Les Oblats...et la Science !...

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Message  Louis Mer 10 Jan 2024, 9:35 am

Bonjour,

Tiré du Livre Cinquième, tome IV, chapitre XVIII, des œuvres du Père Ortolan, o,m.i. et intitulé  « DANS LE NORD OUEST CANADIEN ».

Au fur et à mesure de la publication, nous insérerons des liens pour faciliter la lecture.

Bien à vous.



LIVRE  CINQUIÈME. — DANS LE NORD OUEST CANADIEN (1861-1892)

CHAPITRE XVIIII. — Les Missionnaires et la Science. — * 1. Aurores boréales et mirages polaires. — * 2. Les phénomènes glaciaires sur les grands lacs de l'Extrême Nord... — * 3. La durée attribuée aux périodes géologiques… — * 4. Communication souterraine des lacs. — * 5. Contemporanéité des âges de la pierre taillée, de la pierre polie, de l'âge du cuivre, du fer,  etc. — * 6. Le peuplement de l'Amérique avant Christophe Colomb et l'unité de l'espèce humaine.— * 7. Comment la fausse science cherche et accueille la vérité, quand celle-ci lui déplaît.


Dernière édition par Louis le Sam 03 Fév 2024, 7:24 am, édité 11 fois

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Message  Louis Mer 10 Jan 2024, 9:35 am



Les Missionnaires et la Science

§ 1

Aurores boréales et mirages polaires.

Le but principal de la vie du Missionnaire, celui auquel il doit tout sacrifier, et qu'il cherche avant tout à atteindre par ses fatigues innombrables et son immolation de chaque instant, est la gloire de Dieu par le salut éternel des âmes les plus abandonnées.

Cette vocation qui impose tant d'actes du plus pur héroïsme, et qui est si déterminée dans sa fin essentielle, n'empêche pas qu'au cours de ses longues pérégrinations dans des régions très reculées, dont souvent il est le premier explorateur, l'apôtre ne puisse faire bien des constatations qui sont de nature à étendre les limites du savoir humain.

Il peut ainsi favoriser les progrès scientifiques, et, par une suite logique, contribuer à la gloire de Dieu, en faisant mieux connaître l'œuvre admirable du Créateur, par conséquent Dieu Lui-même, comme l'enseigne saint Paul : Invisibilia  enim ipsius, a creatura mundi, per ea quæ facta sunt, intellecta conspiciuntur; sempiterna quoque ejus virtus divinitas (Rom., I, 20).

C'est en nous mettant à ce point de vue que, dans cette Histoire de l'Apostolat de notre chère Congrégation, nous ne croyons pas inutile d'insérer ce chapitre, qui, par son titre, semblerait mieux à sa place dans un ouvrage d'allure plus strictement apologétique. Il n'est pas, cependant, hors de propos ici, puisqu'il relate des observations faites par les Oblats eux-mêmes dans l'Extrême-Nord : observations personnelles sur des phénomènes incomplètement et imparfaitement étudiés par ceux qui officiellement se disent savants, mais qui, ayant surtout écrit en chambre, pourraient tirer profit de l'expérience d'autrui.

En ces matières, se réalise aussi le vers de La Fontaine :

On a souvent besoin d'un plus petit que soi.

Dans cet ordre d'idées…

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Message  Louis Jeu 11 Jan 2024, 5:51 am


§ 1

Aurores boréales et mirages polaires.

SUITE

Dans cet ordre d'idées, notons d'abord les constatations faites par nos Missionnaires au sujet des aurores boréales et des mirages polaires. Les particularités qu'ils ont remarquées ont leur importance scientifique.

Par une atmosphère froide et sèche, en effet, les aurores boréales sont accompagnées d'un bruissement singulièrement intense, comme le sifflement du vent dans les cordages d'un navire.

Les auteurs qui, ex professo, traitent des aurores boréales, nient ou taisent cette particularité, ou la présentent comme hypothétique.

Que de fois pourtant, elle a été constatée par nos Missionnaires, qui, en cette occasion, comme en plusieurs autres, quoique travaillant principalement au salut des âmes abandonnées, ont apporté un précieux concours aux recherches scientifiques, et ont contribué à fixer certains points discutés entre savants.

Ce bruissement est bien une confirmation de la théorie qui assigne une origine électrique à ces phénomènes, les plus beaux qu'il soit accordé à  l'homme  de contempler ici-bas.

N'est-il pas le résultat de la résistance opposée par l'air aux radiations électro-magnétiques, qui se dégagent de la terre dans le voisinage du pôle, et causent ces splendides illuminations ?

Notons également les constatations faites par nos Missionnaires au sujet des effets des mirages, non moins surprenants dans ces régions de l'Extrême Nord que dans les déserts du Sahara, aux sables surchauffés.

Lorsque, après la longue nuit, le soleil verse une claire lumière sur les plaines neigeuses, ou à la surface des lacs glacés, on découvre devant soi, tout près, ce semble, des paysages fantastiques.

On s'imagine pouvoir arriver vite à des places de campement ou à des îles boisées que l'on aperçoit très distinctement à peu de distance. On les touche presque du doigt ; mais elles reculent, à mesure qu'on avance. Elles finissent par disparaître complètement, ou, du moins, on ne les atteint que fort longtemps  après.

Les auteurs qui ont parlé des mirages dans les contrées septentrionales, n'ont enregistré, en général, que ceux qui ont lieu sur la mer redevenue liquide, mais non ceux qui se produisent en hiver sur les champs de neige, ou sur les grands lacs glacés.

En ce point encore, les savants en chambre, si fiers de leurs connaissances incomplètes, auraient trouvé avantage à consulter les Missionnaires. L'apostolat, qui peuple le ciel d'âmes régénérées, peut fournir à la terre des renseignements précieux pour le progrès des sciences humaines.

Il est évidemment plus commode, mais aussi moins instructif, de disserter tranquillement au coin du feu, les pantoufles aux pieds.
§ 2 Les phénomènes glaciaires sur les grands lacs de l'Extrême Nord…

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Message  Louis Ven 12 Jan 2024, 6:36 am


§ 2

Les phénomènes glaciaires sur les grands lacs de l'Extrême Nord,
et les stratifications de l'écorce terrestre, durant les périodes géologiques.

L'épaisseur de la glace, à la surface des grands lacs, est de trois à quatre mètres, et même davantage au large.

Un phénomène sur lequel nous croyons devoir attirer en premier lieu l'attention du lecteur, car il n'est nulle part signalé, pas même dans les ouvrages les plus spéciaux ou les plus récents en ces matières, c'est que cette glace si épaisse se compose fréquemment de diverses couches, séparées par des nappes liquides ou par des gaz emprisonnés.

Pour nous en tenir d'abord à ce qui concerne les nappes d'eau liquides, il est clair que celles-ci finissent par se solidifier, en se congelant à leur tour ; mais elles gardent, alors, une couleur et une contexture particulières, qui permettent aisément de les distinguer.

En outre, l'orientation optique de leurs molécules et la direction des axes cristallographiques les caractérisent aussi.

C'est comme une suite de stratifications différentes, rappelant d'une manière frappante celles que l'on remarque si souvent dans l'écorce terrestre, et qui se sont produites aux époques primordiales, quand le noyau de notre globe, encore fluide ou incandescent, commençait à se refroidir, et se revêtait d'une croûte solide.

Les phénomènes des couches multiples, et, jusqu'à un certain point, hétérogènes, étagées dans l'épaisseur de la glace des grands lacs américains de l'Extrême Nord seraient donc une répétition, en petit, mais singulièrement instructive, de ceux dont fut le théâtre, sur une plus vaste échelle, la surface de la terre à l'origine de notre monde.

Les uns, plus récents, nous éclairent sur la nature des autres, plus anciens, d’autant plus que les récents, comme les anciens, sont la conséquence du froid ou du refroidissement .

Plusieurs causes contribuent à la superposition de ces couches diverses dans la glace.

Outre la rivière Athabaska et celle des Esclaves, ces lacs en reçoivent une foule d'autres, de moindre importance, il est vrai, mais, néanmoins, assez considérables, descendant le long des vallées, parfois très escarpées, et venant de loin.

Il suffit, en hiver, de quelques jours de clair soleil (ce qui n'est pas rare), pour que la température s'élève d'une façon appréciable. Cet afflux de chaleur n'est pas capable assurément d'entamer l'épaisse glace qui recouvre le lac ; mais il est très apte à faire fondre, en quantité notable, la neige accumulée sur le flanc des collines, surtout quand celles-ci sont peu  boisées.

L'eau, alors, coule de toutes parts, en innombrables ruisseaux et cataractes, pour se réunir dans le lit des rivières qui, subitement transformées en torrents fougueux, se précipitent violemment sur le lac, et étalent au large, à sa surface, de grandes nappes d'eau.

Que la température s'abaisse (ce qui ne tarde guère), et ces nouvelles nappes d'eau commencent à se congeler. Leur couche de glace est d'abord très mince. Elle ne suffirait pas, comme celle qui est plus bas, à porter un homme, moins encore son traîneau et ses bagages ; mais progressivement l'épaisseur augmente.

Plusieurs fois…

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Message  Louis Sam 13 Jan 2024, 6:16 am


§ 2

Les phénomènes glaciaires sur les grands lacs de l'Extrême Nord.

SUITE

Plusieurs fois, dans le cours de ces longs hivers du Canada septentrional,  le phénomène  se réitère.

Au début, chaque nouvelle couche de glace est très lisse et excessivement glissante, comparativement à la précédente qui s'était recouverte de rugosités, comme nous l'avons dit plus haut. C'est ce poli exceptionnel qui met en éveil le voyageur soucieux d'éviter un accident ou une catastrophe.

Ce miroir luisant l'invite à s'arrêter ou à changer de direction : car s'il continuait à s'avancer imprudemment, il sentirait bientôt cette glace neuve fléchir sous son poids, onduler, gémir, se craqueler et s'ouvrir sous ses pieds, l'exposant ainsi à un bain froid, très désagréable en cette saison.

Quelquefois le danger ne serait pas grave, quand l'eau n'est pas profonde, l'ancienne glace très résistante étant tout près : on en serait quitte pour être mouillé jusqu'aux genoux ou à la ceinture ; mais, en d'autres circonstances, le plongeon aboutirait  à une noyade.

Il arrive aussi qu'entre les deux couches de glace n'y a pas d'eau. L'accident, en ce cas, se réduirait à une chute plus ou moins rude. Des espèces de cavernes, en effet, se rencontrent parfois entre deux couches de glace : soit quand la couche inférieure s'affaisse, au point que la quantité d'eau n'est plus suffisante pour remplir le vide ; soit lorsque, dans la couche inférieure, s'engendrent des fissures par lesquelles l'eau s'écoule.

Dans l'un et l'autre cas, la couche supérieure reste suspendue comme une voûte.

Cependant, ces sortes de cavernes, qui correspondent à celles que l'on trouve encore de nos jours, si souvent, au sein de l'écorce terrestre, ne persistent pas longtemps, à moins que la couche supérieure de glace ne devienne extraordinairement épaisse.

En dehors de cette hypothèse, la voûte, même sans l'intervention d'un choc ou d'une masse étrangère s'appuyant sur elle, finit, grâce à la pesanteur, par s'affaisser dans sa partie centrale, tandis que les parties extrêmes, par répercussion du mouvement central, ont une tendance à se relever.

Il en résulte une suite de collines en miniature, bordant, de côté et d'autre, des vallées ou des conques, qui se creusent entre ces chaînes de mamelons, hérissés de pics et d'aspérités : nouvelle ressemblance entre les phénomènes qui se passent dans la croûte glacée des grands lacs, et ceux qui eurent lieu dans l'écorce terrestre, durant les périodes géologiques.

Nous avons déjà dit que…

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Message  Louis Dim 14 Jan 2024, 6:29 am


§ 2

Les phénomènes glaciaires sur les grands lacs de l'Extrême Nord.

SUITE

Nous avons déjà dit que l'intervalle entre deux couches de glace est, quelquefois, rempli par des gaz emprisonnés.

Au fond des grands lacs, en effet, se trouvent toujours en quantités notables des matières organiques, végétales ou animales, en décomposition.

Les gaz résultant de cette fermentation putride, ou ceux qui proviennent de sources minérales débouchant dans l'intérieur du lac, ne pouvant plus se dissiper dans l'atmosphère, dès que la surface du lac est congelée, s'arrêtent sous la voûte solide, et s'y accumulent dans des poches d'eau, transformées bientôt en poches de glace.

Quand leur tension est considérable, et que la voûte, suffisamment forte pour opposer un obstacle invincible à leur sortie, ne l'est pas, cependant, assez pour rester indifférente à leur pression croissante, ils la secouent, l'agitent et lui impriment des oscillations en tous sens. accompagnées de mugissements sous-lacustres, analogues aux bruits souterrains qui précèdent ou accompagnent les tremblements de terre et les éruptions volcaniques . On dirait, parfois, les détonations prolongées d'armes à feu et le fracas du tonnerre.

Ces grondements retentissants sont aussi causés par la pression même de la glace sur les gaz et par les déplacements qu'elle leur impose, lorsque, non encore immobilisée par son épaisseur, elle a, sous l'action du vent, des ondulations semblables à celles de la houle.

Bizarre phénomène d'acoustique !... Il se continue pendant plusieurs semaines, et, chose étrange, rejoint, durant la nuit, son maximum de fréquence et d'intensité.

Ni en  Europe, ni ailleurs, rien de semblable n'a été signalé encore…

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Message  Louis Lun 15 Jan 2024, 6:22 am



§ 2

Les phénomènes glaciaires sur les grands lacs de l'Extrême Nord.

SUITE

Ni en Europe, ni ailleurs, rien de semblable n'a été signalé encore.

En certains endroits, par suite d'une plus violente pression des gaz et d'une moindre résistance de la glace, celle-ci est subitement soulevée en forme de petits pics volcaniques. On les rencontre très nombreux et de dimensions remarquables, nous l'avons dit précédemment, à la surface gelée du Mackenzie, vu la pression énorme que les couches sous-jacentes liquides exercent contre la carapace de ce fleuve géant. Il y en a là une multitude qui ont jusqu'à trois et quatre mètres de hauteur.

Par leur cratère, le gaz s'échappe, détonne parfois au contact de l'air,  mais, néanmoins, rarement  s'y enflamme de lui-même.

Jamais en Europe n'ont été observées ces boursouflures d'aspect volcaniques, ni ces grondements caractéristiques qui les accompagnent.

Mais, n'est-ce pas, en miniature, une image de ce qui s'est passé sur une très grande échelle, durant les périodes géologiques, sur toute la surface de la terre, quand surgirent tant de montagnes couronnées par de si nombreux volcans, dont quelques-uns seulement, à notre époque, restent encore en activité ?

La superposition de strates glaciaires ne se produit pas uniquement par l'apport extérieur de nouvelles masses d'eau qui se congèlent ensuite, mais également par des afflux de la couche inférieure encore liquide.

Sous les attaques d'un froid de plus en plus vif, la voûte de glace, forcée à se dilater, se fendille, puis se déchire bruyamment.

Des crevasses longues, anguleuses et irrégulièrement ramifiées, apparaissent. Dans ces ouvertures, l'eau du lac se précipite et ne tarde pas à se congeler, déterminant ainsi, dans la masse glaciaire, de nouvelles sédimentations ayant leurs caractères distinctifs, et affectant parfois la forme des veines dans le marbre, ou des filons minéraux au sein des terrains.

Ces nouvelles sédimentations sont produites, assez souvent aussi, par des sources thermales débouchant au fond du lac, ou dans la partie submergée de ses rives.

En vertu de leur légèreté spécifique, ces ondes chaudes montent jusqu'à la glace, la rongent, la fouillent et s'y introduisent.

Dans les longs boyaux ou cavernes qu'elles creusent, elles s'installent, mais s'y attiédissent, pour se refroidir bientôt et se congeler.

Comment ne pas voir encore, dans ces phénomènes, une analogie frappante avec ceux qui se sont réalisés, à l'origine, dans l'écorce terrestre, et qui ont entassé, mêlé, amalgamé, dans son sein, si capricieusement, au hasard, ce semble, et dans une extrême confusion, tant d'éléments divers ?
§3  La durée attribuée aux périodes géologiques n'a-t-elle pas été considérablement exagérée ?...

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Message  Louis Mar 16 Jan 2024, 5:56 am


§ 3

La durée attribuée aux périodes géologiques
n'a-t-elle pas été considérablement exagérée ?

C'est vraiment surprenant de constater avec quelle rapidité, aux endroits où la rivière Athabaska et celle des Esclaves se jettent dans les lacs des mêmes noms, surgissent des îlots, puis des îles, puis de nouveaux terrains, à cause de la grande quantité de matières sédimenteuses et de bois charriés par ces puissants cours d'eau.

On peut dire qu'en ces endroits le paysage change d'aspect presque à vue d'œil. Après quelques années, on ne le reconnaît plus.

C'est d'abord un bourbier mouvant et fluctuant au gré des vagues qui ne le recouvrent plus que de quelques centimètres d'eau. Malheur à la barque qui s'y aventurerait, car elle irait s'enliser dans cet égout de la nature. Elle y demeurerait empâtée, comme ces innombrables troncs d'arbres entraînés jusque-là par ces rivières qui les entassent les uns sur les autres, entremêlant leurs branches de mille et mille façons. On voit leurs têtes chenues, émergeant des eaux limoneuses, sur des espaces immenses.

Mais, quelques années après, le voyageur étonné découvrira de nouvelles îles sur ces bancs meubles, que les gelées d'un hiver de neuf mois tendent toujours à tasser, à resserrer et à solidifier davantage.

Puis la végétation ne tardera pas à envahir ces nouveaux terrains : d'abord, des joncs, des prèles et d'autres plantes aquatiques : ensuite, quelques représentants, moins flexibles et plus résistants, du règne végétal.

Un phénomène analogue se produit quotidiennement sur tout le parcours du vaste système fluvial, constitué par l'Athabaska, la rivière des Esclaves et le Mackenzie, depuis la source de l'Athabaska, au mont Brown, dans les montagnes Rocheuses de l'Alberta, jusqu'à l'embouchure du Mackenzie dans l'océan Glacial Arctique, quatre mille kilomètres plus au nord.

Ce phénomène se reproduit aussi sur les bords des multiples et volumineux affluents de l'Athabaska-Mackenzie, tels que la rivière La Paix, la rivière aux Liards, la rivière aux Foins, la Peel, etc.

Tout le long de ces nombreuses rivières qui, à l'exception du Mackenzie proprement dit, n'ont pas de rivages praticables aux piétons, les berges sont à pic et souvent presque en demi-voûte, car les eaux courantes ne cessent pas de les ronger à la base.

Aussi les éboulements  y sont-ils très fréquents.

Des masses de terre, en glissant, laissent voir parfois d'importants dépôts de glace, sorte de glaciers souterrains, et, en se précipitant jusqu'au bas, élargissent le lit de la rivière d'un côté, pour le rétrécir de l'autre.

L'eau, en effet, après avoir englouti ces terrains, les délaye et va les déposer ailleurs sous forme de sédiments.

D'autres fois, elle entraîne sans la dissocier toute la masse tombée, avec son revêtement de verdure ; puis l'abandonne en l'immergeant plus ou moins, selon la profondeur de son lit en cet endroit.

La vase qui s'y amoncelle successivement tout autour, arrête bientôt au passage d'autres arbres que le courant fougueux charrie sans cesse en grande quantité. Ceux-ci enlacent mutuellement leurs branches, consolidant  ainsi et immobilisant la base limoneuse.

L'année suivante, de nouveaux apports de sédiments feront atteindre à ce dépôt le niveau de la rivière, puis le lui feront dépasser. Là encore naîtra une jeune végétation vigoureuse : d'abord des prêles et des joncs ; puis des saules, puis des peupliers, des trembles, etc.

En se pressant et s'enchevêtrant, les racines de ces arbres achèvent de constituer à tout jamais un terrain émergé, capable d'imposer au courant une très sensible déviation.

Il ne faut pas un grand nombre d'années pour faire apparaître ces îles nouvelles, et déterminer ces changements considérables.

Bien des Missionnaires…

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Message  Louis Mer 17 Jan 2024, 6:06 am



§ 3

La durée attribuée aux périodes géologiques
n'a-t-elle pas été considérablement exagérée ?

SUITE

Bien des Missionnaires ont pu bivouaquer et prendre leur repas, sur des îles boisées de jeunes arbres touffus et élancés, là où, peu auparavant, leur barque avait passé sans difficulté aucune.

En Europe, les savants n'ont pas occasion de contempler d'aussi prodigieux entassements d'arbres de toute grosseur et de toute dimension, que le fleuve Athabaska-Mackenzie et ses nombreux affluents entraînent et accumulent constamment, en mille endroits différents, durant les trois mois qui s'écoulent depuis la débâcle jusqu'à la reprise des glaces.

Si ces savants avaient pu se familiariser avec les faits de ce genre, ils modifieraient très probablement plus d'une opinion communément reçue, plus d'une théorie ingénieuse, plus d'une hypothèse peu fondée, d'après lesquelles des milliers et des milliers d'années sont nécessaires pour la formation d'une houillère ou d'un terrain stratifié : théories et hypothèses qui, même vraies, ne sauraient porter aucune atteinte aux révélations de la foi ; mais théories et hypothèses qui, loin d'être des notions scientifiques démontrées, sont, au contraire, des assertions très discutables.

Ces causes d'érosions, de sédimentations, de formations de terrains nouveaux, qui opèrent si énergiquement, de nos jours, dans le bassin de l'Athabaska-Mackenzie, sont cependant très faibles, par rapport à  celles, incomparablement  plus violentes, des temps  primordiaux.

Et si ces causes actuelles, quoique relativement faibles, changent si rapidement l'aspect d'un paysage, combien plus rapidement ont pu le transformer les causes autrement puissantes qui agissaient au commencement ?

Ces considérations n'invitent-elles pas les esprits réfléchis à admettre que les périodes géologiques n'ont pas eu cette durée de milliers de siècles qu'on leur a si généreusement concédés ?

Pour rester dans le vrai, ne faudrait-il pas les réduire sensiblement ?...

On arrive aux mêmes conclusions en méditant sur les cataclysmes qui se produisent, l'hiver, à la surface congelée du Mackenzie ou des grands lacs.

Nous avons déjà parlé de ces chaînes de montagnes de glace qui se forment par l'effet du froid progressif, et qui font tout naturellement penser aux soulèvements successifs de la croûte terrestre primitive, à cause de la similitude parfaite entre l'aspect de ces collines de glace et celui des chaînes de montagnes dont le globe terrestre est  hérissé.

Mais que dire des prodigieux travaux de sauvage architecture…

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Message  Louis Jeu 18 Jan 2024, 5:42 am



§ 3

La durée attribuée aux périodes géologiques
n'a-t-elle pas été considérablement exagérée ?

SUITE

Mais que dire des prodigieux travaux de sauvage architecture produits par la débâcle, le long du Mackenzie, alors que des banquises gigantesques se poussent, se pressent, se soulèvent comme d'immenses monolithes, pour retomber avec fracas les unes sur les autres, en brisant et broyant tout ce qu'elles rencontrent, tandis qu'en se compénétrant et se soudant les unes les autres, elles se disposent en étages d'une hauteur stupéfiante!... Elles forment alors, le long du fleuve, de gigantesques murailles si solidement cimentées et d'une telle épaisseur, que les ardeurs du soleil ne peuvent les liquéfier qu'après un mois de travail.

N'est-ce pas d'une manière analogue que se sont produits, au commencement des temps, les soulèvements de l'écorce terrestre brisée, disloquée, tourmentée par les forces indomptées de la nature primitive ?

Ces phénomènes modernes dont le Mackenzie est encore le théâtre, semblent expliquer, avons-nous remarqué plus haut, la raison de cet amalgame extraordinaire de matériaux si différents, et de cette succession, en apparence capricieuse, de ces divers terrains qu'on observe avec étonnement dans l'épaisseur de la croûte terrestre.

Mais aussi la rapidité, parfois foudroyante, avec laquelle s'accomplissent ces amoncellements de blocs énormes sur le Mackenzie, n'incline-t-elle pas l'esprit à penser que souvent un cataclysme instantané a dû suffire pour réaliser des effets grandioses, que l'on s'est habitué à considérer comme le résultat de périodes extrêmement longues, parce qu'on a attribué ces effets à des causes faibles et lentes ?

Or, on ne peut en douter : les forces qui agirent aux époques primordiales dépassèrent incomparablement, en puissance, celles qui s'exercent encore de nos jours, maintenant que l'écorce terrestre a trouvé presque partout son assiette ordinaire, et que la plupart des volcans sont éteints.

Notre globe, après les agitations indescriptibles de sa jeunesse planétaire, est entré maintenant dans une période de calme et de repos relatifs.

Ont-ils suffisamment tenu compte de cette circonstance fondamentale ceux qui supposent aux périodes géologiques des milliers de siècles et des millions d'années ?
§4 Communication souterraine des lacs...

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Message  Louis Lun 22 Jan 2024, 2:17 pm



§ 4

Communication souterraine des lacs.

Entre le Grand lac des Ours et les rivages de l'océan Glacial arctique, se trouvent un certain nombre de lacs, aux dimensions même considérables, et qui sont le théâtre de curieux phénomènes généralement peu connus, car nos Missionnaires ont été des premiers à les constater.

Plusieurs de ces lacs ne reçoivent apparemment aucun cours d'eau et ne donnent naissance à aucun déversoir.

Leurs eaux, cependant, éprouvent des mouvements de hausse et de baisse assez sensibles.

Bien plus, à la surface de quelques-uns, se montrent parfois, et d'une manière subite, des pièces de bois flottants, sans que les Indiens qui habitent  dans les  environs  puissent  deviner  d'où  elles  viennent.

Ces lacs ont des rivages étendus en pente douce, couverts de galets roulés et de sables, ce qui autorise à supposer qu'ils occupaient autrefois une étendue bien plus vaste, et faisaient même probablement partie alors du Grand lac des Ours, dont les rivages présentent les mêmes particularités.

Cet ensemble de circonstances semble une preuve certaine du retrait graduel des eaux  dans  ces lacs de l'Extrême Nord.

De nos jours encore, ce recul de l'élément liquide se poursuit, et le niveau baisse, d'année en année. Les rivages se retirent en proportion, parfois d'une quarantaine de mètres par an.

Dans d'autres lacs on remarque, durant l'hiver, que le niveau des eaux tend à monter de six à sept mètres, et cela avec une telle énergie, que la glace, quoique fort épaisse, se déchire et se brise, sous l'effet d'une irrésistible pression venue d'en bas.

Enfin, dans ces lacs se rencontrent des îles plates, dénudées, couvertes de galets granitiques de toutes dimensions, ce qui démontre incontestablement qu'elles ont été récemment émergées.

Comment expliquer ces phénomènes multiples…

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Message  Louis Mar 23 Jan 2024, 6:09 am



§ 4

Communication souterraine des lacs.

SUITE

Comment expliquer ces phénomènes multiples sans admettre que ces lacs sont en communications invisibles, soit entre eux, soit avec la rivière Anderson et quelques autres, par des gaves ou conduits souterrains ?

Or, que par ces galeries cachées de la nature ces lacs perdent une grande partie de leurs eaux, c'est ce que l'examen attentif de ces lieux permet d'affirmer, sans l'ombre d'un doute.

Quelques-uns de ces lacs sont maintenant entièrement à sec. Or, on aperçoit sur leurs parois qui, auparavant, en constituaient les bords, une ouverture béante, en forme d'entonnoir ou de grotte, qui a reçu leurs eaux et dans laquelle s'enfile encore un petit ruisseau venu d'ailleurs, et par lequel s'écoulent les eaux de lacs plus éloignés.

En peu d'années, ceux-ci seront vidés également, et de tristes vallons, pleins de galets et de vase, remplaceront ces lacs condamnés à disparaître, dans un avenir relativement prochain.

La vue de ces gouffres, ouverts, non pas au fond des lacs, mais contre leurs parois, ne suggère-t-elle pas l'idée que les cavernes à ossements des autres pays, et la généralité des grottes qui recèlent encore des mares d'eau, ou laissent échapper des ruisseaux fugitifs, pourraient bien avoir une origine identique.

Ne les voit-on pas, en effet, disposées le plus ordinairement dans les vallées, le long des gorges, dans l'épaisseur de terrasses naturelles, formées en retrait par l'abaissement successif du niveau des eaux primitives ?

Pourquoi donc ces ouvertures plus ou moins larges, continuées par des boyaux dont la longueur est inconnue aux géologues, et qui, en outre, contiennent souvent des puits naturels dont la profondeur, souvent, n'a pu être mesurée, n'auraient-elles pas servi, durant les périodes préhistoriques, à favoriser l'étanchement plus rapide des eaux qui remplissaient alors les vallées ?

Autre similitude.

Ces sombres et humides couloirs par lesquels tant de lacs de l'Extrême-Nord se transvasent et s'épuisent, recèlent des dépôts d'ossements anciens, semblables à ceux des cavernes d'Europe, mieux étudiées par les savants, parce qu'elles étaient mieux à portée de ceux dont les travaux ont contribué à fonder la géologie.

Oui, dans des grottes voisines des bords de l'océan Glacial, se trouvent des ossements de l'elephas primigenius et d'autres grands animaux antédiluviens. C'est là que les Esquimaux vont chercher l'ivoire qu'ils taillent et façonnent.

Au cours de ses nombreux voyages, le P. Séguin, lui-même, a vu beaucoup de ces ossements.
§5 Contemporanéité des âges de la pierre taillée, de la pierre polie, de l'âge du cuivre, du fer, etc.

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Message  Louis Mer 24 Jan 2024, 5:34 am



§ 5

Contemporanéité des âges de la pierre taillée,
de  la pierre polie, de l'âge du cuivre, du fer, etc.

Ce paragraphe est une petite incursion dans le domaine de la paléontologie.

A notre époque, de prétendus savants incrédules, beaucoup plus incrédules que savants, dans la fausse espérance d'éliminer Dieu de la nature, car Dieu est très gênant pour les passions humaines, tâchent d'expliquer la création de l'homme par la simple évolution de la matière.

Selon eux, la vie dans ses premières manifestations rudimentaires, aurait apparu par génération spontanée, ce qui est absolument antiscientifique, comme l'ont démontré les célèbres expériences de Pasteur. Il est prouvé, archi-prouvé que la vie ne vient que de la vie : omne. vivum ex vivo.

Oui, mais, alors, il faut de toute nécessité admettre, à l'origine des choses, un Dieu créateur, un Dieu éternellement vivant, infiniment vivant, ex quo omnia, per quem omnia, in quo omnia.

La vraie science aboutit inéluctablement à cette conclusion inévitable ; mais ces prétendus savants incrédules, beaucoup plus incrédules que savants, pour maintenir, coûte que coûte, leur incrédulité, répudient les faits les plus incontestablement démontrés par la science. Périsse la science, pourvu que survive l'incrédulité !... La science démontre très clairement qu'il n'y a pas de génération spontanée... N'importe, ces prétendus savants continueront à admettre la génération spontanée, parce que, sans elle, il leur est impossible d'étayer leur système de matérialisme athée.

Ah ! si les catholiques, pour soutenir les dogmes de la foi, faisaient ainsi fi des enseignements de la science et s'insurgeaient contre elle, que de sarcasmes, que de railleries méprisantes, que d'injures contre leur   moyenâgeuse ignorance !...   On en remplirait des volumes !

Au contraire, les catholiques ont démontré qu'il n'y a aucune opposition réelle entre les enseignements de la vraie science et les données de la Révélation divine. La Foi est au-dessus de la raison ; mais elle il est pas contre la raison. Foi et raison sont des lumières qui émanent du même foyer : Dieu, quoique à des degrés différents.

Les incrédules ne peuvent pas en dire autant : sous des apparences qu'ils veulent rendre le plus scientifiques possible, leur incrédulité est toujours antiscientifique.

C'est incontestable pour l'origine de leur système matérialiste : la génération spontanée. Ce n'est pas moins vrai pour la suite du système : l'évolution et le transformisme.

Non seulement les incrédules…

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Message  Louis Jeu 25 Jan 2024, 6:06 am



§ 5

Contemporanéité des âges de la pierre taillée,
de la pierre polie, de l'âge du cuivre, du fer, etc.

SUITE

Non seulement les incrédules accordent, généreusement et sans preuve, à la matière le pouvoir de produire la vie, pouvoir qu'elle n'a pas ; mais ils lui accordent, avec la même générosité et avec la même absence de preuves, le pouvoir de perfectionner la vie, et de la transformer, en la faisant évoluer dans des sphères de plus en plus parfaites, au point de produire, par elle-même, les innombrables espèces végétales et animales qui remplissent l'univers.

Si le Darwinisme et le Transformisme étaient scientifiquement démontrés, ils ne gêneraient nullement notre foi : l'Apologétique chrétienne l'a bien établi. Mais il est incontestable que le Darwinisme et le Transformisme, loin de s'appuyer sur la science, lui sont plutôt contraires.

De nos jours, soixante-dix ans après l'apparition du livre de Darwin, auquel l'incrédulité, par intérêt de parti, fit une si tapageuse réclame, les recherches les plus approfondies de la science impartiale ont montré la fausseté des mauvais arguments sur lesquels s'appuyait le Transformisme, et son impuissance radicale à expliquer la formation du monde vivant.

L'univers est un ensemble immense et merveilleux produit non par le hasard, ni par les forces brutales d'une matière aveugle, évoluant sans direction et sans but; mais par une intelligence omnipotente, affirmant, à chaque instant et dans les moindres détails, sa présence, car il est manifeste qu'elle a tout prévu avec une incomparable sagesse, tout coordonné avec une puissance sans bornes et tout voulu dans ses décrets éternels. C'est sa volonté qui a donné la vie à la création ; c'est sa volonté qui la lui maintient. Ordinatione tua perseverat dies, quia omnia serviunt tibi [ Par votre ordre persévère le jour, parce que toutes choses vous [s]ont assujetties.]  (Ps. CXVIII, 91).

Selon un mot de l'illustre Cuvier, « la naissance des êtres organisés, leur croissance et la continuation de leur existence sont parmi les plus impénétrables mystères de toute la nature ». Pasteur, que ses remarquables découvertes ont immortalisé, parlait de même.

La science, laissée à ses seules ressources, a pu inventer les chemins de fer et la machine à vapeur ; les tramways électriques, la télégraphie sans fil et la radiophonie ; elle a pu calculer et évaluer, en milliers d'années de lumière, les formidables distances qui nous séparent de la constellation d'Orion, de celle de Cassiopée et de tant d'autres ; mais, touchant le problème capital de nos origines et de nos destinées, elle ne sait rien... absolument rien...

Elle ne sait ni d'où vient, ni où va l'humanité, dans sa marche si mouvementée à travers les siècles... Les plus grands savants ne rougissent pas de confesser leur ignorance à ce sujet.

Non ! la science, la vraie science, n'a jamais dit et ne dira jamais, …

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Message  Louis Ven 26 Jan 2024, 6:13 am



§ 5

Contemporanéité des âges de la pierre taillée,
de la pierre polie, de l'âge du cuivre, du fer, etc.

SUITE

Non ! la science, la vraie science, n'a jamais dit et ne dira jamais, car par elle-même elle ne peut le savoir, quelle place tient l'homme, dans l'infini de l'espace et du temps, qui l'entoure et l'enserre de toutes parts. A cette question si importante pour nous elle ne répond pas, car cette question l'embarrasse... Bien plus, elle est frappée de vertige, au sein de cette troublante immensité, et recule d'épouvante devant le mystère insondable de l'au delà, bien plus insondable encore, et, sans comparaison aucune, bien plus effrayant que le mystère du passé.

Scientifiquement, le Darwinisme et le Transformisme ont vécu (1).

Si donc les catholiques invoquaient le Darwinisme et le Transformisme en faveur de leurs croyances, il y aurait longtemps qu'au nom de la science, les incrédules auraient relégué le Darwinisme et le Transformisme au rang des hypothèses surannées et ridicules, dont un savant, digne de ce nom, aurait honte de se dire le partisan.

Mais le Darwinisme et le Transformisme sont utiles à l'incrédulité ; bien plus, ils lui sont indispensables pour éliminer Dieu de son œuvre : donc les incrédules défendront ces systèmes avec une opiniâtreté inébranlable et ils invoqueront, pour les soutenir, la science qui n'en peut mais, ou qui plutôt leur est contraire.

N'importe, une fois encore : Périsse la science, pourvu que survive l'incrédulité.

D'évolution en évolution, de transformation en transformation, nous arrivons maintenant au chef-d'œuvre du matérialisme athée. Un des animaux formés par la matière seule, le singe, a eu le privilège et l'honneur d'être l'ancêtre de l'homme, ou, plutôt, l'homme a l'insigne honneur d'être le petit-fils du singe !...

Oh ! science matérialiste…
___________________________________________________________________________________

(1) Cf. Louis VIALLETON, l'Illusion transformiste, in-8°, Paris, 1930, ouvrage de quatre cents pages, extrêmement remarquable, et dénotant une très vaste érudition. L'auteur, professeur d'histologie à la célèbre Faculté de médecine de Montpellier, possède, en ces matières, une compétence toute spéciale acquise par ses études personnelles, développée par le caractère de son enseignement, et officiellement reconnue par l'Académie des Sciences de Paris qui lui a décerné le grand prix d'embryologie. Il traite la thèse de l'origine de la vie avec toute l'ampleur qu'elle comporte. Après avoir examiné presque tous les êtres vivants, il montre que partout manque le chaînon qui indiquerait le passage d'une espèce à une autre. Il prouve ensuite clairement que l'illusion transformiste est condamnée absolument par les faits, par les données les plus certaines de l'Histoire naturelle, par celles de l'embryologie et par les travaux les plus récents des biologistes les plus distingués.

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Message  Louis Sam 27 Jan 2024, 6:26 am



§ 5

Contemporanéité des âges de la pierre taillée,
de la pierre polie, de l'âge du cuivre, du fer, etc.

SUITE

Oh ! science matérialiste, à quelle humiliation n'entraînes-tu pas la pauvre humanité !...

La foi chrétienne nous apprend que l'homme est fils de Dieu : Pater noster qui es in cœlis !... la science matérialiste voudrait nous persuader que l'homme est fils du singe !... Comme le démon jaloux se montre sous les belles phrases de ces faux savants !... et comme il doit rire de la profonde bêtise de ceux qui, orgueilleusement, se proclament les seuls dépositaires de la vérité.

Ils conviennent que, dans les commencements de cette extraordinaire transformation de la matière, par les forces seules de la matière, l'homme-singe ne se distinguait guère du singe « tout court ».

Combien de temps n'a-t-il pas fallu à l'homme-singe pour devenir homme ?... Des siècles, par centaines et par milliers !...

Et la science incrédule que rien ne déconcerte en fait d'énormités, prétend nous faire accroire que, pendant des siècles et des milliers d'années, l'homme, pour se procurer les instruments ou les outils dont il avait besoin, ne sut faire autre chose que de ramasser des morceaux de pierre, et, en les frappant l'un contre l'autre, de les casser et de les tailler plus ou moins parfaitement pour leur donner, soit une extrémité pointue, soit une arête un peu tranchante.

C'est ce que ces savants prétendus appellent triomphalement : l'âge de la pierre taillée ou paléolithique...

Ensuite, pendant des siècles et des milliers d’années. vint l'âge de la pierre polie, ou néolithique, durant lequel l'homme primitif, évoluant de plus en plus, fut capable de donner un certain poli aux grossiers instruments de l'ère précédente.

Puis vint l'âge des métaux, âge auquel nous avons la bonne fortune d'appartenir, par le bienfait de la matière évoluant. Cet âge ou cette période se chiffre également  par siècles et par milliers d'années.

Au commencement très lointain de cette troisième période, l'homme évoluant de plus en plus…

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Message  Louis Dim 28 Jan 2024, 4:37 am



§ 5

Contemporanéité des âges de la pierre taillée,
de la pierre polie, de l'âge du cuivre, du fer, etc.

SUITE

Au commencement très lointain de cette troisième période, l'homme évoluant de plus en plus, s'aperçut qu'il n'y avait pas seulement des pierres dans le monde. Il découvrit quelques morceaux de métal : du cuivre surtout, qui peut plus facilement se trouver à l'état natif, presque à la surface du sol.

Après l'âge de la pierre polie, il y eut donc l'âge du cuivre, puis l'âge du bronze, puis l'âge du fer.

Combien de temps a-t-il fallu pour que l'homme arrivât de l'âge de la pierre taillée, ou paléolithique, jusqu'à l'âge du fer ?

Dans son humilité, la science incrédule n'ose pas dire, au juste, le nombre exact d'années (admirez sa réserve !) mais, dans son arrogance, elle affirme crânement qu'il a fallu des milliers de siècles, c'est-à-dire au moins de deux cent mille à deux cent cinquante mille ans, comme l'assurent, sans sourciller, M. de Mortillet. M. Hansen et d'autres.

Or, l'expérience démontre que ces divers âges de la pierre brute et polie, comme les âges des divers métaux, peuvent parfaitement coexister, et c'est ce que nos Missionnaires ont constaté, bien des fois.

Les Esquimaux, par exemple, et les Loucheux du bas Mackenzie en étaient encore à l'âge de la pierre taillée, car c'est avec des fragments d'une espèce d'ardoise grise et dure qu'ils fabriquaient des couteaux, des pointes de flèches, des grattoirs, des lancettes, des haches et des marteaux.

Leur fabrication très grossière indiquait une grande infériorité de goût et d'industrie ; mais ces objets sont, en tout, conformes aux spécimens réunis dans les collections du Musée de Saint-Germain-en-Laye, près Paris, et qui sont cotés comme appartenant à l'âge de la pierre taillée des hommes primitifs ayant vécu à une époque très reculée.

En même temps que ces Esquimaux et ces Loucheux n'étaient encore qu'à l'âge de la pierre taillée, d'autres tribus voisines, celles des Couteaux-Jaunes et des Chippewyans, qui avaient avec eux des relations commerciales, en étaient à l'âge de la pierre polie.

Ainsi est démontrée la contemporanéité de l'âge de la pierre brute, ou grossièrement taillée, et de l'âge de la pierre polie, chez des peuplades qui n étaient pas bien éloignées, les unes des autres, et qui même se voyaient assez fréquemment.

Pas n'est besoin donc d'un nombre incalculable de siècles, pour passer de l'âge de la pierre taillée à l'âge de la pierre polie.

Bien plus, à la même époque, les Couteaux-Jaunes et les Plats-Côtés-de-Chiens connaissaient l'usage du cuivre natif qu'ils trouvaient sur les bords de la rivière Coppermine (ou mine de cuivre),  ils s'en fabriquaient des couteaux, d'où leur nom ; mais ils faisaient, en même temps, usage d'instruments en pierre polie.

Nous avons donc ici la contemporanéité de l'âge de la pierre brute, de l'âge de la pierre polie et de l'âge du cuivre.

De leur côté, les Peaux-de-Lièvres …

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Message  Louis Lun 29 Jan 2024, 5:45 am



§ 5

Contemporanéité des âges de la pierre taillée,
de la pierre polie, de l'âge du cuivre, du fer, etc.

SUITE

De leur côté, les Peaux-de-Lièvres, qui ignoraient le cuivre et qui ne se donnaient pas la peine de polir leurs instruments de pierre brute, avaient découvert, sur les bords du Mackenzie, du fer oligiste, ou oxyde naturel de fer.

Ils en fabriquaient des aiguillettes, des poinçons et des alênes de dix à douze centimètres de longueur, qu'ils troquaient, avec des tribus des montagnes Rocheuses, contre des peaux d'élans, A raison de dix peaux pour une alène.

Néanmoins, ils ne se servaient pas du fer pour tailler leurs pierres, et ils se contentaient d'enlever par frottement les aspérités de leurs haches granitiques.

D'autres Esquimaux que ceux du bas Mackenzie ne connaissaient ni le cuivre, ni le fer, et, cependant, on rencontrait chez eux les plus beaux spécimens de pierres dures, d'os et d'ivoires très bien façonnés et polis.

Donc, dans le même pays, à la même époque, chez des tribus voisines, en communications fréquentes les unes avec les autres, nos Missionnaires ont constaté la contemporanéité des âges de la pierre brute et de la pierre polie, et des âges du cuivre et du fer.

Que deviennent les deux cent mille ans et plus exigés par M. de Mortillet et consorts, pour la prétendue évolution de l'humanité, à partir de l'âge de la pierre brute jusqu'à l'âge du fer ?

Pauvre science matérialiste !...

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Message  Louis Mar 30 Jan 2024, 6:45 am



§ 5

Contemporanéité des âges de la pierre taillée,
de la pierre polie, de l'âge du cuivre, du fer, etc.

SUITE

Pauvre science matérialiste !... Que d'extravagances et d'énormités elle est obligée d'admettre, pour tout expliquer par les seules forces de la matière, en s'acharnant à nier l'esprit, et en tâchant, coûte que coûte, d'écarter Dieu !...

Si M. de Mortillet et ses semblables eussent fait des fouilles dans l'Extrême-Nord de l'Amérique, et qu'ils eussent découvert, par hasard, quelques-uns des instruments dont nous venons de parler, ils auraient déclaré, sur le ton le plus péremptoire, que les Esquimaux des bouches du Mackenzie avaient incontestablement vécu deux cent mille ans avant les Couteaux-Jaunes, et deux cent cinquante mille ans avant les Peaux-de-Lièvres et les Plats-Côtés-de-Chiens.

Et, cependant, tous ces sauvages sont bel et bien contemporains...

Allez donc croire aveuglément, maintenant, aux affirmations autoritaires et arrogantes de cette fausse science orgueilleuse qui, en commettant de si colossales erreurs, prétend avoir le monopole de la vérité, et se flatte de résoudre, sans Dieu, le problème de nos origines !...

Certains catholiques ont un grand tort : celui de prendre au sérieux ces gens-là.

On leur fait bien trop d'honneur de les écouter...

§ 6 Le peuplement de l'Amérique avant Christophe Colomb et l'unité de l'espèce humaine...

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Message  Louis Mer 31 Jan 2024, 6:47 am


§ 6

Le peuplement de l'Amérique avant
Christophe Colomb et l'unité de l'espèce humaine.

La découverte de l'Amérique par Christophe Colomb, en 1492, fut, mais longtemps après lui, pour les matérialistes du XVIIIe siècle, l'occasion d'attaquer le dogme catholique de l'unité de l'espèce humaine.

Nous savons, en effet, par la Bible inspirée de Dieu, que tous les hommes descendent d'un couple primitif, et que, ayant tous péché dans le premier Adam, ils ont tous été rachetés par le second Adam, le Christ-Rédempteur, vrai homme et vrai Dieu, Fils de Dieu.

Ce dogme de l'unité de l'espèce humaine renferme donc, en germe, toute l'économie de la Rédemption.

On comprend que les matérialistes aient multiplié leurs efforts contre ce dogme de l'unité de l'espèce humaine, bien convaincus que, s'ils réussissaient à l'ébranler et à le détruire, ils saperaient dans sa base et détruiraient, du même coup, toute la religion catholique.

Une parole ridicule, tombée des lèvres sarcastiques de Voltaire, devint comme leur mot d'ordre et leur argument favori :

—  Du moment que Dieu a pu créer des mouches en Amérique, pourquoi n'aurait-il pas pu y créer des hommes ?

Assurément Dieu pouvait créer des hommes en Amérique, mais la divine Révélation nous apprend qu'il ne l'a pas fait, et que, dans les décrets de sa sagesse, pour mieux manifester sa justice, son amour et sa miséricorde, il a préféré les faire tous descendre du premier Adam, et, prévoyant la chute originelle, les faire tous racheter par son divin Fils, devenu, par son incarnation, le nouvel Adam.

Néanmoins, la fausse science matérialiste…

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Message  Louis Jeu 01 Fév 2024, 4:51 am



§ 6

Le peuplement de l'Amérique avant
Christophe Colomb et l'unité de l'espèce humaine.

SUITE

Néanmoins, la fausse science matérialiste croit trouver un argument irréfutable, d'après elle, contre ce dogme de l'unité de l'espèce humaine : c'est que l'Amérique étant un vaste continent absolument distinct et isolé de l'Ancien Monde, ceux qui l'habitaient, à l'époque de sa découverte, ne peuvent, en aucune manière, être considérés comme fils d'Adam. Ils sont une race autochtone,  c'est-à-dire dont les premiers ancêtres sont nés dans le pays même. Non pas Dieu, que les matérialistes n'admettent pas, mais la nature les a créés là, comme elle a créé ailleurs les autres hommes, par génération spontanée, puis par évolutions successives à travers les espèces animales, en passant finalement par le singe, ce respectable ancêtre du genre humain.

Nous ne reviendrons pas sur les faussetés antiscientifiques de la génération spontanée et de l'évolutionnisme, dont nous avons parlé plus haut ; mais l'objection d'ordre géographique soulevée par le matérialisme contre l'unité de l'espèce humaine, est réellement une objection enfantine.

En vérité, il faut que le matérialisme soit totalement aux abois, pour s'appuyer sur un si piètre argument, comme sur une planche de salut.

Elle est bien fragile, cette planche !... et ceux qui n'en ont pas d'autre sont sur le point de se noyer !

Cette objection ne repose que sur l'ignorance, en fait de géographie, des premiers matérialistes qui l'ont formulée ; et leurs successeurs, malgré la faiblesse et l'inanité de cette preuve, s'y sont cramponnés, faute de mieux.

Ce n'est qu'en 1728 que fut découvert …

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Message  Louis Ven 02 Fév 2024, 5:58 am



§ 6

Le peuplement de l'Amérique avant
Christophe Colomb et l'unité de l'espèce humaine.

SUITE

Ce n'est qu'en 1728 que fut découvert le détroit de Behring, par un navigateur danois qui l'appela ainsi de son propre nom.

Voltaire, dans sa fatuité de philosophe, n'accordait aucune importance aux connaissances géographiques. Ce superbe dédain lui permit d'émettre cette énormité que le Canada, pourtant aussi grand que l'Europe, ne représentait que quelques pauvres arpents de neige. En outre, il n'a pas su, ou, par entêtement, n'a pas voulu convenir, que le détroit de Behring ne pouvait opposer un obstacle infranchissable aux peuplades de l'Asie septentrionale, pour s'avancer vers le nord de l'Amérique, s'y établir et s'y propager au loin.

Le détroit de Gibraltar a-t-il empêché les Maures d'envahir l'Espagne et de s'y fixer ?

Or, le détroit de Behring oppose à la marche des peuples un obstacle encore moins grand, attendu que, durant de longs mois, entièrement pris par la glace, il se confond avec la terre ferme. Pendant tout l'hiver polaire, c'est-à-dire pendant plus de la moitié de l'année, il est comme un prolongement naturel de l'Asie vers l'Amérique et de l'Amérique vers l'Asie.

Voilà ce qu'ignorait l'orgueilleux Voltaire.

Voilà aussi ce dont les matérialistes modernes qui ne peuvent l'ignorer, ne veulent, cependant, tenir aucun compte.

C'est toujours, chez eux, le même système, ou plutôt le même cri de rage :

— Périsse la science, pourvu que survive l'incrédulité.

Mais, nous le répétons, leur objection est enfantine.

Quelques kilomètres d'eau glacée ou liquide ne sauraient être un obstacle pour des Indiens qui, comme l'ont remarqué mille et mille fois nos Missionnaires, franchissent encore de nos jours des centaines de lieues à pied, à la raquette, en canots d'écorce ou en radeaux, simplement pour aller vendre aux traiteurs leurs pelleteries.

Pour fermer les yeux à cette évidence, il faut vraiment vouloir s'aveugler volontairement.

Conscients, malgré eux, et sans vouloir l'avouer, de la nullité absolue d'une pareille preuve, les matérialistes ont cherché autre chose. Ils ont donc allégué qu'il n'y avait, entre les peuplades de l'Asie septentrionale et celles du nord de l'Amérique, aucune analogie ou ressemblance, si petite fût-elle, que l'on pût invoquer en faveur de leur commune origine.

C'est sur ce point spécial que les études et les observations de nos Missionnaires de l'Extrême-Nord ont apporté un argument décisif pour tout homme de bonne foi.

Les écrits du P. Petitot, en particulier, démontrent par une foule de faits recueillis sur place, parmi les tribus du Mackenzie, que celles-ci, par leurs mœurs, leurs coutumes, leurs croyances, leurs traditions, leur langage, leurs armes et même par les traits du visage, sont incontestablement apparentées aux Asiatiques, et ont avec eux une commune origine ; d'où l'on peut conclure à l'inanité de l'objection proposée, à leur sujet, contre l'unité de l'espèce humaine.

§ 7 Comment la fausse science cherche et accueille la vérité, quand celle-ci lui déplaît...

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Message  Louis Sam 03 Fév 2024, 7:06 am



§ 7

Comment la fausse science cherche et accueille la vérité, quand celle-ci lui déplaît.

Un congrès de prétendus savants se tint à Nancy, du 19 au 22 juillet 1875, pour étudier cette question de l'unité de l'espèce humaine, ou, plutôt, pour déclarer officiellement, en se basant sur le cas de l'Amérique, que cette unité n'existait pas, car cette non-unité était, selon eux, un dogme scientifique, devant lequel les dogmes de la foi chrétienne devaient disparaître à jamais.

Telle fut la thèse développée avec jactance par M. de Rosny, professeur à Paris : soutenue par M. Madier de Montjau, avocat, député de la Drôme, matérialiste notoire : et par quelques autres personnages, très fiers de leur haute situation dans l'aristocratie intellectuelle.

Catholiques convaincus, les habitants de Nancy qui, sur l'appel du comité, étaient venus assister aux séances du congrès, souffraient de la tournure que prenaient les délibérations.

Évidemment, les organisateurs avaient choisi un programme anti-chrétien, sans l'avoir dit clairement aux invités. Ils avaient accumulé des raisonnements d'une apparente érudition, et, dans l'auditoire pris au dépourvu, nul n'était prêt à leur répondre.

D'ailleurs, comment avoir le courage d'entreprendre de réfuter, en public, des professeurs d'université habiles à manier la parole et plus encore le sophisme ?

L'auditoire souffrait, se demandant avec angoisse si personne ne défendrait la bonne cause, quand un homme se leva.

Cet homme était le P. Petitot.

Il était justement venu en France pour faire imprimer des dictionnaires de diverses langues sauvages, composés par lui, et l'annonce du congrès qui devait se tenir à Nancy, sur une question qu'il connaissait plus que personne, l'avait amené dans cette ville.

— Messieurs, dit-il modestement aux membres du bureau, parce que vous n'avez, en Europe, aucun document pour attester que les premiers habitants de l'Amérique sont venus de l'Asie, ne vous hâtez pas de conclure par la négative. J'arrive, moi, des régions baignées par l'océan Glacial arctique, que j'ai parcourues pendant treize années. J'ai donc eu largement le temps de connaître pleinement leurs habitants. Si l'on veut me donner jusqu'à demain, pour classer mes notes, j'apporterai, ici mes preuves, et l'on jugera.

Un tonnerre  d'applaudissements accueillit  cette proposition.

Mais M. de Rosny qui, par ses belles phrases, son apparente érudition et son aplomb de professeur parisien, avait cru enlever la place d'assaut et rester, sans conteste, maître du terrain, s'écria, en proie à une violente colère qu'il ne pouvait maîtriser :

— Le Révérend Père veut la guerre : eh bien, la guerre est déclarée !...

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Message  Louis Dim 04 Fév 2024, 4:56 am



§ 7

Comment la fausse science cherche et accueille la vérité, quand celle-ci lui déplaît.

SUITE

— Le Révérend Père veut la guerre : eh bien, la guerre est déclarée !...

Voilà avec quelle impartialité les matérialistes cherchent la vérité, et quel accueil ils sont prêts à lui faire, quand elle leur paraît ne devoir pas être de leur goût :

— Guerre à la vérité, si elle n'est pas ce que nous voulons qu'elle soit...

A la séance du lendemain, M. de Rosny qui, la veille, avait parlé avec tant d'assurance, mais qui avait épuisé tout son savoir, fut déconcerté en voyant arriver son adversaire avec une grosse liasse de papiers sous le bras.

Les Oblats...et la Science !... Le_p_p10

— Voici, dit-il à un de ses voisins qui le répéta ensuite, voici le P. Petitot armé de ses documents, et je n'ai rien à lui répondre...

On le vit aussitôt sortir à la hâte, fuyant en quelque sorte la bataille qu'il avait provoquée. Il ne rentra que lorsque le Missionnaire avait lu déjà une partie considérable de son rapport.

En entrant, il s'aperçut, à sa confusion, que l'auditoire ne ménageait pas les applaudissements au conférencier.

Un docteur de Paris s'était fait inscrire, depuis longtemps, pour donner des renseignements sur les Esquimaux et leurs croyances. Mais ce savant de cabinet avait compté sans la présence d'un Missionnaire fraîchement arrivé des régions arctiques.

Aussi crut-il plus sage de ne pas répondre à l'appel du président, et

« D'imiter de Conrart le silence prudent ».

Dès le début, le P. Petitot s'était attiré la sympathie la plus bienveillante de tout l'auditoire.

Après avoir rappelé qu'il avait passé treize ans dans les régions arctiques, il promit de ne rien dire qu'il n'eût vu de ses yeux, ou entendu de ses oreilles.

— Ah ! s'écria un des auditeurs, enfin !... Voilà qui est positif et non un roman fantaisiste, ni des hypothèses en l'air, comme celles qu'on voudrait nous imposer, au nom  d'une prétendue science...

Avec une logique irréfutable, le P. Petitot prouva fort bien par les traditions, les mœurs, les croyances, le langage, les armes, la physionomie même des Esquimaux et des autres tribus de l'Amérique septentrionale, que les uns et les autres ont une origine commune avec les Asiatiques et que, par conséquent, ils ne sont pas autochtones.

On l'écouta avec la plus vive attention, et, à de nombreuses reprises, il fut très applaudi.

Ce triomphe éclatant du Missionnaire et de la vérité catholique n'était manifestement pas du goût des matérialistes …

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Message  Louis Lun 05 Fév 2024, 7:18 am



§ 7

Comment la fausse science cherche et accueille la vérité, quand celle-ci lui déplaît.

SUITE

Ce triomphe éclatant du Missionnaire et de la vérité catholique n'était manifestement pas du goût des matérialistes et libres penseurs qui avaient organisé la réunion et siégeaient au bureau. Ils voyaient avec dépit que la faveur du public leur échappait.

Pour éviter à leur parti une catastrophe plus grande, ils ne trouvèrent pas d'autre moyen que de suggérer au président d'enlever la parole au P. Petitot, sous prétexte que le temps pressait, et qu'il fallait s'occuper d'autre chose.

Toujours le même système :

— Guerre a la vérité, si elle n'est pas ce que nous voulons qu'elle soit...  Empêchons-la
de se montrer, et jetons sur elle un voile !...

Donc, à l'instigation, ou plutôt sur l'injonction de M. Madier de Montjau, le président agita sa sonnette, et pria l'orateur de céder sa place à un autre.

Ainsi mis en demeure de se taire, le P. Petitot s'excusa d'avoir peut-être, par des longueurs qui, pourtant, lui paraissaient nécessaires, abusé de la si bienveillante attention du public et se retira.

A peine avait-il regagné sa place…

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