de Saint-Hyacinthe.
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Re: Le prêtre de Saint-Sulpice.
Un sermon de circonstance (M. Belcourt)L’homme au bon cœurChapitre Premier
1829-1840Albert Lacombe, ami et confrère de théologie d’Édouard-Charles Fabre, le successeur de Mgr Bourget
De cette époque, également, date le commencement de l'amitié fraternelle qui lia toute leur vie Albert Lacombe et l'un de ses compagnons de théologie, Édouard Charles Fabre. 1 Ils étaient du même âge; ils avaient été baptisés le même jour, le 28 février. Aussi madame Fabre ne manquait-elle jamais d'inviter l'ami de son fils pour fêter l'heureux anniversaire, et elle les traitait tous deux sur un pied de parfaite égalité.2
Bref, le jeune clerc savait se faire aimer de tous, de ses supérieurs et de ses maîtres comme de ses compagnons; c'est une habitude qu'on avait prise à l'évêché de dire, en parlant de lui", "notre bon petit Albert".
Dans ce milieu exclusivement consacré au service de Dieu et des âmes, les exemples de zèle et de dévouement ne manquaient pas, mais c'était encore trop peu pour calmer la soif d'abnégation qui consumait le cœur du jeune séminariste. Il lui semblait qu'une voix intérieure lui criait constamment: "Tu peux davantage: plus de sacrifices encore ! plus de renoncement! Il y a, là-bas, de pauvres êtres qui n'ont jamais entendu la parole de Dieu ; un peu de leur sang coule dans tes veines... Va vers eux, et sois leur missionnaire."
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1 Plus tard archevêque de Montréal. — 2 Le père Lacombe n'eut garde d'oublier dans la suite, chaque fois qu'il vint à Montréal, de porter à madame Fabre le tribut de ses respectueux hommages et de sa profonde reconnaissance.
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Re: Le prêtre de Saint-Sulpice.
Le curé Viau et « son petit sauvage »L’homme au bon cœurChapitre Premier
1829-1840Un sermon de circonstance (M. Belcourt)
Vint l'hiver de 1848, où M. Georges Belcourt parcourut le diocèse de Montréal en vue d'obtenir des secours pour les missions des Pays d'En-Haut. De haute taille, avec une de ces voix chaudes et convaincues qui savent trouver le chemin des cœurs, le vaillant missionnaire de la rivière-Rouge était bien fait pour subjuguer son auditoire.
Du haut de la chaire de la cathédrale, il entraîne les fidèles à sa suite à travers les aventures des forêts et de la grande prairie. Il évoque la barbarie des tribus nomades, la cruauté des Sioux, la fourberie des Sauteux, la défiance des Métis. Toute la vie combative de l'apôtre passe dans ses récits de la lutte quotidienne pour faire un chrétien de plus, pour envoyer une âme au ciel, pour établir le règne de Dieu sur la terre.
"La tâche est grande, ajoute tristement le prédicateur, mais les moyens manquent: la moisson est belle, mais il y a peu d'ouvriers !. .. Qui viendra nous secourir ?. . . "
Albert Lacombe est là; il écoute, il entend. Il reconnaît la voix qui le tourmente depuis si longtemps; "Quem mittam?" Il voudrait répondre : "Ecce venio !" Mais il n'est pas encore prêtre et il doit obéissance à son évêque. . . Avant de tenter la démarche qui doit décider de son sort, il s'en va prendre courage près de son divin Conseiller; il supplie le Jésus de la croix de lui venir en aide et d'aplanir les voies. Puis, résolument, il ouvre son cœur à Mgr Bourget.
Le vénérable prélat, avec toute l'autorité de sa prudente sagesse, ne pouvait approuver d'emblée une si grave résolution. Que le jeune clerc prenne d'abord le temps de réfléchir; qu'il attende que la volonté divine se fasse expressément connaître. Qu'il continue de prier avec confiance, et la grâce fera son œuvre. ..
Le temps de la probation fut prolongé. L'ardeur du désir enflammait de plus en plus le cœur d'Albert Lacombe; mais il savait que l'obéissance est la première vertu de celui qui veut se faire tout à tous, et l'épreuve ne put qu'affirmer définitivement les qualités de sacrifice et d'abnégation qui allaient diriger sa vie entière.
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Re: Le prêtre de Saint-Sulpice.
Chapitre II. Les trois ordres sacrés : Bonsecours – Saint –Jacques – Saint-HyacintheL’homme au bon cœurChapitre Premier
1829-1840Le curé Viau et « son petit sauvage »…
Tant et si bien que Mgr Bourget n'hésita plus. Lui-même annonça au jeune homme son ordination prochaine et lui promit de l'envoyer à la conquête des âmes païennes. Dans le transport de sa joie, le futur prêtre pense à son premier bienfaiteur. Il court chez les Sœurs de la Providence, à l'hospice Saint-Joseph, où le bon curé Viau achève dans la souffrance une vie usée par les soucis et les fatigues.Le Curé Viau a écrit:'Albert, mon Albert, dit le saint vieillard, j'ai toujours trouvé en toi une vocation bien marquée. . . Dieu soit béni ! Tu ne m'avais pas trompé; je vais mourir en paix ! Mais sais-tu bien toutes les difficultés que tu vas rencontrer sur ton chemin: l'ennui, l'exil, la faim, les privations de toutes sortes, les souffrances, les tortures peut-être ?... Toi ! si jeune encore, habitué aux douceurs de la vie de famille, as-tu songé à l'isolement dans lequel tu vas te trouver ? Tes aspirations sont nobles et généreuses, il est vrai, mais elles réclament un long martyre... Je ne veux pas te détourner de ta voie, mon enfant; mais, comme un père qui t'a toujours aimé, je dois te mettre ces vérités sous les yeux. Va, mon fils, va, maintenant, sauver les pauvres âmes endormies à l'ombre de la mort !. . Va porter les lumières de l'Évangile à ces nations infidèles, à ces peuples farouches et barbares qui, comme nous, doivent avoir part à la rédemption du Christ sur le Calvaire !
"Malgré le chagrin que j'éprouve en te voyant partir, mon âme se réjouit à la pensée que tu t'en vas pour faire le bien ! Mon cher Albert, ce sont peut-être mes dernières recommandations, car ma course ici-bas se termine; j'ai déjà un pied dans la tombe.. . En te préparant aux grâces si précieuses du sacerdoce, prie pour moi !... Va, mon fils, je te bénis de tout mon cœur !..."
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Re: Le prêtre de Saint-Sulpice.
Les Ordres majeurs à la cathédrale Saint-Jacques de Montréal (rue Saint-Denis)L’homme au bon cœurChapitre II
1849Les Ordres mineurs de la chapelle Bonsecours
Albert Lacombe reçut les trois ordres sacrés à quelques jours seulement d'intervalle: d'abord le sous-diaconat, le premier juin 1849.
C'est à Montréal, dans la chapelle de Notre-Dame de Bonsecours, patronne des pèlerins, que le grand voyageur du Nord-Ouest canadien fit le pas qui le séparait à tout jamais du monde, et se consacra définitivement au service de Dieu. L'émotion des assistants fut intense quand Mgr Bourget adressa la parole au nouveau sous-diacre:Mgr Bourget a écrit:"Mon fils, vous venez de faire votre premier pas dans les saints Ordres; bientôt, lorsque vous recevrez la prêtrise, vous aurez le bonheur ineffable, vous cachant derrière l'hostie, d'immoler la victime entière. Vous vous êtes consacré à l'auguste Reine du ciel, afin de vous préparer à votre double mission de prêtre et de missionnaire. Vous n'avez pas hésité, en présence de la foule assemblée, à sacrifier vos affections les plus chères, à renoncer à tout ce que le monde peut avoir de plus attrayant, et à vouer à Dieu, par Marie, vos espérances et votre vie tout entière, pour aller implanter la foi dans les régions dangereuses des Pays d'En-Haut. Cette généreuse oblation, vous ne l'avez sans doute pas faite sans qu'il vous en coûtât, et vous avez marché d'un pas ferme vers l'autel du sacrifice. Je n'hésite pas à dire que vous avez sincèrement obéi aux aspirations de votre cœur, en répondant pleinement à la volonté de Dieu qui vous a appelé.
Ne craignez pas, mon fils; Celui qui vous a inspiré ces sentiments ne se laissera pas vaincre en générosité. Il saura vous combler de sa grâce et vous fortifier au moment de l'épreuve. Dans tous vos besoins, vous invoquerez Marie; pourrait-elle oublier que vous êtes son enfant ?...
Et vous, parents et amis du jeune missionnaire, ne l'oubliez pas dans vos prières. Si son noble sacrifice vous arrache des larmes, soyez assurés que sa sublime vocation attirera sur vous, sur vos familles et sur le pays entier, les plus précieuses grâces. La vigne du Seigneur est déserte; dans les régions où ce jeune prêtre ira exercer son zèle, il lui faudra des imitateurs. Je prie Dieu de nous les donner !
Je vous bénis, mon fils, ainsi que vos parents et vos amis. Puisse cette bénédiction de votre premier pasteur s'étendre sur les générations présentes et futures, ainsi que sur leurs possessions tout entières, et sur l'immense territoire où vous irez bientôt porter les lumières de l'Évangile !
Mes chers frères, soyez bénis dans vos personnes, dans vos enfants, dans vos travaux. . . Soyez bénis dans vos joies et vos succès, dans vos épreuves et dans vos sacrifices, et cela jusqu'à l'éternité !"
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Re: Le prêtre de Saint-Sulpice.
L’homme au bon cœurChapitre II
1849Les Ordres majeurs à la cathédrale Saint-Jacques de Montréal (rue Saint-Denis)
Quelques jours après, dans la cathédrale de Montréal, Albert Lacombe était ordonné diacre par l'évêque de Saint-Hyacinthe, Mgr Prince, qui avait dirigé ses études théologiques.
Le « Nunc Dimittis » de M. Viau : sa mort
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Re: Le prêtre de Saint-Sulpice.
L’homme au bon cœurChapitre II
1849Le « Nunc Dimittis » de M. Viau : sa mort
Puis ce fut la prêtrise. Mais avant de partir pour Saint-Hyacinthe où l'ordination devait être faite par Mgr Bourget, le jeune diacre voulut encore une fois recevoir la bénédiction du Grand-Vicaire, M. Viau. Le bon vieillard se mourait; à la vue de son enfant de prédilection, il sembla se ranimer:Le Curé Viau a écrit:"Mon Albert, mon cher Albert, c'est donc enfin "demain que tu seras prêtre! Te souviens-tu du beau dimanche où j'allai obtenir le consentement de tes bons "parents ? Il me semble encore te voir, la tête reposant sur l'épaule de ta mère, mêlant aux siennes tes larmes de joie et de bonheur. Accablé par l'émotion, tu ne pus alors me répondre. Oh! oui, je m'en souviens bien, moi aussi, mon petit sauvage.. . Enfin le fait va s'accomplir! J'ai toujours bien prié pour toi, mon cher enfant; et, au moment de l'onction sainte, je serai près de toi par la pensée et je prierai encore d'une façon toute "spéciale. Je demanderai au bon Dieu d'ouvrir pour toi, bien grands, les trésors de sa grâce, afin que tu puisses toucher les cœurs et convertir les âmes que tu es appelé à éclairer. Je lui demanderai surtout que tu restes toujours digne du caractère sacré dont tu portes déjà l'empreinte... Adieu ! Je te bénis !.... "
La prêtrise à la cathédrale de Saint-Hyacinthe
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Re: Le prêtre de Saint-Sulpice.
Le choléra à MontréalL’homme au bon cœurChapitre II
1849La prêtrise à la cathédrale de Saint-Hyacinthe
Tous ceux qui, une fois dans leur vie, ont pu être témoins d'une ordination sacerdotale, en gardent pour toujours un souvenir ineffaçable. Nous n'essaierons pas de faire revivre les scènes grandioses qui se déroulèrent dans la cathédrale de Saint-Hyacinthe, le 13 juin 1849: la foule se pressant sous les saints portiques, la procession imposante que formaient une légion d'enfants de chœur, soixante prêtres et trois évêques, la consécration, la célébration du Saint-Sacrifice. Il nous faut avouer notre impuissance à rendre dignement la sublime grandeur de cette première bénédiction du jeune prêtre. Il y avait là les parents chéris auxquels il devait la vie, les camarades aimés dont il avait partagé les jeux et les travaux, les maîtres dévoués qui avaient formé son intelligence et son cœur, le grand évêque qui avait été son père spirituel; tous, le front courbé vers la terre, dans l'attitude de l'humilité et du respect. Le fils, l'ami, le disciple n'existait plus; c'était un prêtre, un nouveau Jésus-Christ, qui levait la main pour bénir.
La cérémonie terminée, Albert Lacombe eût voulu se dérober aux félicitations, aux fêtes, aux témoignages d'affection qui le sollicitaient de toutes parts. Un impérieux devoir l'appelait à Montréal; il avait hâte de visiter son vieux curé, cloué sur son lit d'hôpital. Hélas ! il était trop tard; le moment de l'imposition des mains sur le nouveau prêtre avait été celui de la délivrance du vieillard. Le "petit sauvage" ne put que prier près d'un cadavre; et le lendemain, à la cathédrale, 1 la première messe qu'il célébra fut une messe de Requiem pour le repos de l'âme de son bienfaiteur.
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1 A l’emplacement même de l’église actuelle de Saint-Jacques.
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