À propos des femmes voilées au temps de Saint Paul.

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Message  Louis Lun 11 Nov 2019, 4:25 pm

Tirés de : DOM PAUL DELATTE, Abbé de Solesmes in Les Épîtres de Saint Paul, replacées dans le milieu historique des Actes des Apôtres. Tome premier, juillet 1938, Maison Mame – Tours, pages 343-346.

CHAPITRE  XI   (suite)

LES RÉUNIONS CHRÉTIENNES

Bible GLAIRE, I Corinthiens, chapite XI, vv. 2-16 a écrit:

2. Je vous loue, mes frères, de ce qu'en toutes choses vous vous souvenez de moi, et gardez mes préceptes tels que je vous les ai donnés.
3. Or je veux que vous sachiez que le chef de tout homme est le Christ ; le chef de la femme, l'homme ; et le chef du Christ, Dieu.
4. Tout homme qui prie ou prophétise la tête couverte déshonore sa tête;
5. Et toute femme qui prie ou prophétise la tête découverte déshonore sa tête ; car c'est comme si elle était rasée.
6. C'est pourquoi si une femme ne se voile pas, qu'elle soit tondue. Or s'il est honteux à une femme d'être tondue ou rasée, qu'elle voile sa tête.
7. Pour l'homme, il ne doit pas voiler sa tête, parce qu'il est l'image et la gloire de Dieu ; mais la femme est la gloire de l'homme.
8. Car l'homme n'a pas été tiré de la femme, mais la femme de l'homme.
9. Et l'homme n'a pas été créé pour la femme, mais la femme pour l'homme.
10. C'est pourquoi la femme doit avoir une puissance sur sa tête, à cause des anges.
11. Cependant, ni l'homme n'est point sans la femme, ni la femme sans l'homme, dans le Seigneur.
12. Car, comme la femme a été tirée de l'homme, ainsi l'homme est par la femme : mais tout vient de Dieu.
13. Jugez vous-mêmes : Sied-il à la femme de prier Dieu sans être voilée ?
14. La nature même ne vous apprend-elle pas que si un homme entretient sa chevelure, c'est une ignominie pour lui ?
15. Que si, au contraire, la femme soigne sa chevelure, c'est une gloire pour elle, parce que les cheveux lui ont été donnes pour voile ?
16. Si quelqu'un paraît aimer à contester, pour nous, ce n'est point notre coutume ni celle de l'Église de Dieu.


CHAP. XI. 3. Ephés., V, 23. — 7. Genèse, I, 26.  —  9. Genèse, II, 23.

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6. Qu’elle soit tondue : qu'elle soit ou qu'elle consente à passer pour une femme dévergondée.
8. * Adam a été créé directement par Dieu ; Ève a été formée d'une côte d'Adam.
10. Une puissance ; une marque, un symbole de la puissance, que l'homme a sur elle ; c'est-à-dire un voile, par respect pour les saints anges qui sont présents, et seraient blessés par la tenue peu modeste des femmes.
13, 14. Saint Paul parle ici dans le sens de la discipline reçue de son temps; ainsi son raisonnement n'a rien d'absolu, et le mot nature qu'il emploie doit s'entendre d'une coutume presque universelle, parmi les peuples les mieux connus, et qui par là même forme une espèce de droit naturel. Remarquons de plus, qu'il n'est honteux à un homme de laisser croître ses cheveux, que quand il le fait par vanité, ou sans aucun motif raisonnable, mais qu'il en est tout autrement lorsqu’il le fait par religion, comme par exemple les Nazaréens.
16. Contester ce que je viens de dire : les arguments de Paul ne sont pas, en effet, pleinement démonstratifs. — Cette habitude , de contester. D’autres : cette coutume, chez-nous, chrétiens d’origine juive, les femmes n’assistent jamais sans voiles aux réunions du culte.

Note de Louis : DOM DELATTE fait de longs paragraphes ; Je les ai aérés pour que la lecture soit plus facile, en espérant ne pas entraver la pensée développée par l’abbé de Solesmes. Bien à vous.


L'Apôtre continue à répondre aux questions qui lui ont été adressées par les prêtres de Corinthe. Les quatre chapitres XI, XII, XIII, XIV, sont relatifs au bon ordre intérieur de la communauté chrétienne dans les réunions de prière et l'Agape primitive. Ils ont pour dessein de régler la tenue des femmes dans ces réunions (XI, 2-16) …

Tout n'était pas achevé dans ces jeunes communautés chrétiennes, lorsqu'elles avaient reçu l'enseignement de la foi et le baptême ; l'apostolat eût été bien incomplet, son œuvre bien précaire, le bon ordre intérieur peu assuré, si saint Paul n'eût veillé à l'organisation de la société nouvelle, défini ses institutions, sa fin. sa législation, sa vie propre, déterminé les lois de l'enseignement, de la prière, du service divin. Au cours des dix-huit mois de son premier séjour, il avait eu le loisir de jeter les bases de cette organisation intérieure ; les prêtres de Corinthe avaient maintenu exactement la pensée de l'Apôtre ; mais le temps et les conversions avaient fait naître des problèmes nouveaux. Aussi, après avoir loué les prêtres de Corinthe du souvenir qu'ils ont gardé de lui, et de leur fidélité aux prescriptions antérieurement données, l'Apôtre aborde-t-il les questions nouvelles portées à son jugement, et tout d'abord la tenue extérieure des femmes dans les assemblées consacrées à la prière. Contrairement à l'usage de l'Orient et de la Grèce elle-même, des chrétiennes paraissaient non voilées à ces réunions, et y prenaient la parole ; double erreur pratique réprouvée par l'Apôtre : elles seront voilées ; elles garderont le silence (XIV, 34; I Tim., II, 9-12). D'où avait pu naître, chez ces chrétiennes, l'usage de paraître non voilées dans l'assemblée des fidèles ?

Ne peut-on pas supposer, ici encore, une extension irrégulière de la doctrine de l'Apôtre, une autre interprétation inexacte du principe de liberté et de l'évanouissement de toutes les distinctions purement humaines dans l'unité glorieuse de notre vocation surnaturelle ? L'Apôtre avait dit aux Corinthiens ce qu'il écrira aux Galates (III, 27, 28): Quicumque in Christum baptizati estis, Christum induistis. Non est Judaeus neque Graecus, non est sevvus neque liber ; non est masculus neque femina. Omnes enim vos unum estis in Christo Jesu. De là, sans doute, un certain mouvement féministe, où le sexe faible réclama les droits et usurpa les habitudes du sexe fort. C'était amener l'Apôtre à restituer et à maintenir des distinctions hiérarchiques qui viennent de Dieu, et qui d'ailleurs ne touchent en rien à la commune noblesse de notre vie surnaturelle.

Nous sommes tous enfants de Dieu, par et dans le Christ, il est vrai ; mais il existe néanmoins une hiérarchie instituée de Dieu ; elle consiste en ceci : l'homme est la tête de la femme, le Christ est la tête de l'homme, Dieu est la tête du Christ. L'expression métaphorique employée ici par l'Apôtre a pour dessein, comme au chapitre III, 22, 23, de signaler les relations mutuelles que soutiennent ensemble tous les êtres énumérés ; car de la tête au corps, il y a union, il y a influence et effusion de vie, il y a prééminence et supériorité.

L'Apôtre s'arrête à cette dernière relation ; et négligeant pour l'instant le rapport du Christ à Dieu, établit la relation de supériorité du Christ à l'homme, de l'homme à la femme. Ceci est aussi de Dieu. Selon l'ordre où vous disposerez ces trois éléments, le Christ, l'homme, la femme, il y aura prééminence, ou, inversement, subordination. Jusque-là, la pensée de l'Apôtre est claire. Ce qui suit (verset 4) offre plus de difficulté. La traduction est simple : "Tout homme qui prie publiquement ou parle dans l'assemblée chrétienne sous l'influence de l'Esprit de Dieu, la tête voilée, déshonore sa tête ; et toute femme qui parle et prophétise, la tête non voilée, déshonore sa tête".

Mais le sens et la suite logique de la pensée ne peuvent être compris qu'à la condition de reconnaître la signification exacte que prend le voile aux yeux de l'Apôtre. Non seulement il y a une subordination naturelle de la femme ; mais le voile qu'elle porte, comme le voile naturel de sa chevelure, est l'indice de cette subordination. Le voile naturel et le voile surajouté ont tous deux pour l'Apôtre cette même signification. Aussi dira-t-il que supprimer l'un, c'est perdre son titre à garder l'autre. Dès lors, un homme qui se présenterait dans l'assemblée chrétienne la tête voilée, adoptant pour lui un usage réservé aux femmes, déshonorerait sa tête en affirmant sa sujétion et sa dépendance à l'égard d'un autre que le Christ. Ce n'est là qu'une supposition. L'hypothèse n'a d'autre dessein que d'amener le verset suivant, qui vise un fait trop réel à Corinthe.

Une chrétienne qui, de par son sexe, est inférieure à l'homme, et qui, au lieu de voiler ses traits et de témoigner ainsi qu'elle est sujette, qu'elle appartient à son époux, et que sa beauté n'est que pour lui, se présente dans l'assemblée chrétienne sans porter un voile sur sa tête, déshonore sa tête, dément son sexe et sa sujétion naturelle à l'homme ; elle se place résolument en dehors des conditions qui assurent la décence et le bon ordre. Ayant renoncé à son voile, pourquoi ne lui enlèverait-on pas aussi le voile naturel de sa chevelure ? Ils ont tous deux la même intention, le même dessein, la même signification ; ils doivent être gardés ou abandonnés ensemble. Si pourtant elle n'use plus de l'un, pourquoi se servir de l'autre ? Et si, inversement, elle regarde comme une honte d'être tondue ou rasée, qu'elle garde donc aussi son voile.

L'homme n'a que faire d'un voile : il a été, sans intermédiaire, créé à l'image de Dieu, il est la gloire de Dieu et ne descend que de lui ; la femme est la gloire de l'homme qui lui est, de nature, supérieur. Cette supériorité date de la création même, car le premier homme n'est pas issu de la femme, mais des mains de Dieu ; la femme a été tirée de l'homme. Et c'est à raison de cette sujétion et infériorité naturelle que, sous peine de s'arroger les droits de l'homme et de vouloir marcher son égale, la femme doit porter sur elle son voile, comme l'indice de son appartenance; et ce, à cause des anges, présents à nos réunions chrétiennes, et qui réprouvent toute attitude désordonnée. A part cette réserve d'ordre naturel et divin, les deux sexes sont égaux devant Dieu, et la vocation surnaturelle d'enfants de Dieu est commune à l'homme et à la femme. La première femme a été formée du premier homme ; mais depuis, tout homme naît de la femme: il y a donc mutuelle dépendance entre eux et commune dépendance à l'égard de Dieu.

Peut-être l'Apôtre a-t-il conscience que l'intelligence de chacun n'est point satisfaite encore ; aussi fait-il appel au sens naturel, à la décence, à cette appréciation immédiate qui d'elle-même se formule en nous d'après la coutume des sages.

" Consultez-vous vous-mêmes, dit l'Apôtre ; est-ce chose convenable qu'une femme prie tête nue ? La simple décence ne réclame-t-elle rien de plus ? Et à Corinthe surtout la dignité des réunions chrétiennes ne court-elle pas de grands risques si l'on se relâche sur ce point ? En dehors de toute autre considération, ne tombe-t-il pas sous le sens qu'un homme s'il laisse croître sa chevelure et l'entoure de soins, passe pour un efféminé ; au lieu que, chez une femme, cela est légitime, sa chevelure lui étant un voile, un diadème, un élément de beauté ? Après tout, dit l'Apôtre, contestera qui voudra ; peut-être ces questions que la coutume a traitées diversement chez les peuples, ne sont-elles pas susceptibles d'une solution définitive et rigoureuse. Ce qui suffira aux âmes dociles et sages, c'est de savoir que cette coutume n'est point la nôtre, ni celle des Eglises de Dieu".

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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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