SERMON SUR L'AUMONE (Bossuet)

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Message  Javier Jeu 14 Mar 2019, 4:17 pm

SERMON POUR LE LUNDI DE LA 1re SEMAINE DE CARÊME - SUR L'AUMONE


Obligation, vertu de l'aumône : ses rapports avec ce qui se
passe dans le jugement. Effets de la miséricorde divine dans
l'oeuvre de notre sanctification : vraie manière de l'honorer ;
sacrifice qu'elle exige. Juste sujet de damnation dans la dureté
de coeur pour les misérables.

Quamdiu non fecistis uni de minoribus
his, nec mihi fecistis.

Quand vous n'avez pas secouru les moindres
personnes gui souffraient , c'est à
moi que vous avez refusé ce secours.

Matth. XXV. 45.


Quand le Fils de Dieu s'est fait homme, quand il s'est
revêtu de nos faiblesses, et qu'il « a passé, comme dit l'apôtre, par toutes sortes d'épreuves, à l'exception du
péché ; il est entré avec nous dans des liaisons si étroites, et il a pris pour tous les mortels des sentiments
si tendres et si paternels, que nos maux sont ses maux ;
nos infirmités, ses infirmités ; nos douleurs enfin, ses
douleurs propres. C'est ce que l'apôtre saint Paul a exprimé
en ces paroles, dans la divine épitre aux Hébreux :

« Nous n'avons pas un pontife qui soit insensible à nos
maux, ayant lui-même passé par toutes sortes d'é-
preuves, à l'exception du péché, à cause de sa ressem-
blance avec nous »
Et ailleurs, dans la même épitre :
« Il a voulu, dit l'apôtre -, être en tout semblable à ses
frères, pour être pontife compatissant, »
ut misericors
fieret et fidelis pontifex apud Deum.
Cela veut dire, messieurs,
qu'il ne nous plaint pas seulement comme ceux qui
sont dans le port plaignent les autres, qu'ils voient sur la
mer agitée d'une furieuse tempête; mais qu'il nous plaint,
si je l'ose dire, comme ses compagnons de fortune, comme
ayant eu à souffrir les mêmes misères que nous, ayant eu
aussi bien que nous une chair sensible aux douleurs, et
un sang capable de s'altérer, et une température de corps
sujette comme la nôtre à toutes les incommodités de la
vie et à la nécessité de la mort. Il a eu faim sur la terre ;
et il nous proteste, dans notre évangile, qu'il a faim encore
dans tous les nécessiteux : il a été lié cruellement; et
il se sent encore lié dans tous les captifs : il a souffert
et il a langui; et vous voyez qu'il déclare qu'il souffre
et qu'il languit encore dans tous les infirmes. De sorte,
dit Salvien, que chacun n'endure que ses propres maux :
il n'y a que Jésus-Christ seul, qui, s'étant fait le père de
tous, le frère de tous, l'ami tendre et cordial, et pour
dire tout en un mot, le Sauveur de tous, souffre aussi
dans tous les affligés, et mendie généralement dans tous
les pauvres : Solus tantuuimodo Christus est, qui in omnium
pauperum universitate mendicet.


Il ne se contente pas, chrétiens, d'être tendre et compatissant
pour les misérables, il veut que nous entrions
dans ses sentiments, et que nous prenions aussi ce coeur
de Sauveur pour nos frères affligés. C'est pourquoi nous
ne lisons rien, dans son Écriture, qu'il nous recommande
avec tant de force que la charité et l'aumône
; et nous ne
pouvons nous mieux acquitter du ministère qu'il nous a
commis, d'annoncer ses divins oracles, qu'en excitant ses
fidèles à la compassion, par toute l'efficace de son Saint-
Esprit et par toute l'autorité de sa parole.

C'est pourquoi je me suis proposé, messieurs, de vous
entretenir aujourd'hui de cette matière importante ; et
ayant pesé attentivement tant ce que nous en lisons dans
notre évangile, que ce qu'il a plu à Dieu de nous en révéler
dans les autres parties de son Écriture, j'ai réduit
tout ce grand sujet à trois chefs. Nous avons à considérer
dans l'aumône, la loi de la charité qui nous oblige
à la faire ; l'esprit de la charité qui nous en prescrit la manière;
l'effet, la fin de la charité, qui est le secours actuel
du pauvre. Il faut connaître l'obligation, il en faut
savoir la manière, il en faut venir à l'effet. J'ai donc dessein
de vous exposer dans quel ordre le Fils de Dieu a
pourvu à toutes ces choses, et vous verrez, chrétiens, que
de peur qu'on ne s'imagine que cet office de charité soit
peu nécessaire, il en a fait une obligation ; que de peur
qu'on ne s'en acquitte avec des sentiments opposés aux
siens, il en a réglé la manière; et que de peur qu'on
ne s'en excuse sur le manquement des moyens, il a lui-même
assigné un fonds.

À SUIVRE...

SERMONS DE BOSSUET
NOUVELLE ÉDITION COMPLÈTE
Suivant le texte de l'édition de Versailles
AMÉLIORÉ ET ENRICHI
A l'aide des travaux les plus récents
SUR BOSSUET ET SES OUVRAGES

PARIS
GARNIER FRÈRES, LIBRAIRES
6, RUE DES Saints-Pères, et Palais-Royal, 215
1872

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Message  Javier Ven 15 Mar 2019, 8:51 am

PREMIER POINT.

L'obligation d'assister les pauvres est marquée si précisément
dans notre évangile, qu'il n'en faut point après
cela rechercher de preuves ; et tout le monde entend
assez que le refus de faire l'aumône est un crime capital,
puisqu'il est puni du dernier supplice
: « Allez, maudits,
au feu éternel, parce que j'ai eu faim dans les pauvres,
et vous ne m'avez point donné à manger; j'ai eu soif, et
vous m'avez refusé à boire »
et le reste que vous
savez. C'est donc une chose claire, et qui n'a pas de
difficulté, que le refus de l'aumône est une cause de damnation.
Mais on pourrait demander d'où vient que le Fils
de Dieu, dissimulant, pour ainsi dire, tous les autres
crimes des hommes daus son dernier jugement, ne rapporte
que celui-ci pour motiver sa sentence. Est-ce qu'il
ne couronne ou qu'il ne punit que l'aumône qu'on lui
accorde ou qu'on lui dénie? et s'il y a, comme il est certain,
d'autres oeuvres qui nous damnent et qui nous sauvent,
pourquoi est-ce que le Sauveur ne parle que de
celle-ci? C'est, messieurs, une question qu'il sera peutêtre
agréable, mais certainement très-utile , d'examiner
en ce lieu, parce que nous en tirerons des lumières très nécessaires.


Je pourrais répondre en un mot, que le Sauveur a
voulu nous rendre attentifs à la loi de la charité et de l'aumône
: car comme plusieurs n'eussent pas compris que
nous pussions être condamnés au dernier supplice, non
pour avoir dépouillé notre prochain, mais pour avoir
manqué de le secourir dans ses extrêmes nécessités, il a
plu à notre Sauveur de marquer expressément cette vé-
rité dans le récit qu'il nous fait de sa dernière sentence.
De même, comme la pitié qui nous porte à soulager les
misérables est si naturelle à l'homme, plusieurs ne penseraient
pas qu'une vertu qui devrait nous coûter si peu,
fût d'un si grand prix devant notre juge. C'est pourquoi,
entre toutes les pratiques de piété, Jésus-Christ a voulu
choisir les oeuvres de miséricorde pour les célébrer hautement
à la face de tout le monde; et afin que nous entendions
que rien ne décide tant notre éternité, que les
égards que nous aurons pour les affligés, il nous enseigne
dans notre évangile qu'il ne fera retentir dans son
jugement, que la charité des uns et la dureté des autres.

Cette raison est très-suffisante; mais je découvre, si je ne
me trompe, dans le dessein de notre Sauveur, quelque
mystère plus haut qu'il faut que je vous expose.

À SUIVRE...
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Message  Javier Ven 15 Mar 2019, 5:59 pm

Je ne vous ferai pas attendre longtemps, et je vous dirai,
chrétiens, en un mot, que la miséricorde exercée
par nous, ou la charité négligée, ont un rapport si visible
avec ce qui se passe dans le jugement, qu'il ne faut pas
s'étonner si le Sauveur n'y fait paraître autre chose.
Car
qu'est-ce que le jugement, sinon miséricorde envers les
uns et rigueur extrême envers les autres? et qui est plus
digne de miséricorde, que celui qui a exercé la miséricorde
? au contraire qui mérite mieux d'être traité à
toute rigueur, que celui qui a été dur et impitoyable?

Je m'engage insensiblement dans une grande profondeur,
et je me sens obligé de vous expliquer quelle sorte nous
devons entendre que la même vie éternelle qui nous est
donnée par justice, nous est aussi accordée par une infinie
miséricorde.

C'est une doctrine étrange et inconcevable, que Dieu,
en nous accordant la vie éternelle, n'a point égard à nos
oeuvres. Comment n'a-t-il point d'égard à nos oeuvres,
puisque nous lisons en termes formels : qu'il rendra à
chacun selon ses oeuvres ? Que s'il est ainsi, chrétiens,
il faut avouer nécessairement qu'il entre quelque justice
dans le couronnement des élus : car qui ne voit clairement
que rendre à chacun selon ses oeuvres, c'est-à-dire, en
d'autres termes, traiter chacun selon qu'il mérite? Or
est-il- que traiter les hommes selon leur mérite, c'est
un acte de la justice qu'on appelle distributive. Et si
l'apôtre saint Paul n'avait pas reconnu cette vérité, il
n'aurait pas dit ces paroles : « J'ai combattu un bon
combat, j'ai achevé ma course, j ai gardé la foi; au
reste, la couronne de justice m'est réservée, que le Sei-
gneur, ce juste juge, me rendra en ce jour -. »
Il paraît
manifestement qu'il ne parle de la couronne qu'après
qu'il a raconté ses oeuvres. C'est une couronne de justice,
et non simplement de grâce : elle ne lui sera pas seulement
donnée, mais rendue : il l'attend de Dieu parce
qu'il est juste, et non pas simplement parce qu'il est bon.
C'est enseigner nettement que les bonnes oeuvres sont de
grand prix, de grande valeur, de grand mérite devant
Dieu
, car tout cela c'est la même chose; et que c'est à
ce mérite que la vie éternelle est donnée; que la gloire
éternelle est donnée au mérite des bonnes oeuvres, ainsi
que l'Église catholique l'a cru et entendu dès les premiers
siècles.

Mais cette même Église catholique, également éloignée
de tous les sentiments extrêmes, nous apprend aussi,
après cet apôtre, que la vie éternelle, qui nous est rendue
comme récompense par un acte de justice, nous est
aussi donnée comme grâce par un effet de miséricorde :
Gratia autem Dei vita aeterna ; et il nous faut un peu démêler
cette belle théologie.

À SUIVRE...

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Message  Javier Sam 16 Mar 2019, 8:19 am

Oui, messieurs, la vie éternelle est donnée aux oeuvres;
et néanmoins il est certain que c'est une grâce : parce
qu'elle nous est préparée dès l'éternité par la grâce de
celui qui nous a élus en Jésus-Christ, afin que nous fussions
saints; et que les bonnes oeuvres qui nous l'acquièrent
ne sont pas en nous a comme de nous-mêmes : » quasi
ex nobis
; mais que « nous y sommes créés » par la grâce,
comme le dit le divin apôtre : Creati in Cliristo Jesu in
operibus bonis
; et si nous y persistons jusqu'à la fin, c'est
par ce don spécial de persévérance, qui est le plus grand
bienfait de la grâce. Ainsi il ne reste plus autre chose à
l'homme que de se glorifier en Notre-Seigneur, qui donne
la vie éternelle aux mérites; mais qui donne gratuitement
les mérites, selon ce que dit le saint concile de Trente :
« que les mérites sont les dons de Dieu : » Ut eorum velit
esse mérita, quoe sunt ipsins dona.


C'est, messieurs, pour cette raison que l'admirable saint
Augustin contemplant les oeuvres de Dieu, et en regardant
la sage distribution, les rapporte à ces trois choses : ou
Dieu rend aux hommes le mal pour le mal, ou il rend le
bien pour le mal, ou il leur rend le bien pour le bien :
Reddet omnino Deus et mala pro malis, quoniam justus est ;
et bona pro malis, quoniam bonus est; et bona pro bonis,
quoniam bonus et justus est
 : Il rend le mal pour le mal, le
supplice pour le péché, quand il punit les pécheurs impénitents,
parce qu'il est juste; il rend le bien pour le mal, la
grâce et le pardon pour l'iniquité, quand il pardonne l'iniquité
aux pécheurs, parce qu'il est bon; enfin il rend le
bien pour le bien, la vie éternelle pour les bonnes oeuvres,
quand il couronne les justes, parce qu'il est juste et bon
tout ensemble.
C'est pourquoi nous disons avec le Psalmiste
: « Seigneur ! je vous chanterai miséricorde et
jugement, »
parce que tous les ouvrages de Dieu sont
compris sous la miséricorde et sous la justice : Misericordiam
et judicium cantabo tibi, Domine.
La damnation des
méchants est une pure justice ; la justification des pécheurs,
une pure miséricorde; enfin le couronnement des
justes, une miséricorde mêlée de justice : parce que si la
justice nous reçoit au ciel, où la couronne d'immortalité
nous est préparée, c'est la miséricorde qui nous y conduit,
en nous remettant nos péchés, et en nous donnant la
persévérance.


À SUIVRE...

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Message  Javier Dim 17 Mar 2019, 6:26 am

D'où il faut conclure, en passant plus outre, que la
miséricorde l'emporte : car n'est-ce pas un pur effet de
miséricorde que Dieu nous aime gratuitement dès l'éternité,
qu'il nous prévient de sa grâce dans le temps, qu'il
nous attend tous les jours avec impatience, et supporte
non-seulement nos faiblesses, mais encore nos ingratitudes?
grâce, je vous dois tout, ô bonté, je suis votre
ouvrage ! sans vous, ô miséricorde, je ne découvre de
toutes parts autour de moi que damnation et perte assurée
: c'est vous seule qui me rappelez quand je m'éloigne,
vous seule qui me pardonnez quand je reviens, vous seule
qui me soutenez quand je persévère. Mais c'est peu, chrétiens,
de le reconnaître ; la manière la plus efficace d'honorer
la bonté divine, c'est de l'imiter
. Si vous êtes vraiment
touchés des bienfaits de Dieu, et de cette miséricorde
infinie par laquelle il vous a tirés des ténèbres à son
admirable lumière, soyez miséricordieux et bienfaisants
comme votre père céleste :  rendez à Jésus-Christ
son sang et sa mort ; faites du bien à ceux qu'il vous recommande.

Quand vous nourrissez les pauvres, il est
nourri ; quand vous les vêtissez, il est vêtu ; quand vous
les visitez, il est consolé. Exercez donc la miséricorde
comme vous l'avez reçue : c'est la grande reconnaissance
que Dieu attend de vous pour tant de bienfaits, c'est le
sacrifice agréable que vous demande sa miséricorde : Talibus
enim hostiis promeretur Deus  : « Car c'est par de
semblables hosties qu'on se rend Dieu favorable. »


À SUIVRE...
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Message  Javier Sam 23 Mar 2019, 1:46 pm

Je remarque dans les Écritures deux sortes de sacrifices
: il y a un sacrifice qui tue, et un sacrifice qui donne
la vie. Le sacrifice qui tue est assez connu ; témoin le sang
de tant de victimes, et le massacre de tant d'animaux.
Mais outre le sacrifice qui détruit, je vois dans les saintes
lettres un sacrifice qui sauve : car, comme dit l'Ecclésiastique,
a celui-là offre un sacrifice, qui exerce la miséricorde :
"Qui facit misericordiam, offert sacrificium." D'où
vient cette différence, sinon que l'un de ces sacrifices a
été divinement établi pour honorer la bonté de Dieu, et
l'autre pour apaiser sa justice? La justice divine poursuit
les pécheurs à main armée, elle lave ses mains dans leur
sang, elle les perd et les extermine : Pereant peccatores a
facie Dei  : « Que les pécheurs périssent devant la face de
Dieu. »
Au contraire la miséricorde toujours douce,
toujours bienfaisante, ne veut pas que personne périsse,
et « pense toujours, dit l'Écriture, des pensées de paix, et
non pas des pensées d'affliction : » Ego cogito cogitationes
pacis, et non afflictionis .
C'est pourquoi cette justice, qui
tonne, qui fulmine, qui renverse les montagnes et déracine
les cèdres du Liban, c'est-à-dire, qui extermine les pécheurs
superbes et lave ses mains dans leur sang, exigeait
des sacrifices sanglants et des victimes égorgées, pour
marquer la peine qui est due aux crimes des hommes.
Donnez un couteau, allumez du feu; il faut que tout
l'autel nage dans le sang, et que cette victime soit consumée.
Mais pour cette miséricorde toujours bienfaisante,
qui guérit ce qui est blessé, qui affermit ce qui est faible,
qui vivifie ce qui est mort ; il faut présenter en sacrifice,
non des victimes détruites, mais des victimes conservées,
c'est-à-dire, des pauvres nourris, des infirmes soutenus,
des misérables soulagés.


Aussi dans la nouvelle alliance, qui est une alliance de
grâce et de miséricorde infinie, Dieu n'exige rien tant de
nous, que de semblables hosties. « Ne fallait-il pas, dit le
père de famille, que vous eussiez pitié de vos conserviteurs,
comme j'ai eu pitié de vous ? »
Il veut que la
bonté qu'il a exercée soit l'exemple et la loi de ses enfants :
c'est par là qu'on s'acquitte envers sa clémence ; c'est par
là qu'on obtient de lui de nouvelles grâces : faites miséricorde,
parce que vous l'avez reçue : faites miséricorde,
afin que vous la receviez. Beati miséricordes, quoniam ipsi
misericordiam consequentur  : « Bienheureux ceux qui sont
miséricordieux, parce qu'ils obtiendront eux-mêmes miséricorde. »

C'est donc pour cette raison qu'il ne parlera
en ce dernier jour que de ceux qui auront soulagé les
pauvres.
" Venez, les bénis de mon Père ; » venez, enfants
de grâce, enfants d'adoption et de miséricorde éternelle
: vous avez honoré ma miséricorde, puisque vous
l'avez imitée ; vous avez reconnu véritablement que vous
ne subsistiez que par mes aumônes, puisque vous en avez
fait largement à vos frères mes enfants que je vous avais
recommandés. C'est moi que vous avez soulagé en eux, et
vous m'avez rendu en leur personne les bienfaits que vous
avez reçus de ma grâce. Venez donc, ô fidèles imitateurs
de mon infinie miséricorde, venez en recevoir le comble,
et "possédez à jamais le royaume qui vous a été préparé
avant l'établissement du monde : »
Venue, possideie paratum
vobis regnum a constitutione mundi .


À SUIVRE...
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Message  Javier Sam 30 Mar 2019, 2:40 pm

Par la raison opposée, il est aisé de comprendre qu'il n'y
a point de plus juste cause de l'éternelle damnation des
hommes, que la dureté de leur coeur sur les misères des
autres : car il faut remarquer, messieurs, que Dieu, toujours
indulgent et toujours prêt à nous pardonner, ne punit pas
tant nos péchés, que le mépris des remèdes qu'il nous a
donnés pour les expier.
Or le plus efficace de tous les remèdes,
c'est la charité et l'aumône.
C'est de la charité qu'il
est écrit qu'elle "couvre non-seulement les péchés, mais
la multitude des péchés".
C'est de l'aumône qu'il est
prononcé, que « comme l'eau éteint le feu, ainsi l'aumône
« éteint le péché. »
Puis donc que vous avez méprisé ce
remède si nécessaire, ah ! tous vos péchés seront sur
vous ; malheureux, toutes vos fautes vous seront comptées.
"Jugement sans miséricorde à celui qui ne fait point de
miséricorde."
Cruel, vous n'en faites pas, et jamais
vous n'en recevrez aucune : une vengeance implacable
vous poursuivra dans la vie et à la mort, dans le temps et
dans l'éternité. Vous refusez tout à Jésus-Christ dans ses
pauvres ; il comptera avec vous, et il exigera de vous jusqu'au
dernier sou, par des supplices cruels, ce que vous
devez à sa justice. « Allez donc, maudits, au feu éternel; »
allez, inhumains et dénaturés, au lieu où il n'y aura jamais
de miséricorde. Vous avez eu un coeur de fer, et le
ciel sera de fer sur votre tête ; jamais il ne fera distiller
sur vous la moindre rosée de consolation. Riche cruel et
impitoyable, vous demanderez éternellement une goutte
d'eau, qui vous sera éternellement refusée. Vous vous
plaignez en vain de cette rigueur : elle est juste, elle est
très-juste. Jésus-Christ vous rend selon vos oeuvres et vous
fait comme vous lui avez fait. Il a langui dans les pauvres,
il a cherché des consolateurs, et il n'en a pas trouvé; et
bien loin de le soulager dans ses maux extrêmes, vous
avez imité le crime des Juifs : vous ne lui avez donné que
du vinaigre dans sa soif, c'est-à-dire des rebuts dans son
indigence. Vous souffrirez à votre tour, et il rira de vos
maux, et il verra d'un regard tranquille cette flamme qui
vous dévore, ce désespoir furieux, ces pleurs éternels, cet
horrible grincement de dents. O justice, ô grande justice!
mais ô justice terrible pour ceux qui mériteront par leur
dureté ses intolérables rigueurs !



FIN

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