Anne et Caïphe : Qui sont-ils ?

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Message  Louis Jeu 23 Mai 2019, 5:47 am

Anne et Caïphe

I

Nous lisons dans saint Jean, au chapitre XVIII, verset 12 : « Alors la cohorte et le tribun, et les satellites des Juifs, se saisissant de Jésus, le lièrent et remmenèrent premièrement chez Anne, parce qu'il était beau-père de Caïphe, grand prêtre de cette année-là. »

Pourquoi les Juifs conduisirent-ils Notre-Seigneur chez Anne, et non pas d'abord, ce qui semblait commandé, chez le grand prêtre Caïphe ? On en donne plusieurs raisons.

II

D'une part, en venant du jardin de Gethsémani et du torrent de Cédron, le Sauveur devait traverser le faubourg d'Ophel, situé à l'est de la ville, et entrer par la Porte du fumier. Dans le parcours se trouvait le palais d'Anne, situé sur la pente du mont Sion, au bord de la rue qui conduisait au palais de Caïphe. Celui-ci occupait le haut de la ville. C'est là qu'au retour de la captivité de Babylone, sous Néhémie, le grand prêtre Eliasib avait fait bâtir la demeure des Souverains Pontifes (1).

Il était donc naturel que les Juifs entrassent chez Anne pour lui montrer leur prisonnier ; d'autant mieux qu'Anne avait eu la plus grande part à son arrestation. C'est lui qui avait fait prévaloir son opinion dans le conseil, contre l'avis de ceux qui ne voulaient pas qu'on s'emparât de Jésus pendant les fêtes de Pâques, dans la crainte d'exciter une sédition parmi le peuple.

III

D'autre part, c'est avec Anne, en particulier, que Judas avait conclu son horrible marché. Le traître lui amène donc sa proie, afin de prouver qu'il a tenu parole, et réclamer le prix de son forfait. En effet, l'Évangile a soin de dire que les trente deniers lui avaient été promis, mais qu'il ne les avait pas reçus (1). C'est dans la maison d'Anne qu'ils lui furent donnés. Content de les avoir, l'avare n'alla pas plus loin et se retira immédiatement.

La preuve en est que si Judas fût resté dans le palais, saint Pierre n'aurait pas osé s'y présenter. Avec toute raison, il aurait craint d'être reconnu par le traître, par lui dénoncé aux gens de la maison, et, par lui, accusé hautement de mensonge, s'il avait, comme il eut la faiblesse de le faire, nié être disciple de Jésus.

Satisfait du succès de son crime, le vieux Anne…
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(1) II Esdras, III, 20, 21.

(1) « Promiserunt ei pecuniam se daturos. » Marc, XIV, 11.

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Message  Louis Ven 24 Mai 2019, 6:31 am

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IV

Satisfait du succès de son crime, le vieux Anne prit le rôle de juge d'instruction : « Il interrogea Jésus, dit saint Jean, touchant ses disciples et sa doctrine. Jésus répondit : J'ai enseigné publiquement devant tout le monde. Je n'ai rien dit en secret. Pourquoi m'interrogez-vous? Interrogez ceux qui m'ont entendu (1). » Cette réponse faite avec calme était la seule qui convenait à un accusé, dont le témoignage n'est d'aucune valeur. Ainsi, au lieu de se justifier lui-même en expliquant sa doctrine, il invite son juge à interroger ses auditeurs.

V

Croirait-on que cette sage réponse eut attiré au Sauveur le plus sanglant outrage ? Il avait à peine parlé qu'un des serviteurs, placé à ses côtés, lui décharge un coup de poing sur le visage, en disant : « Est-ce ainsi que tu réponds au grand prêtre? » Cette brutalité inouïe d'un valet devait être sévèrement punie, tant pour l'honneur du juge que pour la liberté de l'accusé. Il n'en fut rien. Pourtant la loi juive édictait des peines sévères pour ce genre d'outrages.

Ainsi, un coup de poing sur le corps était puni d'une amende d'un sicle, environ quarante francs. Celui qui donnait un soufflet payait deux cents deniers, environ cent cinquante francs, et quatre cents si c'était avec le revers de la main. L'amende même devenait plus considérable, selon la dignité de la personne offensée. Mais nous l'avons dit : A l’égard du Fils de Dieu tout était permis. Chacun pouvait contre l'auguste et sainte Victime donner libre cours à ses caprices. Si, comme la tradition le rapporte, le valet qui frappa le Sauveur est Malchus, il se vengea sur le Maître du coup qu'il avait reçu de Pierre son disciple.

VI

Cette instruction sommaire étant achevée, Anne laissa continuer sa route au divin prisonnier, qui, chargé de chaînes, arriva chez Caïphe (1).

Anne se rendit ensuite au conseil et condamna à mort le divin Maître, comme il condamna plus tard les apôtres à différentes peines. Mais la justice de Dieu devait avoir son tour. Le vieux pontife, qui avait si indignement abusé de son sacerdoce, termina une vie, souillée de crimes, par un crime qui consomme tous les autres : il se suicida.

Caïphe, son gendre, ne valait pas mieux que lui…
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(1) XVIII, 20, 21.
(1) « Et misit eum Annas ligatum ad Caïpham Pontificem. » XVIII, 21.

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Message  Louis Sam 25 Mai 2019, 6:58 am

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VII

Caïphe, son gendre, ne valait pas mieux que lui. C'était, paraît-il, un homme ordinaire, peu versé dans la science de la loi et du droit mosaïque. Ceci, du reste, était assez habituel à une époque où l'argent, l'intrigue, bien plus que le mérite, créaient les grands prêtres. Anne avait su le pousser au souverain pontificat, afin de pouvoir, derrière lui, tout diriger et assurer ainsi son influence dans toutes les affaires. C'est pour cela que les évangélistes nomment toujours Anne à côté de Caïphe.

VIII

Le digne gendre de son indigne beau-père, Caïphe va entrer en scène. Nous allons le suivre à la trace des violations continuelles non seulement de toutes les lois divines et humaines, mais encore de toutes les formalités juridiques. Rappelons d'abord une parole célèbre qu'il proféra sans la comprendre. Dans le conseil qui fut tenu après la résurrection de Lazare, et dans lequel le Sanhédrin décida la mort de Notre-Seigneur, les princes des prêtres et les pharisiens disaient : « Que faisons-nous, car cet homme opère beaucoup de prodiges? Si nous le laissons faire chacun croira en lui; et les Romains viendront et ruineront notre ville et notre nation. Caïphe, le grand prêtre de cette année-là, leur dit : Vous n'y entendez rien, et ne considérez pas qu'il vous est bon qu'un homme meure pour le peuple, et non pas que toute la nation périsse. Or, il ne dit pas cela de lui-même ; mais étant grand prêtre cette année, il prophétisa que Jésus devait mourir pour la nation (1). »

IX

Dans sa pensée Caïphe voulait dire qu'il fallait mettre à mort Notre-Seigneur, plutôt que d'exposer toute la nation juive à se voir détruite par les Romains, inquiets, faisait-il entendre, de la présence de l'homme à miracles, appelé le Roi des Juifs. Mais le Saint-Esprit avait mis sur les lèvres de l'indigne pontife ces paroles qui avaient un tout autre sens. Ainsi il en avait été du prophète Balaam ; appelé pour maudire le peuple d'Israël, il le combla de bénédictions.

Contre sa volonté l'impie Caïphe définit et proclame notre foi : savoir que Notre-Seigneur devait mourir pour le salut du monde, et au prix de son sang nous délivrer de la mort éternelle. Tel est le sens précis des paroles de Caïphe. Cela est si vrai, que pour exprimer sa coupable pensée il aurait dû dire : il est bon qu'un homme meure de préférence à tout le peuple, pro populo; au lieu qu'il dit : pour le peuple, pro populo.

Saint Jean a grand soin de le faire remarquer, en disant : « et non pour la nation (juive) seulement, mais aussi pour rassembler en un les enfants de Dieu qui étaient dispersés. » Ainsi ce grand instigateur du déicide prédit, sans le vouloir, que le monde serait sauvé par la mort du Juste, que lui-même allait condamner.  
               
Revenons au drame du Calvaire…
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(1) Joan. XI, 47-51.

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Message  Louis Dim 26 Mai 2019, 7:13 am

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X

Revenons au drame du Calvaire. Il pouvait être environ dix heures du soir, quand le lugubre cortège arriva au palais de Caïphe. Le Sauveur, chargé de chaînes, fut aussitôt introduit dans la salle du tribunal. Déjà les membres du Sanhédrin étaient assis sur leurs sièges, revêtus de leurs habits de juges, qu'ils allaient souiller par la plus inique de toutes les sentences.

D'abord il était défendu de juger pendant la nuit aucun crime capital. De plus, toutes les fois qu'un procès criminel devait se terminer par la condamnation de l'accusé, il ne pouvait être achevé en un jour : bien moins encore la sentence pouvait-elle être prononcée un jour de fête. Mais dans ce procès, où il s'agissait de condamner l'innocence même, toutes les règles de la justice et de la légalité devaient être foulées aux pieds.

XI

Saint Marc nous rapporte, après saint Matthieu, ce qui se passa chez Caïphe, dans cette séance nocturne du Sanhédrin.

Ils amenèrent Jésus chez le grand prêtre, où s'assemblèrent tous les prêtres, et les scribes et les anciens... Or les princes des prêtres et tout le conseil cherchaient des témoignages contre Jésus, pour le faire mourir, et ils n'en trouvaient point, car plusieurs déposaient faussement contre lui ; mais les témoignages ne s'accordaient pas.

« Enfin quelques-uns, se levant, portèrent contre lui ce faux témoignage : Nous lui avons entendu dire : Je détruirai ce temple bâti par la main des hommes, et en trois jours j'en rebâtirai un autre qui ne sera pas fait de main d'homme. Mais il n'y avait pas non plus d'accord entre leurs témoignages. »

Avant de continuer l'histoire de cet inique jugement…

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Message  Louis Lun 27 Mai 2019, 6:43 am

Anne et Caïphe

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XII

Avant de continuer l'histoire de cet inique jugement, le plus monstrueux dont il soit parlé dans les annales de la justice, expliquons le faux témoignage qui excita contre Notre-Seigneur la populace de Jérusalem.

Rien n'était plus cher aux Juifs que le temple, où Jéhovah demeurait pour veiller sur son peuple. Les destinées de la nation étaient liées à celles du temple; tant qu'il était debout, Israël ne pouvait périr. Menacer de détruire le temple, c'était menacer la nation d'une ruine certaine. Dans son patriotisme aveugle, la populace avait tellement à cœur la menace qu'on prêtait à Notre-Seigneur, qu'elle lui cria pendant qu'il était sur la croix : « Eh bien, toi qui détruis le temple de Dieu et qui le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même. Si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix (1). »

XIII

Or Notre-Seigneur n'avait pas dit : Je détruirai le temple de Dieu ; mais aux Juifs qui lui demandaient un signe de sa mission, une preuve de son autorité divine, il avait répondu : « Détruisez ce temple, et dans trois jours je le rebâtirai (1). » Il parlait ajoute saint Jean, du temple de son corps, dont le temple de Jérusalem n'était que la figure, annonçant ainsi que sa mort et sa résurrection, prédites par les prophètes, seraient le signe éclatant de sa divinité.

XIV

Et dans une autre circonstance il avait dit à la foule : « Cette génération perverse demande un signe, il ne lui en sera point donné d'autre que celui du prophète Jonas (2), » qui sortit vivant, après trois jours, du ventre de la baleine.

Mais là où Notre-Seigneur n'avait fait qu'une prédiction du crime que les Juifs allaient commettre et de la gloire qu'il en tirerait par sa résurrection, les pharisiens, en appliquant au temple de pierre ce qu'il avait dit du temple vivant de Dieu, le rendirent odieux à la foule.

XV

Cependant les faux témoins qu'ils avaient suscités ne furent point d'accord dans leur mensonge ; car ils mentaient tous en disant que Notre-Seigneur avait menacé le temple de ruine ; mais ils différaient en ce que les uns disaient qu'il s'était vanté de détruire lui-même ce temple, dont la construction avait occupé tant de milliers d'hommes pendant près d'un demi-siècle (3), tandis que les autres très probablement soutinrent qu'il avait excité les Juifs à le détruire, promettant d'en rebâtir en trois jours un autre [qui] ne serait pas fait par la main des hommes (1).

Quoi qu'il en soit, ils étaient tous d'accord en ce point que Notre-Seigneur avait promis de faire une œuvre supérieure aux forces humaines et de prouver ainsi sa divinité. Le grand prêtre le comprit parfaitement ; et n'osant plus parler de la menace contre le temple, il saisit l'occasion de forcer Notre-Seigneur à s'expliquer clairement sur sa divinité, afin de le condamner comme blasphémateur, s'il se disait le Christ Fils de Dieu.

Reprenons le récit de l'Évangile : …
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(1) Math., XXVI, 39, 40.
(1) Joan. II, 19.
(2)  Luc. XI, 29.
(3)  Joan. II, 20.

(1) Marc, XIV, 54-64.

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Message  Louis Mar 28 Mai 2019, 7:26 am

Anne et Caïphe

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XVI

Reprenons le récit de l'Évangile : « Cependant le grand prêtre, se levant au milieu d'eux, interrogea Jésus, disant : Vous ne répondez rien à ce que ceux-ci déposent contre vous ? Mais Jésus se taisait et ne répondit rien. Le grand prêtre l'interrogea de nouveau, disant : Je vous adjure, au nom du Dieu vivant, de nous dire si vous êtes le Christ, le Fils du Dieu béni? Et Jésus lui dit : Je le suis, et vous verrez le Fils de l'homme assis à la droite de la majesté de Dieu et venant sur les nuées du ciel.

« Aussitôt le grand prêtre, déchirant ses vêtements, dit : Qu'avons-nous encore besoin de témoins ? Vous avez entendu le blasphème: que vous en semble? Et tous le condamnèrent, prononçant qu'il méritait la mort (2). »

XVII

Quelle audacieuse et criminelle iniquité ! Tous les membres du Sanhédrin avaient été témoins de l'accomplissement de la prophétie d'Isaïe rappelée par Notre-Seigneur aux disciples de saint Jean : Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, l'Évangile est annoncé aux pauvres (1). Ils le savaient si bien, qu'ils avaient voulu tuer Lazare après sa résurrection.

Mais ils ne voulurent point croire que le Fils de Dieu, pour satisfaire à la justice de son Père, se fût anéanti, comme dit saint Paul, en prenant la forme d'un esclave, et pût s'humilier jusqu'à se livrer entre leurs mains et à se laisser mettre à mort (2). Cette sagesse divine les scandalisait (3).

XVIII

L'ambition aussi les aveuglait. S'ils reconnaissaient que le Messie était venu, il fallait lui abandonner le pouvoir, et obéir en tout à ce nouveau Moïse (4) : or, leur parti était pris, ils voulaient garder le pouvoir, rester maîtres du peuple de Dieu; et si Jéhovah, après avoir envoyé ses prophètes, envoyait enfin son Fils unique pour réclamer ses droits, ils s'étaient résolus à tuer l'héritier pour jouir en paix de l'héritage (5).

Cet héritier d'ailleurs, ils le haïssaient personnellement, parce…
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(2) C'est ce qui ressort des paroles mêmes de Notre-Seigneur rapportées par saint Jean et entendues dans le sens que lui prêtaient les Juifs: Démolissez ou détruisez ce temple.
(1) Math., XI, 5.
(2) Philipp., II, 7, 8.
(3) I Cor., I, 23. .
(4) Deut., XVIII, 15, 78; Act., III, 22.
(5) Luc. XI, 9-15.

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Message  Louis Mer 29 Mai 2019, 6:27 am

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XIX

Cet héritier d'ailleurs, ils le haïssaient personnellement, parce qu'il avait toutes les vertus opposées à leurs vices. Il était humble, et ils étaient orgueilleux; il était bon et doux, ils étaient durs et cruels; il était simple et droit, ils étaient hypocrites et perfides. Ne les eût-il point démasqués et maudits en présence de tout le peuple, qu'ils n'eussent pu l'aimer, ni vivre avec lui ; et encore moins lui céder le gouvernement religieux de la nation. Ils aimèrent mieux s'exposer à perdre leur pays et à se perdre eux-mêmes éternellement que de descendre du rang suprême. Telle avait été toute la politique d'Hérode.

XX

Mais, connaissant l'admiration du peuple pour Notre-Seigneur, ils résolurent d'avilir Jésus autant qu'ils pourraient, afin de le faire mépriser de la foule, et de détruire cette majesté qui paraissait sur son visage.

« Alors quelques-uns, dit saint Marc, commencèrent à cracher sur lui, et à lui voiler la face, et à le frapper à coups de poing, et à lui dire : Prophétise; et les valets lui donnaient des soufflets (1). »

Ainsi les valets des grands prêtres et des autres membres du Sanhédrin ne portèrent la main sur l'auguste victime qu'après que leurs maîtres leur en eurent donné l'exemple, Non contents d'avoir décrété sa mort, ces juges scélérats voulurent assouvir leur rage sur la Vérité éternelle qui les avait appelés des sépulcres blanchis: ils lui crachèrent au visage; ils lui mirent un linge sur la figure, et le frappant à coups de poing, ils lui disaient : Allons, Christ, Fils du Dieu béni, prophétise, devine qui t'a frappé. Et comme Jésus se taisait, les valets s'enhardissant s'approchèrent à leur tour, et ils lui donnaient des soufflets !

XXI

Ainsi fut accomplie par eux cette parole d'Isaïe, que les scribes et les prêtres et les anciens avaient lue tant de fois dans leurs synagogues : « J'ai abandonné mon corps à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui les déchiraient; je n'ai point détourné mon visage de ceux qui me disaient des injures et me couvraient de crachats : Corpus meum dedi percutientibus, et genas meas vellentibus, faciem meam non averti ab increpantibus et conspuentibus in me (1).

Quel aveuglement terrible ! ou plutôt quel épouvantable endurcissement ! Ils ne voulurent point reconnaître le Christ aux signes marqués par les prophètes, et dans leur rage infernale ils ne virent point qu'ils le traitaient précisément comme les prophètes avaient prédit !

XXII

Après avoir présidé le conseil qui condamna à mort Notre-Seigneur, il ne faut pas être étonné de voir Caïphe et son beau-père présider ce même Sanhédrin qui condamna les apôtres. C'est par leurs ordres qu'ils furent arrêtés, jetés en prison, flagellés.

Mais le président de ces assemblées d'assassins devait finir comme finissent les persécuteurs de la vérité : à l'exemple de son beau-père, Caïphe se suicida, et leurs complices périrent misérablement.

Avis à leurs continuateurs d'hier, d'aujourd'hui, de demain et de tous les siècles.

Voir Cor. a Lap. in Matth. XXVI, 59 et seqq. ; Id. in Joan. XVIII, 3; Id. in Act. App. IV, 6 et seqq ; Id. in Chron. Act. App.t p. 2, et cap. IV, 6 ; Euseb, Hist. lib. I; Joseph. Antiquit. lib. XV,  c. VIII; id., lib. II Contra App.; Clemens Rom. Constitut. lib. VIII, c. II; S. Epiphan. Hæres. 15; Baron, an. 34, n. 70. ; an. 37, n. 3; an. 62, n. 3 ; Niceph. Call. hist. lib. II, n. 10 ; Sepp, Vie de N. S. J.-C., n. 38 et 39, etc., etc.

____________________________________________________________

(1) Marc, XIV, 65.
(1) Isaïe, ch. L, 6.

FIN.

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