Galileo Galilei : État de la question.
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Galileo Galilei : État de la question.
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Bonjour,
Ce qui suit a été extrait du :
Bien à vous.
Bonjour,
Ce qui suit a été extrait du :
Bonne lecture à tous.Dictionnaire de Théologie catholique,
A. Vacant-E. Mangenot, tome. sixième, col. 1058-1094.PARIS, 1920, Librairie Letouzey et Ané ,
L. Letouzey, Successeur
Bien à vous.
GALILÉE.
I. Premières années, premières découvertes.
II. Première rencontre avec les théologiens.
III. Le procès de 1616.
IV. Infraction au décret de 1616.
V. Le procès de 1633.
VI. Fin de Galilée.
VII. Portée dogmatique de la condamnation de Galilée.
VIII. Portée morale de la condamnation de Galilée.
IX. Conséquences historiques et scientifiques de la condamnation de Galilée.
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Tiré du Dictionnaire de Théologie catholique.
Dernière édition par Louis le Sam 21 Juil 2018, 7:24 am, édité 9 fois
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Re: Galileo Galilei : État de la question.
GALILÉE(col. 1058-1059)
I. PREMIÈRES ANNÉES, PREMIÈRES DÉCOUVERTES. — Galilée naquit à Pise le 18 février 1564. Son père, Vincent Galilée, était commerçant. Il lui donna le prénom de Galileo, de sorte que son nom et son prénom, Galileo Galilei, ne différaient que par la désinence. Ses études primaires terminées, il entra, paraît-il, comme novice, chez les moines de Vallombreuse, cf. A. Favaro, G. Galilei e lo studio di Padova, Florence, 1883, t. I, p. 8, et y étudia les éléments de la logique et de la dialectique. Il ne se sentait pas de vocation religieuse. Aussi, dès le 5 septembre 1581, on le voit inscrit parmi les étudiants de l'université de Pise. Les mathématiques avaient pour lui un attrait particulier. Il s'y livra avec passion. Ses observations sur la loi du pendule et sa nouvelle démonstration de la loi d'Archimède sur la pesanteur des corps dans l'eau, le firent remarquer dès 1583 et 1586. En 1587, bien qu'il n'eût encore que vingt-trois ans, il concourut pour une chaire de mathématiques à Bologne et le document qui nous l'apprend, A. Favaro, op. cit., t. I, p. 22, témoigne qu'il avait déjà enseigné cette matière à Florence et à Sienne.
Il ne s'agissait de rien moins que de remplacer Ignace Danti, bien connu pour la part qu'il avait prise à la réforme du calendrier grégorien. Sa candidature échoua. Après avoir professé quelque temps à Pise, Galilée put enfin obtenir en 1592 une chaire à l'université de Padoue avec des appointements de cent soixante florins par an (environ 450 francs). Le professeur qu'il remplaçait, Moletti, avait suivi dans son enseignement le système de Ptolémée, qui faisait de la terre le centre du monde; Galilée enseigna le même système. On a encore le programme de ses cours de 1592 à 1604. Cf. Favaro, op. cit., t. II, p. 150. Il est piquant de voir le futur copernicien étaler ses raisons en faveur d'une opinion que Copernic avait déjà réfutée. Favaro, Le opere di Galileo Galilei, 1890 sq., t. II, p. 203; Müller, Nicolaüs Copernicus der Altmeister der neueren Astronomie, Fribourg, 1898; trad. italienne, Nicolo Copernico, Rome, p. 142 sq. On a prétendu que Galilée soutenait sans conviction cette théorie surannée. Cf. Müller, Galileo Galilei, Rome, 1912, p. 10-11. Il est plus simple d'admettre qu'il ignorait encore ou connaissait mal le système copernicien.
Toutefois il semble que, dans ses lettres à Mazzoni (30 mai 1597) et à Kepler (4 août 1597), Le opere di Galileo , édit. Favaro, t. II, p. 198; t. X, p. 68, il y ait des allusions assez claires à la théorie de Copernic qui veut que la terre tourne et que toutes les planètes tournent, comme la terre, autour du soleil. Jusqu'en 1610, on ne voit pas qu'il y ait prêté grande attention. La découverte qu'il accomplit, à l'aide du télescope, des satellites de Jupiter, lui lit alors abandonner le système de Ptolémée. Son Sidereus nuntius, qui parut le 12 mars 1610, Favaro, Le opere di Galileo , t. III, p. 53, témoigne de ce nouvel état d'esprit. De tous les éloges qu'il reçut en cette circonstance, nul sans doute ne lui fut plus sensible que celui de Kepler. Dissertatio cum Nunlio sidereo nuper ad mortales misso a Galileo Galileo, Kepler, Opera omnia, édit. Frisch, t. II, p. 490. Quelques savants jésuites, entre autres, le P. Clavius, qui avait collaboré à la réforme du calendrier grégorien, et le P. Griemberger, se rangèrent également à son opinion. Lettre de Galilée à Bélisaire Vinta, datée de Rome, 1er avril 1611, dans Favaro, Le opere di Galileo, t. XI, p. 79.
Nommé mathématicien officiel du grand-duc de Toscane, Cosme II, Galilée séjourna habituellement à Florence. En mars 1611,1e Collège romain lui accorda les honneurs académiques. Le P. Clavius et ses collègues l'applaudirent publiquement comme « l'un des plus célèbres et des plus heureux astronomes du temps. « Nuntius sidereus Collegii romani, dans Favaro, Le opere di Galileo, t. III, p. 291-298. Nombre de cardinaux et de prélats lui firent un accueil des plus chaleureux, et le pape Paul V le reçut gracieusement en audience privée. Lettre de Galilée en date du 22 avril 1611, dans Favaro, loc. cit., t. XI, p. 89. Une lettre du cardinal del Monte au grand-duc de Florence témoigne de l'enthousiasme de ces manifestations. « Galilée, dit-il, a parfaitement convaincu tous les savants de Rome de la vérité de ses découvertes; et si nous vivions encore au temps de l'antique République romaine, nul doute qu'en reconnaissance de ses œuvres on ne lui fît élever une statue au Capitole. » Favaro, Le opere di Galilei, t. XI, p. 119.
II. PREMIÈRE RENCONTRE AVEC LES THÉOLOGIENS.…
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Re: Galileo Galilei : État de la question.
GALILÉE(col. 1059-1060)
II. PREMIÈRE RENCONTRE AVEC LES THÉOLOGIENS.— Jusque-là Galilée s'était tenu sur le terrain purement scientifique. En adoptant le système de Copernic, il devait forcément, un peu plus tôt un peu plus tard, s'avancer sur le domaine de la théologie. Un ouvrage de Ludovico delle Colombe : Contro il moto della terra, qui lui tomba entre les mains en 1611, Favaro, Le opere di Galilei, t. III, p. 251-291, lui en fournit l'occasion.
Colombo (comme l'appelle Galilée) apportait contre le système copernicien du mouvement de la terre des preuves tirées de l'Écriture sainte et de l'enseignement des théologiens. Le psalmiste n'avait-il pas dit : Qui fundasti terram super stabililatem suam, Ps. CIII, 5 ? Ne lit-on pas dans le l. Ier des Paralipomènes, XVI, [30] : Ipse enim fundavit orbem immobilem? ou encore dans l'[Ecclésiaste], I, 4-6 : Oritur sol, et occidit, et ad locum suum revertitur : ibique renascens, gyrat per meridiem, et flectitur ad aquilonem? Preuve que le soleil tourne autour de la terre et donc que la terre est le centre du monde. Que l'on ne chicane pas sur le sens de ces textes. Tous les Pères les ont interprétés à la lettre.
Et Melchior Cano, Loci theologici, l. VIII, c. III, n. 35, aussi bien que tous les commentateurs de la Somme de saint Thomas, posent ce principe : « Quiconque, dans l'interprétation de la sainte Écriture, propose une explication contraire au consentement unanime des saints Pères, agit témérairement. »
Galilée lut ces pages et les annota.
Colombo lui paraît un grossier personnage qui parle de choses qu'il ignore. Il s'en rapporte sur ce point au P. Clavius. Lettre du 27 mai 1611, dans Favaro, Le opere, t. XI, p. 117, et à Bellarmin. Ibid., p. 141. La question de l'Écriture sainte n'était cependant pas sans le préoccuper. Il interroge là-dessus son ami, le cardinal Conti, qui lui répond par une lettre en date du 7 juillet 1612, dans Favaro, Le opere, t. XI, p. 376 : « En ce qui concerne le mouvement de la terre, un mouvement progressif est à peine contraire à la sainte Écriture, comme l'a prouvé Lorin, In Acta apostolorum commentaria, Lyon, 1605, p. 215; mais un mouvement de rotation qui impliquerait comme simple apparence la rotation diurne de la voûte céleste serait plus difficile à concilier avec la sainte Écriture. » Le cardinal ne voit pas ce que tout cela vient faire dans les questions scientifiques agitées, et il ajoute : « Dieu vous garde ! » Ibid., t. XI, p. 376.
A cette date, la question copernicienne troublait beaucoup d'esprits. Le 16 décembre 1611, Ludovico Cigoli mandait de Rome à Galilée qu'on avait dénoncé ses théories à l'archevêque de Florence comme suspectes. Favaro, Le opere, t. XI, p. 241.
Le P. Nicolas Lorini, prédicateur de la cour grand-ducale, fut soupçonné d'avoir médit lui-même du savant astronome. Ibid., p. 427.
Mais, ce qui était plus grave, la question copernicienne fut soulevée à la table même du grand-duc, en présence de la grande-duchesse Marie-Christine et du P. Castelli, bénédictin, élève de Galilée et professeur de mathématiques, à Pise : Castelli défendit les théories de son maître; la grande-duchesse lui opposa les textes de l'Écriture mis alors en circulation par les partisans du système de Ptolémée. Ceci se passait le 12 décembre 1613. Cf. lettre de Castelli du 14 décembre, dans Favaro, Le opere, t. XI, p. 605-606.
Avisé du fait par Castelli, Galilée lui adressa une lettre…
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Re: Galileo Galilei : État de la question.
GALILÉEII. PREMIÈRE RENCONTRE AVEC LES THÉOLOGIENS.(SUITE)(col. 1060-1061)
Avisé du fait par Castelli, Galilée lui adressa une lettre qu'il développa ensuite pour répondre aux scrupules de la grande-duchesse et où il entreprit de démontrer que sa théorie n'était aucunement en contradiction avec l'Écriture sainte bien comprise. En voici les principaux passages :
« La sainte Écriture, dit-il, ne peut ni mentir, ni se tromper. La vérité de ses paroles est absolue et inattaquable. Mais ceux qui l'expliquent et l'interprètent peuvent se tromper de bien des manières, et l'on commettrait de funestes et nombreuses erreurs, si l'on voulait toujours s'en tenir au sens littéral des mots; on aboutirait, en effet, à des contradictions grossières, à des erreurs, à des doctrines impies, puisqu'on serait force de dire que Dieu a des pieds, des mains, des yeux, etc... Dans les questions de sciences naturelles, l'Écriture sainte devrait occuper la dernière place. L'Écriture sainte et la nature viennent toutes les deux de la parole divine : l'une a été inspirée par l'Esprit-Saint, et l'autre exécute fidèlement les lois établies par Dieu. Mais, pendant que la Bible, s'accommodant à l'intelligence du commun des hommes, parle, en bien des cas et avec raison, d'après les apparences, et emploie des termes qui ne sont point destinés à exprimer la vérité absolue, la nature se conforme rigoureusement et invariablement aux lois qui lui ont été données; on ne peut pas, en faisant appel à des textes de l'Écriture sainte, révoquer en doute un résultat manifeste acquis par de mûres observations ou par des preuves suffisantes... Le Saint-Esprit n'a point voulu (dans l'Écriture sainte) nous apprendre si le ciel est en mouvement ou immobile; s'il a la forme de la sphère ou celle du disque : qui, de la terre ou du soleil, se meut ou reste en repos... Puisque l'Esprit-Saint a omis à dessein de nous instruire des choses de ce genre parce que cela ne convenait point à son but, qui est le salut de nos âmes, comment peut-on maintenant prétendre qu'il est nécessaire de soutenir en ces matières telle ou telle opinion, que l'une est de foi et l'autre une erreur ? Une opinion qui ne concerne pas le salut de l'âme peut-elle être hérétique ? Peut-on dire que le Saint-Esprit ait voulu nous enseigner quelque chose qui ne concerne pas le salut de l'âme ? » Spiritum Dei noluisse ista docere homines, nulli ad salutem profutura. S. Augustin, De Genesi ad litteram, l.. II, c. IX, n. 20, P. L., t. XXXIV, col. 270. Lettre au P. Castelli, 21 décembre 1613, dans Favaro, Le opere, t. V, p. 279-288.
« Le cardinal Baronius avait coutume de dire que Dieu n'avait pas voulu nous enseigner comment le ciel va, mais comment on va au ciel. » Lettre à la grande-duchesse de Toscane, dans Favaro, Le opere, t. V, p. 307-348.
Les théologiens admettent aujourd'hui la doctrine de Galilée…
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Re: Galileo Galilei : État de la question.
GALILÉEII. PREMIÈRE RENCONTRE AVEC LES THÉOLOGIENS.(SUITE)(col. 1061-1062)
Les théologiens admettent aujourd'hui la doctrine de Galilée. C. Pesch, De inspiratione sacræ Scripturæ, Fribourg-en-Brisgau, 1906, p. 511-519. C'est l'enseignement donné dans les grands séminaires, F. Vigouroux, Manuel biblique, 12e édit., Paris, 1906, t. I, p. 74-75, et Léon XIII a garanti cet enseignement de sa haute autorité dans l'encyclique Providentissimus Deus, du 18 novembre 1893. Denzinger-Bannwart, Enchiridion, n. 1947. Voir INSPIRATION.
Mais au XVIIe siècle la nouveauté de ce langage était plus propre à irriter les adversaires de Galilée qu'à les convaincre. Sa théorie allait incontestablement à rencontre des idées reçues non seulement en matière de science, mais encore en matière d'exégèse. « Elle est contraire au sentiment commun de tous les théologiens scolastiques et de tous les saints Pères, » devait dire le P. Caccini dans sa déposition au procès de 1616. Cf. von Gebler, Die Acten des Galileischen Processes, Stuttgart, 1877, p. 26; manuscrit du procès, fol. 354.
En attendant le procès, le P. Thomas Caccini dénonçait au public, du haut de la chaire (avent 1614), à Florence, la théorie copernicienne de Galilée et montrait qu'elle était incompatible avec le mot de Josué : « Soleil, arrête-toi, » Jos., X, 12, et par conséquent « quasi hérétique ». Manuscrit du procès, fol. 354; von Gebler, Die Acten des Processes, p. 25. Le frère du prédicateur, Mathieu Caccini, qui résidait à Rome, et le supérieur des dominicains regrettèrent vivement cette incartade. Cf. lettre de Mathieu, du 2 janvier 1615, dans Antonio Ricci Ricardi, Galileo Galilei e fra Tommaso Caccini, Florence, 1902, p. 69, et lettre du supérieur à Galilée dans Alberi, Le opere, t. VIII, p. 337. Mais le coup était porté, et Galilée en sentait la gravité.
Il se tourna vers Rome, notamment vers le P. Griemberger, successeur du P. Clavius au Collège romain, vers Mgr Dini, éminent théologien, dont il s'était fait un disciple convaincu, et vers Bellarmin. Dans sa lettre à Mgr Dini, dans Favaro, Le opere, t. V, p. 289, il se demande comment on peut songer à faire condamner la théorie de Copernic, qui reçut un si bon accueil du pape Paul III, et il espère que ses amis empêcheront le Saint-Office de commettre une telle faute. Mgr Dini lui répond, au nom de Bellarmin, que la condamnation de Copernic n'est pas probable et au nom du P. Griemberger que, toute « plausible » qu’elle soit, la théorie copernicienne n'est pas démontrée; Copernic n'a pas eu l'intention de prouver que la terre tourne autour du soleil, mais il a simplement donné sa théorie comme une hypothèse mathématique. En tout cas, il est prudent de ne pas s'engager dans les querelles théologiques que peut déterminer la discussion des textes de l'Écriture. Favaro, Le opere, t. II, p. 155.
« Dire que Copernic s'exprime par manière d'hypothèse et non avec la conviction que sa théorie est conforme à la réalité, riposte Galilée, c'est ne l'avoir pas lu. » Quant au conseil qu'on lui donne d'abandonner l'Écriture aux exégètes et aux théologiens de profession, il est prêt à le suivre. Mais il fait observer que Dieu peut éclairer l'intelligence des plus humbles sur des questions qu'ils n'ont pas bien étudiées.
En tout cas, il ne faut pas oublier que, pour entreprendre d'accorder ensemble l'Écriture sainte et les sciences naturelles, il est nécessaire de connaître celles-ci à fond. « Si j'ai tenté de le faire malgré mon peu d'expérience dans la sainte Écriture, on excusera ma témérité, attendu que je suis tout disposé à me soumettre au jugement de mes supérieurs. » Lettre du 23 mars 1615, dans Favaro, Le opere, t. V, p. 297-300.
Vers le même temps, le carme Foscarini soutenait une opinion semblable : Lettera del R.P.M. Paolo Antonio Foscarini carmelitani al Reverendissimo P. Generale del suo ordine, Sebastiano Fantoni, sopra l'opinione dei Pigatorici e del Copernieo, nella quale si accordano ed appaciano i luoghi della sacra Scrittura e le proposizioni teologiche, che giammai potessero addursi contro tate opinione, dans Alberi, Le opere di Galilei, t. V, p. 455-494.
A l'en croire, le système de Ptolémée ne rendait pas compte des phénomènes observés dans l'ordre de l'astronomie; seul le système copernicien en offrait une explication rationnelle. Foscarini considérait donc ce dernier système au moins comme vraisemblable et n'excluait pas la probabilité de le voir bientôt reconnu comme vrai. Il en concluait qu'il fallait s'y rallier et mettre désormais de côté les vains scrupules qui pouvaient provenir d'une conception erronée de la sainte Écriture.
Bellarmin prit peur…
Dernière édition par Louis le Mer 13 Juin 2018, 8:27 am, édité 1 fois (Raison : Correction d'une date : 23 mars 1615 au lieu de 23 mars 1015.)
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Re: Galileo Galilei : État de la question.
GALILÉEII. PREMIÈRE RENCONTRE AVEC LES THÉOLOGIENS.(SUITE)(col. 1062-1063)
Bellarmin prit peur, et par une lettre en date du 12 avril 1615, publiée par Dominico Berti, Copernico e le vicende del sistema copernicano, Rome, 1873, Paravia, p. 121 sq. ; Favaro, Le opere di Galilei, t. XII, p. 171-172, il crut devoir rappeler à Foscarini quelle devait être, dans la question, l'attitude des théologiens prudents :
« Je dis, mon Révérend Père, écrivait-il, que vous et le seigneur Galilée vous agiriez prudemment en vous contentant de parler ex suppositione et non d'une manière absolue, comme j'ai toujours cru que Copernic avait parlé; car, dire qu'en supposant le mouvement de la terre et l'immobilité du soleil on sauve mieux toutes les apparences qu'avec les excentricités et les épicycles, c'est très bien dire, cela n'offre aucun danger, et cela suffit au mathématicien. Mais vouloir affirmer que réellement le soleil est au centre du monde et qu'il tourne seulement sur lui-même, sans aller de l'orient à l'occident, tandis que la terre est dans le troisième ciel, et tourne avec beaucoup de rapidité autour du soleil, c'est courir grand danger, non seulement d'irriter les philosophes et les théologiens scolastiques, mais de nuire à notre sainte foi, en accusant l'Écriture sainte d'erreur. Vous avez bien montré qu'il y a plusieurs manières d'expliquer la sainte Écriture, mais vous ne les avez pas appliquées en particulier, et certainement vous auriez trouvé de très grandes difficultés, si vous aviez voulu expliquer tous les passages que vous avez cités vous-même.
« Je dis que, comme vous le savez, le concile défend d'interpréter l'Écriture contre le sentiment commun des saints Pères, et si vous voulez lire, je ne dis pas seulement les saints Pères, mais les commentaires modernes sur la Genèse, sur les Psaumes, sur l'Ecclésiaste, sur Josué, vous trouverez qu'ils s'accordent tous à expliquer, selon la lettre, que le soleil est dans le ciel et tourne autour de la terre avec une extrême vitesse, que la terre est très éloignée du ciel et reste immobile au centre du monde. Considérez maintenant, dans votre prudence, si l'Église peut tolérer qu'on donne aux Écritures un sens contraire aux saints Pères et à tous les interprètes grecs et latins. On ne peut pas répondre que ce n'est pas une matière de foi, parce que, si ce n'est pas une matière de foi ex parte objecti, c'est une matière de foi ex parte dicentis: de même ce serait une hérésie de dire qu'Abraham n'a pas eu deux fils et Jacob douze, comme de dire que le Christ n'est pas né d'une vierge, parce que l'Esprit-Saint a dit l'une et l'autre chose par la bouche des prophètes et des apôtres.
« Je dis que, s'il y avait une vraie démonstration prouvant que le soleil est au centre du monde et la terre dans le troisième ciel, que le soleil ne tourne pas autour de la terre, mais la terre autour du soleil, alors il faudrait apporter beaucoup de circonspection dans l'explication des passages de l'Écriture qui paraissent contraires, et dire que nous ne les entendons pas, plutôt que de déclarer faux ce qui est démontré. Mais je ne croirai pas à l'existence d'une pareille démonstration avant qu'elle m'ait été montrée; et prouver qu'en supposant le soleil au centre du monde et la terre dans le ciel on sauve les apparences, n'est pas la même chose que de prouver qu'en réalité le soleil est au centre et la terre dans le ciel. Pour la première démonstration, je la crois possible; mais, pour la seconde, j'en doute beaucoup, et dans le cas de doute on ne doit pas abandonner l'interprétation de l'Écriture donnée par les saints Pères. »
La conviction du cardinal Bellarmin est bien arrêtée...
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Re: Galileo Galilei : État de la question.
GALILÉEII. PREMIÈRE RENCONTRE AVEC LES THÉOLOGIENS.(SUITE)(col. 1063)
La conviction du cardinal Bellarmin est bien arrêtée. S'il suppose pour un moment que la théorie du mouvement de la terre peut être démontrée, c'est par manière de parler; dans son for intérieur il reste persuadé, voire absolument sûr, que cette démonstration est impossible. Et il en appelle à Salomon, tout ensemble « écrivain inspiré et savant de premier ordre, » dit-il, pour prouver que le soleil tourne réellement autour de la terre : oritur sol, et occidit, et ad locum suum revertitur. Eccle., I, 5. « D'ailleurs, ajoute-t-il, le témoignage de nos yeux n'est-il pas une garantie suffisante de cette vérité? Chacun sait par expérience que la terre est immobile et que l'œil ne se trompe pas quand il juge que le soleil se meut, pas plus qu'il ne se trompe quand il juge que la lune et les étoiles se meuvent, et cela suffit pour le moment. »
Si l'argumentation du cardinal est faible, il ne s'ensuit pas moins que Galilée pouvait échapper au Saint-Office pourvu qu'il renonçât à vouloir concilier sa doctrine avec l'Écriture. « Un point est éclairci, disait à ce propos, le 2 mai 1615, Mgr Dini : On peut écrire comme mathématicien et sous forme d'hypothèse, comme a fait, dit-on, Copernic; on peut écrire librement, pourvu qu'on n'entre pas dans la sacristie. » Alberi, Le opere, t. VIII, p. 375.
Mais il était trop tard, Galilée était « entré dans la sacristie » et il n'allait plus pouvoir en sortir...
III. LE PROCÈS DE 1616…
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Re: Galileo Galilei : État de la question.
GALILÉE(col. 1063-1064)
III. LE PROCÈS DE 1616. — Dès le 5 février 1615, un théologien, le P. Lorini, dominicain, avait dénoncé la lettre de Galilée à Castelli. Cette dénonciation était secrète et adressée directement au cardinal Émile Sfondrate, alors préfet de la S. C. de l'Index. Le P. Lorini déclarait que, s'il faisait cette démarche, c'était par acquit de conscience. La lettre au P. Castelli lui paraissait faire courir un danger à la foi. Il y signalait des appréciations suspectes ou téméraires, telles que les suivantes : dire que certaines expressions de la sainte Écriture sont peu justes; que, dans les discussions sur les effets naturels, l'Écriture tient le dernier rang; que les docteurs de l'Église se trompent souvent dans leurs explications; que l'Écriture ne doit pas être invoquée dans les articles ne concernant pas la foi; que, dans les choses naturelles, l'argument philosophique ou astronomique a plus de force que l'argument sacré ou divin; enfin que le commandement de Josué au soleil doit s'entendre comme fait non au soleil, mais au premier mobile. Toutes ces erreurs, disait Lorini, ne font-elles pas voir le danger que courrait l'Église, si on laissait ainsi le premier venu expliquer l'Écriture à sa façon, contrairement au sentiment des Pères et de saint Thomas, et fouler aux pieds toute la philosophie d'Aristote, qui est un si utile auxiliaire de la théologie scolastique ? Von Gebler, Die Acten, p. 11 ; manuscrit du procès, fol. 342; Favaro, Le opere, t. XIX, p. 297; Galileo e l'Inquisizione, 1907, p. 37.
Le préfet de l'Index soumit le cas au tribunal de l'Inquisition qui chargea, selon l'usage, un consulteur d'examiner la lettre de Galilée. Le consulteur est loin d'être malveillant ou seulement défavorable. L'auteur, dit-il dans son rapport, emploie quelquefois des expressions mal sonnantes, qui sont d'ailleurs susceptibles d'une interprétation bénigne : « Quant au reste, s'il abuse des termes impropres, il ne s'écarte pas des limites du langage catholique. » Favaro, Le opere, t. XIX, p. 305.
La lettre à Castelli semblait donc n'offrir rien qui pût servir de base à une accusation devant le Saint-Office. Mais Galilée avait produit d'autres ouvrages, notamment une étude sur les Taches solaires qui avait ému également l'opinion publique. Cf., sur ce point, Müller, Galileo Galilei, c. XII, XIII, p. 144-178. C'est par là qu'on trouva le moyen de l'atteindre.
Le fameux P. Thomas Caccini, qui avait attaqué Galilée en chaire, était venu à Rome avec son confrère, le P. Lorini. Dans une conversation qu'il eut avec le cardinal Galamini, de l'ordre des dominicains, maître du sacré palais, il exprima le désir d'être entendu, pro exoneratione conscientiæ dans l'affaire dont était saisi le Saint-Office. Il fut mis, en effet, fin mars 1615, en présence du commissaire général Michel-Ange Seghizi (aussi un dominicain) dans la grande salle du palais de l'Inquisition. Là, après le serment d'usage, il exposa les raisons pour lesquelles il s'était permis d'adresser, du haut de la chaire, mais d'ailleurs « en toute modestie, une affectueuse admonition » à Galilée et à ses disciples, qui, sous prétexte de suivre Copernic, portaient ouvertement atteinte à la sainte Écriture. Il attaqua ensuite nettement la doctrine contenue dans le livre sur les Taches solaires et déclara que le philosophe florentin avait des relations avec les hérétiques, notamment avec le fameux Sarpi de Venise (l'auteur bien connu de l'Histoire du concile de Trente), ce qui était de nature à inspirer le doute sur son orthodoxie. Favaro, Le opere, t. XIX, p. 307.
Cependant l'affaire traîna en longueur…
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Re: Galileo Galilei : État de la question.
GALILÉEIII. LE PROCÈS DE 1616.
(SUITE)
(col. 1064-1065)
Cependant l'affaire traîna en longueur. Galilée en eut vent, à ce qu'il semble. Il partit pour Rome, avec des lettres de recommandation du grand-duc à l'adresse du cardinal del Monte, du cardinal Scipion Borghèse et de François Orsini, Favaro, Le opere, t. XII, p. 203, qui s'entremirent, en effet, pour déjouer les calculs des anticoperniciens. Sûr de cet appui et confiant dans sa cause, Galilée écrivait, le 20 février 1616 : « J'arriverai à dévoiler leurs fraudes; je m'opposerai à eux, et j'empêcherai toute déclaration dont il pourrait résulter un scandale pour l'Église. » Alberi, Le opere, t. VI, p. 225.
Profonde était son illusion. Au moment où il écrivait ces lignes, son procès avait été engagé sur l'ordre du pape. Comme le cardinal Orsini parlait un jour en faveur de Galilée devant Paul V, celui-ci lui répondit qu'il ferait bien de conseiller à son ami d'abandonner l'opinion de Copernic. Orsini insistant, le souverain pontife coupa court à l'entretien en disant que l'affaire était remise entre les mains des cardinaux du Saint-Office. Dès que le cardinal Orsini se fut retiré, le pape fit appeler le cardinal Bellarmin. Tous deux s'accordèrent à reconnaître que l'opinion soutenue par Galilée était « erronée et hérétique. » La bonne foi du savant astronome ne fut d'ailleurs pas mise en cause. Lettre de Pierre Guicciardini au grand-duc de Toscane, en date du 4 mars 1616, Alberi, Le opere, t. VI, p. 228; Favaro, Le opere, t. XII, p. 242.
Bien qu'il fût présent à Rome, Galilée ne fut cependant pas cité à comparaître devant le tribunal de l'Inquisition. Il s'ensuit que la procédure en cours ne se peut appeler qu'improprement le « procès de Galilée ». Ce procès ne fut pas, en effet, vraiment personnel, ce fut un procès de doctrine, et la doctrine incriminée était aussi bien celle de Copernic que celle de Galilée.
Le 19 février 1616, tous les théologiens du Saint-Office avaient reçu une copie des propositions suivantes à censurer :
« 1° que le soleil est le centre du monde et, par conséquent, immobile de mouvement local; 2° que la terre n'est pas le centre du monde ni immobile, mais se meut sur elle-même tout entière par un mouvement diurne. »
Les qualificateurs se réunirent le 23 février, et le lendemain 24, la censure fut portée dans le Saint-Office, en présence des théologiens consulteurs :
« Tous déclarèrent que la première proposition était insensée et absurde en philosophie, et formellement hérétique, en tant qu'elle contredisait expressément de nombreux passages de la sainte Écriture, selon la propriété des mots, et selon l'interprétation commune et le sens des saints Pères et des docteurs théologiens. » Quant à la seconde, ils déclarèrent, pareillement à l'unanimité, qu'elle « méritait la même censure en philosophie et que, par rapport à la vérité théologique, elle était au moins erronée dans la foi. » Von Gebler, Die Acten, p. 47; manuscrit du procès, fol. 376; Favaro, Le opere, t. XIX, p. 311.
Suivent, dans les pièces du procès, les noms des onze consulteurs : ce sont Pierre Lombard de Waterford, archevêque d'Armagh; six dominicains, Hyacinthe Petronio (maître du sacré palais), Raphaël Riphoe, vicaire général de l'ordre, Michel-Ange Séghizy (commissaire du Saint-Office), Jérôme de Casale major, Thomas de Lemos, Jacques Tinto; un jésuite, Benedetto Giustiniani; un bénédictin, Michel de Naples; un clerc régulier, Raphaël Rastelli; et un augustin, Grégoire Nonnio Coronel.
Le 25 février…
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Re: Galileo Galilei : État de la question.
GALILÉEIII. LE PROCÈS DE 1616.(SUITE)(col.1065)
Le 25 février, le cardinal Millin fit savoir à l'assesseur et au commissaire du Saint-Office que, vu la censure prononcée par les théologiens sur les propositions de Galilée, le Saint-Père avait ordonné au cardinal Bellarmin de convoquer Galilée afin de l'avertir qu'il eût à abandonner son opinion ( le texte primitif portait ses opinions); dans le cas où il refuserait d'obéir, le commissaire devait, devant notaire et témoins, lui intimer « l'ordre de s'abstenir entièrement d'enseigner cette doctrine et opinion, ou de la défendre ou de la traiter; à défaut d'acquiescement, il serait incarcéré. » Von Gebler, Die Acten, p. 40; ras. du procès, fol. 378; Favaro, Galilei e l'Inquisizione, p. 62.
En conséquence, le vendredi 26, le cardinal Bellarmin fit venir Galilée dans son palais, et là, en présence du commissaire général du Saint-Office, l'avertit de l'erreur qui lui était reprochée et l'invita à l'abandonner. Ensuite le commissaire lui-même, devant témoins, et notamment devant le cardinal Bellarmin, lui intima au nom du souverain pontife et de la S. C. du Saint-Office, « l'ordre d'abandonner entièrement l'opinion qui prétend que le soleil est le centre du monde et immobile et que la terre se meut, défense de la soutenir désormais en aucune manière, de l'enseigner ou de la défendre par parole ou par écrit, sous peine de se voir intenter un procès devant le Saint-Office. » Von Gebler, Die Acten, p. 40; ms. du procès, fol. 378-379 : Favaro, ibid.
Qu'allait faire Galilée devant une pareille sommation ? Ce serait le mal connaître que de lui prêter un sentiment de révolte. Dans la lettre du 10 février 1615, à Mgr Dini, que nous avons déjà citée, il écrivait : « Je suis dans l'intime disposition de m'arracher l'œil pour n'être pas scandalisé, plutôt que de résister à mes supérieurs et de faire tort à mon âme en soutenant contre eux ce qui présentement me paraît évident et que je crois toucher de la main. » Favaro, Le opere, t. V, p. 295. Guicciardini témoigne qu'il persistait dans ces sentiments à la veille de la décision du Saint-Office. Lettre du 4 mars 1616, dans Favaro, Le opere, t XII, p. 212. On ne s'étonnera donc pas du geste qu'il fit devant le commissaire de l'Inquisition. « Galilée, dit le procès-verbal, acquiesça à l'ordre qui lui était donné et promit d'obéir. » Von Gebler, Die Acten, p. 40; manuscrit du procès, fol. 378-379; Favaro, Le opere, t. XIX, p. 322.
La S. C. de l'Index eut sans doute égard à la simplicité et à la franchise de cette soumission…
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Re: Galileo Galilei : État de la question.
GALILÉEIII. LE PROCÈS DE 1616.(SUITE)(col. 1066)
La S. C. de l'Index eut sans doute égard à la simplicité et à la franchise de cette soumission. Dans la condamnation générale qu'elle porta, le 5 mars suivant, contre la théorie copernicienne et contre les ouvrages de Copernic, donec corrigantur, elle ne prononça pas le nom de Galilée ni ne signala expressément ses ouvrages. Von Gebler, Die Acten, p. 50; Favaro, Le opere, t. XIX, p. 323; cf. Müller, Galileo Galilei, p. 208-210. Celui-ci n'en comprit pas moins la leçon qui lui était donnée
« L'issue de cette affaire, écrivait-il le 6 mars, a montré que mon opinion n'a pas été acceptée par l'Église. Celle-ci a seulement fait déclarer qu'une telle opinion n'était pas conforme aux saintes Écritures, d'où il suit que les livres voulant prouver ex professo que cette opinion n'est pas opposée à l'Écriture sont seuls prohibés. » Alberi, Le opere, t. VI, p. 231.
Ses adversaires cependant ne désarmaient pas. Dans une audience du 11 mars, où le souverain pontife lui témoigna une extrême bienveillance, il se plaignit des calomnies qui circulaient toujours sur son compte. Paul V le rassura en affirmant que les Congrégations et lui-même connaissaient parfaitement la pureté de ses intentions et la droiture de son esprit. « De mon vivant, ajouta le pape, vous pouvez être sûr qu'on ne donnera aucune créance aux calomniateurs. » Lettre du 12 mars 1616. dans Alberi, Le opere, t. VI, p. 233.
Cette assurance n'empêcha pas le bruit de se répandre que l'Inquisition avait condamné Galilée à une abjuration et à une pénitence salutaire. Pour réfuter cette allégation injurieuse, Galilée sollicita de Bellarmin une attestation qui lui permît de fermer la bouche à ses ennemis, en rétablissant les faits. Le témoignage du cardinal figura plus tard au procès de 1633. En voici la teneur :
« Galilée n'a abjuré ni entre nos mains ni en celles de personne autre, à Rome ou ailleurs, que nous sachions, aucune de ses opinions ou doctrines; il n'a pas non plus reçu de pénitence salutaire, ni d'autre sorte; on lui a seulement notifié la déclaration faite par notre Saint-Père et publiée par la S. C. de l'Index, où il est marqué que la doctrine attribuée à Copernic, à savoir que la terre se meut autour du soleil, et que le soleil se tient au centre du monde, sans se mouvoir de l'orient à l'occident, est une doctrine contraire aux saintes Écritures, et que par conséquent on ne peut la défendre ni la soutenir. » Attestation datée du 26 mai 1616, dans von Gebler, Die Acten, p. 91; manuscrit du procès, fol. 427; Favaro, Le opere, t. XIX, p. 348.
IV. INFRACTION AU DÉCRET DE 1616.…
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Re: Galileo Galilei : État de la question.
GALILÉE(col. 1066-1067)
IV. INFRACTION AU DÉCRET DE 1616. — Galilée quitta Rome et regagna Florence où l'attendaient la bienveillance et les faveurs du grand-duc de Toscane. Allait-il s'ensevelir dans une futile oisiveté ? S'il continuait à poursuivre ses recherches astronomiques, il était bien difficile, pour ne pas dire impossible, qu'il ne retrouvât pas, au bout de ses nouveaux calculs, ses anciennes conclusions.
Or tout l'invitait, ses admirateurs comme ses adversaires, à reprendre ses études et à suivre sa pointe.
Dès le 1er juin 1616, un médecin napolitain, philosophe et mathématicien, Stelliota, lui traçait un plan de conduite en ces termes :
« Les professeurs des sciences doivent montrer les calomnies des sophistes. La pensée des supérieurs est sainte et juste : mais, comme le décret (de 1616) a été rendu sans que les parties aient été entendues, il faudrait revoir la cause qui intéresse tout le monde; il faudrait que les professeurs de mathématiques étrangers présentassent un mémoire. » Et avec un grand sens il ajoutait : « Faites prévenir ceux qui gouvernent le monde que les personnes qui cherchent à mettre la discorde entre la science et la religion sont peu amies de l'une et de l'autre. » Alberi, Le opere, t. XIII, p. 386.
Cependant Galilée se tut pendant plusieurs années.
Il ne rompit le silence qu'à la suite d'une provocation qui provenait d'un professeur du Collège romain, le P. Horace Grassi, lequel attaquait directement, bien qu'avec certains égards, dans un livre intitulé : Libra astronomica, cf. Favaro, Le opere, t. VI, p. 111-171, la théorie copernicienne et les thèses de Galilée. Celui-ci ne pouvait manquer de relever le gant.
Il publia son Saggiatore , « l'Essayeur », Favaro, Le opere, t. VI, p. 199, sous forme de lettre adressée à Mgr Cesarini, qui allait devenir le maestro di camera d'Urbain VIII. L'ouvrage avait pour but de faire voir que le système de Copernic et de Képler est en parfait accord avec les observations du télescope, tandis que le système de Ptolémée et des péripatéticiens est insoutenable.
Galilée concluait que, le premier système étant condamné par l'autorité ecclésiastique et le second par la raison, il fallait en chercher un autre. Malgré cette conclusion, le Saggiatore était, au fond, une défense habilement conduite de la doctrine copernicienne.
Le maître du sacré palais et ses théologiens ne s'en aperçurent pas. L'autorisation d'imprimer, délivrée le 2 février 1623, contient ces mots :
« J'ai lu par ordre du maître du sacré palais cet ouvrage du Saggiatore, et outre que je n'y ai rien trouvé de contraire aux bonnes mœurs ou qui s'éloigne de la vérité surnaturelle de notre foi, j'y ai reconnu de si belles considérations sur la philosophie naturelle que notre siècle, je crois, pourra se glorifier dans les siècles futurs, non seulement d'un héritier des travaux des philosophes passés, mais aussi d'un révélateur de beaucoup de secrets de la nature, qu'ils furent impuissants à découvrir; ainsi le démontrent les ingénieuses et sages théories de l'auteur dont je suis heureux d'être le contemporain, parce que ce n'est plus avec le peson et approximativement, mais avec des balances très sûres, que se mesure aujourd'hui l'or de la vérité. » Alberi, Le opere, t. IX, p. 26. L'ouvrage fut offert au nouveau pape, le cardinal Barberini, devenu Urbain VIII, qui en accepta la dédicace. Alberi, Le opere, t. IX, p. 1.
Bien plus, le souverain pontife, « le lut, dit-on…
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Re: Galileo Galilei : État de la question.
GALILÉEIV. INFRACTION AU DÉCRET DE 1616.(SUITE)(col. 1067-1068)
Bien plus, le souverain pontife, « le lut, dit-on, avec grand plaisir. » Lettre de Rinuceini du 20 octobre 1623, Alberi, Le opere, t. XIII, p. 154. Flatté d'un tel hommage rendu à son livre, Galilée se prit à caresser de hardis projets pour l'avenir. Dans un voyage qu'il fit à Rome en 1624, il eut avec le pape Urbain VIII jusqu'à six entretiens assez longs. Espérait-il pouvoir faire rapporter le décret de 1616 ? Cela n'est pas improbable.
Un de ses partisans, le cardinal Hohenzollern, crut pouvoir inviter Urbain VIII à se prononcer en faveur du système héliocentrique. Le pape se hâta de répondre que cette doctrine n'avait jamais été condamnée comme hérétique, et que personnellement il ne la ferait jamais condamner, bien qu'il la considérât comme très hasardée : « Du reste, il n'y avait pas à craindre que jamais on pût en démontrer la justesse et la vérité. » Lettre de Galilée à Cesi, 8 juin 1624, dans Favaro, Le opere, t. XIII, p. 182.
Malgré la haute estime qu'Urbain VIII professait pour Galilée et dont on a maints témoignages positifs, cf. notamment la lettre que le pape adressait le 8 juin 1624 au grand-duc de Toscane et qui contient un éloge extraordinaire du savant astronome, Favaro, Le opere, t. XIII, p. 183-184, il n'est pas vraisemblable qu'il se soit prêté à une revision du procès de 1616.
Galilée n'en rapporta pas moins à Florence la conviction que le système copernicien ne pouvait être condamné comme hérétique. Son ardeur scientifique s'en accrut d'autant. Il conçut un grand ouvrage dans lequel il développait les idées déjà insinuées dans le Saggiatore sur les deux systèmes du monde qui se partageaient les esprits.
II y travailla sept ou huit ans.
Dans une lettre en date du 24 décembre 1629, qu'il adresse au prince Cesi, fondateur de l'Académie des Lincei, dans Favaro, Le opere, t. XIV, p. 60, on voit que l'œuvre était presque achevée.
Elle ne parut cependant qu'en 1632, sous ce titre: Dialogo di Galileo Galilei Linceo matematico sopra ordinario dello studio di Pisa e filosofo e matematico primario del serenissimo Granduca di Toscana : dove nei congressi di quattro giornate si discorze sopra i due massimi sistemi del mondo, Tolemaico e Copernicano, proponendo indeterminatamente ragioni filosofiche e naturati tanto per l'una quanto per t'altra parte. Favaro, Le opere, t. VII, p. 20-489.
La publication avait souffert d'énormes difficultés. Galilée aurait souhaité de la faire imprimer à Rome. Mais le P. Riccardi, maître du sacré palais, qui avait si bien accueilli le Saggiatore, reconnut que l'auteur, dans ce nouvel ouvrage, loin de proposer le système de Copernic comme une hypothèse mathématique, en parlait en termes qui formaient un essai de démonstration scientifique. II ne fallait pas songer à le mettre au jour dans cet état. Le P. Riccardi proposa donc d'y introduire certaines corrections, que Galilée admit en principe. L'autorisation d'imprimer lui fut accordée à ces conditions. Favaro, Le opere, t. XIV, p. 258, lettre de Galilée à Cioli; von Gebler, Die Acten, p. 52 sq. ; ms. du procès, fol. 387 sq.
Bientôt cependant, par suite de circonstances qu'il serait trop long d'indiquer ici, il fut contraint de remporter son manuscrit à Florence…
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Re: Galileo Galilei : État de la question.
GALILÉEIV. INFRACTION AU DÉCRET DE 1616.(SUITE)(col. 1068-1069)
Bientôt cependant, par suite de circonstances qu'il serait trop long d'indiquer ici, il fut contraint de remporter son manuscrit à Florence. Là, il le soumit à l'examen de l'inquisiteur, qui lui donna l'imprimatur sous les réserves qu'avait faites le P. Riccardi. C'était un succès, ce semble, mais un succès qui pouvait devenir dangereux. N'était-il pas à craindre que Rome ne jugeât sévèrement le procédé de l'Inquisition florentine?
Pour comble d'imprudence, Galilée mit en tête de son livre, avec l'imprimatur de l'inquisiteur et du vicaire général de Florence, celui du P. Riccardi, qui n'avait été accordé que sous conditions et conditions non remplies. Cf. von Gebler et le ms. du procès, loc.cil.
Il suffisait d'ouvrir le volume pour comprendre les justes appréhensions du maître du sacré palais. Les interlocuteurs du dialogue s'appelaient Segredo, Salviati et Simplicio : les deux premiers, savants amis de Galilée, l'un Florentin, l'autre Vénitien, déjà morts, soutenaient le système copernicien; le troisième, dont le nom avait été emprunté à un commentateur d'Aristote, défendait la théorie de Ptolémée. Mais il était visible que Simplicio ne jouait son rôle que pour la forme : les raisons qu'il alléguait ne servaient qu'à mettre en valeur la force des arguments de ses contradicteurs. On accusa même Galilée d'avoir mis les arguments favorables à Ptolémée « dans la bouche d'un sot. » Cf. Von Gebler, Die Acten, p. 56; ms. du procès, fol. 389 V°.
Dès que l'ouvrage fut connu à Rome, il souleva une tempête de colères et de réclamations. On devine d'où venait ce « fracas », comme parle Galilée. Lettre du 17 mai 1632. « Il a écrit son livre contre le sentiment commun des péripatéticiens, » Albert, Le opere, t. IX, p. 275, disait le P. Scheiner, jésuite. Ce que l'auteur avait le plus à redouter, remarque à son tour Campanella, récemment sorti des prisons du gouvernement espagnol, « c'était la violence des gens qui ne savent rien. » Albert, Le opere, t. IX, p. 284.
Les sévérités de l'autorité ecclésiastique, jusque-là favorable à l'auteur, en raison des sentiments de piété et d'obéissance qu'il avait toujours montrés, étaient aussi à appréhender. Le P. Riccardi pouvait se plaindre qu'on eût abusé de sa complaisance, voire de sa signature. Le pape se reconnut-il, comme on l'a prétendu, dans le Dialogo, sous le personnage un peu ridicule de Simplicio, dans la bouche duquel se trouvaient divers arguments qu'il avait jadis opposés à Galilée au cours d'un entretien familier? Cela n'est pas invraisemblable. Cf., sur ce point, H. de l'Épinois, dans la Revue des questions historiques, 1867, t. II, p. 119 sq. ; Favaro, Le opere, t. XVI, p. 455. Des raisons plus graves étaient, du reste de nature à le mécontenter; Galilée avait manifestement enfreint l'engagement pris en 1616 de ne plus enseigner la doctrine copernicienne. Cela suffisait pour le perdre dans l'estime et dans la confiance du souverain pontife.
Aussi voyons-nous, dès la première quinzaine d'août (1632), Urbain VIII déférer le Dialogo à l'examen d'une commission extraordinaire…
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Re: Galileo Galilei : État de la question.
GALILÉEIV. INFRACTION AU DÉCRET DE 1616.(SUITE)(col. 1069)
Aussi voyons-nous, dès la première quinzaine d'août (1632), Urbain VIII déférer le Dialogo à l'examen d'une commission extraordinaire. Par égard pour l'auteur et peut-être surtout pour son protecteur, le grand-duc de Toscane, le Saint-Office n'en fut pas d'abord saisi. La commission n'eut en quelque sorte qu'un caractère officieux. Dépêche de Niccolini. 18 septembre 1632, Alberi, Le opere, t. IX, p. 427.
Urbain VIII était pourtant très irrité. Le 5 septembre, apercevant Niccolini, ambassadeur de Toscane, il éclata en violents reproches :
« Galilée, dit-il, a, lui aussi, la hardiesse d'entrer où il ne doit pas entrer, et d'aborder les matières les plus graves et les plus dangereuses que l'on puisse agiter en ce moment-ci. »
« Mais il a imprimé son livre avec autorisation, » fit observer l'ambassadeur.
« Oui, reprit le pape avec animation, Ciampoli et le maître du sacré palais ont été circonvenus : Ciampoli, sans avoir jamais vu et lu l'ouvrage, m'a affirmé que Galilée voulait se conformer en tout aux ordres du pape et que tout était bien. »
Et Urbain VIII se plaignit de Ciampoli et du maître du sacré palais. « On donnera du moins à Galilée le temps de se justifier ? » demanda Niccolini.
« En ces matières du Saint-Office, on ne fait que censurer, reprit le pape, puis on demande une rétractation. »
« Galilée ne pourrait-il pas savoir auparavant ce qu'on lui reproche ? » objecta Niccolini.
« Je vous le dis, répliqua vivement le pape, le Saint-Office ne procède pas ainsi; jamais on ne prévient personne auparavant, d'autant plus que Galilée sait très bien, s'il veut le savoir, en quoi consistent les difficultés, car nous en avons causé ensemble et le lui avons dit nous-même... » Dépêche de Niccolini, 5 septembre, Alberi, Le opere, t. IX, p. 420.
Le rapport de la commission ne se fit pas attendre : en voici les conclusions : …
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Re: Galileo Galilei : État de la question.
GALILÉEIV. INFRACTION AU DÉCRET DE 1616.(SUITE)(col. 1069-1070)
Le rapport de la commission ne se fit pas attendre : en voici les conclusions :
« 1° Galilée a transgressé les ordres qu'on lui avait donnés, en abandonnant l'hypothèse pour affirmer absolument la mobilité de la terre et la stabilité du soleil;
2° il a mal rattaché l'existence du flux et du reflux de la mer à la stabilité du soleil et de la mobilité de la terre, qui n'existent pas;
3° il a frauduleusement passé sous silence l'ordre, que le Saint-Office lui avait intimé en 1616, d'abandonner entièrement, de ne plus enseigner ni défendre, de quelque manière que ce fût, par la parole ou par les écrits, l'opinion d'après laquelle le soleil est le centre du monde et la terre se meut. » Von Gebler, Die Acten, p. 53; ms. du procès, fol. 387 V°.
A côté de ce document, le recueil manuscrit des pièces du procès contient un rapport du même genre où se retrouvent les mêmes conclusions, un peu plus détaillées, sous huit chefs différents. Von Gebler, Die Acten, p. 56; ins. du procès, fol. 389.
En fait, l'accusation se ramène à ces deux chefs : Galilée a désobéi aux ordres du Saint-Office et violé son engagement de 1616; Galilée, bien qu'il déclare vouloir traiter la question du mouvement de la terre hypothétiquement, procède par voie d'affirmation et enseigne sa théorie de façon absolue. Ce sont les reproches qu'Urbain VIII formula expressément dans un nouvel entretien qu'il eut avec Niccolini. Alberi, Le opere, t. IX, p. 435.
Le rapport de la commission concluait qu'il y avait lieu de délibérer sur la procédure à suivre « tant contre Galilée que contre son ouvrage. » Von Gebler, Die Acten, p. 53; ms. du procès, fol. 387 V°.
V. Le PROCÈS DE 1633…
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Re: Galileo Galilei : État de la question.
GALILÉE(col. 1070)
V. Le PROCÈS DE 1633. — Le 23 septembre 1632, l'inquisiteur de Florence reçut l'ordre de signifier à Galilée qu'il eût à se présenter devant la commission du Saint-Office dans le courant d'octobre, afin d'expliquer sa conduite. Cet ordre émanait du pape. Von Gebler, Die Acten, p. 93; ms. du procès, fol. 394.
Galilée comprit alors en quels périls il s'était engagé. Il fit d'abord la sourde oreille et chercha à gagner du temps. Il offrit même de s'expliquer devant l'inquisiteur de Florence, prétextant son grand âge (près de soixante-dix ans), son état maladif et la fatigue d'un voyage à Rome. Von Gebler, Die Acten, p. 65-71; ms. du procès, fol. 397-407; cf. H. de l'Épinois, dans la Revue des questions historiques, 1867, t. II, p. 120 sq. Ces atermoiements étaient inutiles. Ses amis ne doutèrent bientôt plus que le meilleur parti était d'obéir et de se soumettre : « Croyez bien, lui écrivait Niccolini, qu'il serait nécessaire de ne pas essayer de défendre ce que la Congrégation n'approuve pas, mais qu'il faudra s'en rapporter à ce que voudront les cardinaux : autrement vous soulèverez de très grandes difficultés. » Favaro, Le opere, t. XIV, p. 418.
Trois mois s'écoulèrent ainsi en vains pourparlers. Le pape à la fin s'impatienta. On eut beau lui présenter le certificat de trois médecins (le certificat est du 17 décembre 1632, von Gebler, Die Acten, p. 71 ; ms. du procès, fol. 307) attestant que Galilée était retenu au lit par la maladie. Se défiant du témoignage, il fit écrire le 20 décembre à l'inquisiteur de Florence que ni lui ni la Congrégation ne pouvaient et ne devaient supporter de tels subterfuges; qu'il fallait vérifier si vraiment Galilée pouvait sans péril se rendre à Rome, en faisant constater par un commissaire, assisté d'un médecin, l'état réel du malade; s'il pouvait venir, on l'amènerait prisonnier et lié avec des fers; si, au contraire, sa santé l'exigeait, on surseoirait au déplacement; mais une fois le danger passé, on l'amènerait prisonnier, enchaîné et lié avec des fers. Dans tous les cas, le commissaire et les médecins devaient procéder aux frais de Galilée, parce que celui-ci s'était mis dans cette situation par sa faute et qu'il avait refusé d'obéir en temps opportun. Favaro, Le opere, t. XIV, p. 281.
De tels ordres paraîtront rigoureux. Mais Galilée les avait en quelque sorte provoqués. Rome ne faisait en somme que suivre la procédure ordinaire usitée dans les tribunaux, où il y avait contrainte par corps contre tout accusé qui refusait de se présenter librement.
La menace ne fut d'ailleurs pas mise à exécution. Le 20 janvier, Galilée se décida à prendre le chemin de la Ville éternelle. Von Gebler, Die Acten, p. 73; ms. du procès, fol. 411. Une litière du grand-duc de Toscane lui servit de véhicule. Il arriva à Rome en un état de santé très satisfaisant, le 13 février 1633.
Comme tous les accusés, fussent-ils prélats ou évêques, il devait s'attendre à être interné dans une des cellules du Saint-Office….
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Re: Galileo Galilei : État de la question.
GALILÉEV. Le PROCÈS DE 1633.(SUITE)(col. 1070-1071)
Comme tous les accusés, fussent-ils prélats ou évêques, il devait s'attendre à être interné dans une des cellules du Saint-Office. Par une gracieuse exception faite en sa faveur, la résidence de l'ambassadeur Niccolini, « le palais de Florence » (sur la place de ce nom, et non la villa Médicis, comme on l'a cru), lui fut assigné pour domicile. Cf. Favaro, Quale il domicilio di Galileo in Roma durante il secondo processo, dans Archivio storico italiano, 1906, fasc. 2. Il y trouva non seulement le logement et la table, mais des agréments de toute sorte, au sein d'une famille riche et dévouée. Plus tard, pour éviter les interruptions dans la procédure, on lui fit quitter cette retraite, mais alors encore il eut pour demeure, au lieu d'une prison, l'appartement du fiscal de l'Inquisition, appartement qui se composait de trois belles pièces. Alberi, Le opere, t. IX, p. 437. Il y habitait avec son domestique, et l'ambassadeur du grand-duc, ainsi que l'ambassadrice, continuèrent de lui procurer toutes ses aises, ibid.., t. VII, p. 29; c'est lui-même qui nous l'atteste. Il passa en tout, dans ce logement, entre le 12 avril et le 22 juin, vingt-deux jours. Sa santé n'eut pas à en souffrir; là-dessus encore nous possédons son témoignage. Ibid.
Il lui fallut subir quatre interrogatoires; le premier eut lieu le 12 avril, von Gebler, Die Acten, p. 74; ms. du procès, fol. 413; le dernier le 21 juin.
Nous ne pouvons que les résumer ici; ils roulent sur trois points :
1° Galilée a trahi l'engagement qu'il avait pris d'abandonner complètement la doctrine de Copernic et de ne plus l'enseigner en aucune manière;
2° non seulement il a repris cette théorie, mais encore, au lieu de la traiter d'une manière hypothétique, il en affirme la valeur scientifique, c'est la question du dictum ou factum hæreticate;
3° comme cette théorie était condamnée par le Saint-Office, l'auteur du Dialogo l'avait-il, malgré tout, tenue pour vraie et y avait-il adhéré dans son for intérieur ? C'est la question de l'intentio.
Sur le premier point, il s'agissait simplement de dissiper un malentendu…
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Re: Galileo Galilei : État de la question.
GALILÉEV. Le PROCÈS DE 1633.(SUITE)(col. 1071)
Sur le premier point, il s'agissait simplement de dissiper un malentendu. On se rappelle que, le 25 février 1616, le tribunal de l'Inquisition avait ordonné à Galilée, ut omnino abstineat hujusmodi doctrinam et opinionem docere aut defendere seu de ea tractare. Le lendemain, la décision était précisée en ces termes : Nee eam (opinionem) de cetero quovis modo teneat, doceat aut defendat, verbo aut scriptis. Von Gebler, Die Acten, p. 49; ms. du procès, fol. 378.
Mais Galilée n'avait connu ces prescriptions que par Bellarmin, qui s'était borné à déclarer qu'il n'était pas permis « de défendre et de tenir l'opinion de Copernic. » Au fond, ces formules expriment la même idée. Cf. Vacandard, La condamnation de Galilée, dans Études de critique et d'histoire religieuse, lre série, 4e édit., Paris, 1909, p. 313-317.
Mais les juges de 1633 n'acceptèrent pas cette équivalence et reprochèrent expressément à Galilée de n'avoir pas tenu compte des mots quovis modo dans la défense qui lui avait été faite d'enseigner la théorie copernicienne. Von Gebler, Die Acten, p. 79, 88; ms. du procès, fol. 410, 424.
L'accusé se justifia en alléguant le texte de la lettre que lui avait adressée le cardinal Bellarmin. Les mots quovis modo ne s'y lisaient point. Or, l'auteur du Dialogo pouvait-il soupçonner que le cardinal n'eût pas reproduit exactement ou traduit fidèlement la pensée du Saint-Office ? En se conformant aux ordres de Bellarmin, l'accusé avait conscience de n'avoir pas trahi sa promesse, ni par conséquent violé le décret de 1616. Interrogatoires du 12 avril et du 10 mai, von Gebler, Die Acten, p. 77 sq., 88 sq. ; ms. du procès, fol. 415, 423.
Le second grief était plus difficile à écarter…
Dernière édition par Louis le Mer 27 Juin 2018, 10:44 am, édité 1 fois (Raison : Balise et orthographe.)
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Re: Galileo Galilei : État de la question.
GALILÉEV. Le PROCÈS DE 1633.(SUITE)(col. 1071-1072)
Le second grief était plus difficile à écarter. Galilée commença par affirmer qu'il n'avait exposé dans son ouvrage la théorie copernicienne que sous une forme purement hypothétique. Mais ayant eu vent que les théologiens consulteurs, Augustin Oreggi, Melchior Inchofer, jésuite, et Zacharias Paschaligo, après examen du Dialogo, étaient d'avis que la thèse y était soutenue de façon absolue, de firma huic opinioni adhæsione vehementer esse suspectum, dit Inchofer, von Gebler, Die Acten, p. 92; ms. du procès, fol. 443, l'accusé fut sans doute pris de peur et finit par s'avouer coupable. Von Gebler, Die Acten, p. 83-84; ms. du procès, fol. 419-420.
« En raison des accusations dont je suis l'objet, j'ai voulu, dit-il dans l'interrogatoire du 30 avril, relire mon livre afin de voir si, par inadvertance et contre mon intention, il ne me serait pas échappé certaines expressions qui auraient pu faire croire, à un lecteur mal averti de ma pensée intime, que les arguments dirigés contre la thèse fausse que je me proposais de réfuter manquaient de force et étaient eux-mêmes facilement réfutables. Et j'ai trouvé qu'en effet deux arguments favorisaient trop l'opinion copernicienne. C'est là une erreur de ma part, je le confesse. C'est l'effet d'une vaine ambition, d'une pure ignorance et d'une inadvertance. Si j'avais aujourd'hui à exposer les mêmes raisons, je les énerverais (nerverei) de telle sorte qu'elles ne pourraient plus avoir cette force, dont elles sont d'ailleurs essentiellement et réellement dépourvues. » Von Gebler, Die Acten, p. 85; ms. du procès, fol. 420-421.
Après cette déclaration, qu'il répéta dans l'interrogatoire du 10 mai, von Gebler, Die Acten; ms. du procès, fol. 425 V°, Galilée s'apprêtait à sortir; mais il revint sur ses pas et il ajouta : « Afin de bien prouver que je n'ai pas tenu et que je ne tiens pas pour vraie l'opinion condamnée de la mobilité de la terre et de l'immobilité du soleil, je suis tout disposé, si on m'en donnait la faculté et le temps, à continuer mes dialogues et à reprendre les arguments déjà présentés en faveur de cette opinion fausse et condamnée, pour les réfuter de la manière la plus efficace qu'il plaira à Dieu de m'enseigner. » Favaro, Galileo e l'Inquizitione, p. 76-87.
Sur la portée du Dialogo on avait donc son aveu : la doctrine en était réellement copernicienne. Restait la question de l'intentio. Était-il bien vrai que Galilée n'y eût pas adhéré de cœur, comme il osait l'affirmer ?
Dans une séance tenue, le 16 juin, par le Saint-Office, au palais du Quirinal, le Saint-Père décida de lui faire « subir un interrogatoire sur son intention, même avec menace de la torture; s'il persistait (à nier son adhésion à la doctrine copernicienne), on le ferait abjurer en pleine séance de la Congrégation, et on le condamnerait à la prison, au gré du Saint-Office. On lui enjoindrait, en outre, de ne plus traiter désormais, de quelque manière que ce fût, ni pour ni contre, par écrit ou de vive voix, le sujet de la mobilité de la terre et de la stabilité du soleil, sous peine d'être relaps. » Le Dialogo serait prohibé.
Et pour que ces décisions fussent portées à la connaissance de tous, le pape ordonna d'envoyer des exemplaires de la future sentence à tous les nonces apostoliques, à tous les inquisiteurs de l'hérésie et principalement à l'inquisiteur de Florence, qui devait la lire publiquement en pleine séance, après avoir convoqué la plupart des professeurs de mathématiques. Von Gebler, Die Acten, p. 112; ms. du procès, fol. 451 V°; Decreta, dans Favaro, Galileo e l'Inquizitione, p. 20-21.
En conséquence de ces ordres, Galilée comparut une quatrième et dernière fois, le 21 juin, devant le Saint-Office…
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Re: Galileo Galilei : État de la question.
GALILÉEV. Le PROCÈS DE 1633.(SUITE)(col. 1072-1073)
En conséquence de ces ordres, Galilée comparut une quatrième et dernière fois, le 21 juin, devant le Saint-Office.
On lui demanda « s'il tenait et depuis combien de temps il tenait pour vrai que le soleil était le centre du monde et que la terre n'était pas le centre du monde, ou même se mouvait d'un mouvement diurne. »
« Avant la décision de la S. C. de l'Index, répondit-il, et avant qu'on m'intimât des ordres à ce sujet, j'étais indifférent et j'estimais que les opinions de Ptolémée et de Copernic étaient toutes deux soutenables, que l'une ou l'autre pouvait être vraie dans la nature. Mais après cette décision, convaincu de la prudence de mes supérieurs, toute ambiguïté cessa dans mon esprit, et j'ai tenu et je tiens encore pour très vraie et indubitable l'opinion de Ptolémée sur la stabilité de la terre et la mobilité du soleil. »
On lui fit remarquer que son ouvrage témoignait d'un sentiment contraire.
« Je le répète, depuis la décision de mes supérieurs, je n'ai jamais tenu intérieurement pour vraie l'opinion condamnée. »
On insista et on lui déclara que, « s'il ne se décidait pas à avouer la vérité, on en viendrait contre lui aux moyens de droit et de fait qui seraient opportuns. »
« Encore une fois, je ne soutiens pas, ni n'ai jamais soutenu dans mon for intérieur l'opinion de Copernic depuis que j'ai reçu l'ordre de l'abandonner. Du reste, je suis entre vos mains, faites ce qu'il vous plaira.
— Dites la vérité, sinon on en viendra à la torture.
— Je suis ici pour obéir ; après la décision de l'Index, je n'ai pas tenu cette opinion (pour vraie), je l'ai déjà dit. »
Comme on ne pouvait rien obtenir de plus, on le renvoya à sa place, après lui avoir fait signer sa déposition. Favaro, Galileo e l'Inquisizione, p. 100-101; von Gebler, Die Acten, p. 112-114; ms. du procès, fol. 452-453.
De torture proprement dite, il ne fut pas question. Cf., sur ce point, Vacandard, La condamnation de Galilée, loc. cit., p. 331, note; Garzend, Si Galilée pouvait légalement être torturé, dans la Revue des questions historiques, octobre 1911 et janvier 1912.
Cette douloureuse séance, où l'attitude de l'accusé étonne et afflige autant que l'insistance des juges…
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Re: Galileo Galilei : État de la question.
GALILÉEV. Le PROCÈS DE 1633.(SUITE)(col. 1073)
Cette douloureuse séance, où l'attitude de l'accusé étonne et afflige autant que l'insistance des juges, ne remplissait encore qu'à moitié les intentions et les ordres du souverain pontife.
Il restait à condamner Galilée à la prison, après l'avoir fait abjurer. On le conduisit le lendemain dans la grande salle du couvent des dominicains de Santa Maria sopra Minerva. La sentence fut prononcée au nom du Saint-Office. Galilée en écouta le lecture, debout et la tête découverte. Ce jugement, rédigé en italien, débutait par les noms et les titres des dix cardinaux qui composaient le tribunal du Saint-Office, puis résumait, assez longuement d'ailleurs, l'historique du procès, en remontant jusqu'à l'année 1615.
Nous ne donnerons ici que la sentence proprement dite :
Nous prononçons, jugeons et déclarons que toi, Galilée, tu t'es rendu véhémentement suspect d'hérésie, à ce Saint-Office, comme ayant cru et tenu une doctrine fausse et contraire aux saintes et divines Écritures, à savoir : que le soleil est le centre de l'univers, qu'il ne se meut pas d'orient en occident, que la terre se meut et n'est pas le centre du monde; et qu'on peut tenir et défendre une opinion comme probable, après qu'elle a été déclarée et définie contraire à l'Écriture sainte : en conséquence, tu as encouru toutes les censures et peines établies et promulguées par les sacrés canons et les autres constitutions générales et particulières contre les fautes de ce genre. Il nous plaît de t'en absoudre, pourvu qu'auparavant, d'un cœur sincère et avec une foi non simulée, tu abjures en notre présence, tu maudisses et tu détestes les erreurs et hérésies susdites et toute autre erreur et hérésie contraire à l'Église catholique et apostolique romaine, selon la formule que nous te présenterons.
Mais afin que ta grave et pernicieuse erreur et ta désobéissance ne restent pas absolument impunies, afin que tu sois à l'avenir plus réservé et que tu serves d'exemple aux autres, pour qu'ils évitent ces sortes de fautes, nous ordonnons que le livre des Dialogues de Galileo Galilei soit prohibé par un décret public; nous te condamnons à la prison ordinaire de ce Saint-Office pour un temps que nous déterminerons à notre discrétion, et à titre de pénitence salutaire nous t'imposons de dire pendant trois ans, une fois par semaine, les sept psaumes de la pénitence, nous réservant la faculté de modérer, de changer, de remettre tout ou partie des peines et pénitences ci-dessus. Favaro, Le opere, t. XIX, p. 405-406; Galileo e l'Inquisizione, p. 146.
Le texte de la condamnation porte les signatures de sept cardinaux : les trois autres membres du Saint-Office dont les noms manquent n'assistaient vraisemblablement pas à la séance, mais nous savons par Niccolini, d'après une déclaration du pape, Favaro, Le opere, t. XV, p. 160, que l'unanimité (nemine disculpante) était complète parmi les membres du tribunal. La sentence n'était d'ailleurs que l'exécution de l'ordre donné par Urbain VIII dans la séance du 16 juin.
La lecture du jugement achevée, Galilée reçut une formule d'abjuration écrite en italien; et, à genoux, la main sur les saints Évangiles, il lut :…
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Re: Galileo Galilei : État de la question.
GALILÉEV. Le PROCÈS DE 1633.(SUITE)(col. 1073-1074)
La lecture du jugement achevée, Galilée reçut une formule d'abjuration écrite en italien; et, à genoux, la main sur les saints Évangiles, il lut :Je, Galileo Galilei, fils de feu Vincent Galilei de Florence, âgé de soixante-dix ans..., je jure que j'ai toujours cru, que je crois maintenant, et qu'avec l'aide de Dieu je croirai à l'avenir tout ce que tient, prêche et enseigne la sainte Église catholique et apostolique romaine.
Mais parce que, après que ce Saint-Office m'avait juridiquement intimé l'ordre d'abandonner absolument la fausse opinion que le soleil est le centre du monde et immobile, que la terre n'est pas le centre et se meut, et la défense de tenir, de défendre et d'enseigner cette fausse doctrine d'aucune manière, de vive voix ou par écrit; et comme, après qu'il m'avait été notifié que cette doctrine est contraire à l'Écriture sainte, j'ai écrit et fait imprimer un livre dans lequel je traite cette doctrine déjà condamnée et j'apporte des arguments très efficaces en sa faveur, sans donner aucune solution, j'ai été jugé véhémentement suspect d'hérésie par ce Saint-Office, à savoir, d'avoir tenu et cru que le soleil est le centre du monde et immobile, et que la terre n'est pas le centre et se meut.
Voulant donc faire disparaître de l'esprit de Vos Éminences et de tout chrétien ce véhément soupçon qui a été justement formé contre moi, j'abjure, je maudis et je déteste les susdites erreurs et hérésies, et généralement toute autre erreur quelconque et secte contraire à la sainte Église. Et je jure qu'à l'avenir je ne dirai plus et n'assurerai plus, de vive voix ni par écrit, aucune chose qui puisse donner de moi un tel soupçon; si je connais quelque hérétique ou quelqu'un qui soit suspect d'hérésie, je le dénoncerai à ce Saint-Office, ou à l'inquisiteur et à l'ordinaire du lieu où je me trouverai. Je jure encore et promets d'accomplir et d'observer entièrement toutes les pénitences qui m'ont été ou me seront imposées par ce Saint-Office.
— II signa ensuite de sa propre main : « Je, Galileo Galilei, ai abjuré comme ci-dessus. » Favaro, Le opere, t. XIX, p. 402-407; Galileo e l'Inquisizione, p. 146 ; Vacandard, La condamnation de Galilée, loc. cit., p. 389-393. Outre le texte italien, le P. Grisar, op. cit., p. 131-137, donne un texte latin en regard. Le texte latin est tiré du P. Riccioli, Almagestum novum, Bologne, 1653, t. II, p. 497 sq.
VI. FIN DE GALILEE.…
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Re: Galileo Galilei : État de la question.
GALILÉE(col. 1074-1075)
VI. FIN DE GALILÉE. — La peine de Galilée fut commuée par le pape, le jour même de sa condamnation. Au lieu de la prison du Saint-Office, on lui assigna pour demeure le palais du grand-duc de Toscane, ou plutôt la villa Médicis. Cf. Favaro. Le opere, t. XIX, p. 283-284 ; Quale il domicilio di Galileo in Roma durante il secondo processo, loc. cit. Sur la demande de ses amis, il put même, quelques jours plus tard (la permission du pape est du 30 juin), prendre, le 6 juillet, le chemin de Sienne, von Gebler, Die Acten, p. 414; ms. du procès, fol. 453, où l'archevêque Piccolomini lui offrit une somptueuse hospitalité.
C'était toujours l'exil. Le condamné avait la nostalgie des bords de l'Arno. Urbain VIII, averti de son désir, lui accorda l'autorisation de se retirer à sa villa d'Arcetri, près Florence, à la condition d'y vivre seul et de n'y appeler ni recevoir personne. La permission est du 1er décembre 1633. Von Gebler, Die Acten, p. 164; ms. du procès, fol. 531.
Cette réserve devait d'ailleurs s'entendre dans un sens large; les visites des parents et des amis n'étaient pas défendues, pourvu qu'elles ne portassent pas ombrage, disait le pape lui-même à Niccolini en lui communiquant cette décision. Alberi, Le opere, t. IX, p. 407.
Des amis maladroits changèrent malheureusement ces bonnes dispositions de la cour de Rome pour Galilée. Ils continuèrent de vanter son génie et ses découvertes. On le dénonça au Saint-Office pour avoir répandu, pendant son séjour à Sienne, « des opinions peu catholiques. » Von Gebler, Die Acten, p. 172; ms. du procès, fol. 547. Galilée s'aperçut bientôt de l'impression produite par ces délations sournoises. Comme il sollicitait la permission de se rendre à Florence pour se faire soigner par les médecins de cette ville, on la lui refusa net. Par une coïncidence fâcheuse, la défense de quitter Arcetri lui fut signifiée le jour même où il apprenait que sa fille, religieuse en un monastère voisin, était dans un état désespéré. Ce fut pour son cœur de père un coup extrêmement douloureux. Les lettres qu'il écrivit vers cette époque se ressentent de sa tristesse aigrie. Alberi, Le opere, t. X, p. 35; t. VII, p. 46.
Bientôt il devint « totalement aveugle », nous dit l'inquisiteur de Florence. Alberi, Le opere, t. x, p. 281. A cette nouvelle, Urbain VIII n'hésita plus à lui accorder la permission de quitter Arcetri pour la capitale de la Toscane. On lui rappela seulement qu'il restait sous l'obligation de ne recevoir aucune personne suspecte et de « ne jamais traiter du mouvement de la terre. » Von Gebler, Die Acten, p. 179; ms. du procès, fol. 555. Cf. Alberi, Le opere, t. X, p. 285, 287, 290.
Cette défense ne l'empêcha pas de publier à Leyde, en 1638, son livre : Dialoghi delle nuove scienze, dédié au comte de Noailles. Il continua de s'occuper de questions mathématiques avec ses amis, le P. Castelli, Buonamici, Viviani, Torricelli, etc. Mais ses jours étaient comptés. Le 8 janvier 1642, il s'éteignit, âgé de soixante-dix-sept ans, dix mois et vingt jours, après avoir reçu, sur son lit de mort, la bénédiction du souverain pontife.
Son corps fut inhumé dans une chapelle attenant à la basilique de Santa Croce. Ses amis auraient voulu lui dresser un monument dans l'église même. Urbain VIII s'y opposa, en disant : « Il ne serait pas d'un bon exemple que le grand-duc élevât un monument à un homme condamné par le Saint-Office pour une opinion si fausse et si erronée, qui a séduit tant d'intelligences et causé à la chrétienté un grand scandale. » Alberi, Le opere, t. XV, p. 403-405. Quatre-vingt-douze ans plus tard, Rome finit par se relâcher de ses rigueurs. Cf. von Gebler, Die Acten, p. 184; ms. du procès, fol. 561. En 1734 (la déclaration du Saint-Office est du 16 juin), les cendres de Galilée furent transportées dans l'église Santa Croce et déposées dans un tombeau élevé en son honneur avec cette inscription :
VII. PORTÉE DOGMATIQUE DE LA CONDAMNATION DE GALILÉE.…
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Re: Galileo Galilei : État de la question.
GALILÉE(col. 1075-1076)
VII. PORTÉE DOGMATIQUE DE LA CONDAMNATION DE GALILÉE. — La condamnation, qui frappa Galilée en 1616 et en 1633, atteignait à la fois sa doctrine et sa personne. Quelle sorte de flétrissure ses juges ont-ils attachée à la théorie dont il s'est fait le champion ? L'ont-ils taxée d'hérésie ou l'ont-ils marquée d'une note moins infamante ? Cela vaut la peine d'être examiné.
Le texte du jugement des théologiens qualificateurs, dans le procès de 1616, porte, nous l'avons dit, que la première proposition incriminée « est absurde en philosophie et formellement hérétique parce qu'elle contredit expressément les sentences de la sainte Écriture, » formaliter hæreticam, quatenus contradicit. Remarquons le terme : quatenus; la proposition est hérétique, parce que ou en tant que elle est en contradiction avec l'Écriture : ce ne sont pas les mots : contradicit sententiis Scripturæ, qui forment la censure, mais le mot hæreticam; « être en contradiction avec l'Écriture » est simplement le motif de la note « hérétique ». On pourrait même en conclure que toute proposition, par cela même qu'elle est contraire à l'Écriture, quatenus contradicit, est nécessairement « hérétique ». Aussi n'est-il guère vraisemblable que les juges du Saint-Office, dans la séance du 25 février 1616, l'aient entendu autrement.
Nous ne possédons malheureusement pas de compte rendu détaillé de cette séance. Les pièces du procès n'en fournissent qu'un procès-verbal assez bref : « Le cardinal Millin, y lisons-nous, a notifié à l'assesseur et au commissaire du Saint-Office que, vu la censure des Pères théologiens sur les propositions de Galilée touchant le mouvement de la terre... le Saint-Père a ordonné au cardinal Bellarmin... » Quod relata censura PP. theologorum... Sanctissimus ordinavit. Von Gebler, Die Actcn, p. 48; ms. du procès, fol. 378.
Il n'est pas dit expressément que la S. C. du Saint-Office a adopté et ratifié le jugement des théologiens. Mais cela semble résulter du texte, puisque le Saint-Père n'est censé agir que conformément à leur censure, relata censura. Si les juges du Saint-Office avaient fait quelque objection à la note des qualificateurs, si surtout ils avaient entrepris de la modifier, il n'est pas vraisemblable que le procès-verbal n'eût pas conservé trace de leur avis ; la chose était de trop d'importance pour que le secrétaire eût oublié de la signaler ou l'eût volontairement passée sous silence. On peut donc considérer comme historiquement certain que le Saint-Office a considéré en 1616 la note d'hérésie comme applicable à la doctrine copernicienne.
La S. C. de l'Index n'a pas agi différemment dans sa séance du 5 mars suivant. Elle ne s'est pas servi non plus du mot « hérétique » pour qualifier la théorie de Copernic. Encore peut-on se demander si les termes : varias hæreses atque errores, qu'on lit dans la première partie de son décret, von Gebler, Die Acten, p. 30; ms. du procès, fol. 380, ne s'appliquent pas également à la seconde.
En tout cas, ce qui est hors de conteste, c'est que, dans cette seconde partie, les membres de la Congrégation déclarent « la doctrine pythagoricienne (lisez la doctrine copernicienne) fausse et tout à fait contraire à la sainte Écriture. »
Que faut-il de plus pour faire entendre que cette doctrine est « hérétique » ?...
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