Fête de l'Annonciation de la Bienheureuse Vierge Marie (anglais/français)

Fête de l'Annonciation

Sermon du P. Francis Xavier Weninger, SJ

"Et l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée appelée Nazareth,
et le nom de la vierge était Marie."--Luc 1.

A travers le sombre temps du Carême, dont les ombres s'obscurcissent de plus en plus jusqu'à ce que l'aube lumineuse du matin de la résurrection dissipe leur morosité, brille la gloire d'un fait divin qui donne à cette fête de l'Annonciation de la Sainte Vierge Marie un rang égal à celui de la plus grande fête de l'Église. Ce fait divin peut bien inspirer nos cœurs avec la plus tendre, la plus exquise, la plus joyeuse, des affections d'action de grâce, car à son existence nous sommes redevables de l'inestimable grâce de la Rédemption.

C'est en ce jour, bien-aimé dans le Christ, que l'ange Gabriel, à qui Dieu avait donné en charge l'âme précieuse de celle qu'Il avait de toute éternité choisie pour être la Mère du Verbe Incarné, s'est donné à la tendre Vierge, dont la pureté n'avait jamais été terni par le plus léger souffle du mal, la joyeuse nouvelle qu'elle était, en préservant la perle de virginité, pour être la Mère de Dieu.

C'est donc en ce jour que le Fils de Dieu a assumé notre nature humaine pour la rédemption et le salut de l'homme déchu ; et pourtant il y a, en général, mais trop peu d'attention consacrée à la considération du mystère que nous y commémorons ; car, par le plus grand nombre de chrétiens, elle est considérée et célébrée simplement comme une fête en honneur de Marie. Mais, en fait, c'est la pierre angulaire sur laquelle reposent toutes les autres fêtes, commémorant, comme elle le fait, un événement qui ne peut manquer de remplir le cœur humain d'adoration, de gratitude et de la plus intense consolation.

Tout dépendait du décret de Dieu si, dans Son infinie miséricorde, Il serait heureux d'étendre Son bras et de sauver la race humaine de l'abîme d'une misère presque trop profonde pour être conçue. Mais, depuis que "l'ange du Seigneur a annoncé à Marie" le message du salut, et que le Fils de Dieu a assumé en ce jour même sa chair, tout a changé ; et de la fête de l'Annonciation est sorti Noël, Pâques, la Pentecôte et l'éternelle victoire de l'Église.

Considérons aujourd'hui le message de l'ange à Marie dans sa sublimité divine, ainsi que dans l'importance qu'il revêt pour les enfants des hommes. Ô Marie, qui était déjà pleine de grâce quand l'ange te salua et t'élut non seulement pour devenir la Mère de Dieu, mais aussi la Mère de tous les enfants de Dieu, accepte-nous aujourd'hui comme tes enfants ! Je parle au nom très saint de Jésus, pour le plus grand honneur et la gloire de Dieu !

TBC...

Si, mes bien-aimés chrétiens, les paroles des saints évangiles, chaque fois que nous ouvrons les pages du volume inspiré, mais surtout lorsque nous les entendons des lèvres du prêtre à l'occasion de la célébration des fêtes de l'Église, ont tendance à nous inspirer de joie et à élever notre cœur vers Dieu, cela est particulièrement vrai de l'évangile qui se distingue en ce jour de joie.

"En ce temps-là, l'ange Gabriel fut envoyé dans une ville nommée Nazareth, à une Vierge appelée Marie." Paroles bienheureuses ! car, aussi souvent que nous les entendons, l'heureux événement que nous commémorons aujourd'hui surgit immédiatement sous nos yeux, clair et distinct, comme si nous avions été présents lorsque la gloire de l'ange irradiait la petite salle humble de Nazareth. En esprit, nous voyons la Vierge Immaculée, unie à son Dieu dans une prière fervente, inconsciente de tout sauf de Lui, quand un ange du Seigneur apparut devant elle. On peut presque entendre sa voix, dans les tons de laquelle s'attarde encore la douceur de cette musique céleste à laquelle il était heureux de s'inscrire.

Nous avons toutes les raisons d'apprendre et de réfléchir profondément à la signification de ce message angélique, qui était un message très saint, très solennel, très important, très consolant et joyeux, tant pour la Sainte Vierge que pour ses enfants dévoués.

Dans chaque message, l'importance est augmentée ou diminuée en fonction de la dignité de l'expéditeur. Un message nous est apporté par un parent, une connaissance ou un être inférieur, et ne produit que peu d'effet sur nous ; nous ne pouvons même pas retarder le messager assez longtemps pour entendre ce qu'il a à dire.

Mais supposons qu'une personne de haut rang ait quelque chose à nous dire, un Prince, un Roi, un Empereur, le Président, le Pape ! Avec quelle considération nous traitons le messager ! Comme nous écoutons attentivement, afin de savoir exactement ce qu'il a à nous dire ! Imaginez donc combien le message de l'ange était important et, en même temps, sacré ! Il est venu de la Très Sainte Trinité -- Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit ! C'était le message de la Majesté infinie, la sainteté la plus miséricordieuse de Dieu à Marie et, à travers elle, à toute la race humaine !

C'était un message très solennel. Ce qui confère de l'importance à un message, c'est la forme et la manière dont il est transmis. Nous voyons ici un archange, l'un des sept princes du ciel, qui déclare la volonté du Très-Haut, et qui peut concevoir ce que des myriades d'anges ont assisté à Gabriel quand il se présenta devant Marie, Reine des anges ! Qui peut imaginer le profond respect avec lequel il l'a saluée, en qui il a déjà vu la Mère du Fils de Dieu fait homme ! Avec quelle vénération il s'adressa à elle, l'élue de toutes les filles d'Ève, destinée de toute éternité à être élevée comme maîtresse au-dessus de toute la chorale céleste !

TBC...

C'était un message très important, car l'objet d'un message est ce qui en constitue l'importance. Elle fit savoir au monde, à la race humaine, que les biens perdus par Adam seraient restitués ; elle annonça une grande victoire sur l'ennemi des âmes ; elle annonça que l'ennemi, dont la mort et la destruction allaient sûrement venir, était privé de sa terrible force. Supposons que, condamnés à mort, nous ayons bénéficié d'un sursis, ou plutôt que la sentence ait été entièrement révoquée, et que nous soyons entrés en possession d'une grande fortune, par laquelle notre bonheur est assuré à jamais : ne considérerions-nous pas le message qui nous a apporté la nouvelle bonne nouvelle d'une grande joie ?

N'appliquez pas une mais toutes ces circonstances au message transmis à Marie par l'ange, et nous réaliserons dans une certaine mesure son caractère prodigieux. Adam a écouté la voix du séducteur, et sa chute a privé sa malheureuse postérité de leur bonheur promis, celui d'être un jour autorisé à contempler Dieu face à face, dans la possession et la jouissance de Sa béatitude et toutes les joies exquises du ciel.

Tout cela a été perdu. Cependant, au milieu de la tristesse qui, pendant quatre mille ans, plana sur un monde rampant dans les ténèbres et dans le péché, un rayon de lumière scintilla dans la promesse d'un Rédempteur à venir ; mais le temps prévu pour l'événement attendu et souhaité était encore inconnu.

Puis, quand la plénitude des temps fut accomplie, Gabriel apparut et annonça à Marie qu'elle avait été nommée ou choisie pour devenir la Mère du Messie, de cet enfant dont la naissance était annoncée aux bergers veillant par une musique angélique, comme le chœur céleste adorait l'Enfant-Dieu. Humainement parlant, l'humanité avait en effet raison d'être alarmée ; car, bien que la promesse d'un Rédempteur ait déjà été faite au paradis à nos premiers parents, la méchanceté qui régnait sur toute la terre était si terrible que l'homme pouvait trembler de peur que le Seigneur ne la déclare entièrement perdue. Il pourrait bien appréhender qu'il s'agissait d'une promesse conditionnelle, d'autant plus que quatre mille ans s'étaient déjà écoulés dans le temps et que le Rédempteur n'est pas apparu, tandis que l'homme, par sa propre faute, s'enfonçait de plus en plus dans l'abîme du péché ! La parole de l'ange à Marie soulagea les quelques fidèles de cette angoisse douloureuse.

"Le Sauveur arrive !" Nous sommes sauvés du péché et de l'enfer ! A partir de ce jour, le cœur du Rédempteur palpitera sous le cœur aimant de la Vierge Mère, qui présentera au Père éternel sa première demande pour le salut de l'humanité.

Message joyeux, qui nous a apporté de si bonnes nouvelles ! Pour regagner, par le Christ, le don précieux de la grâce céleste ; pour redevenir, par Lui, enfants de Dieu ; pour contempler les portes du ciel ouvertes pour nous, et pour l'avoir dans notre pouvoir de jouir des délices de ce paradis céleste pour une éternité qui ne finira jamais, jamais de fin, Marie pour notre Mère, et le Seigneur pour notre part pour toujours !

TBC...