Sainte Geneviève et la frayeur des Parisiens à l'approche d'Attila.
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Sainte Geneviève et la frayeur des Parisiens à l'approche d'Attila.
Le 3 Janvier
Sainte Geneviève, Patronne de Paris, n'était qu'une humble bergère, mais sa grande pureté et l'ardeur de sa prière obtinrent de Dieu de véritables prodiges. Elle délivra sa patrie des horreurs de la guerre, de la famine et de la peste ; c'est sa prière qui détourna l'invasion des Huns, à l'arrivé d'Attila sous les murs de Paris. Née à Nanterre et consacrée vierge à 14 ans par Saint Germain d'Auxerre, elle mourut le 3 janvier 512 à l'âge de 89 ans. Ses reliques reposent en l'église Saint-Étienne-du-Mont, au coeur de la grande cité qui continue [?] de la vénérer comme sa gardienne particulière. (Missel Dom Gaspar Lefebvre)
Voici un chapitre de sa vie :
Voici un chapitre de sa vie :
XFrayeur des Parisiens à l'approche d'Attila. — Ils veulent abandonner leur ville pour se mettre en sûreté. — Geneviève les détourne de ce projet. — Danger qu'elle court en cette circonstance. — Arrivée de l'archidiacre d'Auxerre, qui la sauve d'une perte assurée.
Il semblait naturel qu'Attila, après s'être emparé de Metz et des autres villes qui se trouvaient sur son passage, marchât sur Paris, qui lui offrait une proie riche et facile. Les Parisiens, croyant déjà le voir à leurs portes et désespérant de pouvoir lui résister, ne soupçonnèrent plus de salut pour eux que dans la fuite, et se hâtèrent de rassembler ce qu'ils avaient déplus précieux, afin de l'emporter avec eux dans les lieux où ils voulaient chercher un asile.
Ils étaient sur le point d'exécuter leur dessein, lorsque Geneviève, éclairée par l'esprit de Dieu, rassemble les dames de la ville, et les exhorte à se réunir pour désarmer la colère du Seigneur par les veilles, le jeûne et la prière ; elle leur rappelle que c'est par des moyens semblables qu'Esther et Judith ont désarmé autrefois le courroux de Dieu et sauvé leur peuple près de périr. Sa voix fut entendue ; un grand nombre de femmes, suivant son conseil, se renfermèrent dans le baptistère 1 pour veiller avec elle. Toutes ensemble elles disaient comme Judith : « Seigneur, que nos ennemis périssent, eux qui s'appuient sur leur grande multitude et qui se glorifient dans leurs chariots, dans leurs dards, dans leurs boucliers, dans leurs flèches et dans leurs lances, et qui ne savent pas que c'est vous qui êtes notre Dieu, vous qui dès le commencement exterminez les armées, et que votre nom est le Seigneur. Élevez votre bras comme vous avez fait autrefois ; brisez leur force par votre force ; que votre colère fasse tomber devant vous ceux qui se promettent de souiller votre sanctuaire, de déshonorer le tabernacle de votre nom, et de renverser avec leur épée la majesté de votre autel 2. » Elles disaient avec Esther : « Seigneur, assistez-nous dans l'abandon où nous sommes, puisque vous êtes le seul qui nous puissiez secourir. Le péril où nous nous trouvons est présent et inévitable. Nous avons péché devant vous, et c'est pour cela que vous nous avez livrés entre les mains de nos ennemis. Mais maintenant ils ne se contentent pas de nous opprimer par une dure servitude ; ils attribuent la force de leurs bras à la puissance de leurs idoles. Ils veulent renverser vos promesses, exterminer votre héritage, fermer la bouche à ceux qui vous louent, et éteindre la gloire de votre temple et de votre autel, pour ouvrir la bouche des nations, pour faire louer la puissance de leurs idoles et pour relever à jamais un roi de chair et de sang. Seigneur, n'abandonnez pas votre sceptre à ceux qui ne sont rien, de peur qu'ils ne se rient de notre ruine ; mais faites retomber sur eux leurs mauvais desseins, et perdez celui qui a commencé à nous faire ressentir les effets de sa cruauté. Souvenez-vous de nous, Seigneur, montrez-vous à nous dans le temps de notre affliction ; délivrez-nous par votre puissante main, et assistez-nous, Seigneur, vous qui êtes notre unique secours 3 »
Sainte Geneviève chercha aussi à persuader aux hommes que leur projet de quitter Paris était insensé, les assurant que cette ville n'avait rien à craindre, tandis que celles où ils voulaient chercher un asile seraient livrées au pillage et n'offriraient bientôt plus qu'un monceau de ruines. « Attila, leur disait-elle, ne viendra même pas attaquer Paris ; il s'en détournera pour aller porter ses fureurs d'un autre côté. Restez donc dans vos demeures, et croyez que la protection du Ciel ne vous manquera pas si vous l'implorez avec confiance. »
Quelques-uns se rendirent à ces salutaires avis ; mais le plus grand nombre se souleva contre celle qui les donnait, prétendant, dit un ancien auteur, que « c'était une sorcière qui s'efforçait d'endormir les Parisiens à leur ruine. » Aussitôt ces malheureux conspirèrent la perte de celle qui voulait les sauver. D'accord sur le but, ils ne différaient plus que sur les moyens d'exécuter leur projet criminel. Les uns, pour assouvir plus complètement leur haine, voulaient la faire périr sous une grêle de pierres ; les autres, pour en finir plus tôt avec la servante de Jésus-Christ, qu'ils traitaient de fausse prophétesse, étaient d'avis qu'on la précipitât dans la Seine.
Le péril était imminent, et Geneviève n'avait rien à opposer à la fureur de ses ennemis que son innocence et ses larmes. Mais Dieu, qui ne laisse point le faible sans appui, voulut que l'heure qui devait marquer le supplice de la sainte fût celle de son triomphe.
Il arriva en effet que, dans ce même temps, l'archidiacre d'Auxerre vint à Paris et s'informa de Geneviève. On lui dit et le conseil qu'elle avait donné, et le danger que couraient ses jours. A cette nouvelle, l'archidiacre frémit, et se hâtant d'aller trouver les ennemis de la sainte : « Que faites-vous ? leur dit-il ; vous voulez punir comme une criminelle celle que Dieu a élue dès le sein de sa mère ? Oui, Dieu l'a choisie spécialement ; ainsi nous l'avons appris de Germain, notre bienheureux évêque, et voici des eulogies 4 que je lui apporte de sa part. »
Au nom du pieux évêque d'Auxerre, la multitude, qui était pour lui pleine de vénération, et qui se rappelait comment une fois déjà il avait prouvé l'innocence de Geneviève attaquée par la calomnie, prit des sentiments tout différents de ceux qui l'animaient un instant auparavant ; et, passant des transports de la haine à ceux de l'admiration, elle se mit à célébrer à haute voix les louanges de l'humble vierge de Nanterre.
Cependant l'événement justifia la prédiction de Geneviève ; Attila, déjà prêt à fondre sur Paris, changea tout à coup de dessein et prit une autre direction, marquant partout son passage par la dévastation, en sorte que ceux qui avaient cherché leur salut dans la fuite eurent bientôt lieu de se repentir de leur conduite. Il y a dans l'Ancien Testament un fait qui a trop de ressemblance avec celui-ci pour que nous ne le rapportions pas. Lorsque Nabuchodonosor s'empara de Jérusalem sous le règne de Sédécias, un certain nombre de Juifs ne furent point transportés à Babylone, et eurent la permission de rester dans la ville conquise. Ces Juifs vinrent trouver le prophète Jérémie et lui dirent : « Recevez favorablement notre très humble supplication, et priez le Seigneur votre Dieu pour nous, pour ce petit reste de tout son peuple, en étant demeuré si peu d'une si grande multitude d'hommes, comme vous le voyez de vos propres yeux ; afin que le Seigneur notre Dieu nous découvre la voie par laquelle nous devons marcher et ce que nous devons faire. Que le Seigneur soit témoin entre nous, ajoutèrent-ils, de la vérité et de la sincérité de la parole que nous vous donnons de faire tout ce que le Seigneur votre Dieu vous aura ordonné de nous dire. »
Dix jours après, le Seigneur parla à Jérémie. Celui-ci appela les principaux officiers de guerre et tout le peuple, depuis le plus petit jusqu'au plus, grand, et il leur dit : « Voici ce que dit le Seigneur, le Dieu d'Israël, auquel vous avez voulu que je m'adressasse pour présenter vos prières devant sa face. Si vous demeurez en repos dans ce pays, je vous édifierai et ne vous détruirai point ; je vous planterai et ne vous arracherai point ; car je suis déjà apaisé par le mal que je vous ai fait. Ne craignez pas le roi de Babylone, qui vous fait trembler ; ne le craignez point, dit le Seigneur, parce que je suis avec vous pour vous sauver et pour vous tirer d'entre ses mains. Je vous ferai même trouver grâce devant lui ; il aura pitié de vous et vous fera demeurer en paix dans votre pays. Que si, refusant d'obéir à la voix du Seigneur votre Dieu, vous dites : Nous ne demeurerons point dans cette terre ; si vous répondez : Nous n'en ferons rien ; mais nous nous retirerons en Egypte, où nous ne verrons point la guerre, où nous n'entendrons point le bruit des trompettes, où nous ne souffrirons point la faim, et nous y demeurerons en paix : écoutez maintenant sur cela la parole du Seigneur : L'épée que vous craignez tant vous surprendra dans l'Egypte, la famine qui vous donne tant d'inquiétude s'y attachera à vous, et vous y mourrez. »
« Tous ceux qui se seront opiniâtres à se retirer en Egypte pour y demeurer mourront par l'épée, par la famine et par la peste ; il n'en demeurera pas un seul, et nul n'échappera aux maux que je ferai tomber sur eux 5. »
La chose arriva comme le prophète Jérémie l'avait prédit.------
1. Il était situé dans l'ancienne église appelée depuis Saint-Jean-le-Rond, près Notre-Dame, et qui servait elle-même de baptistère à la cathédrale.
2. Judith IX, 9, 10, 11.
3. Esther XIV.
4. Les eulogies étaient des présents de choses bénites qu'on s'envoyait en signe d'union et d'amitié. Cette pieuse institution a été remplacée par le pain bénit, qui se distribue tous les dimanches.
5. Jerem. XLII.
VIE DE SAINTE GENEVIÈVE : https://www.archive.org/stream/viedesaintegenev00dsds?ref=ol#page/54/mode/2up
Roger Boivin- Nombre de messages : 13221
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