Couronne d'homages offerte à la Très Sainte Vierge, et récompensée par d'insignes faveurs.
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Couronne d'homages offerte à la Très Sainte Vierge, et récompensée par d'insignes faveurs.
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Si cette petite couronne attira de telles faveurs, combien la grande couronne du Très Saint Rosaire le peut-elle !
XVIIIe MERVEILLE.COURONNE D'HOMMAGES OFFERTE À LA TRÈS-SAINTE VIERGE,ET RÉCOMPENSÉE PAR D'INSIGNES FAVEURS.•In capite ejus corona stellarum duodecim. Apoc. 12. 1.Elle a sur la tête un diadème de douze étoiles.Je veux raconter ici une grande merveille opérée par la glorieuse Vierge Marie en faveur d'un de ses dévots serviteurs ; ce sera un encouragement pour toutes les âmes qui aiment à honorer cette Reine puissante du ciel et de la terre.
Il avait coutume de la couronner chaque jour d'un diadème mystique, en mémoire de ces douze étoiles dont saint Jean vit son front orné : In capite ejus corona stellarum duodecim. Il lui adressait douze sortes de louanges qu'il avait lui-même composées en son honneur et qui lui avaient été inspirées par sa tendre piété. Chaque matin, à son lever, se mettant à genoux les bras en croix, il récitait un Pater en l'honneur de Dieu le Père ; il y ajoutait quatre Ave, en mémoire des quatre prérogatives que Dieu le Père a accordées à la sainte Vierge, savoir : sa sanctification dès le premier instant de sa Conception, le salut de l'archange Gabriel, sa fécondation par le Saint-Esprit, et la Conception du Verbe éternel. Ensuite, il disait un second Pater en l'honneur de Dieu le Fils, et le faisait suivre de quatre autres Ave, en mémoire des quatre privilèges accordés par Dieu le Fils à sa Mère, et qui sont sa virginité sans tache, sa fécondité sans corruption, sa grossesse sans incommodité, son enfantement sans douleur. Finalement, il récitait un troisième Pater en l'honneur du Saint-Esprit, et y joignait quatre Ave pour le remercier d'autant de grâces qu'il a faites à sa divine épouse, c'est-à-dire une foi très-vive des mystères, une profonde humilité qui la rendit très-obéissante, une sagesse consommée dans tous ses discours, une constance parfaite dans la vertu.
On ne saurait dire à quel point il gagna les bonnes grâces de la Vierge par ces pieux hommages ; le cœur de Marie était tout à ce fervent serviteur, et ses mains répandaient sur lui des flots de grâces, parce qu'il ne laissait point passer un jour sans lui offrir très-exactement cette couronne de prières.
Dernière édition par Roger Boivin le Mer 06 Sep 2017, 8:33 am, édité 1 fois
Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
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Re: Couronne d'homages offerte à la Très Sainte Vierge, et récompensée par d'insignes faveurs.
Or, il arriva que ce grand dévot de Marie concerta un jour je ne sais quel grand voyage, avec deux de ses amis. Déjà ils étaient fort avancés dans ce voyage, quand un matin de très-bonne heure, s'écartant de ses compagnons de route, il se retira dans un coin de l'hôtellerie pour payer à sa chère avocate le tribut ordinaire de ses hommages. Ceux-là, étant prêts à partir et ne pouvant supporter le retard, lui dirent avec impatience et chaleur que ce n'était pas le moment de prolonger ses prières et qu'il fallait plutôt profiter de la fraîcheur de la matinée pour s'avancer. Mais le serviteur de Marie, sans s'émouvoir, continua jusqu'au bout sa pratique journalière, tantôt debout, tantôt à genoux, tantôt les bras en croix. A la vue de ces cérémonies, nos voyageurs ne purent se contenir ; ils tirèrent l'un par son manteau, l'autre par le bras, et le traitant de petit saint et de faiseur de signes de croix, ils l'entraînèrent avec eux.
Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
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Re: Couronne d'homages offerte à la Très Sainte Vierge, et récompensée par d'insignes faveurs.
Vers le milieu du jour, comme ils pressaient leur marche, notre dévot resta de nouveau en arrière, s'occupant sans doute à prier. On arrive à une forêt. Une troupe de brigands tombe à l'improviste sur les deux premiers voyageurs, les dépouille et les égorge impitoyablement. Le troisième survient, ne se doutant aucunement du malheur de ses compagnons. Il est assailli à son tour par les brigands qui, les armes à la main, le menacent de mort. Dans un danger si formidable, privé de tout secours humain, il recourt à sa céleste protectrice. Elle lui inspira un parti salutaire ; ce fut de prier ces brigands pour l'amour de Dieu et de sa Mère, de lui accorder quelques instants pour aller prier à l'écart, mais sous leurs yeux, selon qu'il s'était engagé à le faire chaque jour. Il ajouta qu'il reviendrait ensuite se livrer à eux et qu'ils feraient de lui tout ce qu'il plairait à Dieu.
Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
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Re: Couronne d'homages offerte à la Très Sainte Vierge, et récompensée par d'insignes faveurs.
La Vierge, qui inspira cette demande à son bon serviteur, porta de même les brigands à y condescendre. S'étant donc écarté à la distance d'un jet de pierre, il se met à s'acquitter de sa pratique avec plus de ferveur et de confiance que jamais. A peine eut-il commencé, debout, les bras en croix à réciter son premier Pater, ô prodige ! la Reine du ciel apparaît plus brillante que le soleil, accompagnée de sainte Catherine et de sainte Lucie qui resplendissaient, elles aussi, comme des étoiles. La souveraine Maîtresse s'arrêta dans les airs au-dessus de la tête de son serviteur, sans qu'il l'aperçût ; mais les brigands virent parfaitement ce qui se passait, du lieu où ils se tenaient. Le premier Pater prononcé, ils virent donc sortir de la bouche de l'étranger une rose magnifique, que sainte Catherine recueillit sur l'ordre de la Vierge et passa à sainte Lucie. Cette dernière tenait de la main gauche un cercle d'or et de la droite un fil d'or, avec lequel elle commença à former de cette rose une couronne. L'étranger continua et récita les quatre Ave, qui produisirent également quatre roses très-blanches. Sainte Catherine fit de même que pour la première, et sainte Lucie continua pareillement à tresser sa guirlande. Il dit le second Pater et les quatre Ave suivants ; une rose couleur de pourpre et quatre autres aussi blanches que la neige lui sortirent des lèvres. Recueillies comme les précédentes, elles allèrent grossir la guirlande commencée. Il en fut de même du troisième Pater et des quatre derniers Ave. La couronne terminée se composait ainsi de trois roses rouges en l'honneur des trois personnes divines, et de douze blanches en l'honneur des douze prérogatives de Notre-Dame, à qui elle fut offerte par les deux Saintes. La Vierge, l'ayant reçue, la déposa de ses propres mains avec les marques d'une bienveillance spéciale sur la tête de son dévot serviteur, sans qu'il eût le moindre soupçon d'une faveur si insigne. Mais, encore une fois, aucun de ces détails n'échappa au regard toujours plus attentif des brigands, qu'une secrète horreur tenait comme hors d'eux-mêmes, à l'aspect de toutes ces merveilles.
Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
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Re: Couronne d'homages offerte à la Très Sainte Vierge, et récompensée par d'insignes faveurs.
Notre voyageur revenant ensuite vers eux, selon sa parole, en fut reçu avec les plus grands témoignages de respect. Les brigands, dont la curiosité était au comble, lui demandèrent quelles étaient ces Dames si belles avec qui il s'était entretenu dans la prière. Il répondit qu'il n'en avait vu aucune et encore moins tenu conversation avec elles : Comment peux-tu nier le fait, reprirent les brigands, tandis que nous avons vu de nos propres yeux trois princesses magnifiques, l'une qui avait un port de reine, les deux autres ravissantes de beauté ? Tu priais tantôt debout, tantôt à genoux, et cependant elles cueillaient de superbes roses qui te sortaient de la bouche, et dont elles tressèrent une couronne qui fut mise ensuite sur ta tête par leur Reine. Eh quoi ! tu n'en as pas senti la merveilleuse odeur ? Elles exhalaient un parfum céleste. Oh ! que tu es heureux d'avoir reçu une telle couronne !A ce discours, notre voyageur, saisi d'étonnement, leva les mains pour sentir s'il avait effectivement une couronne sur la tête. Il la tire de son front et en respire la suave odeur et reconnut aisément qu'elle était un présent de sa divine protectrice Marie.
Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
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Re: Couronne d'homages offerte à la Très Sainte Vierge, et récompensée par d'insignes faveurs.
Alors, il leur fit un récit détaillé de ses aventures. Ces deux hommes que je vois là sans vie, leur dit-il, sont mes deux compagnons de voyage. Ce matin, ils m'ont entraîné de vive force pour continuer notre voyage, sans me donner le temps de m'acquitter de mes dévotions accoutumées envers la Mère de Dieu. Donc, je les ai laissé prendre les devants, et je les suivais tout à l'aise pour réciter mes prières. Je suis tombé dans vos mains, et vous m'avez accordé la grâce de pouvoir satisfaire à ma dette de chaque jour. Si vous désirez que je vous explique le mystère de cette couronne, voici, je pense, ce qui en est. Les trois roses rouges représentent les trois Pater que j'ai récités en l'honneur de la très-sainte Trinité. Les douze roses blanches signifient les douze étoiles ou les douze principales vertus de la Mère de Dieu, que j'honore par autant d'Ave Maria, selon la vision de saint Jean l'évangéliste, qui vit la Reine du ciel couronnée de douze étoiles : In capite ejus corona stellarum duodecim. Quant aux vierges qui cueillaient et tressaient les roses, je crois que c'est sainte Catherine et sainte Lucie pour qui j'ai une dévotion particulière. Que vous seriez heureux, si comme moi, vous vous mettiez sous la protection de Notre-Dame, et si, détestant vos péchés passés, vous recouriez à la miséricorde de son divin Fils !Ces paroles furent comme autant de flèches qui pénétrèrent jusqu'au fond de ces cœurs durs, et les firent éclater en actes de contrition et en larmes de pénitence. Ils résolurent de changer de vie, et d'abandonner, non pas seulement leur infâme et criminelle profession, mais même les vanités d'un monde perfide.
Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
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Re: Couronne d'homages offerte à la Très Sainte Vierge, et récompensée par d'insignes faveurs.
En lisant ces amoureuses inventions de la plus clémente des Mères, qui ne s'enflammerait du désir de l'aimer et de la servir ! Qui ne s'écriera avec le doux saint Bernard : Totis medullis cordium, totis praecordiorum affectibus, Mariam veneremur ; quia sic est voluntas ejus qui totum nos habere voluit per Mariam. Vénérons Marie du fond de nos cœurs et de toute l'étendue de nos affections ; car telle est la volonté de celui qui a voulu nous accorder toutes les grâces par le moyen de Marie.Jacob de Voragine, et Henri Gran. Germ. Mag. Spec.in ult. append. B. Virg.
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LES MERVEILLES DIVINES DANS LES SAINTS DU MOYEN ÂGE - Par le P. G. Rossignoli, de la Compagnie de Jésus - Ouvrage traduit de l'italien par le Chanoine D.-G. Hallez, licencié en Théologie, professeur d'Éloquence sacrée au séminaire de Tournai - 1867 :https://archive.org/stream/lesmerveillesdiv00rosi#page/88/mode/2up
Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
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