Les frères du Seigneur : Qui sont-ils ?
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Les frères du Seigneur : Qui sont-ils ?
Les frères du SeigneurI
« Comme il parlait encore à la multitude, sa mère et ses frères étaient dehors cherchant à lui parler. Et quelqu'un lui dit : Voilà votre mère et vos frères qui sont dehors et vous cherchent. Et il répondit à celui qui lui parlait : Qui est ma mère et qui sont mes frères? Étendant la main vers ses disciples, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Car quiconque fera la volonté de mon Père, qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, ma sœur et ma mère (1). »II
Ces frères et ces sœurs de Notre-Seigneur reparaissent plusieurs fois dans l'Évangile. « Et venant parmi les siens, dit ailleurs saint Matthieu, il les instruisait dans leurs synagogues, en sorte qu'ils admiraient et disaient: D'où est venu à celui-ci cette sagesse et cette puissance ? N'est-il pas le fils du charpentier? Sa mère ne s'appelle-t-elle pas Marie, et ses frères Jacques, Joseph, Simon et Jude? et ses sœurs ne sont-elles pas toutes parmi nous? D'où viennent donc il celui-ci toutes ces choses (2) ? »
Et saint Jean : « Ses frères donc lui dirent : Partez d'ici et allez en Judée, afin que vos disciples aussi voient les œuvres que vous faites. Car personne n'agit en secret, lorsqu'il cherche à se faire connaître. Si vous faites ces choses manifestez-vous au monde. Car ses frères non plus ne croyaient pas en lui, mais Jésus leur dit : Mon temps n'est pas encore venu, mais le vôtre est toujours prêt (1). »
* Que faut-il entendre par ces frères et ces sœurs de Notre-Seigneur?
* qui étaient-ils?
* que signifient les paroles que Notre-Seigneur leur adresse?
* d'où vient qu'ils ne croyaient pas en lui ?...
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(1) S. Matth. XII, 46-50.
(2) S. Matth. XIII, 54, 56.
(1) S. Jean, VII, 3-6.
Dernière édition par Louis le Dim 04 Aoû 2019, 6:34 am, édité 4 fois (Raison : Insertion de liens.)
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Les frères du Seigneur : Qui sont-ils ?
Les frères du SeigneurSUITEIII
Que faut-il entendre par ces frères et ces sœurs de Notre-Seigneur? qui étaient-ils? que signifient les paroles que Notre-Seigneur leur adresse? d'où vient qu'ils ne croyaient pas en lui ?
D'abord, il est de foi que la très sainte Vierge n'a pas mis au monde d'autre enfant que Notre-Seigneur Jésus-Christ; et qu'elle est toujours restée vierge, après comme avant son divin enfantement. Il est également certain que saint Joseph n'a point eu d'autre épouse que la très sainte Vierge et que lui-même est toujours demeuré vierge. Cette vérité, transmise par la tradition, est tellement indubitable que saint Pierre Damien, écrivant au pape Nicolas, dit que telle est la foi de l'Eglise (2).IV
On sait également par une tradition certaine que sainte Anne, mère de la très sainte Vierge, n'eut pas d'autre époux que saint Joachim, et qu'elle ne donna le jour qu'à la bienheureuse Reine des anges et des hommes. « Tous les Pères de l'Eglise, dit Baronius, les plus anciens comme les plus rapprochés de nous, enseignent unanimement que sainte Anne n'eut d'autre époux que saint Joachim et qu'elle n'eut jamais d'autre enfant que la sainte Vierge (1). »
Les personnes qui nous occupent n'étaient donc ni…
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(2) Epist. XI, ch. IV.
(1) Univiram vero fuisse Annam, nec post obduratam sterilitatem, ex voto conceptam, repromissione obtentam susceptamque in senectute filiam, alios novisse partus, tam veteres quam recentiores orthodoxi patres sunt professi. Apparat.. ad ann. Eccl., n. 41. — Cela soit dit pour qu'on se tienne en garde contre certains livres modernes, dont on ne se défie pas assez.
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Re: Les frères du Seigneur : Qui sont-ils ?
Les frères du SeigneurSUITEV
Les personnes qui nous occupent n'étaient donc ni les frères ni les sœurs de Notre-Seigneur dans le sens restreint et naturel du mot (2).
Pourquoi donc sont-ils appelés ses frères et ses sœurs? La réponse est aisée. Chez les Juifs, et même chez d'autres peuples de la haute antiquité, il était d'usage de donner le nom de frères et de sœurs aux proches parents. Ainsi, nous voyons dans la Genèse Abraham appeler frère, Loth son neveu (3), et sœur, Sara sa femme (4). Le même nom se donnait quelquefois à des parents plus éloignés. Jacob appelle frères les bergers de Haran (5). L'ancien Testament est plein d'appellations semblables.VI
On les trouve également dans l'Évangile Notre-Seigneur appelle frères ses apôtres et même tous les hommes (1). Ce langage, si propre à resserrer les liens de la charité, est continuellement sur les lèvres de saint Pierre, de saint Paul, de saint Jean. Il continue d'être usité dans les constitutions des Papes, dans les mandements des évêques, dans les sermons des prédicateurs. Le mot de frères et de sœurs a donc une signification beaucoup plus étendue que celle qui résulte des liens du sang.
Voyons cependant quelles étaient les personnes désignées dans l'Évangile…
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(2) Fratres Domini sic accipiendos esse ut nec sint filii Beatæ semperque Virginis Mariæ, nec filii Joseph ex alia uxore, sed ejus potius cognati, sive Mariæ consanguinei. Beda, in hunc loc.
(3) Gen. XIII 8; XIV, 14.
(4) Gen. XX, 2.
(5) Gen. XXIX, 4.
(1) S. Matth. XXVIII, 10; id., XXV, 40.
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Re: Les frères du Seigneur : Qui sont-ils ?
Les frères du SeigneurSUITEVII
Voyons cependant quelles étaient les personnes désignées dans l'Évangile sous le nom de frères et de sœurs de Notre-Seigneur. Mathan, grand-père de saint Joseph, eut trois enfants : deux filles, Sobé et Anne, et un fils, Jacob.
Sobé fut mère d'Élisabeth qui épousa Zacharie, et donna le jour à saint Jean-Baptiste.
Anne épousa Joachim, et fut l'heureuse mère de l'auguste Marie.
Jacob, dont l'épouse n'est pas nommée, devint le père de saint Joseph, époux de la sainte Vierge, puis de Cléophas ou Alphée.
Cléophas épousa une fille appelée Marie et désignée dans l’Évangile par le nom de son mari, Marie de Cléophas.VIII
De ce mariage naquirent six enfants : deux filles et quatre fils.
Les filles sont : Salomé et Marie ; les fils : Jacques, Joseph, Jude et Simon.
Salomé épousa Zébédée, pêcheur de Bethsaïde. Cette ville, dont le nom hébraïque signifie ville des pêcheurs, était une ville importante de la Galilée. Située sur le bord de la mer de Tibériade, à trois lieues environ de Capharnaüm, elle fut l'heureuse patrie des apôtres Pierre, André, Philippe, Jacques et Jean. Souvent Notre-Seigneur daigna l'honorer de sa présence et la rendre témoin de ses miracles.
Mais la résistance opiniâtre qu'elle opposa aux appels de la grâce finit par lui attirer ces terribles anathèmes de Notre-Seigneur : « Malheur à toi, Bethsaïde, parce que si les prodiges qui ont eu lieu dans ton enceinte avaient eu pour témoin Tyr et Sidon, ces villes auraient fait pénitence dans la cendre et le cilice (1). » Bethsaïde a porté la peine de son endurcissement. Aujourd'hui elle n'est plus qu'une ruine.IX
Salomé fut mère de saint Jacques le Majeur et de saint Jean l’Évangéliste.
On ne voit pas que Marie, sœur de Salomé, ait été mariée.
Les quatre fils de Cléophas furent saint Jacques le Mineur, et saint Jude, apôtre ; Joseph, qui fut un des soixante-douze disciples, et Simon, successeur de saint Jacques, son père, sur le siège de Jérusalem, et qui fut martyrisé la dixième année du règne de Trajan.
De cette généalogie il résulte ce qui suit : …
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(1) S.Matth. XI, 21, etc.
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Re: Les frères du Seigneur : Qui sont-ils ?
Les frères du SeigneurSUITEX
De cette généalogie il résulte ce qui suit :
1° Sainte Élisabeth était cousine germaine de la sainte Vierge ;
2° Saint Jean-Baptiste, petit-cousin de Notre-Seigneur;
3° Saint Jacques le Majeur et saint Jean l’Évangéliste, petits-cousins de Notre-Seigneur ;
4° Saint Jacques le Mineur, saint Jude, Joseph et Simon, ainsi que leurs sœurs, Marie et Salomé, cousins germains de Notre-Seigneur.
Remarquons que saint Jacques le Mineur était oncle de saint Jacques le Majeur, par conséquent plus âgé. Mais il est appelé mineur parce qu'il fut appelé à l'apostolat après son neveu.XI
De tous ces membres de la famille de Notre-Seigneur, selon la chair, quels sont ceux qui cherchaient à lui parler, et d'où vient que Notre-Seigneur fait semblant de ne pas les connaître? L'Évangile nomme seulement la sainte Vierge : Voilà votre mère et vos frères, qui sont dehors, et vous cherchent. Les autres étaient vraisemblablement quelques-unes des personnes dont nous venons de donner la liste; mais l'Évangile tait leurs noms.
Quant à la réponse de Notre-Seigneur : Qui est ma mère et qui sont mes frères? il faut y reconnaître un double sens…
Dernière édition par Louis le Mar 27 Aoû 2019, 10:15 am, édité 1 fois (Raison : Balises.)
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Re: Les frères du Seigneur : Qui sont-ils ?
Les frères du SeigneurSUITEXII
Quant à la réponse de Notre-Seigneur : Qui est ma mère et qui sont mes frères? il faut y reconnaître un double sens. Adressée à la sainte Vierge, elle n'implique ni reproche ni dureté. On y voit la même pensée que le Fils de Dieu, âgé de douze ans, exprimait à sa tendre mère, dans le temple de Jérusalem : Ne saviez-vous pas que je dois être où m'appellent les affaires de mon Père ? la même qu'il lui manifestait, en présence des convives, aux noces de Cana : Femme, que vous importe à vous et à moi? mon heure n'est pas encore venue . Jésus ne renie pas sa mère, il ne la blâme pas; il fait seulement ressortir devant la foule sa filiation divine et la supériorité de pensées et d'affections dont elle remplit son âme.XIII
S'agit-il des parents de Notre-Seigneur? Les paroles du divin Maître renferment une réprimande : tel est le sentiment des Pères et des commentateurs. Malgré l'éclat de ses miracles et la divine sublimité de sa doctrine, ils ne croyaient point en lui. Néanmoins, sa gloire rejaillissant sur eux, ils tenaient à montrer qu'ils étaient de ses parents.
De là, leur apparition soudaine et intempestive au milieu de sa prédication, et le messager qu'ils envoient pour lui signaler leur présence. De là, les conseils qu'ils lui donnaient de se manifester au monde et de faire éclater sa puissance sur le grand théâtre de la capitale. Notre-Seigneur confond leur vanité et réprime leur ambition devant tout le peuple, en leur disant que ses véritables frères sont ses disciples.
Or, ces parents de Notre-Seigneur n'étaient pas ses disciples. Plusieurs le devinrent ; mais à l'heure présente ils ne croyaient point en lui. Si on demande la cause de leur incrédulité…
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Re: Les frères du Seigneur : Qui sont-ils ?
Les frères du SeigneurSUITEXIV
Or, ces parents de Notre-Seigneur n'étaient pas ses disciples. Plusieurs le devinrent ; mais à l'heure présente ils ne croyaient point en lui. Si on demande la cause de leur incrédulité, malgré la foi de tant d'autres, Notre-Seigneur lui-même veut bien se charger de donner la réponse. « Il n'y a pas, dit-il, de prophète sans honneur, si ce n'est dans sa patrie et dans sa maison (1). »XV
La scène que nous venons de décrire se passait à Nazareth. Les habitants de cette petite ville, ayant vu Jésus enfant comme les autres enfants, ouvrier comme les autres ouvriers, pauvre comme les autres pauvres; connaissant saint Joseph qu'ils croyaient son père, et Marie sa mère, vivant modestement du travail de leurs mains ; poussés d'ailleurs par ce sentiment trop ordinaire qui porte à jalouser la gloire de ceux qui ont été nos égaux, peut-être nos inférieurs par l'âge et par la condition; enfin, se rappelant la familiarité dans laquelle ils avaient, pendant vingt années, vécu avec le fils du charpentier : ils pouvaient moins que les étrangers le regarder comme un Dieu. C'est une grande leçon pour ceux que Notre-Seigneur charge de continuer sa mission parmi les hommes.XVI
On ne s'étonnera pas de voir la très sainte Vierge dans la compagnie de ceux de ses parents qui ne croyaient pas en son Fils, si l'on se rappelle qu'elle est la mère de la miséricorde. Elle connaissait d'ailleurs leur droiture, et elle savait combien il leur était difficile de renoncer à la supériorité que l'âge, l'expérience et une sorte d'affection paternelle semblaient leur donner sur Notre-Seigneur,
Ils l'avaient vu tout petit à son retour d’Égypte. Ils avaient aimé cet enfant si beau, si doux, si aimable. Et Jésus aussi, fidèle observateur de tous les devoirs de famille, leur avait témoigné l'affectueuse déférence qu'il devait à leur âge et à leur proche parenté.
Car on ne peut guère douter que ce ne fussent des enfants de saint Cléophas, frère de saint Joseph…
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(1) S. Matth. XIII, 57.
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Re: Les frères du Seigneur : Qui sont-ils ?
Les frères du SeigneurSUITEXVII
Car on ne peut guère douter que ce ne fussent des enfants de saint Cléophas, frère de saint Joseph. Les deux aînés, saint Jacques et saint Jude, faisaient partie du collège apostolique; mais saint Joseph Barsabas et saint Siméon ne furent admis que plus tard au nombre des soixante-douze disciples. Petits-neveux de sainte Anne, sœur de leur aïeul Jacob, par conséquent cousins de la très sainte Vierge, ils étaient devenus ses neveux par son mariage avec saint Joseph.
Or saint Siméon qui fut martyrisé en l'an 107, à l'âge de cent vingt ans (1), avait treize ou quatorze ans de plus que Notre-Seigneur. Son frère et lui étaient donc arrivés à l'âge d'homme lorsqu'il n'était encore qu'un enfant.XVIII
Il est certain qu'ils demeuraient ou allaient souvent à Nazareth, puisque les habitants les connaissaient par leurs noms et disaient que leurs sœurs demeuraient au milieu d'eux (2). Ils avaient dû visiter fréquemment la très sainte Vierge pendant la maladie et après la mort de leur oncle saint Joseph, comme firent les Juifs de Jérusalem qui allèrent consoler Marthe et Marie de la mort de leur frère Lazare (3). La très sainte Vierge en les accompagnant auprès de Notre-Seigneur voulut adoucir par sa présence la leçon que son Fils allait leur donner; elle leur en fit comprendre le sens profond et les amena enfin à reconnaître la sagesse divine qui était en lui.XIX
Nous verrons dans les biographies suivantes ce que devinrent, après la mort de Notre-Seigneur, ces frères et ces sœurs, membres comme lui de la famille de David. Rappelons seulement ici que quarante ans après la Passion il existait encore des rejetons de la race royale, cousins, par conséquent, ou petits-cousins du Sauveur. Ils furent même l'objet de persécutions particulières de la part de Vespasien et de son fils Domitien. Ces persécutions peu connues expliquent un fait important de l'histoire sacrée et profane de la même époque. Il s'agit de la prétention de Vespasien à se faire passer pour le Messie.XX
Au temps de Notre-Seigneur tous les anciens oracles annonçaient la venue prochaine d'un grand personnage, qui partirait de la Judée et serait le maître du monde. Or, par ses exploits en Judée, Vespasien était devenu célèbre entre tous. Peu de mois après la conquête, il avait été acclamé empereur, par conséquent maître du monde. Le démon profita de toutes ces circonstances. Il connaissait le vrai maître du monde, il savait qu'il était venu, et venu pour détruire son règne. Afin d'en retarder la ruine, en donnant le change sur la personne du Messie, voici quelle fut sa tactique….
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(1) Euseb. 1. II, c. XXVI.
(2) S. Matth. XIII 54, 56.
(3) S. Jean, XI, 19.
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Re: Les frères du Seigneur : Qui sont-ils ?
Les frères du SeigneurSUITE
Le démon …Afin d'en retarder la ruine, en donnant le change sur la personne du Messie, voici quelle fut sa tactique.XXI
Sous son inspiration, les flatteurs de Vespasien lui persuadèrent qu'il était lui-même le grand personnage, prédit par les oracles et attendu de toutes les nations. Peu ou beaucoup de vanité aidant, Vespasien donna dans le piège. Difficilement il pouvait y échapper. Le Messie était annoncé comme devant sortir de la Judée, et en sortir actuellement : il en sortait actuellement ; comme devant être un thaumaturge et le prince de la paix. Il restait à donner à Vespasien ces deux derniers caractères : Satan l'entreprit.XXII
Quant au premier, presque tous les historiens du temps parlent des prodiges opérés par Vespasien : écoutons seulement Tacite. « Pendant qu'à son retour de Judée Vespasien était à Alexandrie, attendant un temps favorable pour s'embarquer, il arriva plusieurs miracles, multa miracula, qui manifestèrent la faveur des dieux pour ce prince.
« Averti par Sérapis, que les superstitieux Égyptiens tiennent pour le plus grand de leurs dieux, un habitant d'Alexandrie, privé de la vue, vient se jeter à ses genoux en le suppliant de le guérir. Il conjure le prince de daigner lui toucher les joues et les yeux avec sa salive. Un autre, estropié de la main, vient par ordre du même dieu prier César de lui marcher fortement sur le membre malade.XXIII
« Vespasien commence par rire et se moquer. Les malades insistent. Tantôt César craint d'être accusé de vanité, tantôt, ébranlé par les supplications des malades et par les flatteries de ses courtisans, il se laisse aller à la confiance. Enfin, il ordonne aux médecins d'examiner si cette cécité et cette infirmité peuvent être guéries par les moyens humains. Les médecins exposent différentes opinions. Chez l'un, disent-ils, la faculté de voir n'est pas entièrement détruite, elle peut revenir si on lève les obstacles; chez l'autre, les muscles sortis de leur place peuvent, au moyen d'une pression salutaire, y rentrer; peut-être est-il à la volonté des dieux d'opérer cette double guérison par le divin ministère du prince qu'ils ont choisi. Dans tous les cas, si le remède réussit, la gloire en reviendra à César; s'il ne réussit pas, la honte sera pour les malades (1). »
Suspendons un instant le récit de Tacite, et cherchons à deviner quelle sera la conduite de Vespasien…
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(1) Tacit., lib. IV.
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Re: Les frères du Seigneur : Qui sont-ils ?
Les frères du SeigneurSUITEXXIV
Suspendons un instant le récit de Tacite, et cherchons à deviner quelle sera la conduite de Vespasien. « Étant en Judée, écrit Suétone, Vespasien consulta l'oracle du Dieu Carmel. Les sorts lui donnèrent l'assurance que tout ce qu'il penserait ou imaginerait, si grand qu'il fût, lui arriverait (2). »
Ajoutons qu'en ce moment le célèbre magicien, Apollonius de Tyane, grand ami de Vespasien, se trouvait à Alexandrie, où il s'attirait l'admiration publique par ses prestiges. Il est plus que probable qu'il fut, dans la circonstance dont il s'agit, l'instigateur et l'aide du nouveau César.XXV
« En conséquence, continue Tacite, convaincu que tout céderait à sa fortune et que pour lui il n'y avait plus rien d'incroyable, d'un air satisfait, en présence de toute la multitude attentive, Vespasien accomplit exactement ce qu'on lui demande. Aussitôt la main est guérie, et la lumière rendue à l'aveugle. Les témoins du double fait le racontent encore maintenant qu'il n'y a aucun intérêt à mentir : utrumque qui interfuere nunc quoque memorant, postquam nullum mendacio pretium (1). »XXVI
On aura facilement remarqué l'air de famille qui existe entre les miracles de Vespasien et ceux des convulsionnants de Saint-Médard. Quoi qu'il en soit, le démon atteignait son but, et faisait de Vespasien la contrefaçon vivante du Messie. Pour la compléter, il fallait ajouter un nouveau trait. Notamment par Isaïe, le Messie était annoncé comme le prince de la paix : princeps pacis.
Afin de montrer que ce caractère se vérifiait en lui, Vespasien, de retour à Rome, s'empressa de bâtir le Temple de la Paix.
Toutes les parties de l'empire furent mises à contribution pour le construire et pour l'orner…
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(2) Apud Judæam Carmeli dei oraculum consulentem ita confirmavere sortes, ut quidquid cogitaret, volveretque animo, quantumlibet magnum, id esse proventurum pollicerentur. In Vespas., C. V.
(1) Tacit., lib. IV.
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Re: Les frères du Seigneur : Qui sont-ils ?
Les frères du SeigneurSUITEXXVII
Toutes les parties de l'empire furent mises à contribution pour le construire et pour l'orner. L'Italie, la Sicile, la Grèce, l'Afrique envoyèrent des blocs gigantesques du plus beau marbre. L'or employé à profusion, les fresques les plus brillantes mirent en relief les ornements d'architecture, la hardiesse des voûtes et les proportions colossales de l'édifice. Par les ruines qu'on voit encore, ce monument surpassait en magnificence tous ceux de l'ancienne Rome. Orné des statues les plus belles, ce temple renfermait toutes les merveilles que les hommes studieux allaient chercher dans l'univers entier. Là furent déposées, entre les objets précieux des anciens temps, les vases et les meubles d'or enlevés au temple de Jérusalem et dont l'empereur était très fier. Quant au livre de la loi et au voile de pourpre du tabernacle, Vespasien voulut les conserver dans le palais impérial.
La sixième année de son règne, l'an 77 de Notre-Seigneur, il fit la dédicace du temple. Au frontispice brillait en lettres d'or la fastueuse inscription: Paci æternæ, à la Paix éternelle.XXVIII
Vainqueurs dans des guerres plus importantes que celles de Judée, aucun des généraux ou des empereurs romains n'avait eu la pensée d'élever un temple à la déesse de la Paix. Pourquoi cette nouveauté de la part de Vespasien ? Nous l'avons dit : par ce monument, il voulait montrer qu'il était le Prince de la paix et l'auteur de la paix éternelle, conformément aux oracles des prophètes, dont ses courtisans, et en particulier le prêtre juif Josèphe, lui faisaient publiquement l'application.XXIX
Néanmoins, soit qu'il eut des doutes sur sa qualité de messie, soit qu'il voulût ôter au monde l'espérance d'un autre messie, en anéantissant la famille de laquelle on l'attendait, Vespasien fit faire une exacte recherche des descendants de David. Dirigée par une politique soupçonneuse et jalouse, cette recherche aboutit au massacre d'un grand nombre d'enfants, d'hommes et de femmes, uniquement coupables d'avoir du sang de David dans leurs veines.
Toutefois, la parenté de Notre-Seigneur ne périt pas entièrement, nous la voyons encore porter ombrage à Domitien. Comme son père, trompé par les flatteurs, ce prince croyait sa famille, la famille du Messie. En même temps, il savait que les Juifs continuaient d'attendre un messie de la famille de David. C'est pourquoi il entreprit d'achever l'œuvre de son père en anéantissant la postérité du saint Roi.
La quatorzième année de son règne, l'an 97 de Notre-Seigneur, des sectaires juifs vinrent lui dire qu'il existait encore quelques parents du Christ…
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Re: Les frères du Seigneur : Qui sont-ils ?
FIN.Les frères du SeigneurSUITEXXX
La quatorzième année de son règne, l'an 97 de Notre-Seigneur, des sectaires juifs vinrent lui dire qu'il existait encore quelques parents du Christ. C'étaient deux neveux de l'apôtre saint Jude, appelé dans l'Evangile le frère du Seigneur. Domitien donna ordre à un vétéran de les lui amener :
« — Êtes-vous de la race de David? leur demanda l'empereur.
— Oui, seigneur, il en est ainsi.
— Quelle est votre fortune en terres et en argent?
— Pour tout avoir, nous possédons en commun neuf mille deniers. Cette somme n'est pas en argent, c'est le prix que peuvent valoir trente-neuf arpents de terre, dont nous tirons, en les cultivant, de quoi vivre et de quoi payer les impôts. » En même temps, ils lui montrèrent leurs mains calleuses et fortement durcies par le travail.XXXI
Continuant de les interroger:
« Que pensez-vous du Christ, leur dit Domitien? De quelle nature est son royaume? Quand et où doit-il paraître?
— Le royaume du Christ, répondirent-ils, n'est pas un empire terrestre comme les empires de ce monde; c'est un empire spirituel et divin qui doit durer jusqu'à la fin des siècles. Alors le Christ, apparaissant dans l'éclat de sa gloire, jugera les vivants et les morts et rendra à chacun suivant ses œuvres. »
Domitien, les ayant entendus, ne prit contre eux aucune mesure sévère. Mais, méprisant la pauvreté de ces hommes, il ordonna de les laisser aller en liberté. Renvoyés de cette manière, les deux frères furent élevés aux dignités de l'Église, comme témoins et parents du Sauveur; puis après la persécution ils prolongèrent leur vie jusque sous le règne de Trajan.
Tels sont les derniers frères de Notre-Seigneur et aussi les derniers descendants de David, dont l'histoire fasse mention.XXXII
Notre-Seigneur s'appelle souvent le fils de l'homme, et non le fils des hommes. Pourquoi ce nom? Parce que dans l'ordre naturel il n'y a qu'un seul homme, le premier Adam, dont tous les autres hommes sont le prolongement. C'est ainsi que dans l'ordre spirituel il n'y a également qu'un seul homme, le second Adam, dont par le baptême tous les hommes sont le prolongement. Si donc, dit saint Paul, nous sommes l'image de l'homme terrestre, notre devoir est d'être l'image de l'homme céleste, ses enfants, son prolongement. A ce prix est notre vie éternelle.
Voir: Hegesippus, apud Euseb. Hist., lib. III, C. XI, XIX, XX; Christoph. a Castro, de Deipara, c. 1; S. Épiphan. Hæres. 59 et 78 ; Baron. Apparatus ad ann. Eccles., n. 41 et 63; Canisius, de Maria Deipara, lib. IV, C. XX, p. 466, édit. in-fol., Ugolstad., 1577 ; Cor. a Lap. in Matlh. XII, 46, 50 ; id. XIII, 54, 56; id. in Joan. VII, 3, 6; S. Hieron. in Matth. XII, 46 ; Baron, an. 71, n. 64; Joseph, de Bello Jud., lib. VII, C. XIVX. sub fin, lib. VIII, v. 5 ; Baron, an. 77, n. 1, 2, 8, etc., etc.
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