Simon le Cyrénéen : Qui est-il ?
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Simon le Cyrénéen : Qui est-il ?
Simon le CyrénéenI
Au chapitre XXVII de saint Matthieu, versets 26 à 33, nous lisons : « Pilate ayant fait flageller Jésus le livra aux Juifs pour être crucifié. Alors les soldats de Pilate entraînèrent Jésus dans le prétoire et réunirent autour de lui toute la cohorte ; et le dépouillant de la chlamyde rouge qu'ils lui avaient jetée sur les épaules, ils lui remirent ses vêtements, et le conduisirent hors de la ville pour être crucifié. Comme ils sortaient, ils trouvèrent un homme de Cyrène appelé Simon, et le forcèrent à porter la croix de Jésus. Et ils vinrent au lieu appelé Golgotha, qui est le lieu du Calvaire. »
Les chrétiens de Jérusalem ont conservé le souvenir du point de la Voie douloureuse où les soldats rencontrèrent Simon, « père d'Alexandre et de Rufus, qui passait par là, dit saint Marc (1), en revenant de sa maison des champs ». Les Juifs aussi le connaissent bien et, non moins haineux que leurs pères, ils souillent souvent la pierre que les pèlerins ont baisée avec respect. C'est la cinquième station. Le chemin commence à monter vers Golgotha, jusqu'au sommet duquel Simon porta la Croix. Mais avant de rapporter ce que la tradition nous apprend de cet heureux coadjuteur du Fils de Dieu, disons un mot de la situation du Calvaire et de la tradition très ancienne d'où il tirait son nom.II
Rappelons-nous d'abord que Jérusalem est bâtie sur une montagne ayant la forme d'une presqu'île dont les côtés abrupts au nord, à l'est, au sud et même à l'ouest en partie, sont circonscrits par les vallées étroites et profondes de Josaphat, de Gihon et de Géhenna. Cette montagne a plusieurs sommets de hauteur inégale.
Écoutons maintenant ce que va nous en dire un grand évoque d'Orient. « Le Calvaire, dit Diodore de Tarse, faisait partie du mont Moria. Le mont Moria se divisait en plusieurs collines et monticules. A la partie orientale, était le sommet appelé Sion, où se trouvait la citadelle de David. Près de là, était l'aire ou le champ d'Onan le Jébuséen, acheté par David, et qui devint l'emplacement du temple de Salomon, comme il est dit au second livre des Paralipomènes. Une autre partie du Moria, appelée Calvaire, reste hors de l'enceinte de la ville. C'est là que fut immolé Isaac, et le Christ, figuré par Isaac (1). »
D'autres voyageurs, postérieurs à l'évêque de Tarse, et non moins exacts, distinguent trois cimes dans le mont Moria : la première, Sion, ainsi appelée à cause de sa hauteur ; la seconde, Moria proprement dit ; la troisième, Calvaire. A Sion, la cité et la citadelle de David ; à Moria, le temple de Salomon ; au Calvaire, le crucifiement du Christ (1).
De nos jours, un savant prélat…
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(1) XV, 21.
(1) Apud Corn, a Lap., in Gen., XXII, 2.
(1) Borchardus, Descript. Terræ S., et Genebrardus, lib. I, Chronograph.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Simon le Cyrénéen : Qui est-il ?
Simon le CyrénéenSUITEIII
De nos jours, un savant prélat, Mgr Mislin, nous fait connaître le Calvaire en particulier. « Au temps de Notre-Seigneur, le Calvaire était hors de l'enceinte de la ville et de la Porte judiciaire : c'est là que Notre-Seigneur souffrit, extra portant passus est. Aujourd'hui le Calvaire est renfermé dans les murs de Jérusalem. Or, par les recherches sur la situation et la circonférence de l'ancienne ville il a été démontré que les murs n'avaient pas alors la même direction qu'aujourd’hui.
« D'après l'ancienne délimitation, tout l'espace où se trouvent le couvent latin, la plus grande partie du couvent grec et l'église du Saint-Sépulcre, est en dehors des anciens murs, dont on remarque des restes incontestables près de la Porte judiciaire. Cette partie de la ville actuelle, où, déjà du temps de Notre-Seigneur, il y avait des jardins, tels que celui de Joseph d'Arimathie, et quelques maisons isolées, fut, par Agrippa l'Ancien, entourée d'un mur, qui forma la troisième enceinte de Jérusalem. Ce changement eut lieu environ dix ans après la mort de Notre-Seigneur (2). »IV
Malgré cette modification superficielle, le Calvaire conserve en lui-même les preuves de son identité et des prodiges dont il fut le théâtre. C'est ainsi que, malgré les révolutions du globe, la terre garde dans les fossiles, cachés au fond de ses entrailles, la preuve palpable du récit mosaïque. Citons seulement le rocher fendu à la mort de Notre-Seigneur : ce rocher se voit encore.
Le célèbre Adrichome, qui l'avait examiné, il y a trois siècles, le décrit en ces termes : « Sur le mont pierreux du Calvaire existe la preuve de la rupture des rochers. On peut voir la déchirure qui, à la mort de Notre-Seigneur, se fit à la gauche de sa croix, perpendiculairement au-dessous de la croix du mauvais larron. Elle conserve encore les traces du sang du Seigneur. Telle est la largeur de la déchirure, qu'elle peut laisser passer un corps humain. Elle est si profonde, que les curieux ont vainement tenté de la sonder. On dirait qu'elle descend jusqu'aux enfers ; et que, comme au larron de la main droite, la route du ciel fut ouverte par la mort du Rédempteur; ainsi, par la déchirure de ce rocher fut préparé au larron de la main gauche, comme autrefois au rebelle Coré, le chemin de l'enfer (1). »
Voyons maintenant d'où le Calvaire tirait son nom...
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(2) Lieux saints, t. II, c. XX, 39.
(1) Descript. urb. Jerosol.
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Re: Simon le Cyrénéen : Qui est-il ?
Simon le CyrénéenSUITEV
Voyons maintenant d'où le Calvaire tirait son nom.
Calvaire, en syro-chaldaïque Golgotha, veut dire Lieu du Crâne. D'où lui venait cette étrange dénomination? Ecoutons les explications des Saints Pères.
Aux premiers jours du christianisme nous trouvons Tertullien. « Golgotha, dit le grand apologiste, est le lieu du crâne, c'est pourquoi la langue de nos pères l'appela Calvaire. Là, nous avons appris que le premier homme fut enseveli. Là, le Christ souffre ; la terre boit le sang expiateur, afin que la cendre du vieil Adam, mêlée au sang du Christ, soit purifiée par la vertu de l'eau qui coule de son côté (1). »VI
La tradition qui, dès le second siècle, était populaire en Occident, n'était pas moins répandue en Orient. Contemporain de Tertullien, Origène la constate en ces termes : « On dit que le Calvaire n'a pas eu une destination quelconque, mais qu'il a été spécialement prédestiné à être le lieu où devait mourir Celui qui devait mourir pour tous les hommes. Une tradition venue jusqu'à moi m'apprend que le corps d'Adam, le père du genre humain, fut enseveli là où le Christ a été crucifié. Cela s'est fait, afin que, comme tous reçoivent la mort dans Adam, ainsi tous reçussent la vie dans Jésus-Christ ; et que dans ce lieu appelé le Calvaire, c'est-à-dire le lieu du crâne, le chef de la race humaine trouvât la résurrection avec toute sa postérité, par la résurrection du Sauveur, qui dans ce même lieu souffrit et ressuscita (2). »
Le grand évêque de Césarée, saint Basile, n'est pas un anneau moins solide de la chaîne Traditionnelle...
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(1) « Golgotha, locus est capitis, Calvaria quondam.
Hic hominem primum suscepimus esse sepultum.
Hic patitur Christus; pio sanguine terra madescit,
Pulvis Adæ ut possit veteris cura sanguine Christi
Commixtus, stillantis aquæ virtute lavari. »
Adv. Marcion., lib. II, c. IV, p. 1060, édit. Pamel. In-fol., 1583. — Cet ouvrage, à peine connu, prouve que Tertullien fut aussi bon poète que grand orateur. Honte à l'éducation qui nous laisse ignorer les trésors de la littérature chrétienne et qui force la jeunesse à s'abreuver aux sources empoisonnées du paganisme.
(2) Tract, XXXV in Matth.
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Re: Simon le Cyrénéen : Qui est-il ?
Simon le CyrénéenSUITEVII
Le grand évêque de Césarée, saint Basile, n'est pas un anneau moins solide de la chaîne traditionnelle. « On conserve dans l'Eglise, écrit-il, une tradition qui nous apprend que le premier habitant de la Judée fut Adam. Il vint s'y fixer après avoir été chassé du paradis terrestre, afin d'adoucir un peu la douleur que lui causait la perte des biens dont il avait été dépouillé. Ainsi, ce fut la Judée qui la première reçut la dépouille d'un mort, lorsqu'Adam eut subi sa peine. Pour ses enfants, la vue d'une tête décharnée fut un spectacle nouveau et étrange ; c'est pourquoi ils appelèrent Cranion, ou lieu du crâne, l'endroit où ils le déposèrent.
« Il est vraisemblable que Noé n'ignorait pas le lieu où était le tombeau du premier homme, en sorte qu'après le déluge, et de la bouche même de Noé, cette tradition se répandit partout. Voilà pourquoi Notre-Seigneur, voulant tuer la mort dans sa source même, souffrit la mort sur le Calvaire, afin qu'au même lieu, où la mort du genre humain avait commencé, la vie prît son origine et que la mort, victorieuse d'Adam, fût vaincue par la mort du Rédempteur (1). »VIII
Nous pourrions citer encore saint Epiphane, saint Athanase, saint Ambroise, saint Chrysostome ; nous nous contenterons du témoignage de saint Augustin qui est plus explicite. « Écoutez, dit-il, un autre mystère. Le bienheureux prêtre Jérôme a écrit : « J'ai appris avec certitude des anciens du peuple juif, qu'Isaac fut immolé à l'endroit même où plus tard Notre-Seigneur fut crucifié... » La tradition des anciens apprend encore que le premier homme, Adam, fut enterré au lieu même où fut fixée la croix du Sauveur. De là, est venu à ce lieu le nom de Calvaire, parce que le chef du genre humain y fut enseveli.
« Et vraiment, mes frères, il n'y a rien de déraisonnable à croire que le médecin fut élevé là où gisait le malade ; qu'il était convenable que là où était tombé l'orgueil humain, là aussi descendît la miséricorde divine ; et que le sang précieux découlant de la grande victime rachetât, par son contact môme corporel, la poussière de l'antique pécheur (1). »IX
La tradition, relative à la sépulture d'Adam sur le Calvaire, se perpétue encore aujourd'hui dans un fait visible à tous les yeux et dont beaucoup ignorent la raison. Nous parlons de la tête de mort peinte ou sculptée au pied des crucifix. Cette tête représente la tête d'Adam. Le premier et le second Adam rapprochés l'un de l'autre ; le pécheur au-dessous de l'expiateur ; la mort, châtiment du péché, vaincue par la mort du juste; le genre humain tombé en Adam, relevé en Notre-Seigneur : quel livre plus éloquent et plus complet (2) ?
C'est donc jusqu'au sépulcre du premier Adam que Simon le Cyrénéen porta la Croix du Rédempteur…
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(1) In Isaiam proph., c. V, n. 141. Opp., t. 1, p. 674, édit. Gaume.
(1) Serm. VI, de Temp., n. 5. Opp., t. V, pars altera, p. 2306, édit. Gaume. Id., de Civit. Dei, lib. XVI, c. XXCXII.
(2) « Habet vero probabilitatem quod nonnulli pin gant sub cruce Christi calvariam sive cranium, quod Adæe esse notavit B. Albert. Magn., ad XXIII cap. Lucæ. Adam enim sub cruce sepultum esse, receptissima fuit apud veteres sententia. » Molanus, Hist SS. Imaginum, lib. IV, c. XI.
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Re: Simon le Cyrénéen : Qui est-il ?
Simon le CyrénéenSUITEX
C'est donc jusqu'au sépulcre du premier Adam que Simon le Cyrénéen porta la Croix du Rédempteur. Il marchait derrière Jésus, dit saint Luc, et ils étaient suivis d'une grande foule de peuple et de femmes qui se frappaient la poitrine et pleuraient de compassion (3). Touché de leur douleur, Jésus se tourna vers elles et leur dit ces prophétiques paroles : « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ; mais pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants. Car voici que des jours viendront, dans lesquels on dira : Heureuses les femmes stériles, et les entrailles qui n'ont point enfanté et les mamelles qui n'ont point allaité. Alors ils commenceront à dire aux montagnes : Tombez sur nous; et aux collines : Couvrez-nous. Car si l'on fait ainsi au bois vert, que sera-t-il fait au bois desséché (1)? » Simon entendit cet avertissement si étonnant dans la bouche d'un homme qui s'était tu pendant qu'on décidait de sa vie ou de sa mort et qui tombait de fatigue et d'épuisement. Comme les rues de Jérusalem étaient montueuses, étroites et inégales, il en résultait qu'à chaque pavé, à chaque aspérité les plaies de la sainte victime, portant ou plutôt traînant sa croix, se renouvelaient, lui causaient de vives douleurs et lui faisaient perdre, avec le reste de son sang, le reste de ses forces. De là vient que, n'en pouvant plus, il était tombé plusieurs fois dans le chemin. Mais il recouvra ses forces pour récompenser ces pieuses femmes de leur compassion, en les avertissant de se mettre à l'abri, elles et leurs enfants, du châtiment terrible qui menaçait Jérusalem. Et nous savons qu'en effet les chrétiens n'oublièrent pas la recommandation du Seigneur quand l'armée romaine s'approcha de Jérusalem.
Ce furent les plus longues paroles qu'il prononça durant sa Passion, et c'est la charité qui les lui inspira.XI
Simon en ce moment portait la croix tout entière, et non pas seulement la partie inférieure, laissant la partie supérieure appuyée sur le dos de Jésus, ainsi qu'on le voit dans certains tableaux. Les soldats prirent sans doute Simon pour un homme de rien, avec qui il n'y avait pas à se gêner. Il revenait des champs et portait sur sa tête du bois pour la fête qui était proche. Un auteur païen, Arrien, nous donne une idée de l'audace de ces gens-là. « Si un soldat t'impose, dit-il, une corvée, ne résiste, ni ne murmure ; sinon tu recevras des coups et perdras encore ton âne par dessus le marché. »
Toutefois, il faut convenir que les soldats firent une grande injure à Simon, en le forçant de porter publiquement, aux yeux de la multitude, l'ignominieux instrument de supplice du condamné Jésus. Le brave Simon accepta patiemment cet outrage. Mais le Dieu de bonté, qui allait pardonner au bon larron, ne laissa pas sans récompense son charitable auxiliaire : nous le verrons bientôt.
Au reste, dans ce fait, comme dans les autres circonstances de la Passion, tout est mystère…
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(3) XXIII, 26, 27.
(1) Luc, XXIII, 28-31.
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Re: Simon le Cyrénéen : Qui est-il ?
Simon le Cyrénéen
SUITEXII
Au reste, dans ce fait, comme dans les autres circonstances de la Passion, tout est mystère. Notre-Seigneur porte d'abord la croix, comme le trophée de sa victoire sur le démon : cujus imperium super humerum ejus. Il la laisse ensuite porter à Simon pour montrer qu'il la lègue à l'homme, avec l'invitation de la porter à son tour, suivant cette parole : « Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il porte sa croix. »XIII
Venons maintenant à ce que la tradition nous apprend de l'heureux Cyrénéen dont il n'est pas un chrétien qui n'ambitionne le sort. Outre le don de la foi, le Sauveur lui donna la grâce de devenir non seulement un grand chrétien et un apôtre, mais un grand saint.
Il devait être encore jeune lorsque le Fils de Dieu daigna l'associer au portement de sa croix, puisque sa femme et son fils Rufus vivaient encore lorsque saint Paul écrivit son épître aux Romains, c'est-à-dire vingt-huit ans après la mort du Sauveur. « Salue, dit-il, Rufus l'élu du Seigneur, et sa mère qui est aussi la mienne (1).»
Simon était natif de Cyrène. Mais dans l'antiquité on connaît trois villes de ce nom : l'une en Syrie, l'autre dans l'île de Chypre, la troisième en Libye. De laquelle Simon était-il originaire? Origène, qui vivait aux premiers siècles de l'Église, le croit de Cyrène en Libye.XIV
Comme on sait, la Libye était une vaste contrée de l'Afrique septentrionale, à l'ouest de l'Égypte, longeant le bord de la mer, et comprenant les grands déserts de Barca, du Cordofan et du Darfour. Pays des grands lions, éclairée ou plutôt brûlée par un soleil de feu, la Libye, malgré tous ces obstacles, fut évangélisée par l'apôtre saint Marc. La ville capitale était Cyrène, célèbre par son commerce, jusqu’à la fondation d'Alexandrie. Comme toutes les capitales de l'ancien monde, Jérusalem et Rome exceptées, Cyrène a disparu. Sur les ruines de l'opulente cité, jadis peuplée de philosophes et de riches marchands, s'élève, comme une cruelle ironie, un misérable village, appelé Curin, à quatre lieues des côtes de la Méditerranée.
Suivant la tradition, ce sont des revers de fortune qui auraient engagé Simon à quitter son pays pour venir à Jérusalem avec ses deux fils.
Simon était-il juif, était-il païen? …
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(1) XVI, 13.
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Re: Simon le Cyrénéen : Qui est-il ?
FIN.Simon le CyrénéenSUITEXV
Simon était-il juif, était-il païen? Sur ce point on n'est pas d'accord. Les uns prétendent qu'il était païen, et que c'est par un conseil particulier de la Providence qu'il fut appelé à l’honneur de porter la croix du Rédempteur de l'univers. Cette insigne faveur indiquait que, si les Juifs incrédules crucifiaient le Messie, les gentils embrasseraient sa doctrine et porteraient sa croix : ce qui eut lieu.
D'autres croient qu'il était juif, ou du moins prosélyte, c'est-à-dire disciple de la religion mosaïque, bien que païen d'origine. Le nom de Simon qui est juif, et non grec ou romain, donne du poids à ce sentiment. On peut ajouter qu'il y avait à Cyrène de Libye, comme dans toutes les villes de commerce, un grand nombre de Juifs. Rien n'empêche de croire que c'étaient ces Juifs de Cyrène qui avaient une synagogue à Jérusalem. Les Actes des apôtres nous apprennent avec quelle ardente opiniâtreté ces Cyrénéens combattirent saint Étienne, le chef des sept diacres apostoliques et le premier de nos martyrs.XVI
Quoi qu'il en soit, une constante tradition nous fournit les détails sur l'heureux Simon et sur ses deux fils, dont nous reparlerons plus tard.
Après la Pentecôte il accompagna saint Jacques en Espagne et y prêcha l'Évangile. Il y fit un second voyage, après avoir reçu des mains de saint Pierre la consécration épiscopale. Arrivé en Espagne avec saint Paul, il eut la consolation de voir ses deux fils travailler avec ardeur à établir le règne de Dieu, sous la conduite du grand apôtre.
L'heureux vieillard fut ravi de joie à la vue des succès de ses chers enfants, dont il rendit grâce au Seigneur. Se livrant lui-même au zèle dont il était animé, il s'efforça de conquérir des âmes au bon Maître, qui lui avait ménagé l'incomparable bonheur de porter sa croix. Au déclin de son âge, il retourna en Orient et mourut à Jérusalem, où l'on célèbre sa fête le premier jour de décembre (1).XVII
Comme nous l'avons déjà insinué, dans le portement de la croix, Simon le Cyrénéen personnifie le genre humain tout entier. La croix qu'il porta sur ses épaules reste sur celles de tout homme venant en ce monde. Croix publiques, croix domestiques, croix corporelles, croix spirituelles, croix de paille, croix de bois, croix de fer, il y en a pour chacun. La croix est la condition de l'épreuve, et le gage du bonheur futur ; mais pour cela il faut la recevoir de la main de Dieu et la porter comme le bienheureux Simon porta celle du Rédempteur.
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(1) « Venit cum filiis Simon in Hispaniam, comitatus sanctum Paulum, ubi prædicavit ; quam prias adierat comitatus sanctum Jacobum, et ibi prædicavit tunc; quem dicitur consecrasse cum aliis sanctus Petrus in episcopum abiisseque Jerosolymis; colitur prima die decembris. » S. Braulio, in Add. ad Chron. Maximi; ap. Cor. a Lap. in Matth. XXVII, 31.
Voir, dans Cor. a Lap. in Matth. XXVII, 31, les témoignages des Pères de l'Église: Origène, S. Hilaire, S. Ambroise, S. Léon, S. Grégoire; Sepp, Vie de N.-S. J.-C., t. II, c. 54; les Témoins du Christ, par M. Maistre; Burchardus, Descrip. terræ sanctæ ; Mgr Mislin, Lieux saints, t. II, c. XX ; Tertul., Adv. Marcion., l. II. c. IV ; Origen. Trac. XXXV, in Matth. ; S. Aug., in Isaiam proph., c. V , n. 141; de Civit. Dei, lib. XVI, c. XXXII ; Molanus, Hist. SS. Imaginum, lib. IV, c. XI , etc.
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