Méditations sur la Vie de Jésus-Christ, par S. Bonaventure.
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Re: Méditations sur la Vie de Jésus-Christ, par S. Bonaventure.
.Jour du Sabbat ou Samedi.
CHAPITRE LXXXIV.
Méditation sur Marie et ses compagnes pour le jour du samedi.
Or, le matin du jour du sabbat, Marie et ses compagnes demeurent avec Jean en la maison, les portes fermées. Elles sont affligées et tristes comme des orphelines que la mort d'un père a abreuvées de douleur. Elles ne parlent pas ; mais assises ensemble, elles se rappellent ce qui s'est passé, se regardant les unes les autres, comme à la dérobée, ainsi qu'il a coutume d'arriver à ceux qui sont en proie à une peine vive et à une grande calamité. Or, on vint frapper à la porte, et elles furent remplies d'une grande crainte, car tout leur inspirait de l'effroi et leur sécurité les avait abandonnées.
Cependant Jean alla à la porte, et, regardant qui c'était, il reconnut Pierre, et dit : « C'est Pierre. » Et Marie répondit : « Ouvrez-lui. » Pierre entra donc couvert de confusion, sanglotant amèrement et versant des larmes. Alors tous recommencèrent à pleurer, et l'excès de leur chagrin ne leur permit pas de prononcer une parole.
Ensuite arrivent successivement les autres Disciples, aussi les yeux baignés de pleurs. Enfin leurs gémissements étant calmés, ils commencent à s'entretenir de leur Seigneur.
Pierre dit donc : « Je rougis de honte en moi-même ; je ne devrais point ouvrir la bouche en votre présence, ni même oser me montrer aux regards de qui que ce soit, après avoir abandonné et renié de la sorte mon Seigneur qui avait pour moi tant d'amour.»
Les autres Apôtres s'accusaient de même, en frappant des mains et avec effusion de larmes, d’avoir abandonné ainsi leur très-doux Seigneur.
Alors Marie prend la parole et dit : « Le bon Maître, le Pasteur fidèle s'est séparé de nous, et nous sommes demeurés comme des orphelins. Mais j'ai l'espérance assurée que nous le reverrons bientôt. Vous savez que mon Fils est bon et qu'il vous aimait tendrement. N'ayez donc aucun doute qu'il ne vous réconcilie avec lui, et qu'il ne vous pardonne volontiers tout ce que vous pouvez avoir commis d'offenses ou de fautes envers lui. Par la permission de son Père, la fureur déchaînée contre lui a été si terrible et l'audace des méchants a tellement prévalu que vous n'eussiez pu lui être d'aucun secours, même en demeurant avec lui. Ainsi ne vous troublez donc pas.»
Et Pierre de répondre : « C'est bien vrai, ma Mère, les choses se sont réellement passées comme vous le dites ; car moi, qui n'en ai vu que le commencement, j'ai été tellement frappé de crainte dans la cour de Caïphe, que c'est à peine si je croyais qu'il me fût possible d'échapper, et que j'ai renié mon Seigneur. Je ne me suis rappelé les paroles par lesquelles il m'avait prédit ce malheur qu'après qu'il m'eut regardé. »
Alors Madeleine demande à Pierre ce qu'il lui avait prédit, et il lui répond en racontant tout ce qui avait rapport à son reniement, et il ajoute qu'il leur dit beaucoup d'autres choses pendant la Cène, touchant sa Passion.
Marie reprend aussitôt : « Je voudrais bien entendre le récit de tout ce qu'il a dit et fait pendant la Cène. »
Alors Pierre fait signe à Jean de répondre à cette demande. Jean commence donc et raconte tout ce qui a eu lieu ; et ensuite les Disciples se redisent mutuellement, non-seulement ce qui s'est passé dans la Cène, mais aussi les autres actions faites par le Seigneur, rapportant tour-à-tour ce qu'ils en savent. C'est ainsi qu'ils passent tout le jour en s'entretenant de lui. Oh ! avec quelle attention Madeleine écoutait tout ! Mais avec quelle attention plus grande encore Marie prêtait l'oreille ! Combien de fois, au milieu de ces récits, s'écria-t-elle: « Que béni soit mon Fils Jésus !»
Regardez-les donc attentivement, et compatissez-leur…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Méditations sur la Vie de Jésus-Christ, par S. Bonaventure.
.Jour du Sabbat ou Samedi.
CHAPITRE LXXXIV.
Méditation sur Marie et ses compagnes pour le jour du samedi.(suite)
Regardez-les donc attentivement, et compatissez-leur, car ils furent, durant tout ce jour, dans une grande affliction, ou plutôt dans une affliction extrême. Quel spectacle, en effet, que de voir la Reine du ciel et de la terre, les Princes des Églises et de tous les peuples, les Chefs de toute l'armée divine, remplis d'effroi, enfermés dans une petite maison, ne sachant que faire, si ce n'est se fortifier mutuellement en s'entretenant des actions et des paroles de leur très-doux Seigneur! Pour Marie, elle avait l'âme calme et en paix, car elle conservait l'espérance inébranlable de la résurrection de son Fils ; et la foi demeura intacte en elle en ce jour du Sabbat. C'est pour cela que ce jour lui est consacré. Elle ne pouvait cependant goûter aucun sentiment de joie à cause de la mort de son très-doux Fils, Jésus-Christ.
Le soir étant venu, après le coucher du soleil, alors qu'il fut permis de travailler. Marie Madeleine et l'autre Marie s'en furent acheter des aromates, pour en composer des parfums. Le soir précédent, en revenant de la sépulture du Seigneur, elles avaient commencé leurs préparatifs jusqu'au coucher du soleil, et ensuite elles étaient demeurées en repos ; car il fallait observer le sabbat depuis le coucher du soleil du vendredi jusqu'au coucher du soleil du samedi.
Considérez-les soigneusement : elles s'avancent, le visage triste, à la manière des veuves, s'arrêtent en quelque boutique, peut-être en celle d'un ami du Seigneur, qui leur portait compassion et était prêt à satisfaire volontiers à leurs désirs. Elles demandent donc des aromates et choisissent, autant qu'elles peuvent, les meilleurs, en soldent le prix et s'en vont afin de composer sans retard des parfums pour leur Seigneur.
Remarquez attentivement avec quelle humilité, quelle dévotion, quelle fidélité, elles travaillent pour leur Maître bien-aimé, en versant des larmes abondantes et soupirant amèrement. Marie et les Apôtres les regardent, peut-être même leur viennent en aide. Enfin, leur travail terminé, elles demeurent en repos durant la nuit. Tel est le sujet de votre méditation, pour le jour du Sabbat, sur Marie, ses compagnes et les Disciples.
Maintenant s'offre à notre méditation ce que le Seigneur a fait le jour même du Sabbat…
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Louis- Admin
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Re: Méditations sur la Vie de Jésus-Christ, par S. Bonaventure.
.CHAPITRE LXXXV.
Méditation sur Jésus descendant aux Enfers le jour du Samedi.
Maintenant s'offre à notre méditation ce que le Seigneur a fait le jour même du Sabbat. Aussitôt après sa mort, il descendit aux Enfers vers les saints de l'Ancien Testament, et il y demeura avec eux. Dès ce moment, ils jouirent de la gloire, car la vue du Seigneur est une gloire parfaite.
Considérez donc et remarquez quelle a été sa bénignité de descendre aux Enfers, quelle a été sa charité, son humilité. Il pouvait envoyer un Ange en ces lieux délivrer ses serviteurs et les faire paraître devant lui où il eût voulu ; mais son amour infini ne l'eût pas permis, son humilité ne l'eût pas souffert. Il est donc descendu lui-même, lui, le Seigneur de toutes choses, non plus pour visiter des serviteurs, mais des amis ; et il est demeuré là, avec eux, jusqu'au dimanche, un peu avant l'aurore. Pensez bien à ces choses, admirez-les et vous efforcez de les imiter.
Or, à son arrivée, les saints Pères tressaillirent de joie et furent remplis d'une allégresse immense; toute peine disparut; ils firent entendre des louanges et des cantiques eu sa présence. Et ces louanges vous pouvez les méditer de cette façon.
Représentez-vous ces saints personnages, comme s'ils avaient leurs corps, dans l'état où ils seront après la résurrection. Représentez-vous, de la même manière, l'âme très-douce de Jésus-Christ, notre Seigneur.
Aussitôt donc qu'ils pressentirent son arrive très-salutaire, ils allèrent à sa rencontre avec !a joie la plus vice, s'exhortant mutuellement et disant : « Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël, qui a visité son peuple et opéré sa rédemption. — Levez vos têtes, parce que votre rédemption est proche. — Lève-toi, lève-toi, Jérusalem ; romps les liens qui enchaînent ton cou; voilà le Seigneur qui vient briser nos chaînes. — O princes, élevez vos portes; élevez-vous, portes éternelles, et le Roi de gloire fera son entrée. — O Christ ! nous vous adorons ; nous vous bénissons, ô Dieu plein d'amour ! » Et, se prosternant, ils l'adorèrent avec une grande joie et avec une vive allégresse.
Considérez comme ils l'environnent avec respect, tressaillement de bonheur, et la félicité peinte dans tous leurs traits; comme ils redisent tous ces chants en sa présence. C'est dans ces louanges, ces cantiques, ces jubilations qu'ils demeurèrent jusqu'au jour du dimanche, au lever de l'aurore. Là aussi se trouvait la multitude des Anges, se joignant aux accords de leur joie.
Alors le Seigneur prit tous ces saints, les tira des Enfers au milieu de l'allégresse la plus éclatante, et, marchant devant eux glorieusement, il les plaça dans le Paradis de délices. Après être demeuré quelque temps à partager leur bonheur, en la société d'Élie et d’Hénoch qui le reconnaissaient, il leur dit : « Il est temps que je ressuscite mon corps ; il faut que je m'en aille et que je le reprenne. » Et tous, se prosternant, lui dirent : « Allez, Seigneur, Roi de gloire, et revenez bien vite, s'il vous plaît, car nous avons le désir le plus grand de voir votre corps très-glorieux. »
Vous voyez donc ce que vous pouvez méditer en ce jour du Sabbat, qui précède la résurrection, sur le Seigneur, sa Mère, ses Disciples et les saints Pères. Mais, comme j'ai parcouru toute la Passion du Sauveur sans aucune citation, de peur que votre esprit ne se tournât à autre chose qu'à cette même Passion, j'ai cru qu'il serait bon maintenant de vous rapporter quelques passages, afin de vous exciter à méditer avec plus de ferveur et de dévotion les choses qui nous occupent. Écoutez donc, selon notre coutume, saint Bernard en quelques-unes de ses sentences :
« Vous devez votre vie tout entière à Jésus-Christ…
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Louis- Admin
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CHAPITRE LXXXV.
Méditation sur Jésus descendant aux Enfers le jour du Samedi.(suite)
Écoutez donc, selon notre coutume, saint Bernard en quelques-unes de ses sentences :
« (1) Vous devez votre vie tout entière à Jésus-Christ, nous dit-il, parce qu'il a sacrifié sa vie pour vous, et enduré des tourments amers, afin que vous n'eussiez point à subir des tourments éternels.
« En effet, quand même je verrais se réunir devant moi tous les jours des enfants d'Adam, tous les jours des siècles à venir, les travaux de tous les hommes qui ont été et qui sont maintenant, ce ne serait rien en comparaison de ce qu'a souffert ce corps si admirable et si étonnant par les vertus célestes dont il fut orné, par sa conception du Saint-Esprit, sa naissance d'une Vierge, l'innocence de sa vie, l'abondance de sa doctrine, l'éclat de ses miracles, la manifestation de ses sacrements. Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant sa vie est élevée au-dessus de la nôtre, et cependant il l'a sacrifiée. Et comme le néant ne peut être mis en comparaison avec ce qui existe, ainsi notre vie ne peut souffrir aucune proportion avec la sienne ; car l'une ne saurait être plus estimable et l'autre plus remplie de misère. Lors donc que je lui offre tout ce qui est en mon pouvoir, c'est moins que si je comparais une étoile au soleil, une goutte d'eau à un fleuve, une pierre à une montagne, un grain à un amas énorme de blé.
« Non, l'anéantissement de Jésus ne fut pas un anéantissement ordinaire ou de peu de valeur, mais il s'est anéanti jusqu'à se faire chair, jusqu'à mourir, jusqu'à être attaché à une croix. Qui pourra peser dignement quelle humilité, quelle mansuétude, quel amour il a fallu pour que le Dieu de majesté se revêtît de la chair, reçût une sentence de mort, et subit le déshonneur de la Croix ?
« Quelqu'un dira peut-être : Le Créateur ne pouvait réparer son œuvre sans cet abaissement. Je dis qu'il le pouvait, mais qu'il a mieux aimé choisir l'humiliation, afin que le plus abominable et le plus odieux des vices, l'ingratitude, ne pût trouver en l'homme aucun motif de s'établir. Il s'est soumis à des fatigues nombreuses assurément, mais c'était afin de constituer l'homme redevable d'un grand amour envers lui; c'était afin que la difficulté de son rachat avertît de l'obligation de la reconnaissance celui que la facilité de sa création avait laissé trop peu dévoué. Que disait, en effet, l'homme ingrat après avoir été créé ? C'est, il est vrai, sans aucun mérite de ma part que j'ai reçu l'existence, mais c'est aussi sans fatigue et sans peine pour mon Créateur. Il a parlé, et j'ai commencé à exister comme le reste des créatures.
« Mais la bouche de ceux qui proféraient l’iniquité…
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1. Serm. 1 sup. cant.
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Louis- Admin
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.CHAPITRE LXXXV.
Méditation sur Jésus descendant aux Enfers le jour du Samedi.(suite)
« (1) Mais la bouche de ceux qui proféraient l’iniquité a été fermée. Maintenant, ô homme, on voit avec une lumière plus brillante que la lumière du jour, combien le Très-haut a dépensé pour toi. Il n'a pas dédaigné de Seigneur se faire esclave, de riche devenir pauvre, de Verbe être chair, de Fils de Dieu être appelé Fils de l'homme.
« Souviens-toi que si tu as été fait de rien, tu n'as pas été racheté de rien. Le Seigneur a créé l'univers en six jours, et toi avec l'univers. Mais, pour accomplir notre salut, il lui a fallu trente années entières de séjour sur cette terre. Oh ! comme il s'est fatigué en supportant les besoins de la chair, les tentations de l'ennemi des hommes! N'a-t-il pas aggravé tout cela par l'ignominie de la Croix? N'a-t-il pas mis le comble à tout par l'horreur de sa mort?
« (2) O bon Jésus! sur toute chose le calice que vous avez bu, ce calice, l'œuvre même de notre rédemption, vous rend aimable à mon cœur. C'est vraiment par là que le Seigneur enchaîne notre amour tout entier ; c'est par là, dis-je, qu'il attire avec plus de suavité notre dévotion, qu'il l'exige avec plus de justice, qu'il l'impose plus étroitement, qu'il l'enflamme de plus d'ardeur. C'est dans cette œuvre que le Sauveur a travaillé prodigieusement, et la création même du monde entier n'a demandé à son Créateur rien de semblable. Car alors il a dit et tout a été fait ; il a commandé et tout a été créé (1). Mais dans l'accomplissement de cette œuvre, il a trouvé des contradictions à ses paroles, des observateurs de ses actions, des dérisions en ses tourments, des injures en sa mort.
« (2) Pour comble de tendresse, Jésus-Christ a livré son âme à la mort, et de son côté il a tiré le prix de notre satisfaction par lequel il devait apaiser son Père. Ainsi il mérité qu'on lui appliquât ce verset : La miséricorde habite dans le Seigneur, et on trouve en lui une rédemption abondante(3)
« Oui, elle est vraiment abondante, car ce n'est pas une goutte, mais ce sont les flots de tout son sang qui se sont écoulés par cinq parties de son corps. Qu'a-t-il dû faire pour vous qu'il n'ait pas fait ? Il a éclairé l'aveugle, délivré celui qui était dans les chaînes, retiré celui qui était dans l'erreur, réconcilié le coupable. Qui ne courra volontiers et avec empressement à la suite de celui qui délivre de l'erreur, dissimule nos aveuglements, nous offre les mérites de sa vie et nous assure des récompenses par sa mort? Quelle excuse apportera celui qui ne court point à l'odeur de ses parfums? Peut-être dira-t-il que cette odeur n'a point pénétré jusqu'à lui. Mais le parfum de vie qu'elle renferme s'est répandu dans le monde entier; car la terre est toute pleine des miséricordes du Seigneur, et sa compassion s'est étendue sur toutes les œuvres de ses mains (1). Celui donc qui ne s'empresse pas à sa suite, celui-là, dis-je, est mort ou corrompu.
« L'Épouse ne rougit point de cette noirceur…
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1. Ps. 62. — 2. Serm. 20 sup. cant. — 1. Ps. 32. — 2. Serm. 22 sup. cant. — 3. Ps. 119. — 1. Ps. 36.
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Louis- Admin
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CHAPITRE LXXXV.
Méditation sur Jésus descendant aux Enfers le jour du Samedi.(suite)
« (2) L'Épouse ne rougit point de cette noirceur qu'elle sait avoir été portée d'abord par son Époux , car quelle gloire pour elle de lui ressembler ! Rien n'est donc plus glorieux que de porter l'opprobre de Jésus-Christ. Voilà pourquoi il vous est donné d'entendre ce cri d'allégresse véritable et de salut : [/i]Loin de moi de me glorifier autrement que dans la Croix de Jésus-Christ, notre Seigneur[/i] (3). » L'ignominie de la Croix est chère à qui n'est pas ingrat envers celui qui y fut attaché. C'est de la noirceur, il est vrai, mais c'est l'expression, c'est la ressemblance du Seigneur.
« Allez au saint prophète Isaïe et il vous dira comment il l'a vu en esprit. Quel autre que lui a-t-il appelé un homme de douleurs, un homme qui connaît les souffrances, et en qui l'on ne trouve plus ni beauté ni éclat ? » Et il ajoute : « Nous l'avons considéré comme un lépreux, comme un homme frappé de Dieu et plongé dans l'humiliation. Or, il a été percé de plaies pour nos iniquités ; il a été brisé pour nos crimes, et c'est par ses meurtrissures que nous avons été guéris (4)... »
« Enfin, il s'est fait lui-même péché, et je craindrais de dire qu'il est noir !... Regardez-le : il est vraiment déshonoré par les haillons dont il est revêtu, livide à force de plaies, souillé de crachats et couvert de la pâleur de la mort. Que pouvait rencontrer de plus difforme et de plus noir l'œil du spectateur, que celui qui était entre deux voleurs, les mains étendues sur la Croix, objet de dérision pour les méchants et de larmes amères pour les fidèles. Seul, il était le terme des moqueries, lui qui seul pouvait inspirer la terreur et qui seul méritait d'être déshonoré (1).
« (2) La pierre est le refuge des hérissons; et où le faible trouvera-t-il un repos assuré et sans crainte, si ce n'est dans les plaies du Sauveur ? J'habite en ces lieux avec d'autant plus de sécurité que je le sais plus puissant à me sauver. Le monde frémit, mon corps m'accable, le démon me tend des pièges, et je ne tombe pas, car je suis établi sur la pierre ferme. J'ai commis de grandes fautes ; ma conscience en sera dans le trouble, mais elle ne sera pas renversée, parce que je me souviendrai des blessures du Seigneur; je me souviendrai qu'il a été percé de plaies pour mon iniquité. Qui sera tellement sous les coups de la mort qui ne puisse être sauvé par Jésus-Christ?
« Les clous nous crient, les blessures nous annoncent que Dieu est vraiment dans le Christ, qu'il y est se réconciliant le monde. Le fer a transpercé son âme, et il s'est approché de son cœur, afin que dès ce jour il sache compatir à nos infirmités. Le secret de son cœur nous est manifesté par les blessures de son corps ; le mystère est dévoilé ; les entrailles de la miséricorde par lesquelles le soleil levant est venu des hauteurs célestes pour nous visiter, sont mises à découvert. Et pourquoi ses entrailles n'apparaîtraient-elles point à travers ses blessures ? Comment, Seigneur, pourriez-vous nous montrer avec plus d'éclat que par ces mêmes blessures, que vous êtes plein de charité et de douceur, et que vos miséricordes sont innombrables ? Personne, en effet, eut-il jamais une miséricorde plus grande que celle qui porte à sacrifier sa vie pour ceux qui sont voués et condamnés à mort?»
Saint Bernard dit encore ailleurs :…
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2. Serm. 25 sup. cant. — 3. Gal., 6. — 4. Ps. 53.— 1. Serm. 28. — 2. Serm. 61.
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Louis- Admin
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.CHAPITRE LXXXV.
Méditation sur Jésus descendant aux Enfers le jour du Samedi.(suite)
Saint Bernard dit encore ailleurs : « Méditez la Passion de ce corps crucifié, et voyez s'il y a quelque chose en lui qui ne soit pas une prière à Dieu le Père. C'est pour vous que cette tête divine, chargée d'épines innombrables, en est transpercée profondément et cruellement, tandis qu'on les y enfonce avec fureur. Ce peuple, dit le Seigneur par son Prophète; m'a environné des épines de ses péchés.
« Afin que votre tête ne fût point en proie à la douleur, afin que votre volonté ne fût point blessée, ses yeux ont été voilés des ténèbres de la mort, ces flambeaux qui éclairent l'univers se sont éteints pendant quelque temps. N'est-ce pas lorsqu'ils s'obscurcirent que les ténèbres couvrirent la face de la terre ; et ces deux grands flambeaux ne disparurent-ils pas avec les autres? Or, tout cela est arrivé afin que vos yeux se détournent pour ne point voir la vanité, ou pour ne point s'y laisser attirer dans le cas où elle les aurait frappés. »
« Ces oreilles qui, dans les cieux, entendent ce cantique : « Saint, saint, saint, est le Seigneur le Dieu des armées, » ont entendu sur la terre ces paroles : « Vous êtes possédé du démon ; » et ces autres : « Crucifiez-le, crucifiez-le (1). » Et pourquoi? Afin que vos oreilles ne fussent pas insensibles au cri du pauvre, afin qu'elles ne s'ouvrissent pas à de vains bruits, et qu'elles ne se laissassent point souiller par le venin de la détraction.
« Cette face si belle, la plus belle parmi celles des enfants des hommes, a été souillée de crachats, meurtrie de soufflets, vouée aux dérisions et aux moqueries. Car c'est ainsi qu'il est écrit : « Ils se mirent à cracher sur lui, à lui frapper le visage et à se jouer de lui, en disant : Prophétise qui l'a frappé (2). » Pourquoi tout cela? Afin que votre face fût illuminée; qu'étant illuminée, elle fût affermie, et qu'on pût dire de vous : « Son visage n'a plus été dans la suite sujet à des changements continuels (3).»
« Cette bouche qui enseigne les Anges et instruit les hommes, qui a dit, et tout a été fait ; cette bouche a été abreuvée de fiel et de vinaigre; et cela afin que votre bouche parlât la vérité et la justice ; afin qu'elle confessât le Seigneur son Dieu.
« Ces mains, qui ont fondé les Cieux, sont étendues sur la Croix ; elles sont percées de clous aigus; et c'est afin que vos mains s'étendent vers l'indigent ; afin que vous puissiez dire avec le Psalmiste (1) : « Mon âme est sans cesse dans mes mains. » Ce que nous portons dans nos mains, nous le mettons difficilement en oubli; ainsi celui qui applique son âme aux bonnes œuvres, ne saurait l’oublier.
« Ce cœur, dans lequel sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science de Dieu, a été ouvert par la lance du soldat, afin que votre cœur fût purifié de ses pensées mauvaises, afin qu'étant purifié, il fût sanctifié, et qu'il persévérât en cet état de sainteté.
« Ces pieds, dont nous devons adorer l'escabeau, parce qu'il est saint, ont été cruellement percés et attachés à la Croix, de peur que vos pieds ne se hâtassent dans les sentiers du mal ; afin qu'ils fussent rapides dans la voie des commandements. Que dirai-je de plus? Ils ont percé mes mains et mes pieds, et ils ont compté tous mes ossements (2) !
« Pour vous, il a sacrifié son corps et son âme, afin de posséder votre corps et votre âme ; enfin, en donnant tout, il a acquis un droit à tout. »
« O mon âme! réveille-toi…
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1 Joan. 7-19. — 2. Mat., 26. — 3.I Reg., 1. — 1. Ps. 118. — 2. Ps. 21
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CHAPITRE LXXXV.
Méditation sur Jésus descendant aux Enfers le jour du Samedi.(suite)
« (3) O mon âme! réveille-toi donc maintenant et secoue cette poussière : contemple cet homme que le miroir des paroles évangéliques te montre comme présent à tes yeux.
« Considère attentivement, ô mon âme, quel est celui qui entre. Il est semblable à un roi, et néanmoins il est couvert de confusion comme le plus méprisé des esclaves. Il s'avance orné d'une couronne; mais cette couronne elle-même est pour lui un tourment, et sa tête si belle est déchirée par des épines nombreuses. La pourpre royale le revêt ; mais, loin de l'honorer, cette pourpre le rend méprisable. Il porte le sceptre en main, mais sa tête vénérable est meurtrie des coups de ce sceptre. On se prosterne devant lui pour l'adorer, on l'acclame comme un roi; mais en même temps on s'élance contre lui, on couvre de crachats sa figure si pleine d'amabilité ; ses joues sont meurtries par les soufflets, et son cou si honorable est déshonoré.
« Vois, ô mon âme, comment cet homme est oppressé et méprisé de toute manière. On lui ordonne de se courber sous le fardeau de la Croix et de porter son ignominie au lieu de son supplice. On l'abreuve de myrrhe et de fiel, on l'élève en Croix, et il dit : « Mon Père, pardonne-leur ; ils ne savent ce qu'ils font. »
« Quel est-il cet homme qui, dans toutes ses angoisses, n'a pas ouvert une fois la bouche pour faire entendre une plainte ou une excuse, une menace ou une accusation contre ces chiens maudits, mais seulement pour laisser tomber sur ses ennemis, à ses derniers moments, sur des ennemis aussi injustes, une parole de bénédiction telle qu'on n'en avait jamais entendu une semblable depuis le commencement du monde? Quand donc as-tu vu, ô mon âme, une mansuétude qui égalât la sienne, une bénignité qui pût lui être comparée ?
« Considère-le encore plus attentivement, et tu comprendras combien il se montre digne d'une admiration suprême et de la compassion la plus tendre. Regarde-le nu et déchiré de blessures, au milieu de voleurs , ignominieusement attaché à la Croix avec des clous barbares, abreuvé de vinaigre sur cette Croix, après sa mort, le côté percé d'un coup de lance, et répandant des ruisseaux abondants de sang des cinq plaies de ses pieds, de ses mains et de son côté. O mes yeux! versez des torrents de larmes; fonds-toi, ô mon âme, dans l'ardeur de ta compassion, en voyant l'anéantissement de cet homme si digne d'amour, et l'accablement de ses douleurs joint à une mansuétude sans exemple.
« Regardez, ô Père très-saint, de votre sanctuaire et des hauteurs de votre céleste demeure, et contemplez cette victime vénérable que vous offre, pour les péchés de ses frères, notre Grand-Pontife, votre saint Enfant, Jésus-Christ, notre Seigneur, et laissez-vous toucher de compassion sur la multitude de nos perversités. Voici que le sang de Jésus-Christ, notre frère, crie vers vous du haut de la Croix : « J'ai été couronné de gloire et d'honneur. » « Maintenant il est placé à la droite de votre Majesté pour supplier en notre faveur, car il est notre chair et notre frère.
« Abaissez vos regards, Seigneur, sur la face de votre Christ, qui s'est rendu obéissant à votre volonté jusqu'à subir la mort. Que ses cicatrices soient sans cesse présentes à vos yeux, afin que vous vous souveniez quelle satisfaction vous avez reçue de lui pour nos Péchés. Ah ! plût à Dieu que dans la même balance fussent pesés et ces péchés qui ont allumé votre colère, et les calamités dont votre Fils innocent a été victime pour les expier! Celles-ci l'emporteraient sans contredit, et il vous paraîtrait d'autant plus juste de répandre vos miséricordes sur nous que ces calamités ont eu pour but d'empêcher que votre colère, enflammée par nos péchés, n'en suspendit le cours. Que toute langue, ô Seigneur, vous rende grâces à la vue de cette bonté excessive qui vous a porté à ne point épargner le Fils unique de votre tendresse, mais à le livrer pour nous à la mort, afin qu'en lui nous eussions auprès de vous, dans les Cieux, un avocat d'une fidélité inaltérable.
« Et vous, Seigneur Jésus, zélateur plein de courage, quelles actions de grâces, quels remerciements dignes de vous pourrai-je vous offrir, moi qui ne suis qu'un homme, moi cendre et poussière, moi vil amas de boue? Qu'avez-vous dû faire pour mon salut que vous n'ayez fait ? Depuis l'extrémité des pieds jusqu'au sommet de la tête, vous vous êtes plongé tout entier dans les eaux de la tribulation, afin de m'arracher tout entier à leur abîme. Les grandes eaux ont pénétré jusqu'à votre âme, car vous l'avez sacrifiée afin de me rendre la mienne, qui était perdue.
«Voilà que je suis engagé vis-à-vis de vous par une double dette, et pour ce que vous m'avez donné, et pour ce que vous avez perdu à cause de moi. Je vous suis redevable pour la vie que vous m'avez donnée deux fois : une fois par la création, une autre fois par la rédemption. Que pourrai-je trouver qui soit plus digne de vous que cette vie même ? Je ne le sais pas. Mais pour votre âme dont le prix est inestimable, pour votre âme ainsi livrée à la tribulation, qu'est-ce que l'homme vous offrira qui mérite de lui être comparé? Je l'ignore. Quand il serait en mon pouvoir de vous sacrifier le ciel, la terre et toutes leurs splendeurs, assurément je n'atteindrais en aucune sorte la mesure de ce qui vous est dû. Pour vous rendre ce que je vous dois, dans les bornes de ce qui m'est possible, il faut, Seigneur, que je l'obtienne de votre munificence. Je dois vous aimer de tout mon cœur, de tout mon esprit, de toute mon âme, de toutes mes forces, et m'attacher à marcher sur vos traces ; mais comment cela s’accomplira-t-il, si ce n'est par vous? Mon âme s'attache donc à vous, puisque toute vertu dépend de vous. »
Telles sont les paroles pleines de suavité et de magnificence que le bienheureux Bernard, suivant son aimable coutume, a répandues sur la Passion du Seigneur. Prenez garde de ne point les recevoir en vain; mais, animée par un tel langage, appliquez-vous à la considération de cette Passion de tout votre cœur et de toute l'étendue de vos affections; car tout en elle l'emporte sur ce que vous pourriez méditer sur la vie même du Seigneur. — Maintenant arrivons à sa résurrection.
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3. Ce qui suit, jusqu'à la fin du chapitre, est tiré de S. Anselme, in spec. Evang. serm., c. 12.
Note de Louis : Pour demain, permettez-moi, avant de passer à la Résurrection de Notre-Seigneur (Méditation LXXXVI), d’insérer, in extenso, une belle réflexion de S. Bonaventure sur les 7 Paroles du Christ. Bien à vous.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Méditations sur la Vie de Jésus-Christ, par S. Bonaventure.
Note de Louis : Voici, in extenso, une belle réflexion de S. Bonaventure sur les 7 Paroles du Christ.
Dimanche, nous reprendrons avec la Résurrection de Notre-Seigneur. Bien à vous.
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Le jour du dimanche, de grand matin…
Dimanche, nous reprendrons avec la Résurrection de Notre-Seigneur. Bien à vous.
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†LES SEPT PAROLES
DE JÉSUS EN CROIX.Première Parole.
Jésus, hostie, sacrifice, bienfait et grâce de salut; Jésus, confiance assurée, refuge inébranlable : pour racheter le genre humain de sa captivité, pour anéantir les crimes dont nous étions coupables, pour nous unir à Dieu et nous combler de ses dons, vous n'avez point refusé de souffrir les chaînes, les fouets, les meurtrissures. Vous avez accepté la croix et ses ignominies, ses tourments et ses plaies. Et alors qu'elle vous recevait, alors que vos ennemis frémissaient contre vous, que le marteau frappait et que les clous déchiraient votre chair, que la douleur se faisait sentir plus atroce, que votre sang adorable coulait en abondance, que la souffrance vous oppressait et que votre angoisse s'aggravait, vous avez supplié votre Père de pardonner à vos ennemis, à ceux qui vous attachaient ; vous l'avez conjuré en faveur de leur ignorance, et vous lui avez dit : Mon Père, pardonnez-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font 1.Prière.
O douce patience ! ô mansuétude ineffable, clémence infinie, bénignité sans limites ! Comme une brebis pleine de douceur, vous ne laissez échapper aucune plainte ; comme une mère pleine de tendresse, vous excusez l'injure dont on vous couvre ; comme l'âme dont la bonté est inépuisable, vous gardez toute votre bienveillance ; comme celui dont la volonté est d'une tendresse sans bornes, vous ne mettez en avant que la miséricorde. L'espérance de nos cœurs se tourne vers vous ; vers vous montent nos soupirs, vers vous coulent nos larmes, vers vous s'élèvent nos désirs, et nous crions avec confiance : Seigneur, daignez nous pardonner.
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1. Luc, 23.Seconde Parole.
Jésus, auteur de tout pardon, consolation de ceux qui pleurent ; Jésus, gloire de notre repentir, espoir des pénitents : alors que, suspendu sur la croix, vous étiez associé au supplice de deux scélérats, l'un d'eux s'élevait contre vous, vous blasphémait injurieusement, et vous disait 1 : « Si tu es le Fils de Dieu, sauve-toi et nous sauve en même temps ; exerce à ton égard la puissance que tu montras en sauvant les autres. » L'autre le reprenait, lui montrait sa folie, se déclarait coupable et vous suppliait en disant : « Souvenez-vous de moi lorsque vous serez parvenu en votre royaume, en ce royaume plein de douceur, lorsque vous vous montrerez roi. »
Et vous, Seigneur, qui aimez le repentir et y attirez les cœurs par votre grâce, vous ne vous êtes point contenté de lui promettre un souvenir, mais vous l'avez assuré de votre gloire, et vous lui avez dit : « Oui, je vous le promets, vous serez avec moi dans la gloire. »Prière.
O charité empressée de mon Dieu ! miséricorde diligente, libéralité sans retard, munificence vraiment prompte, c'est vers vous que s'élance notre ferveur, vers vous que se tourne notre pensée, devant vous que nous confessons nos fautes et que nous ouvrons le fond de nos cœurs.
Nous vous supplions avec confiance, vous qui, seul, êtes sans péché et pur de tout crime, et nous vous disons : Souvenez-vous de nous, Seigneur, dans votre patience.
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1. Luc, 23. — id., id.Troisième Parole.
Jésus, lumière éclatante, Roi de gloire, Fils de Dieu et Fils de l'homme ; Jésus, fleur de la pureté virginale. Fils de la Vierge Marie ; cette Vierge très-sainte, cette Vierge accablée d'amertumes, cette Mère pleine d'amour et brisée par tant de douleurs, votre Mère bien-aimée, qui entoura votre enfance de soins si diligents se tenait inondée de ses larmes et anéantie par ses sanglots au pied de votre croix, vous y voyait suspendu, contemplait vos tourments, et, dans l'excès de son affliction, elle semblait prête à défaillir.
Mais vous, Seigneur vous avez abaissé un regard sur cette Mère dans les pleurs, en proie à l'amertume, votre Mère vénérable, digne de la suprême béatitude ; vous avez considéré votre Disciple bien-aimé, ce Disciple si digne de votre amour, Jean, le serviteur fidèle de Dieu, l'homme dont la vie est demeurée sans tache, et votre parole s'est adressée, pleine de douceur et avec un accent prophétique, à Marie et à Jean ; vous avez recommandé tendrement votre Mère au Disciple, et vous avez dit : Femme voilà votre Fils ; et ensuite au Disciple : Voilà votre Mère 1.Prière
Oh ! quel changement ! quel partage inégal ! quelle désolation ! quelle tristesse profonde pour une mère, alors que pour soutien c'est le Disciple qui lui est donné à la place du Maître, alors qu'au lieu de Dieu c'est un homme qui devient son appui ; qu'au lieu du Roi, c'est un simple serviteur qui demeure à Marie ! Et moi aussi ô Jésus ! je me recommande humblement à votre grâce, et je m'abandonne pour toujours à votre providence, afin qu'aidé des prières que la Vierge vous adressera pour moi avec amour, je puisse être en tout temps à l'abri des orages du péché.
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1. Joan., 19.Quatrième Parole.
Jésus, vertu, sagesse du Père incréé; Jésus, force et soutien de toute créature : par votre puissance admirable vous aviez multiplié les pains ; avec une force non moins grande, faible enfant, vous aviez conduit l'étoile qui guidait les Mages ; vous aviez rappelé les morts à la vie, vous aviez opéré des merveilles sans nombre, vous aviez guéri les malades, vous aviez tiré le monde du néant, vous aviez chassé les démons par la terreur de votre parole, vous aviez, au jardin des Olives, renversé vos ennemis par la force de cette même parole ; et voilà que vous êtes attaché à la croix pour obéir à votre Père ; voilà que vous êtes, par sa volonté, en proie aux angoisses ; voilà que, pour accomplir ses ordres, vous êtes enchaîné et vous souffrez comme un criminel, et qu'il ne vous permet point de faire usage de votre puissance pour vous soustraire aux tourments. Alors, vous inclinant sous le poids des douleurs qui vous oppressent, vous faites entendre un cri, et vous dites, en pleurant, d'une voix lamentable : Eli, Eli, lamina sabachtani, c'est-à-dire Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné 1 ?Prière.
O ! cri miraculeux, qui opère le salut du monde ? O cœur innocent et humble ! Vous pleurez les peines méritées par nos crimes ; la compassion m'entraîne vers vous ; je sens que vous souffrez pour moi ; je me prosterne devant vous, je mêle mes pleurs aux vôtres ; et ces pleurs me sont avantageux : ils me consolent ; ils seront pour moi une source de récompense et de joie éternelles.
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1. Mat., 27.Cinquième Parole.
Jésus, dont le souvenir est si doux et dont l'amour pénètre d'ardeur ; Jésus, ma tendre confiance, vous qui êtes la nourriture qui réjouit mon âme ; alors qu'étendu sur l'autel de la croix, vous accomplissiez, en vous immolant, la rédemption des hommes, le monde vous contemplait nu et dépouillé comme un objet de spectacle ; la terre faisait entendre contre vous un cri de mort ; vos ennemis vous lançaient leurs injures ; vos proches vous fuyaient ; les clous perçaient vos membres; vos nerfs se contractaient sous l'excès de la douleur ; vos plaies se gonflaient ; votre sang coulait à grands flots ; votre chair devenait palpitante ; vos forces s'épuisaient. Alors, Seigneur, vous avez été embrasé d'une soif dévorante, d'une soif qui languissait d'amour, d'une soif désireuse des vertus et avide de notre salut. Vous avez dit avec tendresse i : J'ai soif 1 : je désire la foi chez tous les hommes, je soupire après leur salut, et je m'offre encore à de nouveaux tourments, afin de l'obtenir.Prière.
O soif vraiment salutaire qui ne demandez que notre amour ! ô soif intime du cœur qui brisez nos ardeurs perverses ! Faites, ô mon Dieu, que j'aie soif de vous, que je brûle de cette soif, que je fuie la soif du mal, jusqu'à ce que j'arrive à la fontaine de vie, que je m'y désaltère, que j'y sois heureux pour toujours, et, qu'entré dans la sainte patrie, j'y contemple mon Dieu à jamais.
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1. Joan. 19.Sixième Parole.
Jésus, notre rédempteur, sauveur de tous les hommes ; Jésus, notre amour, salut de ceux qui croient ; alors que vous accomplissiez avec un zèle ardent par le mystère de la Croix l'œuvre de notre rachat, afin d'être ainsi notre libérateur ; alors que vous vous soumettiez au supplice pour nous en arracher, consommant le sacrifice de votre chair et de votre sang, en même temps que le combat terrible qui devait mettre le sceau à notre paix ; terminant la course passagère de cette vie fugitive et achevant le grand acte de notre rédemption, au moment où l'heure de la mort approchait, où la vie vous abandonnait, où vous touchiez au terme de vos souffrances, et où tout allait se trouver conduit à sa fin, pour exprimer toutes choses en un mot, vous vous écriâtes 1 : Tout est consommé ! En effet, Jésus est crucifié, l'Agneau est immolé, son sang est répandu, le prix du salut est payé, le démon est vaincu, la guerre est terminée, la sentence de condamnation est détruite et l'homme est racheté.Oraison.
O bon Jésus ! bonté suprême qui êtes notre justice ô vrai Jésus, vérité souveraine qui êtes notre science ; ô doux Jésus ! charité ineffable et notre rédemption ; ô saint Jésus ! sainteté sans tache et notre sanctification consommez en nous la grâce, consommez la justice, consommez notre conscience, consommez notre joie.
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1. Joan, 19.Septième Parole.
Jésus, voie de toute droiture et porte du salut ; Jésus, refuge inébranlable et protecteur de tous les hommes ; Jésus, vérité salutaire et lumière brillante des âmes ; Jésus, félicité de la vie et douceur enivrante des cœurs : alors que vous livriez les derniers combats afin de détacher votre âme de votre corps sacré, et que vous abandonniez cette terre pour descendre aux enfers, voulant nous montrer la voie que nous devions parcourir, instruire les hommes formés d'une vile poussière, et nous faire reconnaître le défenseur en qui doivent se confier ceux que la mort environne, vous avez recommandé votre âme vénérable à votre Père très-saint et vous lui avez dit en gémissant dans un langage d'amour : Mon Père je remets mon âme entre vos mains 1.
Et ensuite, inclinant la tête, toujours attaché au gibet de la Croix, couvert de plaies cruelles, honteuses et injustes, vous avez rendu l'esprit. Mais en même temps vous imprimâtes à l'univers un tel frémissement que tous ceux qui furent témoins de vos tourments versèrent des larmes abondantes ; que les éléments se troublèrent, les rochers se fendirent, les sépulcres laissèrent aller leurs morts, la terre trembla, le voile du temple se déchira, la lune recula en arrière, le soleil se couvrit de ténèbres, le monde gémit, et la nature désolée s'écria : Hélas ! voici mon dernier jour, ou bien le Dieu qui m'a créée est à cette heure en proie aux souffrances.Prière.
O mort digne de larmes, que toute créature a pleurée ! O mort lamentable, sur laquelle les êtres insensibles se sont désolés ! mort admirable, où les morts ont puisé la vie ; mort toute aimable, qui as exalté le courage des forts ; mort sacrée, mort glorieuse, qui as été la ruine des crimes ; mort pieuse, mort profitable, en qui nous avons trouvé des récompenses, fais que ton souvenir ne nous abandonne jamais ; qu'il excite notre âme et transperce en tout temps notre cœur ; qu'il verse la lumière en nos pensées et nous dirige en toutes nos démarches ; qu'il nous délivre de nos fautes et nous accorde le bienfait de la vie céleste.
Ainsi soit-il.
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1. Luc, 23.
Le jour du dimanche, de grand matin…
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Louis- Admin
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Re: Méditations sur la Vie de Jésus-Christ, par S. Bonaventure.
.CHAPITRE LXXXVI.
De la Résurrection du Seigneur, et
comment il apparut d'abord à sa Mère le jour du dimanche.
Le jour du dimanche, de grand matin, le Seigneur Jésus s'en vint à son tombeau, environné du cortège glorieux d'Anges innombrables, et reprenant son corps très-saint, le ressuscitant, il sortit de ce tombeau sans en ouvrir l'entrée. A la même heure, c'est-à-dire de grand matin, Marie-Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé, après en avoir demandé permission à la Mère du Seigneur, se mirent en route avec des parfums pour aller au lieu de la sépulture. Pour Marie, elle demeura à la maison et y priait en ces termes :
« Père tout clément, Père très-pieux, comme vous le savez, mon Fils est mort attaché à la croix, entre deux voleurs, et moi, je l'ai enseveli de mes mains. Mais, Seigneur, votre puissance peut me le rendre sain et sauf. Je conjure donc Votre Majesté de ne pas différer plus longtemps. Pourquoi tarde-t-il autant à venir me trouver? Accordez-le moi, je vous en supplie, car mon âme ne peut goûter aucun repos qu'elle ne le voie. O mon très-doux Fils, qu'êtes-vous devenu? Que faites-vous? Pourquoi tant de retard? Je vous en prie, ne différez pas plus longtemps de me faire jouir de votre présence ; car vous m'avez dit : « (1) Je ressusciterai le troisième jour. » N'est-ce pas aujourd'hui le troisième jour, ô mon Fils ? Ce n'est pas hier, mais avant-hier, qu'a eu lieu ce grand jour, ce jour d'amertume profonde et de calamité, de ténèbres, d'obscurité et de séparation, ce jour de votre mort. C'est donc aujourd'hui le troisième jour, ô mon Fils ! Levez-vous donc, ô ma gloire ! Revenez, vous qui êtes tout mon bien. Sur toute chose, je désire vous voir ; votre départ m'a si cruellement contristée ; que votre retour me console. Revenez donc, mon bien-aimé; venez, mon Seigneur Jésus; venez, mon unique espérance, ô mon Fils ; venez. »
Pendant qu'elle priait ainsi et versait des larmes de tendresse, voilà que tout-à-coup le Seigneur Jésus apparaît, revêtu d'habits d'une blancheur éclatante et avec un visage serein. Il est brillant de beauté, glorieux et plein de joie ; et, s'approchant de Marie, il lui dit : « Salut, ma vénérable Mère. » Elle, se tournant aussitôt, s'écrie : « Est-ce vous, mon Fils Jésus ? » Et elle se prosterne et l'adore. Jésus lui dit : « C'est moi, ma très-douce Mère; je suis ressuscité, et me voici encore avec vous. »
Alors ils se lèvent tous deux, et Marie, versant des larmes de bonheur, l'embrasse. Elle colle son visage sur le sien, elle le presse avec amour et se repose tout entière sur lui; et, de son côté, il la soutient avec joie. Ensuite, s'étant assis l'un proche de l'autre, elle considère avec empressement et avec ardeur le visage de ce cher Fils et les cicatrices de ses mains, et elle s'informe, à chacune de ses blessures, si tonte douleur s'est éloignée de lui. « Ma vénérée Mère, lui dit-il, toute souffrance a disparu ; j'ai vaincu la mort, la douleur et toutes les angoisses; je n'ai plus rien à souffrir désormais. » Et Marie de s'écrier : « Béni soit votre Père qui vous a rendu à mon amour. Que son nom soit loué et exalté ; qu'il soit glorifié dans tous les siècles. »
Ils demeurent donc ensemble, s'entretiennent avec une allégresse mutuelle, font tous les deux la Pâque avec bonheur et amour, et le Seigneur Jésus raconte à sa Mère comment il a délivré son peuple de l'enfer, et tout ce qu'il a lait pendant ces trois jours. C'est donc aujourd'hui la Pâque par excellence.
Or, Marie-Madeleine et les deux autres Marie s'en allaient…
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1. Mat., 27.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Méditations sur la Vie de Jésus-Christ, par S. Bonaventure.
.CHAPITRE LXXXVII.
Comment Marie-Madeleine
et les deux autres Marie vinrent au tombeau,
et comment Pierre et Jean y allèrent à leur tour.
Or, Marie-Madeleine et les deux autres Marie s'en allaient, comme je l'ai dit, au tombeau avec des parfums. Étant sorties de la ville, elles rappelaient à leur mémoire les afflictions et les peines de leur Maître, et elles s'arrêtaient un peu aux lieux divers où il avait souffert ou fait quelque chose de considérable. Elles s'agenouillaient, baisaient la terre, poussaient des soupirs et des gémissements et disaient :
« C'est ici que nous l'avons rencontré chargé de sa Croix, quand sa Mère demeura demi-morte ; ici, il s'est tourné vers les femmes de Jérusalem; ici, succombant à la fatigue, il a dépose sa Croix et s'est appuyé un peu sur cette pierre ; ici on l'a poussé cruellement et avec violence, afin qu'il marchât plus vite, et on l'a forcé presque de courir ; ici on le dépouilla de ses vêtements et on le mit tout nu ; ici on l'attacha au gibet de la Croix. »
Et alors, poussant un grand cri, versant un torrent de larmes, elles se prosternèrent la face contre terre, adorèrent la Croix encore toute rouge du sang précieux du Seigneur, et la couvrirent de leurs baisers. Ensuite, se levant et s'avançant vers le Sépulcre, elles se disaient : « Qui nous enlèvera la pierre qui ferme l'entrée du tombeau ? » Et, élevant les yeux, elles virent la pierre renversée et l'Ange du Seigneur assis dessus, qui leur dit : «Ne craignez point, » et le reste ainsi qu'il est rapporté dans l'Évangile (1).
Mais, trompées dans leurs espérances, car elles pensaient trouver le corps du Seigneur, elles ne firent pas attention aux paroles de l'Ange et s'en revinrent épouvantées vers les Apôtres, en disant que le corps du Seigneur avait été enlevé. Aussitôt Pierre et Jean coururent au tombeau (2). Considérez-les bien : ils courent ; Madeleine et ses compagnes courent à la suite; tous s'empressent de chercher leur Seigneur, leur cœur et leur âme. Ils courent avec fidélité, ferveur et anxiété. Lorsqu'ils furent arrivés au tombeau, ils regardèrent dedans et ne trouvèrent pas le corps; mais, ne voyant que plus linceuls et le suaire, ils se retirèrent.
Compatissez-leur, car ils sont dans une grande affliction. Ils cherchent leur Seigneur et ne le trouvent point, et ne savent plus où le chercher ailleurs. Ils se retirèrent donc pleins de tristesse et en versant des larmes.
Or, les trois Marie demeurèrent là…
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1. Marc., 16. — Mat., 28. — 2. Joan., 20.
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Re: Méditations sur la Vie de Jésus-Christ, par S. Bonaventure.
.CHAPITRE LXXXVIII.
Le Seigneur apparaît aux trois Marie.
Or, les trois Marie demeurèrent là, et, regardant dans le tombeau, elles virent deux Anges qui se tenaient debout et vêtus de blanc, lesquels leur dirent : « Pourquoi chercher parmi les morts celui qui est vivant (1)? » Mais elles ne firent aucune attention à ces paroles et ne reçurent, pour le moment, aucune consolation de la vue des Anges, car ce n'étaient point les Anges, mais le Seigneur des Anges qu'elles cherchaient.
Deux d'entre elles, effrayées et comme hors d'elles-mêmes, se retirèrent un peu et s'assirent, accablées de douleur, à quelque distance de là.
Quant à Madeleine, elle ne savait trop que faire : elle ne pouvait vivre sans son Maître, elle ne le trouvait point en ce lieu et elle ignorait où elle devait le chercher. Elle resta donc auprès du tombeau, versant des larmes. Regardant de nouveau dans le Sépulcre, car elle espérait toujours le rencontrer là où il avait été placé, elle vit les deux mêmes Anges assis qui lui dirent : « Femme, pourquoi pleurez-vous ? Qui cherchez-vous? » Et elle répondit : « Ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais où ils l'ont mis (1). »
Voyez l'action admirable de l'amour. Il n'y a que peu de temps, elle avait entendu un des Anges lui annoncer que Jésus était ressuscité, et tous les deux lui dire qu'il était vivant, et elle ne se le rappelle plus, mais elle s'écrie : « Je ne sais où on l'a mis. » C'est l'amour qui opérait ainsi, car, comme dit Origène (2) , son âme n'était point en elle-même, mais elle habitait où résidait son Maître. Elle ne savait penser, dire et entendre autre chose que lui. Mais pendant qu'elle pleurait de la sorte, sans s'inquiéter de ce que les Anges lui disaient, son Maître ne pouvait lui-même se refuser plus longtemps à son amour.
Jésus rapporte donc à sa Mère ce qui se passe, et lui dit qu'il veut aller consoler Madeleine; ce que sa Mère agrée de tout son cœur en lui disant: « Mon Fils béni, allez en paix et consolez-la, car elle vous aime beaucoup et elle a été profondément attristée de votre mort ; mais souvenez-vous de revenir vers moi. » Et l'embrassant, elle le laissa partir.
Il vint donc au tombeau, dans le jardin où était Madeleine, et lui dit : « Femme, qui cherchez-vous? Pourquoi pleurez-vous? » Mais elle, ne le reconnaissant pas encore, lui répondit comme une personne ivre : « Seigneur, si c'est vous qui l'avez enlevé, dites-moi où vous l'avez mis, et je l'emporterai. »
Considérez bien comme elle prie avec supplication…
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1. Luc., 24. — 1. Joan., 20. — 2. Orig., in divers. hom. 10.
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Re: Méditations sur la Vie de Jésus-Christ, par S. Bonaventure.
.CHAPITRE LXXXVIII.
Le Seigneur apparaît aux trois Marie.(suite)
Considérez bien comme elle prie avec supplication et ardeur, le visage baigné de larmes, afin qu'on lui dise où est celui qu'elle cherche, car elle espérait toujours apprendre quelque chose de nouveau sur son Bien-aimé. Alors le Seigneur lui dit : « Marie ! » Et soudain, comme si elle eût recouvré la vie, le reconnaissant à la voix, elle s'écria : « Maître, vous êtes le Seigneur que je cherchais. » Pourquoi vous êtes-vous si longtemps caché à moi? » Et s'élançant à ses pieds, elle voulait les embrasser.
Mais le Seigneur, afin d'élever son âme aux choses célestes, afin de lui apprendre à ne plus le chercher sur cette terre, lui dit : « Ne me touchez point, car je ne suis point encore monté à mon Père ; mais dites à mes frères de ma part : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. » Et il ajouta : « Ne vous ai-je pas prédit que je ressusciterais le troisième jour ? Comment donc me cherchez-vous dans le sépulcre ? »
Mais elle lui répondit: « Je vous assure, Maître vénéré, que la violence de votre Passion et de votre mort avait rempli mon âme d'une telle douleur que j’avais tout oublié, excepté votre corps inanimé et le lieu où je l'avais enseveli. Voilà pourquoi j'avais, ce matin, apporté des parfums. Bénie soit votre Magnificence qui a daigné ressusciter et revenir à nous.»
Ces deux bien-aimés demeuraient donc ensemble enivrés d'allégresse et de bonheur. Madeleine considère le Seigneur avec l'attention la plus vive, et en reçoit des réponses qui la remplissent de félicité.
Maintenant, ici encore il y a une grande Pâque. Et quoique au commencement le Seigneur lui eût répondu comme nous avons vu, je ne saurais croire sans peine qu'elle n'ait satisfait son amour avant de se retirer, en baisant ses pieds et ses mains. S'il a agi ainsi d'abord, ce fut par une disposition particulière : soit que véritablement il manifestât, en cette circonstance, la volonté actuelle de son cœur, selon le sentiment commun; soit, comme je l’ai dit, qu'il voulût élever son âme aux choses célestes, selon que saint Bernard semble le penser.
Au reste, on peut croire pieusement que dans cette visite si pleine d'amour et si privilégiée qu'il lui faisait, avant tous ceux dont il est parlé dans la suite, il se proposait de remplir son âme de joie et non d'y répandre le trouble. Il y a donc là un mystère et non un refus obstiné, car le très-miséricordieux Seigneur n'est ni sévère à l'excès, ni dur, surtout envers ceux qui l'aiment.
Quelques instants après, le Seigneur se sépara d'elle en lui disant qu'il fallait aussi qu'il allât visiter les autres.
Madeleine, comme altérée et comme si elle n'eût plus voulu jamais s'éloigner de lui, s'écria : « Seigneur, je le vois bien; désormais votre vie ne sera plus avec nous comme par le passé ; mais, je vous en prie, ne m'oubliez pas. Souvenez-vous, Seigneur, de quels nombreux bienfaits vous m'avez comblée, et combien vous en avez usé à mon égard avec intimité et amour. Conservez-en le souvenir, je vous en supplie, Seigneur mon Dieu. »
Et Jésus lui répondit : « Ne craignez rien, ayez confiance et prenez courage : je serai toujours avec vous. » Alors, ayant reçu sa bénédiction, et Jésus-Christ se retirant, elle vient vers ses compagnes et leur raconte ce qui lui est arrivé.
Celles-ci, pleines de joie de la résurrection du Seigneur, mais attristées de ne l'avoir point vu, s'en retournèrent avec Madeleine. Mais, tandis qu'elles revenaient, avant qu'elles n'arrivassent à la porte de la ville, Jésus leur apparut en leur disant : « Je vous salue. » Et elles, heureuses au-delà de tout ce qu'on pourrait exprimer, se prosternant, embrassèrent ses pieds. Ensuite elles l'interrogent et le considèrent comme Madeleine avait fait ; et elles reçoivent des réponses qui les pénètrent de joie. Ainsi elles font une grande Pâque. Or, le Seigneur leur dit : « Allez, dites à mes frères qu'ils aillent en Galilée : c'est là qu'ils me verront, ainsi que je le leur ai prédit. »
Vous voyez que le Maître de l'humilité appelle ses Disciples ses frères. A-t-il maintenant abandonné cette vertu? Pour vous, si vous voulez avoir l'intelligence de toutes ces choses et y trouver de la consolation, rappelez-vous ce que je vous ai dit plus haut; c'est-à-dire ayez soin d'être présente d'âme comme si vous l'étiez de corps, aux lieux dont nous parlons et aux actions qui s'y accomplissent; et agissez de même pour ce que nous avons encore à dire.
Le Seigneur s'étant donc éloigné des trois Marie…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Méditations sur la Vie de Jésus-Christ, par S. Bonaventure.
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CHAPITRE LXXXIX.
Le Seigneur apparaît à Joseph, à Jacques le Mineur
et à Pierre.
Le Seigneur s'étant donc éloigné des trois Marie, apparut à Joseph, qui l'avait enseveli. Les Juifs l'avaient arrêté pour cette action et enfermé dans une chambre soigneusement scellée, leur intention étant de le faire mourir après le Sabbat. Le Seigneur Jésus lui apparut donc, lui essuya le visage et l'embrassa ; et ensuite, sans briser les sceaux de sa prison, il le reporta en sa demeure.
(1) Jésus apparut ensuite à Jacques le mineur, qui avait fait vœu de ne point manger avant d'avoir vu le Seigneur ressuscité. Il lui dit donc, ainsi qu'à ceux qui étaient avec lui : « Préparez la table; » et, prenant du pain, il le bénit, le lui présenta et lui dit : « Mangez, mon frère bien-aimé, car le Fils de l'homme est ressuscité d'entre les morts. » C'est saint Jérôme qui rapporte ces circonstances (2).
Or, lorsque Madeleine et ses compagnes furent revenues à la maison et eurent raconté aux Disciples que le Seigneur était ressuscité, Pierre, attristé de n'avoir point vu son Maître et ne pouvant demeurer en place à cause de la véhémence de son amour, quitta les autres et s'en alla seul vers le Sépulcre, car il ne savait trop où le chercher ailleurs. Mais, tandis qu'il y allait, le Seigneur lui apparut en lui disant : « La paix soit avec vous, Simon. » Alors Pierre, frappant sa poitrine et se jetant la face contre terre en pleurant, s'écria: « Je vous confesse ma faute, car je vous ai abandonné et renié plusieurs fois. » Et il lui baisa les pieds. Mais le Seigneur, le relevant, l'embrassa et lui dit : « La paix soit avec vous! Ne craignez pas; tous vos péchés vous sont remis. Je savais bien ce qui vous devait arriver et je vous l'ai prédit. Maintenant donc allez, et confirmez vos frères, et ayez confiance, car j'ai vaincu la mort, tous vos ennemis et tous ceux qui vous sont opposés. »
Là aussi il y a une grande Pâque. Ils demeurent et s'entretiennent ensemble ; Pierre le considère attentivement et remarque chaque chose. Ensuite, ayant reçu sa bénédiction, il retourne vers la Mère de Jésus et ses Disciples, et il leur raconte tout.
Vous devez savoir, qu'en ce qui concerne l'apparition faite à Marie, notre Reine, l'Évangile n'en dit rien. Cependant je l'ai rapportée et mise la première, parce que l'Église semble la tenir comme indubitable, ainsi que vous pouvez le voir plus longuement dans la légende de la Résurrection.
Cependant le Seigneur Jésus, depuis sa résurrection…
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1. I Cor., 15. — 2. De scrip Ecclesiast.
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.CHAPITRE XC.
Du retour de Notre Seigneur
vers les saints Pères après sa résurrection.
Cependant le Seigneur Jésus, depuis sa résurrection, n'avait pas encore visité les saints Pères qu'il avait laissés dans le Paradis de délices. Après s'être séparé de Pierre, il revient donc à eux et s'avance revêtu d'une robe blanche et environné de la multitude des Anges. En le voyant briller d’une gloire si éclatante, ces Bienheureux le reçoivent avec un tressaillement et une jubilation indicibles, au milieu des cantiques et des concerts de louanges. « Voici, s'écrient-ils, voici notre Roi. Venez, allons à la rencontre de notre Sauveur; il est le grand Principe, et son règne n'aura pas de fin. Un jour saint a brillé pour nous; venez et adorons le Seigneur. »
Et se prosternant contre terre, ils l'adorèrent, puis se levant, ils se rangèrent autour de lui avec respect, et continuèrent à célébrer ses louanges, en disant: « Il a vaincu, le lion de la tribu de Juda. Seigneur, notre chair a refleuri. Vous nous remplissez de joie par l'éclat de votre face, et l'allégresse découle de votre droite pour toujours. Vous êtes ressuscité, ô notre Gloire ! Nous tressaillerons de bonheur et nous trouverons en vous notre joie. Votre règne est le règne de tous les siècles, et votre domination s'étendra de génération en génération. Et nous, nous ne nous séparerons pas de vous; vous nous ressusciterez et nous exalterons votre nom. Un précurseur est entré pour nous dans les cieux et un Pontife nous a été donné pour l'éternité.
« C'est aujourd'hui le jour que le Seigneur a fait; réjouissons-nous en ce jour et soyons dans la joie. C'est aujourd'hui qu'a brillé sur nous le soleil de la rédemption, de l'antique réparation, de l'éternelle félicité. Aujourd'hui, par tout l'univers, les cieux ont versé une rosée douce comme le miel, car le Seigneur a régné par le bois sacré de la Croix, et il s'est revêtu de beauté. Le Seigneur s'est revêtu de force et il s'est ceint de puissance. Chantez-lui un cantique nouveau, car il a accompli des merveilles. C'est sa droite, c'est son bras très-saint qui a opéré notre salut pour sa gloire. Nous sommes son peuple ; nous sommes les brebis de ses pâturages; venez et adorons-le. »
Or, l'heure du soir approchant, le Seigneur leur dit : « Je porte compassion à mes frères, car ma mort les a remplis de tristesse et d'effroi ; ils sont dispersés comme des brebis sans pasteur, et ils désirent ardemment de me voir. J'irai donc et je me montrerai à eux ; je les consolerai et je reviendrai bientôt avec vous. » Et les Bienheureux, se prosternant, lui dirent : « Qu'il soit fait, Seigneur, selon que vous l'avez dit. »
Deux des Disciples de Jésus s'en allaient au bourg…
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Re: Méditations sur la Vie de Jésus-Christ, par S. Bonaventure.
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CHAPITRE XCI.
Le Seigneur apparaît à deux Disciples qui allaient à Emmaüs.
(1) Deux des Disciples de Jésus s'en allaient au bourg d'Emmaüs. Ils ne conservaient déjà presque plus aucun espoir touchant leur Maître ; aussi s'avançaient-ils, pleins de tristesse, s'entretenant de tout ce qui lui était arrivé. Le Seigneur vint, se joignit à eux sous la forme d'un étranger, et chemina en leur compagnie, les interrogeant, répondant à leurs questions et leur faisant entendre des paroles de salut, ainsi que nous le lisons dans l'Évangile. Enfin, forcé par leurs instances, il entra dans la demeure qu'ils avaient choisie et se manifesta à eux.
Apportez ici une grande attention, et considérez la bonté et la bénignité de votre Seigneur. D'abord, son fervent amour ne peut supporter que les siens soient en proie à l'erreur et à la tristesse. Il agit vraiment en ami sincère, en compagnon fidèle et en Seigneur charitable. Il se joint à eux, s'informe du sujet de leur peine, leur explique les Écritures, enflamme leurs cœurs afin d'en détruire toute la rouille. Ainsi agit-il tous les jours spirituellement à notre égard. Si, en butte à quelque perplexité ou à quelque dégoût, nous nous entretenons de lui, aussitôt il se présente, fortifiant et illuminant nos cœurs et même les enflammant de son amour. Aussi est-ce un remède souverain contre de telles extrémités de s'entretenir de Dieu. C'est pour cela que le Prophète a dit : « Que vos paroles me sont douces, ô Seigneur! Elles sont plus douces à mon cœur que le miel le plus délicieux ne l'est à ma bouche. — Votre parole est comme l'argent véritablement éprouvé par le feu, et votre serviteur l'aime tendrement. — Mon cœur s'est échauffé au-dedans de moi, et un feu s'y est allumé durant ma méditation (1). »
Considérez, en second lieu, que la bonté du Seigneur non-seulement avait sa source dans son amour, ainsi que je l'ai dit, mais encore dans son humilité profonde. En effet, voyez comme il s'avance humblement avec eux. Il est le Seigneur de toutes choses, et avec les siens il se fait comme l'un d'eux. Ne vous semble-t-il pas qu'il soit revenu aux premiers éléments de l'humilité? C'est un exemple qui nous engage à faire de même. Mais l'humilité du Seigneur se manifeste encore d'une autre manière : c'est qu'il n'a pas dédaigné des Disciples d’un degré inférieur. Ceux-ci n'étaient point au nombre des Apôtres, mais ils faisaient partie du corps moins élevé des Disciples ; et cependant il se joint familièrement à eux, marche et s'entretient avec eux. Ce n'est pas ainsi qu'agissent les superbes ; ils ne voudraient converser et avoir de rapports qu'avec les hommes d'un rang élevé et de grandes richesses. Cette humilité se montre encore sous un autre point de vue. Si vous avez bien remarqué les superbes, vous avez dû voir qu'ils ne consentent point à traiter de choses importantes devant un petit nombre d'auditeurs. Mais le Seigneur ne fait nulle difficulté d'expliquer ses secrets à deux hommes. Le petit nombre ne fait rien sur lui ; quand même il n'aurait qu'un seul auditeur, il ne témoignerait aucun dédain, comme nous le voyons pour la Samaritaine.
Considérez, en troisième lieu, la bonté du Seigneur dans l'affaire présente, et voyez comment il instruit ses Disciples en leur conduite, comment il les fortifie et les console. Remarquez comme il feint d'aller plus loin pour augmenter leur désir, s'attirer leurs invitations et être retenu par eux; et comme ensuite il entre avec eux, prend du pain, le bénit, le rompt de ses mains sacrées, le leur présente et se fait reconnaître. C'est ainsi que tous les jours il agit invisiblement avec nous ; car il veut que nous le retenions, que nous l'invitions par des désirs, des prières et de saintes méditations. C'est pourquoi il faut prier et jamais ne nous relâcher (1), ainsi qu'il l'a dit, et agir en toutes ces choses comme il l'a fait lui-même, afin de nous instruire, c'est-à-dire afin de nous porter à nous appliquer aux œuvres de piété et de charité. Il faut aussi nous souvenir qu'il ne suffit point d'entendre ou de lire les saintes Écritures, mais que nous devons les mettre en pratique. Vous pourrez vous instruire plus amplement sur ce sujet en lisant l'homélie de saint Grégoire sur l'évangile de ce jour.
Or, le Seigneur ne laissa pas les Disciples jouir longtemps de sa présence ; mais aussitôt qu'il leur eut présenté le pain il disparut de devant eux. C'est qu'il voulait aussi aller consoler les autres ; et ceux-ci, du reste, eurent part à cette consolation.
Ces deux Disciples s'en retournèrent aussitôt à Jérusalem, et…
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1. Luc., 24. — 1. Ps. 118. — Ps. 38. — 1. Luc., 18.
CHAPITRE XCI.
Le Seigneur apparaît à deux Disciples qui allaient à Emmaüs.
(1) Deux des Disciples de Jésus s'en allaient au bourg d'Emmaüs. Ils ne conservaient déjà presque plus aucun espoir touchant leur Maître ; aussi s'avançaient-ils, pleins de tristesse, s'entretenant de tout ce qui lui était arrivé. Le Seigneur vint, se joignit à eux sous la forme d'un étranger, et chemina en leur compagnie, les interrogeant, répondant à leurs questions et leur faisant entendre des paroles de salut, ainsi que nous le lisons dans l'Évangile. Enfin, forcé par leurs instances, il entra dans la demeure qu'ils avaient choisie et se manifesta à eux.
Apportez ici une grande attention, et considérez la bonté et la bénignité de votre Seigneur. D'abord, son fervent amour ne peut supporter que les siens soient en proie à l'erreur et à la tristesse. Il agit vraiment en ami sincère, en compagnon fidèle et en Seigneur charitable. Il se joint à eux, s'informe du sujet de leur peine, leur explique les Écritures, enflamme leurs cœurs afin d'en détruire toute la rouille. Ainsi agit-il tous les jours spirituellement à notre égard. Si, en butte à quelque perplexité ou à quelque dégoût, nous nous entretenons de lui, aussitôt il se présente, fortifiant et illuminant nos cœurs et même les enflammant de son amour. Aussi est-ce un remède souverain contre de telles extrémités de s'entretenir de Dieu. C'est pour cela que le Prophète a dit : « Que vos paroles me sont douces, ô Seigneur! Elles sont plus douces à mon cœur que le miel le plus délicieux ne l'est à ma bouche. — Votre parole est comme l'argent véritablement éprouvé par le feu, et votre serviteur l'aime tendrement. — Mon cœur s'est échauffé au-dedans de moi, et un feu s'y est allumé durant ma méditation (1). »
Considérez, en second lieu, que la bonté du Seigneur non-seulement avait sa source dans son amour, ainsi que je l'ai dit, mais encore dans son humilité profonde. En effet, voyez comme il s'avance humblement avec eux. Il est le Seigneur de toutes choses, et avec les siens il se fait comme l'un d'eux. Ne vous semble-t-il pas qu'il soit revenu aux premiers éléments de l'humilité? C'est un exemple qui nous engage à faire de même. Mais l'humilité du Seigneur se manifeste encore d'une autre manière : c'est qu'il n'a pas dédaigné des Disciples d’un degré inférieur. Ceux-ci n'étaient point au nombre des Apôtres, mais ils faisaient partie du corps moins élevé des Disciples ; et cependant il se joint familièrement à eux, marche et s'entretient avec eux. Ce n'est pas ainsi qu'agissent les superbes ; ils ne voudraient converser et avoir de rapports qu'avec les hommes d'un rang élevé et de grandes richesses. Cette humilité se montre encore sous un autre point de vue. Si vous avez bien remarqué les superbes, vous avez dû voir qu'ils ne consentent point à traiter de choses importantes devant un petit nombre d'auditeurs. Mais le Seigneur ne fait nulle difficulté d'expliquer ses secrets à deux hommes. Le petit nombre ne fait rien sur lui ; quand même il n'aurait qu'un seul auditeur, il ne témoignerait aucun dédain, comme nous le voyons pour la Samaritaine.
Considérez, en troisième lieu, la bonté du Seigneur dans l'affaire présente, et voyez comment il instruit ses Disciples en leur conduite, comment il les fortifie et les console. Remarquez comme il feint d'aller plus loin pour augmenter leur désir, s'attirer leurs invitations et être retenu par eux; et comme ensuite il entre avec eux, prend du pain, le bénit, le rompt de ses mains sacrées, le leur présente et se fait reconnaître. C'est ainsi que tous les jours il agit invisiblement avec nous ; car il veut que nous le retenions, que nous l'invitions par des désirs, des prières et de saintes méditations. C'est pourquoi il faut prier et jamais ne nous relâcher (1), ainsi qu'il l'a dit, et agir en toutes ces choses comme il l'a fait lui-même, afin de nous instruire, c'est-à-dire afin de nous porter à nous appliquer aux œuvres de piété et de charité. Il faut aussi nous souvenir qu'il ne suffit point d'entendre ou de lire les saintes Écritures, mais que nous devons les mettre en pratique. Vous pourrez vous instruire plus amplement sur ce sujet en lisant l'homélie de saint Grégoire sur l'évangile de ce jour.
Or, le Seigneur ne laissa pas les Disciples jouir longtemps de sa présence ; mais aussitôt qu'il leur eut présenté le pain il disparut de devant eux. C'est qu'il voulait aussi aller consoler les autres ; et ceux-ci, du reste, eurent part à cette consolation.
Ces deux Disciples s'en retournèrent aussitôt à Jérusalem, et…
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1. Luc., 24. — 1. Ps. 118. — Ps. 38. — 1. Luc., 18.
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(1) Ces deux Disciples s'en retournèrent aussitôt à Jérusalem, et, ayant trouvé les Apôtres rassemblés, à l'exception de Thomas, ils leur racontèrent ce qui leur était arrivé. Mais on leur dit également que le Seigneur était ressuscité et qu'il était apparu à Simon. Alors Jésus, entrant dans le Cénacle, les portes fermées, se plaça au milieu d'eux et leur dit : « La paix soit avec vous! » Les Disciples aussitôt se prosternèrent contre terre, confessèrent leur faute de l'avoir abandonné, et le reçurent avec allégresse. Le Seigneur leur dit donc : « Levez-vous, mes frères, car tous vos péchés vous sent remis. »
Ensuite il demeure familièrement au milieu d'eux, leur montre ses mains et son côté, et leur ouvre l'esprit afin qu'ils comprennent les Écritures et sa résurrection. Il leur demande s'ils ont quelque chose à manger, et il mange en leur présence une partie d'un poisson rôti et un rayon de miel. Ensuite il souffle sur eux et leur dit : « Recevez le Saint-Esprit. »
Vous voyez comme toutes ces choses sont pleines d'allégresse et de joie. Aussi les Disciples sont remplis de bonheur d'avoir vu le Seigneur, et ils se réjouissent en sa présence, eux qui tout-à-l'heure étaient saisis d'effroi. Oh ! avec quel empressement ils lui offrent de quoi manger! avec quelle fidélité ils le servent, et comme ils sont heureux de se tenir auprès de lui !
Considérez aussi Marie présente en ce lieu, car les Disciples avaient coutume de s'assembler auprès d'elle. Voyez comme elle remarque chaque chose avec une félicité indicible, comme elle prend place familièrement auprès de son Fils, comme elle le sert avec bonheur et selon qu'il convient. Le Seigneur Jésus reçoit volontiers tous les services qu'elle s'empresse de lui rendre, et il l'honore de la façon la plus respectueuse en présence de ses Disciples.
N'oubliez pas non plus Madeleine, la Disciple chérie et l'Apôtre des Apôtres. Voyez comme, selon sa coutume, elle est assise aux pieds de son Maître, écoutant ses paroles avec le plus grand soin et le servant aussi avec joie de tout son cœur, autant qu'elle le peut. Oh ! à quoi comparer maintenant cette petite maison? Qu'il fait bon d'y avoir son séjour! Si vous avez quelque sentiment de dévotion, ne vous semble-t-il pas qu'il se fait maintenant une grande Pâque? Vous le comprenez sans doute.
Mais le Seigneur ne demeura pas bien longtemps avec ses Apôtres, car déjà il se faisait tard. Cependant peut-être le forcèrent-ils de rester encore un peu, en le priant de ne point se retirer si vite. Croyez-vous que Madeleine, assise à ses pieds, ne le retint pas par les pans de sa robe, avec confiance et avec une audace respectueuse, pour l'empêcher de s'éloigner si rapidement ? Il était revêtu de vêtements d'une blancheur éclatante, des vêtements de sa gloire. C'est par ces vêtements que Madeleine le retenait, non en agissant avec présomption, mais avec confiance, tant son amour était grand et tant elle se sentait aimée ; et sa hardiesse ne déplaisait point au Seigneur. Il aime à être retenu de la sorte, ainsi que nous l'avons vu pour les deux Disciples d'Emmaüs.
Enfin le Seigneur, ayant offert ses respects à sa Mère et pris congé d'elle, se retira après avoir béni tous ceux qui étaient présents. Pour eux, se prosternant devant lui, ils le conjurèrent de revenir au plus tôt. En attendant, ils demeurèrent affamés et altérés de leur Seigneur dont autrefois ils avaient pu jouir selon tous leurs vœux, et ils le rappelaient par leurs soupirs et les désirs de leurs cœurs.
Vous voyez combien de fois aujourd'hui la Pâque est célébrée ; car toutes ces apparitions eurent lieu le jour de Pâques. Mais peut-être avez-vous entendu et n'avez-vous point senti? Peut-être n'avez-vous point, dans la Passion même, éprouvé de douleur? Car je crois que si vous saviez être touchée en méditant la Passion du Seigneur et posséder une âme recueillie, une âme non répandue sur les choses séculières, sur les objets superflus et de pure curiosité ; je crois, dis-je, qu'à chaque fois vous célébreriez une véritable Pâque. Et cela pourrait, se renouveler tous les dimanches, si, tous les vendredis et samedis, vous vous y prépariez avec une résolution bien ferme, par la méditation des tourments du Seigneur, surtout l'Apôtre nous ayant dit (1) : « Si nous sommes les compagnons de ses souffrances, nous le serons de ses consolations. »
Le jour de l'octave de la Résurrection étant arrivé…
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1. Luc., 24. — 2. Joan., 20. — 1. II Cor., 1.
CHAPITRE XCII.
Le Seigneur apparaît aux Disciples renfermés dans le Cénacle le jour de la Résurrection.
Le Seigneur apparaît aux Disciples renfermés dans le Cénacle le jour de la Résurrection.
(1) Ces deux Disciples s'en retournèrent aussitôt à Jérusalem, et, ayant trouvé les Apôtres rassemblés, à l'exception de Thomas, ils leur racontèrent ce qui leur était arrivé. Mais on leur dit également que le Seigneur était ressuscité et qu'il était apparu à Simon. Alors Jésus, entrant dans le Cénacle, les portes fermées, se plaça au milieu d'eux et leur dit : « La paix soit avec vous! » Les Disciples aussitôt se prosternèrent contre terre, confessèrent leur faute de l'avoir abandonné, et le reçurent avec allégresse. Le Seigneur leur dit donc : « Levez-vous, mes frères, car tous vos péchés vous sent remis. »
Ensuite il demeure familièrement au milieu d'eux, leur montre ses mains et son côté, et leur ouvre l'esprit afin qu'ils comprennent les Écritures et sa résurrection. Il leur demande s'ils ont quelque chose à manger, et il mange en leur présence une partie d'un poisson rôti et un rayon de miel. Ensuite il souffle sur eux et leur dit : « Recevez le Saint-Esprit. »
Vous voyez comme toutes ces choses sont pleines d'allégresse et de joie. Aussi les Disciples sont remplis de bonheur d'avoir vu le Seigneur, et ils se réjouissent en sa présence, eux qui tout-à-l'heure étaient saisis d'effroi. Oh ! avec quel empressement ils lui offrent de quoi manger! avec quelle fidélité ils le servent, et comme ils sont heureux de se tenir auprès de lui !
Considérez aussi Marie présente en ce lieu, car les Disciples avaient coutume de s'assembler auprès d'elle. Voyez comme elle remarque chaque chose avec une félicité indicible, comme elle prend place familièrement auprès de son Fils, comme elle le sert avec bonheur et selon qu'il convient. Le Seigneur Jésus reçoit volontiers tous les services qu'elle s'empresse de lui rendre, et il l'honore de la façon la plus respectueuse en présence de ses Disciples.
N'oubliez pas non plus Madeleine, la Disciple chérie et l'Apôtre des Apôtres. Voyez comme, selon sa coutume, elle est assise aux pieds de son Maître, écoutant ses paroles avec le plus grand soin et le servant aussi avec joie de tout son cœur, autant qu'elle le peut. Oh ! à quoi comparer maintenant cette petite maison? Qu'il fait bon d'y avoir son séjour! Si vous avez quelque sentiment de dévotion, ne vous semble-t-il pas qu'il se fait maintenant une grande Pâque? Vous le comprenez sans doute.
Mais le Seigneur ne demeura pas bien longtemps avec ses Apôtres, car déjà il se faisait tard. Cependant peut-être le forcèrent-ils de rester encore un peu, en le priant de ne point se retirer si vite. Croyez-vous que Madeleine, assise à ses pieds, ne le retint pas par les pans de sa robe, avec confiance et avec une audace respectueuse, pour l'empêcher de s'éloigner si rapidement ? Il était revêtu de vêtements d'une blancheur éclatante, des vêtements de sa gloire. C'est par ces vêtements que Madeleine le retenait, non en agissant avec présomption, mais avec confiance, tant son amour était grand et tant elle se sentait aimée ; et sa hardiesse ne déplaisait point au Seigneur. Il aime à être retenu de la sorte, ainsi que nous l'avons vu pour les deux Disciples d'Emmaüs.
Enfin le Seigneur, ayant offert ses respects à sa Mère et pris congé d'elle, se retira après avoir béni tous ceux qui étaient présents. Pour eux, se prosternant devant lui, ils le conjurèrent de revenir au plus tôt. En attendant, ils demeurèrent affamés et altérés de leur Seigneur dont autrefois ils avaient pu jouir selon tous leurs vœux, et ils le rappelaient par leurs soupirs et les désirs de leurs cœurs.
Vous voyez combien de fois aujourd'hui la Pâque est célébrée ; car toutes ces apparitions eurent lieu le jour de Pâques. Mais peut-être avez-vous entendu et n'avez-vous point senti? Peut-être n'avez-vous point, dans la Passion même, éprouvé de douleur? Car je crois que si vous saviez être touchée en méditant la Passion du Seigneur et posséder une âme recueillie, une âme non répandue sur les choses séculières, sur les objets superflus et de pure curiosité ; je crois, dis-je, qu'à chaque fois vous célébreriez une véritable Pâque. Et cela pourrait, se renouveler tous les dimanches, si, tous les vendredis et samedis, vous vous y prépariez avec une résolution bien ferme, par la méditation des tourments du Seigneur, surtout l'Apôtre nous ayant dit (1) : « Si nous sommes les compagnons de ses souffrances, nous le serons de ses consolations. »
Le jour de l'octave de la Résurrection étant arrivé…
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1. Luc., 24. — 2. Joan., 20. — 1. II Cor., 1.
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CHAPITRE XCIII.
Le Seigneur apparaît aux Apôtres le jour de l'Octave de Pâques,
et Thomas qui se trouvait avec eux.
(2) Le jour de l'octave de la Résurrection étant arrivé, et les portes du Cénacle étant fermées, le Seigneur apparut de nouveau à ses Disciples; Thomas, qui était absent la première fois, se trouvait avec eux en ce jour. Lorsque les autres lui avaient raconté qu'ils avaient vu le Seigneur, il leur avait répondu : « Si je ne vois dans ses mains les marques des clous, et si je ne mets mon doigt dans le trou des clous et ma main dans la plaie de son côté, je ne croirai point. »
Le bon Pasteur, plein de sollicitude pour son petit troupeau, leur dit donc : « La paix soit avec vous. »
Ensuite, s'adressant à Thomas : « Portez, lui dit-il, votre doigt ici, et regardez mes mains ; approchez aussi votre main et la mettez dans la plaie de mon côté, et ne soyez pas incrédule, mais fidèle. » Alors Thomas, se prosternant, toucha les cicatrices du Seigneur et lui dit : « Vous êtes mon Seigneur et mon Dieu. » Il ne vit que l'homme en Jésus-Christ, et il crut à sa divinité ; il confessa aussi sa faute d'avoir abandonné son Maître, en la manière que l'avaient fait les autres Apôtres. Le Seigneur, le relevant, lui dit : « Ne craignez pas, vos péchés vous sont remis. »
Or, ce fut par une disposition particulière que le doute de Thomas fut permis, afin que la résurrection du Seigneur fût prouvée par des preuves plus évidentes. Considérez ici soigneusement votre Sauveur et remarquez sa bénignité accoutumée, son humilité, son amour ardent ; de quelle manière, pour leur utilité et la nôtre aussi, il montre ses blessures à Thomas et aux autres Apôtres, afin d'enlever toute obscurité de leurs cœurs. Le Seigneur a conservé les cicatrices de ses blessures pour trois raisons surtout : premièrement, pour affermir ses Apôtres en la foi de sa résurrection ; secondement, pour les montrer à son Père, quand il veut l'apaiser et l'invoquer pour nous, car il est notre avocat ; en troisième lieu, afin de les manifester aux réprouvés au jour du jugement.
Le Seigneur Jésus reste donc pendant quelque temps avec sa. Mère et ses Disciples, leur parlant du royaume de Dieu. Pour eux, ils goûtent une joie ineffable en écoutant des paroles si élevées et en contemplant ce visage où respire la gloire et la félicité. Considérez-les bien se tenant debout autour de Jésus ; Marie, sa Mère, s'est placée sans crainte tout près de lui. Remarquez aussi Madeleine qui est à ses pieds. Demeurez vous-même en sa présence, mais au loin, à moins que, touché de compassion pour vous, il ne vous fasse appeler.
Enfin, il leur dit d'aller en Galilée, sur le mont Thabor, ainsi qu'on le croit, et que là il se montrera à eux.
Ensuite, leur ayant donné sa bénédiction, il se retire. Pour eux, ils demeurent, comme auparavant, affamés et altérés de sa présence, mais grandement fortifiés.
Les Disciples s'en allèrent donc au lieu indiqué…
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2. Joan., 20.
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.CHAPITRE XCIV.
Le Seigneur apparaît à ses Disciples en Galilée.
(1) Les Disciples s'en allèrent donc au lieu indiqué, et le Seigneur leur apparut de nouveau et leur dit : « Toute puissance m'a été donnée dans le ciel et sur la terre. Allez, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer toutes les choses que je vous ai prescrites. Prenez courage, car je suis avec vous toujours et jusqu'à la consommation des siècles.
Ils l'adorèrent à son arrivée, et maintenant ils se tiennent avec lui, enivrés d'une joie extraordinaire. Considérez avec attention et les Disciples, et les paroles qui leur sont adressées, car elles sont vraiment magnifiques. Jésus leur montre comment il est le Maître de toutes choses ; il leur donne le commandement de prêcher et la forme du baptême; il leur imprime le courage le plus grand, en leur promettant d'être toujours avec eux. Vous voyez de quelle joie il les comble, et combien de preuves il leur offre de sa charité. Quand tout fut terminé, leur ayant donné sa bénédiction, il se sépara d'eux.
Les Disciples demeurèrent en Galilée…
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1. Mat., 28.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Méditations sur la Vie de Jésus-Christ, par S. Bonaventure.
.CHAPITRE XCV.
Le Seigneur apparaît aux Disciples près de la mer de Tibériade.
(1) Les Disciples demeurèrent en Galilée. Or, un jour, sept d'entre eux s'en allèrent pêcher dans la mer de Tibériade, et, durant toute la nuit, ils ne prirent rien. Le matin étant venu, le Seigneur leur apparut et se tint sur le rivage de la mer.
Remarquez bien ce qui se passe, car tout est de nature à réjouir vivement. Le Seigneur demanda aux Disciples s'ils avaient pris quelque chose, et eux ayant répondu que non, il leur dit : « Jetez votre filet à droite de la barque, et vous trouverez. » Ils le jetèrent et prirent une quantité prodigieuse de poissons. C'est pourquoi Jean dit à Pierre : « C'est le Seigneur. » Pierre, qui était alors nu, se couvrit de sa tunique et s'en vint à lui à la hâte en se jetant à l'eau. Pour les autres, ils s'avancèrent avec leur barque.
Lorsqu'ils furent descendus, ils trouvèrent un poisson placé sur des charbons allumés et du pain tout préparé. C'était le Seigneur lui-même qui avait ainsi tout disposé. Il leur fit apporter encore quelques-uns des poissons qu'ils avaient pris, et, après qu'ils les eurent fait cuire, il mangea avec eux. Ce fut pour eux un grand et joyeux festin que ce repas pris avec Jésus au bord de la mer. Suivant son humilité accoutumée, le Seigneur les servit lui-même, leur rompit et leur présenta le pain, et leur offrit de même du poisson. Ces sept Disciples se tiennent donc respectueusement et pleins de joie en présence de leur Seigneur; ils mangent avec lui, contemplent sa face si désirable et si délectable, et tressaillent d'allégresse en leurs cœurs. La nourriture qu'ils reçoivent de ses mains sacrées est vraiment délicieuse, et leur âme participe non moins que leur corps à ce festin.
Oh ! qui pourra décrire un tel festin ? Considérez bien ce qui s'y passe. Si vous le pouvez, venez y prendre part avec eux. Remarquez néanmoins ce qui suit, car tout y est beau et d'une très-grande utilité. Lorsque ce festin solennel fut, terminé, le Seigneur dit à Pierre : « M'aimez vous plus que ceux-ci ?» Pierre lui répondit : « Seigneur, vous savez bien que je vous aime. » Et le Seigneur lui dit : « Paissez mes agneaux. » Il l'interrogea ainsi par trois fois et lui recommanda son troupeau. En cela reconnaissez la bénignité ordinaire, la charité et l'humilité du Seigneur; car vous voyez avec quel soin affectueux il insiste et revient sur le commandement qu'il donne à Pierre de veiller au bien des âmes.
Ensuite le Seigneur prédit à Pierre quelle mort il aura à souffrir, en lui disant : « Lorsque vous étiez plus jeune, vous vous ceigniez vous-même, et vous alliez où vous vouliez. Mais lorsque vous serez devenu vieux, vous étendrez vos mains, et un autre vous ceindra et vous conduira où vous ne voudrez pas. » Il marquait par là que c'était par le supplice de la Croix qu'il devait glorifier Dieu.
Et comme Pierre disait au Seigneur en parlant de Jean : « Et lui, que deviendra-t-il? » Il lui répondit : « Si je veux qu'il demeure ainsi jusqu'à ce que je vienne, que vous importe ? » C'est comme s'il lui eût dit : Je ne veux pas que celui-ci me suive par la voie des souffrances, mais il s'endormira en sa vieillesse dans la contemplation. Cependant les autres Disciples comprirent qu'il ne mourrait point ; mais ce n'eût point été une grande faveur, puisqu'il est bien meilleur que notre corps tombe en dissolution et que nous soyons avec Jésus-Christ.
Vous avez remarqué les actions et les paroles nombreuses et magnifiques contenues en cette apparition. Après cela, le Seigneur disparut aux yeux de ses Disciples et s'en alla, selon sa coutume, vers les saints Pères. Les Disciples demeurèrent remplis d'une grande joie et ensuite ils s'en retournèrent à Jérusalem.
Le Seigneur apparut de nouveau à plus…
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1. Joan., 21.
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.CHAPITRE XCVI.
Le Seigneur apparaît à plus de cinq cents frères réunis,
et de ses autres apparitions.
(1) Le Seigneur apparut de nouveau à plus de cinq cents frères assemblés en un même lieu, selon que le dit l'Apôtre. Mais quel est ce lieu ? Quand se fit cette apparition ? C'est ce qui n'est point écrit. Le tendre Seigneur se tint au milieu d'eux, les instruisant et leur parlant du royaume de Dieu, et il les remplit d'une grande joie.
Vous avez donc douze apparitions du Seigneur depuis sa Résurrection jusqu'à son Ascension, sans compter deux autres dont nous parlerons en même temps que de son Ascension, ce qui fait quatorze en tout. Vous devez cependant savoir qu'on n'en compte que dix écrites dans l'Évangile; car on ne trouve nulle part qu'il apparut à sa Mère, mais on le croit pieusement; qu'il se montra à Joseph, on le trouve dans l'évangile de Nicodème. Pour l'apparition à Jacques le Mineur, c'est l'Apôtre qui nous en parle dans son Épître aux Corinthiens, et après lui, saint Jérôme. C'est encore l'Apôtre qui raconte au même endroit celle qui eut lieu pour les cinq cents frères. Les autres sont écrites dans l'Évangile.
Vous pouvez encore vous en représenter plusieurs autres. Car il est vraisemblable que le très-charitable Seigneur visitait souvent sa Mère et ses Apôtres, ainsi que Madeleine, sa disciple bien-aimée, aimant ainsi à fortifier et à réjouir les personnes que sa Passion avait si violemment attristées et épouvantées. Saint Augustin semble être de cet avis, quand il dit, en parlant des temps de la Résurrection : « Tout n'a pas été écrit; ses entretiens avec les siens étaient fréquents. » Peut-être aussi les saints Pères, surtout Abraham et David, à qui la promesse du Fils de Dieu avait été faite d'une manière spéciale, venaient-ils avec lui pour voir cette excellente fille sortie de leur race, Marie, la Mère du Seigneur, qui avait trouvé grâce par-dessus tous les autres et avait donné le jour au Rédempteur. Oh! avec quelle joie ils la considéraient! Comme ils s'inclinaient avec respect en sa présence et la comblaient de toutes les bénédictions en leur pouvoir, quoiqu'ils ne fussent point vus d'elle.
Vous pouvez aussi, en toutes ces apparitions, vous représenter, selon la coutume, la bénignité, la charité et l'humilité du Seigneur, vertus dont nous avons fait mention et qui brillent dans toutes ses actions. Souvenez-vous encore qu'après avoir vaincu glorieusement et être ressuscité, il a voulu être voyageur sur cette terre pendant quarante jours, afin d'affermir et de fortifier ses Disciples.
Sans doute, après une course de tant d'années, après tant de travaux et d'afflictions, après une mort ignominieuse et cruelle , il pouvait rentrer en triomphateur dans sa gloire, et remettre à ses Anges le soin de confirmer et d'animer ses Apôtres selon sa volonté; mais sa charité ne lui permettait point d'agir ainsi, et il voulut converser en personne avec eux, leur apparaissant plusieurs fois d'une manière évidente et les entretenant du royaume de Dieu qu'ils auraient à établir. C'est peur eux qu'il a agi de la sorte, mais aussi pour nous; et nous n'y faisons point attention. Il nous a aimés avec passion, et nous sommes pour lui sans amour, alors qu'au contact d'un feu si dévorant nous ne devrions pas seulement nous échauffer, mais nous embraser. Maintenant arrivons à l'Ascension.
Il faut que vous redoubliez de vigilance en méditant l'Ascension du Seigneur…
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1. I Cor. 15.
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CHAPITRE XCVII.
De l'Ascension du Seigneur.
Il faut que vous redoubliez de vigilance en méditant l'Ascension du Seigneur, et, si jusqu'à cette heure, vous avez réuni tous les efforts de votre âme pour vous rendre présente à ses discours et à ses actions, vous devez maintenant faire beaucoup plus; car cette solennité l'emporte sur toutes les autres, ainsi que vous le verrez plus clairement dans le courant de ce chapitre. Que votre attention soit au moins excitée par cette pensée, que votre Sauveur, ayant terminé le cours de son pèlerinage, va nous priver de sa présence corporelle.
Aussi, devons-nous considérer bien plus attentivement ses actions et ses paroles. C'est, en effet, un devoir pour l'âme fidèle d'observer, avec une vigilance sans bornes, son Époux, son Seigneur et son Dieu au moment où il va s'éloigner; d'embrasser du plus intime de son esprit et ses paroles et ses actes ; de se recommander à lui avec plus de dévotion et d'humilité, et de séparer totalement son cœur de tout le reste.
Ainsi, le quarantième jour après sa Résurrection, Jésus sachant que l'heure est arrivée où il doit passer de ce monde à son Père, comme il avait aimé les siens, il les aima jusqu'à la fin (1). Tirant donc du Paradis terrestre les saints Pères et les autres âmes qui y résidaient, puis, s'arrêtant à Élie et à Hénoch qui devaient demeurer en ce lieu, car ils sont encore vivants, et, les ayant bénis, il vint à ses Disciples qui étaient enfermés dans le Cénacle sur la montagne de Sion avec sa Mère et les autres, leur apparut et voulut, avant son départ, manger encore avec eux, en signe de joie et de l'amour dont il leur laissait le souvenir.
Lors donc que, remplis d'une grande félicité, tous étaient à table en ce dernier festin de leur Seigneur, il leur dit : « Le temps est arrivé où je dois retourner à celui qui m'a envoyé. Pour vous, demeurez dans la ville jusqu'à ce que vous soyez revêtus de la force d'en haut, car dans peu de jours vous serez remplis de l'Esprit-Saint, selon que je vous l'ai promis. Ensuite vous irez par tout l'univers prêcher l'Évangile et baptiser ceux qui croiront en moi. Vous serez mes témoins jusqu'aux extrémités du monde. »
Il leur reprocha aussi leur incrédulité, parce qu'ils n'avaient point voulu ajouter foi à ceux qui l'avaient vu ressuscité, c'est-à-dire à ses Anges. Il leur fit ce reproche en ce moment surtout où il leur parlait de les envoyer prêcher; comme s'il eût voulu leur dire : « C'était pour vous un devoir bien plus grand de croire aux Anges, même avant de m'avoir vu, que pour les nations qui ne me verront point, de croire à vos prédications. » Il agit de la sorte, afin qu'ils reconnussent leur tort et demeurassent plus humbles, leur montrant ainsi, au moment de sa séparation, combien l'humilité lui était chère, et leur en faisant comme une recommandation particulière.
Ils l'interrogèrent aussi sur les temps à venir; mais il ne voulut point satisfaire à leur demande, parce que cela ne lui importait aucunement. Ils demeurent donc, mangent, parlent, se réjouissent à cause de la présence de leur Seigneur; mais néanmoins son départ ne les laisse pas sans inquiétude. Ils l'aimaient d'un amour si tendre, que ce mot seul de séparation leur était intolérable.
Que dirai-je de sa Mère…
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1. Joan., 13.
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CHAPITRE XCVII.
De l'Ascension du Seigneur.(suite)
Que dirai-je de sa Mère assise à table auprès de lui et qui l'aimait par-dessus tous les autres d'une affection si intense? Croyez-vous qu'à ces paroles du départ de son Fils, la tendresse de son amour ne fut pas ébranlée et profondément émue? qu'elle n'inclina point sa tête sur son Fils et ne se reposa point sur sa poitrine ? Si Jean l'a fait durant la Cène, avec combien plus de raison pouvez-vous croire qu'elle agit de même?
Elle le priait en soupirant et versant des larmes, et lui disait : « Mon Fils, si vous voulez vous en aller, emmenez-moi avec vous. »
Mais le Seigneur lui répondit en la consolant : « Je vous en prie, ma Mère bien-aimée, que mon éloignement ne vous cause point de douleur, car je m'en vais à mon Père. Pour vous, il est nécessaire que vous demeuriez encore quelque temps afin d'affermir ceux qui croiront en moi : je viendrai ensuite à vous et je vous emmènerai dans ma gloire. »
— « Mon Fils bien-aimé, reprit Marie, que votre volonté soit faite. Non-seulement je suis prête à demeurer, mais encore à mourir, s'il le faut, pour les âmes à qui vous avez sacrifié votre vie ; seulement je demande que vous vous souveniez de moi. »
Le Seigneur la consolait donc ainsi que ses Disciples, Madeleine et les autres, en leur parlant ainsi :
« Que votre cœur ne se trouble point et soit sans crainte ; je ne vous laisserai point orphelins; je m'en vais et puis je reviendrai à vous, et je serai toujours avec vous. »
Enfin, il leur commanda d'aller sur la montagne des Oliviers, parce que c'était en ce lieu qu'il voulait s'élever au Ciel, et il disparut. Sa Mère et tous les autres partirent aussitôt pour cette montagne, qui est à environ un mille de Jérusalem, et là il leur apparut de nouveau. Voilà comment vous avez en ce jour deux apparitions. Alors il embrassa sa Mère en lui disant adieu, et sa Mère l'embrassa très-tendrement. Les Disciples, Madeleine et tous les autres, se prosternant, baisèrent ses pieds, mais Jésus releva ses Apôtres et les embrassa avec amour.
Regardez-les bien en ce moment, et voyez tout ce qui se passe. N'oubliez pas non plus d'arrêter vos regards sur les saints Pères ici présents, quoique d'une manière invisible, et de remarquer comme ils contemplent Marie avec bonheur et respect ; combien ils bénissent avec amour celle par qui ils ont obtenu un bienfait si grand; comme ils considèrent ces guerriers glorieux, ces chefs de l'armée divine que le Seigneur a choisis entre tous, pour combattre et pour vaincre le monde entier.
Enfin, tous les mystères étant accomplis…
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CHAPITRE XCVII.
De l'Ascension du Seigneur.(suite)
Enfin, tous les mystères étant accomplis, le Seigneur Jésus commença à s'éloigner de cette assemblée en s'élevant à travers les airs, et à monter par sa propre vertu. Aussitôt sa Mère et tous les autres se prosternèrent contre terre.
Marie s'écriait : « Mon Fils bien-aimé, souvenez-vous de moi. » Et elle ne pouvait contenir ses larmes à cause de son départ. Cependant elle éprouvait, d'un autre côté, une joie extrême, en voyant son Fils s'avancer si glorieusement vers les Cieux.
Les Apôtres disaient de même : « Seigneur, nous avons tout abandonné à cause de vous, ne nous oubliez pas. » Et lui, les mains élevées, le visage serein et plein de félicité, la tête couronnée à la manière d'un roi, revêtu d'ornements splendides, était porté triomphalement vers les Cieux. Il les bénit, en disant : « Soyez fermes et agissez avec courage, car je serai toujours avec vous. »
Il s'élevait, conduisant cette glorieuse multitude des saints Pères, et lui ouvrant la marche, comme l'avait annoncé le Prophète Michée (1). Il montait glorieux, éclatant de blancheur et de grâce, resplendissant de gloire et de félicité ; il les précédait, leur montrant la voie, et eux faisaient entendre des chants de jubilation, le suivaient, enivrés de bonheur, et disaient :
« Chantons un cantique au Seigneur, qui s'élève vers le couchant. Le Seigneur est son nom. Que les miséricordes du Seigneur confessent sa gloire, et qu'il soit loué des merveilles opérées en faveur des enfants des hommes. Vous êtes béni, ô Seigneur notre Dieu, qui opérez le salut de ceux qui espèrent en vous, qui conduisez votre peuple dans l'allégresse et vos élus dans la joie. Élevez-vous au-dessus des cieux, ô Dieu ! et que votre gloire se répande sur la terre entière, afin que vos enfants bien-aimés voient leur délivrance. En montant ainsi dans les cieux, vous nous ouvrez le chemin de la félicité, vous nous conduisez au lieu du rafraîchissement, vous délivrez, par votre puissance, vos captifs de l'esclavage, vous nous accordez le désir de nos cœurs. Nous entrerons dans votre demeure et nous chanterons vos louanges en présence de vos Anges. Gloire, louange et honneur à vous, ô Jésus-Christ, notre Rédempteur! Royaumes de la terre, chantez un cantique à Dieu, chantez une hymne de joie au Seigneur. »
Cependant Michel…
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1. Mich., 2.
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CHAPITRE XCVII.
De l'Ascension du Seigneur.(suite)
Cependant Michel, le chef de la cour céleste, étant arrivé dans la patrie glorieuse, annonce l'arrivée du Seigneur.
Aussitôt tous les ordres des esprits bienheureux s'élancent, par troupes séparées, à sa rencontre. Il n'en est pas un seul qui ne vienne au-devant de son Seigneur, et, s'inclinant tous avec le respect le plus profond, ils le conduisent au milieu d'hymnes et de cantiques ineffables. Qui pourrait, en effet, raconter ces chants et ces jubilations?
Tous les Princes s'avancèrent donc réunis ensemble. Ils chantaient des cantiques et s'écriaient : « Louange à Dieu ! louange à Dieu ! louange à Dieu ! Roi béni, qui venez au nom du Seigneur, nous chantons un cantique d'allégresse à votre triomphe glorieux. Vous êtes béni, ô Seigneur, qui êtes assis sur les Chérubins, et qui sondez les abîmes. »
« Louange à Dieu ! louange à Dieu ! louange à Dieu !
« O Seigneur, vous êtes digne de toute louange et de tout honneur. Louange à Dieu!
« Vous avez remporté une victoire glorieuse. Louange à Dieu ! Que les cieux, Seigneur, confessent vos merveilles. Louange à Dieu ! Qu'ils confessent votre puissance. Louange à Dieu! C'est maintenant que s'élèvent les tribus du Seigneur. Elles s'élèvent afin de célébrer votre gloire et de dire avec nous : Louange à Dieu! Elles s'élèvent pour prendre part à la joie de votre peuple, afin de joindre, en votre honneur, ses cantiques à ceux que font entendre les héritiers de votre félicité.
« Louange à Dieu ! louange à Dieu! louange à Dieu ! »
C'est par ces chants et ces hymnes que, tressaillant d'allégresse en sa présence, ils rendaient sans interruption hommage à leur Seigneur, et qu'ils célébraient en son honneur, avec tout le respect possible, une fête éclatante. Qui pourrait raconter la joie de ce jour? Mais surtout qui pourrait dire quels sentiments éprouvèrent et ces Esprits bienheureux, et ces Pères si vénérables, lorsqu'ils se rencontrèrent mutuellement ? Ces célestes Esprits, ayant offert d'abord leur respect le plus humble à leur Seigneur et terminé leurs cantiques, disaient aux saints Pères :
« Princes des peuples, venez et réjouissons-nous. Louange à Dieu ! Vous êtes réunis en la société de votre Dieu. Louange lui soit rendue ! Vous êtes élevés d'une manière admirable. Louange à Dieu ! Chantez en l'honneur de Celui qui monte au-dessus du ciel des cieux. Louange à Dieu! louange à Dieu ! »
Et les saints Pères leur répondaient avec transport :
« Vous êtes les Princes du peuple du Seigneur. Louange à Dieu! Vous êtes nos gardiens et nos aides. Louange à Dieu! A vous la joie et la paix. Louange à Dieu! Et vous aussi, chantez en l'honneur de notre Roi. Louange à Dieu ! Tressaillez d'allégresse en Dieu notre secours. Louange à Dieu ! louange à Dieu! louange à Dieu! »
Et en même temps ils adoraient le Seigneur et se disaient : « Nous nous en allons pleins de joie en la maison du Seigneur. Louange à Dieu! louange à Dieu ! La Cité vénérable de notre Dieu nous réunira dans son sein. Louange à Dieu ! Nous sommes les brebis des pâturages du Seigneur; entrons dans sa demeure, franchissons ses parvis. Louange à Dieu! Franchissons-les au concert des hymnes et des cantiques. Louange à Dieu ! Car le Seigneur des vertus est avec nous. Louange à Dieu ! Il est notre Sauveur. Louange à Dieu ! louange à Dieu ! »
Vous voyez donc que tous faisaient éclater leur jubilation et chantaient des cantiques d'allégresse ; car selon le Prophète : …
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