Les Mages : Qui sont-ils ?
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Les Mages : Qui sont-ils ?
Les MagesI
« Ayant, entendu le Roi Hérode, les Mages s'en allèrent, et voici que l'étoile qu'ils avaient vue en Orient les précédait, jusqu'à ce qu'elle vînt s'arrêter au-dessus du lieu où était l'Enfant. Or, en voyant l'étoile, ils furent remplis d'une grande joie. Et entrant dans la maison, ils trouvèrent l'Enfant avec Marie sa mère, et de leurs trésors ouverts ils lui offrirent en présents de l'or, de l'encens et de la myrrhe ; et ayant été avertis en songe de ne pas revenir vers Hérode, ils retournèrent dans leur pays par un autre chemin (1). »II
Les Mages ne furent pas les premiers adorateurs de l'enfant Jésus; cet honneur revient, comme nous l'avons vu, aux bergers de Bethléem. Ainsi, après les Juifs, les Gentils : c'est tout le genre humain appelé à reconnaître le Roi nouveau-né. Après les bergers, les rois : c'est le monde renversé, dit la sagesse humaine ; c'est le monde redressé, répond la sagesse divine. Le pauvre et le petit, avant le riche et le grand : c'est l'égalité devant Dieu, c'est l'esclavage brisé, c'est la fin de l'exploitation de l'homme par l'homme, et le commencement de la révolution bénie que vient opérer l'Enfant de Bethléem. Avis à tous, aux chrétiens, comme à ceux qui ne le sont pas ou qui ne le sont plus.III
1º Qui étaient les Mages?
2º D'où venaient-ils?
3º Étaient-ils rois?
4º Quel est le nombre et le nom des Mages?
5º Quelle est cette étoile qui leur servit de guide
6º et comment en connurent-ils la signification ?
7º Quelle fut l'époque et la durée de leur voyage?
8º Quelle est la signification de leurs présents?
9º Que devinrent les Mages après l'adoration de l'enfant Jésus?
10º Où sont aujourd’hui leurs reliques?
11º Comment les siècles chrétiens les ont-ils honorés?
Autant de questions dont la réponse est nécessaire pour connaître ces illustres personnages, qui occupent une si grande place dans l'histoire, puisqu'ils furent les premiers chrétiens de la gentilité, c'est-à-dire des quatre cinquièmes du genre humain.Note de Louis : dès que nous publierons sur les questions ci-dessus, nous mettrons un lien pour en faciliter la lecture. Bien à vous.
1° Qui étaient les Mages?…
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(1) Math., II, 9-12.
Dernière édition par Louis le Mar 01 Oct 2019, 6:03 am, édité 12 fois (Raison : Insertion de liens.)
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Les Mages : Qui sont-ils ?
Les MagesSUITEIV
1° Qui étaient les Mages? Jusqu'à la naissance du Messie, l'Orient, berceau du genre humain, gardait d'antiques traditions venues des révélations primitives. La mieux conservée était celle qui annonçait la venue d'un Dieu, roi, législateur et libérateur du monde. « Tout l'Orient, écrit Suétone, retentissait de l'antique et constante croyance qu'il était dans les destins, qu'en ce temps (vers l'époque de Notre-Seigneur), des hommes partis de la Judée jouiraient de la puissance souveraine (1). » Et Tacite : « C'était l'opinion générale que les anciens livres des prêtres annonçaient qu'à cette époque l'Orient prévaudrait, et que de la Judée sortiraient les maîtres du monde (2).V
Les prêtres dont parle Tacite étaient les Mages. Dans les langues de l'antique Orient, le mot Mage veut dire prêtre, philosophe, conservateur et interprète des mystères de la science divine et humaine. Sages, savants, adonnés surtout à l'étude des astres si profondément mystérieuse, et relativement si facile sous le ciel transparent de la Chaldée et de la Mésopotamie, les Mages formaient une caste nombreuse, qui paraît n'avoir pas été sans rapports avec les Brahmes de l'Inde, dont elle fut vraisemblablement la souche originelle. Les Mages étaient très répandus dans la Perse, dans la Babylonie, dans la Bactriane et dans les autres parties du haut Orient. Telle était leur puissance et le respect religieux dont ils étaient environnés, qu'en Perse, par exemple, il fut un temps où nul ne pouvait être roi s'il n'était Mage ou disciple des Mages (3).VI
Cette caste sacerdotale se divisait en trois catégories. La première se composait, des Mages, les plus savants et les plus vénérables. Ils habitaient d'ordinaire sur les montagnes et menaient une vie si austère, qu'ils ne mangeaient ni chair ni poisson, se contentant, pour toute nourriture, de légumes bouillis dans l'eau avec de la farine. La seconde comprenait les prêtres proprement dits, en rapports plus habituels avec les populations. La troisième s'adonnait aux sciences occultes, à la magie, aux évocations du démon et faisait en Orient ce que font encore, dans tous les pays idolâtres, les prêtres des faux dieux.VII
A quelle catégorie appartenaient les Mages qui vinrent adorer l'Enfant de Bethléem ? Suivant les plus anciens pères de l'Église, saint Ignace, saint Justin, Origène, Tertullien, ils appartenaient à la troisième. Toute la milice céleste étant descendue sur la terre pour chanter l'incarnation et la naissance du vainqueur de l'enfer, la puissance des démons reçut d'un bout du monde à l'autre un coup mortel. Faiblesse et difficulté dans les prestiges, hésitation et trouble dans les oracles, silence même dans les consultations : ces phénomènes insolites firent réfléchir les Mages et les amenèrent à se dire qu'un Dieu plus puissant devait être descendu sur la terre. Puis l'étoile prophétique venant à briller acheva de fixer leur opinion.
Si le sentiment des Pères est vrai, il faut convenir qu'aller choisir pour première conquête les hommes les plus enfoncés dans l'idolâtrie, c'est combattre de haute lutte et, comme on dit, prendre le taureau par les cornes. Mieux que tout, un pareil coup d'éclat manifeste la puissance souveraine du dur guerroyeur, encore couché dans son berceau (1).
2° D'où venaient les Mages?…
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(1) Percrebuerat Oriente toto vetus et constans opinio, esse in fatis ut eo tempore Judæa profecti rerum potirentur. In Vespas., c. IV.
(2) Pluribus persuasio inerat, antiquis sacerdotum litteris contineri, eo ipso tempore fore ut valesceret Oriens, profectique Judaea rerum potirentur. Hist., lib. V, 13.
(3) Regem Persarum esse non potuisse, qui non antea magorum disciplinam atque scientiam percepisset. Cicer., De Divinat., apud Baron., an. l, n. 23.
(1) Hinc evanuit mundi sapientia, prestigia facta sunt nugæ, magia risus, omnes ritus malitiæ aboliti, cum Deus et homo apparuit, et homo ut Deus operabatur. S. Ignat., Ep. ad Ephes.
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Re: Les Mages : Qui sont-ils ?
Les MagesSUITEVIII
2° D'où venaient les Mages? Il y avait plus de mille ans que Balaam, mage lui-même, appelé par Balac pour maudire Israël, avait, prophète malgré lui, appelé sur ce peuple toutes les bénédictions divines et annoncé dans la suite des siècles ses glorieuses destinées. De bouche inspirée étaient sorties ces mémorables paroles : « Une étoile se lèvera de Jacob, et le Sceptre sortira d'Israël (1). » Il ajoute que Celui qui portera le sceptre annoncé par l'étoile dominera l'Orient et l'Occident.IX
Or, la prédiction de Balaam fut faite dans l'Arabie. Sans doute Balaam était Mésopotamien, comme lui-même le dit ; mais il avait été appelé par Balac, roi des Moabites, dont le royaume et la capitale, appelée Moab, étaient dans l'Arabie. C'est donc dans ce pays que son étonnante prophétie dut se conserver avec le plus de fidélité ; d'autant plus que les Mages, prêtres de l'Arabie, étaient les confrères et les successeurs de Balaam. Rien n'est plus certain, dit saint Jérôme : « A la confusion des Juifs, qui devaient apprendre des Gentils la naissance du Messie, une étoile paraît à l'Orient : étoile qu'avait prédite Balaam dont ils étaient les successeurs (2). » Voilà une première indication du pays des Mages qui vinrent à Bethléem.X
A leur tour, les vrais prophètes, dont l'exactitude brille dans les moindres détails, nous en fournissent une seconde. David contemple dans le lointain des âges son petit-fils et son Dieu, couché dans son pauvre berceau, et il s'écrie : « Les rois des Arabes et de Saba lui apporteront des présents (1). » Isaïe est encore plus explicite. L'avenir est devant ses yeux. Il voit le soleil éternel, le Verbe Jésus descendre sur la terre, dont il dissipe les ténèbres, puis des rois marchant aux rayons de sa gloire. Alors s'adressant à Jérusalem, il lui dit : « Tu seras couverte d'une inondation de chameaux et de dromadaires de Madian et d'Epha. Tous ceux de Saba viendront, apportant or et encens, et chantant gloire au Seigneur (2). »
Madian et Epha étaient deux petits royaumes d'Arabie, dont les habitants descendaient d'Abraham par Cétura…
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(1) Orietur Stella ex Jacob, et consurget virga de Israël. Num., XXIV, 17.
(2) Ad confusionem Judæorum, ut nativitatem Christi a gentibus discerent, oritur in Oriente Stella : quam futuram, Balaam, cujus successores erant, vaticinio noverant. Comment, in Matthæum, c. II.
(1) Ps. LXXI, 10.
(2) Is. LX, 6.
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Re: Les Mages : Qui sont-ils ?
Les MagesSUITEXI
Madian et Epha étaient deux petits royaumes d'Arabie, dont les habitants descendaient d'Abraham par Cétura. De cette femme, Abraham eut, entre autres, deux fils, Jexam et Madian. Jexam fut père de Saba et Madian d'Epha. Devenus rois par droit de primogéniture, Saba et Epha donnèrent leur nom aux deux royaumes indiqués par Isaïe. Les autres détails de la prophétie ne s'appliquent pas avec moins de justesse à l'Arabie, pays renommé dans le monde entier par ses magnifiques dromadaires, vivants navires du désert, par ses mines d'or et par ses aromates, les plus recherchés de tous.XII
Sur le pays des Mages, la tradition des rabbins est d'accord avec les paroles des Prophètes, et le témoignage des premiers Pères de l'Église. « Les Mages arabes, dit saint Justin, étant venus à Bethléem, adorèrent le petit Enfant (1). » Et Tertullien : « Le Christ enfant reçut en hommage la puissance de Damas et les dépouilles de Samarie. Témoins les Mages d'Orient, qui honorent son enfance par des présents en or, en encens et en myrrhe (2). »
De cet or, David avait parlé : Et il lui sera donné de l'or de l'Arabie. Et ailleurs: Les rois des Arabes et de Saba lui apporteront des présents. En effet, presque tout l'Orient eut des Mages pour rois, et Damas faisait partie de l'Arabie avant d'être réunie à la Syrophénicie. Les Mages eux-mêmes achèvent de nous fixer sur leurs pays. Ils disent à Hérode : Nous avons vu son étoile en Orient. Or, l'Arabie est précisément à l'Orient de la Judée. « A l'Orient, dit Tacite, le territoire et les frontières de la Judée sont bornés par l'Arabie (3). »
3° Les Mages étaient-ils rois?…
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(1) Porro Magi Arabes, cum pervenissent Bethleem et adorassent puellum... Pepererat Maria Christum et ipsum in præsepe posuerat, ubi venientes ex Arabia Magi invenerunt eum, Dialog. cum Tryph., p. 303.
(2) Adv. Judæos, c. IX.
(3) Terra finisque quo ad Orientem vergunt, Arabia terminantur, Hist., lib. V.
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Re: Les Mages : Qui sont-ils ?
Les MagesSUITEXIII
3° Les Mages étaient-ils rois? Fondée sur les paroles de David et Isaïe rapportées plus haut ; sur l'ancienne coutume qui associait toujours, particulièrement en Orient, le sacerdoce à l'empire, coutume qui reparut avec éclat sous les Césars romains ; sur le témoignage des Pères de l'Église, s'exprimant par l'organe de saint Justin, de Tertullien, de saint Augustin, de saint Jérôme, de saint Césaire, de saint Hilaire, de Théophilacte, de saint Léon le Grand et de bien d'autres, la tradition de l'Orient et de l'Occident répond : les Mages étaient rois.XIV
Que dans ses limites, d'une médiocre étendue, l'Arabie ait compté plusieurs royaumes, on l'admettra sans peine, si l'on fait attention que la dignité royale ne se mesure ni à la grandeur du territoire, ni au nombre des sujets, mais qu'elle existe partout où elle est synonyme de puissance souveraine. Or, rien n'est plus ordinaire que de trouver dans l'histoire ancienne, sacrée ou profane, le titre de roi donné aux chefs d'une petite contrée et même d'une ville. L'Écriture ne nomme-t-elle pas le roi de Jéricho, le roi de Haï, le roi de Jérusalem, le roi d'Hébron, le roi de Lachis et vingt-six autres, en tout trente et un rois établis dans la Terre promise au moment de la conquête (1)?
D'un autre côté, qu'étaient les rois de Rome, de Sparte, d'Athènes, de Thèbes, d'Ithaque et de tous ces petits pays de la Grèce et de l'Italie, si follement surfaits aux yeux de notre enfance, sinon de petits princes régnant sur des territoires de quelques lieues carrées et sur quelques milliers d'habitants ? L'infériorité relative de leurs royaumes jointe à l'orgueil d'Hérode explique peut-être l'espèce de sans-façon avec lequel ce roi parvenu traite les Mages. « Allez, leur dit-il dans un langage très peu royal, et venez m'apporter des nouvelles de l'enfant. »
5° Quelle était l’étoile des Mages… ?
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(1) Josué, XII, 9-24.
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Re: Les Mages : Qui sont-ils ?
Les MagesSUITEXV
5° Quelle était l'étoile des Mages, et comment en connurent-ils la signification? Quoi qu'il en puisse être, les Mages, prêtres et rois, avaient vu dans le ciel l'étoile qui marquait la naissance du Désiré des nations. Comment l'avaient-ils reconnue? qui leur avait appris ce qu'elle annonçait? Sur ces questions, la tradition est riche de documents. Une étoile se lèvera de Jacob, c'est-à-dire tout à la fois un astre apparaîtra au ciel de la Judée qui annoncera le véritable Astre du monde, la Lumière éternelle, descendue sur la terre pour dissiper les ténèbres de quatre mille ans dont elle est enveloppée. Cet oracle était resté vivant parmi les peuples de l'Arabie.XVI
Devenu populaire chez les autres nations de l'Orient, il avait pénétré jusque dans l'hémisphère occidental. « Il y a, dit Chalcidius, philosophe platonicien, une autre histoire plus respectable et plus sainte. Elle dit qu'une certaine étoile s'est levée pour annoncer non des maladies et des morts, mais la descente d'un Dieu vénérable, ami de l'homme et du monde (1). » Puis il ajoute que les sages de Chaldée, habiles dans la science des astres, ont cherché le Dieu nouvellement né; et qu'ayant trouvé cette majesté enfantine, ils lui ont offert les présents qui lui conviennent (2).
En effet, les Mages disent à Hérode : Nous avons vu son étoile, non pas une étoile quelconque, mais l'étoile qui annonce la naissance du roi des Juifs ; l'étoile qui a été prédite à nos ancêtres par un de nos ancêtres divinement inspiré : l'étoile que nous n'avons cessé d'attendre une longue suite de siècles.
6º Qu'avait cette étoile pour se faire infailliblement reconnaître?…
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(1) Est quoque alia sanctior et venerabilior historia, quæ perhibet ortu stellæ cujusdam non morbos mortesque denuntiatos ; sed descensum Dei venerabilis ad humanæ conversationis rerumque mortalium gratiam. Com. in Timæ. Plat., part. II, VII, § 125.
(2) Ibid. — Chalcidius vivait au commencement du quatrième siècle.
Dernière édition par Louis le Mer 18 Sep 2019, 7:10 am, édité 1 fois (Raison : Renuméroter.)
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Re: Les Mages : Qui sont-ils ?
Les MagesSUITEXVII
6º Qu'avait cette étoile pour se faire infailliblement reconnaître? « L'étoile des Mages, disent saint Augustin et saint Chrysostome, d'accord avec toute la tradition, ne fut pas une des étoiles créées dès le commencement et qui accomplissent leurs révolutions, d'après la loi du Créateur ; ce fut un astre nouveau, qui apparut pour annoncer le miraculeux enfantement de la Vierge (1). »
Saint Thomas explique le témoignage des Pères et en donne les raisons. « L'étoile des Mages, dit-il, ne fut ni une comète, ni un météore, ni aucun des astres que nous voyons briller au firmament. Ce fut une étoile créée exprès, dans la région du ciel la plus voisine de la terre, et se mouvant non d'après les lois ordinaires du système planétaire, mais suivant la volonté libre du Créateur.XVIII
« En effet, cette étoile ne suivait pas la marche ordinaire des autres étoiles ; elle n'apparaissait pas seulement la nuit, mais en plein midi, ce que ne font ni les étoiles ni même la lune. Tantôt elle apparaissait, tantôt elle disparaissait. Son mouvement n'était pas continuel, comme celui des autres astres. Mais, lorsque les Mages devaient marcher, elle marchait; lorsqu'ils devaient s'arrêter, elle s'arrêtait (2). »
On voit par là combien sont absurdes certains savants qui prétendent que l'étoile des Mages fut le résultat de la conjonction de deux astres, prédestinés d'avance à se trouver réunis au moment précis de la naissance du Messie. Est-ce qu'une conjonction stellaire n'est pas soumise aux lois qui dirigent les astres du firmament? Peut-elle paraître en plein midi? Peut-elle tour à tour se montrer et se cacher? Et finalement peut-elle demeurer immobile sur un point du ciel, correspondant à une maison terrestre ; puis disparaître sans retour? Voilà où conduit la prétention de vouloir tout expliquer naturellement, afin d'échapper au miracle.
Depuis longtemps attendu, l'astre béni avait été figuré par la colonne de feu qui dirigeait la marche des Israélites dans le désert…
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(1) Non ex illis erat hæc stellis quæ ab initio creaturæ itinerum suorum ordinem sub Creatoris lege custodiunt ; sed novo Virginia partu novum sidus apparuit. Contra Faustum, lib. II, c. V. ; S. Chrys. Homil. II, in Matth.
(2) III p, q. 36, art. 7.
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Re: Les Mages : Qui sont-ils ?
Les MagesSUITEXIX
Depuis longtemps attendu, l'astre béni avait été figuré par la colonne de feu qui dirigeait la marche des Israélites dans le désert, mais plus noble était sa mission. L'antique colonne indiquait au peuple figuratif la route de la Terre promise : l'étoile des Mages conduisit le genre humain au berceau de l'Enfant-Dieu.
En effet, il ne faut pas croire, comme quelques-uns l'ont prétendu, que l'étoile demeurait au point du ciel correspondant perpendiculairement à Jérusalem, et qu'elle ne marcha devant les Mages qu'à partir de cette ville jusqu'à la sainte maison de Bethléem. « La parole des Mages, dit saint Thomas, nous avons vu son étoile en Orient, ne veut pas dire que les Mages étant en Orient avaient vu l'étoile fixée sur la terre de Judas : mais qu'elle était en Orient, que c'est là qu'ils l'avaient vue et qu'elle avait marché devant eux jusqu'en Judée (1). »XX
Voici un autre détail également certain, quoique moins connu. L'étoile des Mages surpassait en lumière non seulement la colonne du désert, mais les étoiles, la lune, le soleil, tous les globes lumineux qui étincellent à la voûte du ciel. Emblème de Celui qui est la lumière par essence, sa lumière éclipsait la lumière de tous les astres.
Telle est la déposition d'un témoin parfaitement placé pour connaître ce fait, et dont la parole est au-dessus de tout soupçon. « L'étoile des Mages, dit saint Ignace d'Antioche, dont le père et la mère avaient pu la voir, brillait d'un éclat supérieur à toutes les clartés qu'on avait jamais vues, Sa lumière était ineffable, et la nouveauté d'un pareil phénomène jeta dans la stupeur tous ceux qui en furent témoins. Les étoiles, la lune, le soleil ne semblaient plus que des satellites de cet astre admirable dont l'éclat les faisait tous pâlir (1). »
Un des plus illustres vicaires de Notre-Seigneur Jésus-Christ…
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(1) Patet quod verbum Magorum dicentium : Vidimus stellam ejus in Oriente, non est sic intelligendum quasi ipsis in Oriente positis stella apparuerit existens in terra Juda; sed quia viderunt eam in Oriente existentem, et præcessit eos usque in Judæam... Non autem potuisset distincte doraum demonstrare, nisi esset terræ vicina. S. Th., ibid.
(1) Stella fulsit splendore exsuperans omnes quotquot ante fuerant. Lux enim illius inenarrabilis erat, et stuporem incussit omnibus respicientibus eam rei novitas. Omnia autem reliqua astra una cum sole et luna chorus fuere stellæ illius ; ipsa vero claritate exsuperabat omnes. Epist. ad Ephes.
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Re: Les Mages : Qui sont-ils ?
Les MagesSUITEXXI
Un des plus illustres vicaires de Notre-Seigneur Jésus-Christ, saint Léon, continue, en le confirmant, le témoignage de saint Ignace. « Aux trois Mages, dit-il, apparut dans une région de l'Orient une étoile plus brillante et plus belle que tous les astres. Elle attira les regards et fixa l'attention de tous ceux qui la virent. On comprit aussitôt que ce n'était pas en vain qu'apparaissait un si étrange phénomène (2). »
Avant que les nations chrétiennes eussent perdu, avec le sens chrétien, le patrimoine de leurs anciennes traditions, la clarté incomparable de l'étoile des Mages était demeurée populaire.
La poésie l'avait chantée dans des vers immortels, et les multitudes rassemblées dans les temples redisaient ce que l'Église continue de redire à ses enfants : « Salut, étoile, qui par ta beauté et par ton éclat fis pâlir le disque du soleil. »Stella quæ solis rotam
Vincit decore ac lumine (1).XXII
Personne plus que les Mages ne fut frappé de l'apparition de l'astre merveilleux. Ils l'attendaient et en connaissaient la signification.
Ils l'attendaient. La tradition rapporte que les mages d'Arabie, gardiens fidèles de l'oracle de Balaam, avaient, de temps immémorial, fondé un collège de douze des plus instruits parmi eux, afin de signaler l'apparition de l'étoile prophétique. A la mort, le fils prenait la place du père. Chaque année, après les moissons, ils montaient sûr une haute montagne, appelée Montagne de la Victoire, peut-être la même du sommet de laquelle Balaam avait prédit et les victoires d'Israël, et l'étoile du Messie, vainqueur du monde. Là, ils demeuraient trois jours en prières, demandant instamment à Dieu de leur montrer l'étoile prédite par Balaam, leur aïeul.
Trois d'entre eux demeuraient sur la montagne et continuaient la prière….
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(2) Tribus magis in regione Orientis Stella novæ claritatis apparuit, quæ illustrior cæteris pulchriorque sideribus, in se intuentium oculos animos que converteret, ut confestim adverteretur non esse otiosum quod tam insolitum videbatur. Serm. I, in Epiph., n. 1, ad fin.
(1) Hymn. Prudent., in offic. Epiph., ad Laud.
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Re: Les Mages : Qui sont-ils ?
Les MagesSUITEXXIII
Trois d'entre eux demeuraient sur la montagne et continuaient la prière. Au temps marqué, ils étaient remplacés par trois autres, en sorte que leurs veilles et leurs supplications étaient aussi continuelles que leur attente (1). Serait-il étonnant que les Mages n'eussent pas cessé d'être en observation pour attendre l'étoile, quand on voit, aujourd'hui même, les Suisses entretenir pendant l'hiver, sur les sommets glacés des Alpes, trois hommes chargés de faire des observations barométriques ?
Ce fut aux Mages en observation sur le mont de la Victoire, comme aux bergers de garde dans la tour d'Ader, que, pendant la nuit de Noël, apparut aux premiers l'étoile si longtemps attendue et si ardemment désirée, et aux seconds l'Ange rayonnant de lumière annonçant la naissance du Sauveur.
Ils en connaissaient la signification. Bien que l'Ecriture ne le dise pas, il est vraisemblable que Balaam donna le signalement de l'étoile prophétique, de-manière à la faire reconnaître entre tous les astres du firmament. A cette connaissance naturelle se joignit l'illumination surnaturelle. « Les Mages, dit saint Léon, éclairés intérieurement par la lumière de la grâce, reconnurent aussitôt l'étoile (2). » Elle fut pour eux ce que la voix de l'Ange était pour les Bergers, la voix du Ciel, à laquelle ils obéirent avec transport.
Quel est le nombre et le nom des Mages?...
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(1) Hom. II, in opus imperfectum attribué à saint Chrysostome; ea tout cas fort ancien. Voir S. Th., 3a p., q. 36, art. 5 ad. 4.
(2) Agente sine dubio in eorum cordibus divina inspiratione, ut eos tantæ visionis mysterium non lateret. S. Leo, Serm. IV, in Epiph.
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Re: Les Mages : Qui sont-ils ?
Les MagesSUITEXXIV
4° Quel est le nombre et le nom des Mages? La tradition que nous venons de rapporter, et qui est autorisée par l'assentiment des siècles et l'autorité des souverains pontifes, fixe à trois le nombre des Mages. « Ces trois hommes, dit saint Léon le Grand, suivant la lumière d'en haut, et méditant avec attention ce signe que leur donne l'astre brillant qui les précède, arrivent par l'illumination de la grâce à la connaissance de la Vérité (1). »
Enfin le nombre de leurs présents indique assez le nombre de leurs personnes.
Elle ajoute que par leur âge ils représentaient la vie humaine dans toute son étendue : Gaspard, la jeunesse ; Melchior, la vieillesse (2); Balthasar, l'âge mûr : comme par leur nombre ils représentaient les trois races descendues de Noé, par conséquent l'humanité tout entière.XXV
Les trois Mages qui veillaient à l'heure fortunée s'appelaient, ainsi que nous venons de le dire : Gaspard, Melchior et Balthasar. Comme plusieurs seraient tentés de le croire, ces noms devenus populaires n'ont pas été inventés à plaisir, ni admis sans preuves. La tradition les a gravés dans la mémoire des générations chrétiennes. Ces noms sans doute ne sont pas latins; ils sont orientaux et viennent de l'Arabie ou de la Chaldée, comme le prouve le nom de Balthasar, donné au prophète Daniel, et porté aussi par le roi de Babylone.
Déjà au commencement du cinquième siècle on les trouve dans la chronique de Dexter; plus tard dans les ouvrages du Vénérable Bède ; dans l'ancien Martyrologe de Maurolicus, et dans beaucoup d'autres : ils sont honorés à Cologne sous ces différents noms. Cette illustre église célèbre la fête de saint Gaspard le 1er janvier, celle de saint Melchior le 6, et celle de saint Balthasar le 11 du même mois; et ce qui tranche la question, l'Église catholique permet encore aujourd'hui à ses enfants de prendre au baptême pour patrons ceux qui les ont portés (1).
Quelle fut l'époque et la durée de leur voyage?…
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(1) Seqnuntur tres viri superni luminis ductum, et prævii fulgoris indicium intenta contemplatione comitantes, ad agnitionem veritatis, gratiæ splendore, ducuntur. Serm. 1 de Epiph.
(2) Il avait 109 ans lorsqu'il fut martyrisé.
(1) Voir les Bolland. et le Martyrol. Gall.
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Re: Les Mages : Qui sont-ils ?
Les MagesSUITEXXVI
7° Quelle fut l'époque et la durée de leur voyage?
Sur la durée du voyage des Mages et l'époque de l'apparition de l'étoile, une difficulté s'est élevée dans quelques esprits. Les paroles de saint Matthieu l'ont fait naître : « Hérode voyant qu'il avait été trompé par les Mages fut violemment irrité, et il envoya tuer tous les enfants qui étaient à Bethléem, ainsi que dans le pays d'alentour, depuis l'âge de deux ans et au-dessous, selon le temps indiqué par les Mages. »
D'après ce texte, les uns avaient prétendu que le voyage des Mages avait duré deux ans, opinion qui se réfute d'elle-même, les Mages fussent-ils partis des extrémités du monde. Les autres, que les Mages avaient attendu deux ans avant de se mettre en route ; autre opinion non moins insoutenable que la première, puisqu'elle implique de la part des Mages une indifférence inadmissible. Tout cela pour expliquer les deux ans marqués dans le texte évangélique.XXVII
Saint Chrysostome et Baronius lèvent la difficulté. « II ne faut pas, dit le premier, s'étonner si Hérode fit tuer tous les enfants de deux ans et au-dessous. En effet, la crainte et la cruauté formaient le caractère de ce tyran, qui pour plus de sûreté fit étendre le massacre à un espace de temps plus considérable afin qu'aucun enfant, d'un âge plus ou moins rapproché de la naissance du Christ, ne pût échapper (1). »
Baronius donne un sens plus direct. Il dit : « Selon le temps indiqué par les Mages : cela signifie : à partir du temps indiqué par les Mages et jusqu'à deux ans au delà, et non pas en deçà ; en sorte que les enfants nés après Notre-Seigneur et après l'apparition de l'étoile n'étaient pas compris dans le massacre, puisqu'ils ne pouvaient donner aucun soupçon (2). »
Quant au temps où eut lieu le massacre des Innocents, il est certain…
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(1) Quod Herodes a biennio et infra pueros interfici jussit, non mireris : si quidem conveniunt in eum tyrannum pavor et furor, pro abundanti cautionis majus tempus conclusit, ne quis vel proximæ ætatis effugeret. Hom. VII, in Matth.
(2) Sicque ex his, ni fallor sublata illa videtur de biennio et tempore a magis præquisita difficultas. An. 1, n. 33.
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Re: Les Mages : Qui sont-ils ?
Les MagesSUITEXXVIII
Quant au temps où eut lieu le massacre des Innocents, il est certain qu'il ne suivit pas immédiatement la naissance de Notre-Seigneur. Hérode ne voyant pas revenir les Mages put s'imaginer qu'ils avaient été trompés: que l'étoile n'était qu'un météore insignifiant et que, pour ne pas s'exposer au ridicule, ils n'avaient pas voulu repasser par Jérusalem. Du reste, l'événement de Bethléem n'avait probablement pas produit à la cour d'Hérode, si tant est que la nouvelle y fût parvenue, plus d'effet que les miracles de nos jours n'en font sur nos incrédules.
Mais lorsque l'Enfant Jésus eut été apporté à Jérusalem et présenté publiquement au temple; qu'il eut été reconnu et célébré par le vieillard Siméon, un des personnages les plus saints de Jérusalem, comme le Sauveur du monde, et cela en présence de la multitude; alors Hérode, comprenant que le Roi des Juifs était né, ordonna le massacre afin de se défaire d'un compétiteur aveuglément redouté.XXIX
Quoi qu'il en soit, non moins dociles que les bergers à l'appel divin, les Mages firent à la hâte leurs préparatifs de départ, et, guidés par l'étoile, ils se mirent en route vers l'occident. Les circonstances de ce voyage nous sont inconnues. On sait seulement qu'il dura treize jours, et qu'ils arrivèrent à Bethléem le 6 janvier. Fixée à ce jour de toute antiquité, la fête de l'Épiphanie rend le fait incontestable. Sur ce point la tradition est unanime.XXX
La courte durée du voyage confirme le témoignage des saints Pères, entre autres de saint Justin, qui font venir les Mages de l'Arabie : « Les Mages partis de l'Arabie viennent l'adorer (1). »
En effet l'Arabie n'était pas très éloignée de la Judée ; et les Arabes avaient pour se transporter les magnifiques dromadaires, connus par la rapidité de leur marche.
La suite des Mages paraît avoir été assez nombreuse et en rapport, soit avec la dignité royale dont ils étaient revêtus, soit avec la majesté du nouveau Roi auprès de qui ils venaient en ambassade, chargés de lui offrir les plus riches présents de leur pays.XXXI
L'Évangile nous a dit ce qui leur arriva dans Jérusalem, puis leur départ de cette ville pour Bethléem. Au récit de saint Mathieu, la tradition ajoute un détail qui trouve ici sa place. Sortis de Jérusalem par la porte du Midi, aujourd'hui la Porte de Jaffa, les Mages entrèrent dans la vallée de Raphaïm ou des Géants, si célèbre dans l'Écriture. C'est après avoir cheminé pendant à peu près un quart d'heure, et comme ils arrivaient au pied d'une colline, que l'étoile reparut à leurs yeux.
Or, en ce même lieu, au pied de la même colline on trouve encore aujourd'hui le Puits des Trois-Rois, dont le nom rappelle et la réapparition de l'étoile et la joie dont sa vue transporta les courageux pèlerins. Continuant sa mission, l'astre mystérieux demeura visible jusqu'à ce qu'il vint s'arrêter au point du ciel qui correspondait perpendiculairement au lieu béni, où se trouvait le divin Enfant. Dans des sentiments qu'on devine, mais qu'on ne peut exprimer, ils entrèrent et offrirent leurs présents au Dieu nouveau-né : c'était le sixième jour de janvier.
8° Quelle est la signification de leurs présents?…
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(1) Magi profecti ab Arabia illum adoravere. Dial. cum Tryph.; Tertull. Contr. Judæis. S.Cypr., S. Epiph. et alii.
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Les MagesSUITEXXXII
8° Quelle est la signification de leurs présents? Chacun convient que les présents des Mages avaient une signification mystérieuse, en rapport avec les qualités de l'Enfant de Bethléem et marquaient sa divinité, sa royauté, son humanité.
Vous êtes Dieu et nous vous adorons; voilà de l'encens, symbole du sacrifice qui n'est dû qu'à Dieu.
Vous êtes Roi, et nous vous reconnaissons pour tel; voilà de l'or, symbole de la richesse et de la puissance, apanage distinctif de la royauté.
Vous êtes Dieu-Homme, et nous confessons dans votre personne le mystère qui, unissant le fini et l'infini, réconcilie l'homme et Dieu: voici de la myrrhe, aromate destiné à embaumer les corps, et qui servira à votre sépulture, lorsque vous aurez daigné souffrir la mort pour donner la vie au monde. Rien de plus conforme au génie des peuples orientaux que ce langage, et rien de plus éloquent : tout le monde le comprend. Mais dans les présents des Mages il y a un autre mystère qui ne s'aperçoit pas au premier coup d'œil.XXXIII
Les Mages, avons-nous vu, étaient Arabes et descendants d'Abraham par Cétura. Or, l'histoire sainte nous apprend qu'Abraham, en excluant de la possession de la Terre promise tous ses enfants à l'exception d'Isaac, ne les avait pas pour cela privés d'une partie de ses grands biens. Ainsi, il donna aux fils de Cétura, mère des Arabes, Saba et Epha, de l'or, de l'argent et des étoffes. Puis, confident des futurs mystères, il mit dans leurs bagages l'encens, la myrrhe et l'or des rois de Sodome et de Gomorrhe, précieuses dépouilles tombées en sa possession après la défaite de Chodorlahomor et le pillage de son camp. Dans la personne de Melchisédech, Abraham les avait consacrées au Seigneur.XXXIV
Cette offrande était la figure d'une autre offrande, comme Melchisédech lui-même était la figure du Messie. Le Père des croyants savait qu'un jour ses descendants réaliseraient la figure, en offrant ces mêmes présents à Celui dont Melchisédech était le représentant. On devine sans peine qu'Abraham les avait instruits du mystère. Jointe à la connaissance, traditionnelle en Arabie, de l'oracle de Balaam, cette communication prophétique élucide deux grands faits d'une nature identique, et dont autrement il serait difficile de rendre compte. Le premier est la célèbre visite de la reine de Saba au roi Salomon. Le second est la visite plus célèbre encore des Mages, au vrai Salomon, l'enfant de Bethléem.
Qui était cette reine de Saba?...
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Les MagesSUITEXXXV
Qui était cette reine de Saba? D'où lui venait l'idée d'apporter à un prince étranger ce qu'elle a de plus précieux? Comment s'explique le choix de ses présents ? Cette reine descendait d'Abraham par Cétura. Petite fille de Saba, elle occupait le trône de ses pères. Son royaume était le royaume même de Saba, situé dans l'Arabie, pays des Mages. Connaissant les mystères confiés à sa race, elle vint, au bruit de la gloire de Salomon, accomplir en figure l'engagement contracté par ses ancêtres. Entrée à Jérusalem avec une grande pompe, elle offrit à Salomon de l'or et des aromates, c'est-à-dire les mêmes choses que les Mages, ses descendants, devaient offrir un jour au vrai Salomon.XXXVI
Le second fait est la visite des Mages à l'Enfant de Bethléem. Placée entre les Mages et Abraham, la reine de Saba est le brillant anneau de la chaîne traditionnelle. Sa conduite montre avec éclat que la prophétie de Balaam et le fidéicommis, laissé par le Père des croyants aux fils de Cétura, ne s'étaient jamais perdus dans la postérité de Saba et d'Épha; que l'Arabie avait l'œil fixé sur la Judée, et qu'elle attendait le moment solennel d'apporter au glorieux rejeton de Jacob l'or, l'encens, la myrrhe, mystérieux présents dont elle était tenue de lui faire hommage.
Ainsi tout s'explique. On sait pourquoi les Mages vinrent de l'Arabie, pourquoi, à des époques si différentes, la reine de Saba et les Mages apportèrent à Notre-Seigneur ou à son représentant des présents de même nature. La différence consiste en ce que la reine de Saba les offre à Salomon, figure du Messie, tandis que les Mages ont le bonheur de les offrir au Messie lui-même.XXXVII
Pour comprendre le mystère dans toute son étendue, il faut remarquer que les Mages et leurs présents étaient les prémices du peuple gentil et de tous ses biens meubles et immeubles, comme les Bergers étaient eux-mêmes les prémices du peuple Juif. C'était, sur la plus grande échelle, l'accomplissement de la loi figurative des prémices. Ainsi, dans la personne des Bergers et des Mages, le genre humain tout entier, avec toutes ses richesses, se trouve en adoration devant le nouveau Roi, à qui il consacre ce qu'il est, ce qu'il a: c'était justice. Par droit de naissance et par droit de conquête, l'Enfant de Bethléem était le roi de tous, et il venait régner sur tous, afin de les sauver tous.
9° Que devinrent les Mages après l'adoration de l'enfant Jésus?…
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Les MagesSUITEXXXVIII
9° Que devinrent les Mages après l'adoration de l'enfant Jésus? Avertis en songe de ne pas retourner auprès d'Hérode, ils se mettent en devoir de regagner leur pays par un autre chemin. L'ordre du Ciel qui leur interdisait la route de Jérusalem les obligea à faire de longs circuits. La crainte d'Hérode, dont ils connaissaient maintenant la noire perfidie, ne leur permit même pas de suivre les grands chemins, ni de s'arrêter dans les caravansérails établis, suivant la coutume orientale, sur le passage des voyageurs. Ils suivirent donc les sentiers détournés, à travers les montagnes; et le soir ils se retiraient dans les vastes cavernes, très nombreuses en Palestine.XXXIX
Une de leurs premières stations eut lieu dans une grotte située sur une montagne déserte, non loin de Bethléem. Les saints rois y passèrent la nuit, commençant ainsi la vie de souffrances et de privations réservée aux adorateurs d'un Dieu né dans une crèche et qui devait mourir sur une croix. Le souvenir de ce fait resta gravé dans la mémoire des habitants du pays, et la grotte prit le nom de Grotte des Mages. Au VIe siècle, nous la trouvons encore, connue sous le même nom et devenue l'objet de la vénération universelle. A cette époque, elle acquit une nouvelle célébrité. Par dévotion pour les Mages, saint Théodore le Cénobiarque, l'ami de saint Sabas et l'émule de saint Antoine, la choisit pour demeure pendant sa vie et pour sépulture après sa mort.XL
Rentrés enfin dans leur pays, les Mages devinrent, comme les bergers, les fervents apôtres de l'Enfant-Dieu, Comme celles des bergers, leurs paroles excitèrent l'admiration, éveillèrent la foi, opérèrent de nombreuses conversations [SIC] et en préparèrent de plus nombreuses encore. L'an 44 de Notre-Seigneur, l'apôtre saint Thomas, partant pour les Indes qui, dans la division du monde, lui étaient échues en partage, traversa l'Arabie. Il y trouva les rois adorateurs, devenus de majestueux vieillards, les baptisa et leur confia l'apostolat de leur nation. Ils s'en acquittèrent avec un zèle proportionné aux grâces privilégiées dont ils avaient été l'objet. Une nouvelle faveur leur était réservée: celle de verser leur sang pour le Dieu à qui ils avaient offert leurs trésors. Riches de mérites et d'années, ils furent martyrisés dans leur propre pays, l'Arabie-Heureuse, et dans la ville, maintenant détruite de Sessania des Adrumètes, Sessania Adrumetorum, peut-être aujourd'hui Sana.
10° Où sont aujourd'hui leurs reliques ?…
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Re: Les Mages : Qui sont-ils ?
Les MagesSUITEXLI
10° Où sont aujourd'hui leurs reliques ? Recueillies par les chrétiens, leurs précieux corps furent plus tard transportés à Constantinople et placés avec une grande pompe dans l'église Sainte-Sophie. Car il fut une époque où les empereurs d'Orient, comme Charlemagne et les rois de l'Occident, comme Rome surtout, étaient, suivant le mot de l'histoire contemporaine, d'ardents chasseurs aux reliques. Les saints rois reposaient depuis longtemps dans la ville impériale, lorsque Eustorge, confident de l'empereur d'Orient, fut envoyé en mission auprès des Milanais.XLII
Il leur fut si agréable, que le siège de Milan étant venu à vaquer au moment de son départ, toute la ville le demanda pour archevêque. Eustorge refusa d'accepter avant d'en avoir référé à l'Empereur. Celui-ci fut très flatté de ce choix et envoya Eustorge à Milan pour y être sacré. De plus, il lui donna, comme présent de bienvenue, les corps des trois Mages, enfermés dans une grande et précieuse châsse. Eustorge, qui n'est autre que saint Eustorge II, apporta ce riche trésor à son nouveau peuple, qui le reçut avec d'ineffables transports d'allégresse et de reconnaissance : ceci se passait au commencement du VIe siècle.XLIII
A l'occasion de cette translation, le savant évêque d'Équilium, Pierre de Natalibus, rapporte un fait extraordinaire mais qui n'a rien d'impossible, et si gracieux que nous nous reprocherions de le passer sous silence. « Le vaisseau, dit-il, qui apportait les saints corps aborda au golfe de (Juan). On déchargea la précieuse châsse et on la plaça sur un char, auquel on attela plusieurs paires de bœufs ; mais ils ne purent le mettre en mouvement.
« Inspiré de Dieu, le saint archevêque les fit remplacer par deux jeunes génisses, appartenant à une pieuse et pauvre femme du peuple. Aussitôt le char s'ébranla et s'avança avec la plus grande facilité. Mais voilà que dans le trajet (probablement au passage des Alpes) un loup tua une des génisses. Avec une autorité souveraine, comme celle d'Adam sur les créatures, le saint ordonna au loup de prendre la place de la génisse et de l'aider à traîner le char jusqu'à Milan. Le loup obéit. Oubliant toute sa férocité, il devint doux comme un mouton ; et attelé à côté de la génisse il traîna le char jusqu’à Milan (1). »
Ce récit fera sourire plus d'un esprit fort.…
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(1) Catal. SS., lib. IV ch. XLV.
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Re: Les Mages : Qui sont-ils ?
Les MagesSUITEXLIV
Ce récit fera sourire plus d'un esprit fort. Il se moquera, il niera. Que prouveront ses moqueries et ses négations? une seule chose, qu'il se sera moqué et qu'il aura nié. Le bon sens dit qu'on ne doit pas nier un fait parce qu'il est extraordinaire, mais parce qu'il n'est pas prouvé. D'ailleurs, ne trouve-t-on pas, et très bien prouvés, des faits analogues dans la vie des Pères du désert, de saint François d'Assise, du Père Anchiéta et d'autres encore ? On oublie que la sainteté rend à ceux qui parviennent à l'acquérir dans un degré éminent une partie du pouvoir dont jouissait, sur toutes les créatures, l'homme innocent. Cela soit dit en passant, non pour transformer en articles de foi les faits extraordinaires, étranges même, qu'on lit dans l'histoire, mais pour montrer le manque de logique des négateurs à outrance.XLV
Les trois Rois furent honorés à Milan pendant environ six cents ans, c'est-à-dire jusqu'au sac de cette ville par l'empereur Frédéric Barberousse, en 1164. Avant le désastre, de courageux chrétiens sauvèrent le précieux dépôt et le remirent entre les mains de Reinold, archevêque de Cologne, et chancelier du saint Empire, qui avait suivi l'empereur en Italie. Comme on avait transporté à la lueur de milliers de flambeaux et au milieu d'un immense concours, de Ravenne à Auxerre, le corps de saint Germain, ainsi furent transportés solennellement de Milan à Cologne les corps des rois Mages.
Au lieu de se diriger sur l'Allemagne par le Tyrol ou par la Suisse orientale, le cortège traversa les Alpes et prit sa route par l'est de la France, pour gagner Strasbourg et le Rhin. A la fin d'une journée, il s'arrêta aux portes d'une abbaye de Franche-Comté, située non loin de Baume-les-Dames, sur les bords de la belle vallée qui s'étend de cette ville à Montbéliard. Le souvenir de cette station mémorable s'est perpétué jusqu'à nos jours, dans un double fait dont voici l'histoire.
La famille de Grammont de Franche-Comté porte dans ses armes trois têtes couronnées…
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Re: Les Mages : Qui sont-ils ?
Les MagesSUITEXLVI
La famille de Grammont de Franche-Comté porte dans ses armes trois têtes couronnées : ces trois têtes sont des têtes, non de reines, mais de rois. Quelle est la raison de ces armoiries uniques dans leur espèce ? La famille de Grammont-Grange était protectrice de l'abbaye qui eut l'honneur de donner l'hospitalité aux trois Rois mages. Ce fut le seigneur de Grammont, avec ses gens, qui, pendant la nuit, monta la garde auprès du précieux dépôt. Afin de perpétuer la mémoire de cette insigne faveur, la noble famille prit les armoiries dont nous venons de parler. L'abbaye elle-même ne fut pas moins jalouse d'immortaliser le bienheureux passage : elle changea son nom d'abbaye de Lieu croissant en celui d'Abbaye des Trois-Rois, qu'elle porte encore (1).XLVII
Continuant à petites journées sa marche triomphale, le cortège arriva à Strasbourg. Là des barques richement pavoisées attendaient les illustres voyageurs, qu'elles conduisirent jusqu'à Cologne. La mission du grand archevêque était finie : celle des peuples commença. Sur le tombeau des Mages, leur reconnaissance élève la plus vaste et la plus magnifique église que le monde ait vue et qu'il verra peut-être jamais. C'est là, dans ce temple incomparable, que nous avons eu, à la suite de tant d'autres, le bonheur de vénérer ces corps de Rois-martyrs, objet d'un culte ardent comme l'amour, doux comme l'espérance et durable comme les siècles.XLVIII
Oui, durable comme les siècles. Naguère encore, malgré l'affaiblissement général de la foi, la ville de Cologne a vu une des fêtes religieuses les plus grandioses de notre époque. C'était dans les huit derniers jours de juillet 1864 : anniversaire sept fois séculaire de la Translation des reliques des trois Mages de Milan à Cologne. Pendant cette huitaine, près de soixante processions dont plusieurs, comme celles de Bonn, d'Aix-la-Chapelle, de Crefeld, de Düsseldorf, etc., comptaient de 2,500 à 3,000 personnes, ont visité la cathédrale, où ces reliques, ainsi que celles de plusieurs autres saints, étaient exposées dans leurs châsses magnifiques. Plus de 100,000 pèlerins ont visité ainsi la ville, qui était ornée splendidement pour la solennité. Aucune autorité civile ne s'est immiscée dans l'organisation de cette fête publique, ce qui a certainement contribué à ce que, malgré l'affluence immense, l'ordre le plus parfait n'a cessé de régner, et que la fête n'a pas été déshonorée par des brutalités qui font presque partie du programme des fêtes mondaines et antireligieuses.
Les évêques de Mayence, Munster et Paderborn et un nombreux clergé ont assisté à cette fête et à la grande procession qui l'a terminée le dimanche 31 août.
11° Comment les siècles chrétiens ont-ils honoré les Mages?…
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(1) Hélas ! il n'est plus porté que par des ruines.
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Re: Les Mages : Qui sont-ils ?
Les MagesSUITEXLIX
11° Comment les siècles chrétiens ont-ils honoré les Mages? Une de nos solennités chrétiennes qui a le privilège d'une popularité exceptionnelle, c'est la Fête des Rois. Nous ne parlerons pas des innocents plaisirs qu'elle apporte dans les familles; mais il manquerait quelque chose à notre modeste travail si nous passions sous silence la manière dont l'Église, dans les âges de foi, prenait soin de perpétuer le souvenir de l'immense bienfait qui s'y rattache.L
Fils aînés de l'Église, parmi les Rois chrétiens, comme les Mages avaient été, parmi les Rois gentils, les fils aînés de la grâce, nos anciens rois de France étaient dans l'usage d'assister, avec tout le peuple, à la messe solennelle de l'Épiphanie. Au moment de l'Offertoire, on les voyait s'avancer vers l'autel dans toute la pompe de la majesté royale, la couronne sur la tête, ayant entre les mains des vases précieux, qui contenaient de l'or, de l'encens et de la myrrhe, dont ils faisaient hommage au Roi des rois, représenté par son ministre. Ainsi s'affirmait et s'affermissait la royauté chrétienne.LI
A Reims, après le chant de Tierce, alors que les flots du peuple remplissaient la vaste basilique, trois dignitaires du chapitre enveloppés comme de manteaux royaux, de ces magnifiques chapes d'autrefois, où la pourpre, l'or et l'azur, habilement mis en œuvre, formaient les dessins les plus riches et les plus variés, arrivaient par trois côtés différents en face du maître-autel. Précédés de leurs officiers, ils étaient suivis de leurs serviteurs, portant les royales offrandes.LII
Le premier roi, venu du côté de l'Orient, s'arrêtait debout devant le maître-autel; puis, élevant un sceptre surmonté d'une étoile étincelante, il chantait : « Stella fulgore nimio rutilat: une étoile brille d'un éclat incomparable. »
Le second roi, venu du côté du Midi, se plaçait à la droite du premier, à qui il répondait en chantant: « Quæ Regem regum natum denunciat : elle annonce la naissance du Roi des rois. »
Le troisième, venu du côté de l'Occident, se plaçait à la gauche du premier et continuait en chantant : « Quem venturum olim prophetæ signaverunt : dont les anciens prophètes ont annoncé la venue. »
Alors les trois Rois mages s'embrassaient et chantaient en¬semble : « Eamus ergo et inquiramus eum offerentes ei munera: Aurum, Thus et Myrrham : Allons donc, et cherchons-le pour lui offrir en présents de l'or, de l'encens et de la myrrhe. »
Le chœur entonnait aussitôt l'antienne…
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Re: Les Mages : Qui sont-ils ?
Les MagesSUITELIII
Le chœur entonnait aussitôt l'antienne : « Magi veniun : les Mages viennent. » Et tout le clergé, quittant les stalles, se formait en procession dans le chœur. Près de la grille de la grande nef s'élevait un magnifique autel surmonté d'une statue de la sainte Vierge, devant laquelle était suspendue une couronne étoilée, resplendissante de lumières, tandis que l'autel lui-même où reposait l'Enfant Jésus était tout enveloppé de riches draperies.
En tête de la procession, les Rois mages s'avançaient vers l'autel, et à la vue de la brillante étoile ils exprimaient leur joie en chantant : « En Stella in Oriente prævisa, iterum nos præcedit lucida : voilà l'étoile que nous avions vue en Orient, qui reparaît dans tout son éclat pour diriger notre marche. »
A ce chant d'allégresse deux dignitaires de l'Église répondaient en chantant : « Qui sunt hi qui, stella duce, nos adeuntes, inaudita ferunt : quels sont ces hommes qui, sous la conduite d'une étoile, viennent ici, annonçant des choses inouïes? »LIV
Les Mages reprenaient, toujours en chantant : « Nos sumus, quos cernitis, reges Tharsis et Arabum et Saba, dona ferentes Christo Regi, nato Domino, quem Stella admonente, adorare venimus: nous sommes, nous que vous voyez, les rois de Tharsis, des Arabes et de Saba, qui apportons des présents au Christ roi et seigneur nouvellement né, et, avertis par son étoile, nous venons l'adorer. »
Alors, deux diacres en dalmatique ouvraient les draperies qui enveloppaient l'autel et chantaient : Ecce Puer adest, quem quæritis ; jam properate adorare, quia ipse est redemptio mundi : voici l'enfant que vous cherchez ; hâtez-vous de l'adorer, car il est le Rédempteur du monde. »LV
Les trois Rois ensemble se prosternaient le front contre la terre et saluaient l'Enfant Dieu en chantant : « Salve, Princeps seculorum: Salut, Roi des siècles. » Tous les trois demeurant agenouillés, le premier recevait des mains de son serviteur le vase qui contenait l'or et disait : « Rex, suscîpe aurum: Roi, recevez l'or ; » et il le déposait aux pieds de l'Enfant.
De la main de son serviteur, le second Roi recevait le vase d'encens et disait : « Tolle thus, tu vere Deus : Recevez l'encens, vous qui êtes vraiment Dieu ; » et il le déposait aux pieds de l'Enfant.
Le troisième Roi, ayant reçu le vase de myrrhe, disait : « Homo vere, accipe myrrham : Vous qui êtes vraiment homme, recevez la myrrhe; » et il en déposait le vase aux pieds da l'Enfant.
Les Mages ayant fait leur offrande, le clergé et le peuple venaient présenter la leur à l'Enfant-Dieu, en reconnaissance du don qu'il faisait de lui-même…
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Re: Les Mages : Qui sont-ils ?
Les MagesSUITELVI
Les Mages ayant fait leur offrande, le clergé et le peuple venaient présenter la leur à l'Enfant-Dieu, en reconnaissance du don qu'il faisait de lui-même.
Cependant les Mages demeuraient à genoux, en prières, et semblaient appesantis par le sommeil. Tout à coup, un ange au gracieux visage et au gentil costume chantait du haut du jubé : « lmpleta sunt omnia quæ prophetice dicta sunt; ite, per viam remeantes aliam, ne delatores tanti Regis puniendi sitis. Tout ce qui a été annoncé par les prophètes est accompli. Retournez dans votre pays par un autre chemin, de peur que, faisant connaître le grand Roi, malheur ne vous arrive. »LVII
Sur cet avis, les Mages se dirigeaient vers la partie septentrionale de l'église et rentraient au chœur par le côté gauche. Quant à la procession, elle suivait pour s'y rendre l'itinéraire accoutumé. Pendant la marche, un immense volume de voix d'hommes, de femmes et d'enfants faisait tressaillir les verrières de la basilique du chant de cette antienne qui, résumant tout le mystère, en gravait profondément le souvenir dans les cœurs : « Tria sunt mimera pretiosa, quæ obtulerunt Magi Domino in die ista, et habent in se divina mysteria, etc. Trois sont les présents précieux et pleins de divins mystères, que les Mages ont offerts au nouveau Roi : l'encens, parce qu'il est Dieu; l'or, parce qu'il est roi ; la myrrhe, parce qu'il est homme. »
Vraiment oui, les présents des Mages sont pleins de mystères, et ces mystères sont tout ensemble la manifestation de la charité de Dieu et la révélation des devoirs de l'homme.
Pourquoi les drames qui les exprimaient avec une si merveilleuse éloquence n'existent-ils plus?...
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Les Mages : Qui sont-ils ?
Les MagesSUITELVIII
Pourquoi les drames qui les exprimaient avec une si merveilleuse éloquence n'existent-ils plus? Pourquoi les fêtes elles-mêmes, qui les redisent encore à leur manière, sont-elles incomprises ou dédaignées du grand nombre? Que ces solennités du bon vieux temps doivent paraître regrettables à tout homme d'intelligence et de cœur !
Les rois modernes ont-ils gagné quelque chose à répudier les exemples de leurs anciens prédécesseurs? En cessant de se déclarer, par des actes religieux et solennels, les vassaux du Roi des rois, le reflet de la majesté divine qui commandait le respect s'est effacé de leur front. La raison du pouvoir et du devoir s'est obscurcie. Dès lors, les trônes sont-ils devenus plus solides, les dynasties plus durables, les révolutions moins fréquentes ou moins profondes?LIX
Le peuple, à son tour, qu'a-t-il gagné à la suppression de ces fêtes, qui firent si longtemps le bonheur de ses pères ? Comme il lui faut de l'air et du pain, il lui faut des spectacles et des fêtes. L'Église, sa mère, lui en avait trouvés qui satisfaisaient pleinement ses sens et son cœur, et qui ne lui coûtaient rien. Pourquoi lui avoir enlevé ces spectacles si instructifs, si nobles et si doux? Pourquoi surtout les avoir remplacés par des spectacles corrupteurs, où ce malheureux peuple absorbe par tous les pores des doctrines qui le dégradent et des poisons qui le tuent? Prenons-y garde ; si on ne lui rend pas, sous une forme ou sous une autre, ce qu'on lui a enlevé, sa foi et les joies de sa foi, il pourrait bien un jour se produire une de ces réactions vengeresses, dont l'histoire n'offre que trop d'exemples, et qu'il faut éviter à tout prix.
Afin de ne rien oublier, disons un mot du gâteau des Rois...
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Les Mages : Qui sont-ils ?
Les MagesSUITELX
Afin de ne rien oublier, disons un mot du gâteau des Rois. Dans tout le monde chrétien un festin rassemblait les familles en souvenir de la fête que firent au pauvre Jésus les Rois venus de l'Orient, pour lui offrir des présents et l'adorer.
Le caractère spécial de cette joie autour d'une table où l'on mangeait, où l'on buvait, c'était l'exaltation d'un petit salué Roi. Aussi n'était-ce pas ordinairement le maître de maison que la fève venait trouver, et le sort apportait souvent la fève à l'un des moindres convives.LXI
Jean d'Oronville rapporte ainsi la manière dont Louis XIIIe du nom, duc de Bourbon, faisait son roi.
« Vint le jour des rois où le duc de Bourbon fit grande fête et chère lie, et fit son roi d'un enfant en l'âge de huit ans, le plus pauvre que l'on trouva en toute la ville, le faisant vêtir en habit royal en lui baillant tous ses officiers pour le gouverner, et faisant bonne chère à celui roi pour révérence de Dieu; et le lendemain dînait ce roi à la table d'honneur; après venait son maître d'hôtel, qui faisait la quête pour le pauvre roi auquel le duc Louis de Bourbon donnait communément 40 livres pour le tenir à l'école, et tous les chevaliers de la cour chacun un franc, et les écuyers chacun un demi-franc; si montait la somme aucunes fois près de cent francs (1), que l'on baillait au père ou à la mère pour les enfants qui étaient rois à leur tour être enseignés à l'école sans autre œuvre, dont maints d'iceux en vivaient en grand honneur; et cette belle coutume tint le vaillant duc Louis de Bourbon tant comme il vêquit. » (Cité par le P. Cahier.)LXII
Telle était la vraie récréation de l'Épiphanie et de là l'usage dans presque toute la France de réserver la part-Dieu, c'est-à-dire la part du pauvre, au gâteau des rois. Et quelle belle et bonne joie de porter la part-Dieu par la neige dans une chaumière ! Il y avait aussi la part de l'absent soigneusement serrée au buffet et qu'un enfant venait recevoir. Les enfants se croient autorisés ce jour-là en divers pays à quêter des étrennes en portant une étoile de feu.LXIII
Conclusion. La fête des Rois est celle qui élève les petits pour les rendre rois ; elle a été inventée par l'enfant Jésus et c'est une invention dont il a donné le brevet et le monopole à sa seule Église.
Hors l'Église point d'amour pour les petits.
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(1) Cette somme était considérable à cette époque et permettait de faire des études secondaires comme l'ont dit aujourd'hui, études dont les enfants du peuple étaient fort avides.
Indication des sources : voir Plin. Hist., lib. XXV, ch. II ; S. Hier. in Daniel, ch. II; Sepp, Hist. de N.-S. J.-C, t. I, ch. 6; Euseb. apud Hieron de reg. Monarch. ; S. Ignat. Epist. ad Ephes..; Justinus, Dialog. cum Tryph. ; Origen. Contra Ce's. lib. I ;TertulIian. adv. Judæos ; Baron, an. 1, n. 24; S. Hieron. de locis hebraicis, et in Isai. 15; S. Epiphan. in comparatione doctr.; Baron, an. 1, n. 25 ; Jacques d'Ausoles, Traité de d'Épiphanie. part. 2; Sandini, Historia Familiæ Sacræ, page 26 : Baron, an 1, n. 30; L. Dexter, Chronic., an. 70; Petrus Equilinus, Catalog. SS. in Epiph.; Mgr Mislin, Les Lieux Saints, t. II, ch. 29; Mgr Jacquenet, Hist. du Séminaire de Besançon, t. I; Godescard, Vie des SS., 11 Janvier; Surius, id., ib. Baron, an. l, n. 33; S. Chrysostome, in II . Matth. homil. 6 et 7; Sophron. apud. Hieron. de Scriptor. Eccles.; Baron, an. 44, n. 33. Petrus Equilinus, Catal. SS., lib. IV, ch. XLV; D. Martenne, De antiq. Ec l7. l. ritib., lib. IV, ch. XIV, in-fol. ; Bollandus, 1 Januar. et 23 Julii, 17 et 18 Sept. ; Usuard, Martyrol. 23 Juli,et 11 Januar. ; Molanus, Forarium SS, MM.; Galesinius, in Additionib.; etc., etc.
FIN.
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