Refuge des pécheurs, priez pour nous.

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Message  Louis Lun 10 Oct 2016, 9:59 am

« Je brûle à présent en enfer. »

Nous lisons dans la vie du B. Richard de Sainte-Anne : « II arriva dans la ville qu'il habitait (l'historien contemporain ne la cite pas, mais nul doute que ce ne fût Bruxelles), il arriva que deux étudiants, dissolus et scandaleux, projetèrent de se rendre avec quelques compagnons dans une maison de débauche. Ils  y passèrent une partie notable de la nuit. L'un des deux dit à son compagnon : « Retournons, j'en ai assez. —  Et moi, pas encore », lui répondit l'autre. Le premier le quitte, s'en retourne à son appartement, et, sur le point de se coucher, se souvient de l'hommage quotidien qu'il rendait à la sainte Vierge. Bien qu'il fût plus disposé à dormir qu'à prier, il s'acquitta de sa pratique de dévotion tant bien que mal.

A peine est-il couché qu'il entend frapper à la porte de sa chambre. Une deuxième, une troisième fois, il entend des coups sans vouloir ouvrir, quand, soudain, la porte demeurant close, il voit entrer son compagnon de débauche qu'il venait de laisser dans la maison de scandale. A son aspect, il demeure muet, tant il est saisi d'étonnement. « Me reconnais-tu ? » lui demande l'infortuné, après un moment de silence. « En vérité, à voir votre figure et à entendre votre voix, vous êtes le compagnon que j'ai quitté tout à l'heure; mais votre apparition si soudaine et si surprenante m'en faisait douter. » Le mystérieux visiteur pousse un long soupir. — « Sache, dit-il, que tandis que nous nous vautrions dans la boue de nos impudicités, dépouillant toute crainte de Dieu, Satan nous intentait un procès au tribunal divin, et réclamait contre nous deux une sentence de damnation. Le Souverain Juge lui accorda cette sentence, et il ne s'agissait plus que de l'exécuter, mais la Vierge, ton avocate, s'est interposée en ta faveur, d'autant plus qu'à ce moment-là même, tu t'es mis en devoir de l'invoquer. Aussi ton jugement est différé, mais le mien est exécuté, car, au sortir de cette maison où j'ai commis mes crimes, le diable m'a étouffé et, m'arrachant l'âme du corps, m'a entraîné en enfer où je brûle à présent ! » Ce disant, il découvre son sein et le montre rongé de vers et dévoré par le feu. Alors, laissant après lui une horrible puanteur, il disparut.

Le jeune homme était dans la stupeur et demeura à demi mort à ce spectacle. Revenu à lui, il se prosterna contre terre, rendit grâces à son auguste Avocate, pleura amèrement ses égarements et promit de s'amender sérieusement désormais.

Au moment même, il entend la cloche sonner les Matines de minuit au couvent voisin des Frères Mineurs (1), et faisant de graves réflexions jusqu'au matin sur le genre de vie de ces anges de la terre qui prient et expient pour les autres, il projette de s'y rendre à la pointe du jour. A peine fit-il clair qu'il y courut, et se jetant aux pieds du Père Gardien, lui raconta l'événement et sollicita avec insistance la faveur d'être admis dans l'Ordre.

On résolut d'abord d'aller contrôler le fait dans le lieu où il s'était passé. On y trouva, en effet, le corps du malheureux, hideux, repoussant, gisant par terre. On le traîna à la voirie pour y être enfoui comme le cadavre d'un animal.

Le jeune converti fut ensuite reçu dans l'Ordre de Saint-François, y donna de rares exemples de vertu et particulièrement de dévotion envers la sainte vierge Marie.

Cet événement arriva en 1604; le bienheureux Richard, qui avait alors dix-neuf ans, en fut, dit-il, spectateur, et c'est lui-même qui en fit plus tard le récit au Père d'Andreda, théologien de la Compagnie de Jésus, qu'il rencontra en Espagne.

Tel fut l'aiguillon qui le stimula et le détermina à devenir Frère-Mineur Récollet. Il reçut l'habit franciscain en cette même année 1604 au couvent de Nivelles. Il fut martyrisé au Japon en 1622.

Ce trait est cité par le P. Bouvier dans la vie du Bienheureux, qu'il publia cinquante ans seulement après son martyre. Le P. Sébastien Bouvier, né à Fosses, dans la province de Namur, mourut au couvent des Récollets, à Namur, le 3 avril 1681.

Vie du Bienheureux Richard de Sainte-Anne d'Ham-sur-Heure, des Frères Mineurs, martyrisé au Japon, par le P. Bouvier, retouchée et complétée par le P. Lejeune, C. SS. R.; Société de Saint Augustin, 1899; ch. 2, p. 20 et suiv.

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(1) Ce couvent était situé à l'emplacement actuel de la  Bourse.

Extrait de Personne n'est-il revenu de l'Enfer ?, par l’abbé F. Chatel, Librairie I. De Lannoy, Bruxelles, 1922.

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Message  Louis Mar 11 Oct 2016, 4:34 pm

Refuge des pécheurs, priez pour nous.  Page_f10

.Bonjour à tous,

Pour la source, cliquez sur l'image en haut à gauche.


Bonne lecture à tous.


Refuge des pécheurs, priez pour nous.  Litani11

Légende de la gravure.

Refuge des pécheurs, priez pour nous.  Page_412

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REFUGIUM PECCATORUM, ORA PRO NOBIS.

II est dans la nature de l'homme d'appréhender grandement de paraître devant celui qu'il sait avoir offensé, fût-ce même pour lui témoigner son repentir et lui demander grâce, surtout si le coupable est notablement inférieur et s'est montré fort ingrat envers un bienfaiteur signalé. Ah ! quel soulagement, quelle consolation pour lui, quand un ami commun, un ami dévoué, influent, vient lui offrir son heureuse entremise, et faciliter sa réconciliation !

Mais si c'est la mère elle-même de celui dont il sent le besoin de solliciter la clémence, qui daigne interposer en sa faveur son puissant crédit auprès d'un Fils plein de tendresse pour elle, quelle joie ! quel bonheur !

Pécheurs, qui que vous soyez, bénissez, bénissez la divine Marie qui vient, avec une bonté merveilleuse, se placer entre vous et son adorable Fils, dont vous avez méconnu les bienfaits incomparables, l'amour infini, dont vous avez audacieusement offensé la majesté suprême. Ah ! sans doute, vous êtes trop coupables envers lui. Si vous ne regardez que le Dieu Sauveur que vous avez pu, hélas ! tant outrager, ne serez-vous pas tentés de fuir « devant la face de « l'Agneau 1, » devant «  le lion vengeur de la tribu de Juda 2, » et de vous précipiter dans l'abîme du désespoir?.... Mais voilà que son auguste Mère ouvre sur vous des yeux pleins de douceur et de miséricorde, et qu'elle invoque en votre faveur le souvenir des jours bénis où l'Homme-Dieu reposait dans ses bras, comme pour la rendre dépositaire du trésor infini de ses grâces. Fussiez-vous mille fois plus coupables, prenez courage : elle est assez puissante pour obtenir votre pardon, et sa bonté la porte à le demander.

Peut-elle ignorer tout ce que le cœur de son divin Fils renferme de miséricorde ineffable pour les infortunés enfants d'Adam qui se font esclaves du péché? Ah ! jamais, sur la terre, nul ne leur témoigna un aussi tendre intérêt que Jésus : il le poussa si loin que ses ennemis lui en faisaient un sujet de reproche et d'accusation 3. Mais sa douce Mère n'est-elle pas entrée dans ses sentiments d'une manière plus intime que toute autre créature? et, en montant au ciel, n'a-t-elle pas emporté dans le sein du bonheur ce cœur si bon et toujours si sensible à la perte des âmes, rachetées par un sang dont elle connaît tout le prix ? « Sa miséricorde, dit saint Bonaventure, n'a fait que s'accroître avec sa gloire ; maintenant qu'elle règne avec Jésus, cette commisération est d'autant plus grande, que Marie voit plus à découvert le malheur des hommes 1 » qui méconnaissent l'admirable mystère de la rédemption.

Aussi, les saints docteurs…


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1. Apoc. vi, 46. — 2. Apoc.,v,5. — 3. Matt., ix, 11; — Luc, vu, 34. — 1. In Specul. B. Virg . c. 5.

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Message  Louis Mer 12 Oct 2016, 6:51 am

.
REFUGIUM PECCATORUM, ORA PRO NOBIS.

(suite)

Aussi, les saints docteurs, en parlant de sa bonté compatissante envers les pécheurs, l'exaltent-ils, pour ainsi dire, sans mesure. Saint Éphrem l'appelle « la plus puissante ressource de tous les pécheurs, le port assuré de tous ceux qui ont fait naufrage 2 Vous êtes leur unique espoir, ô Marie ! s'écrie saint Augustin 3 ! Qu'il ne soit plus fait mention de votre miséricorde, dit saint Bernard, j'y consens, si jamais quelqu'un peut dire l'avoir en vain implorée 4 ! O Marie! dit encore saint Bonaventure, le pécheur, fût-il devenu le rebut du monde entier, ne vous fait point horreur; mais vous l'accueillez avec une tendresse maternelle, et ne le quittez point que vous ne l'ayez réconcilié avec son redoutable juge 5. »

Admiration, louange, bénédiction éternelle à Dieu, qui a ouvert à la misère si profonde du pécheur un si précieux asile ! Confiance, confiance sans bornes, confiance constante en Marie, et quand nous la prions pour le pardon de nos péchés, et quand nous la prions pour la conversion de nos frères, et quand nous la prions pour la guérison de nos infirmités spirituelles. Confiance encore, et sans bornes, et constante, quand le découragement ou même le désespoir menace de ruiner nos saintes résolutions et notre bon vouloir pour la vertu ; écrions-nous alors avec l'Église : « Salut, ô Reine, ô mère de miséricorde ! O notre vie ! « O notre douceur ! O notre espérance 6 ! »

Comme l'apôtre saint Pierre, dans un ravissement d'esprit, vit jadis une foule d'animaux impurs aux yeux de la loi judaïque, purifiés par la puissance du Seigneur, et retirés dans le ciel 1 , ainsi nous voyons, ô Marie! avec admiration, une multitude d'âmes que le crime n'avait que trop souillées, converties par votre intercession, lavées de leurs crimes, et « conduites au port du salut éternel 2 » Ah ! vous êtes vraiment, pour les plus grands pécheurs, un asile bien plus sûr que ne le fut jadis « la forteresse de Bethsura pour ceux qui avaient abandonné la loi du Seigneur 3 ; » plus sûr que l'autel qu'Adonias tenait embrassé pour échapper au ressentiment du roi Salomon 4. Que de fois, oh ! que de fois le juste juge, désarmé par votre favorable entremise, a pu vous dire comme David à Abigaïl : « Sans vous, aujourd'hui, « j'aurais frappé de mort ce coupable 5 ! » Que de fois vous avez bien voulu « vous souvenir du faible « tribut d'hommages que vous avaient offert des cœurs « trop dignes d'être comparés à la pécheresse Rahab ou aux enfants de Babylone 6, » et les sauver de l'éternel abîme ! Multipliez, ô Marie ! multipliez sans cesse les traits de votre bonté admirable pour tant d'aveugles et d'insensés, qui courent à leur malheur éternel ; ils sont, par les liens étroits de la charité chrétienne, comme « des membres de nous-mêmes 7, » et c'est pourquoi nous vous disons :


Refuge des pécheurs, priez pour nous !
Refugium peccatoram, ora pro nobis !

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2. De laudib. B.V.—3. Serm. de Annuntiat. — 4. Serm. de Assumpt. — 5. In Psalt. — 6. Salv. Reg. — 1. Actes des Ap., x. — 2. Ps. cvi, 30. — 3. Machab., x, 44. — 4. III Rois, 1, 50. — 5. I Rois, xxv, 33. — 6.  Ps. LXXXVI, 4. —7. 1 Cor., xii, 27.


FIN.

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