L'Art chrétien. - Père Faber. - (Ex. : Fra Angelico)
L'Art chrétien. - Père Faber. - (Ex. : Fra Angelico)
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L'ART DANS L'ÉGLISE : C'EST UNE THÉOLOGIE ET UN CULTE.L'Art chrétien, considéré à son véritable point de vue, est tout à la fois une Théologie et un Culte. Il est une Théologie qui possède sa méthode propre d'enseignement, sa manière d'exposer les objets, ses pieuses découvertes et ses opinions diverses, toutes également belles aussi longtemps qu'elles restent subordonnées a l'esprit de l'Eglise. Qu'est-ce que la « vie de Jésus-Christ » du bienheureux Jean de Fiésole, sinon le plus magnifique Traité de l'Incarnation qui ait jamais été conçu et composé après celui de saint Thomas ? Personne ne peut l'étudier sans y apprendre chaque fois de nouvelles vérités. Il découvre lentement et par degrés à l'œil aimant les riches trésors d'un esprit de premier ordre, plein de profondeur, de tendresse et de vérité, et tout nourri d'un idéal Céleste. C'est un moyen de grâce qui nous sanctifie lorsque nous le considérons, et qui amène notre cœur à se fondre en prière. L'Art est véritablement une révélation du ciel et une puissante ressource pour nous faire connaître Dieu. C'est une manifestation miséricordieuse faite aux hommes des Beautés divines plus cachées. Il fait apparaître en Dieu des choses trop profondes pour que la parole puisse les exprimer, des choses dont la parole ne ferait nécessairement que des hérésies, si elle essayait de les redire. En vertu de son origine céleste, l'Art possède une grâce spéciale pour purifier les âmes des hommes et pour les unir à Dieu en commençant par les élever au-dessus de la terre. Si l'art dégradé est la plus terrestre des choses d'ici-bas, l'Art véritable, l'Art qui n'oublie pas qu'il est né comme Notre-Seigneur à Bethléem et qu'il y a été bercé avec lui, possède sur l'âme une influence tellement céleste qu'elle semble presque toucher à la Grâce.
L'Art est un Culte aussi bien qu'une Théologie. De quels abîmes, sinon des profondeurs de la prière, sont sorties ces formes merveilleuses qui sont venues se révéler à l'œil de Jean de Fiésole ? N'avons-nous pas vu souvent la divine Mère et son Enfant béni tellement réprésentés qu'il était évident pour nous que jamais de pareilles figures n'avaient été le résultat de la prière, et ne les condamnons-nous pas instinctivement, même au point de vue de l'Art, sans avoir égard directement au sentiment religieux ? Le caractère de l'Art est un caractère d'adoration. Il n'y a qu'un homme humble qui puisse rendre les choses divines grandement. De tels types sont délicats, il est facile de les manquer, ils s'altèrent sous la moindre pression, et ils se courbent lorsqu'ils ne sont pas maniés avec précaution.
Un artiste éloigné de Dieu pourra produire des merveilles de génie à l'aide de ses pinceaux et de ses couleurs ; mais le souffle céleste, essence de l'art chrétien, manquera à ses œuvres. Elles pourront rester comme des modèles d'anatomie pour les générations futures ou comme des chefs-d'œuvre d'un coloris particulier ; mais elles ne resteront pas comme sources de saintes inspirations pour les intelligences chrétiennes, et Dieu n'y puisera pas pour abreuver sa gloire. Elles pourront être admirées dans les galeries ; elles blesseraient sur l'Autel.
La théologie et la dévotion doivent beaucoup à l'Art, mais elles doivent comme des parents doivent à des enfants affectueux. Elles reçoivent comme présents ce qui est sorti d'elles-mêmes, et elles se plaisent à ne voir, dans ce qui leur est dû en toute justice que l'offrande généreuse et spontanée de l'Amour.(Bethléem, I, pp. 326-329.)______
ESPRIT DU P. FABER - EXTRAITS DE SES ŒUVRES - 1873 :
https://archive.org/stream/espritdupfaberex00fabe#page/254/mode/2up
Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
Date d'inscription : 15/02/2009
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