Marie au-dessus de Pierre.

Allocution de S.S. le Pape Pie XII, aux Pèlerins de Gênes, 21 avril 1940.

Élevée au-dessus de Pierre, Vicaire du Christ sur la terre, la Mère de Jésus Notre-Seigneur, partage avec Pierre, d'une manière qui lui est tout à fait propre, une dignité, une autorité, un magistère qui l'associent en tout au collège des Apôtres. Parce que plus que Pierre elle aimait le Christ, c'est à elle que Jésus a confié en la personne de Jean, sous la Croix rédemptrice du monde, pour être ses fils, tous les hommes, brebis et agneaux d'un troupeau groupé et dispersé, faisant d'elle en quelque sorte une divine gardienne, Mère commune et universelle des croyants, et l'assimilant à Pierre, qui est le Père commun et universel, et le Pasteur terrestre. Elle est l'auguste Souveraine de l'Église militante, souffrante et triomphante ; la Reine des saints, la maîtresse de toute vertu, de l'amour, de la crainte, et de la science et de la sainte espérance. En elle s'est épanouie la rose candide du paradis ; en elle a commencée l'ère nouvelle de l'humanité qui vient fleurir le jardin de l'Église de lys, de violettes, et de corolles aux plus suaves et admirables parfums. Si Pierre a les clefs du ciel, Marie a les clefs du cœur de Dieu ; si Pierre lie et délie, Marie lie aussi avec les chaînes de l'amour ; elle aussi délie, par l'art du pardon. Si Pierre est le gardien et le ministre de l'indulgence, Marie est la trésorière prudente et généreuse des divines faveurs, et " Vouloir la grâce sans recourir à elle, c'est vouloir voler sans ailes " (Dante, Parad. XXXIII, 13-15).