"morale de situation"
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"morale de situation"
SUPRÊME CONGRÉGATION DU SAINT-OFFICEDÉCRETS ET COMMUNICATIONS2 février 1INSTRUCTION SUR « LA MORALE DE SITUATION » 2
A l'encontre de la doctrine morale traditionnelle de l'Église catholique et de son application, commence à se répandre dans de nombreuses régions, même parmi les catholiques, un système de morale, que l'on appelle généralement « morale de situation », qui se déclare indépendant des principes de la morale objective (dont le fondement ultime est « l'être ») et prétend non seulement lui être égal, mais même lui être supérieur.
Les auteurs qui sont partisans de ce système disent que la règle d'action décisive et ultime n'est pas le bon ordre objectif déterminé par la loi de la nature et connu avec certitude du fait de cette même loi, mais un certain jugement et une certaine lumière intimes de l'esprit de chaque individu qui lui font connaître ce qu'il doit faire dans la situation concrète où il se trouve. Par conséquent, selon eux, cette décision ultime de l'homme n'est pas l'application de la loi objective au cas particulier, comme l'enseigne la morale objective par la voix d'auteurs éminents, en tenant compte et en pesant, selon les règles de la prudence, les conditions particulières de la « situation », mais directement cette lumière et ce jugement internes. Ce jugement, dans de nombreux cas du moins, en ce qui concerne sa rectitude et sa vérité objective, en dernier lieu, ne doit et ne peut se mesurer sur aucune règle objective posée en dehors de l'homme et indépendante de sa conviction subjective, mais il se suffit pleinement à lui-même.
Selon ces auteurs, le concept traditionnel de la « nature humaine » ne suffit pas, mais il faut recourir à un concept de la nature humaine « existante » qui, dans la plupart des cas, n'a pas de valeur objective absolue, mais seulement relative et, par conséquent, muable, sauf peut-être en ce qui concerne les quelques éléments et principes relatifs à la nature humaine métaphysique (absolue et immuable). La même valeur relative est attachée au concept traditionnel de « loi naturelle ». Tout ce qui, aujourd'hui, est présenté comme postulat absolu de la loi naturelle repose, selon leur opinion et leur doctrine, sur ledit concept de nature existante et, par conséquent, ne peut être que relatif et muable, et peut toujours s'adapter à toute situation.
Ces principes étant adoptés et appliqués, ils disent et enseignent que les hommes, jugeant selon leur intuition personnelle, chacun en leur conscience, ce qu'ils doivent faire dans la situation présente, non principalement d'après des lois objectives, mais à l'aide de cette lumière individuelle interne, sont préservés ou facilement délivrés de nombreux conflits moraux qui, autrement, seraient insolubles.
Beaucoup de choses qui, dans ce système de la « morale de situation », sont contraires à la vérité objective et aux exigences de la saine raison apparaissent comme des vestiges du relativisme et du modernisme et s'éloignent beaucoup de la doctrine catholique transmise au cours des siècles. Dans de nombreuses affirmations, elles ont des affinités avec les divers systèmes de morale non catholique.
Tout ceci ayant été soigneusement examiné, pour détourner du danger de la « morale nouvelle » dont le Souverain Pontife, le Pape Pie XII, a parlé dans ses Allocutions des 23 mars et18 avril 1952 3, et pour préserver la pureté et la sécurité de la doctrine catholique, cette Suprême Sacrée Congrégation du Saint-Office interdit et prohibe d'enseigner ou d'approuver cette doctrine de la « morale de situation », de quelque nom qu'elle soit désignée, dans les Universités, les collèges, les Séminaires et les maisons de formation des religieux, de la propager et de la défendre dans des livres, des traités, des cours, des conférences ou de quelque façon que ce soit.
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1 D'après le texte latin des A. A. S., XXXXVIII, 1956, p.144, traduction française de la Documentation Catholique, du 15 avril, col. 463-464.
2 Instruction adressée à tous les Ordinaires, aux professeurs de Séminaires, de maisons d'étude pour les religieux, de collèges et d'Universités.
3 A. A. S., XLIV, 1952, p. 270 et suiv., et p. 413 et suiv. Documents Pontificaux 1952, p. 82 et suiv., p. 132 et suiv.
(Tiré de Documents Pontificaux de Sa Sainteté Pie XII, réunis et présentés par R. Kothen, Éditions de Suisse et de Paris, 1956, pages 775-776.)
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Louis- Admin
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