La mort d'un saint.
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La mort d'un saint.
VIE DE DON BOSCO
par le Docteur Charles d’Espiney
LES DERNIERS JOURS DE DON BOSCO
La Maladie
(Extrait du Bulletin Salésien)
Le Journal de la maladie de Don Bosco, préparé sur la demande de nos chers Coopérateurs, est un extrait de la relation complète des mois de décembre et de janvier, recueillie avec une minutieuse sollicitude par Don Viglietti, secrétaire du vénéré malade, et par les autres Confrères, qui ont toujours fidèlement noté les moindres choses dont ils étaient les heureux témoins. Nous nommons, au cours de notre récit, avec les Supérieurs majeurs, un certain nombre d'autres Salésiens moins connus ; nos lecteurs comprendront ce scrupule d'exactitude, qui fortifie singulièrement les moindres faits contenus dans ce Journal.
Quatre périodes bien distinctes ont marqué les deux derniers mois de cette vie si riche en précieux enseignements: Premières tristesses - Angoisses - Espérances - Deuil.
Nous rangeons sous ces différents titres les jours qui nous ont apporté leurs joies ou leurs épreuves.
à suivre
gabrielle- Nombre de messages : 19796
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: La mort d'un saint.
1887
I - Premières tristesses
2 décembre
Don Bosco craint de devoir renoncer bientôt à célébrer la sainte Messe. Il la dit dans son oratoire privé, contigu à sa chambre. Il se fatigue beaucoup ; sa voix, à peine perceptible, est affaiblie encore par l'émotion profonde qui s'empare de lui par moments. Celui qui, depuis trois ans, l'assiste à l'autel, a la douleur de constater que notre vénéré Père va peu à peu s'affaiblissant. Depuis un peu de temps déjà, il ne pouvait plus dire le Dominus vobiscum ; mais voilà un grand mois qu'un prêtre distribue la communion aux rares personnes admises dans la chapelle, pendant que Don Bosco s'assied un instant : il ne peut pas davantage réciter, après la Messe, les 3 Ave Maria et les Oremus : il est réduit à suivre mentalement la prière.
Quelquefois, cependant, quand le temps le permet, il sort en voiture pour obéir au médecin ; souvent même, appuyé au bras de quelqu'un, il fait quelques pas. Autour de lui on espère.3 décembre
JOIE DANS LES SOUFFRANCES
La nuit n'a pas été bonne.
Ce matin, ne pouvant célébrer, Don Bosco assiste à la Messe et fait la Communion.
Les paroles Ecce Agnus Dei lui font verser de douces larmes d'amour à Jésus-Hostie. Il est heureux.
Il écoute la lecture du journal avec la gaieté charmante qui lui est habituelle, sans épargner à son mal les plus aimables plaisanteries.
gabrielle- Nombre de messages : 19796
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: La mort d'un saint.
4 décembre
DON BOSCO ET DON CERRUTI
Le soir, vers 6h. 1/2, il fit appeler Don Cerruti (1), qui, à peine entré, l'entend lui dire :
- Je n'ai rien de grave à te communiquer : je désire seulement causer un peu avec toi, afin de me mettre entièrement au courant des choses de l'Oratoire.
Depuis que Don Cerruti se trouvait à Turin, c'était la première fois que Don Bosco, de son propre mouvement, l'appelait auprès de lui pour un entretien de ce genre : il fut vivement impressionné.
La conversation dura longtemps ; l'infatigable Don Bosco voulut être instruit à fond ; à la fin, il donna un conseil à son interlocuteur et lui confia une mission.
Il lui demanda ensuite des nouvelles de sa santé, avec une nuance toute particulière de paternelle affection : Soigne-toi ; c'est moi, Don Bosco, qui te le dis, qui te l'ordonne. Fais pour toi ce que tu ferais pour Don Bosco.
À ces mots, Don Cerruti fut impuissant à comprimer son émotion. Le bon Père alors lui prenant les mains :
-Courage, cher Don Cerruti, lui dit-il, au paradis nous nous réjouirons : je le veux.
Don Cerruti se retira les yeux pleins de larmes.
(1) Directeur des études pour toute la Société.
à suivre
gabrielle- Nombre de messages : 19796
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: La mort d'un saint.
6 décembre
LES FORCES DIMINUENT
DÉPART DES MISSIONNAIRES POUR QUITO
Depuis quatre ou cinq jours, Don Bosco va déclinant d'une manière sensible. Hier soir, un peu de fièvre et douleurs de tête. Aujourd'hui il s'est levé à 8 heures. Voilà une semaine qu'il ne peut célébrer : il assiste chaque matin à la Messe et fait régulièrement la Communion.
Ce soir, en dépit de son état souffrant, il a voulu descendre à l'église pour présider la cérémonie des adieux aux missionnaires.
Soutenu par son secrétaire Don Viglietti et par l'abbé Festa, il prit place dans le Sanctuaire pendant le sermon de Don Bonetti.
Mais la prédication la plus touchante et la plus efficace c'est le pauvre Don Bosco qui la faisait, en se traînant jusque dans l'église pour bénir les apôtres de l'Équateur. L'assistance entière se tenait debout pour voir le bon Père.
Après la bénédiction du T. S. Sacrement, Mgr. Leto adressa quelques mots aux missionnaires, leur donna l'adieu et les bénit. Puis la scène devint émouvante au dernier point.
Les missionnaires passant un à un devant Don Bosco, le saluaient et lui baisaient la main. Personne ne pouvait retenir ses larmes.
Les chers voyageurs reçurent les fraternels embrassements de la communauté, puis traversèrent l'église pour s'acheminer vers la gare. Sur leur passage, la foule s'agenouille et leur donne les témoignages de la plus touchante vénération.
Quand le passage fut libre, les fidèles se précipitèrent dans le chœur et se pressant autour de Don Bosco, imploraient sa bénédiction, gémissaient sur son état de santé et dans l'enthousiasme de leur foi, lui donnaient le nom de saint.
Le bon Père traversa la cour au milieu des acclamations des enfants ; puis, brisé par la fatigue et l'émotion, il se retira dans son appartement.
gabrielle- Nombre de messages : 19796
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: La mort d'un saint.
gabrielle a écrit:6 décembre
LES FORCES DIMINUENT
DÉPART DES MISSIONNAIRES POUR QUITO
(..)
Mais la prédication la plus touchante et la plus efficace c'est le pauvre Don Bosco qui la faisait, en se traînant jusque dans l'église pour bénir les apôtres de l'Équateur. L'assistance entière se tenait debout pour voir le bon Père.
(..)
L'Équateur, là où est mort assassiné Garcia Moreno qui y était le Président : https://messe.forumactif.org/t8541-garcia-moreno-president-de-l-equateur-vengeur-et-martyr-du-droit-chretien-1821-1875-par-le-r-p-a-berthe
Roger Boivin- Nombre de messages : 13222
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: La mort d'un saint.
7 décembre
ARRIVÉE DE MONSEIGNEUR CAGLIERO
Hier nous faisait connaître les tristesses de la séparation : aujourd'hui nous apporte les joies du retour. Les missionnaires de Quito nous avaient à peine quittés, que Mgr. Cagliero arrivait d'Amérique.
À deux heures de l'après-midi, il était au milieu de nous. Les enfants ne savaient plus comment témoigner leur joie. De nombreuses et délicates inscriptions disaient à l'Évêque salésien des choses du cœur ; les bannières flottant partout, les acclamations de tout ce petit monde et les joyeux saluts de la fanfare rendaient à l'Oratoire la physionomie des jours d'antan, où Don Bosco vivait au milieu de continuelles ovations.
La première entrevue de Monseigneur et de Don Bosco offrit un spectacle attendrissant.
Le bon vieillard reçut dans sa chambre son fils bien-aimé ; il l'embrassa avec effusion, le pressant sur son cœur, et fondant en larmes. Après avoir baisé l'anneau pastoral, il put enfin prononcer quelques mots :
- Comment va ta santé ?
Ce furent ses premières paroles. Cette question était du reste celle qu'il faisait toujours avant toutes les autres.
Avec Mgr. Cagliero arrivèrent également trois personnages du Chili et deux missionnaires : Don Riccardi et Don Cassinis.
Le voyage s'était accompli dans les meilleures conditions.
gabrielle- Nombre de messages : 19796
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: La mort d'un saint.
8 décembre
SOUFFRIR EN AIMANT
L'ÉVÊQUE DE LIÈGE
LES NOCES D'OR
L'Immaculée Conception ! Quel sacrifice pour le pauvre Don Bosco que de ne pouvoir dire la sainte Messe ! Il entendit celle de son secrétaire et fit la sainte Communion.
La bonne humeur ne l'abandonne pas ; à toutes les questions au sujet de sa santé, il affirme qu'il va très bien. Il plaisante agréablement ses douleurs, et parlant de son dos que la maladie courbe de plus en plus, il répète ces vers de la chanson piémontaise :Oh schina, povra schina,
T'as fini d' porté bascina.
Oh ! échine, pauvre échine,
Tu as fini de porter des fardeaux.
Il s'ingéniait constamment à nous mettre un peu de joie au cœur, cherchant à nous faire oublier que son état s'aggravait tout les jours.
Ce soir, il est d'une faiblesse extrême : deux prêtres ont grand peine à le conduire au réfectoire. Il n'a rien pris depuis deux jours.
Nous ne pouvions nous défendre d'une vraie tristesse dont il lisait l'expression sur tous les visages. Et ce bon Père, employant sa petite ruse de paternelle affection, se met à débiter en dialecte piémontais des vers qu'il avait composés pour encourager ses pauvres jambes, quand elles refusaient de faire leur devoir :Oh gambe, povre gambe,
Che sie drite, che sie strambe,
Seve sempre 'i mè confort
Fina a tant qu' i sia nen mort.
Oh jambes, pauvres jambes,
Que vous soyez droites, que vous soyez tordues,
Vous devrez toujours me soutenir
Tant que je ne serai point mort.
Hier soir, l'Oratoire avait l'honneur de donner l'hospitalité à S. G. Mgr. Doutreloux, évêque de Liège, venu à Turin tout exprès pour obtenir en faveur de sa ville épiscopale une fondation Salésienne ardemment et depuis longtemps sollicitée.
Le Chapitre, réuni autour de Don Bosco le soir même de l'arrivée de Monseigneur de Liège, ne voyait d'autre solution à donner qu'un délai illimité ; et notre vénéré Fondateur lui-même, paraissait à peu près complètement de cet avis.
Le lendemain, 8 décembre, jour de l'Immaculée Conception, à la profonde surprise de tous, Don Bosco donne sa parole à son illustre visiteur, en fixant l'époque où les Salésiens se rendront à Liège. Quel est le mystère d'un changement d'avis si radical et si prompt, chez un homme qui eut toujours les déterminations prudentes, mais immuables ?
Faut-il en chercher la raison dans une échappée sur des vues ordinairement cachés aux conseils humains ? Dieu le sait.
Pour se rendre au réfectoire, Don Bosco, après s'être défendu contre les plus aimables instances, dut enfin s'appuyer sur le bras du vénérable Prélat. Cette pieuse attention, par laquelle Monseigneur de Liège se plaçait si délicatement au nombre des enfants privilégiés de la famille Salésienne, émut vivement notre bien-aimé Père ; il trouva, pour témoigner sa gratitude, un de ces mots dont il eut toujours le secret.
À la fin du repas, Sa Grandeur voulait de nouveau accompagner Don Bosco. Cette fois la tentative échoua ; et nous eûmes le ravissant spectacle d'une lutte où l'humilité du prêtre l'emporta enfin sur la tendresse toute filiale du prélat : l'édification commune n'y perdit rien.
Le soir, Don Bosco ne fit que paraitre au souper et se leva bientôt pour regagner sa chambre :
- Prenez courage, lui dit quelqu'un, il faut que nous voyions vos noces d'or.
En entendant ces paroles, Don Bosco s'arrête sur le pas de la porte, se retourne lentement, et, les yeux fixés sur son interlocuteur, répond : Oui, oui : on verra ! Les noces d'or ! Grosse affaire, grosse affaire !
gabrielle- Nombre de messages : 19796
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: La mort d'un saint.
9 décembre
PRÉMICES DE LA TERRE DE FEU
Dans la matinée, Monseigneur Cagliero présente à notre vénéré Père deux Filles de Notre-Dame Auxiliatrice : soeur Angèle Valese, de Lu, supérieure en Patagonie, et soeur Thérèse Mazzarello, venue de l'Uruguay. Après dix ans d'absence, elles pouvaient saluer de nouveau leur patrie et Don Bosco, leur bien-aimé Fondateur. Elles avaient amené une petite fille de douze ans que le missionnaire Salésien Don Fagnano avait recueillie avec d'autres sauvages, au cours de sa première expédition dans la Terre de Feu.
Monseigneur Cagliero la présenta lui-même, en disant :
- Voici, bien-aimé Don Bosco, les prémices que vous offrent vos fils ex ultimis finibus terrae.
La chère petite, agenouillée aux pieds du bon vieillard, se mit à dire avec un accent encore à demi-barbare :
- Je vous remercie, bien-aimé Père, d'avoir envoyé vos missionnaires pour mon salut et celui de mes frères ! En nous faisant chrétiens, ils nous ont ouvert les portes du Ciel.
Don Bosco, souriant à travers les larmes de bonheur qui inondaient son visage, bénit tendrement ce premier fruit du zèle de ses fils dans ces régions éloignées, où il vit continuellement par la pensée et les saints désirs.
***
10 décembre
MARIE NOUS GUIDE
Don Bosco n'a pu fermer l'oeil cette nuit. La veille il avait dit à Don Durando qui l'accompagnait :
- Quelle mauvaise nuit il me faudra passer ! Patience ! Que la volonté de Dieu soit faite !
Il est à bout de forces. Nous l'entendons s'écrier :
- Jusqu'ici nous avons toujours marché à coup sûr : nous ne pouvons pas faire fausse route : c'est Marie qui nous guide.
gabrielle- Nombre de messages : 19796
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: La mort d'un saint.
11 décembre
UNE CHÈRE VISITE
L'arrivée d'un ancien élève apporte à Don Bosco une grande consolation. Il paraît rajeunir à mesure qu'il évoque à son souvenir les noms des condisciples de son cher visiteur, les aventures de l'époque, et surtout la protection manifeste de Dieu sur ses œuvres naissantes. Il l'invite à venir passer les fêtes de Noël avec son vieux maître, et le prie d'amener son fils.
***12 décembre
LA CUEILLETTE
Beaucoup de nos Coopérateurs ont pu voir, lors de leur passage à Turin, la vigne disposée en espalier le long de la galerie où Don Bosco se promenait, et passait une partie de sa journée, dans les derniers temps de sa vie.
Cette année, une de ces pensées gracieuses et délicates qui lui étaient familières, lui fit différer la modeste vendange de son espalier, jusqu'à l'arrivée de Monseigneur Cagliero. Et ces jours-ci, le bon Père, assis dans sa galerie, prend un vif plaisir à voir ses fils, habilement dirigés par l'Évêque de Patagonie, procéder à la cueillette qui est consommée séance tenante par les vendangeurs. Un autre Évêque étranger et deux Frères des écoles chrétiennes, dont un Provincial d'Amérique, prêtent à l'entreprise leurs concours aussi actif que dévoué.***
14 décembre
ENCORE UN PEU DE TEMPS...
Depuis un certain temps, notre vénéré Fondateur tient à réunir souvent et à garder le plus possible auprès de lui les anciens de sa famille religieuse ; il est profondément affecté quand le devoir ou la charité lui ravissent quelqu'un d'entre eux.
Don Francesia termine ce soir une prédication et annonce une nouvelle absence ; notre bien-aimé Père, douloureusement surpris, s'écrie :
- Je n'ai que peu de temps à rester avec vous : il faut que nous cherchions à le passer ensemble tout entier.
***15 décembre
À PLUS TARD LES ÉCONOMIES
Voilà maintenant deux grandes semaines que le pauvre Don Bosco est dans l'impuissance absolue de célébrer la sainte Messe ; il l'entend tous les jours et fait la sainte Communion.
Apprenant que plusieurs familles d'Alassio souffrent encore par suite du tremblement de terre de l'an dernier, il veut, à tout prix, les soulager. À cet effet, il pria Don Cerruti d'écrire à Don Rocca, directeur du Collège d'Alassio, pour l'informer que Don Bosco l'autorise à prendre toutes les mesures opportunes en de semblables conjonctures, en lui recommandant la famille V***
- Nous ferons des économies une autre fois, concluait-il ; pour le moment, portons secours au prochain.
gabrielle- Nombre de messages : 19796
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: La mort d'un saint.
16 décembre
VIEUX SOUVENIRS
LE CARDINAL ALIMONDA
Ce soir, le vénéré malade a pu sortir en voiture avec Don Rua et Don Viglietti, secrétaire.
Pendant la promenade, Don Bosco cite quantité de passages d'auteurs latins et italiens ; après avoir récité des pièces parfois fort longues, il les analyse avec charme et en fait ressortir les beautés, au point de vue moral et religieux. Ses deux interlocuteurs ne peuvent dissimuler leur surprise en présence d'une mémoire aussi heureuse et d'une remarquable ténacité. Il est au moins inutile de dire que depuis cinquante ans et plus, Don Bosco n'avait jamais eu le loisir de renouer le moindre commerce littéraire avec ses classiques préférés.
On se préparait à regagner l'Oratoire quand on aperçut, sous les arcades du cours Vittorio Emmanuele II, le cardinal Alimonda. Le vénérable Archevêque s'approche aussitôt en s'écriant : Oh Don Bosco, Don Bosco ! Il monte ensuite dans la voiture, presse dans ses bras l'humble prêtre et l'embrasse tendrement. Une foule respectueuse s'amasse en un instant et contemple le spectacle de singulière édification offert par ces deux vétérans des saintes luttes.
- Comme ils s'aiment ! disait le peuple.
Quand le Cardinal se sépara de son ami, après l'avoir accompagné assez loin, Don Rua et Don Viglietti reprirent leur place dans la voiture et l'on s'achemina vers la maison.
Arrivé sur le palier du second étage, Don Bosco, exténué de fatigue, se retourne vers Don Rua pour lui dire : C'est la dernière fois que je suis capable de gravir ces marches.***
17 décembre
« C'EST LA DERNIÈRE FOIS QUE JE POURRAI LES CONFESSER. »
Le bon Père est très abattu. Depuis plusieurs années, les infirmités lui défendent de confesser tous les matins, comme il l'a fait pendant presque un demi-siècle ; mais il veut encore consacrer à ce ministère, qui est si vraiment le sien, le soir du mercredi et du samedi. Aujourd'hui, l'antichambre contient une trentaine de pénitents, élèves des classes supérieures, et par conséquent en âge d'examiner sérieusement leur vocation. L'abbé Festa, second secrétaire, leur représenta vainement que l'état de Don Bosco était trop peu satisfaisant pour qu'il pût les entendre : ils se montrèrent décidés à pénétrer, quand même, auprès de leur Père.
Celui-ci, prévenu par l'abbé Festa, trouva d'abord la tâche au-dessus de ces forces ; mais, après un instant de réflexion, il répondit, comme se parlant à lui-même : Et cependant c'est la dernière fois que je pourrai les confesser !
Le secrétaire, sans s'arrêter à cette réponse, objectait la fièvre et l'oppression dont souffrait le bien-aimé malade, et conseillait même de renvoyer les enfants pour cette fois. Mais Don Bosco, profondément ému, répéta :
- Et cependant c'est la dernière fois ; dis-leur donc de venir.
Et il les confessa.
Ce sont vraiment les dernières confessions qu'il ait entendues.
gabrielle- Nombre de messages : 19796
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: La mort d'un saint.
18 décembre
APPRÉHENSIONS
Ces jours derniers ont marqué une aggravation notable dans l'état de Don Bosco. Il ne peut plus marcher : on le traîne sur un fauteuil à roulettes.
Pour inaugurer une petite exposition des objets apportés de la Patagonie par Mgr. Cagliero et destinés au Souverain Pontife, notre vénéré Père avait invité à dîner quelques bienfaiteurs. Il s'entretient avec eux et leur donne des témoignages de particulière affection. Et de retour dans sa chambre, il dit à un de ses meilleurs amis, M. l'abbé Reffo :
- Mon bien cher, je t'ai toujours aimé et je t'aimerai toujours ; je touche au terme de mes jours : prie pour moi ; de mon côté je prierai toujours pour toi.
***19 décembre
« JE DÉSIRE ALLER BIENTÔT EN PARADIS. »
Le vénérable malade reçoit la visite de plusieurs personnages du Chili, se rendant à Rome pour les fêtes Jubilaires.
L'un d'eux, le voyant si souffrant et si oppressé, lui dit :
- Nous prions beaucoup le Seigneur de vous débarrasser de vos infirmités et de vous conserver longtemps encore à notre vénération.
Don Bosco répondit :
- Je désire aller bientôt en Paradis : de là, je pourrai travailler bien mieux pour notre Pieuse Société et pour mes fils : je pourrai bien mieux les protéger. Sur la terre, je ne puis plus rien pour eux.
gabrielle- Nombre de messages : 19796
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: La mort d'un saint.
1887
II. - Angoisses
20 décembre
DERNIÈRE PROMENADE
BIEN FINIR
Le pauvre Don Bosco a la respiration pénible, et il est contraint de se mettre au lit à 7 heures du soir : il ne se lève qu'à dix heures aujourd'hui, après avoir entendu la Messe et reçu la sainte Communion.
Jusqu'à midi, il donne audience aux bienfaiteurs et à un certain nombre d'étrangers.
Voilà bien 40 ans qu'il consacre la matinée entière et une partie de la soirée à conseiller, à bénir, à consoler, à aider, à réjouir saintement tous ceux qui viennent le voir.
Ce moment a toujours été le plus rude labeur de sa vie. Ce matin, il est si faible, que la respiration parait près de lui manquer.
Dans l'après-midi, il voulut, malgré tout, sortir en voiture : ce fut la dernière fois. On dut le transporter dans son fauteuil. Jamais il n'avait consenti à cela, en dépit de toutes nos instances ; et cette pauvre satisfaction, hélas ! devait même nous être refusée désormais.
Don Bonetti et Don Viglietti s'installèrent à ses côtés, et la conversation s'engagea sur l'ardent désir que nourrissaient tous les confrères Salésiens, de soulager leur Père bien-aimé.
Don Bosco écoutait ; il sortit enfin de son silence attendri pour dire : Viglietti, dès que nous serons de retour à la maison, souviens-toi d'écrire en mon nom ces paroles qui sont pour tous les Salésiens :
Que les Supérieurs Salésiens aient toujours une grande bienveillance à l'égard de leurs inférieurs ; et surtout qu'ils traitent bien et avec charité les gens de service.
La promenade terminée, on arrivait presque devant l'église de Marie Auxiliatrice, quand un inconnu fait arrêter la voiture et se présente à Don Bosco qui se trouve en présence d'un brave homme de Pignerol. Un des premiers, il avait vécu à l'Oratoire parmi les enfants que Don Bosco y avait recueillis aux débuts de son zèle. Avec quel bonheur le revit son ancien Maitre, on le devine facilement.
Venu à Turin pour ses intérêts, il avait tenu à saluer Don Bosco ; et sachant qu'il allait passer, il avait trouvé plus commode de l'attendre sur le chemin ; Mon cher, lui dit le bon Père, comment vont tes affaires ?
- Heu ! heu ! par-ci, par-là ; priez pour moi.
- Et pour ce qui regarde l'âme, comment vas-tu ?
- Je tâche d'être toujours un digne fils de Don Bosco.
- Merci, bravo ! Dieu te récompensera ! De ton côté, prie pour moi.
Et après l'avoir béni, il le congédia en lui disant :
- Je te recommande le salut de ton âme : vis toujours en bon chrétien.
Quand Don Bosco fut dans sa chambre, où il avait fallu le transporter, il dit affectueusement à Berrone, sommelier de l'Oratoire, chargé de diriger la petite équipe des porteurs :
- Tu tiens compte, n'est-ce pas ? Je te réglerai tout à la fin.
Le docteur Albertotti, qui vint le voir à ce moment, le trouvant très fatigué, le fit mettre au lit. Il obéit. Tandis qu'il quittait ses vêtements, l'abbé Festa lui ayant demandé comment il se sentait, il répondit tout ému :
- Il ne me reste maintenant qu'à faire une bonne conclusion, qui termine bien le tout.
Comme on lui insinuait qu'un peu de repos aurait raison de son indisposition, il fit un signe de dénégation et répéta, en accentuant les paroles : Il ne me reste qu'à faire une bonne conclusion.
Dans la journée, il écrivit ce qui suit, sur une image : Maria, tu nos ab hoste protege et mortis hora suscipe (1). Et sur une autre, nous avons trouvé cette invocation en italien : Marie, à l'article de la mort, prêtez à mon âme votre puissant secours.
(1) Marie, protégez-nous contre l'ennemi, et à l'heure de la mort, recevez-nous.
gabrielle- Nombre de messages : 19796
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: La mort d'un saint.
21 décembre
DIAGNOSTIC ALARMANT
Don Bosco va bien mal. L'estomac ne veut rien garder ; point d'appétit. Toute la journée se passe au lit, à cause de l'oppression, devenue plus pénible encore, et de la fièvre.
Le médecin nous jette dans l'angoisse. « Si le malade continue de ce train, tout sera fini en quatre ou cinq jours. »
L'infirme parait ne se douter rien ; il est tranquille et plaisante doucement.
Le soir, à 8h. 1/2, il nous dit :
-Aujourd'hui, vers 4 heures, j'ai cru que le moment était venu de partir. Je ne connaissais absolument plus. Je me sens beaucoup mieux maintenant.
Puis, après avoir pris une soupe légère, il s'adresse au secrétaire : Viglietti, donne-moi un peu de café à la glace.... mais surtout qu'il soit chaud, n'est-ce pas ?... Et il riait de bon cœur.
gabrielle- Nombre de messages : 19796
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: La mort d'un saint.
23 décembre
« JE M'EN VAIS À L'ÉTERNITÉ »
DON BOSCO ET SES FILS
LES DOCTEURS - LE CARDINAL ALIMONDA - LE CONFESSEUR.
Nos inquiétudes augmentent. Le bon Père ne peut supporter aucune nourriture.
Vers midi, il dit au secrétaire :
- Fais en sorte d'avoir un autre prêtre avec toi. J'ai besoin qu'il y ait toujours quelqu'un qui puisse me donner l'Extrême-Onction.
- Don Bosco, répondit le secrétaire, Don Rua est toujours dans la chambre voisine. Du reste, vous n'êtes pas malade à parler ainsi.
- Sait-on, reprit le malade, sait-on dans la Maison que je suis si mal ?
- Oui, Don Bosco, on le sait, non seulement ici, mais dans toutes les autres Maisons, et maintenant, dans le monde entier ; et partout on prie.
-Pour que je guérisse ? Je m'en vais à l'éternité !
Notre si bon Père est en proie à une vive émotion. À tous ceux qui l'approchent il indique une pensée à retenir, comme s'il devait les quitter.
Il multiplie les recommandations. À Don Bonetti : - Sois toujours le soutien de Don Rua ; au secrétaire : - Pense à préparer le saint Viatique. Nous sommes chrétiens : je fais volontiers le sacrifice de ma vie.
À midi et demi, trois catholiques belges demandent à le voir. Il y consent, pourvu qu'ils promettent de prier pour lui.
Après les avoir bénis, il leur dit :
-Promettez-moi de prier pour moi, pour les Salésiens et spécialement pour les Missionnaires.
Un de ses tout jeunes prêtres, venu pour le voir, reçut la commission suivante :
- Dis à ta mère que je la salue, et que je lui recommande d'élever chrétiennement sa famille ; qu'elle prie aussi pour toi, afin de t'obtenir la grâce de rester toujours un bon prêtre, et de sauver beaucoup d'âmes.
Il insiste beaucoup pour que tout soit prêt, quand il faudra l'administrer.
Vers 2 heures, se sentant plus mal, il murmure à l'oreille de Mgr. Cagliero : Ne manquez pas de dire à Monsieur L*** qu'il se souvienne de nos Missionnaires : à mon tour, je me souviendrai de lui et de son excellente famille. Priez tous pour moi. Je demande à tous mes confrères de prier pour moi, afin que je meure en grâce avec Dieu : je ne désire pas autre chose.... ; qu'ils aient tous une foi vive et qu'ils l'entretiennent par de saintes œuvres.
Les anciens de l'Oratoire, Don Belmonte, Don Lazzero, Don Berto, Rossi Joseph et Buzzetti, tous ceux que nous avons déjà nommés, et bien d'autres encore, se remplaçaient à son chevet. Il parlait avec difficulté, mais son accueil n'en était que plus affectueux. Ses cruelles souffrances ne parvenaient point à troubler la sérénité habituelle de son âme d'enfant ; et sur son lit de douleur, il avait les mêmes saillies aimables qu'aux jours de sa jeunesse.
Ne pouvant pas toujours parler à ceux qui lui rendaient visite, il portait parfois la main au front, pour leur faire au moins le salut militaire, ou tout autre signe d'amitié.
Souvent aussi, il indiquait le nouvel arrivant par ces mots : Le vois-tu ? C'est lui.
En donnant sa main à baiser, il pressait affectueusement celle du visiteur, en disant :
- Oh ! voilà mon ami ; tu es toujours mon ami.
Il n'oubliait rien. S'adressant à un de ses fils : Je sais, dit-il à voix très basse, je sais que ta mère se trouve dans le besoin. Parle en toute liberté et à moi seul, sans communiquer ton secret à qui que soit. Je te donnerai moi-même tout ce que tu jugeras nécessaire : personne n'en saura rien.
Il voulait savoir de tous l'état de la santé, si le froid n'éprouvait pas trop, si on manquait de quelque chose : et toutes ces questions, il les faisait avec le plus vif intérêt.
Il fallait le tenir au courant de tout. Monseigneur Cagliero avait mission de lui faire connaître l'ordre de la journée, les occupations de chacun, le travail plus important qui s'exécutait actuellement dans la maison. Il imposait à ses infirmiers le repos et la récréation.
Mais on avait peine à lui obéir : l'amour retenait à son chevet, comme invinciblement, ceux qui avaient la précieuse consolation de soigner leur Père bien-aimé. Que de fois sa profonde tendresse pour ses fils lui a fait répandre des larmes silencieuses, à la pensée de la séparation suprême ! Il répétait souvent, et quand il était encore dans la force de l'âge :
- L'unique sacrifice que j'aurai à faire à l'article de la mort, sera de vous quitter.
Combien et comment il aimait, nous ne pourrons jamais le dire ! Il cherchait par de gracieux petits mots, à détruire l'impression pénible que nous causaient ses souffrances.
Un des Supérieurs majeurs ne pouvait retenir sa douloureuse émotion en voyant le malade brisé par le mal.
- As-tu déjà goûté ? demande Don Bosco d'un ton moitié sérieux, moitié badin. Demande donc à Don Viglietti, s'il a goûté, lui.
On eût dit que chacun possédât son cœur tout entier.
Un jour, un jeune prêtre Salésien essayait de prouver à quelques confrères qu'il avait joui d'une particulière intimité avec Don Bosco. On l'écoutait en silence ; mais au bout d'un instant, un de ses auditeurs l'interrompit par ces mots : -
- Pour tous ceux qui sont ici, la démonstration est inutile : chacun d'eux pourrait en dire autant et croit avoir été le préféré.
- C'est la vérité, s'écria l'assistance.
Et des milliers de personnes ont le droit de tenir le même langage.
À 3 h. 1/4, longue consultation médicale. Le docteur Albertotti, médecin-traitant, a voulu partager la responsabilité avec deux éminents confrères : M. Fissore, professeur à l'Université de Turin, et M. Vignolo. Don Bosco paraît un peu soulagé. Dieu seul peut reconnaître dignement les soins empressés, les innombrables visites de jour et de nuit, le dévouement infatigable et désintéressé, les marques de pieuse vénération de ces princes de la science ; ils ont pris rang parmi nos plus insignes bienfaiteurs. Notre bien-aimé Père ne pouvait les remercier que par des larmes.
À 4 h. 1/4, S. E. le cardinal Alimonda est introduit auprès du cher malade, qu'il embrasse avec une tendre et paternelle effusion.
Don Bosco ôte respectueusement son bonnet et dit : Éminence, je vous recommande de prier afin que je puisse sauver mon âme. Ce fut sa première parole. Il ajouta ensuite : Je vous recommande ma Congrégation ; puis se prit à pleurer.
Son illustre visiteur lui adresse alors une petite exhortation, lui parlant de la conformité à la volonté de Dieu, et l'engageant à se souvenir qu'il avait beaucoup travaillé pour la gloire de ce bon Maître.
Mais s'apercevant à ce moment que le malade tient encore son bonnet à la main, Son Éminence elle-même voulut le lui remettre sur la tête. Don Bosco, extrêmement ému, ne peut que répondre :
- J'ai toujours fait tout ce que j'ai pu. Qu'il en soit de moi selon la sainte volonté de Dieu.
- Il en est peu, fait observer le Cardinal, qui puissent parler comme vous à l'article de la mort.
Don Bosco l'interrompit :
- Temps difficiles, Éminence ! J'ai passé des temps difficiles.... Mais l'autorité du Pape... l'autorité du Pape ; je l'ai dit à Mgr. Cagliero, ici présent, pour qu'il le répète au Saint-Père : les Salésiens sont pour la défense de l'autorité du Pape partout où ils travaillent, partout où ils se trouvent.
Et le malade prononçait ces mots avec un air enflammé.
- Oui, cher Don Bosco, répondit Mgr. Cagliero, qui se tenait au pied du lit ; Je me souviens : soyez sûr que je ferai votre commission au Saint-Père.
-Mais vous, Don Bosco, reprit le Cardinal, vous ne devez pas craindre la mort ; vous avez recommandé si souvent aux autres de se tenir prêts.
- Il nous en parlait sans cesse, poursuivit Mgr. Cagliero ; c'était même le thème préféré de ses entretiens.
- Je l'ai dit aux autres, ajouta l'humble prêtre ; et j'ai besoin maintenant que les autres me le disent.
Après avoir béni le malade, Son Éminence ne voulut point prendre congé de lui sans l'avoir embrassé à plusieurs reprises.
À 5 heures, arrive le confesseur de Don Bosco, M. l'abbé Giacomelli, son condisciple au Séminaire ; on les laisse ensemble quelques instants.
Quel souvenir nous rappelait ce bon prêtre ! Au cours d'une maladie mortelle qu'il fit en 1885, son pénitent lui avait dit en notre présence : - Sois joyeux ; ne crains rien ; ne sais-tu pas que c'est toi qui dois assister Don Bosco à ses derniers moments !
gabrielle- Nombre de messages : 19796
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: La mort d'un saint.
24 décembre
LE SAINT VIATIQUE - « QUE JE PUISSE SAUVER MA PAUVRE ÂME. »
Le matin, à 7 h. et demie, tout est prêt pour l'administration du saint Viatique.
Don Bosco dit avec larmes aux prêtres qui l'entourent :
- Aidez-moi, aidez-moi vous autres, à bien recevoir Jésus... moi je suis confus... In manus tuas, Domine, commendo spiritum meum.
Quand il aperçoit Mgr. Cagliero, lui apportant le saint Viatique, ses larmes redoublent. Quel spectacle ! Don Bosco, revêtu de l'étole, rassemble à un ange. Nous renonçons à décrire ce moment. On n'entendait que les sanglots des assistants ; Monseigneur lui-même ne put se contenir.
Vers 10 heures, le vénéré malade dit à Don Durando qui se trouvait près de lui :
- Je te charge de remercier en mon nom les médecins, de tous les soins qu'ils m'ont prodigués avec une si grande charité.
Dans l'après-midi à 4h. 1/2, S. E. le cardinal Alimonda vient en personne prendre des nouvelles. Depuis ce matin on constate une amélioration bien marquée. La respiration est plus libre ; grand calme, sommeil réparateur.
À 10 heures Don Bosco sort d'un long silence et dit à Don Rua : - Je voudrais auprès de moi cette nuit un autre prêtre avec Don Viglietti : je crains de ne pas aller jusqu'à demain.
À 11 heures, Mgr. Cagliero lui administre l'Extrême-onction. Don Bosco avait déjà prié qu'on obtint pour lui la bénédiction du Saint-Père ; Monseigneur la demanda par dépêche avant de se tendre à l'église pour la Messe de minuit.
Le malade parlait de l'éternité et donnait des avis sur différents points importants. S'adressant à Monseigneur, il lui dit avec larmes :
- Je ne demande au Seigneur qu'une chose, c'est de pouvoir sauver ma pauvre âme. Je recommande de faire savoir aux Salésiens qu'ils doivent travailler avec zèle et ardeur : travail, travail ! Employez-vous toujours et sans relâche à sauver les âmes.
gabrielle- Nombre de messages : 19796
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: La mort d'un saint.
25 décembre
LE PAPE ET DON BOSCO
À midi, on annonce M. le chanoine Bosso ; Supérieur de la Petite Maison de la Providence, fondée par le vénérable Cottolengo.
Don Bosco lui rappela leur première rencontre à Châteauneuf d'Asti, alors que le chanoine d'aujourd'hui était encore un tout jeune enfant.
Dans l'après-midi, un télégramme du cardinal Rampolla apporte la réponse à la supplique de Don Bosco, en des termes qui disent la grande bienveillance du chef de l'Église pour notre vénéré Fondateur, et le vif intérêt qu'inspire à Sa Sainteté un état si grave :
« Monseigneur Cagliero, Turin. - Le Saint-Père, affligé de la maladie de Don Bosco, prie pour lui, et lui envoie la bénédiction demandée.
M. Card. RAMPOLLA. »
Le soir, notre bien-aimé Père reçut la visite de NN. SS. Bertagna ; évêque titulaire de Capharnaüm, auxiliaire du Cardinal, et Loto, évêque de Samaria.
Les Évêques de Casale, Fossano et Coni étaient déjà venus quelques jours avant.
Tous ces jours-ci, notre petite espiègle de la Terre de Feu est singulièrement affectée des alarmes que fait naître le péril où se trouve Don Bosco. Elle court sans cesse à la Supérieure pour savoir des nouvelles :
- Don Bosco est malade !
C'est son cri de tous les instants. Elle passe presque sa journée à l'église à prier devant le Saint-Sacrement pour la guérison de son bienfaiteur. Les larmes qui baignent son visage cuivré attestent sa gratitude et sa douleur.
gabrielle- Nombre de messages : 19796
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: La mort d'un saint.
26 décembre
DERNIÈRE VISITE DU CARDINAL ALIMONDA
Don Bosco est un peu mieux. L'ancien élève dont nous avons déjà parlé et qu'il avait invité à venir passer à l'Oratoire les fêtes de Noël, vient faire sa visite d'adieu. À genoux près du lit, cet ami des premiers jours semble oublier tout ce qui l'entoure pour concentrer sa pensée sur le douloureux spectacle offert à sa vue ; il ne sait que répéter : - Oh Don Bosco ! Oh Don Bosco !
Cependant le malade le bénit, lui et son tout jeune fils : son regard levé vers le ciel, leur indique le rendez-vous.
Quand ils eurent quitté la chambre, notre si bon Père appelant Don Rua, lui dit :
- Tu sais qu'il n'est pas riche ; tu leur paieras le voyage à tous les deux, en mon nom.
À 4 h. 3/4 S. E. le cardinal Alimonda vient voir son ami une fois encore avant son départ pour Rome. Notre vénérable Archevêque ne peut retenir ses larmes : il embrasse plusieurs fois et bénit avec effusion le cher malade.
On annonce ensuite la Supérieure générale des Filles de Marie Auxiliatrice, accompagnée d'une Assistante. Elles demandent une suprême bénédiction.
- Oui, murmure Don Bosco, je bénis toutes les Maisons des Filles de Marie Auxiliatrice, la Supérieure générale et toutes les sœurs ; qu'elles mettent tout en œuvre pour sauver beaucoup d'âmes.
Vers le soir, il dit à Mgr. Cagliero :
- Je désire que tu restes en Italie jusqu'à ce que toutes les affaires de la Congrégation soient arrangées, après ma mort.
Dans la nuit, il prie l'Évêque Salésien de le bénir.
gabrielle- Nombre de messages : 19796
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: La mort d'un saint.
27 décembre
DOUCE HUMEUR
Saint Jean l'Évangéliste, patron de Don Bosco. Le bon Père peut entendre la sainte Messe et communier.
Vers midi, on voulait arranger un peu son lit. On cherchait le moyen de le secouer le moins possible. Voyez, dit-il plaisamment à Don Belmonte, faites comme ceci : attachez-moi une corde au cou et tirez-moi d'un lit à l'autre. Il fallait lui imposer presque tous les jours la dure fatigue de ce changement de lit ; et toutes les précautions imaginables n'empêchaient pas qu'il n'eût à souffrir de mille manières au cours de l'opération. Mais sa douce humeur n'est pas altérée le moins du monde.
Quand on lui demande :
- Je vous ai fait mal, n'est-ce pas, Don Bosco ?
Il répond avec un sourire :
- Oh ! certainement, tu ne me fais pas du bien.
Dans la soirée, il reçoit la visite de M. l'abbé Tinetti, directeur de l'Unità Cattolica, et lui dit d'une voix éteinte :
- Comme par le passé, je vous recommande la Congrégation Salésienne et nos Missions.
Il ajoute encore quelques paroles de grande bienveillance, et l'assure que leur amitié se continuera en paradis.
gabrielle- Nombre de messages : 19796
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: La mort d'un saint.
28 décembre
DON BOSCO NE VEUT PAS DEMANDER SA GUÉRISON
COMMENT ON PRIE POUR LUI - LES DOCTEURS
Ce matin les médecins sont beaucoup plus contents de leur malade.
Signalons un détail qui a bien son importance. Don Bosco, supplié de demander à Dieu la santé, n'a jamais voulu y consentir. Sa réponse était constamment la même : - Qu'il en soit de moi selon la sainte volonté de Dieu.
Il répète avec ferveur les oraisons jaculatoires qu'on lui suggère ; mais si quelqu'un vient à dire :
- Très Sainte Vierge Marie, faites-moi guérir !, il se tait.
Les journaux de tous pays, tenus au courant par leurs correspondants, publient le bulletin de l'état de Don Bosco. L'Oratoire est continuellement assiégé par une foule avide de savoir les nouvelles. À tout instant on apporte des télégrammes ; les directeurs de nos Maisons d'Italie, de France et d'Espagne arrivent successivement.
Nous apprenons que dans le monde entier on adresse à Dieu de ferventes prières publiques et privées, des neuvaines et des triduums.
Il n'y a pas de communauté où l'on ne s'efforce, par les plus ardentes supplications et par les rigueurs de la pénitence, de retenir Don Bosco sur la terre.
Dans beaucoup de nos Maisons, on a organisé l'adoration diurne et nocturne devant le Saint Sacrement exposé.
Nos chers Coopérateurs en particulier n'ont rien épargné pour conserver notre Père bien-aimé. Larmes, prières, sacrifice de la vie, promesses et vœux, en un mot toutes les formes de la piété filiale, torturée par la pensée de l'épreuve, tout a été employé avec les saintes obstinations de cet amour qui est fort comme la mort.
Cet élan admirable des cœurs serait tout naturel s'il s'agissait seulement des enfants de la famille religieuse ; mais ce sont tous les chrétiens unis à Don Bosco par le dévouement aux œuvres chrétiennes, qui ont fait violence au ciel. Beaucoup d'entre eux n'ont eu que leur foi pour connaitre et apprécier ce bon Père ; et au milieu des soucis de leurs affaires, la pensée de ce vieillard courant à la récompense, a donné à leurs supplications une puissance à laquelle Dieu ne pouvait résister complètement.
Ce matin, une personne de la haute société turinaise est venue tout exprès à l'Oratoire pour prendre des nouvelles de Don Bosco. Le portier, après l'avoir introduite au parloir, lui tendit l'Unità Cattolica du jour, qui annonçait une amélioration. La noble visiteuse répandit des larmes de joie, puis mit sa bourse dans la main du portier, en disant : Oh ! Dites à Don Bosco de se rétablir promptement et remettez-lui cette offrande. La bourse contenait 400 francs en or.
Le cher malade prie souvent les médecins de lui dire clairement son état, parce que, ajoute-t-il, sachez que je ne crains rien. Je suis tranquille et tout préparé.
Et il a toujours envisagé avec le même calme le départ suprême.
Don Albéra, supérieur de l'Oratoire St-Léon à Marseille, lui disait :
-C'est la troisième fois, Don Bosco que vous allez sur le seuil de l'éternité : les prières de vos fils vous ont toujours ramené en ce monde. Je suis certain qu'il en sera de même cette fois encore.
- Cette fois-ci je ne-reviendrai plus ! répondit Don Bosco.
Les souvenirs qu'il aime à donner depuis quelques jours et qu'il fait écrire, peuvent se résumer dans ces deux pensées : - Dire aux, confrères d'exciter leur foi - leur recommander l'exacte observation des Règles.
Un correspondant de journal, venu à l'Oratoire pour prendre des informations précises, eut la bonne fortune de les recueillir de la bouche même du docteur Fissore, qui s'exprima en ces termes : « Don Bosco est perdu ; pour nous, nous n'avons plus aucune espérance de le sauver. Il est atteint d'une affection cardio-pulmonaire ; le foie est attaqué ; la moelle épinière présente une complication qui engendre la paralysie dans les membres inférieurs. Il ne peut plus parler. » Enfin les reins et les poumons sont également pris. Cette maladie n'a aucune cause directe. Elle est le résultat d'une faiblesse générale, d'une existence usée par d'incessants labeurs mêlés de continuelles inquiétudes. Don Bosco s'est consumé dans un travail au-dessus de ses forces ; il ne meurt pas de maladie ; c'est une lampe qui s'éteint faute d'huile. »
gabrielle- Nombre de messages : 19796
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: La mort d'un saint.
29 décembre
BÉNÉDICTIONS
Ce soir, cela va bien mal.
Notre bien-aimé Père fait appeler Don Rua et Mgr. Cagliero, et rassemblant le peu de forces qui lui restent encore donne les avis suivants, en priant de les transmettre à tons les Salésiens : Arrangez toutes les affaires. Traitez-vous toujours en frères, aimez-vous, aidez-vous, supportez-vous mutuellement. Le secours de Marie Auxiliatrice ne vous manquera jamais. Recommandez à tous mes enfants mon salut éternel et priez. Alter alterius onera portate... Exemplum bonorum operum... Je bénis les Maisons d'Amérique, Don Costamagna,,Don Lasagna, Don Fagnano, Don Tomatis, Don Rabagliati ; Monseigneur Lacerda et tous les miens du Brésil ; Mgr. l'Évêque de Buenos-Ayres et Mgr. Espinosa ; Quito, Londres et Trente ! Je bénis Saint-Nicolas, tous nos bons Coopérateurs et leurs familles : je me souviendrai toujours du bien qu'ils ont fait à nos Missions.
Vers les 10 heures, Mgr. Cagliero donne la bénédiction papale au vénéré malade, qui pria l'Évêque Salésien de réciter l'acte de contrition en son nom. Il dit ensuite :
- Propagez la dévotion à la Très-Sainte Vierge dans la Terre du Feu. Si vous saviez combien d'âmes Marie Auxiliatrice veut gagner au ciel par le moyen des Salésiens !
Le reste de la nuit, Don Bosco est beaucoup plus calme. Il repose.
Nous recevons des nouvelles de Rome. À notre Maison du Sacré-Cœur c'est un va-et-vient continuel de princes, de prélats, d'évêques et de cardinaux qui demandent des nouvelles de Don Bosco. Le Saint-Père lui-même a daigné en faire prendre.
Dans tous nos établissements on constate la même affluence. À Barcelone, pour satisfaire tout le monde, on a dû établir trois centres d'information.
À Paris, la maladie de Don Bosco fait connaître toujours plus notre Oratoire de Ménilmontant.
Appelé par télégraphe, Don Sala, Économe général de la Société, arrive de Rome et se rend aussitôt auprès de Don Bosco qui le reconnaît. Don Sala lui annonce que ses fils de Rome prient pour lui, et que le cardinal Parocchi, notre protecteur, très affligé de l'état de notre vénéré Père, lui envoie sa bénédiction.
Don Bosco remercia et dit ensuite d'une voix faible : - Pour tout ce qui regarde l'ordre matériel des Maisons, tiens toujours Don Rua soigneusement informé.
- Je le ferai. Et maintenant, je suis tout à votre disposition ; si je puis vous être utile en quelque manière, ce sera pour moi un bonheur.
- Oui, reprit Don Bosco, tu me feras plaisir et tu soulageras mon infirmier ; du jour où je me suis mis au lit, il ne manque jamais de venir me voir de temps en temps, même la nuit.
gabrielle- Nombre de messages : 19796
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: La mort d'un saint.
30 décembre
LES ÉTRENNES
À la veille du jour de l'an, Don Rua, comme d'habitude, demande à Don Bosco quelles étrennes il veut donner aux enfants. Le bon Père répond :
- Dévotion à la T. S. Vierge et fréquente Communion. Pour ce qui est des Salésiens, il répète une fois de plus : - Je recommande le travail, le travail !
Don Cerruti annonce qu'une baronne de Gênes est allée à notre Maison de Sampierdarena faire une offrande de 400 francs, en suppliant de prier, de prier encore et de prier toujours pour la guérison de Don Bosco. Il ajoute qu'il a envoyé à cette généreuse bienfaitrice, avec l'expression de sa reconnaissance, la bénédiction donnée par Don Bosco malade.
- Oui, je la bénis du fond du coeur, répondit-il tout ému.
gabrielle- Nombre de messages : 19796
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: La mort d'un saint.
III. - Espérances
31 décembre
UN PEU DE MIEUX
Le malade demande à Don Lemoyne (1) la bénédiction de Marie Auxiliatrice. Bien souvent il avait prié ses prêtres de le bénir, et dans ces circonstances, comme toujours du reste, son attitude si humble était pour tous un grand exemple de foi et de charité.
Les médecins constatent une très notable amélioration ; et nous en envoyons la nouvelle en France pour rassurer un peu nos chers Coopérateurs.
Don Bosco, qu'il veille ou qu'il dorme, a sans cesse présente à l'esprit la pensée de l'histoire ecclésiastique. Il voit près de son lit le confrère chargé par lui de traduire en latin l'Histoire de l'Église, dont il est l'auteur. Apprenant que ce travail touchait à sa fin :
- Bien : je suis content, répond-il. C'est une œuvre que je désirais tant savoir accomplie. Continue dans le Seigneur.
Aujourd'hui, un télégramme du Cardinal Alimonda nous apporte une nouvelle bénédiction du Saint-Père.
(1) Secrétaire général de la Société, et Rédacteur en chef du Bulletin Salésien1er janvier
LES ÉTRENNES
LE COMTE COLLE - DON BOSCO ET DON RUA
On reçoit la nouvelle de la mort presque, subite du comte Fleury-Colle de Toulon ; notre insigne bienfaiteur. L'étroite amitié qui l'unissait à Don Bosco nous oblige à prendre les plus grands ménagements pour communiquer la triste nouvelle au bien-aimé malade.
Ces jours-ci, il fait souvent appeler Don Rua et passe avec lui de longs moments dans des colloques confidentiels.
2 janvier
SECRET D'UNE BONNE MORT
Don Bosco recommande à Mgr. Cagliero de dire aux Salésiens : Qu'ils soient préparés à la mort, mais à une bonne mort, moyennant une ample moisson de bonnes œuvres.
gabrielle- Nombre de messages : 19796
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: La mort d'un saint.
3 janvier
LE MIEUX SE DESSINE
Le mieux se dessinant tout les jours davantage, Mgr. Cagliero demanda à notre vénéré Père la permission de se rendre à Nizza Monferrato pour une importante vêture.
- Va, répond Don Bosco en souriant, et bénis en mon nom cette communauté. Mais tu retourneras, n'est-ce pas ?
Le même soir il dit au secrétaire :
- Tu es Don Viglietti ?
- Oui, je suis Viglietti.
- Eh bien, cher Viglietti, sais-tu pourquoi ; lors du premier départ de Mgr. Cagliero, il y a des années, je n'ai pas voulu te laisser aller en Amérique ?
- Oui, je me l'explique maintenant, répondit le secrétaire en pleurant.
- Bien, tu te l'expliques et tu le vois... mais je te l'avais dit te souviens-tu ? C'est toi qui dois me fermer les yeux.
4 janvier
DEUX GUÉRISONS
On écrit d'Alassio pour recommander aux prières de Don Bosco un enfant presque moribond, et un jeune abbé atteint d'une pleurésie. À cette communication le malade répond :
- Mais c'est moi maintenant qui ai besoin des prières des autres.
Dans d'autres circonstances il avait parlé d'une manière aussi évasive. Quoi qu'il en soit, l'enfant et l'abbé guérirent tous deux.
gabrielle- Nombre de messages : 19796
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: La mort d'un saint.
7 janvier
PREMIER REPAS - CHOSES ÉTONNANTES
Ce soir, sur le conseil des médecins, Don Bosco a pris une panade et un œuf.. Il ôte son bonnet pour réciter le Benedicite et prie en pleurant. Autour de lui on tremblait que ce premier repas ne vint à faire mal : c'est le contraire qui heureusement eut lieu. À peine fut-il un peu réconforté, qu'avec une animation extraordinaire, il demanda des nouvelles de mille choses.
On dut lui parler de Rome, du Pape, des fêtes Jubilaires ; puis il voulut connaître les affaires de l'Oratoire et causer avec quelques-uns de ses jeunes religieux.
Il ne s'était pas encore trouvé aussi bien. Le soir, vers 9 heures, il fit dire à Don Lemoyne ce qui suit :
- Comment peut-on expliquer qu'une personne, après 21 jours passés au lit, presque sans manger et avec l'esprit affaibli à l'excès, reprenne tout à coup possession d'elle-même, se rende compte de tout, se sente forte et puisse au besoin se lever, écrire, travailler ? Oui, je me sens en ce moment aussi valide que si je n'avais jamais été malade.
Si quelqu'un en voulait savoir la raison, il n'y aurait qu'à répondre : Quod Deus imperio, tu prece Virgo potes...
Ce que Dieu opère par sa puissance, vous, ô Vierge, par la prière, vous le pouvez.
Il est certain que mon heure n'est pas encore venue ; ce pourrait être bientôt : maintenant, non.
Cette trêve inespérée n'a été obtenue, on peut l'affirmer en toute certitude, que par les ferventes prières adressées à notre Mère toute bonne, de tous les points de la terre. Ce fut une grâce précieuse. Le vénéré Fondateur put arranger pour le mieux une foule d'affaires délicates, donner des règles de conduite pour les questions ayant trait au personnel de certaines Maisons. Déjà, quelques jours avant cette amélioration, il avait commencé, et continua jusqu'à, la fin, à donner des marques d'une vie intellectuelle inexplicable dans l'état où il se trouvait.
Presque toujours, en sortant d'un assoupissement qui durait parfois des journées entières, il parlait, avec une présence d'esprit et un à-propos admirables de telle démarche commencée, de telle mesure à prendre, d'une disposition légale à mettre en ligne de compte, et que l'on avait négligée.
Les médecins ne savaient quelle cause assigner à une si parfaite lucidité d'esprit et à une activité qui tenait du prodige.
gabrielle- Nombre de messages : 19796
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: La mort d'un saint.
8 janvier
LE DUC DE NORFOLK
À midi, le duc de Norfolk, se rendant à Rome, vient passer quelques instants avec Don Bosco et prendre ses commissions pour le Saint-Père ; dans cet entretien d'une demi-heure, il fut également question de la Maison Salésienne nouvellement fondée à Londres, et des missions projetées en Chine. Le noble visiteur voulut, avant de partir, recevoir la bénédiction du vénéré malade.
Don Bosco a dit, ce soir, au secrétaire :
- Je regrette de ne pouvoir plus venir à votre secours comme je le faisais autrefois, en allant moi-même chercher les aumônes ; avant même de tomber malade, j'avais dépensé mon dernier sou : me voilà maintenant sans ressources, et cependant nos enfants continuent à demander du pain. Comment ferons-nous ? Il faut qu'on le sache : ceux qui voudront exercer la charité envers Don Bosco et ses orphelins, ne doivent pas attendre que j'aille tendre la main moi-même : je ne le pourrai plus.
gabrielle- Nombre de messages : 19796
Date d'inscription : 25/01/2009
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