La cosmogonie mosaïque d'après les Pères de l'Église.
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Re: La cosmogonie mosaïque d'après les Pères de l'Église.
IV. — LES PÈRES CAPPADOCIENS ET LEURS IMITATEURS. (pp.67-70) [SUITE]
Un peu plus loin, le saint docteur expliquant les mots : Au commencement Dieu créa le ciel et la terre , dit expressément : « En nommant ainsi les deux extrêmes, le texte désigne toute la substance de tout l'univers... S'il existe des intermédiaires, ils sont assurément renfermés dans ces limites. Quoiqu'il ne parle donc point des autres éléments, du feu, de l'air, nous devons les considérer comme contenus dans le tout 1. »
Les éléments du monde ainsi créés primitivement étaient à l'état de chaos. Le chaos était une masse informe et ténébreuse, parce que les eaux pénétraient et enveloppaient le monde. « Les ténèbres qui planaient sur l'abîme étaient produites par l'accumulation des vapeurs humides; répandues autour du globe terrestre, elles augmentaient sans cesse la densité de l'atmosphère et empêchaient la lumière de pénétrer 2. »
Une fois la matière première créée, Dieu produit avec ordre les diverses parties du monde, selon la série des jours génésiaques. S, Basile n'exprime pas cette distinction aussi nettement que nous venons de le faire, mais elle ressort incontestablement de son exposition; car, dans ses homélies, tous les jours de la création sont différents et ne se confondent nullement entre eux. Il dit même formellement que les jours génésiaques sont de vingt-quatre heures 3, quoiqu'il semble avoir comme le pressentiment d'une explication plus large en exprimant la pensée que tous les jours sont des jours, mais non d'égale longueur.
S. Basile croit, à la suite d'Origène et de la plupart des commentateurs antérieurs, qu'il y aune raison mystérieuse dans l'expression dies unus, jour un, au lieu de dies primus 1, jour premier, et il dit que cette expression est employée pour désigner le premier des jours, afin de marquer sa proche parenté avec l'éternité.
« Et du soir et du matin se fit un jour. Pourquoi l'Écriture ne dit-elle pas le premier jour, mais un jour? Devant nous parler du deuxième, du troisième et du quatrième jour, n'était-il pas plus naturel qu'elle appelât premier celui qui commence la série? Si elle dit un jour, c'est qu'elle veut déterminer la mesure du jour et de la nuit et réunir le temps qu'ils comprennent. Or, vingt-quatre heures remplissent l'espace d'un jour, entendons du jour et de la nuit; et si, à l'époque des solstices, ils n'ont pas tous deux une égale étendue, le temps marqué par l'Écriture n'en circonscrit pas moins toute la durée. C'est comme si elle disait : vingt-quatre heures mesurent l'espace d'un jour, ou bien un jour, c'est le temps que le ciel, parti d'un signe, met à y revenir. Ainsi toutes les fois que, dans la révolution du soleil, le soir et le matin s'emparent du monde, leur succession périodique ne dépasse jamais l'espace d'un jour.
» Faut-il plutôt en croire une raison mystérieuse? Dieu, qui fit la nature du temps, l'a…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: La cosmogonie mosaïque d'après les Pères de l'Église.
IV. — LES PÈRES CAPPADOCIENS ET LEURS IMITATEURS. (pp.70-72) [SUITE]
» Faut-il plutôt en croire une raison mystérieuse? Dieu, qui fit la nature du temps, l'a mesuré et déterminé par les intervalles des jours; et, voulant lui donner la semaine pour mesure, il a ordonné à la semaine de rouler sans cesse sur elle-même pour compter les mouvements du temps, formant la semaine d'un jour tournant sept fois sur lui-même : véritable cercle qui est à lui-même son commencement et sa fin. Tel est aussi le caractère de l'éternité de tourner sur elle-même et de n'avoir jamais de fin. Si donc le commencement du temps est appelé un jour plutôt que premier jour, c'est que, par ce nom, l'Écriture veut établir sa parenté avec l'éternité. Il était, en effet, convenable et naturel d'appeler un ce jour dont le caractère est d'être entièrement isolé et séparé de tous les autres. Que si l'Écriture nous parle de plusieurs éternités, en disant partout : Dans l'éternité de l'éternité, dans les éternités des éternités, on ne la voit pas énumérer une première, une deuxième, une troisième éternité. Elle veut plutôt distinguer des états divers et des actes différents que nous montrer des révolutions, des fins et des successions d'éternités. Le jour du Seigneur , dit-elle, est grand et illustre 1 ; et ailleurs : Pourquoi chercher le jour du Seigneur? Ce jour est celui des ténèbres et non de la lumière 1, jour de ténèbres pour ceux qui sont dignes de ténèbres. Non, ce jour, sans soir, sans succession et sans fin, n'est pas inconnu à l'Écriture, et c'est lui que le Psalmiste appelle le huitième jour, parce qu'il est en dehors des semaines de ce temps 2. Ainsi, appelle-le jour, appelle-le éternité : tu exprimes la même idée. Donnes-tu à cet état le nom de jour : il n'y en a point plusieurs, il n'y en a qu'un. L'appelles-tu éternité : elle est seule encore 3. »
L'illustre docteur de l'Église grecque a donc entrevu ou soupçonné qu'il y avait dans l'Écriture des jours plus longs que ceux que mesurent un lever et un coucher de soleil, mais ce n'est qu'un éclair fugitif, et il était réservé à notre époque de découvrir clairement le vrai sens des jours cosmogoniques 4 .
Il explique la distinction des trois jours cosmogoniques, qui ont précédé la création du soleil, de la manière suivante : « Le jour est produit actuellement, depuis la création du soleil, par l'air qu'illumine le soleil, tandis qu'il luit dans l'hémisphère, au-dessus de la terre, et la nuit par l'ombre qui couvre la terre, quand le soleil se cache ; mais alors le jour et la nuit se succédaient, non pas en vertu du mouvement du soleil, mais au moyen de la diffusion ou de la disparition de la lumière primitive, selon la mesure réglée par Dieu 5. »
Quant aux eaux supérieures dont parle Moïse, S, Basile dit qu'elles ne sont pas autre chose que les nuages ou les vapeurs qui s'élèvent de la mer et des fleuves et retombent en pluie sur la terre 1.
S. Basile n'admet pas que le ciel soit de cristal 2, se séparant avec raison de l'opinion d'un grand nombre d'anciens 3.
En ce qui concerne la configuration de la terre, l'Esprit Saint ne nous la fait point connaître…
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Louis- Admin
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Re: La cosmogonie mosaïque d'après les Pères de l'Église.
IV. — LES PÈRES CAPPADOCIENS ET LEURS IMITATEURS. (pp.72-75) [SUITE]
En ce qui concerne la configuration de la terre, l'Esprit Saint ne nous la fait point connaître. « Ceux qui ont écrit sur le monde, dit-il, ont eu beau discuter sur la forme de la terre. Qu'elle soit sphérique ou cylindrique, qu'elle ressemble à un disque et soit de toutes parts parfaitement arrondie ou qu'elle ait la forme d'un van et soit creuse par le milieu, toutes conjectures imaginées par les faiseurs de systèmes, chacun d'eux renversant celui de son devancier, on ne m'amènera pas à faire moins de cas de notre création du monde. Et pourtant le serviteur de Dieu, Moïse, s'est tu sur la figure du monde; il n'a pas dit que la terre a cent quatre-vingt milles stades de circonférence; il n'a pas mesuré dans quelle étendue de l'air son ombre se projette pendant que le soleil tourne au-dessus d'elle, ni comment cette ombre, en se portant sur la lune, produit les éclipses. Tout ce qui est sans importance pour nous, il l'a passé sous silence comme inutile 1 »
Les passages où l'Écriture parle des fondements de la terre ne sont que des métaphores 2 : la terre ne repose sur aucun appui :
« Ce n'est pas une couche d'air qui porte le monde, ou bien il faudra expliquer pourquoi une substance si déliée ne s'affaisse pas sous le fardeau de cette masse énorme. Même difficulté si l'on prétend que la terre repose sur les eaux comme un vaisseau sur la mer. Si l'on cherche une base ou une colonne quelconque pour porter le monde, il en faudra chercher une seconde pour étayer la première, puis une troisième, et de même à l'infini, où l'on devra placer des fondements de plus en plus puissants pour maintenir l'immense échafaudage 1. »
Aristote, qui rapporte toutes ces opinions, nous apprend qu'elles avaient été soutenues, la première par Anaximandre, Anaximène et Démocrite; la seconde par Thalès de Milet, qui pensait que la terre était étendue sur l'eau et nageait comme du bois; la troisième par Xénophane de Colophon qui disait que la terre n'a pas de fond et que ses racines s'étendent à l'infini 2. S. Basile juge avec raison qu'aucune de ces explications n'est satisfaisante.
Il considère l'éther comme une substance légère et diaphane. Il soutient que la lumière est indépendante de l'astre qui nous éclaire et que son apparition a précédé la naissance du soleil et des étoiles. Le soleil n'est que le véhicule de la lumière primitive 3. C'est le dernier trait que nous relèverons dans l'œuvre de l'évêque de Césarée.
« L'Hexaméron de S. Basile contient un résumé de tout ce qu'on savait de son temps en fait d'astronomie, de physique et d'histoire naturelle... Pendant son séjour à Athènes, S. Basile s'était livré avec ardeur à l'étude de toutes les sciences... Il avait comparé les systèmes cosmogoniques des diverses écoles de philosophie. Les livres d'Aristote et d'Élien lui étaient familiers... Aucun Père de l'Église, au IVe siècle, n'est aussi savant que lui. (Si) l'exposition scientifique de l'évêque de Césarée se ressent du peu de progrès qu'avaient fait l'astronomie, la physique, l'histoire naturelle, à une époque où l'on employait beaucoup plus le raisonnement que l'observation pour expliquer l'origine et la nature des choses,... au lieu de s'étonner, il faut louer l'étendue de son érudition... Il possédait toutes les connaissances qu'on est en droit d'exiger du théologien qui entreprend d'ajouter à une explication religieuse du récit de Moïse une explication scientifique 1. »
Le plus jeune frère de S. Basile…
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Re: La cosmogonie mosaïque d'après les Pères de l'Église.
IV. — LES PÈRES CAPPADOCIENS ET LEURS IMITATEURS. (pp.75-76) [SUITE]
Le plus jeune frère de S. Basile, S. Grégoire de Nysse (vers 332-vers 396 ou 400) composa un commentaire de l'œuvre des six jours, à la prière de son autre frère, Pierre, évêque de Sébaste, afin de défendre et d'expliquer certains passages de l'Hexaméron de l'évêque de Césarée, S. Grégoire de Nysse, inférieur à son frère S. Basile par la doctrine et à son ami S. Grégoire de Nazianze par l'éloquence, les surpasse tous les deux par la méthode scientifique qu'il apporte dans l'étude des grands problèmes théologiques et philosophiques, et ce n'est pas sans raison que, après Origène, on l'a placé au premier rang des auteurs ecclésiastiques grecs pour la fécondité et l'originalité des vues 2. Il parle de son propre Hexaméron avec la plus grande modestie, mais cet ouvrage contient en réalité des observations et des passages très remarquables et mérite d'être lu tout au long par les savants.
S. Grégoire accepte plus expressément encore que son frère l'opinion alexandrine de la création simultanée; il la soutient fortement, mais il la restreint dans la mesure convenable et rejette l'allégorisme d'Origène. « Celui qui peut tout, dit-il, a produit à la fois 1, par sa volonté sage et puissante, toutes les choses dont se compose la matière... Au lieu de dire que Dieu a fait en même temps 2 tout ce qui est, (Moïse) dit qu'il a fait sommairement ou au commencement le ciel et la terre. Le sens de ces deux mots est le même; au commencement et sommairement signifient l'un et l'autre simultanément 3. Il montre par sommairement que tout a été fait d'un coup et à la fois 4 et par au commencement que tout a été fait en un instant et sans aucun intervalle de temps. Car le mot commencement ne permet pas de concevoir d'intervalle. Comme le point est le commencement de la ligne, l'atome celui de la matière, ainsi l'instant est celui du temps5. Moïse appelle donc commencement ou somme de tout ce qui existe, la production simultanée 6 de tous les êtres par la puissance ineffable de Dieu... Quand il dit par conséquent que le monde a été créé au commencement, il indique par là même la création de toutes les causes, de tous les principes et de toutes les forces 7, tout d'un coup, en un instant 8; au premier mouvement de la volonté de Dieu, tout exista : la substance de tous les êtres, le ciel, l'éther, les astres, le feu, l'air, la mer, la terre, les animaux, les plantes 9. »
Après avoir décrit si clairement la création simultanée, S. Grégoire de Nysse…
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Re: La cosmogonie mosaïque d'après les Pères de l'Église.
IV. — LES PÈRES CAPPADOCIENS ET LEURS IMITATEURS. (pp.77-78) [SUITE]
Ce que dit S. Grégoire de Nysse du ciel, qui n'est pas un corps solide, de la constitution de l'air, des nuages et des vapeurs, du circulus établi dans la nature, dans laquelle tout se transforme et rien ne se perd, etc.2, est digne d'attention.
A l'explication de son frère sur la manière dont la lumière primitive forma les trois premiers jours par une émission et une contraction successives de ses rayons 3, il substitue l'hypothèse de la rotation de cette lumière primitive autour de la terre 4 et il suppose que c'est de cette matière lumineuse que Dieu a formé, le quatrième jour, le soleil et tous les astres.
Le passage peut-être le plus remarquable de l'Hexaméron de S, Grégoire de Nysse est celui dans lequel il expose l'œuvre du quatrième jour, celle de la création des astres, On croirait presque entendre parler un savant moderne, et la manière dont il explique la formation des corps célestes rappelle l'expérience célèbre par laquelle M. Plateau a cherché à démontrer le système de Laplace sur l'origine du monde solaire 1.
La lumière, dit-il, exista dès le premier jour comme l'enseigne Moïse, mais les astres ne furent formés que le quatrième jour, parce que c'est alors seulement que fut achevé le travail de condensation qui en fit des corps distincts. « Le grand Moïse n'est pas inconséquent, dans sa description de l'origine du monde, quand il dit que tout fut créé d'abord simultanément, quant à la matière (première), mais que les corps particuliers et distincts qui composent l'univers ne furent achevés que dans un certain ordre et après un certain temps, dans l'intervalle qu'il assigne (c'est-à-dire dans une durée de trois jours). »
De là à réclamer pour la condensation et la formation des corps lumineux qu'il a décrites au long, une durée plus considérable que l'espace de trois jours de 24 heures…
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Re: La cosmogonie mosaïque d'après les Pères de l'Église.
IV. — LES PÈRES CAPPADOCIENS ET LEURS IMITATEURS. (p.79) [SUITE]
De là à réclamer pour la condensation et la formation des corps lumineux qu'il a décrites au long, une durée plus considérable que l'espace de trois jours de 24 heures, la distance à franchir n'était pas grande, mais les sciences étaient encore trop peu avancées au IVe siècle pour que S, Grégoire de Nysse, malgré la pénétration de son esprit, put avoir une telle intuition. Du moins en expliquant comme il l'a fait l'origine des corps célestes, il a montré combien les théories modernes peuvent s'accorder aisément avec le texte sacré et il a laissé aux exégètes venus plusieurs siècles après lui le soin de compléter seulement ses vues à ce sujet.
« Tout d'abord, continue-t-il, la lumière avait paru répandue partout 1, maintenant elle se manifeste dans des corps lumineux distincts, du nombre desquels sont le soleil et la lune. Les liquides, quoiqu'ils soient tous fluides, ne sont pas tous de même espèce, mais diffèrent par certaines propriétés les uns des autres, comme on peut en faire l'expérience par un mélange d'huile, de vif-argent et d'eau. Si l'on verse tous ces liquides ensemble dans un même vase, on observe bientôt après que, quoique les trois aient été un moment mélangés, le vif-argent, à cause de sa densité plus grande, descend tout entier au fond du vase; l'eau s'accumule au-dessus de lui, et enfin les gouttes d'huile surnagent au-dessus des deux autres liquides. Je crois qu'on peut conjecturer que les choses se sont passées d'une manière analogue dans la question qui nous occupe 2, » c'est-à-dire dans la formation des corps célestes.
Le docteur du IVe siècle est hors d'état de faire une application juste de sa comparaison; mais un tel langage, sous la plume d'un des Pères de l'Église les plus célèbres par sa doctrine et par sa sainteté, nous prouve, comme l'exemple de plusieurs autres écrivains ecclésiastiques des premiers temps, que l'on a toujours pensé qu'il appartenait à la science et aux savants d'interpréter selon les données de la science la cosmogonie biblique.
Nous rencontrons dans les œuvres qui portent le nom de…
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Re: La cosmogonie mosaïque d'après les Pères de l'Église.
IV. — LES PÈRES CAPPADOCIENS ET LEURS IMITATEURS. (pp.80-82) [SUITE]
Nous rencontrons dans les œuvres qui portent le nom de S. Denys l'Aréopagite une explication de l'origine du soleil qui rappelle celle de S. Grégoire de Nysse 1 : « La lumière (du soleil), dit-il, est cette lumière dont parle le divin Moïse, laquelle distingua la première triade de nos jours, quoiqu'elle n'eût pas encore reçu sa forme (de soleil) 2. »
Nous verrons plus tard que le vénérable Bède adopta aussi, en Occident, cette explication qui devint dominante au moyen âge.
Procope de Gaza, qui florissait au VIe siècle, a adopté, par rapport au mode de la création, l'opinion de l'école d'Alexandrie, à peu près de la même façon que S. Basile et S. Grégoire de Nysse. Il nous apprend lui-même qu'il avait commencé sur l'Octateuque 1 une vaste compilation dans laquelle il reproduisait mot à mot l'explication des commentateurs qui l'avaient précédé, avec l'indication du nom des auteurs; mais comme ce travail prenait des proportions considérables, il résolut de le publier sous une forme abrégée, en s'appropriant ce que l'on avait dit de mieux avant lui. Son commentaire a été publié en entier pour la première fois, dans le texte original, par le cardinal Mai. Il n'est souvent que la reproduction presque littérale d'Origène 2, mais il admet la distinction des jours de la création, le sens littéral du texte sacré et plusieurs des opinions des Cappadociens.
Procope de Gaza expose de la manière suivante son opinion sur la durée de la création : « [L'auteur sacré] énumère les jours du monde, parce qu'il veut décrire exactement ce qui a été fait. Car Dieu, en créant, n'a pas besoin de temps. Il ne fait point cependant ses œuvres sans ordre : c'est le nombre qui indique cet ordre. [Le texte] ne dit donc pas « le premier jour, » mais « un jour 3; » parce que dans les choses qui sont produites simultanément 4, il n'y a ni premier ni second, cependant comme la narration ne peut être écrite sans ordre, après un jour, on nous parle du second jour, et ainsi de suite jusqu'à six, pour le besoin du récit 1. »
Voici ce que dit Procope de la création de la lumière :…
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Re: La cosmogonie mosaïque d'après les Pères de l'Église.
IV. — LES PÈRES CAPPADOCIENS ET LEURS IMITATEURS. (pp.82-84) [SUITE]
Voici ce que dit Procope de la création de la lumière :
« De même que le soleil n'apparaît qu'après les herbes et les plantes, afin qu'il n'en soit pas considéré comme le créateur, de même il est précédé de beaucoup par la création de la lumière, afin que personne ne s'imagine qu'il en est l'auteur et ne soit tenté de l'adorer comme un dieu. Car comment le soleil pourrait-il se confondre avec la lumière, puisque la lumière existait avant lui? La lumière a été créée d'abord et ensuite le réceptacle de la lumière; autre est le candélabre et autre la lumière qui brille sur le candélabre. Le soleil est devenu comme le corps de la lumière qui est immatérielle 2. Les objets composés se divisent en sujet et en qualités de ce sujet. Dès que la volonté de Dieu a réuni en un tout la lumière et son sujet, nous ne pouvons plus distinguer ce composé que par le langage ou par la pensée... La lumière primitive, qui brillait à la manière des éclairs 3, dura pendant trois jours 4. »
Procope admet comme Théodore de Mopsueste et Théodoret que Dieu ne créa qu'un couple de chaque espèce d'animaux 5. Il nie enfin, comme les Syriens, la sphéricité de la terre 6.
Nous devons rattacher aussi aux Cappadociens le grammairien d'Alexandrie, Jean Philopon ou le Laborieux (VIe siècle), qui a puisé ses idées exégétiques sur le premier chapitre de la Genèse dans les écrits de S. Basile et de S. Grégoire de Nysse 1. Il nous reste de lui sept livres sur la création du monde où les explications allégoriques et morales sont fort rares 2; il s'attache à peu près exclusivement à une sorte d'exposition scientifique. C'était un physicien de l'école d'Aristote qui s'était occupé de mathématiques comme de sciences naturelles et qui avait composé des écrits sur ces matières.
Il tomba dans le trithéisme et dans diverses erreurs qui le firent condamner par le sixième concile œcuménique, mais il défendit la doctrine chrétienne de la création dans sa réfutation de Proclus, qui soutenait l'éternité du monde; il la défendit aussi dans son grand ouvrage, comme il rappelle 3, sur l'œuvre des six jours. Dans ce dernier, il s'attache principalement à combattre Théodore de Mopsueste.
Philopon admet la création simultanée 4 des éléments du monde ou de la matière première, du ciel et de la terre, « du ciel avec les quatre éléments 5. » La production des êtres particuliers a lieu ensuite, dans l'espace des six jours mosaïques. Dieu aurait pu donner l'existence à tous les êtres à la fois, mais il a préféré les créer successivement les uns après les autres 1.
D'après lui, le ciel transsidéral, sans étoiles, la neuvième sphère de Ptolémée, a été créé le premier, parce qu'il est raisonnable de penser que ce ciel qui entoure le monde entier, a été produit avant tout le reste, puisque, par son mouvement, il a été la cause de tous les changements des choses naturelles 2.
Le grammairien d'Alexandrie explique la transformation des choses comme S. Grégoire de Nysse :…
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Re: La cosmogonie mosaïque d'après les Pères de l'Église.
IV. — LES PÈRES CAPPADOCIENS ET LEURS IMITATEURS. (pp.84-85) [SUITE]
Le grammairien d'Alexandrie explique la transformation des choses comme S. Grégoire de Nysse : les quatre éléments étaient mélangés ensemble, la terre, comme la plus dense, reste au-dessous, au-dessus est l'eau, au-dessus encore l'air et enfin le feu. Ce dernier élément n'est pas désigné sous ce nom par Moïse, mais c'est de lui qu'il parle, comme cause de mouvement, quand il dit que l'esprit de Dieu était porté sur les eaux. Philopon entend donc par l'esprit de Dieu, avec la plupart des écrivains de l'école de Syrie, un élément de la nature 3.
Il adopte aussi le sentiment de S. Basile sur la création de la lumière. « Le grand Basile, dit-il, pense que la lumière solaire a été créée avant le soleil lui-même, par un effet de la puissance divine qui a accompli ce qui était naturellement impossible... Il n'est pas impossible à la puissance divine de produire la lumière sans un corps (lumineux). Celui qui aura admis ce que nous avons dit plus haut que Dieu créa d'abord la matière première des choses sublunaires, pourra remarquer que le créateur suit ici une marche contraire : il produit la lumière avant les corps lumineux dont celle-là est la forme et dont eux-mêmes sont la matière, et il forme leurs corps de cette matière préexistante... En unissant ces deux choses, il en forma les astres... Il faut dire d'ailleurs que la lumière (primitive) n'existait pas sans corps... La lumière n'éclaira pas tout l'univers simultanément... Cette lumière n'était pas une substance corporelle, elle n'était pas formée comme le sont maintenant les étoiles et les deux luminaires; plus tard, Dieu la disposa dans l'ordre actuel, en la partageant entre le soleil, la lune et les autres astres 1. »
Jean Philopon enseigne clairement que les astres se meuvent en vertu d'une force motrice que Dieu leur a communiquée 2. Il dit aussi formellement que la terre est sphérique 3, en opposition avec les écrivains de l'école syrienne. Quant aux ténèbres, elles ne sont pas quelque chose de substantiel, comme le soutient Théodore de Mopsueste, mais l'absence de la lumière 4. Les eaux supérieures sont simplement les parties aqueuses de l'air. La langue hébraïque n'ayant aucun mot pour exprimer cet élément, Moïse s'est servi du terme qui désigne l'élément dans lequel vivent les poissons 5.
Nous rencontrons un autre imitateur de S. Basile…
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Re: La cosmogonie mosaïque d'après les Pères de l'Église.
IV. — LES PÈRES CAPPADOCIENS ET LEURS IMITATEURS. (pp.85-87) [SUITE]
Nous rencontrons un autre imitateur de S. Basile, mais d'une valeur inférieure à Jean Philopon, dans l'auteur de l'Hexaméron ou Chronique qui porte le nom d'Eustathe d'Antioche 6. Son commentaire n'est guère qu'un extrait des homélies de l'évêque de Césarée, dans ce qu'il dit des quatre premiers jours de la création 1. Sa zoologie est remplie de fables, souvent très bien contées, mais aussi plus d'une fois ridicules. Il explique dans les termes suivants comment la terre avait été préparée pour l'apparition de l'homme : « Après la création du monde, Dieu fit enfin l'homme, lorsque la chaleur eut vaincu le froid 2, lorsque l'humidité eut été desséchée par la sécheresse et la sécheresse tempérée par l'humidité 3. »
Le dernier des grands théologiens orthodoxes qu'ait produits l'Église d'Orient, S, Jean Damascène (vers 676-vers 760), se rattache aussi aux Cappadociens. Ils sont ses auteurs de prédilection, quoiqu'il n'accepte pas toutes leurs explications cosmogoniques. Le choix qu'il fait entre les opinions des écrivains qui l'ont précédé montre parfaitement, du reste, l'entière liberté dont jouissaient les docteurs de l'Église par rapport aux questions scientifiques soulevées dans le premier chapitre de la Genèse.
Il ne se décide pas aisément dans les questions controversées et assez souvent il se borne au rôle de simple rapporteur. Ainsi, il expose sur la forme du monde le sentiment des Syriens qui considèrent le ciel comme un pavillon étendu au-dessus de la terre, et celui de S. Grégoire de Nazianze et de S. Grégoire de Nysse qui croient que la terre est une sphère enveloppée de tous côtés par le ciel. Il incline cependant davantage vers l'opinion des Cappadociens 4.
Il se range du côté de S. Basile contre S. Grégoire de Nysse, au sujet des trois premiers jours de la création, et il les explique comme S. Basile, non au moyen de la théorie de la rotation, soutenue par l'évêque de Nysse, mais au moyen de l’émission et de la disparition de la lumière primitive 1. Quant à la grandeur relative du soleil, qui, d'après les Cappadociens, est bien supérieure à celle de la terre, il reste de nouveau indécis 2. Sur quelques autres points, il adopte les interprétations de S. Éphrem, de Sévérien de Gabales, etc. 3. On peut remarquer cette singularité dans S. Jean Damascène qu'il traite de la création des astres en même temps que de la création de la lumière 4, comme l'avait déjà fait avant lui Lactance, dans l'Église latine.
Ainsi, en résumé, et comme on le voit par ce qui précède…
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Re: La cosmogonie mosaïque d'après les Pères de l'Église.
IV. — LES PÈRES CAPPADOCIENS ET LEURS IMITATEURS. (pp.87-88) [SUITE]
Ainsi, en résumé, et comme on le voit par ce qui précède, autant l'explication dogmatique de la cosmogonie biblique a été uniforme, constante, autant l'explication scientifique a été changeante et variable. Les incertitudes que nous signalions dans S. Jean Damascène, nous les rencontrons aussi à des degrés divers chez les autres Pères. S. Grégoire de Nysse en exposant sa manière de voir ne dit pas : cela est ainsi, mais : « je crois 5 » que cela est ou peut être ainsi 6.
De tout ce que nous venons de dire il résulte que les Pères cappadociens et leurs imitateurs ont tenté une sorte de conciliation entre les Alexandrins et les Syriens : ils évitent les excès de l'allégorisme des uns et les exagérations du littéralisme des autres ; ils admettent le nom et l'idée de création simultanée, comme Origène et S. Athanase; ils repoussent l'explication purement symbolique des premiers chapitres de la Genèse, mise en vogue par Philon ; ils distinguent, avec les Syriens, six jours réels dans l'œuvre de la création , mais ils sont moins qu'eux esclaves de la lettre, et, dans leurs recherches et dans leur exposition, ils ont une allure plus scientifique. Il est évident, par leurs écrits, qu'ils n'ont pas douté que le commentaire du récit de Moïse ne doive être puisé dans l'étude de la nature même et dans les œuvres des savants.
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A suivre : V. — LES PÈRES LATINS.
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Re: La cosmogonie mosaïque d'après les Pères de l'Église.
V. — LES PÈRES LATINS. (pp.89-91)
Les Pères de l'Église d'Occident ne se groupent pas, comme ceux d'Orient, en écoles compactes et bien tranchées. Dans les pays latins, il n'existait aucun grand centre littéraire, où l'enseignement fût donné par des professeurs et des maîtres, comme S Pantène, Clément et Origène, à Alexandrie, ou Diodore de Tarse, à Antioche. Privés de ce secours, les docteurs des Églises d'Italie, d'Afrique et des Gaules, séparés d'ailleurs, la plupart, les uns des autres par le temps comme par les lieux, se sont formés eux-mêmes d'une manière indépendante. Aussi, en dehors de l'unité doctrinale commune, ils ont puisé leurs opinions particulières, sur les questions qui n'étaient pas décidées par l'Église, dans l'étude, la lecture et leurs réflexions personnelles. Les écrits de leurs devanciers, grecs et latins, ont naturellement exercé sur leur esprit une grande influence, et souvent, quand ils ne les ont pas trouvés d'accord ensemble, ils ont cherché à les concilier par des opinions moyennes, comme nous allons en voir des preuves nombreuses.
Le plus ancien auteur latin, dont nous possédions un commentaire sur la cosmogonie biblique, est S. Victorin qui, d'orateur, devint évêque de Pétavium dans la Pannonie supérieure et souffrit le martyre, probablement sous Dioclétien, au commencement du IVe siècle. Son commentaire porte le titre de Tractatus de fabrica mundi et n'est peut-être qu'un fragment d'une explication complète de la Genèse 1 . II est d'une grande brièveté et n'entre dans aucune explication scientifique. S. Victorin admet la distinction réelle des jours et entend littéralement la création, mais ce qui l'occupe le plus, ce sont des rapprochements de nombre 2.
Lactance (mort vers 326) a touché à la cosmogonie biblique dans ses Institutions divines 3, mais nous ne nous arrêterons point à en faire l'analyse, parce que son exposition est surtout dogmatique. Il admettait que Dieu n'avait créé qu'un couple de chaque espèce d'animaux, comme l'ont pensé en Orient Théodore de Mopsueste, Théodoret de Cyr et Procope 4.
Avec S. Hilaire (vers 300-367) nous voyons apparaître en Occident la théorie alexandrine de la création simultanée : « Quoique selon Moïse, dit le saint docteur, la consolidation du firmament, le dessèchement de la terre, le rassemblement des eaux de la mer, la constitution des astres et la production des animaux aquatiques et terrestres soient des choses distinctes, néanmoins la création du ciel et celle de la terre et des autres éléments n'ont pas été séparées par le plus petit intervalle 5. » L'évêque de Poitiers n'a pas d'ailleurs commenté la Genèse.
Nous devons encore citer de lui un passage que nous lisons dans son Homélie sur le Psaume LI et dans lequel il observe justement que le mot jour peut désigner dans l'Écriture une série d'années : « Rappelons que le mot jour a coutume de signifier un temps ou la vie de l'homme, quand il est écrit : Je n'ai pas désiré le jour de l'homme, ou encore quand il est dit d'Abraham qu'il a désiré le jour du Seigneur 1 . »
Le premier Père latin qui ait écrit longuement sur l'Hexaméron est…
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Re: La cosmogonie mosaïque d'après les Pères de l'Église.
V. — LES PÈRES LATINS. (pp.91-94) [SUITE]
Le premier Père latin qui ait écrit longuement sur l'Hexaméron est S. Ambroise, évêque de Milan (vers 340-397). Il s'est beaucoup servi des homélies de S. Basile et, comme la plupart des écrivains occidentaux, il a adopté à peu près sa manière, tenant une sorte de milieu entre l'école d'Alexandrie et celle d'Antioche, exposant tout à la fois le sens littéral et le sens mystique de la Sainte Écriture. Il a emprunté aussi à Origène et à S. Hippolyte.
L'explication du premier chapitre de la Genèse a été prêchée à Milan pendant le carême de 389. Elle est divisée aujourd’hui en six livres qui correspondent aux six jours de la création 2.
S. Ambroise admet la création simultanée 1 de la même manière que S, Basile, c'est-à-dire en acceptant la distinction réelle des jours, contrairement à Origène. Au commencement Dieu crée la substance du monde 2. On peut entendre dans deux sens différents le premier verset de la Genèse. Selon les uns, il est comme le sommaire de tout le chapitre 3, et les versets suivants sont le développement de ce sommaire 4. L'évêque de Milan n'approuve pas cette opinion 5. D'après lui, il faut interpréter le premier verset dans ce sens que Dieu crée tout d'abord les éléments de l'univers, la matière première; elle est ensuite transformée, coordonnée et disposée pendant les six jours génésiaques.
L'illustre auteur de l'Hexaméron, malgré son mérite, n'est pas d'ailleurs le docteur de l'Église latine dont les idées ont exercé l'influence la plus profonde; le maître a été dépassé par le disciple qu'il avait ramené dans le giron de l'Église catholique, le grand S. Augustin (354-430) 6. L'évêque d'Hippone est peut-être celui de tous les anciens écrivains ecclésiastiques qui s'est le plus occupé des premiers chapitres de la Genèse et de la création. Tandis que son illustre contemporain, S. Jérôme, si célèbre par sa vaste érudition et par ses travaux exégétiques, a touché à peine en passant aux questions cosmogoniques, S. Augustin a écrit trois commentaires sur l'Hexaméron 1 et il y est revenu dans le livre XIe de la Cité de Dieu, ainsi que dans les trois derniers livres (XI-XIII) de ses Confessions, sans parler de quelques autres écrits. Son œuvre la plus importante sur ce sujet, ce sont les douze livres De Genesi ad litteram; ils forment le travail le plus complet que nous ait légué l'antiquité sur la création.
S. Augustin avait un sentiment profond de la nécessité où est le théologien de se servir de la science pour expliquer l'œuvre divine, et il s'élevait avec force contre les chrétiens qui, sous prétexte d'orthodoxie, niaient les vérités scientifiques 2. Que n'aurait pas fait cet esprit si vaste et si ouvert, s'il avait pu mettre à profit les découvertes des savants contemporains! Malheureusement, les connaissances scientifiques de son époque étaient très défectueuses, et il ne lui était pas donné d'en combler les lacunes et d'en rectifier les erreurs, quelque pénétrant que fût son génie. La science doit ses progrès aux observations et aux travaux accumulés de générations de savants : un seul homme n'en peut sonder tous les secrets.
L'évêque d'Hippone a peint d'une manière saisissante, dans ses Confessions, l'intérêt passionné qu'éveillait en lui le mystère de la création…
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Re: La cosmogonie mosaïque d'après les Pères de l'Église.
V. — LES PÈRES LATINS. (pp.94-96) [SUITE]
L'évêque d'Hippone a peint d'une manière saisissante, dans ses Confessions, l'intérêt passionné qu'éveillait en lui le mystère de la création. « Faites-moi écouter et comprendre comment Dieu a fait dans le principe le ciel et la terre. Voilà ce qu'a écrit Moïse; il a écrit cette parole et il est disparu : il a passé de cette terre auprès de vous, ô mon Dieu, et il n'est plus maintenant en ma présence, car s'il y était, je le retiendrais, je l'interrogerais, je le conjurerais de m'expliquer ses paroles... Mais puisque je ne peux pas l'interroger, c'est vous, ô Vérité, qui l'inspiriez quand il disait vrai, c'est vous, mon Dieu, que j'implore : pardonnez à mes péchés, et comme vous avez donné à votre serviteur le don de dire ces choses, accordez-moi de les comprendre 1. »
Une partie des idées de S. Augustin sur la création est empruntée aux anciens Pères, et en particulier à Philon et à Origène; mais son génie s'est approprié les pensées qu'il a puisées ailleurs et il les a transformées en leur imprimant son cachet personnel. II a pris aux Alexandrins leur théorie de la création simultanée et il l'a rendue sienne par la manière dont il l'a comprise et exposée. C'est là le point le plus important et le plus célèbre de son Hexaméron.
Dieu a créé le monde en un instant 2 mais pour s'accommoder à la faiblesse de notre esprit, il a trouvé bon de nous représenter la création comme accomplie dans des jours successifs.
« La matière informe, dit-il, n'a point précédé dans les temps les choses formées; car tout a été créé simultanément, et la matière dont les choses ont été faites et les choses qui ont été faites. De même effectivement que la voix est la matière des mots et que les mots indiquent le son qui est formé, tandis néanmoins que celui qui parle ne commence point par émettre un son informe, pour ensuite le recueillir et en former des mots; de même, Dieu créateur n'a point fait dans un temps antérieur la matière informe, pour reprendre ensuite en quelque façon son ouvrage et le former en disposant les natures dans leur ordre. Il a créé la matière toute formée 3 »
Il est impossible d'exprimer en termes plus clairs et plus précis la théorie alexandrine de la création simultanée.
« Vos œuvres, ô mon Dieu, s'écrie encore S. Augustin,…
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Re: La cosmogonie mosaïque d'après les Pères de l'Église.
V. — LES PÈRES LATINS. (pp.96-98) [SUITE]
« Vos œuvres, ô mon Dieu, s'écrie encore S. Augustin, ont été faites par vous de rien, mais non de vous, non de quelque matière qui ne viendrait pas de vous et qui existerait antérieurement, mais d'une matière créée en même temps par vous; car, sans aucun intervalle de temps, vous avez donné à cette matière la forme avec l'être. Autre chose étant la matière du ciel et de la terre, autre chose leur forme, vous avez fait la matière de rien et la forme de la matière, et l'une et l'autre ensemble, de telle sorte que la forme suivît la matière sans aucun intervalle de temps 1. »
Cependant la création, entière dès l'origine, ne s'en développe pas moins dans le temps :
« L'univers tout entier a été à l'origine en semence, non point avec la masse d'une grandeur corporelle, mais à l'état de force et de puissance causatrice... Comme dans un grain se trouve invisible tout ce qui, par le laps du temps, finit par devenir un arbre, ainsi faut-il s'imaginer que le monde, lorsqu'il a été créé de Dieu, renfermait en lui-même tout ce qui devait plus tard se manifester... Dieu, par conséquent, ne crée rien ultérieurement, mais, ayant créé toutes choses à la fois, il les gouverne, les meut par son action dirigeante, si bien qu'il opère sans cesse, se reposant et opérant à la fois 2. »
La création est comme le langage de Dieu, et le langage de Dieu peut se comprendre par analogie avec le langage humain. Or, lorsque nous entendons parler un homme, son langage résulte pour nous d'une succession de syllabes, et pourtant dans les paroles qu'il prononce, il n'y a pas deux syllabes qui puissent sonner en même temps. Combien moins pouvons-nous concevoir que toutes choses aient été produites simultanément dans l'acte même par lequel toutes choses ont été créées simultanément 1 !
Saint Augustin voit la preuve de la création simultanée dans ce passage de la traduction latine de l'Ecclésiastique : Qui manet in æternum creavit omnia simul. II entend simul de la création simultanée 2. Toutefois le motif sur lequel il revient le plus souvent, dans l'exposition de ses idées à ce sujet, c'est l'impossibilité où il est de se rendre compte des premiers jours de la création, avant la production du soleil.
Il admet d'une certaine manière la distinction des jours 3, mais c'est une distinction logique, non réelle.
« Qu'est-ce que ces jours? Il nous est très difficile ou même impossible de le concevoir. A combien plus forte raison de le dire?...
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Re: La cosmogonie mosaïque d'après les Pères de l'Église.
V. — LES PÈRES LATINS. (pp.98-100) [SUITE]
« Qu'est-ce que ces jours? Il nous est très difficile ou même impossible de le concevoir. A combien plus forte raison de le dire? Les jours que nous connaissons ont un soir au moment où le soleil se couche et un matin au moment où le soleil se lève, et ces trois premiers jours se sont écoulés sans le soleil, qui, nous rapporte l'Écriture, n'a été créé qu'au quatrième 1 » Dans le De Genesi imperfectus liber, S, Augustin dit encore : « On peut demander qu'est-ce que (Moïse) appelle jour et qu'est-ce qu'il appelle nuit? S'il veut désigner par là ce jour que commence le lever du soleil, et que finit son coucher, et cette nuit qui dure du coucher jusqu'au lever du soleil, je ne comprends pas comment cela a pu se faire, avant la création des luminaires du ciel 2. » Nous avons déjà rencontré dans Origène une observation semblable 3.
Il est vrai, ajoute-t-il, que le texte sacré porte que les six jours de la création se composaient d'un soir et d'un matin, mais ce langage n'implique nullement la succession réelle du jour et de la nuit; Moïse évite d'employer le mot nuit; par soir et matin, il veut simplement désigner des moments ou des modes différents dans la manifestation de la création aux esprits célestes, ou bien la matière et la forme 4.
Le soir et le matin des jours qui précèdent la création du soleil, comme de ceux qui la suivent, désignent les modes divers de connaissance des esprits angéliques : la connaissance qu'ils ont des objets en les voyant objectivement, est appelée « du soir » comme moins parfaite, et celle qu'ils en ont en les voyant dans le Verbe est appelée « du matin » comme plus parfaite 1. Les jours de la création sont donc « très différents des jours qui composent nos semaines, » ils ne sont pas produits « par la révolution des astres, » ce ne sont pas « des jours solaires 2. » « Ces six premiers jours étaient d'une espèce extraordinaire et qui nous est inconnue 3. »
En expliquant les jours de la création comme une simple figure, S. Augustin assure d'ailleurs qu'il ne leur attribue pas un sens allégorique, mais qu'il les entend dans leur sens propre 4.
Ainsi, toutes choses ont été créées simultanément. Cependant il faut établir une distinction entre les êtres inorganiques et les êtres organiques : les premiers ont été produits tels qu'ils sont encore aujourd'hui, les seconds ne l'ont été que virtuellement et en germe; ainsi les plantes, les poissons, les oiseaux et les autres animaux, à l'exception d'Adam, ne sont pas nés en pleine croissance, mais ils se sont développés par degrés et conformément aux lois naturelles 1.
Telles sont les principales idées de S. Augustin sur l'œuvre des six jours…
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Re: La cosmogonie mosaïque d'après les Pères de l'Église.
V. — LES PÈRES LATINS. (pp.100-102) [SUITE]
Telles sont les principales idées de S. Augustin sur l'œuvre des six jours. On voit par ce que nous venons de dire en dernier lieu, que le saint docteur admettait une distinction réelle entre la création proprement dite et le développement des êtres, ce qu'on peut appeler l'œuvre de la création, opus creationis, qui fut simultanée, et l'œuvre de la formation, opus formationis, qui fut graduelle et progressive, conforme aux lois de la nature que nous voyons agir sous nos yeux. Ce qui distingue l'opinion de S. Augustin de celle des autres Pères, tels que S. Ambroise et S. Basile, c'est que ces derniers placent l'œuvre de formation dans les six jours, tandis que l'évêque d'Hippone la rejette après 1. Il admet la création simultanée des Alexandrins, mais il ne pense pas, comme eux, que le récit mosaïque n'est qu'une allégorie du monde spirituel. II adopte donc le sens littéral avec les Syriens et les Cappadociens, mais il n'adopte pas avec eux la distinction réelle des six jours.
Nous ne devons pas nous séparer de S. Augustin sans avoir remarqué qu'il est le premier des auteurs ecclésiastiques chez qui nous rencontrions, d'une manière un peu nette, l'idée des lois de la nature. Il ne voulait point qu'on multipliât les miracles sans raison, et il pensait qu'on devait, quand on le pouvait, expliquer les phénomènes conformément « à la nature des choses 2. » Il donne aux lois qui déterminent le développement de la nature le nom de « raisons causales 3; » il assure que Dieu n'a pas seulement créé toutes ses créatures avec nombre, poids et mesure, mais que, tant qu'elles subsistent, elles sont également réglées et pondérées 1; il parle même expressément du « cours ordinaire de la nature 2, » de « la loi de la nature 3, »
On trouve dans les œuvres de S. Augustin Trois livres des merveilles de la Sainte Écriture qui ne sont pas de l'évêque d'Hippone, mais, d'après les critiques, d'un moine de la Grande-Bretagne qui écrivait en 655 4. Quoique l'auteur, qui parle …
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Re: La cosmogonie mosaïque d'après les Pères de l'Église.
V. — LES PÈRES LATINS. (pp.103-104) [SUITE]
Quoique l'auteur, qui parle de son « peu d'esprit 5, » mette au premier rang le sens spirituel, il s'occupe beaucoup du fonds des choses 6, expose la théorie Alexandrino-Augustinienne de la création simultanée avec une si grande précision que ses paroles méritent d'être citées.
La « création » est très différente du « gouvernement » du monde. La création tire l'être du néant, la gubernatio le modifie seulement. « Après avoir achevé la création des œuvres de la nature, Dieu se reposa le septième jour, mais depuis il ne cesse point de gouverner toutes ses créatures. Et quoiqu'il soit rapporté que toutes les créatures ont été créées dans l'intervalle de six jours, cet intervalle ne doit pas s'entendre d'un espace de temps, mais de la différence des œuvres; l'historien a distingué dans son récit ce que Dieu n'a pas divisé dans son opération1. Car Dieu a créé simultanément toutes les choses qu'il a faites, c'est par un seul acte de volonté qu'il a produit la variété multiple des espèces et par cet acte de volonté unique il a fait simultanément, sans temps, toutes les choses que, depuis leur naissance, il n'a pas cessé de gouverner 2. »
L'autorité de S. Augustin fit accepter ses opinions sur la création, non seulement par le moine dont nous venons de parler, mais aussi par la plupart des écrivains ecclésiastiques de l'Occident qui vinrent après lui, par S. Prosper d'Aquitaine (403-460) 3 par Victor de Marseille (mort vers 450) 4, par le Pseudo-Eucher 1, par Cassiodore (468-52) 2, par Junilius (vers 550) 3 par S. Isidore de Séville (570-636) 4. Comme ils n'ont guère fait que reproduire le maître, nous n'avons pas à nous arrêter à leurs écrits.
S. Grégoire le Grand (vers 540-604) et le vénérable Bède (673-735) méritent une plus grande attention...
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V. — LES PÈRES LATINS. (pp.104-105) [SUITE]
S. Grégoire le Grand (vers 540-604) et le vénérable Bède (673-735) méritent une plus grande attention. S. Grégoire le Grand n'a pas commenté la Genèse, mais, dans ses Morales sur Job, à propos de la création de Béhémoth, il a formulé avec beaucoup de précision et une parfaite netteté l'opinion qu'avaient défendue les Cappadociens dans l'Église grecque et dont S. Augustin s'était jusqu'à un certain point rapproché.
« On se demande, dit-il, après avoir rappelé le texte de l'Ecclésiastique, fecit omnia simul, comment Dieu a créé simultanément toutes choses, puisque Moïse raconte qu'elles ont été créées séparément en six jours successifs. Pour le comprendre il suffit d'examiner attentivement les causes et les principes des choses. La substance des choses a été créée simultanément, mais les diverses espèces n'ont pas reçu simultanément les formes qui leur sont propres, et ce qui a existé simultanément par la substance matérielle n'a pas paru simultanément dans sa forme spécifique. Quand on nous raconte que le ciel et la terre ont été faits simultanément, on nous apprend que les choses spirituelles et corporelles, que tout ce qui vient du ciel et de la terre, tout cela a été fait simultanément. Mais ou ajoute que le soleil, la lune et les étoiles n'ont été faits dans le ciel qu'au quatrième jour. C'est parce que ce qui avait été créé avec la substance du ciel le premier jour n'a été formé spécifiquement que le quatrième jour. Il est dit que la terre a été créée le premier jour, et ce n'est que le troisième qu'est décrite la création des plantes et de tout ce qui verdit sur la terre; mais les végétaux, qui se manifestèrent ainsi spécifiquement le troisième jour, avaient été créés en substance , le premier jour, avec la terre d'où ils sont sortis. Voilà pourquoi Moïse rapporte séparément ce qui a été fait chaque jour et conclut néanmoins en disant que tout a été créé simultanément. « Telles sont les générations du ciel et de la terre, quand ils » furent créés, au jour où Dieu fit le ciel et la terre, l'herbe » des champs, etc.1 » Après avoir raconté que le ciel et la terre, les arbustes et l'herbe des champs avaient été créés à des jours différents, l'écrivain sacré nous dit maintenant qu'ils ont été faits en un jour, afin de montrer clairement que toutes les créatures ont été créées simultanément quant à la matière, mais non quant à l'espèce 2. »
S. Grégoire le Grand donne au mot jour, dans ce dernier passage de la Genèse, un sens qu'il n'a pas, mais il lui sert du moins à expliquer sa pensée avec une grande précision.
Le vénérable Bède a commenté tout le Pentateuque et plus longuement…
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Re: La cosmogonie mosaïque d'après les Pères de l'Église.
V. — LES PÈRES LATINS. (pp.105-107) [SUITE]
Le vénérable Bède a commenté tout le Pentateuque et plus longuement les vingt premiers chapitres de la Genèse dans ses Quatre livres depuis le commencement de la Genèse jusqu'à la naissance d'Isaac. On peut considérer cet Hexaméron comme le dernier écrit des anciens écrivains ecclésiastiques sur la cosmogonie biblique.
Le premier livre est consacré aux chapitres I-III de la Genèse. C'est en grande partie une compilation, dans laquelle l'auteur recueille tout ce qu'il trouve à son gré dans S. Augustin, S. Basile, S. Ambroise et les Questions hébraïques de S. Jérôme; mais le moine de Jarrow apprécie les auteurs qu'il cite et il entremêle ses observations personnelles aux emprunts qu'il fait à ses prédécesseurs. Il n'adopte point la théorie de S. Augustin sur la création simultanée 1 ; il se prononce au contraire très formellement en faveur de jours distincts, de vingt-quatre heures chacun 1, et il soutient, comme les Cappadociens, que la matière première a été créée avant les six jours génésiaques; pendant ces six jours, les êtres produits, à l'exception de l'âme, ont été tirés de la matière préexistante.
« La matière, dit-il, a été faite de rien, et le monde avec sa forme actuelle a été tiré de la matière informe. Dieu créa donc deux choses avant le premier jour et avant le temps, la créature angélique et la matière informe... Dieu n'a donc pas fait toutes choses de rien : il en a fait une partie de rien, et une partie de quelque chose; de rien le monde, les anges et l'âme; de quelque chose l'homme et les animaux et les autres créatures 2. »
Il est digne de remarque que le vénérable Bède regarde le temps où fut créé le ciel et la terre…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: La cosmogonie mosaïque d'après les Pères de l'Église.
V. — LES PÈRES LATINS. (pp.108-109) [SUITE]
Il est digne de remarque que le vénérable Bède regarde le temps où fut créé le ciel et la terre, c'est-à-dire celui qui s'écoula avant le premier jour génésiaque, comme indéfini. C'est un texte de la Genèse et un texte de l'Exode qui ramènent à cette conclusion :
«Telles sont les générations du ciel et de la terre quand ils furent créés1...[L'Écriture] appelle générations du ciel et de la terre l'ordre que Dieu met dans son œuvre, les ornements par lesquels, pendant les six jours, il rend sa création parfaite...conformément à ce que dit le Créateur lui-même dans le Décalogue : En six jours Dieu fit le ciel et la terre, la mer et tout ce qu'ils contiennent 2. Ce passage de l'Exode semble en opposition avec ce qu'affirme le saint docteur, savoir que le ciel et la terre avaient été créés avant le premier jour et, par conséquent, en dehors des six jours. Voici comment il l'explique.
« Ce qui suit (dans la Genèse) : Au jour où le Seigneur fit le ciel et la terre et tous les arbustes des champs, avant qu'ils eussent paru sur la terre, et toutes les herbes des champs, avant qu'elles eussent poussé, ne doit être nullement regardé comme contraire au passage précédent; en effet, il faut bien comprendre que l'Écriture emploie ici le mot jour pour désigner tout le temps pendant lequel la créature primordiale fut formée 3, car le ciel ne fut fait et orné d'astres en aucun des six jours, non plus que la terre ne fut séparée des eaux et plantée d'arbres et d'herbes; selon sa coutume, l'Écriture se sert du mot jour pour indiquer le temps, de même que le fait l'Apôtre, quand il dit : Voici maintenant les jours de salut 4, il ne veut point déterminer par là un jour spécial, mais tout le temps de la vie présente, pendant laquelle nous travaillons pour le salut éternel. Le prophète ne parle pas non plus d'un jour particulier, mais du temps considérable de la grâce divine, dans ce passage : « En ce jour, les sourds entendront les paroles de ce livre... » Par ce mot de jour nous devons donc entendre le temps, ce temps dans lequel Dieu au commencement créa toutes choses 1 . »
Le vénérable Bède est le premier docteur ecclésiastique, parmi ceux qui admettent la réalité des six jours, qui ait si nettement et si clairement affirmé que la création de la matière première avait eu lieu en un temps dont la durée est indéterminée. Plusieurs théologiens, entre autres Petau, ont accepté depuis son opinion. Ce dernier déclare formellement qu'il est impossible de savoir « quel intervalle s'est écoulé entre la création de la matière première et les six jours génésiaques 2. »
Quoique l'écrivain anglais vît dans les six jours de la création des jours, de vingt-quatre heures, il a remarqué cependant…
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Re: La cosmogonie mosaïque d'après les Pères de l'Église.
V. — LES PÈRES LATINS. (pp.110-111) [SUITE]
Quoique l'écrivain anglais vît dans les six jours de la création des jours, de vingt-quatre heures, il a remarqué cependant que la Bible employait le mot dies d'une manière assez vague. S. Augustin avait dit en parlant du septième jour, duquel il n'est pas écrit comme des précédents qu'il eut un soir : « Le septième jour est sans soir et n'a point de coucher 1, » Le vénérable Bède a adopté sa pensée : « Le septième jour a eu un matin, mais il ne se termine par aucun soir, parce que, dit-il ailleurs, il n'a ni fin ni terme 2. » Le moine breton n'attache donc pas au mot jour un sens rigoureux. Il avait déjà remarqué auparavant que le premier jour de la création ne pouvait être un jour ordinaire3. Il croit même que le premier jour pourrait bien désigner toute la suite des siècles 4.
Il pense enfin que les expressions soir et matin sont figurées : « Qu'est-ce que le soir, si ce n'est l'achèvement de chaque œuvre, et qu'est-ce que le matin, si ce n'est le commencement de l'œuvre suivante 5? »
Le vénérable Bède avait-il compris la portée de ces dernières paroles? Il est difficile de le savoir. Ce qui est certain, c'est que de savants exégètes n'interprètent pas aujourd’hui autrement ces termes bibliques et qu'il a frayé ainsi la voie aux commentateurs modernes 1.
Nous sommes arrivés au terme de notre analyse historique. D'après l'exposé qu'on vient de lire des idées des Pères latins sur le premier chapitre de la Genèse, on voit qu'ils ont reproduit, d'une manière moins systématique et plus éclectique, la plupart des idées que nous avions déjà rencontrées chez les Pères orientaux. Ils ne se sont pas plus entendus entre eux que ne l'avaient fait ces derniers, sur le sens de plusieurs parties importantes du récit de la création; à part l'explication exclusivement allégorique de Philon, de Clément et d'Origène qu'aucun d'eux n'a adoptée, toutes les autres opinions des Grecs ont eu des défenseurs parmi les Occidentaux.
Les notes ou les nos, libellés dans le texte et qui ne figureront pas en bas de page, seront fournies sur demande. Bien à vous.
A suivre : VI. — Conclusions.
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Re: La cosmogonie mosaïque d'après les Pères de l'Église.
VI. — CONCLUSIONS (pp.112-114)
Après avoir étudié en détail les idées des Pères sur la cosmogonie biblique, jetons un coup d'œil en arrière, pour tirer de cette étude quelques conclusions.
Ce qui frappe tout d'abord dans l'exposé qui précède, c'est la diversité des sentiments des anciens auteurs ecclésiastiques sur l'interprétation scientifique du premier chapitre de la Genèse. Autant ils s'accordent sur le sens dogmatique de la Préface du livre sacré, autant ils diffèrent sur la manière d'entendre le mode et les détails de la création. Nous avons vu qu'ils se partagent en deux camps opposés sur un point capital, le temps qu'a duré la création; les uns, comme Clément d'Alexandrie, Origène, S. Athanase, S. Augustin, croyant qu'elle a eu lieu en un instant, les autres, qu'elle a été successive. Les divergences sont bien plus grandes encore dans toutes les questions particulières.
Que résulte-t-il pour nous de cette absence d'accord parmi les Pères?
Alors même que ces écrivains vénérables auraient été unanimes dans leur explication scientifique de l'origine du monde, nous ne serions nullement obligés de nous en rapporter à leurs opinions, parce que la science n'est pas un dépôt, conservé par la tradition, comme la vérité révélée. Il faut croire, en matière de foi, quod semper, quod ubique; il faut accepter, dans le domaine scientifique, les progrès certains qu'apporte dans la suite des siècles l'accumulation des observations des expérimentateurs. Nous ne sommes pas plus liés par les idées scientifiques des Pères que les savants d'aujourd'hui ne le sont par celles des savants d'autrefois; nous pouvons les rejeter, sans manquer de respect à leurs auteurs, avec la même liberté que les astronomes contemporains rejettent le système de Ptolémée.
Mais si l'exégète eût conservé son indépendance, alors même que les Pères eussent été d'accord, à combien plus forte raison garde-t-il le droit de se former une opinion personnelle, au milieu des conflits et des fluctuations d'opinions que nous avons historiquement constatés 1. Le théologien lui-même a le droit de choisir le sentiment qui lui plaît davantage, en matière dogmatique, quand la tradition ancienne est divisée et vacillante, à moins que l'Église n'ait tranché depuis le différend; or l'autorité infaillible ne s'est jamais prononcée, non seulement sur l'interprétation scientifique de la cosmogonie biblique, mais pas même sur la question de la création simultanée 1. C'est donc un fait avéré et incontestable que le catholique peut expliquer la cosmogonie mosaïque, en lui donnant le sens qui lui paraît le plus conforme aux données de la véritable science, à la seule condition d'observer les règles de l'herméneutique et de l'interprétation des Livres Saints.
Après avoir constaté l'indépendance et les droits de l'exégète, en matière scientifique, examinons jusqu'à quel point on peut prétendre que nous nous écartons aujourd'hui…
Les notes ou les nos, libellés dans le texte et qui ne figureront pas en bas de page, seront fournies sur demande. Bien à vous.
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Re: La cosmogonie mosaïque d'après les Pères de l'Église.
VI. — CONCLUSIONS (pp.114-116)
[SUITE]
Après avoir constaté l'indépendance et les droits de l'exégète, en matière scientifique, examinons jusqu'à quel point on peut prétendre que nous nous écartons aujourd'hui de l'enseignement patristique.
Ce qui en fait le fond, dans la question présente, ce ne sont pas les détails eux-mêmes, puisque les Pères ne s'entendent pas entre eux; ce sont les principes qu'ils ont suivis et qui sont communs à tous. Ces principes sont qu'il faut se servir de la raison, de la science, dans ses données certaines, pour interpréter la cosmogonie mosaïque. Le motif qui porta l'école d'Alexandrie à imaginer la création simultanée, ce fut, nous l'avons vu, celui de concilier la Bible avec les systèmes philosophiques alors en vogue, dans ce qu'ils paraissaient contenir de vrai 1. La plupart des écrivains ecclésiastiques ont également appuyé leurs interprétations cosmogoniques sur ce qu'ils croyaient être la science d'alors. Nous avons entendu S. Augustin proclamer avec force la nécessité de mettre d'accord l'exégèse avec les données scientifiques, « acquises par le raisonnement ou l'expérience 2. »
Ce principe de nos maîtres dans la foi est aussi le nôtre. Si nous ne sommes point d'accord avec eux dans les détails, ce n'est pas parce que le principe a changé, c'est parce que la science a progressé. Nous faisons ce qu'ils auraient fait à notre place. Ils acceptaient ce qu'enseignaient les savants d'alors; nous acceptons ce qu'enseignent les savants d'aujourd'hui 1. Il n'y a donc un changement dans l'interprétation, que parce qu'il y a un changement dans la science, et ce changement n'est pas imputable à la théologie mais à la science elle-même, qui par sa nature est progressive. Personne ne s'avisera de reprocher à la science ses progrès. Pourquoi nous défendrait-on de nous en servir, puisque nous n'abandonnons pas nos traditions dans ce qu'elles ont de fondamental et d'essentiel, mais que nous continuons, au contraire, à appliquer les principes qui ont guidé, dans tous les temps, les interprètes des Saintes Écritures? Plus la connaissance de la nature augmente, plus le texte sacré devient clair pour nous; mais son autorité ne change pas, elle est toujours la même.
Allons encore plus loin et montrons que non seulement…
La deuxième note 1:
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Re: La cosmogonie mosaïque d'après les Pères de l'Église.
VI. — CONCLUSIONS (pp.116-117)
[SUITE]
Allons encore plus loin et montrons que non seulement nous conservons les règles posées par nos Pères, mais que nous gardons une partie importante de leurs explications. Quoique, d'une part, nous ne soyons nullement obligés d'accepter les idées scientifiques des docteurs chrétiens, et quoique, d'autre part, ils ne fussent pas des savants de profession, le plus grand nombre d'entre eux étaient des hommes éminents par leur intelligence comme par leur vertu, et la pénétration de leur esprit leur a fait découvrir, dans le texte sacré, des vérités ignorées alors de la foule et confirmées maintenant par les découvertes de notre époque.
Parmi ces vérités, arrêtons-nous surtout à celle qui est la plus importante dans la cosmogonie : celle du sens qu'il faut attacher au mot jour dans le récit génésiaque. Les exégètes contemporains, qui acceptent les résultats de la géologie, soutiennent que ce mot ne doit pas se prendre au propre, pour une durée de vingt-quatre heures, mais au figuré, comme signifiant simplement temps. Eh bien, cette opinion, ils n'en sont pas les premiers auteurs, nous la trouvons d'abord dans les Pères.
Aucun Père de l'Église n'a enseigné expressément, il est vrai, que les six jours de la création fussent des périodes d'une longueur indéterminée. On a dit que S. Justin et S. Grégoire de Nazianze avaient admis un long intervalle de temps entre la création de la matière et celle de la lumière 1. Cependant, à part les paroles de Bède que nous avons rapportées 2, on ne rencontre dans leurs écrits aucun texte précis et concluant.
Nous avons remarqué que S. Augustin et le vénérable Bède disaient que le septième jour…
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