calendrier ou almanach ?

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Message  Louis Sam 06 Mar 2021, 6:29 am



Bonjour à tous,

Ce qui suit sera tiré de CARACTÉRISTIQUES DES SAINTS DANS L’ART POPULAIRE, PAR LE P. CH. CAHIER, de la compagnie de Jésus, tome premier , PARIS, 1867.

Bonne lecture.

Bien à vous.



CALENDRIERS.

L'année ecclésiastique étant la base de tout almanach populaire en pays chrétien, mais très-particulièrement pour des catholiques (comme l'était toute la chrétienté jadis), la plupart des gens ont toujours eu grande affaire de prévoir le retour des fêtes qui formaient les points de repère pour une foule de devoirs et d'intérêts non-seulement religieux, mais civils. Quantité de proverbes témoignent comme quoi le nom des saints était devenu le moyen mnémotechnique de la météorologie quelconque et de l'astronomie approximative du vieux temps, pour diriger l'économie populaire. Quant à ceux qui exprimaient les principales variations du jour et de la nuit, on doit se souvenir qu'ils ont été mis un peu en défaut par la réforme grégorienne qui retrancha dix jours à l'année 1582; et qu'ils n'avaient pas d'ailleurs les prétentions de nos annuaires scientifiques actuels, établis sous la responsabilité de commissions savantes.

On disait donc, à tort ou à raison, que les œufs destinés à être gardés en ménage devaient avoir été pondus entre les deux Notre-Dame (d'août et de septembre), c'est-à-dire dans la seconde moitié d'août et dans la première semaine du mois suivant.

L'Été de Saint-Martin (11 novembre) désignait les derniers beaux jours de l'automne. Approximativement, les saisons devaient se déterminer par les fêtes suivantes : à la Chaire de saint Pierre à Antioche (22 février), le printemps; à saint Urbain pape (25 mai), l'été; à saint Barthélemi (24 août), l'automne; et à saint Clément pape (23 novembre), l'hiver 1 . Évidemment cette moyenne n'était pas acceptée au même titre à Drontheim ou en Islande qu'à Syracuse, à Rhodes ou en Chypre; mais je parle surtout de nos contrées qui avaient ces axiomes entre autres :

calendrier ou almanach ? Page_180

De même encore pour les pluies du solstice d'été, mises au compte de sainte Pétronille (31 mai), de saint Médard (7 juin), de saint Gervais (19 juin),.ou d'autres fêtes de ce dernier mois.
Les diplomatistes savent en outre combien il faut être familiarisé avec l'année liturgique pour déterminer le sens des dates qui accompagnent mainte charte 2, c'est que les données du Bréviaire et du Missel étaient singulièrement connues par nos ancêtres du moyen âge.

Aussi un calendrier populaire se compliquait facilement de...
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1
« Dat Clemens hyemem, dat Petrus ver cathedratus
Æstuat Urbanus, autumnat Bartholomæus. »

2. Bien des indications utiles sont réunies à ce sujet dans le Calendarium chronolagicum du Père A. Pilgram.

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Message  Louis Dim 07 Mar 2021, 5:51 am


Caractéristiques des saints dans l’art populaire.

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Aussi un calendrier populaire se compliquait facilement de préceptes économiques rattachés aux pieux souvenirs qui en précisaient l'application conformément à l'expérience traditionnelle. Par là s'explique ce qu'on raconte du roi de Prusse Frédéric II dans une discussion avec son jardinier. Le prince, au commencement d'un mois de mai dont la température était singulièrement douce, témoigna son étonnement de ce que les orangers n'avaient pas été mis hors des serres; il lui fut répondu qu'il  ne fallait pas se lier au printemps jusqu'à ce que fussent passés les trois saints de neige (saint Mamert, saint Pancrace et saint Servais; 11, 12 et 13 mai). Un monarque aussi esprit fort jugea  qu'opposition et superstition étaient  deux impertinences bien  marquées dans des gens de son service. Les orangers furent donc amenés dehors par ordre.... et gelés par l'un des saints que redoutait le vieux jardinier d'après la tradition de son état.

A la suite de cette malencontreuse confirmation, les observateurs patentés constatèrent que du 10 mai au 13, une diminution de température se déclare presque toujours 1. On en cherche encore la raison scientifique : mais pratiquement, les bonnes gens avaient ce qui importait le plus, avec leur axiome qui déplaisait si fort à l'ami couronné de Voltaire.

Pour fixer ces divers souvenirs et les éléments du calendrier, dont nous nous occupons à peine aujourd'hui qu'un almanach se vend quelques centimes, le moyen âge antérieur à l'imprimerie devait se donner un certain mal. Les peuples Scandinaves paraissent s'en être mis particulièrement en peine; apparemment parce que le peu de densité de la population y réduisait bien des familles à se diriger isolément dans le comput une fois appris, sans que les communications avec la paroisse et les relations de voisin à voisin permissent de s'en reposer sur autrui. On se fabriquait donc, avec du bois et son couteau, un manuel portatif qui pût servir longtemps sans avoir besoin d'être renouvelé. Les musées (non pas chez nous, que je sache) en ont conservé des exemplaires où l'interprétation s'est fourvoyée plus d'une fois, pour n'avoir pas assez compris que le calendrier religieux s'y mêle avec l'annuaire civil ou économique.

J'en choisis un exemple dans le bâton publié par une petite brochure de M. Jens Wolf (Paris, 1820)…
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1 Arago, Astronomie populaire, t. IV, p. 569. Cela se retrouve, selon F. Magnusen, en Scanie vers le 27 avril, où commencent les huit nuits les plus redoutées pour les récoltes. Aussi est-ce vers cette époque que la superstition du Nord a placé les grandes courses nocturnes des sorcières. En Norwège les nuits fatales sont vers le 13 mai, comme l'entendait le jardinier prussien.

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Message  Louis Lun 08 Mar 2021, 6:32 am


Caractéristiques des saints dans l’art populaire.

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J'en choisis un exemple dans le bâton publié par une petite brochure de M. Jens Wolf (Paris, 1820). Commençons, n'importe pour quel motif, au mois de décembre qui est celui des grandes réjouissances dans le Nord.

calendrier ou almanach ? Dzocem10

Une fois pour toutes, disons que la ligne supérieure est destinée aux jours de la semaine (lettre dominicale) indiqués par sept caractères runiques, qui recommencent, après chaque trait vertical coupé par une croix de Saint-André (comme on dit) et qui correspond à notre H. Mais, comme la théorie du comput n'est pas mon objet, laissons ce qui regarde les cycles solaire et lunaire (nombre d'or), pour nous borner à peu près à la ligne inférieure où sont rappelés les usages civils et religieux 2.

Calendrier de février…
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2 Le même motif m'a fait omettre un petit tableau supplémentaire destiné à la marche du soleil dans les signes du zodiaque.

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Message  Louis Mar 09 Mar 2021, 6:50 am


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Neuf heures de jour; le Bréviaire d'Upsal marque dix pour le jour et quatorze pour la nuit.

Le  candélabre à plusieurs branches rappelle que le mois débute à peu près par la Chandeleur (Purification de la très-sainte Vierge), fête qui était dans les contrées Scandinaves une répétition en petit des réjouissances de Noël. Le nom de Chandeleur lui vient de ce qu'à la messe les fidèles portent des cierges en mémoire des paroles prophétiques du vieillard Siméon sur l'enfant Jésus 2: « C'est la lumière qui éclairera les Gentils.»

La couronne de reine qui se voit à toutes les fêtes de la Mère de Dieu ne montre pas cette fois bien clairement à quel jour il faut la rattacher, mais le 2 du mois est surmonté d'une petite croix qui semble mettre en saillie les fêtes chômées. On a pu s'en apercevoir déjà pour les solennités de Noël, de la Circoncision et des Rois (p. 158, sv.).

De même le 3 février n'est pas superposé bien exactement à l'indication de SAINT BLAISE; mais, comme en bien d'autres cas, une espèce de croix privée de l'un de ses bras fait reconnaître que là se rapporte le signe le plus voisin dans la troisième ligne 3. Saint Blaise est désigné par le cornet ou trompe de chasse; non pas que rien d'historique le rapproche de saint Hubert, mais parce que blasen, Blas, dans les langues germaniques, signifie souffler, enflure, (boursouflure, etc.), et partant, sonner de la trompe. De là était venue l'expression Blasmesse, dont la bizarre équivoque se prêtait à l'interprétation on fête de saint Blaise ou fête du vent (du souffle, etc.).

En conséquence, les marins Scandinaves évitaient de prononcer le nom de cette fête; et certains calendriers runiques la signalent, soit par un vaisseau voguant à pleines voiles, soit par une face humaine dont les joues gonflées font penser à un vent mythologique ou à un joueur de trompette. La frayeur des dangers cachés sous l'homonymie de saint Blasius a jeté de si profondes racines, qu'actuellement encore quelques paysans danois regardent les vents qui souilleraient ce jour-là comme présages de tempêtes pour l'année entière, et ne souffrent même pas que leurs serviteurs mangent alors aucun légume suspect d'engendrer des flatuosités.

Le fruit, et la pince (ou tenailles) qui viennent après, peuvent bien indiquer…
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2 Luc. II, 25-32 : « Lumen ad revelationem gentium, etc. »
3 On évitait ainsi la complication disgracieuse d'un autre  calendrier l'unique, mais français, publié à Bologne par M. L. Frati (1842, petit in-folio). Là les figures occupent comme elles peuvent le champ qui leur est destiné; mais des lignes plus ou moins contournées rattachent chacune d'elles à sa lettre dominicale. Je n'en reproduis rien, parce qu'on peut le trouver dans plusieurs bibliothèques.

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Message  Louis Mer 10 Mar 2021, 7:29 am


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Le fruit, et la pince (ou tenailles) qui viennent après, peuvent bien indiquer SAINTE DOROTHÉE (6 février) avec sa corbeille de fleurs et de fruits, et SAINTE AGATHE(3 février) dont les seins furent coupés avec des cisailles, ou peut-être SAINTE APOLLINE (9 février) que l'on peint souvent avec des tenailles qui serrent une dent. Mais le cœur qui se voit près de là paraît annoncer que la grande pince pourrait bien être un fer à gauffres destiné à cuire des gâteaux en forme de cœur pour les réjouissances de la Saint-Valentin (14 février) ou du carnaval, qui tombe ordinairement vers cette époque.

La serpette qui est ici au milieu du mois, veut dire sans doute qu'il est temps de songer à ébrancher les arbres pour en diriger la fructification, ou pour les débarrasser des nids de chenilles. Du 15 au 21, une crosse et une bâche paraissent indiquer saint Sigfrid (15 février), coopérateur du roi Olave Skotkonung dans la conversion de la Suède. La hache est le symbole d'un autre Olave, roi de Norwège, mais dont la fête appartient au mois de juillet. Cette arme semble donc n'être ici que pour rappeler l'assassinat des trois neveux de Sigfrid (Unamann, Sunamann et Vinamann) venus avec lui afin d'évangéliser la Suède, et dont il recueillit les restes après leur mort.

La grande clef marque la Chaire de SAINT PIERRE à Antioche (22 février). SAINT MATTHIAS, apôtre (2k février), se reconnaît à sa hache; mais l'œuf et le gros poisson, annoncent la proximité du printemps. Saint Pierre a dans ces contrées la réputation de jeter une pierre chaude sur la glace, c'est-à-dire qu'il la fait fondre. Aussi, vers ce temps-là, le peuple Scandinave prétend que le renard ne se fie plus à la glace. En même temps les oies sauvages commencent à pondre, et les poissons (j'imagine) commencent à se montrer; quoique les saumons ne remontent guère les cours d'eau, pour y frayer, que vers la mi-juin.

FIN.

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