SAINTE PHILOMÈNE (11 août)

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Message  Javier Ven 11 Aoû 2017, 2:44 pm

SAINTE PHILOMÈNE (11 août) Titre

Table des matières


Dédicace


Préface


I - Découverte à Rome du corps de Philomène  
II – Découverte du martyre de sainte Philomène  
III – Translation du corps à Mugnano  
IV – Sainte Philomène raconte elle-même sa vie  
V – Le Seigneur glorifie sainte Philomène  
VI – Propagation du culte à sainte Philomène  
VII – Dévotion à sainte Philomène      
Pratiques de piété en l’honneur de sainte Philomène  

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Message  Javier Ven 11 Aoû 2017, 2:47 pm

MADAME GERALDINE

Princesse d'Alsace, marquise de Partz de Pressy.

 

 

 

Madame la Marquise,

 

En récitant tout à l'heure la cinquième leçon de l'office de sainte Ide, comtesse de Boulogne, j'ai été frappé d'un éloge que la légende lui adresse : Ide usait à l'égard des pauvres d'une inépuisable libéralité, et elle brûlait d'un zèle ardent pour la splendeur de la maison de Dieu.

Il m'a semblé, Madame, que l'on me dictait l'hommage dont je vous dois l'expression pour tout ce que vous avez fait, à ma prière, en faveur de mes pauvres et en faveur de mon église. La reconnaissance des malheureux est une bénédiction ; Dieu paiera leur dette et la sienne en vous comblant de ses faveurs, et en continuant à votre illustre maison la mission d'être dans ce pays le ministre de sa Providence.

Comme la sainte comtesse de Boulogne, favorisée de tous les dons de la naissance et de la fortune, vous relevez, comme elle, ces avantages par l'éclat plus grand encore de vos vertus.

Permettez-moi, je vous prie, d'exprimer ici le témoignage public de l'admiration que tant de nobles qualités m'inspirent ; et, comme gage de ma reconnaissance, daignez agréer l'offrande de ce petit livre que vous dédie,

 

Madame la Marquise,

Votre très humble et très obéissant serviteur,

L'abbé Fromentin.

 

Crépy, 3 Septembre 1862

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Message  Javier Ven 11 Aoû 2017, 2:51 pm

PRÉFACE

 

 

La mémoire du juste sera éternelle. (Psaume CXI). Cet oracle de l'infaillible sagesse a eu de nos jours son accomplissement dans la merveilleuse découverte des reliques de sainte Philomène.

Après quinze siècles d'oubli, durant lesquels elle jouissait des délices du Ciel sans recevoir les hommages de la terre, l'illustre vierge s'est soudainement révélée aux hommes, et il semble, à voir la surprenante propagation de son culte, que la Providence ait voulu lui payer tout un arriéré d'honneurs.

 

Nous n'irons pas puiser aux sources anciennes les matériaux d'une histoire que les siècles ne nous ont pas léguée. Car, et c'est peut-être ce qui doit ici frapper le plus l'observateur sérieux, en même temps que par sa vie elle est la condamnation éclatante du matérialisme et de l'affaissement moral de notre temps, sainte Philomène, en nous révélant elle-même ce qu'elle fut, en s'imposant presque à notre foi, réfute de la façon la plus radicale les théories du scepticisme et la railleuse insouciance de l'incrédulité. Quelques années après Voltaire, non seulement la Bible est vengée, une science plus approfondie a fait évanouir les prétendues contradictions qu'un demi-savoir avait découvertes entre la raison et la foi, mais on voit ce phénomène étrange, qui doit faire grimacer aux Enfers le patriarche de l'impiété : d'immenses populations accepter avec enthousiasme des révélations particulières, et une dévotion se répandre avec rapidité sans autres bases que ces révélations. Elles furent, il est vrai, confirmées par une suite de miracles, qui méritèrent à sainte Philomène le nom de Thaumaturge.

Outre les grands ouvrages italiens, il en existe plusieurs écrits en français à la gloire de sainte Philomène. Le plus important est celui édité par M. Pélagaud, de Lyon. Il a pour titre La Thaumaturge du XIXè siècle. Cet ouvrage n'est lui-même que la reproduction de celui qui fut imprimé, en 1834, à Lansanne, avec la flatteuse approbation de l'autorité épiscopale. Malheureusement, il ne peut être dans toutes les mains : il est d'un prix trop élevé pour la plupart des bourses.

Un chanoine de Tours, M. Robert, a publié, dans la bibliothèque de Lille, un abrégé de la vie de sainte Philomène. Un moment nous avons cru que cet opuscule allait rendre notre travail inutile. Mais, examen fait de ce livre, nous ne croyons pas qu'il réponde à la pensée qui nous inspire. Au lieu de consacrer plus d'un tiers du volume à l'insertion d'un panégyrique, qui, si bien fait qu'il puisse être, doit nécessairement avoir l'inconvénient d'être une redite, nous préférons donner à nos lecteurs quelques prières, quelques pieuses méditations, quelques cantiques. Pour être populaires, ces opuscules, que l'on porte à l'église, et qui deviennent comme le Vade mecum du pèlerin, doivent servir pour la prière autant que pour la lecture.

 

Nous n'avons pas songé à faire une oœuvre d'art. Notre unique but a été de contribuer, pour notre part, à faire de plus en plus connaître et aimer une sainte dont la puissante protection est chaque jour signalée par de nouveaux bienfaits.

Puisse cet humble travail n'être pas dédaigné de celle qui en est l'objet, et faire descendre sur nous, sur notre famille spirituelle et sur tous ceux qui le liront quelques-unes de ces grâces de choix dont il semble que sainte Philomène ait la dispensation souveraine ! Pour prix de notre bonne volonté à redire ses vertus, puisse-t-elle nous obtenir l'avantage de partager un jour son bonheur et de louer Dieu comme elle toute l'éternité !

 

Pour nous conformer aux décrets d'’Urbain VIII et autres souverains Pontifes, nous protestons que nous n'avons voulu en rien préjuger les décisions de l'Église romaine, à laquelle nous faisons profession d'être entièrement soumis d'esprit et de cœur.

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Message  Javier Ven 11 Aoû 2017, 2:57 pm

DÉVOTION A SAINTE PHILOMÈNE

 

 
CHAPITRE PREMIER

 

COMMENT FUT DÉCOUVERT À ROME LE CORPS VENERABLE DE SAINTE PHILOMÈNE...

 

 

Le corps de la bienheureuse vierge et martyre Philomène fut découvert à Rome, le 25 mai 1802, dans les catacombes de Sainte-Priscille, où il reposait ignoré depuis quinze siècles. On découvrit d'abord la pierre sépulcrale, qui se fit remarquer par sa singularité. Elle était de terre cuite, et offrait aux regards plusieurs symboles mystérieux, qui faisaient allusion à la virginité, et au martyre. Ils étaient coupés par une ligne transversale, formée par une inscription, dont les premières et les dernières lettres paraissent avoir été effacées par les instruments des ouvriers qui cherchaient à la détacher de la tombe. Elle était ainsi conçue :

(FI)LUMENS PAX TECUM FI(AT).

« Philomène (1), la paix soit avec toi ! Ainsi soit-il. »

 

La pierre ayant été enlevée, on vit apparaître les restes précieux de la martyre, et, à côté, un vase de verre extrêmement mince, moitié entier, moitié brisé, et dont les parois étaient couvertes de sang desséché. Ce sang, indice certain du genre de martyre qui termina les jours de sainte Philomène, avait été selon l'usage de la primitive Église, recueilli par des chrétiens pieux, qui, lorsqu'ils ne le pouvaient pas faire par eux-mêmes, s'adressaient quelquefois aux païens, et même aux bourreaux de leurs frères, pour avoir, ainsi que leurs vénérables dépouilles, ce sang sacré offert avec tant de générosité à Celui qui, sur la croix, sanctifia, par l'effusion du sien, les sacrifices, les douleurs et la mort de ses enfants.

 

Pendant que l'on s'occupait à détacher des différentes pièces du vase brisé le sang qui y était collé, et que l'on en réunissait avec le plus grand soin les plus petites parcelles dans une urne de cristal, les personnes qui étaient présentes, et parmi lesquelles se trouvaient des hommes de talent et d'un esprit cultivé, s'étonnèrent en voyant tout à coup étinceler à leurs yeux l'urne sur laquelle, depuis quelques instants, leurs regards étaient attachés. Ils s'approchent de plus près ; ils considèrent à loisir ce prodigieux phénomène, et, dans les sentiments de la plus vive admiration, jointe au plus profond respect, ils bénissent le Dieu qui se glorifie dans ses saints. Les parcelles sacrées, en tombant du vase dans l'urne, se transformaient en divers corps précieux et brillants, et c'était une transformation permanente : les uns présentaient l'éclat et la couleur de l'or le mieux épuré ; les autres, de l'argent ; d'autres, des diamants, des rubis, des émeraudes et d'autres pierres précieuses ; en sorte qu'au lieu de la matière, dont la couleur, en se dégageant du vase, était brune et obscure, on ne voyait dans le, cristal que l'éclat mélangé de couleurs diverses, telles qu'elles brillent dans l'arc-en-ciel.

 

C'était sans doute un phénomène admirable. Mais Dieu n'est pas avare de ses dons envers ceux qu'il comble, dans le ciel, de toutes les richesses de sa gloire. Il faut y voir le signe et le gage de la résurrection des corps, alors que les élus seront transformés en la gloire même de Jésus-Christ.

Ce prodige est permanent; aujourd'hui encore, il excite la pieuse admiration des nombreux pèlerins.

 

 

(1) Nous conservons cette traduction, parce qu'elle est universellement adoptée ; depuis 1830, grand nombre de jeunes filles ont reçu au baptême le nom de Philomène ; il serait difficile de réagir contre cet usage. Régulièrement on devrait écrire Filomène, ou mieux encore, Filumène. Avant les révélations de la sainte, on avait cru que cette inscription, grossièrement faite, pouvait venir du grec. Au lieu de Filia luminis, fille de la lumière, on avait lu φιλουμενη, aimée ; d'où la traduction de Philomène, conservée jusqu'aujourd'hui.

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Message  Javier Sam 12 Aoû 2017, 6:12 am

CHAPITRE II

 

COMMENT LE MARTYRE DE SAINTE PHILOMÈNE NOUS FUT RÉVÉLÉ PAR LA PIERRE DE SON TOMBEAU.

 

 
Le martyre de sainte Philomène n'est connu que par les symboles dépeints sur la pierre sépulcrale, et par des révélations faites à diverses personnes par la sainte elle-même.

 

Le premier de ces symboles est une ancre, signe, non seulement de force et d'espérance, mais encore d'un genre de martyre semblable à celui auquel Trajan condamna le pape saint Clément, jeté par ses ordres dans la mer avec une ancre attachée au cou.

Le second est une flèche, qui, sur la tombe des martyrs de Jésus-Christ, signifie un tourment semblable à celui par lequel Dioclétien essaya de faire mourir le généreux tribun de la première cohorte, saint Sébastien.

Le troisième est une palme, placée à peu près au milieu de la pierre ; elle est le signe et comme le héraut d'une éclatante victoire remportée par les martyrs sur la cruauté des juges persécuteurs et sur la rage des bourreaux.

Au-dessous est une espèce de fouet, dont on se servait pour flageller les coupables, et dont les courroies, armées de plomb, ne cessaient quelquefois de sillonner et de meurtrir le corps des chrétiens innocents qu'après les avoir privés de la vie. Viennent ensuite deux autres flèches disposées de telle sorte que la première a la pointe en haut, et la seconde en sens inverse. La répétition de ce signe paraît indiquer une répétition du même supplice ; et la disposition des flèches en sens inverse fait penser à un miracle, tel, par exemple, que celui qui eut lieu au mont Gargano, quand un pâtre, ayant lancé une flèche contre un taureau qui s'était réfugié dans la caverne consacrée depuis au glorieux archange saint Michel, il vit, ainsi que plusieurs autres personnes qui étaient là présentes, cette même flèche revenir à lui et tomber à ses pieds.

Enfin apparaît un lis, symbole de l'innocence virginale. En s'unissant avec la palme et le vase ensanglanté dont nous avons déjà fait mention, il proclame le double triomphe de sainte Philomène sur la chair et sur le monde, et nous invite à l'honorer sous les titres glorieux de martyre et de vierge.

 

L'inspection du tombeau et des symboles hiérographiques tracés sur la pierre sépulcrale avait révélé que les ossements découverts étaient ceux d'une vierge et d'une martyre. On pouvait supposer qu'elle avait été précipitée dans le Tibre ; qu'elle avait, comme son divin Maître, éprouvé les tortures de la flagellation ; qu'elle avait été, et peut-être à plusieurs reprises, exposée aux traits de cruels archers ; on avait même le nom de la martyre, et l'on savait comment l'invoquer, si ce n'est que, en l'absence de données plus positives, on avait prêté à ce nom une étymologie inexacte. Mais ce n'étaient encore là que des inductions et des hypothèses ; on s'expliquait mal cette série de tourments, qui eussent suffi à de nombreux supplices ; on ne savait rien sur l'origine, la naissance et la vie de la sainte. Nous verrons plus tard que sainte Philomène a eu pitié de notre embarras, et que, pour satisfaire la pieuse et légitime curiosité de ses dévots serviteurs, elle nous a elle-même raconté sa vie et son martyre.

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Message  Javier Lun 14 Aoû 2017, 1:34 pm

CHAPITRE III

 

DE LA MERVEILLEUSE TRANSLATION DU CORPS DE SAINTE PHILOMÈNE À MUGNANO

 

 

De 1802 à 1805, le corps de sainte Philomène resta à Rome dans un état complet d'obscurité.

Voici comment l'en fit sortir la divine Providence, quand elle voulut le glorifier.

 

Don François de Lucia, zélé et saint missionnaire du royaume de Naples, vint à Rome avec Don Barthélemi de Césarée, évêque désigné de Potenza. Il désirait vivement obtenir, pour sa chapelle particulière, un corps saint, de nom déterminé ; et, secondé par l'évêque de Potenza, il obtint de Mgr Pontez, custode des saintes reliques, les ossements de sainte Philomène, sur lesquels ses voeux s'étaient portés immédiatement, et qu'il préférait irrésistiblement à tous les autres, sans pouvoir s'en expliquer le motif.

Au moment de quitter Rome, il fut arrêté, entre l'évêque de Potenza et Don François, qu'on placerait les saintes reliques dans le lieu le plus honorable de la voiture. Mais les embarras du départ leur firent oublier cette détermination. Ce fut pour sainte Philomène l'occasion d'un premier miracle : il fut impossible à Monseigneur de Potenza de rester assis sur le caisson dans lequel était le saint corps, et le voyage ne devint possible que lorsqu'on eut placé le précieux dépôt sur le devant de la voiture.

 

À Naples, on descendit les saintes reliques dans la chapelle de Don Antonio Terrès ; on ouvrit les caisses, et l'on rangea les ossements à leur place. On les couvrit ensuite d'un corps artificiel fait en carton durci. Mais, à cause de l'inhabileté des ouvriers, ce corps péchait par bien des côtés, et surtout sous le rapport de l'attitude donnée à la sainte ; les élégants habits dont on le revêtit dissimulèrent à peine ces graves défauts.

 

Le culte public de sainte Philomène commença aussitôt, et la chapelle des Terrès se trouvant trop étroite pour la foule des fidèles, on transporta le précieux dépôt dans une église de Naples, où il resta exposé pendant trois jours. Malgré le concours et la ferveur des pèlerins, il ne s'y fit point de miracles. On en sut la raison, quand on eut reporté le saint corps dans l'oratoire de la famille Terrès. Le curé de l'église Saint-Ange, où avait eu lieu l'exposition publique, avoua que, s'il s'était fait un seul miracle dans son église, il eût, de concert avec son clergé et son peuple, retenu sainte Philomène. L'absence de tout miracle fut donc un vrai miracle, et comme un signe de la volonté de Dieu qui avait résolu de faire ce don à la petite ville de Mugnano, par préférence à l'opulente cité de Naples. Dès la sortie de l'église Saint-Ange, les miracles commencèrent. Madame Angèle Rose, femme de Don Antonio Terrès, fut guérie radicalement d'une maladie incurable dont elle souffrait depuis douze ans. Un avocat, Don Michel Ulpicella, malade depuis six mois d'une sciatique rebelle à tout remède, n'eut qu'à se faire transporter à la chapelle pour recouvrer instantanément la santé. Une noble dame, affligée d'un ulcère envahi par la gangrène, met le soir sur sa plaie une relique de sainte Philomène, et le lendemain matin, quand le chirurgien arriva pour faire l'amputation, la gangrène avait disparu.

 

Cependant deux hommes robustes étaient venus de Mugnano à Naples, pour emporter le saint dépôt. Leurs compatriotes les avaient envoyés, impatients d'offrir leurs hommages à une sainte, qui se faisait précéder par des bienfaits ; car déjà sainte Philomène venait de leur obtenir une pluie abondante pour rafraîchir leurs terres desséchées.

L'un des deux porteurs venus de Mugnano, étant tombé malade, ne se traînait qu'avec peine à la suite des autres : « Prends ta part de la charge, lui dit Don François, et tu seras guéri. » Le bon paysan obéit, et sa douleur disparut. Plein de force, il s'écriait : « Oh ! Comme la sainte est légère ! Elle ne pèse pas plus qu'une plume ! » Il disait vrai. Don François ayant eu la dévotion de la porter quelque temps, fut surpris de cette même légèreté, et il la regarda comme un prodige.

 

Pendant la nuit, une colonne de lumière se forma dans l'air et éclaira la marche. Tout à coup, aux approches de Cimitilé, bourg de l'antique Nole, fameux par le martyre de saint Janvier, le corps devint si lourd, que les porteurs gémirent sous le poids ; mais quand, après minuit, apparurent quelques habitants de Mugnano, leur concours redevint inutile, la châsse ayant recouvré sa légèreté première.

Au point du jour, la foule arrivant au-devant du cortège, non seulement de Mugnano, mais encore de tous les pays voisins, on s'arrêta dans la cour d’une maison de campagne qui se trouvait sur la route, afin de satisfaire la pieuse curiosité du peuple. Le saint corps était à peine découvert, qu'un horrible ouragan fond sur la cour et menace de renverser la châsse. Mais il est repoussé par une main invisible, et il va expirer sur une montagne voisine, dont quelques arbres sont déracinés. Cet événement fut attribué par Don François à la malignité du démon, qui essayait de détruire, dans ses fondements, l'édifice de gloire que Dieu se préparait dans sainte Philomène

Arrivées à l'heureux bourg de Mugnano, les saintes reliques furent déposées sur le maître-autel de Notre-Dame-des-Grâces, C'était le 10 août 1805. La nuit suivante, un habitant du bourg, Ange Bianco, tenu au lit par une goutte cruelle, ayant promis d'accompagner le saint corps à la procession du lendemain, fut exaucé et guéri.

 

Le jour de l'octave de la Translation, pendant la messe, au moment de l'élévation, un enfant de dix ans, tellement estropié, qu'il ne pouvait même point se tenir sur ses jambes, s'échappa des bras de sa mère pour aller remercier la sainte, qui venait de le guérir subitement. Ce miracle, qui eut pour témoin tout le village, attira aux vêpres une affluence telle, que le plus grand nombre des fidèles dût rester en dehors de l'église. Dans cette foule se trouvait une femme d'Avella, tenant entre ses bras une enfant de deux ans que la petite vérole avait rendue aveugle. Les médecins de Naples avaient jugé le mal incurable. Mais la mère, pleine de foi, se fait jour à travers la foule, et, arrivée près de la châsse, elle prend de l'huile dans la lampe de sainte Philomène ; elle en oint les yeux de son enfant, et la petite incurable est sur-le-champ guérie.

Don François avait d'abord destiné la Thaumaturge à sa chapelle particulière. Mais il comprit que telle n'était pas la volonté du Très-Haut ; il laissa donc le corps à l'église de Notre-Dame-des-Grâces, où il lui fit ériger un autel. Cet autel, d'une simplicité décente, ne répondait cependant pas à la célébrité de la sainte. Les bons habitants de Mugnano, pauvres généralement, voyaient encore leurs ressources ordinaires diminuées par suite des révolutions qu'y avait apportées la France. Mais Dieu pourvut à tout.

 

Un célèbre avocat de Naples, Don Alexandre Sério, travaillé depuis longues années d'un mal interne qui allait le consumant,vint, en 1814, à Mugnano, où il avait de riches domaines. Il choisit pour son voyage l'occasion de la fête de sainte Philomène, à laquelle il avait une grande dévotion. Le jour de la fête, au lieu d'être guéri, il empira tellement, qu'on le crut près d'expirer. Alors, sa femme demanda à sainte Philomène de lui obtenir au moins la grâce de recevoir les sacrements. Un voeu suivit cette prière : elle s'engagea, au nom de son mari, à faire construire un autel de marbre dans la chapelle de sainte Philomène. Au même instant Don Alexandre recouvre l'usage de la parole ; il se confesse, et, sa confession achevée, il se trouve sans douleur, et sans les symptômes ordinaires de son mal chronique.

 

Depuis lors, le sanctuaire de Mugnano, aujourd'hui si célèbre, offre à la foule des pèlerins qui le visitent un spectacle plus consolant pour leur dévotion.

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Message  Javier Mer 16 Aoû 2017, 4:20 am

CHAPITRE IV

 

COMMENT LA CHÈRE SAINTE PHILOMÈNE NOUS RACONTA ELLE-MÊME SA VIE ET SON MARTYRE

 

 
On savait par les symboles de la pierre sépulcrale que sainte Philomène devait être honorée à la fois comme martyre et comme vierge ; l'inscription tombale avait même révélé son nom de Philomène, de sorte que notre sainte n'était plus confondue avec la foule des saints martyrs dont on honore les restes sans savoir sous quel titre les invoquer. On avait publié plusieurs recueils des prodiges opérés à Mugnano. Le concours des fidèles était grand à cet humble sanctuaire, et cependant on ne connaissait point l'histoire de la martyre ; son nom même fournissait matière à controverse, et tandis que la plupart le faisant dériver du grec, l'appelaient Bien-aimée, Don François, poussé par un mouvement intérieur, et comme malgré lui, traduisait Filomène, c'est-à-dire, fille de la lumière.

 

Toutes les incertitudes disparurent quand la sainte daigna nous raconter elle-même sa vie et les circonstances de son martyre. On verra que les révélations de la sainte martyre s'accordent parfaitement avec les différents symboles gravés sur la pierre de son tombeau.

Ces révélations ont été faites à trois personnes différentes, à un jeune artisan d'une conscience pure et d'une piété solide ; à un prêtre zélé, honoré plus tard des dignités de l'Église, enfin à une religieuse de trente-cinq ans, consacrée à Dieu dans une maison austère de Naples. Ces personnes, toutes trois irréprochables et dignes de foi, ne se connaissaient pas : jamais elles n'avaient eu entre elles aucune sorte de relation ; elles habitaient même des pays fort éloignés les uns des autres (1). Tout concourt donc à établir l'autorité de leur témoignage.

 

Pour ne pas outrepasser les bornes que nous nous sommes prescrites, et ne point nous répéter, nous laissons de côté les deux premières révélations. Elles ne font d'ailleurs que raconter l'occasion du martyre de sainte Philomène. Toutes deux nous apprennent qu'elle fut persécutée et qu'elle souffrit le martyre, pour avoir dédaigné la main de Dioclétien, qui voulait la prendre pour épouse. Philomène refusait, parce qu'elle avait fait voeu de rester toujours vierge pour l'amour de Jésus-Christ.

Il ne sert de rien de disputer aux ennemis de l'Église leurs brillantes qualités naturelles. Nous voulons bien que Dioclétien ait été l'un des plus grands empereurs ; que le monde n'ait jamais connu d'administrateur plus habile ; qu'il ait eu un tempérament porté à la douceur, et que Maximien et le sauvage Galerius aient dû lui faire violence pour lui arracher l'édit qui donna lieu à la plus sanglante des persécutions. Mais ces heureuses dispositions ne prouvent que mieux les déplorables effets d'une passion qui joue avec le sang, et cet exemple est bien fait pour nous inspirer la résolution de veiller sur nos sens et sur les mouvements de notre coeur.

 

La troisième révélation est la plus complète et la plus circonstanciée. Elle présente pour tout catholique sincère, quelque prudent soit-il, les meilleures garanties : elle n'a été publiée qu'après un rigoureux examen fait par l'autorité ecclésiastique, et quand on se fut assuré qu'elle avait tous les caractères qui distinguent les vraies révélations d'avec les fausses.

La religieuse napolitaine, dont il s'agit, avait reçu de la sainte des marques sensibles de protection ; elle avait été délivrée par son intercession de pénibles tentations de défiance et d'impureté. Sainte Philomène s'était plu ensuite à l'entretenir, dans d'intimes communications, du prix de la virginité, des fruits de la croix, et à lui donner des avis sur la direction de la communauté.

La bonne religieuse, pénétrée de ses misères, avait trop d'humilité pour se croire digne de ces grâces extraordinaires ; elle craignit même d'être le jouet d'une illusion, et se hâta de recourir à la prière et à la prudence de ses directeurs spirituels.

De son côté, sainte Philomène lui fit des révélations nouvelles, qui, cette fois, tendaient toutes à rendre son nom plus glorieux.

Un jour que la bonne religieuse faisait son action de grâces selon son habitude, devant une petite statue de sainte Philomène, il se forma en son cœur un vif désir de connaître l'époque précise de son martyre. Tout à coup, ses yeux se fermèrent malgré elle, et une voix, qui lui paraissait venir de la statue, lui adressa ces mots : « Ma chère sœur, c'est le 10 du mois d'août que je mourus pour vivre, et que j'entrai triomphante dans le Ciel, où mon divin Époux me mit en possession de ces biens éternels, incompréhensibles à l'esprit de l'homme. Aussi fût-ce pour cette raison que son admirable sagesse disposa tellement les circonstances de ma translation à Mugnano, que, malgré les plans arrêtés du prêtre qui avait obtenu mes dépouilles mortelles, j'arrivai dans cette ville, non le 5 de ce mois, comme il l'avait fixé, mais le 10 ; et non pour être placée à petit bruit dans l'oratoire de sa maison, comme il le voulait aussi, mais dans l'église où l'on me vénère et au milieu des cris de joie universels accompagnés de circonstances merveilleuses, qui firent du jour de mon martyre un jour de véritable triomphe. »

 

On en écrivit à Don François, et il reconnut la vérité de la révélation relativement aux résolutions qu'il avait prises et que nul ne connaissait.

Les directeurs de la religieuse l'excitèrent alors, pour la gloire de Dieu et de la sainte de redoubler ses instances, auprès de sainte Philomène, afin de mieux connaître d'elle les détails de sa vie et de son martyre.

Un jour qu'elle était en oraison pour obtenir cette grâce, ses yeux se fermèrent de nouveau, et elle entendit sainte Philomène lui faire le récit dont on va lire la traduction.

 

 

Histoire de sainte Philomène

 

Le père de sainte Philomène gouvernait une petite principauté, dans la Grèce, devant sans doute à l'obscurité de son pays l'indépendance qu'il avait conservée, malgré l'absorption générale des nationalités dans l'empire romain. Affligé, ainsi que son épouse, de n'avoir point d'enfants, ce prince, après avoir inutilement offert aux idoles des sacrifices et des prières, se rendit aux conseils d'un médecin de Rome, nommé Publius, qui, inspiré par l'Esprit-Saint, lui promit une postérité, s'il recevait le baptême. Le prince et son épouse s'étant faits chrétiens, eurent une fille, le 10 janvier ; ils lui donnèrent le nom de Lumena, comme ayant été le fruit de la lumière de la foi. Au baptême, elle reçut le nom de filumena, Filomène, ou fille de lumière (Filia Luminis).

 

Philomène avait treize ans, et ses parents n'avaient jamais pu se séparer d'elle, lorsqu'ils durent aller à Rome pour conjurer une guerre dont les menaçait l'empereur Dioclétien. Ils emmenèrent leur fille avec eux, et se présentèrent tous trois à l'audience de l'empereur. Durant le discours du père de Philomène, Dioclétien ne cessa d'avoir les yeux attachés sur la jeune fille ; puis il répondit, sans avoir entendu la défense du prince, que la paix lui serait garantie, qu'il mettrait même à sa disposition toutes les forces de l'empire, si Philomène devenait son épouse.

 

Le prince grec, ébloui par un honneur auquel il était loin de s'attendre, accéda sur-le-champ à la proposition de l'empereur ; quand ils furent sortis du palais impérial, les parents de Philomène firent tout ce qu'ils purent pour faire condescendre leur fille à la volonté de Dioclétien et à la leur. Mais Philomène résista constamment à leurs instances : Quoi donc, leur disait-elle, voulez-vous que pour l'amour d'un homme je manque à la promesse j'ai faite à Jésus-Christ, et il y a deux ans ? Ma virginité lui appartient, je ne saurais plus en disposer. Son père eut beau lui représenter qu'elle n'avait pu, à onze ans, contracter un engagement semblable ; il eut beau joindre les menaces aux prières, la jeune fille, aidée de la grâce de Dieu, demeura invincible.

 

Doublement désespéré et de l'obstacle qu'opposait Philomène à l'élévation de sa famille, et des conséquences terribles que ce refus pouvait avoir, tant pour son bonheur domestique que pour sa couronne, le malheureux prince, n'ayant pu faire agréer à l'empereur le retrait de sa parole, se vit contraint, par son ordre, de reconduire Philomène au palais.

Avant de s'y rendre, on tenta de nouveau d'ébranler la résolution de la jeune vierge. Elle vit son père et sa mère tomber à ses genoux, et lui dire les larmes aux yeux : Ma fille, aie pitié de ton père, de ta mère, de ta patrie, de nos sujets. - Non, non, leur répondit-elle, Dieu et la virginité que je lui ai vouée avant tout, avant vous, avant ma patrie ! Mon royaume c'est le ciel. »

 

L'empereur, à son tour, mit en œuvre les promesses, les séductions, les menaces. Enfin, le démon de l'orgueil et celui de la luxure le jetèrent dans un tel accès de colère, qu'il fit enfermer la généreuse enfant dans une noire prison, où on la chargea de chaînes. Tous les jours il allait l'y visiter ; et alors, après l'avoir fait détacher pour qu'elle pût prendre un peu de pain et d'eau, il recommençait ses attaques. Quelques unes, an témoignage de la sainte, auraient pu, sans la grâce de Dieu, devenir funestes à sa virginité. Chaque défaite que le tyran éprouvait était pour Philomène le prélude certain de supplices nouveaux. Mais elle trouvait un appui dans la prière, ne cessant jamais de se recommander à Jésus, la couronne des vierges, et à Marie, sa mère très-pure. Sa piété lui mérita une faveur signalée : elle languissait depuis trente-sept jours dans son ténébreux cachot, quand, au milieu d'une lumière céleste, elle vit Marie se présenter à elle, tenant son divin Fils entre ses bras.

 

Ma fille, lui dit-elle, encore trois jours de prison, et tu sortiras de cet état pénible. Cette nouvelle réjouit beaucoup la jeune vierge ; mais Marie ayant ajouté qu'elle en sortirait pour soutenir, dans les tourments, un combat plus terrible que les précédents, Philomène passa subitement de la joie aux plus cruelles angoisses. Mais la sainte Vierge la réconforta : « Courage, ma fille, lui dit-elle, ignores-tu l'amour de prédilection que j'ai pour toi ?... Ne crains pas, je t'aiderai... Au moment du combat, la grâce viendra te prêter sa force, et ton ange, qui fut aussi le mien, Gabriel, dont le nom exprime la force, viendra à ton secours. Je te recommanderai spécialement à ses soins, comme ma fille bien-aimée entre les autres.

 

L'événement suivit la prophétie. Dioclétien, désespérant de la vaincre par les promesses et les menaces, eut recours aux châtiments. Le premier supplice auquel il la condamna fut la flagellation. Il la fit dépouiller de ses vêtements, lier à un poteau et fouetter avec tant de violence, que le corps de l'innocente victime n'offrait plus qu'une seule plaie ; puis il la fit traîner de nouveau en prison, croyant qu'elle ne tarderait pas à y mourir. Mais deux anges vinrent, qui, versant un baume salutaire sur ses plaies, rendirent la martyre plus vigoureuse qu'avant le tourment. Le lendemain matin, l'empereur en fut informé ; il fait venir Philomène en sa présence, la considère avec stupeur : Jupiter, lui dit-il, vous veut absolument impératrice des Romains ; et joignant à ces paroles séduisantes les promesses les plus magnifiques et les caresses les plus flatteuses, il s'efforçait de consommer l'œuvre d'enfer qu'il avait commencée ; mais, aidée de l'Esprit-Saint, elle opposa aux suggestions du tyran des réponses qui le confondirent. Cet échec renouvela la fureur de Dioclétien, et l'ordre fut donné d'ensevelir la jeune fille, une ancre au cou, dans les eaux du Tibre. Mais deux anges vinrent couper la corde, et l'ancre tomba au fond du fleuve, pendant que Philomène était doucement transportée sur la rive. Ce prodige, qui eut pour témoin tout un peuple, fut la cause de nombreuses conversions. Dioclétien fit ensuite traîner sa victime à travers les rues de Rome, puis il la donna en jouet à ses archers. En peu d'instants, elle fut couverte de flèches, son sang ruisselait de toutes parts ; elle était épuisée et mourante, quand on la reporta dans son cachot. Le ciel l'y honora d'une nouvelle grâce ; elle s'endormit doucement, et, à son réveil, elle se trouva parfaitement guérie. Dioclétien l'apprend. Hé bien ! s'écria-t-il alors dans un accès de rage, qu'on la perce une seconde fois de dards aigus, et qu'elle meure dans ce supplice. Mais les archers rassemblèrent en vain leurs forces ; les flèches résistaient ou prenaient une direction contraire. Dans le paroxysme de sa fureur, le tyran fit rougir le fer des flèches dans une fournaise ardente. Cette fois, les traits partirent; mais, après avoir traversé une partie de l'espace qu'ils devaient parcourir, ils revenaient frapper ceux qui les avaient lancés. Six des archers en moururent ; plusieurs d'entre eux se convertirent, et le peuple, par ses acclamations, rendit hommage au Dieu des chrétiens. Effrayé de cette manifestation, et redoutant une émeute, le tyran voulut en finir, et fit trancher la tête de la jeune vierge. C'est ainsi que sainte Philomène cueillit la palme du martyre, qu'elle unit à la couronne de la virginité. Sa passion, comme celle du divin Maître, se termina un vendredi, à trois heures après midi.

       

(1) Peut-être quelques-uns de nos lecteurs, en lisant la légende de l'office, qui est à la fin du volume, seront-ils surpris qu'on y regrette de ne point connaître la vie de sainte Philomène, ni le genre de son martyre ; il suffit de connaître la sage circonspection de Rome pour trouver ce silence naturel. Il est bien d'autres révélations émanées des saints les plus illustres et universellement acceptées par les fidèles, sur lesquelles cependant le Saint-Siège ne s'est jamais prononcé. Voici, du reste, qui doit fermer la bouche à la critique la plus osée : le grand ouvrage italien, dont les nôtres sont extraits, porte l'imprimatur du Saint-Office. Or, ces approbations ne se donnent pas à la légère, surtout lorsqu'il s'agit de publier des révélations qui, si elles n'étaient pas la vérité la plus respectable, seraient la plus détestable des jongleries.

Quant à justifier les révélations en elles-mêmes, c'est peine perdue. Les chrétiens n'en ont pas besoin, et ceux que ce mot révolte sont de ces rationalistes que nos arguments ne sauraient convaincre. Il serait ridicule à nous d'imposer des révélations particulières à des gens qui se mêlent de critiquer l'Évangile.


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Message  Javier Lun 21 Aoû 2017, 7:07 am

CHAPITRE V

 

COMMENT LE SEIGNEUR SE PLUT À GLORIFIER SAINTE PHILOMÈNE PAR LES MIRACLES QU'IL ACCORDA À SON INTERCESSION

 

 
Le récit des miracles opérés par l'intercession de la bienheureuse vierge et martyre sainte Philomène, offre une lecture aussi curieuse qu'édifiante. Notre sainte est toute dans ses miracles : on l'a nommée la Thaumaturge du XIXe siècle.

Les auteurs, qui ont écrit sur sa vie les ouvrages les plus complets, prétendent n'avoir inséré qu’'une faible partie des faits connus. Pour nous, qui ne pouvons point sortir des limites qui nous sont tracées, nous ne ferons que citer rapidement les prodiges que nos devanciers ont racontés avec détail.

Le corps figuré, dont on avait recouvert les ossements de sainte Philomène, était trop petit ; le coloris du visage et la mauvaise disposition des dents offraient un aspect disgracieux ; l'attitude de la sainte ne paraissait même pas décente. Or, en 1814, un matin, la situation du corps se trouva tout à fait changée. Naguère il était étendu, les genoux élevés, et voilà que les genoux reposent avec décence sur le petit matelas, tandis que le reste du corps offre l’image d'une personne assise. Le visage a corrigé ses premiers traits ; le menton s'est arrondi ; les lèvres s'ouvrent avec une grâce merveilleuse, qui, jointe à l'amabilité de la physionomie et au brillant coloris des joues, flatte agréablement les yeux.

Nul ne put nier le prodige, aucune main humaine n'aurait pu remédier à tous ces défauts. Au reste, les quatre sceaux, dont l'évêque de Potenza avait fermé la chasse, étaient restés intacts, l’'unique clef de la châsse était encore à Naples, aux mains de la famille Terrès.

Les merveilles se succédèrent quand on voulut faire une nouvelle châsse. On en fit jusqu'à quatre, et toujours elles se trouvaient trop petites, le corps prenant sans cesse un miraculeux accroissement.

Au mois de juin de l'’année 1831, un grand nombre de personnes se trouvant à contempler sainte Philomène, on vit tout à coup son front s'obscurcir, et ses traits prendre une expression sévère. On se mit en prière ; c'était la prière du coeur humilié ; sur-le-champ le nuage se dissipe, la première sérénité reparaît. Sainte Philomène venait de convertir un impie. En effet, l'un des témoins déclara qu'à l'aspect de ce prodige, il venait d'ouvrir les yeux à la lumière.

Plusieurs fois il s'est aussi opéré dans les yeux de la Thaumaturge des mouvements extraordinaires, comme de regarder les personnes qui sollicitaient une faveur particulière. C'est notamment ce qui eut lieu, en 1832, à l'égard de don Alberto Testa, qu'elle délivra des graves et nombreuses infirmités auxquelles il était sujet depuis son enfance.

Le suintement de 1823 a fait trop de bruit pour que nous ne le relations pas dans ce résumé.

Le 10 août, on faisait à Mugnano, la procession d'usage avec la statue de la sainte. Chose extraordinaire ! Les porteurs ne suffirent point à la charge, et, après quelques pas, ils durent reporter la statue dans l'église. Cet événement attira les regards, et l'on remarqua une rougeur extraordinaire sur le visage de la sainte. Le lendemain, trois étrangers vinrent s'agenouiller devant la statue miraculeuse, et observèrent qu'il y avait à l'extrémité du menton un globule brillant comme le cristal. L'un d'eux se lève, y porte la main, et la retire mouillée d'une substance liquide et glutineuse, qu'il présente à ses compagnons. Ils voient ensuite sortir du visage de la statue une sueur prodigieuse ; ces gouttes formaient comme deux ruisseaux qui, se réunissant sous le menton, descendaient sur la poitrine. En même temps, les couleurs de la sainte paraissaient vivement animées, et ses yeux étincelaient d'un éclat surprenant. Don François et le curé accoururent ; cette sueur qu'ils palpèrent leur parut une substance à la fois épaisse et gluante, qui retenait et repoussait le tact. Bientôt la foule, qui envahit l'église, se mit à crier : « Miracle ! Miracle ! » On remarqua de plus qu'un ruban, qui rattachait au cou de la statue une relique de la sainte, était humecté d'une liqueur différente, plus dense et d'une odeur très suave. Ce suintement a eu pour témoin toute la population. Ce qui prouve d'ailleurs la nature de cet événement, c'est qu'il fut le point de départ de la diffusion de la dévotion à sainte Philomène jusque dans des provinces éloignées. On ne tarda pas non plus à en admirer les heureux résultats sur les cœurs : nombre de pécheurs obstinés, qui refusaient de croire aux miracles de sainte Philomène, furent convertis par ces miracles mêmes.

Partout où des autels s'élevèrent en l'honneur de la martyre, les mêmes prodiges se répétèrent ; il en fut ainsi particulièrement à Castelvétéré et à Lucéra. L'évêque de cette dernière ville se sentit vivement poussé, en 1829, à établir la dévotion à sainte Philomène dans sa cathédrale. Il espérait attirer par là les bénédictions du Ciel sur le pasteur et sur le troupeau. Un jour, ayant besoin, pour son séminaire, d'un professeur d'éloquence, il jette les yeux sur don Vincent Rodago, chanoine d'Apricéno. Celui-ci se présente pour montrer sa bonne volonté et aussi son impuissance ; la phtisie l'avait mis aux portes du tombeau. À moins que votre grandeur n'ait le don des miracles, dit le chanoine... — Non, répliqua l'évêque en l'interrompant ; mais nous avons quelqu'un qui les fera pour moi. Puis il lui remit une image que don Vincent s'appliqua avec foi sur la poitrine. Sur-le-champ il se sentit guéri, et s'écria : Monseigneur, je suis guéri.

A Naples, en 1831, sainte Philomène ressuscita un enfant qui était venu mort. Les, prières de sa mère lui méritèrent la grâce du baptême, et il vécut encore trente-cinq jours.

Parmi les miracles de sainte Philomène, on trouve de nombreuses multiplications. En voici une que tout Mugnano peut attester.

L'église était pleine de monde, et une troupe d'excellents musiciens, venus de Naples, exécutait avec beaucoup d'art un superbe motet, quand une paysanne de Sirignano vint mettre le désordre dans l'assemblée, en voulant arriver, par force, jusqu'à la lampe de la sainte, et y prendre un peu d'huile. Or, la lampe était éteinte, faute d'aliment, et l'on se préparait à rire de la déconvenue de la paysanne. Mais un miracle récompensa sa foi. Elle tira de la lampe vide un verre d'une huile parfaitement pure, et chacun put de nouveau glorifier Dieu et sainte Philomène.

Il y eut des multiplications plus merveilleuses encore, telles que celles des images de la sainte martyre et des livres écrits en son honneur. Il arriva qu'au lieu de deux cents exemplaires qu'on avait reçu, on en distribua jusqu'à cinq cents. Plus on donnait, plus le petit magasin se trouvait abondamment fourni.

Notre sainte opéra de nombreux prodiges envers de petits enfants, surtout envers les pauvres et envers de petites filles à qui l'on avait donné le nom de Philomène. Ainsi que son céleste époux, qui avait dit : Laissez venir à moi les petits enfants, sainte Philomène a une prédilection particulière pour cet âge intéressant et pur.

 

Rose de Lucia, cousine de don François, voit son enfant de huit ans expirer sous ses yeux. Elle avait toujours compté sur sainte Philomène ; mais c'en est fait, l'enfant est mort. Toutefois, dans l'amertume de son cœur, elle donne à sa foi une énergie nouvelle ; elle décroche l'image de la sainte, la jette sur le cadavre, et demande à grands cris que son fils lui soit rendu.  Au même instant, le petit mort se lève, comme s'il se réveillait, plein de vigueur et de santé.

 

Beaucoup d'autres enfants durent à la protection de sainte Philomène d'être miraculeusement préservés, soit dans des chutes, soit dans d'autres accidents où ils devaient humainement périr.

En 1830, Philomène, fille de Thomas Tedesco et d'Ursule Sério, se creva l'oeil droit avec une paire de ciseaux. Après cinq jours d'horribles souffrances, elle humecta son oeil avec l'huile de la lampe de sainte Philomène, selon le conseil que lui en avait donné don François ; elle fut immédiatement guérie.

A Viste, au pied du mont Gargan, vivait une famille aussi dépourvue des biens de ce monde, que riche des trésors de la foi. Le mari s'appelait Jean Troya, et sa jeune femme, Marie Thérèse Bovini. Celle-ci, ayant mis un enfant au jour, n'avait pas même un méchant haillon pour le couvrir. Elle n'avait rien, si ce n'est son espoir en sainte Philomène. La sage-femme, touchée d'un pareil dénuement, enveloppe la petite fille avec son propre mouchoir, et, sur l'avis de la mère, ouvre une caisse, pour y prendre une vieille bande, afin de nouer le maillot. Encore un miracle ; la caisse renfermait un joli petit trousseau, où rien ne manquait, ni pour la propreté, ni pour l'arrangement, ni même pour l'élégance. Il en sortait une odeur si suave, que l'air en était embaumé. La sainte ne s'en tint pas là : la nuit suivante, elle se présenta visiblement à Marie-Thérèse, tenant entre ses bras la petite fille et la caressant avec amour.

 

En 1832, sainte Philomène sauva un condamné à mort, Pellegrino Ruocco, frappé avec deux autres coupables par la cour spéciale d'Avellino. Sa tante invoqua la sainte avec ferveur ; puis une voix lui dit d'aller à Naples. C'était la veille du jour fixé pour l'exécution, il était soir, et il y avait trente milles d'Avellino à la capitale. Elle part cependant, et arrive à Naples au milieu de la nuit. De son côté, cette nuit-là, le condamné, qui, lui aussi, invoquait sainte Philomène, eut une vision dans laquelle la bienheureuse vierge lui promit de l'arracher des mains de ses bourreaux.

Le matin, la tante fait rédiger une supplique, et obtient une audience royale ; mais le roi n'est visible qu'à 2 heures, et à 5 heures, le coupable doit être exécuté à Avellino. Contre toute espérance humaine, la grâce est accordée ; mais voici de nouveaux obstacles : ou tarda à expédier les lettres de pardon. Quatre heures sonnaient, quand le roi se souvint et de la grâce accordée, et des lettres qui n'ont pas été expédiées. On se hâte de chercher la supplique, on ne la trouve pas. On cherche à se rappeler les noms des trois coupables, car tous trois avaient été graciés ; mais le nom d'un seul revient à la mémoire, et c'est celui de Pellegrino Ruocco. Le télégraphe joue aussitôt; il était temps ; les trois condamnés arrivaient au lieu du supplice. Deux furent exécutés ; seul, Pellegrino fut pardonné, parce que seul il avait intéressé en sa faveur la puissante Philomène.

 

Notre auteur a un chapitre très intéressant où il raconte divers traits d'une juste sévérité exercée par sainte Philomène. Nous nous bornons au récit suivant.

 

Un seigneur riche et puissant tourmentait toute sa commune par tous les genres de vexations. Il n'y avait personne qui n'eût à se plaindre de sa méchanceté. Or, un jour qu'il était absent, sainte Philomène opéra un miracle dont toute la population fut témoin. Quand le petit despote fut de retour et qu'il entendit ce récit, il se mit à crier à l'imposture et à se moquer de la sainte. Le peuple, dès lors, se crut vengé ; il se persuada, on ne sait comment, que ce malheureux ne verrait pas la fête de sainte Philomène. Le peuple, le clergé, tous le répétaient d'une commune voix. L'événement confirma la prédiction ; à quelques jours de là, ce seigneur mourut subitement, et sa mort porta des caractères visibles et frappants d'un châtiment céleste.

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Message  Javier Jeu 31 Aoû 2017, 7:09 am

CHAPITRE VI

 

DE LA MERVEILLEUSE PROPAGATION DU CULTE DE SAINTE PHILOMÈNE

 

 
Le miracle sans contredit le plus grand de tous ceux que le Seigneur a opérés en faveur de notre sainte martyre, est l'étonnante rapidité avec laquelle s'est propagé son culte. Semblable à la lumière qui, en quelques instants, franchit l'espace immense qu'il y a du ciel à la terre, le nom de sainte Philomène, surtout depuis la sueur miraculeuse de 1823, a parcouru le monde. Les livres qui parlent de ses miracles, les images où elle est dépeinte, ont été portés par de zélés missionnaires dans la Chine, dans le Japon et dans plusieurs établissements catholiques de l'Amérique et de l'Asie. En Europe, son culte va s'étendant chaque jour davantage, non seulement dans les campagnes et les bourgades, mais encore dans les cités les plus illustres et les plus populeuses. Les grands et les petits, les pasteurs ainsi que leurs ouailles, s'unissent pour l'honorer. A leur tête l'on voit des cardinaux, des archevêques, des évêques, des chefs d'ordres religieux et des ecclésiastiques recommandables par leurs dignités, leur savoir et leurs vertus. Du haut de la chaire chrétienne, les orateurs les plus éloquents publient sa gloire ; et tous les fidèles qui la connaissent, dans le royaume de Naples surtout, et dans les pays voisins, où ils se comptent par millions, lui donnent d'une commune voix le nom de Thaumaturge. Le pape Léon XII se plaît à parcourir l'ouvrage de don François de Lucia ; pénétré d'une haute admiration pour Philomène, il la proclame la grande sainte, et bénit, dans les termes les plus affectueux, les jeunes filles qui, sans quitter le monde, se vouent, sous son patronage, à la pratique de la perfection évangélique. Grégoire XVI ne dédaigne pas de bénir lui-même solennellement une de ses images, destinée à recevoir un culte public dans la capitale du monde chrétien ; il autorise dans le diocèse de Nole, dans le reste du royaume de Naples, et même dans les États-Romains, la fête de la sainte martyre, et le clergé peut en dire la messe et en réciter l'office.

 

La France a aussi une grande vénération pour notre Thaumaturge. On trouve sa statue ou son image dans beaucoup de nos églises ; dans leur confiante piété, les mères aiment beaucoup à donner son nom comme une sauvegarde à leurs petites filles ; on recherche avec empressement ses médailles, et elle est aujourd'hui le refuge de toutes les misères.

Parmi les nombreux sanctuaires dédiés, en France, à sainte Philomène, celui d'Ars, au diocèse de Belley, mérite une mention spéciale. Elle était l'amie de prédilection de ce bon M. Viannay, le vénérable serviteur de Dieu, dont le nom, déjà invoqué par les fidèles avec une inébranlable confiance, sera sans doute bientôt publiquement honoré par l'Église universelle. Il l'appelait toujours sa chère petite sainte. Il avait établi, dans son église, un pèlerinage en son honneur, et rendu son culte populaire dans toute la contrée. La sainte, de son côté, ne voulut point se laisser vaincre en générosité, de sorte qu'il y eut entre eux comme une rivalité d'humilité et de bons offices. C'est toujours à sainte Philomène que le curé d'Ars attribuait les miracles qui se faisaient chez lui ; sainte Philomène, à son tour, multipliait les merveilles à la prière du bon curé, qui s'empressait de les mettre sur son compte, et qui se fâchait quelquefois du retentissement des prodiges opérés dans sa paroisse. Sous cette double influence de vertus, l'église d'Ars était devenue le théâtre de prodiges continuels, et le Seigneur, qui est toujours admirable dans ses saints, se plaisait par eux à consoler son peuple.

 

Une sainte et noble femme, mademoiselle d'Halewyn, a fondé, à Liettres, au diocèse d'Arras, un pèlerinage fréquenté en tout temps, mais surtout pendant la neuvaine, par les fidèles de la contrée et par les catholiques populations de la Flandre. Sainte Philomène y a laissé déjà bien des marques de sa puissante protection.

Le diocèse d'Arras possède encore plusieurs sanctuaires voués à notre sainte martyre ; ce sont ceux de Notre-Dame, à Saint-Omer ; de Saint-Pierre, à Aire ; de Fruges, de Ruits et de Laires.

Enfin notre sainte vient de prendre possession de notre église de Crépy. Nous avons placé sur un de nos autels sa relique précieuse, cadeau inestimable qui nous avait été fait avec plusieurs autres, par l'un des généreux défenseurs du Pie IX, à Castelfidardo. Le souvenir d'Arthur Guillemin reportera tout naturellement notre pensée vers le Saint-Siège, et, en priant pour le bienfaiteur, nous prierons aussi pour notre bien-aimé Pontife et Père, et nous demanderons à Dieu que la glorification de sainte Philomène soit l'aurore de la paix de l'Église, comme l'avait été son martyre au IIIe siècle.

 

Si nous ne devions pas avoir d'autres lecteurs que nos paroissiens, nous exposerions ici, ad rei memoriam, le détail des scènes émouvantes dont nous avons été témoin, et des ineffables sentiments dont notre coeur déborde. Qu'il nous soit au moins permis de dire que sainte Philomène a été bien reçue à Crépy, le 10 Août 1862. Toute la paroisse s'était préparée à la fête, en suivant, malgré les difficultés de la saison, les exercices spirituels du Triduum, prêché par le R. P. Raphaël, de l'ordre des frères mineurs capucins ; le tiers de la population commença la journée du dimanche par la réception de la divine Eucharistie, et plus tard, quand la procession déploya dans les rues ses groupes gracieux, tout le pays d'alentour s'était venu joindre à la paroisse pour acclamer le triomphe de sainte Philomène.

Nous n'avons pas encore de statue, mais nous avons une belle toile, sortie des ateliers catholiques de M. Migne. Elle représente le Sacré-Coeur de Jésus, et sainte Philomène à genoux, en face du Sauveur, dans une sorte d'extase. L'artiste a su parfaitement concilier, dans l'attitude et les traits du Sauveur, la douceur et la majesté. Sainte Philomène est plus exposée à des jugements divers. C'est bien là pourtant le profil grec, correct, mais sévère ; et cette sorte de raideur, que quelques-uns voudront imputer à l'artiste, rappelle la pensée de la Minerve antique. L'auteur s'est inspiré de son sujet : une tunique blanche, symbole de la pureté virginale, et, par-dessus, une robe grecque, de couleur pourpre, symbole du martyre, composent le vêtement de la sainte. Sa tête est nimbée ; mais on entrevoit encore la guirlande qui ceint sa chevelure. Elle a les mains jointes et le regard fixé sur le Sauveur son époux. À ses pieds est une couronne renversée, et, devant elle, on voit, sur le pavé, la palme du triomphe et deux flèches disposées en sens inverse.

La combinaison de ce tableau répond bien à la double destination d'un autel qui, dédié au Sacré-Cœur de Jésus par Mgr de Pressy, offre, dans un reliquaire apparent, un ossement de sainte Philomène. Elle ne présente rien non plus de contradictoire avec ce que nous savons de la vie de notre nouvelle protectrice.

Espérons qu'à Crépy, comme partout où on lui a érigé des autels, sainte Philomène manifestera sa puissance et sa bonté par de nombreux bienfaits.

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Message  Javier Ven 01 Sep 2017, 6:14 am

CHAPITRE VII

 

COMMENT NOUS DEVONS TÉMOIGNER NOTRE DÉVOTION A SAINTE PHILOMÈNE

 

De même que le culte que nous devons à Dieu est avant tout l'adoration, c'est-à-dire l'abaissement, l'anéantissement de la créature devant le créateur, et que nous n'arrivons à l'action de grâces et à la prière qu'après l'extase d'un amour en quelque sorte désintéressé, de même, dans nos rapports avec les saints, notre premier devoir est de les honorer. Les saints méritent nos hommages, parce qu'ils occupent dans l'Église une place distinguée, et qu'ils sont devenus les amis privilégiés de Dieu.

 

Toutefois, il ne peut guère être ici question que d'une priorité logique. Nous ne voulons point dire qu'il faille s'abstenir d'invoquer un saint, de solliciter son secours dans une nécessité pressante, si l'on n'a pas eu l'occasion ou la pensée de lui rendre certains honneurs préalables. Non ; si nous avons quelque besoin, demandons, prions. La prière suppose nécessairement l'estime.

Nous nous ferons un devoir et un plaisir d'apporter notre tribut à l'autel de sainte Philomène, afin qu'il soit moins indigne d'elle ; nous entretiendrons de nos deniers l'huile de sa lampe ; nous ferons des guirlandes pour sa fête; nous chanterons ses louanges, et, élevant nos âmes vers la source de toute sainteté, nous adorerons la puissance et la bonté de Celui qui est admirable dans ses saints.

La pratique la plus solide et la moins usitée peut-être de notre dévotion envers les saints, est celle dont parle saint Augustin. Toutes les fois, dit-il, que nous honorons les martyrs, ne nous arrêtons pas à demander par leur intercession les biens temporels, mais rendons-nous dignes, en imitant leurs vertus, de la jouissance des biens éternels. Pour participer à leur joie, il faut partager leurs souffrances et suivre leurs exemples.

 

Sainte Philomène nous doit surtout servir de modèle par son courage et sa pureté. Pénétrons-nous bien des leçons qu'elle nous donne, et efforçons-nous de les réaliser nous-mêmes dans la pratique de notre vie.

En méditant sur le courage de la martyre, nous rougirons de notre faiblesse, et nous apprendrons à surmonter le respect humain. Que de chrétiens, que de jeunes personnes voudraient se séparer radicalement du monde, rompre avec ces plaisirs funestes où leur âme est toujours en danger ; demander plus souvent au sacrement de pénitence la direction et l'appui qui leur sont nécessaires ; puiser dans la réception plus fréquente de la sainte Eucharistie les forces qui leur manquent ! Et l'on n'ose point ! On craint d'être remarqué, d'être signalé. Jeunes filles chrétiennes, comparez votre faiblesse, votre lâcheté avec le généreux courage de sainte Philomène, et faites en sorte d'imiter un peu ses exemples.

Nous avons vu aussi en quelle estime elle tenait sa virginité, puisqu'elle lui sacrifia, je ne dirai pas la couronne d'impératrice, je ne dirai même pas sa vie, mais le repos, la gloire, le bonheur de ses parents ; et que, pour rester pure, elle résista, elle si douce et si tendre, aux prières et aux larmes de sa mère. Ah ! Elle comprenait bien le prix inestimable de cette belle vertu.

L'imitons-nous même de loin ! Nous savons que nous portons ce trésor dans des vases bien fragiles ; et cependant, au lieu de veiller à la garde de ses sens, de veiller sur son esprit et sur son cœur, d'avoir sans cesse l'oeil ouvert sur les trames de l'ennemi, l'on va de soi-même au-devant du péril, on court à toutes les réunions mondaines, à toutes ces occasions de plaisir, dont un honnête païen aurait soigneusement écarté sa fille, heureux encore quand on n'essaie pas d'associer, dans une sacrilège union, le Dieu des anges avec le démon de l'impureté !

Non, cette union est aussi impossible qu'elle serait monstrueuse. Si nous voulons sincèrement le salut de notre âme, si nous voulons que nos communions ne nous soient pas un jour imputées à crime, ayons efficacement en honneur la vertu de chasteté. Soyons fidèles aux promesses de notre baptême, aux serments de notre première communion, et rompons franchement avec les œuvres et les pompes de satan.

Mais, parce que notre faiblesse est très grande, et que, dans l'ordre du salut, nous ne pouvons rien par nous-mêmes, nous invoquons aussi les saints, afin d'obtenir de Dieu, par leur intercession les grâces qui nous sont nécessaires. L'invocation des saints, justifiée par l'usage de l'Église, pratiquée par les pieux fidèles, recommandée par les Pères et les docteurs, a été proclamée par le saint Concile de Trente une chose bonne et utile, pour obtenir les grâces de Dieu, par Jésus-Christ, son fils, Notre-Seigneur.

 

Nous nous adresserons donc à sainte Philomène dans nos différentes nécessités ; et puisque Dieu paraît ne pas mettre de bornes à sa puissance, nous n'en mettrons pas non plus à notre confiance, recourant à elle et demandant sa protection dans toutes nos misères, tant pour le corps que pour l'âme.

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Message  Javier Mer 06 Sep 2017, 6:15 am

PRATIQUES DE PIETE EN L'HONNEUR DE SAINTE PHILOMÈNE

 

NEUVAINE (1)

 

V. Ô Dieu ! Venez à mon aide ;

R. Seigneur, hâtez-vous de me secourir.

Gloire au Père, au Fils, et au Saint-Esprit.

Comme au commencement, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

 

Après cette invocation, on lira avec attention et piété l'une des prières qui suivent, selon le jour, et l'on terminera par la récitation du Pater, de l'Ave, du Gloria, du Credo, et par l'oraison suivante.

 

V. Priez pour nous, ô sainte Philomène,

R. Afin que nous  soyons rendus dignes des promesses de Jésus-Christ.

 

Prions

 

Nous vous supplions, Seigneur, de nous accorder le pardon de nos fautes par l'intercession de la Bienheureuse Philomène, vierge et martyre, qui vous a toujours été agréable par le mérite de sa chasteté et par le bon usage de la force que vous lui aviez donnée. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ.

 

V. Bénissons le Seigneur.

R. Rendons grâces à Dieu.

 

Ière PRIÈRE

Pour les deux premiers jours

 

Vierge très pure, très fidèle disciple de l'Évangile, et invincible Martyre de Jésus-Christ ; ornée de tant de grâces, de pureté ; enrichie d'une foi si vive et d'une force si rare, au milieu d'un monde infidèle et corrompu, et surtout à Rome, qui était le centre de l'idolâtrie, de la tyrannie et de l'infernale superstition, et qui était l'école des vices les plus monstrueux, puisque cette ville idolâtre n'était qu'un affreux amas d'erreurs et de crimes ; sainte Philomène, vous qui dans cette capitale du monde, païenne et corrompue, vous vous conservâtes dans une foi inébranlable et une inviolable pureté jusqu'au dernier soupir pour votre Époux céleste, lui sacrifiant votre vie par tant de martyres douloureux, nous vous supplions, par l'éminence de vos mérites, de nous obtenir auprès du trône miséricordieux du Père céleste le don de la persévérance dans la foi, de la pureté de l'esprit et du corps, et d'une sainte mort dans la grâce de Jésus-Christ. Ainsi soit-il.

Pater, Ave, Gloria, Credo.

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Message  Javier Ven 15 Sep 2017, 9:55 am

IIe PRIÈRE

Pour le troisième et le quatrième jour

 

Ô courageuse Martyre et très fidèle Vierge de Jésus-Christ ! Pour conserver sans tache le trésor de la pureté et de la foi en votre Dieu, vous souffrîtes d'être jetée avec une ancre au cou, dans les eaux du Tibre, dont votre céleste Époux vous préserva : nous réclamons humblement votre intercession, afin qu'au milieu des eaux, des amertumes, des anxiétés et des tribulations qui nous environnent sans cesse, nous soyons revêtus de force et pré­servés du naufrage de nos péchés et de la mort de nos âmes, et que nous ne soyons pas submergés par les eaux des tentations. Ainsi soit-il.

Pater, Ave, Gloria, Credo.

 

IIIe PRIÈRE

Pour le cinquième et le sixième jour

 

Épouse chérie et intrépide Martyre de Jésus-Christ ! Pour conserver votre virginité, votre foi héroïque vous fit endurer avec constance un supplice ignominieux en présence de tant de païens vicieux, dans les rues de Rome idolâtre. De plus, pour la gloire de la virginité et de la doctrine évangélique, vous renonçâtes aux plaisirs de la chair, aux délices et aux pompes du monde, et même à la vie de votre chaste corps. Vous souffrîtes encore la cruelle flagellation de fouets de cuirs armés d'anneaux de métal; et sous un déluge de coups meurtriers, vous fûtes couverte de plaies et vous devîntes parfaitement semblable au Sauveur que vous aimiez si ardemment. Hélas ! Nous avouons que nous sommes de misérables pécheurs, des mondains sensuels et délicats ; obtenez-nous la force nécessaire pour vivre loin de la fange du péché, et pour mourir comme vous, avec fermeté, dans la foi de l'Église romaine, dût-il nous en coûter des peines, le déshonneur et la mort même. Ainsi soit-il.

Pater, Ave, Gloria, Credo.

 

IVe PRIÈRE

Pour le septième et le huitième jour

 

Ô Vierge courageuse ! Qui défendîtes si courageusement votre virginité et la foi de Jésus-Christ, par cette joie surnaturelle et cette force invincible dont vous fîtes preuve en sacrifiant trois fois votre corps virginal, pour persévérer dans la doctrine de Jésus-Christ ; vous estimant heureuse d'être à trois reprises cruellement percée de dards, et vous enrichissant d'autant de palmes et de couronnes, que vous reçûtes de blessures mortelles pour votre céleste époux, priez pour nous qui observons si faiblement la loi de Dieu ; obtenez-nous la force nécessaire pour arriver au salut éternel, afin que nous souffrions avec une sainte résignation, les douleurs et les peines de cette vie, et que nous résistions à toutes les attaques de l'enfer. Ainsi soit-il.

Pater, Ave, Gloria, Credo.

 

Ve PRIÈRE

Pour le neuvième jour

 

Illustre Martyre et glorieuse Épouse de Jésus-Christ ! Ce Dieu sauveur, qui vous destinait une couronne éminente, ne se contenta pas des peines atroces que vous aviez endurées, il ne permit pas que vous y succombassiez ; pour multiplier vos souffrances au milieu de tant de blessures et de douleurs, il vous prolongea la vie comme un moyen d'augmenter vos triomphes et vos lauriers immortels, et vous rendit ainsi plus admirable aux yeux des esprits célestes, et plus élevée entre les glorieux martyrs. Par suite de ces divins conseils, vous fûtes de nouveau chargée de chaînes, et traduite au tribunal des tyrans de Rome ; votre angélique pureté et votre sainte foi furent mises à de nouvelles épreuves ; et vos barbares ennemis, désespérant de vaincre la constance héroïque de votre cœur, vous condamnèrent à être décapitée ; dernier supplice qui en mettant le comble à votre mérite et à votre couronne, vous introduisit triomphante et glorieuse dans le royaume de votre époux.

Nous vous supplions, en terminant cette neuvaine, de jeter sur nous un regard de charité. Daignez nous montrer, par une marque de bonté, que nos pauvres hommages vous ont été agréables, et obtenez-nous les grâces que nous désirons pour notre salut, et toutes celles dont vous voyez que nous avons besoin pour être préservés de la mort éternelle que nous avons si souvent méritée. Faites que, dans cette espérance, nous respirions dans tous nos troubles, c'est-à-dire, que votre douce charité nous anime et nous console. Nous bénissons de tout notre coeur et avec le plus profond respect la très sainte et auguste Trinité, qui vous prévint sur la terre de tant de bénédictions, qui vous orna de tant de pureté, de foi et de force, qui vous éleva à une si haute sainteté, vous soutint au milieu de vos ennemis et de si horribles supplices, et vous conduisit en triomphe à la gloire éternelle. Nous rendons encore grâces à la très pure vierge Marie, mère de Dieu, reine des martyrs, qui, comme une mère tendre, vous aida de sa puissante protection au milieu de vos tourments. Sainte Martyre, nous espérons que vous nous protégerez vous-même, maintenant que nous honorons vos mérites et votre glorieux triomphe. Ainsi soit-il.

On pourrait aussi se borner à réciter, tous les jours de la neuvaine, la prière suivante, en la faisant précéder et suivre de l'invocation et de l'oraison données plus haut.

 

 

PRIÈRE

 

Ô très sainte Philomène ! Thaumaturge de notre siècle, me voici prosterné devant ce trône auguste où la très sainte Trinité vous a placée, avec la double couronne de la virginité et du martyre ; je lève vers vous mes mains suppliantes. Quel spectacle de force et de constance ne donnâtes-vous pas au ciel, à la terre, aux anges et aux hommes, lorsque les Césars persécutaient les brebis du Sauveur, et empourpraient l'Église du sang de tant de millions de martyrs ! L'ancre pesante qu'on attacha à votre cou, les eaux mêmes dans lesquelles on vous précipita n'ébranlèrent pas un seul instant la foi que vous aviez jurée à votre céleste époux. Lorsque la main cruelle du bourreau, armée d'un fouet meurtrier, déchirait votre corps virginal, et en faisait ruisseler le sang, on ne vous vit ni pâlir, ni pleurer ; les dards, les chaînes, le glaive même qui acheva le sacrifice, et accéléra pour votre belle âme la juste possession de la gloire, ne purent abattre un seul moment l'ardeur de votre cœur généreux pour l'amant céleste qui était votre tout et vos délices. Maintenant le Seigneur, en récompense de vos peines atroces, pour la gloire de ce lis que vous conservâtes intact au milieu des épines du monde, et pour la confusion de l'impiété de ce siècle corrompu, ce Dieu magnifique a voulu vous glorifier par la puissance de votre intercession. Du levant au couchant, du midi au nord, le bruit de vos prodiges se fait entendre ; les peuples vont en foule se réfugier sous les ailes de votre protection.

C'est donc à vous, je le répète, c'est à vous, illustre Martyre, que je m'adresse ; je vous tends mes mains suppliantes. Ah ! Du haut de la céleste patrie, daignez jeter un regard sur moi votre humble serviteur (ou servante). Ô vierge pure! Ô sainte martyre Philomène ! Soulagez-moi dans mes afflictions, fortifiez-moi dans les tentations; préservez-moi dans les persécutions ! Aidez-moi dans tous les dangers, mais surtout à l'heure terrible de la mort, lorsque j'aurai à combattre toutes les puissances de l'enfer ; à ce moment redoutable et décisif d'où dépend mon éternité. Dans ces jours ténébreux protégez la sainte Église, que l'impie menace à main armée ; déjouez les desseins des méchants, et maintenez les fidèles dans l'unité de l'Église catholique. Voilà ce que je demande par votre intercession. Ainsi soit-il.

Trois fois Pater, Ave, Gloria, Credo.

 

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