SAINT AUGUSTIN — CITÉ DE DIEU — LIVRE TROISIÈME — LES ROMAINS ET LEURS FAUX DIEUX.
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Re: SAINT AUGUSTIN — CITÉ DE DIEU — LIVRE TROISIÈME — LES ROMAINS ET LEURS FAUX DIEUX.
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre III, cap. XXIV a écrit:
LIVRE TROISIÈME: LES ROMAINS ET LEURS FAUX DIEUX.
CHAPITRE XXIV.
DE LA DISCORDE CIVILE QU’ALLUMA
L’ESPRIT SÉDITIEUX DES GRACQUES.
Le signal des guerres civiles fut donné par les séditions qu’excitèrent les Gracques à l’occasion des lois agraires. Ces lois avaient pour objet de partager au peuple les terres que la noblesse possédait injustement; mais vouloir extirper une injustice si ancienne, c’était une entreprise non-seulement périlleuse, mais encore, comme l’événement l’a prouvé, des plus pernicieuses pour la république. Quelles funérailles suivirent la mort violente du premier des Gracques, et, peu après, celle du second ! Au mépris des lois et de la hiérarchie des pouvoirs, c’étaient la violence et les armes qui frappaient tour à tour les plébéiens et les patriciens. On dit qu’après la mort du second des Gracques, le consul Lucius Opimus, qui avait soulevé la ville contre lui et entassé les cadavres autour du tribun immolé, poursuivit les restes de son parti selon les formes de la justice et fit condamner à mort jusqu’à trois mille hommes d’où l’on peut juger combien de victimes avaient succombé dans la chaleur de la sédition, puisqu’un si grand nombre fut atteint par l’instruction régulière du magistrat. Le meurtrier de Caïus Gracchus vendit sa tête au consul son pesant d’or; c’était le prix fixé avant ce massacre, où périt aussi le consulaire Marcus Fulvius avec ses enfants.
Traduction par M. SAISSET, 1869.
à suivre…
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Re: SAINT AUGUSTIN — CITÉ DE DIEU — LIVRE TROISIÈME — LES ROMAINS ET LEURS FAUX DIEUX.
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre III, cap. XXV a écrit:
LIVRE TROISIÈME: LES ROMAINS ET LEURS FAUX DIEUX.
CHAPITRE XXV.
DU TEMPLE ÉLEVÉ À LA CONCORDE PAR DÉCRET DU SÉNAT,
DANS LE LIEU MÊME SIGNALÉ PAR LA SÉDITION ET LE CARNAGE.
Ce fut assurément une noble pensée du sénat que le décret qui ordonna l’érection d’un temple à la Concorde dans le lieu même où une sédition sanglante avait fait périr tant de citoyens de toute condition, afin que ce monument du supplice des Gracques parlât aux yeux et à la mémoire des orateurs. Et cependant n’était-ce pas se moquer des dieux que de construire un temple à une déesse qui, si elle eût été présente à Rome, l’eût empêchée de se déchirer et de périr par les dissensions ? À moins qu’on ne dise que la Concorde, coupable de ces tumultes pour avoir abandonné le cœur des citoyens, méritait bien d’être enfermée dans ce temple comme dans une prison.
Si l’on voulait faire quelque chose qui eût du rapport à ce qui s’était passé, pourquoi ne bâtissait-ou pas plutôt un temple à la Discorde ? Y a-t-il des raisons pour que la Concorde soit une déesse, et la Discorde non ? Celle-là bonne et celle-ci mauvaise, selon la distinction de Labéon 1, suggérée sans doute par la vue du temple que les Romains avaient érigé à la Fièvre aussi bien qu’à la Santé. Pour être conséquents, ils devaient en dédier un non seulement à la Concorde, mais aussi à la Discorde, Ils s’exposaient à de trop grands périls en négligeant d’apaiser la colère d’une si méchante déesse, et ils ne se souvenaient plus que son indignation avait été le principe de la ruine de Troie.
Ce fut elle, en effet, qui, pour se venger de ce qu’on ne l’avait point invitée avec les autres dieux aux noces de Pélée et de Thétis, mit la division entre les trois déesses 1, en jetant dans l’assemblée la fameuse pomme d’or, d’où prit naissance le différend de ces divinités, la victoire de Vénus, le ravissement d’Hélène et enfin la destruction de Troie. C’est pourquoi si elle s’était offensée de ce que Rome n’avait pas daigné lui donner un temple comme elle avait fait à tant d’autres, et si ce fut pour cela qu’elle y excita tant de troubles et de désordres, son indignation dut encore s’accroître quand elle vit que dans le lieu même où le massacre était arrivé, c’est-à-dire dans le lieu où elle avait montré de ses œuvres, on avait construit un temple à son ennemie.
Les savants et les sages s’irritent contre nous quand nous tournons en ridicule toutes ces superstitions; et toutefois, tant qu’ils resteront les adorateurs des mauvaises comme des bonnes divinités, ils n’auront rien à répondre à notre dilemme sur la Concorde et la Discorde. De deux choses l’une, en effet: ou ils ont négligé le culte de ces deux déesses, et leur ont préféré la Fièvre et la Guerre, qui ont eu des temples à Rome de toute antiquité; ou ils les ont honorées, et alors je demande pourquoi ils ont été abandonnés par la Concorde et poussés par la Discorde jusqu’à la fureur des guerres civiles.
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1. Voyez plus haut, livre II, ch. 11. ― 1. Junon, Pallas et Vénus.
Traduction par M. SAISSET, 1869.
à suivre…
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Re: SAINT AUGUSTIN — CITÉ DE DIEU — LIVRE TROISIÈME — LES ROMAINS ET LEURS FAUX DIEUX.
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre III, cap. XXVI a écrit:
LIVRE TROISIÈME: LES ROMAINS ET LEURS FAUX DIEUX.
CHAPITRE XXVI.
DES GUERRES QUI SUIVIRENT LA
CONSTRUCTION DU TEMPLE DE LA CONCORDE.
Ils crurent donc, en mettant devant les yeux des orateurs un monument de la fin tragique des Gracques, avoir un merveilleux obstacle contre les séditions; mais les événements qui suivirent, plus déplorables encore, firent paraître l’inutilité de cet expédient. A partir de cette époque, en effet, les orateurs, loin de songer à éviter l’exemple des Gracques, s’étudièrent à les surpasser. C’est ainsi que Saturninus, tribun du peuple, le préteur Caïus Servilius, et, quelques années après, Marcus Drusus, excitèrent d’horribles séditions, d’où naquirent les guerres sociales qui désolèrent l’Italie et la réduisirent à un état déplorable. Puis vint la guerre des esclaves, suivie elle-même des guerres civiles pendant lesquelles il se livra tant de combats et qui coûtèrent tant de sang. On eût dit que tous ces peuples d’Italie, dont se composait la principale force de l’empire romain, étaient des barbares à dompter.
Rappellerai-je que soixante-dix gladiateurs commencèrent la guerre des esclaves, et que cette poignée d’hommes, croissant en nombre et en fureur, en vint à triompher des généraux du peuple romain ? Comment citer toutes les villes qu’ils ont ruinées, toutes les contrées qu’ils ont dévastées ? A peine les historiens suffisent-ils à décrire toutes ces calamités. Et cette guerre ne fut pas la seule faite par les esclaves; ils avaient auparavant ravagé la Macédoine, la Sicile et toute la côte. Enfin, qui pourrait raconter toutes les atrocités de ces pirates, qui, après avoir commencé par des brigandages, finirent par soutenir contre Rome des guerres redoutables ?
Traduction par M. SAISSET, 1869.
à suivre…
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Re: SAINT AUGUSTIN — CITÉ DE DIEU — LIVRE TROISIÈME — LES ROMAINS ET LEURS FAUX DIEUX.
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre III, cap. XXVII a écrit:
LIVRE TROISIÈME: LES ROMAINS ET LEURS FAUX DIEUX.
CHAPITRE XXVII.
DE LA GUERRE CIVILE ENTRE MARIUS ET SYLLA.
Marius, encore tout sanglant du massacre de ses concitoyens, ayant été vaincu à son tour et obligé de s’enfuir, Rome commençait un peu à respirer, quand Cinna et lui y rentrèrent plus puissants que jamais. "Ce fut alors", pour me servir des expressions de Cicéron, "que l’on vit, par le massacre des plus illustres citoyens, s’éteindre les flambeaux de la république. Sylla vengea depuis une victoire si cruelle; mais à combien de citoyens il en coûta la vie, et que de pertes sensibles pour l’Etat 1 !" En effet, la vengeance de Sylla fut plus funeste à Rome que n’eût été l’impunité, et comme dit Lucain: "Le remède passa toute mesure, et l’on porta la main sur des parties malades où il ne fallait pas toucher. Les coupables périrent, mais quand il ne pouvait survivre que des coupables. Alors la haine se donna carrière, et la vengeance, libre du joug des lois, précipita ses fureurs 2"
Dans cette lutte de Marius et de Sylla, outre ceux qui furent tués sur le champ de bataille, tous les quartiers de la ville, les places, les marchés, les théâtres , les temples même étaient remplis de cadavres, à ce point qu’on n’aurait pu dire si c’était avant ou après la victoire qu’il était tombé plus de victimes.
De retour de son exil, Marius eut à peine rétabli sa domination, qu’on vit, sans parler d’innombrables assassinats qui se commirent de tous côtés, la tête du consul Octavius exposée sur la tribune aux harangues, César et Fimbria tués dans leurs maisons, les deux Crassus, le père et le fils, égorgés sous les yeux l’un de l’autre, Bebius et Numitorius traînés par les rues et mis en pièces, Catulus forcé de recourir au poison pour se sauver des mains de ses ennemis; Mérula, flamme de Jupiter, s’ouvrant les veines et faisant au dieu une libation de son propre sang; enfin on massacrait sous les yeux de Marius tous ceux à qui il ne donnait pas la main quand ils le saluaient 1.
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1. Voyez Cicéron, 3e Catilinaires, ch. 10, § 24.― 2. Lucain, Pharsale, livre II, vers 142-146. ― 1. Voyez Appien, De bell. Civil., lib. I, cap. 71 seq.; et Plutarque, Vies de Marius et de Sylla, passim.
Traduction par M. SAISSET, 1869.
à suivre…
italiques et
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Re: SAINT AUGUSTIN — CITÉ DE DIEU — LIVRE TROISIÈME — LES ROMAINS ET LEURS FAUX DIEUX.
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre III, cap. XXVIII a écrit:
LIVRE TROISIÈME: LES ROMAINS ET LEURS FAUX DIEUX.
CHAPITRE XXVIII.
COMMENT SYLLA VICTORIEUX TIRA
VENGEANCE DES CRUAUTÉS DE MARIUS.
Sylla, qui vint tirer vengeance de ces cruautés au prix de tant de sang, mit fin à la guerre; mais comme sa victoire n’avait pas détruit les inimitiés, elle rendit la paix encore plus meurtrière. A toutes les atrocités du premier Marius, son fils Marius le Jeune et Carbon en ajoutèrent de nouvelles. Instruits de l’approche de Sylla et désespérant de remporter la victoire, et même de sauver leurs têtes, ils remplirent Rome de massacres où leurs amis n’étaient pas plus épargnés que leurs adversaires. Ce ne fut pas assez pour eux de décimer la ville; ils assiégèrent le sénat et tirèrent du palais, comme d’une prison, un grand nombre de sénateurs qu’ils firent égorger en leur présence.
Le pontife Mucius Scévola fut tué au pied de l’autel de Vesta, où il s’était réfugié comme dans un asile inviolable, et il s’en fallut de peu qu’il n’éteignît de son sang le feu sacré entretenu par les vestales. Bientôt Sylla entra victorieux à Rome, après avoir fait égorger dans une ferme publique sept mille hommes désarmés et sans défense 2. Ce n’était plus la guerre qui tuait, c’était la paix; on ne se battait plus contre ses ennemis, un mot suffisait pour les exterminer. Dans la ville, les partisans de Sylla massacrèrent qui bon leur sembla; les morts ne se comptaient plus, jusqu’à ce qu’enfin on conseilla à Sylla de laisser vivre quelques citoyens, afin que les vainqueurs eussent à qui commander.
Alors s’arrêta cette effroyable liberté du meurtre, et on accueillit avec reconnaissance la table de proscription (exil) où étaient portés deux mille noms de sénateurs et de chevaliers. Ce nombre, si attristant qu’il pût être, avait au moins cela de consolant qu’il mettait fin au carnage universel, et on s’affligeait moins de la perte de tant de proscrits qu’on ne se réjouissait de ce que le reste des citoyens n’avait rien à craindre. Mais malgré cette cruelle sécurité on ne laissa pas de gémir des divers genres et de supplices qu’une férocité ingénieuse faisait souffrir à quelques-unes des victimes dévouées et à la mort. Il y en eut un que l’on déchira à belles mains, et on vit des hommes plus cruels pour un homme vivant que les bêtes farouches ne le sont pour un cadavre 1. On arracha les yeux à un autre et on lui coupa tous les membres par morceaux, puis on le laissa vivre ou plutôt mourir lentement au milieu de tortures effroyables 2.
On mit des villes célèbres à l’encan, comme on aurait fait d’une ferme; il y en eut même une dont on condamna à mort tous les habitants, comme s’il se fût agi d’un seul criminel. Toutes ces horreurs se passèrent en pleine paix, non pour hâter une victoire, mais pour n’en pas perdre le fruit. II y eut entre la paix et la guerre une lutte de cruauté, et ce fut la paix qui l’emporta; car la guerre n’attaquait que des gens armés, au lieu que la paix immolait des hommes sans défense. La guerre laissait à l’homme attaqué la faculté de rendre blessure pour blessure; la paix ne laissait au vaincu, à la place du droit de vivre, que la nécessité de mourir sans résistance.
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2. Les historiens ne sont pas d’accord sur le chiffre des morts, que les uns fixent au-dessus de sept mille et les autres au-dessous. Saint Augustin paraît avoir adopté le récit de Velleius Paterculus (livre II, ch. 28). ― 1. Voyez Florus,lib. III, cap. 21. ―2. L’homme qui subit ce sort cruel, fut le préteur Marcus Marius, parent du rival de Sylla. Voyez Florus,lib. III, cap. 21, et Valère Maxime, lib. IX, cap. 2 § 1.
Traduction par M. SAISSET, 1869.
à suivre…
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Re: SAINT AUGUSTIN — CITÉ DE DIEU — LIVRE TROISIÈME — LES ROMAINS ET LEURS FAUX DIEUX.
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre III, cap. XXIX a écrit:
LIVRE TROISIÈME: LES ROMAINS ET LEURS FAUX DIEUX.
CHAPITRE XXIX.
ROME EUT MOINS À SOUFFRIR DES INVASIONS DES
GAULOIS ET DES GOTHS QUE DES GUERRES CIVILES.
Quel acte cruel des nations barbares et étrangères peut être comparé à ces victoires de citoyens sur des citoyens, et Rome a-t-elle jamais rien vu de plus funeste, de plus hideux, de plus déplorable ? Y a-t-il à mettre en balance l’ancienne irruption des Gaulois, ou l’invasion récente des Goths, avec ces atrocités inouïes exercées par Marius, par Sylla, par tant d’autres chefs renommés, sur des hommes qui formaient avec eux les membres d’un même corps ? Il est vrai que les Gaulois égorgèrent tout ce qu’ils trouvèrent de sénateurs dans Rome, mais au moins permirent-ils à ceux qui s’étaient sauvés dans le Capitole, et qu’ils pouvaient faire périr par un long siège, de racheter leur vie à prix d’argent. Quant aux Goths, ils épargnèrent un si grand nombre de sénateurs, qu’on ne saurait affirmer s’ils en tuèrent en effet quelques-uns.
Mais Sylla, du vivant même de Marius, entra dans le Capitole, qu’avaient respecté les Gaulois, et ce fut de là qu’il dicta en vainqueur ses arrêts de mort et de confiscation, qu’il fit autoriser par un sénatus-consulte. Et quand Marius, qui avait pris la fuite, rentra dans Rome en l’absence de Sylla, plus féroce et plus sanguinaire que jamais, y eut-il rien de sacré qui échappât à sa fureur, puisqu’il n’épargna pas même Mucius Scévola, citoyen, sénateur et pontife, qui embrassait l’autel où on croyait les destins de Rome attachés ? Enfin, cette dernière proscription de Sylla, pour ne point parler d’une infinité d’autres massacres, ne fit-elle point périr plus de sénateurs que les Goths n’en ont pu même dépouiller ?
Traduction par M. SAISSET, 1869.
à suivre…
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Re: SAINT AUGUSTIN — CITÉ DE DIEU — LIVRE TROISIÈME — LES ROMAINS ET LEURS FAUX DIEUX.
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre III, cap. XXX a écrit:
LIVRE TROISIÈME: LES ROMAINS ET LEURS FAUX DIEUX.
CHAPITRE XXX.
DE L’ENCHAÎNEMENT DES GUERRES NOMBREUSES ET CRUELLES
QUI PRÉCÉDÈRENT L’AVÈNEMENT DE JÉSUS-CHRIST.
Quelle est donc l’effronterie des païens, quelle audace à eux, quelle déraison, ou plutôt quelle démence, de ne pas imputer leurs anciennes calamités à leurs dieux et d’imputer les nouvelles à Jésus-Christ ! Ces guerres civiles, plus cruelles, de l’aveu de leurs propres historiens, que les guerres étrangères, et qui n’ont pas seulement agité, mais détruit la république, sont arrivées longtemps avant Jésus-Christ, et par un enchaînement de crimes, se rattachent de Marius et Sylla à Sertorius et Catilina, le premier proscrit et l’autre formé par Sylla. Vint ensuite la guerre de Lépide et de Catulus, dont l’un voulait abroger ce qu’avait fait Sylla et l’autre le maintenir; puis la lutte de Pompée et de César, celui-là partisan de Sylla qu’il égala ou surpassa même en puissance; celui-ci, qui ne put souffrir la grandeur de son rival et la voulut dépasser encore après l’avoir vaincu; puis enfin, nous arrivons à ce grand César, (68) qui fut depuis appelé Auguste, et sous l’empire duquel naquit le Christ.
Or, Auguste, lui aussi, prit part à plusieurs guerres civiles où périrent beaucoup d’illustres personnages entre autres cet homme d’Etat si éloquent, Cicéron. Quant à Jules César, après avoir vaincu Pompée, et usé avec tant de modération de sa victoire, qu’il pardonna à ses adversaires et leur rendit leurs dignités, il fut poignardé dans le sénat par quelques patriciens, prétendus vengeurs de la liberté romaine, sous prétexte qu’il aspirait à la royauté. Après sa mort, un homme d’un caractère bien différent et tout perdu de vice, Marc-Antoine, affecta la même puissance, mais Cicéron lui résista vigoureusement, toujours au nom de ce fantôme de liberté. On vit alors s’élever cet autre César, fils adoptif de Jules, qui depuis, comme je l’ai dit, fut nommé Auguste. Cicéron le soutenait contre Antoine, espérant qu’il renverserait cet ennemi de la république et rendrait ensuite la liberté aux Romains. Chimère d’un esprit aveuglé et imprévoyant peu après, ce jeune homme, dont il avait caressé l’ambition, livra sa tête à Antoine comme un gage de réconciliation, et confisqua à son profit cette liberté de la république pour laquelle Cicéron avait fait tant de beaux discours.
Traduction par M. SAISSET, 1869.
à suivre…
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Re: SAINT AUGUSTIN — CITÉ DE DIEU — LIVRE TROISIÈME — LES ROMAINS ET LEURS FAUX DIEUX.
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre III, cap. XXXI a écrit:
LIVRE TROISIÈME: LES ROMAINS ET LEURS FAUX DIEUX.
CHAPITRE XXXI.
IL Y A DE L’IMPUDENCE AUX GENTILS À IMPUTER LES MALHEURS
PRÉSENTS AU CHRISTIANISME ET À L’INTERDICTION DU CULTE
DES DIEUX, PUISQU’IL EST AVÉRÉ QU’À L’ÉPOQUE OU FLORISSAIT
CE CULTE, ILS ONT EU À SUBIR LES PLUS HORRIBLES CALAMITÉS.
Qu’ils accusent donc leurs dieux de tant de maux, ces mêmes hommes qui se montrent si peu reconnaissants envers le Christ ! Certes, quand ces maux sont arrivés, la flamme des sacrifices brûlait sur l’autel des dieux; l’encens de l’Arabie s’y mêlait au parfum des fleurs nouvelles 1; les prêtres étaient entourés d’honneurs, les temples étincelaient de magnificence; partout des victimes, des jeux, des transports prophétiques, et dans le même temps le sang des citoyens coulait partout, versé par des citoyens jusqu’aux pieds des autels. Cicéron n’essaya pas de chercher un asile dans un temple, parce qu’avant lui Mucius Scévola n’y avait pas évité la mort, au lieu qu’aujourd’hui ceux qui s’emportent le plus violemment contre le christianisme ont dû la vie à des lieux consacrés au Christ, soit qu’ils aient couru s’y réfugier, soit que les barbares eux-mêmes les y aient conduits pour les sauver.
Et maintenant j’ose affirmer, certain de n’être contredit par aucun esprit impartial, que si le genre humain avait reçu le christianisme avant les guerres puniques, et si les mêmes malheurs qui ont désolé l’Europe et l’Afrique avaient suivi l’établissement du culte nouveau, il n’est pas un seul de nos adversaires qui ne les lui eût imputés. Que ne diraient-ils point, surtout si la religion chrétienne eût précédé l’invasion gauloise, ou le débordement du Tibre, ou l’embrasement de Rome, ou, ce qui surpasse tous ces maux, la fureur des guerres civiles ? Et tant d’autres calamités si étranges qu’on les a mises au rang des prodiges, à qui les imputeraient-ils, sinon aux chrétiens, si elles étaient arrivées au temps du christianisme ? Je ne parle point d’une foule d’autres événements qui ont causé plus de surprise que de dommage; et en effet que des bœufs parlent, que des enfants articulent quelques mots dans le ventre de leurs mères, que l’on voie des serpents voler, des femmes devenir hommes et des poules se changer en coqs, tous ces prodiges, vrais ou faux, qui se lisent, non dans leurs poètes, mais dans leurs historiens, étonnent plus les hommes qu’ils ne leur font de mal. Mais quand il pleut de la terre, ou de la craie, ou même des pierres, je parle sans métaphore, voilà des accidents qui peuvent causer de grands dégâts.
Nous lisons aussi que la lave enflammée du mont Etna se répandit jusque sur le rivage de la mer, au point de briser les rochers et de fondre la poix des navires, phénomène désastreux, à coup sûr, quoique singulièrement incroyable 1. Une éruption toute semblable jeta, dit-on, sur la Sicile entière une telle quantité de cendres que les maisons de Catane en furent écrasées et ensevelies, ce qui toucha les Romains de pitié et les décida à faire remise aux Siciliens du tribut de cette année 2 Enfin, on rapporte encore que l’Afrique, déjà réduite en ce temps-là en province romaine, fut couverte d’une prodigieuse quantité de sauterelles qui, après avoir dévoré les feuilles et les fruits des arbres, vinrent se jeter dans la mer comme une épaisse et effroyable nuée; rejetées mortes par les flots, elles infectèrent tellement l’air que, dans le seul royaume de Massinissa, la peste fit mourir quatre-vingt mille hommes, et, sur les côtes, beaucoup plus encore. A Utique, il ne resta que des soldats de trente mille qui composaient la garnison 1. Est-il une seule de ces calamités que les insensés qui nous attaquent, et à qui nous sommes forcés de répondre, n’imputassent au christianisme, si elles étaient arrivées du temps des chrétiens ? Et cependant ils ne les imputent point à leurs dieux, et, pour éviter des maux de beaucoup moindres que ceux du passé, ils appellent le retour de ce même culte qui n’a pas su protéger leurs ancêtres.
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1. Allusion à un passage de l’Énéide, livre I, vers 416-417.―1. Cette éruption de I’Etna est probablement celle dont parle Orose (Hist., lib. V, cap. 6) et qui se produisit l’an de Rome 617.―2. Ce désastre eut lieu l’an de Rome 637. Voyez Orose, lib. V, cap. 13.― 1. Voyez Orose, lib. V, cap. 11, et Julius Obsequens, d’après Tite-Live, cap. 30.
Traduction par M. SAISSET, 1869.
soulignés et
gras ajoutés.
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FIN DU LIVRE TROISIÈME: LES ROMAINS ET LEURS FAUX DIEUX.
Avec ce troisième Livre s’achève la parution de la Cité de Dieu de Saint Augustin. = https://messe.forumactif.org/t6828-cite-de-dieu-saint-augustin-table-generale-des-vingt-deux-volumes#138093
Je m’en voudrais de ne pas donner la conclusion générale de Saint Augustin sur la Cité de Dieu:
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…Il me semble, en terminant ce grand ouvrage, qu’avec l’aide de Dieu je me suis acquitté de ma dette. Que ceux qui trouvent que j’en ai dit trop ou trop peu, me le pardonnent; et que ceux qui pensent que j’en ai dit assez en rendent grâces, non à moi, mais à Dieu avec moi. Ainsi soit-il !
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https://messe.forumactif.org/t6638p30-saint-augustin-la-cite-de-dieu-livre-xxii-bonheur-des-saints-complet-table-des-matieres#120118
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DEO GRATIAS !!!
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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