DE L'INFLUENCE DU PROTESTANTISME SUR .. LES BEAUX-ARTS - Par M. l'Abbé Jules Corblet - 1860.

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Message  Roger Boivin Lun 18 Mar 2019, 4:12 pm


DE L'INFLUENCE DU PROTESTANTISME SUR LA PHILOSOPHIE, LES LETTRES ET LES BEAUX-ARTS -- Par M. l'Abbé Jules Corblet, Directeur de la Revue de l'Art chrétien - 1860 :

http://www.archive.org/stream/delinfluencedup00corbgoog#page/n47/mode/2up





Beaux-Arts.


L'Église romaine conserve le type du Beau comme celui du Vrai. Hors de son sein, l'art religieux perd sa vitalité. Le schisme grec, en s'isolant de Rome, s'est isolé du mouvement civilisateur et s'est immobilisé dans les formes byzantines. Quant au Protestantisme, il n'a rien créé ; dans les arts comme dans le dogme, il n'a montré d'énergie que pour nier et pour détruire.

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Message  Roger Boivin Lun 18 Mar 2019, 4:14 pm


En héritant de toutes les hérésies précédentes, il n'eut garde d'oublier les aveugles fureurs des Iconoclastes ; il en renouvela les barbares excès et les mutilations sacrilèges. Dès l'an 1522, Carlostad entrait dans l'église de tous les Saints, à Wittemberg, en vociférant ce texte du Deutéronome : Tu ne feras point d'images taillées ; et la plèbe ameutée par ses paroles, brisait les statues, brûlait les tableaux, renversait les autels. A Zurich, Zwingle faisait casser à coups de marteau les verrières imagées et jeter au feu les livres d'Heures illustrés. Luther essaya de modérer cette fougue de vandalisme, non point par amour de l'art, mais par un reste de respect pour la liberté : « Je veux, disait-il, qu'on attaque les images par la parole et non par la flamme ; elles tomberont d'elles-mêmes, quand le peuple éclairé saura qu'elles ne sont rien aux yeux de Dieu 1. » Ce fut Calvin qui se chargea de faire en grand cette éducation populaire. Il proscrivit toutes les œuvres d'art comme des signes d'idolâtrie ; il changea l'autel en une table vulgaire ; il chassa des églises la Croix, les anges et les saints ; il blanchit à la chaux les fresques des murailles et il poussa si loin l'aversion de tout ce qui, dans le culte divin, pouvait parler à l'imagination, qu'il condamna même les ornements sacerdotaux et les remplaça par une robe de chambre de funèbre couleur. Tous les ministres du XVIe siècle, il est vrai, ne s'astreignirent point à ce sombre costume ; et plus d'un prêchait l'épée au côté, avec un pourpoint violet et des chausses de chamois. C'est ainsi qu'on revenait à la primitive église !

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1. Lettre à Nicolas Haussmann, 17 mars 1522.

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Message  Roger Boivin Lun 18 Mar 2019, 4:14 pm


La Réforme, en grandissant devint de plus en plus vandale. La guerre des paysans de Souabe et de Franconie, celle des Anabaptistes de Munster, la ligue contre Charles-Quint, firent de l'Allemagne un vaste amas de ruines. Partout le culte était banni, les monastères saccagés, les églises dévastées. Avant Calvin, Genève était un centre artistique, mais elle est restée stérile depuis que la Réforme en a rasé les monastères si riches en sculptures, les églises si parées de fresques et de vitraux peints, pour ne laisser debout que la cathédrale qui, veuve de tous ses ornements, semble porter le deuil d'une foi qui n'est plus.

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Message  Roger Boivin Lun 18 Mar 2019, 4:16 pm


En Angleterre, ce fut sous l'égide de la loi que le vandalisme exerça ses déprédations. Henri VIII, aidé du Parlement, fit démolir 90 collèges, 410 hôpitaux, 2,374 chapelles. Il supprima 645 monastères, afin d'en pourvoir ses dignes favoris. Quant à lui, il se réservait les églises. C'était dans son trésor que passaient les reliquaires de prix, les statuettes d'argent, les livres plaqués d'or, les diptyques d'ivoire et les croix émaillées. Quand les temples étaient complètement dépouillés, on les démolissait de fond en comble et on en vendait à l'encan, les plombs, les ferrures, les boiseries et les pierres, au profit du Défenseur de la Foi,

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Message  Roger Boivin Lun 18 Mar 2019, 4:16 pm


La France a été moins dévastée que l'Angleterre par les fureurs de la Réforme ; mais pourtant interrogez les souvenirs de Lyon, de Nîmes, de Montauban, de Béziers, de Pamiers, du Mans et de tant d'autres villes. Que de monastères réduits en cendre ! que de tombeaux violés ! que d'autels renversés ! que d'images brisées ! que de châsses réduites en lingots ! que de précieux vêtements lacérés ! que d'églises et de chapelles, chefs-d'œuvre du Moyen-Age, ont été entièrement la proie de la flamme et du fer ! Combien d'autres, après avoir été injurieusement mutilées, semblent n'être restées debout que pour perpétuer le souvenir des sacrilèges profanations qui n'ont été égalées que dans les barbares orgies de 93.

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Message  Roger Boivin Lun 18 Mar 2019, 4:17 pm


Depuis longtemps sans doute le Protestantisme a condamné lui-même ces excès du passé. Mais il est resté radicalement impuissant à produire une expression artistique de sa pensée, et il ne pouvait en être autrement. La conception du beau dépend de l'intelligence du vrai, et l'art chrétien n'est qu'une forme de la vérité chrétienne. Comment donc le Protestantisme pourrait-il réaliser par l'expression matérielle les idées surnaturelles d'unité, d'ordre, d'harmonie et de beauté, dont le type ne peut résider que dans la religion de toute Vérité. L'art chrétien d'ailleurs est essentiellement symbolique ; le symbole est aussi nécessaire à sa vitalité que le signe l'est au Sacrement. Le Protestantisme, obligé de proscrire les symboles qui reçoivent leur consécration de la Liturgie et de la Tradition, se condamnait par là même à la plus complète stérilité et réalisait la prophétie d'Erasme qui s'était écrié : « Partout ou régnera la doctrine de Luther y partout s'éteindra le culte des Beaux-Arts ! »

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Message  Roger Boivin Lun 18 Mar 2019, 4:18 pm


Cette prédiction s'est accomplie dans tous les pays réformés, pour l'architecture, la sculpture et la peinture. Les Protestants, après avoir répudié le style gothique, n'ont pas su se créer une architecture religieuse. Ils ont installé leur culte dans nos églises, quand ils n'en n'ont pas fait des granges et des fabriques. Leur moderne architecture n'est pas une œuvre d'art ; c'est une affaire d'entreprise, une maçonnerie plus ou moins lourde où l'habileté de la truelle remplace l'inspiration du génie. Chaque fois que je suis entré dans un temple protestant, en France, en Allemagne, en Angleterre ou en Hollande, je me suis toujours senti saisi d'un froid glacial, en voyant ces enceintes mesquines et rétrécies sans croix, sans figures, sans symboles, sans ornements, et je me suis demandé pourquoi on ne fixait pas l'hésitation des voyageurs catholiques par une inscription qui dirait à tous les yeux : « Ceci est une église. »

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Message  Roger Boivin Lun 18 Mar 2019, 4:20 pm


Avant la Réforme, l'Allemagne possédait une école de peinture justement célèbre par le recueillement expressif qu'elle imprimait sur les physionomies, par l'émotion naïve qu'elle faisait respirer dans les traits de ses pieux personnages. Mais, quand Luther eut excommunié les beaux-arts, les peintres déposèrent leurs pinceaux, pour ne plus faire œuvre d'idolâtrie, ou du moins les mirent au service des passions anti-catholiques. Ils représentaient des moines avec une tête de veau ; ils peignaient le Pape avec une tête d'âne, des pieds de bœuf ou de griffon, des bras en écaille de poisson, et ces ignobles caricatures obtenaient autant d'enthousiasme en Allemagne qu'en produisaient à Rome les chefs-d'œuvre de Raphaël. « C'en était fait des beaux-arts, dit l'auteur des Institutions liturgiques, si l'Europe entière eut secoué le joug du Catholicisme ; tant il est vrai que chez les nations modernes, l'esthétique avait été placée sous la garde de l'orthodoxie 2 ».


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2. D. GUÉRANGER, Institutions liturgiques, t. III, p. 400.

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Message  Roger Boivin Lun 18 Mar 2019, 4:23 pm


L'Angleterre, si prodigue de son or pour les artistes du continent est toujours restée étrangère à la grande peinture. Son école a une manière si hâtive et si heurtée qu'elle rappelle l'empressement des ouvriers à la tâche. Son plus grand maître, Lawrence, n'est après tout qu'un peintre de portraits. Pour trouver quelques noms protestants dignes de renommée, on ne peut s'adresser qu'à la Hollande. Mais combien n'a-t-elle point ravalé la peinture en la faisant descendre aux scènes de cuisine, d'étables, de tavernes et de tabagies. Quelques gloires exceptionnelles comme celles de Paul Potter, de Ruisdael et de Rembrandt sont trop évidemment du second ordre pour que nous fassions un crime à Louis XIV d'avoir traité de mayots les compositions hollandaises, et pour que nous ne souscrivions pas au jugement d'ensemble de Napoléon Ier qui disait avec raison : « En fait d'art, les Protestants n'ont rien de véritablement beau. »

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Message  Roger Boivin Lun 18 Mar 2019, 4:27 pm


La Réforme a eu plus de part qu'on ne le suppose à la dégénérescence du sentiment chrétien, dans la Révolution artistique de la Renaissance. Nous admettons volontiers que la dissolution des anciennes écoles de franc-maçonnerie, que l'exhumation des manuscrits de Vitruve, que la découverte des chefs-d'œuvre de la statuaire antique contribuèrent à faire entrer les beaux-arts dans des voies nouvelles. Mais pourquoi ne sut-on pas allier la puissance de l'idée chrétienne avec la pureté des formes antiques ? C'est que les principes protestants, qui datent de longtemps avant Luther, que nous retrouvons en germe, non-seulement chez les partisans de Jean Huss et de Wicleff, mais jusque dans les conciles de Constance et de Bâle, c'est que ces principes, dis-je, en pénétrant plus ou moins les pays catholiques, en envahissant l'Italie à la suite des étudiants allemands et des troupes d'Outre-Rhin qui suivirent Charles V, affaiblirent l'esprit religieux jusque dans son foyer le plus auguste. Le goût, des innovations qui fermentait alors, le mépris de toutes les traditions, la haine du Moyen Age et de sa scholastique, ne précipitèrent pas l'Italie dans les hérésies naissantes, mais l'entraînèrent à un engouement excessif pour les œuvres du Paganisme. La perfection des contours, la force unie à la grâce, la science du nu devinrent l'idéal du beau. On oublia que tous les genres de beauté les plus dissemblables en apparence se ramènent à la beauté spirituelle et morale, et que les arts ne sont dignes de leur mission qu'autant qu'ils expriment l'idée cachée sous la forme et qu'ils s'adressent à l'âme à travers les sens.

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Message  Roger Boivin Lun 18 Mar 2019, 4:28 pm


La réhabilitation de la chair devint un dogme artistique en Italie, comme c'était un dogme religieux en Allemagne. L'individualisme remplaça la tradition dans l'architecture et la sculpture, comme dans les hérésies de Luther et de ses précurseurs. On abandonna l'architecture religieuse qui s'adresse aux idées générales des masses, aux besoins de la vie morale, pour s'adonner à l'architecture civile qui s'occupe du bien-être de l'individu, du luxe de la vie privée. La statuaire acquit une grande habileté d'exécution, mais elle perdit l'élévation de ses pensées et la religieuse inspiration de ses sentiments. Les sujets symboliques, si naïfs, si purs et si mystiques cédèrent la place aux compositions, où se révèle l'expression des passions humaines et la réalité de la nature vulgaire. Quand Raphaël eut effacé de son front les derniers reflets de l'école ombrienne, on vit grandir de jour en jour le triomphe de l'élément païen, de l'adoration des formes, de l'idolâtrie des sens, et les peintres vénitiens et flamands, épris d'un naturalisme sans frein, cherchèrent un coupable succès dans les grossières émotions qui produisent le trouble de l'esprit.

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Message  Roger Boivin Lun 18 Mar 2019, 4:29 pm


Nous serions injuste envers notre époque si, en terminant cette rapide esquisse, nous ne reconnaissions pas qu'une sérieuse réaction s'opère actuellement contre les vieilles idées protestantes. On dirait que la philosophie, la littérature, l'histoire et les arts, humiliés d'avoir subi un si long joug, veulent enfin reconquérir cette liberté sainte qui ne se trouve qu'au sein de la Vérité. Plus d'un philosophe qui cherchait naguère en lui-même les principes du vrai et du bon, commence à comprendre que les sciences morales doivent reposer sur un fondement immuable, et que ce fondement ne peut se trouver que dans une religion immuable aussi. Des esprits trop ardents qui se laissaient entraîner par des exagérations de toute nature, reconnaissent enfin, avec le mémorable concile d'Amiens que, dans la recherche de la vérité, il y a deux excès opposés à éviter : l'un qui proclame l'impuissance absolue de la raison, et l'autre qui regarde toute vérité, même religieuse, comme une émanation de l'intelligence humaine. La littérature franchement catholique tient aujourd'hui un tout autre rang que celui qu'elle occupait au siècle dernier. L'Histoire a dissipé une foule de préjugés amassés depuis longtemps contre les dogmes et la discipline de l'Église, contre la civilisation du Moyen Age catholique ; et, chose étonnante ! ce sont des écrivains protestants, inspirés par une noble impartialité, qui nous ont dévoilé les tristes origines de la Réforme, et qui ont rendu à la Papauté la justice que leur avaient refusée des écrivains gallicans. L'Esthétique vraiment chrétienne, et elle n'existe pas en dehors du Catholicisme, gagne chaque jour du terrain. Les chefs-d'œuvre du Moyen Age sont étudiés avec amour, réparés souvent avec intelligence. L'Angleterre et la France, dans leurs modernes constructions, reviennent à ce style ogival, si méprisé jadis, et dont on comprend maintenant les trésors de science et de beauté. Munich et Dusseldorf sont devenus comme deux oasis de l'art. Leurs jeunes écoles, si suaves et si fécondes, ressuscitent la peinture catholique avec autant d'ardeur et plus de succès que l'école d'Alexandrie ne renouvelait jadis la littérature de la Grèce antique. Elles unissent, dans leurs ravissantes créations, le Moyen Age allemand au XVe siècle italien, la naïveté d'Albert Durer au mysticisme de Fra-Angelico, la science des formes à l'onction des sentiments, le respect des traditions sacrées à la hardiesse de l'inspiration. Les Protestants allemands eux-mêmes en sont arrivés à reconnaître la supériorité de la peinture, de la sculpture et de l'architecture catholiques. Ils ont mis de côté, sous ce rapport, la haine héréditaire pour tout ce qui rappelle le Moyen Age ; à Berlin, à Pesth, à Eupen, à Crefeld, etc., ils bâtissent des temples en style ogival, et un de leurs écrivains le plus distingués, le pasteur Menzel 3 avoue franchement à ce sujet « qu'il n'est guère conséquent d'admirer les arts de l'ancienne Eglise, lorsqu'on demeure volontairement dans l'ignorance de ses dogmes, la beauté des chefs-d'œuvre n'ayant sa source que dans la doctrine qui les a inspirés. »


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3. Feuille littéraire.

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Message  Roger Boivin Lun 18 Mar 2019, 4:29 pm


Ces retours vers la forme chrétienne, ces aspirations vers la vérité, porteront certainement des fruits dans un temps plus ou moins prochain. Dieu bénira les nobles efforts, de quelque part qu'ils viennent, qui tendent à réparer les maux que le Protestantisme a exercés dans le domaine de la civilisation, et nous pourrons alors espérer que la philosophie se réconciliera entièrement avec la Foi ; que la haute littérature abritera ses œuvres épurées sous l'égide de la morale ; que les arts rappelés à leur sublime destination se retremperont dans la source éternelle du Beau, et que nous pourrons entrevoir sur la terre une faible image de ce qui doit faire la splendeur du ciel : l'union de l'intelligence avec la Vérité, l'union du cœur avec le Bien suprême !



[FIN du Chapitre]
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