Vous...
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Vous...
L'Eternité.
Voilà un 1 qui désigne un siècle faites-le suivre d'une rangée de zéros... vous aurez 1 milliard, 10 milliards, 100 milliards ; allongez la rangée, faites-la durer, faites-la courir une lieue de terrain ; vous ne nommerez pas cette quantité, les chiffres seront depuis longtemps vaincus.
Il s'agit de siècles absolument innombrables. La rangée de zéros couvre une lieue; faites-la couvrir 1.000 lieues; l'imagination recule. Mais il y a des étoiles dont la lumière, à 75.000 lieues par seconde, ne nous est pas encore parvenue depuis 6,000 ans.
Faites couvrir cet espace innommé par la rangée des zéros ; multipliez ce chiffre par lui-même autant de fois qu'il y a de feuilles dans les arbres, autant de fois qu'il y en a eu depuis la création du monde.
L'Eternité commence-t-elle?
— Pas encore !
Tout cela c'est le Temps, et elle lui dit dans son langage :
« Qu'y a-t-il de commun entre toi et moi? »
Chefs-d'oeuvre de la Littérature religieuse.
Prières et Méditations inédites
d'ERNEST HELLO
PUBLIEES
par Mme Lucie FÉLIX-FAURE-GOYAU
1911
gabrielle- Nombre de messages : 19801
Date d'inscription : 25/01/2009
L'Infini.
Nous sommes tellement finis que, pour exprimer l'Infini, nous nous servons d'un mot négatif : infini, non fini. Nous sommes obligés de prendre le fini pour base du mot, et puis de le nier. Le mot Infini a trois syllabes, et le fini occupe deux d'entre elles. Deux sur trois, c'est beaucoup.
Quand nous essayons de parler de l'Infini, le fini nous remplit la bouche. L'affirmation absolue devient entre nos lèvres une négation. Autant faut-il en dire de l'Immense. Nous sommes obligés de parler de mesure pour dire qu'il n'y en a pas. Notre limite éclate et s'affirme par les efforts mêmes que nous faisons pour parler d'autre chose. Pour parler d'infini, on dirait qu'il nous faut prendre le mot fini comme victime et l'offrir en sacrifice. Est-ce qu'il y aurait quelque rapport entre cet acte de la langue humaine et cet acte de la flamme qui, voulant parler d'Infini à sa manière, cherche une victime pour la brûler? Dans un cas comme dans l'autre, est-ce que l'Infini nous dirait :
« Qu'y a-t-il de commun entre vous et moi? »
gabrielle- Nombre de messages : 19801
Date d'inscription : 25/01/2009
Le Sublime.
Le Sublime est par son essence étranger au raisonnement. Il n'est pas de son ressort et ne tombe pas sous ses coups. L'acte qui se raisonne n'est pas sublime et l'acte sublime n'est pas raisonné. Il doit s'appeler l'acte raisonnable dans une langue supérieure. Mais dans la langue de ce pays-ci, il n'est pas raisonné. Il s'adresse à la majesté. Le Sublime est ce qui flatte la gloire.
Si le sublime est un étranger pour le raisonnement, il n'en est pas un pour la bonté. La vie est un mystère. L'homme, quand il croit avoir affaire à l'homme, ne sait pas au juste à qui il a affaire. Quand il s'agit de dégager l'Immense inconnu, le raisonnement est celui qui trompe. Celle qui ne trompe pas, c'est la Bonté. La Bonté est la pierre de Jacob sur laquelle l'homme dira au jour du réveil : ce lieu est saint et je ne le savais pas.
La Bonté est vis-à-vis du mystère ce que l'aiguille aimantée est vis-à-vis du pôle. Elle ne sait pas, mais elle fait comme si elle savait. Son instinct, qui émane de l'Immense, se tourne vers lui et y ramène. L'Immense se moque du raisonnement. Il lui brise entre les mains son petit compas. Il ne se moque jamais de la Bonté. La Bonté l'entend même quand elle ne le comprend pas.
Entre la Bonté et l'Immense, il y a un traité secret.
gabrielle- Nombre de messages : 19801
Date d'inscription : 25/01/2009
La Création.
Le soleil est une tache et la lumière une ombre ; la création est une nuée qui cache Celui qui Est et dont la Face est la splendeur qui attire les désirs inexprimables et qui rassasie les insatiables. Toute pensée humaine est une ombre, une nuée, une diminution, une négation, même quand elle affirme. Toute créature étant négation par nature, et la limite étant notre caractère, pour supporter les personnes et les choses, et le lever du soleil et le génie humain, et les roses et les étoiles, il faut les pénétrer de l'Esprit qui est la Joie, il faut les considérer non en eux-mêmes où ils seraient ennui et vide, mais comme le manteau de Celui qui est la Joie. Alléluia! Amen!
gabrielle- Nombre de messages : 19801
Date d'inscription : 25/01/2009
Les Ténèbres.
Celui qui façonne le marbre en statue retranche le bloc, sacrifie la matière et dégage la forme ; voilà l'opération naturelle.
Celui qui façonne la statue en divinité retranche le néant, sacrifie la forme et dégage le feu ; voilà l'opération surnaturelle.
La première se fait dans la lumière, la seconde dans les ténèbres. La première répond à la création de ce monde, la seconde à la création de l'autre monde, c'est-à-dire au second avènement qui fera éclater Dieu du fond de toute chose, comme la création a fait la forme du fond de la matière immolée et la matière du fond du néant.
Le néant et la matière étaient le voile du sanctuaire. La forme a levé le voile et le ciel et la terre ont paru. La lumière a été faite. Mais la forme est un voile à son tour : la divinité latente lève le voile, les ténèbres apparaissent et Dieu est à leur centre.
La flamme qui brûle dans mon coeur a pour proie le néant, la matière, la forme, toute créature réelle ou possible. Elle brise toute écorce à partir d'aujourd'hui, et la création est un monceau de cendre que le vent disperse aux quatre horizons. Amen! Alléluia!
gabrielle- Nombre de messages : 19801
Date d'inscription : 25/01/2009
Le néant de l'homme
Etant le néant, je dois tout considérer comme un don, l'être, la vie, le corps, l'âme, l'esprit, la pensée, le sentiment, la parole, la gloire, le génie, la santé, la paix. Si Dieu ôte un peu de force physique, je n'ai plus rien. La miséricorde même que je donne est un don de Dieu comme celle que je reçois : c'est lui qui me donne de faire miséricorde. La vue de mon néant est un don que me fait l'Être ! Car, par lui-même, le néant ne se connaît pas, et de ces deux dons résulte le don suprême, la paix.
gabrielle- Nombre de messages : 19801
Date d'inscription : 25/01/2009
Hymne à la poussière.
0 poussière fidèle, sans pourriture et sans orgueil, fille de la terre, sa substance et son image, de laquelle je suis tiré, que je renie incessamment, qui voles obéissante sous le souffle de Dieu qui passe, tu n'as jamais dit que tu es le soleil, ou l'air, ou la lumière, tu te donnes pour ce que tu es, tu te donnes à nous comme tu es, tu ne te vantes pas, tu ne mens pas, tu ne résistes pas : ô poussière, ô ma mère, que je te trouve sublime auprès de moi ! Gomment me portes-tu, terre sacrée qui as porté Dieu, moi, poussière pourrie, révoltée et orgueilleuse !
Seigneur, que voulez-vous que je vous dise? Délivrez-moi, venez, ô vous qui aimez les abîmes, venez, venez, venez, montrez-moi votre face, ne me cachez pas votre amour, et que j'habite en vous, immensifié par vous, — gardé par vous, sans retour sur moi, sans peur de moi, dans la joie incompréhensible de l'adoration qui donne tout à jamais, à jamais, à jamais.
Très beau..
gabrielle- Nombre de messages : 19801
Date d'inscription : 25/01/2009
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