Est-ce que la créature attend la gloire des enfants de Dieu ?
Page 1 sur 1
Est-ce que la créature attend la gloire des enfants de Dieu ?
Bonjour,
Tout ce qui suit est tiré :
Bien à vous.
Tout ce qui suit est tiré :
Commentaires de S. Thomas d’Aquin
sur toutes les Épîtres de S. Paul
Traduits par l’Abbé Bralé, tome premier,
Éditions Louis Vivès, Paris.
Bien à vous.
ÉPÎTRE AUX ROMAINS
LECON IVe (ch. VIII, vv. 18 à 22)
SOMMAIRE. – Combien la gloire future, que toute la création attend en gémissant, est au-dessus de toutes les épreuves de ce siècle.
18. Or j'estime que les souffrances du temps présent n'ont point de proportion avec la gloire future qui sera révélée en nous.
19. Aussi la créature attend avec grand désir la manifestation des fils de Dieu.
20. Car elle est assujettie à la vanité, non pas volontairement, mais à cause de celui qui l’y a assujettie dans l'espérance,
21. Qu'elle-même, créature, sera aussi affranchie de la servitude de la corruption, pour participer à la liberté de la gloire des enfants de Dieu.
22. Car nous savons que toutes les créatures soupirent et sont dans le travail de l'enfantement jusqu'à cette heure.[EXTRAITS]
II° En disant (v. 19) : "Aussi la créature attend," S. Paul prouve sa proposition par l’excellence de cette gloire, d’abord par l’attente de la créature, ensuite par l’attente des apôtres, à ces mots (v. 23) : "Et non seulement les créatures, mais nous-mêmes." Sur le premier de ces points, I. Il indique l’attente de la créature; (…)
I. Il dit donc : "J’ai dit que la gloire future surpasse les épreuves présentes :" or ceci est manifeste. En effet, "l’attente de la créature," c’est-à-dire toutes les créatures elles-mêmes qui attendent, attend la manifestation des enfants de Dieu, parce que, comme il est dit (Ire S. Jean, III, v. 2) : "Nous sommes maintenant les enfants de Dieu, mais ce que nous serons un jour ne paraît pas encore." Car la dignité de la divine filiation est cachée dans les saints, à cause des épreuves extérieures; mais dans la suite cette dignité sera révélée, quand les justes recevront la vie immortelle et glorieuse, en sorte que le Sage fait dire aux impies (Sag., V, v. 5) : "Les voilà donc comptés parmi les enfants de Dieu." S. Paul dit : "L’attente attend, pour faire comprendre par cette répétition l’ardeur de l’attente," comme a fait le Psalmiste (XXXIX, v. 1) : "J’attends, j’attends le Seigneur."
Toutefois il faut remarquer que cette expression : "Créature," peut être prise ici dans un triple sens :…
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Est-ce que la créature attend la gloire des enfants de Dieu ?
[EXTRAITS]SUITE
Toutefois il faut remarquer que cette expression : "Créature," peut être prise ici dans un triple sens :…
1° Pour les hommes justes, qui sont appelés spécialement créatures de Dieu, ou parce qu’ils persévèrent dans le bien dans lequel ils ont été créés, ou, en raison de leur excellence, parce que toutes les créatures, dans un certain sens, leur sont soumises (S. Jacques I, v. 18) : "C’est volontairement qu’il nous a engendrés par la parole de la vérité, afin que nous fussions comme les prémices de ses créatures. Or "cette créature," c’est-à-dire l’homme juste," attend la manifestation de la gloire des enfants de Dieu, comme une récompense qui lui a été promise (Tite, II, v. 13) : "Attendant toujours la félicité que nous espérons, et l’avènement glorieux du grand Dieu et de Notre Seigneur Jésus-Christ."
2° On peut entendre par créature la nature humaine elle-même, qui est dépendante des biens de la grâce, nature qui, dans les pécheurs, n'est pas encore justifiée mais informe, et, dans les hommes justifiés, est en partie restaurée par la grâce, et toutefois encore imparfaite, par comparaison avec un autre état plus parfait qu’elle doit recevoir dans la gloire. Ainsi donc "la créature," c’est-à-dire nous-mêmes, en tant qu’on nous considère relativement aux biens de la nature, "attend la manifestation de la gloire des enfants de Dieu;" et cela, pour nous aussi, se fait par la grâce : comme quand nous disons que la matière attend la forme, ou que les couleurs attendent l’image pour se compléter, ainsi que l’explique la Glose (Job XIV, v. 14) : "Durant les jours durant lesquels maintenant je combats, j’attends que mon changement vienne."
3° On peut encore appliquer ce mot à la créature sensible elle-même, par exemple aux éléments de ce monde (Sag. XIII, v. 5 ) : "Par la grandeur, par la beauté de la créature, le Créateur peut être connu et devenir visible." Or "cette créature," ainsi considérée, "attend" de deux manières; car l’attente de la créature sensible, en tant qu’elle est l’œuvre de Dieu, est ordonnée pour une fin, et cela de deux manières.
Premièrement, en tant que Dieu lui imprime certaine forme et comme une vertu naturelle, par laquelle elle est dirigée vers une fin naturelle : comme si l’on disait, par exemple, que l’arbre attend sa fructification et le feu son centre vers lequel il s’élève.
Secondement, en tant que Dieu la dirige vers une fin qui excède sa forme naturelle; car de même que le corps humain sera revêtu d’une forme surnaturelle et glorieuse, ainsi, dans cette gloire des enfants de Dieu, toute créature sensible recevra comme une gloire nouvelle, selon ce passage de l’Apocalypse (XXI, v. 1) : "Je vis un ciel nouveau et une nouvelle terre." Dans ce sens, la créature sensible "attend la manifestation de la gloire des enfants de Dieu."
(…)
2° Lorsqu’il ajoute (v. 21) : "Dans l’espérance qu’elle sera elle-même affranchie," S. Paul désigne…
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Est-ce que la créature attend la gloire des enfants de Dieu ?
[EXTRAITS]SUITE
2° Lorsqu’il ajoute (v. 21) : "Dans l’espérance qu’elle sera elle-même affranchie," S. Paul désigne le terme de l’attente dont il vient de parler; car cette attente ou cette espérance n'est pas vaine, puisque la créature elle-même sera affranchie de l’asservissement à la corruption, pour entrer dans la liberté et dans la gloire des enfants de Dieu.
Que si par "la créature" on désigne l’homme juste, il faut entendre, par l’asservissement la corruption, le soin de se procurer le vivre, le vêtir et autres nécessités semblables, qui nous rendent dépendants de notre mortalité, espèce de servitude dont seront délivrés les saints, qui aspirent à la liberté et à la gloire des enfants de Dieu; car, bien qu’ils aient dès maintenant la liberté de la justice, qui affranchit de la servitude du péché, ils n’ont pas encore la liberté de la gloire, qui affranchit de la servitude des misères (Job, XXXIX, v. 5): "Qui a laissé aller libre l’âne sauvage ?"
Si par "créature" on comprend la nature humaine elle-même, "elle sera délivrée de la servitude de la corruption," c’est-à-dire, selon la lettre, de la passibilité et de la corruption, et cela en aspirant à la liberté et à la gloire des enfants de Dieu, liberté et gloire qui nous délivreront non seulement de la coulpe, mais encore de la mort, comme le dit S. Paul (1re Cor. XV, v. 54) : "La mort a été absorbée dans la victoire. "
Si l’on entend ce passage de la créature sensible, cette créature elle-même sera délivrée de la servitude de la corruption," c’est-à-dire de la mutabilité, parce que dans tout changement il y a corruption, comme l’a remarqué S. Augustin et même Aristote (VIIIe Phys., ch. XIII), et cela pour concourir à la liberté et à la gloire des enfants de Dieu; car il convient à cette liberté que, de même qu’ils sont renouvelés, leur habitation devienne également nouvelle (Isaïe, LXV, v. 17) : "Je vais créer de nouveaux cieux et une nouvelle terre; et le passé," c’est-à-dire la première mutabilité de la créature, "ne sera plus dans ma mémoire." L’Apôtre ajoute : "Parce qu’elle-même, etc."
Selon le premier sens, c’est comme s’il disait : non seulement nous autres apôtres, mais encore les autres justes; dans le second sens : non seulement les justes, mais la nature humaine elle-même, qui dans quelques-uns n’est pas renouvelée par la grâce; dans le troisième sens, c’est comme si l’Apôtre disait : non seulement les hommes, mais le reste des créatures.
3° En disant (v. 22) : "Car nous savons, etc.," S. Paul…
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Est-ce que la créature attend la gloire des enfants de Dieu ?
[EXTRAITS]SUITE
3° En disant (v. 22) : "Car nous savons, etc.," S. Paul donne la preuve de l’attente, en ces termes (v. 22) : "Car nous savons, nous autres apôtres," instruits par l’Esprit Saint et aussi par l’expérience, "que toutes les créatures gémissent et sont dans les douleurs de l’enfantement."
Si l’on entend ce passage de la nature sensible, il présente quelque difficulté.
D’abord ces expressions : "elles gémissent et sont dans l’enfantement," ne paraissent convenir qu’à la créature raisonnable. Cependant on peut ne voir dans ces mots : "Elles gémissent," que ce que l’Apôtre a dit auparavant : "Ne le voulant pas;" car nous gémissons de subir des choses qui répugnent à notre volonté. Ainsi donc, en tant que les imperfections de la créature sensible sont contraires au désir naturel de la nature particulière, on dit de la créature sensible elle-même qu’elle gémit. Quant à cette autre expression : "Elles sont dans l’enfantement," elle a le même sens que les mots cités plus haut : "Elles attendent;" car l’enfantement est le moyen de la reproduction.
La seconde difficulté se trouve dans ces paroles : Toutes les créatures, qui comprendraient aussi les corps célestes. Aussi la Glose dit-elle que le soleil et la lune ne par courent pas sans fatigue les espaces qui leur sont assignés. Mais il faut expliquer ce passage en prenant le travail pour mouvement, comme le repos est pris quelquefois pour la cessation du travail, ainsi qu’il est dit (Gen., II, v. 2) : "Dieu se reposa le septième jour." Dans ce sens, par "gémissement", il faut entendre la corruption qui se mêle au mouvement local, à savoir, en tant qu’il cesse d’exister dans un lieu pour se reproduire dans un autre; et par "enfantement", il faut comprendre l’ordre des corps célestes relativement à leur révolution. Si l’on applique ce passage aux hommes, on peut appeler la nature humaine "toute créature," parce qu’elle a avec toutes les créatures quelques points communs : elle participe de la spirituelle par l’intelligence; de l’animale, par l’animation des corps; de la corporelle, par le corps lui-même. Cette créature donc, c’est-à-dire l'homme "gémit," tant à cause des maux qu’il endure qu’à cause des biens qu’il espère et qui sont différés (Lament. de Jér., I, v. 22) : "Mes gémissements sont nombreux." Elle est dans l’enfantement, parce qu’elle supporte avec une certaine affliction d’esprit le délai de la gloire qu’elle attend (Prov. XIII, v. 12) : "L’espérance qu’on traîne après soi afflige l’âme;" (S. Jean, XVI, v. 21) : "Une femme, lorsqu’elle enfante, est dans la tristesse;" et (Ps. XLVII, v. 7) : "Les douleurs de l’enfantement pèsent sur eux."
L’Apôtre ajoute (v. 22) : "Jusqu’à cette heure," parce que …
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Est-ce que la créature attend la gloire des enfants de Dieu ?
FIN.[EXTRAITS]SUITE
L’Apôtre ajoute (verset 22) : "Jusqu’à cette heure," parce que ce gémissement ne cesse pas par notre justification, mais il demeure "jusqu’à cette heure," c’est-à-dire jusqu’à la mort; ou "jusqu’à cette heure," parce que, si quelques-uns déjà délivrés sont dans la gloire, nous cependant nous restons; ou "jusqu’à cette heure," parce que non seulement les patriarches qui vécurent avant Jésus-Christ, mais nous dans le temps même de la grâce, nous passons par les mêmes épreuves. Aussi S. Pierre (2e Ep., III, v. 4) dit en faisant parler les impies : Qu’est devenue la promesse de son avènement ? Depuis que nos pères sont morts, toutes choses sont comme elles étaient au commencement du monde."
Il faut dire encore que, de ce qu’on peut appeler créature de Dieu tout ce qui est soumis à Dieu, on a voulu appliquer ce passage à toutes les créatures, même aux saints anges. Mais on ne saurait soutenir que ces nobles Esprits sont soumis à la vanité, qu’ils sont dans les gémissements ou dans la douleur, puisqu’ils possèdent déjà la gloire et Celui de qui nous attendons une gloire semblable, suivant ces paroles de S. Matthieu (XXII, v. 30) : "Ils seront comme les anges de Dieu dans les cieux." Ce passage s’explique donc plus convenablement comme nous l’avons fait.
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum