Sermon sur le jeûne du Carême, par Mgr Richard Challoner, 1807 (anglais/français)

Considérez d'abord qu'un jeûne de quarante jours a été recommandé par la loi et les prophètes, et sanctifié par l'exemple du Christ lui-même. Moïse jeûna quarante jours (Exode xxiv. 18) pendant qu'il discutait avec Dieu dans la montagne, quand il reçut la loi divine. Quand le peuple eut péché, il retourna vers le Seigneur, vers la montagne, et il jeûna quarante autres jours, Exode. xxxiv. 28. Élie jeûna quarante jours dans le désert, avant d'arriver à la montagne de Dieu, où il fut favorisé par la vision de Dieu, dans la mesure où l'homme est capable de le voir dans cette vie, 3 Rois xix. 8. Le Christ Notre-Seigneur, avant d'entrer dans sa mission de prêcher son Évangile, s'est retiré dans un désert et y a passé quarante jours dans la prière et le jeûne, saint Matthieu iv. 2. Que nous serons heureux, si, en imitant, selon notre petite capacité, ces grands exemples, nous pouvons aussi nous approcher de Dieu, par ce carême de quarante jours ! Mais alors, pour cela, nous devons nous joindre, comme ils l'ont fait, à la retraite et à beaucoup de prière avec notre jeûne.

Considérez deuxièmement, que les quarante jours de jeûne du Carême parmi les chrétiens, est primitif et apostolique : il a commencé avec le christianisme lui-même, et avec le christianisme a été reçu par tous les peuples et nations qui ont reçu la foi et la loi du Christ. Embrasse donc, ô mon âme, ce jeûne pénitentiel solennel, cette pratique apostolique, ce précieux reste de discipline primitive. Mais vois-le avec un esprit pénitentiel. Voici, c'est maintenant le temps favorable, voici, c'est maintenant le jour du salut, 2 Cor. vi. 2. 2. Prends garde de ne pas recevoir une si grande grâce en vain. Ces quarante jours, si tu en fais bon usage, seront des jours heureux pour toi. "Cherchez le Seigneur pendant qu'on le trouve, invoquez-le pendant qu'il est proche.'' Isaïe lv. 6.

Considérez troisièmement, que la grande entreprise du Carême est de faire pénitence pour nos péchés, d'aller quotidiennement avec Madeleine aux pieds du Christ, de les laver en esprit avec des larmes pénitentielles, de Lui faire notre confession et de déposer tous nos péchés à Ses pieds, suppliant qu'Il les efface avec Son précieux sang ; de les renier pour toujours, de les haïr et de les pleurer devant Lui ; de Lui offrir nos pauvres cœurs avec toutes nos affections, afin de Lui faire amende honorable pour nos déloyautés passées, en L'aimant de toute notre force pour le temps à venir, que, comme Il le disait de Madeleine,  St. Luc vii. 47. ''Beaucoup de péchés lui sont pardonnés, parce qu'elle a beaucoup aimé,'' afin qu'il puisse aussi dire de nous. Dans cet esprit, nous devons faire une offrande quotidienne de notre jeûne, et de tous les autres renonciations de soi et exercices pénitentiels de ce temps, pour être unis à la passion et à la mort du Fils de Dieu, et ainsi être acceptés, par Lui, en satisfaction pour nos péchés. Fais ceci, mon âme, pendant ces quarante jours, et tu vivras.

Conclure en faisant bon usage de ce temps saint, dans lequel coule la miséricorde. O admire et adore cette miséricorde qui t'a si longtemps enduré, et qui te presse maintenant, au moins, de retourner vers Ton Dieu. Prends garde, provoquée par ton impénitence, qu'Il ne t'anéantisse dans tes péchés.