De La Communion Spirituelle - S. Alphonse de Liguori.

De La Communion Spirituelle.

XX. La communion spirituelle, comme le dit saint Thomas ¹, consiste en un désir ardent de recevoir Jésus-Christ dans le Saint-Sacrement. Le saint Concile de Trente ² loue beaucoup cette pratique, et il exhorte tous les fidèles à en faire usage. Dieu lui-même a plusieurs fois fait entendre aux âmes dévotes combien il lui est agréable qu'elles le reçoivent spirituellement. Un jour Jésus-Christ apparut à la sœur Paule Maresca, fondatrice du couvent de Sainte-Catherine-de-Sienne à Naples, comme il est dit dans sa vie, et lui montra un vase d'or et un autre d'argent ; puis lui dit qu'il conservait ses communions  sacramentelles  dans  le vase d'or, et ses communions spirituelles dans le vase d'argent. Il dit une autre fois à la vén. Jeanne de la Croix, que chaque fois qu'elle communiait spirituellement, il lui accordait une grâce semblable en quelque manière à celles  qu'elle recevait de lui dans ses communions sacramentelles. Le P. Jean Nider, dominicain, raconte de plus à ce sujet ³, qu'un simple roturier, mais fort bon chrétien, avait le désir de communier souvent, mais que, comme ce n'était pas l'usage de le faire dans son pays, il se contentait,  pour ne pas paraître singulier, de faire la communion spirituelle ; dans ce but il se confessait d'abord, faisait ensuite sa méditation, puis entendait la messe, et se préparait à la communion, après quoi il ouvrait la bouche, comme pour recevoir réellement la sainte hostie. L'auteur raconte qu'en ouvrant la bouche, il sentait l'hostie passer sur ses lèvres, et qu'il en éprouvait en lui-même une douceur indicible. Un jour, pour s'assurer du fait, il porta son doigt à sa bouche, et l'hostie resta attachée à son doigt, de sorte qu'il la remit dans sa bouche et l'avala. Ainsi Dieu récompensait-il les désirs de ce bon serviteur.

XXI. Le P. Pierre Fabri, jésuite, disait que la communion spirituelle nous prépare à la communion sacramentelle. C'est pour cela que les saints la pratiquaient fréquemment. La B. Angèle de la Croix disait : Si mon confesseur ne m'avait appris cette manière de communier, je ne sais comment j'aurais pu vivre. Elle faisait cent communions spirituelles par jour, et autant la nuit. Est-ce possible,  direz-vous ? Ecoulez saint Augustin : Donnez-moi une âme qui sache aimer, et elle sentira ce que je dis ⁴. Il est très facile de faire la communion spirituelle plusieurs fois chaque jour, puisqu'il ne faut, pour la faire, ni jeûne et ministère du prêtre, ni  longueur de temps, et qu'ainsi on peut la réitérer autant de fois qu'on le veut dans la journée. Aussi la même  vén. Jeanne de la Croix disait-elle : 0 mon Sauveur, quelle belle manière de communier que celle-là ! Sans que je sois vue ni remarquée, sans donner d'embarras à mon père spirituel, et sans dépendre de quelque autre que de vous, vous nourrissez mon âme dans la solitude, et lui parlez au cœur.

XXII. Ayez soin par conséquent, vous aussi, de faire souvent la communion spirituelle. Quand vous faites l'oraison, quand vous visitez le Saint-Sacrement, et spécialement chaque fois que vous entendez la  messe, au moment où le prêtre communie, communiez spirituellement en union avec lui. Faites alors un acte de foi, en croyant fermement que Jésus-Christ est véritablement vivant dans le  sacrement, en ajoutant à cet article un acte d'amour, en repentir de vos péchés, un acte de désir, en invitant Jésus-Christ à venir dans votre âme, et enfin remerciez-le, comme si vous l'aviez réellement reçu. Vous pouvez, par exemple, lui dire en vous-même : « Je crois, ô mon Rédempteur ! que vous êtes réellement présent et vivant dans le sacrement. Je vous aime de tout mon cœur, et parce que je vous aime, je me repens de vous avoir offensé. Venez dans mon âme, qui vous désire. Je vous embrasse, mon amour, je me donne toute à vous, et ne permettez pas que je me sépare jamais de vous. » De cette manière, vous pouvez faire  autant de communions spirituelles que vous voudrez.

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1. 3. p., q.  LXXX, a. 1, ad 3.    
2. Sess. XIII, c. VIII.  
3. Formic. l. I, c. I.
4. Da amantem, et sentit quod dico, (Trac. XXVI, n. 4, in jo.)

Les Œuvres de Saint Alphonse-Marie de Liguori - tome XVIII :

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