Sainte Marine.
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Sainte Marine.
Petits Bollandistes a écrit:SAINTE MARINE, SURNOMMÉE LA DÉGUISÉE,VIERGE ET RELIGIEUSE EN BITHYNIE750. — Papes : Zacharie. — Rois de France : Pépin et Carloman.Omni tempore calumniam sustineas et sis semper
calumniam sustinens.
Vous porterez en tout temps le poids de la calomnie,
et sans cesse vous serez livré à l’opprobre.
Deuteron., XXVIII, 29.
La Bienheureuse que nous honorons sous le nom de Marine avait d'abord pour nom Marie. On pense qu'elle naquit en Bithynie. Son père, nommé Eugène, ayant perdu son épouse, se sentit touché du désir de renoncer au siècle. Ayant recommandé sa fille à l'un de ses parents, il se rendit dans un monastère à quelque distance de là. Il y fit de grands progrès dans les exercices de la vie religieuse. L'abbé le voyant si pieux, si humble, si obéissant, s'était pris pour lui d'une affection particulière. Il n'aurait rien manqué au bonheur d'Eugène, s'il avait pu avoir avec lui la chère enfant qu'il avait laissée dans le monde. Son souvenir, en mouillant parfois ses yeux de larmes, mettait quelque trouble dans son âme et la remplissait de mélancolie. L'abbé s'en étant aperçu :
« Qu'avez-vous, mon frère », lui dit-il; « quelle est la cause de votre tristesse? Dites-le-moi en toute franchise, et Dieu, qui aide les affligés, vous consolera ».
— « Mon père », lui répondit le religieux en se jetant à ses pieds, « j'ai laissé dans le monde un enfant encore bien jeune, et c'est son souvenir qui cause mes peines ».
— « Je vous permets », lui dit l'abbé, « d'aller le chercher et de l'amener au couvent ». Le père, plein de joie, alla chercher sa fille, lui coupa les cheveux, changea son nom de Marie en celui de Marin, et l'ayant vêtue d'un habit de garçon, il lui recommanda le secret jusqu'à sa mort, et l'emmena au couvent. Là, il l'instruisit avec toute la tendresse d'un père, la conduisant dans les voies de Dieu, moins encore par ses leçons que par ses exemples.
Frère Marin…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Sainte Marine.
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Frère Marin (c'est ainsi que nous le nommerons maintenant) n'avait encore que dix-sept ans quand il perdit son excellent père. Ce fut une grande perte, et par suite aussi une grande douleur. Marin, dès lors, demeura seul dans sa cellule. Fidèle aux leçons de vertu qu'il avait reçues, il se faisait aimer de tout le monde, et on le regardait comme le plus humble, le plus zélé, le plus exemplaire des frères de la maison. Comme le monastère était près de la mer, et qu'il se tenait un marché à trois lieues de là, les solitaires y allaient souvent chercher, avec une charrette, ce qui était nécessaire à la maison. On se plaignit que frère Marin n'y allait point avec les autres. L'abbé, qui ne s'en était point aperçu jusque-là, lui dit un jour : « Pourquoi n'allez-vous point avec les autres pour les soulager? » Marin répondit humblement : « Je n'y manquerai plus, puisque vous me le commandez, mon père ». Depuis ce jour, il alla au marché avec les autres, et lorsqu'il était trop tard pour revenir coucher au monastère, il demeurait avec les autres frères dans un hôtel, au lieu même où se tenait le marché.
L'hôtelier avait une fille qui, s'étant laissée séduire par un soldat, commit une faute. Ses parents, s'en étant aperçus, la maltraitèrent rudement et la forcèrent de nommer son complice. Elle nomma frère Marin. Là-dessus, le père court au couvent, et plein de colère, il raconte à l'abbé l'outrage que lui a fait le solitaire Marin. L'abbé, quoiqu'il ne pût croire le frère Marin coupable d'un si grand crime, le fait venir et lui dit de quoi il était accusé. Marin, après avoir jeté ses regards au ciel et réfléchi un instant, ne voulut point révéler son secret, il se contenta de dire en soupirant : « Je suis très-coupable, mais je suis disposé à faire pénitence ». L'abbé, le croyant alors convaincu par sa bouche, le fit châtier selon toutes les rigueurs de la discipline, et le chassa du couvent.
L'humble religieux demeura trois ans à la porte du monastère, acceptant la pénitence qui lui était imposée, couchant sur la terre nue, jeûnant, pleurant et conjurant les solitaires qui entraient et sortaient d'implorer pour lui la miséricorde divine, et leur demandant un peu de pain, quand il était dans une extrême nécessité. Bientôt même il fallut un surcroît de pénitence La fille de l'hôtelier, ayant mis au monde un fils, l'envoya, aussitôt qu'il fut sevré, au frère Marin, en lui disant. « Voilà votre enfant, nourrissez-le comme vous pourrez ». Marin l'accepta, comme s'il était le sien, lui donna tous ses soins sans jamais murmurer, et le nourrit pendant deux ans du fruit de ses aumônes.
Après ce temps, les frères étant…
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Louis- Admin
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Après ce temps, les frères étant touchés de compassion vinrent trouver l'abbé, le priant de recevoir Marin dans la communauté et lui disant: « Mon père, pardonnez à notre frère et recevez-le ; il y a cinq ans qu'il couche à terre et qu'il fait pénitence, exposé à toutes les injures de l'air, aux reproches et au mépris des passants. Recevez-le donc à merci, ainsi que Notre Seigneur Jésus Christ l'ordonne ».
L'abbé, vaincu par leurs instances, lui permit enfin de rentrer, et quand il le vit prosterné à ses pieds: « Je vous fais grâce », dit-il, « en considération de votre père qui était un saint homme. Mais comme votre faute est énorme, il faut que la pénitence soit proportionnée C'est pourquoi je vous demande de balayer seul toute la maison, d'apporter l'eau nécessaire, de nettoyer les chaussures des frères, et de les servir tous ».
Marin accepta la pénitence d'un grand cœur et s'en acquitta avec courage. Mais le fardeau était bien certainement au-dessus de ses forces déjà usées par tant de privations et d'austérités. Il y succomba et mourut après quelques jours de maladie. Les frères ayant rapporté sa mort à l'abbé, il leur dit: « Voyez quelle était la grandeur de son crime, puisque Dieu ne lui a pas même laissé le temps d'en faire pénitence! Ne laissez pas néanmoins, par charité, de l'ensevelir, et enterrez-le bien loin du monastère ».
Pendant qu'ils exécutaient cet ordre…
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Louis- Admin
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Pendant qu'ils exécutaient cet ordre, quelle ne fut pas leur surprise, en découvrant que ce n'était pas un frère, mais une sainte sœur qui avait vécu parmi eux. Ils se mirent tous à crier en se frappant la poitrine : « Comment a-t-elle pu souffrir tant de peines, tant de mauvais traitements, tant de mépris, quand d'un seul mot elle aurait pu s'en garantir ? » Ils coururent tous en pleurs vers l'abbé pour lui apprendre cette nouvelle.
L'abbé étant accouru auprès des dépouilles mortelles de la Sainte se laissa tomber de douleur, et, se frappant la tête contre terre, il s'écriait : « Servante de Dieu, je vous conjure par Jésus-Christ, ne m'accusez pas des peines que je vous ai fait souffrir, vous savez que je l'ai fait par ignorance. Vous ne m'aviez point déclaré votre secret, hélas ! je n'ai point eu assez de lumières pour distinguer la pureté de vos actions ». Il commanda ensuite que le saint corps fût enterré dans l'oratoire du monastère.
La méchante fille qui avait diffamé saint Marin ayant appris ce qui se passait, tomba dans des accès de fureur, et le démon s'empara d'elle. Heureusement qu'on la conduisit au monastère, où, ayant avoué son crime avec larmes, elle fut délivrée, le septième jour, par l'intercession de la Sainte. Les monastères qui étaient situés dans le voisinage, et les habitants qui étaient aux environs, ayant appris ce miracle, vinrent, avec la croix et des cierges allumés, honorer le tombeau de la Bienheureuse. Ils bénirent Dieu en chantant des hymnes et des cantiques, et le glorifièrent d'avoir ainsi sanctifié sa servante par des grâces extraordinaires, et d'avoir manifesté sa sainteté par des miracles.
Sainte Marine mourut vers l'an 750. En 1230, ses reliques furent transportées de Constantinople à Venise, où elles se gardent dans une église de son nom. L'Eglise de Venise célèbre cette translation le 17 juillet.
Cette Sainte était patronne d'une paroisse de Paris, dont l'église subsiste encore ; mais elle sert à des usages profanes. Des reliques s'y conservaient ; il reste une côte de la Sainte : elle se garde maintenant dans l'église métropolitaine de Paris.
On représente sainte Marine avec un petit enfant à ses côtés ; nous avons donné dans sa Vie l'explication de cette caractéristique. Quelquefois on la voit peinte en ermite, probablement à cause des années d'humiliation qu'elle passa hors de son monastère, victime d'une infâme calomnie. A côté d'elle se voit parfois une possédée; c'est sa calomniatrice qui ne put trouver que près d'elle sa délivrance. Enfin on la peint souvent avec des vêtements d'homme, pour rappeler le déguisement sous lequel elle parvint à entrer dans le monastère de son père.
M. l'abbé Caillet
FIN.
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