« Mon âme est triste jusqu'à la mort...»

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Message  Louis Lun 08 Oct 2018, 6:56 am

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« Mon âme est triste jusqu’à la mort… » (S. Matth. XXVI, 38.)

Explication tirée de la Chaîne d’Or.

S. HIL.— Mais les hérétiques entendent ces mots : « Il  commença à être contristé et à éprouver de l'ennui, » dans ce sens que la crainte de la mort survint dans le cœur du Fils de Dieu, et ils l'expliquent en affirmant qu'il n'est point né de l'éternité, et qu'il n'a point reçu l'existence de la substance infinie de son Père, mais qu'il a été fait du néant par celui qui a tout créé; ils reconnaissent les anxiétés de la douleur et la crainte de la mort en lui, de manière que celui qui a pu mourir a pu craindre la mort. Ainsi, d'après eux, celui qui a pu mourir, quoique devant vivre dans l'éternité, n'est point éternel du côté, de sa naissance. Or, si la foi leur avait donné l'intelligence des évangiles, ils sauraient que le Verbe était Dieu dans le principe, et qu'il était dès le principe avec Dieu, et que la même éternité est commune à celui qui engendre et à celui qui est engendré. Mais si la chair qu'il a prise a pu vicier par suite de sa grossièreté la vertu de cette substance incorruptible, de telle manière que cette substance divine soit devenue infirme au contact de la douleur, tremblante devant la mort elle devra être aussi soumise à la corruption et si elle a pu se changer ainsi de substance éternelle en nature soumise à la crainte, ce qui est aujourd’hui en elle pourra un jour ne plus s'y trouver. Dieu est toujours le même sans mesure de temps, et tel qu'il est, il est toujours éternel : rien n'a pu mourir en Dieu et en Dieu il ne peut y avoir nulle crainte.

S. JER. — Pour nous, nous disons que l'humanité passible a été prise par Dieu de telle manière que la divinité reste en lui impassible ; le Fils de Dieu a souffert (non pas par abstraction mais réellement) tout ce que l'Écriture affirme de souffrance à son occasion selon ce qui en lui pouvait souffrir, selon la substance qu'il avait prise.

S. HIL.—Il en est, je présume, qui pensent qu'il n'a pas été poussé à la crainte par d'autres motifs que par les approches de sa passion et de sa mort. Mais je leur demande, à ceux qui ont cette pensée, si la raison peut admettre qu'il ait craint la mort (1) celui qui, bannissant toute crainte du cœur de ses apôtres, a pu les porter jusqu'à la gloire du martyre? D'ailleurs quelle est la douleur de la mort qu'il ait pu craindre, celui qui allait mourir par le libre choix de sa puissance? Et si sa passion devait le glorifier, comment la crainte de sa passion avait-elle pu le rendre triste?

—  S. HIL.—Puisque nous voyons que le Seigneur a été triste, recherchons lès causes de sa tristesse. Plus haut il les avait prévenus que tous devaient être scandalisés, et il avait répondu que Pierre devait renier jusqu'à trois fois son Seigneur. C'est après s'en être fait suivre, ainsi que de Jacques et de Jean, qu'il se mit à être triste. Ce n'est pas avant de les prendre qu'il est triste, mais toute cette tristesse lui vient après qu'il les a eu pris. Ainsi cette tristesse ne lui vient pas de lui-même, mais elle lui vient à l'occasion de ceux qu'il a pris avec lui.

— S. JER. — Le Seigneur s'était laissé attrister non par la crainte de souffrir, puisqu'il était venu pour souffrir, et qu'il avait reproché à Pierre son effroi (2), mais en pensant à l'infortuné Judas, et au scandale de tous les apôtres, et à tout le peuple juif qui devait le rejeter et le repousser, et à la ruine de la malheureuse Jérusalem.

Ou bien, toutes choses que le Créateur n'a pas développées…
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(1) Il ne peut s'agir ici que d’une crainte consentie et tout-à-fait abandonnée, car il n'est point contestable que le Seigneur ait craint selon la partie inférieure de son âme. (2) Sur le lac de Génésareth, 14, v. 30.

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Message  Louis Mar 09 Oct 2018, 7:15 am

« Mon âme est triste jusqu’à la mort… » (S. Matth. XXVI, 38)

SUITE

— DAM. — Ou bien, toutes choses que le Créateur n'a pas développées jusqu'à l'être ont une tendance naturelle vers l'existence et naturellement fuient le non-être; donc le Dieu Verbe fait homme eut cette tendance qu'il fit éclater, désirant le manger, le boire, le sommeil, toutes choses conservatrices de la vie, en eut l'expérience par sa nature, et désira au contraire l'éloignement de tout élément corrupteur. Ainsi au temps de sa passion qui n'était qu'un effet de sa volonté, il eut une crainte de la mort et une tristesse naturelle, car il y a une tristesse naturelle pour l'âme qui se refuse à être séparée de son corps à cause de cette union intime avec lui que le Créateur lui a imposée dès le commencement.

—  S. JER. — Notre Seigneur, pour prouver la réalité du nom humain qu'il avait pris, fut contristé à la vérité, mais pour que cette passion de la crainte ne dominât pas dans son âme, il commença à être attristé. Autre chose est d'être attristé, autre chose est de commencer à être attristé.

— REM. — Par ce passage est détruite l'erreur des pharisiens qui prétendaient qu'il avait pris un corps seulement apparent, et celle de ceux aussi qui ont avancé qu'il ne s'était point uni à une âme véritable, mais que c'était la divinité qui lui en avait tenu lieu.

— S. AUG. —Nous avons les récits des évangélistes qui nous racontent que le Christ est né de la bienheureuse Vierge Marie, et qu'il a été pris par les Juifs et flagellé, et crucifié et tué, et enseveli dans un tombeau, toutes choses que personne ne comprendra être arrivées sans que le Christ ait eu un corps. Il n'y aura non plus personne assez insensé pour dire que l'on doit prendre tout cela au sens figuré, alors que ceux qui ont raconté tous ces faits les ont racontés comme ils se les rappelaient. Ainsi que tous ces faits témoignent qu'il a eu un corps, ainsi toutes ces affections qui ne peuvent appartenir qu'à une âme témoignent qu'il a eu une âme, et nous les lisons tout aussi bien dans les évangélistes : « Et Jésus fut étonné, et il fut irrité, et il fut attristé. »

Lorsque toutes ces choses sont racontées dans l'Évangile, ce n'est certainement pas d'une manière fausse…

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Message  Louis Mer 10 Oct 2018, 6:29 am

« Mon âme est triste jusqu’à la mort… » (S. Matth. XXVI, 38)

SUITE


—  S. AUG. — Lorsque toutes ces choses sont racontées dans l'Évangile, ce n'est certainement pas d'une manière fausse. II reçut dans son âme humaine par l'effet d'une économie préétablie tous ces divers mouvements, lui qui était devenu homme lorsqu'il l'avait voulu. Nous recevons toutes ces impressions de l'infirmité de notre condition humaine, mais il n'en fut pas ainsi du Seigneur Jésus dont la faiblesse était du choix de sa puissance.

DAM. — Ainsi toutes nos passions naturelles existèrent dans le Christ, selon la nature et d'une manière supérieure à la nature; elles existèrent selon la nature, car il permettait à la nature de souffrir ce qui lui était propre ; elles furent en lui d'une manière supérieure à la nature, car les mouvements de la nature ne précédaient pas en lui la volonté. Rien en effet n'était forcé dans le Christ et tout en lui était volontaire; c'est par un effet de sa volonté qu'il eut faim, qu'il craignit et fut attristé. Et voici ce qu'il ajoute pour exprimer sa tristesse : « Mon âme est triste jusqu'à la mort. »

—  S. AMBR. — Il est triste, non pas lui, mais son âme; ce n'est pas la sagesse qui est triste, ce n'est point la substance divine, mais son âme, car il a pris mon âme, il a pris mon corps.

—  S. JER. — Il dit que son âme est triste, non à cause de sa mort, mais bien jusqu'à sa mort, jusqu'à ce qu'il délivre ses apôtres par sa passion. Que ceux-là donc qui prétendent que Jésus a pris une âme sans intelligence nous disent comment cette âme a pu être attristée et comment elle a pu connaître le moment où lui viendrait sa tristesse ; car, quoique les animaux sans raison puissent gémir, ils ne peuvent cependant pas connaître ni les causes, ni le temps, ni le terme de leur douleur.

—  ORIG. — Ou bien, ces mots : « Mon âme est triste jusqu'à la mort, » reviennent à ceux-ci : La tristesse a commencé en moi, et elle n'existera pas toujours, mais jusqu'au moment de ma mort, de manière que, lorsque je serai mort au péché, je mourrai et à toute espèce de tristesse dont il y eut en moi une si grande cause. — Attendez. — C'est comme s'il disait : J'ai fait rester les autres là-bas comme étant plus faibles, ne les exposant pas à voir ce combat; pour vous, je vous ai emmenés comme plus forts, afin que vous m'aidiez dans les fatigues des veilles et des prières. Pour vous cependant arrêtez-vous ici afin que chacun s'arrête au degré de sa vocation car toute grâce quoique grande a plus élevée qu'elle.

— S. JER.— Ou bien il ne les empêche pas du sommeil car ce n'était pas le moment de dormir la lutte étant là mais il veut les préserver de l'assoupissement de l'âme et du sommeil de l'infidélité.

FIN.

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