L'ORAISON
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L'ORAISON
XI. — Chapitre de la sainte oraison.L'oraison est le principe, le milieu et la fin de tout bien ; l'oraison éclaire l'àme et lui fait discerner le bien du mal. Tout pécheur devrait prier tous les jours, sans manquer, avec un coeur fervent ; il devrait demander à Dieu, avec humilité, de lui donner une connaissance parfaite de sa misère et de ses péchés, et aussi de lui montrer les bienfaits qu'il a reçus et ceux qu'il reçoit de ce Dieu si bon. Mais, celui qui ne sait pas prier, comment pourra-t-il connaître Dieu ? Et tous ceux qui veulent se sauver, s'ils sont des hommes vraiment intelligents, doivent absolument finir par diriger tous leurs efforts vers la sainte oraison.
Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
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Re: L'ORAISON
Fr. Egide disait : « Si un homme avait un fils qui eût commis tant de méfaits qu'on l'eût condamné à mort ou à être banni de la ville, assurément cet homme n'aurait ni paix ni trêve et de jour, et de nuit, et à toute heure, qu'il n'ait essayé d'obtenir ou obtenu autant qu'il serait en son pouvoir, la grâce de la vie pour son fils ; ou bien encore la révocation de son bannissement. Cet homme n'épargnerait ni les prières, ni les supplications ; il offrirait tous les présents qu'il pourrait et agirait non seulement par lui-même, mais par ses parents et ses amis. Ce que fait un homme pour son fils, qui est mortel, à plus forte raison ne devrions-nous pas nous empresser de le faire pour notre àme, qui est immortelle ? Ne devrions-nous pas prier Dieu ? Ne devrions-nous pas le faire supplier en ce monde par des personnes pieuses et dans l'autre par les saints lorsque notre àme est bannie de la cité céleste ou quand elle a été vraiment condamnée à mort pour ses péchés si nombreux ? »
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Re: L'ORAISON
Un Frère disait un jour à Fr. Égide : « Père, il me semble que lorsqu'on n'a pas la grâce de la dévotion pendant la prière, c'est alors qu'il faut se désoler et avoir la peine la plus vive. » Fr. Egide lui répondit : « Mon Frère, fais tes affaires doucement, tout doucement, je te le conseille. Si tu avais un peu de bon vin dans une barrique et qu'au fond de cette barrique, sous ce bon vin, il fut resté de la lie, tu ne voudrais certainement pas frapper ni remuer la barrique, pour ne pas mélanger la lie avec le bon vin. Eh bien ! moi je te l'affirme : tant que l'oraison ne sera pas dégagée de toute concupiscence vicieuse et charnelle, tu ne recevras pas de consolation divine. Elle n'est pas pure au regard de Dieu, cette oraison qui est mélangée avec la lie de la sensualité. Aussi doit-on s'efforcer, autant qu'on le peut, de se séparer de toute lie de concupiscence vicieuse. Alors, la prière sera pure devant Dieu, et par elle on recevra dévotion et divine consolation. »
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Re: L'ORAISON
Un religieux adressait un jour à Fr. Egide cette question : « Pourquoi arrive-t-il que quand on adore Dieu, c'est à ce moment même qu'on est le plus tenté, combattu, qu'on a l'esprit le plus tourmenté ? » Fr. Égide lui répondit : « Quand un homme a quelque différent à expliquer devant un juge, il va lui exposer ses raisons, comme s'il lui demandait aide et conseil ; mais quand son adversaire s'en aperçoit, immédiatement il comparaît aussi devant le magistrat pour contredire et s'opposer à la demande du plaideur ; il semble désavouer sa dette, et suscite ainsi de grands embarras. Il en est de même quand nous allons à l'oraison, car nous demandons l'aide de Dieu dans notre cause ; alors comparaît immédiatement notre adversaire, le démon avec ses tentations ; c'est lui qui nous oppose une grande résistance et une vive contradiction ; il fait usage tant qu'il peut de la force, de la ruse, de l'insinuation, pour nous empêcher de prier : il ne veut pas que notre oraison soit agréable en la présence de Dieu ; et il fait tous ses efforts pour que nous n'ayons par cette oraison, ni mérite, ni consolation. Et cela, nous pouvons le voir bien clairement : quand nous parlons des choses du siècle, nous n'avons à supporter aucune tentation, aucune absence spirituelle ; mais, si nous allons à l'oraison pour réjouir et consoler notre àme avec Dieu, nous sentons immédiatement mille flèches qui frappent notre esprit, ce sont ces mille tentations que nous envoient les démons, pour faire dévier notre âme, afin qu'elle ne puisse avoir aucune de ces joies, ni aucune de ces consolations que l'àme espère de ses entretiens avec Dieu. »
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Re: L'ORAISON
Fr. Egide disait que l'homme d'oraison devait imiter le bon chevalier dans la bataille, même s'il est atteint ou frappé par son ennemi, il n'abandonne pas pour cela la lutte ; il résiste néanmoins et avec courage aux assauts de l'ennemi, pour le vaincre et avoir, après la victoire, la joie et la consolation de la gloire ; mais s'il abandonnait le champ de bataille dès qu'il est frappé ou blessé, il serait couvert de honte, de déshonneur et de mépris. C'est ainsi que nous devons agir, nous aussi. Il ne nous faut pas, à chaque tentation abandonner la prière, mais résister avec courage. « Heureux celui qui souffre les tentations, » dit l'apôtre, « parce que s'il les surmonte il recevra la couronne de la vie éternelle, mais si, par suite des tentations nous renonçons à l'oraison, il est certain que notre ennemi, le démon, nous confondra, nous vaincra et nous abattra. »
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Re: L'ORAISON
Un religieux disait à Fr. Egide : « Père, j'ai vu des hommes qui avaient reçu de Dieu la grâce de la dévotion, et celle des larmes dans la prière ; moi, je n'éprouve aucune de ces grâces, quand j'adore Dieu ? » Fr. Egide lui répondit : « Mon Frère, je te conseille de t'appliquer humblement et fidèlement à ton oraison ; les fruits de la terre ne peuvent s'obtenir sans fatigue et sans beaucoup de travaux, exécutés d'avance ; et encore, après avoir travaillé, la récolte désirée ne suit pas immédiatement ces labeurs ; il faut attendre que le temps de la saison favorable soit arrivé. De même, Dieu ne nous donne pas immédiatement ces grâces de l'oraison ; il faut attendre l'instant favorable ; il faut que notre cœur soit purifié de toute affection charnelle et de tout vice. Or donc, mon Frère, applique-toi humblement à l'oraison ; car Dieu qui est tout bon et tout aimant, connaît toutes choses, et discerne ce qui nous vaut le mieux. Quand le temps de la récolte sera venu, Lui qui est si bienveillant, t'accordera des fruits abondants de consolation. »
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Re: L'ORAISON
Un autre Frère interrogeait Fr. Egide : « Que fais-tu, Frère Égide ? que fais-tu ? » Et Fr. Egide répondait : « Je fais le mal. » Le Frère reprit : « Et quel mal peux-tu faire, Frère Egide ? » Alors, Fr. Egide se tournant vers un autre religieux, lui dit : « Dis-moi, Frère, crois-tu que Dieu soit plus disposé à nous donner sa grâce, que nous à la recevoir ? » Le religieux répondit : « Il est absolument certain que Dieu est plus disposé à donner, que nous ne le sommes à recevoir. » Fr. Egide reprit : « Or donc, pouvons-nous affirmer que nous faisons le bien ? » Le religieux répondit : « Non certes, nous faisons le mal. » Fr. Egide revenant au premier Frère qui l'avait interrogé, lui dit : « Voilà, mon Frère, qui te démontre clairement que nous faisons le mal ; cétait donc bien exact, ce que je te répondais tout à l'heure : que je faisais le mal ! »
Fr. Égide ajouta encore : « Bien des œuvres sont louées et recommandées dans la sainte Ecriture, comme le sont, par exemple les œuvres de miséricorde, et d'autres bonnes œuvres encore ; mais lorsque le Seigneur parle de l'oraison, il dit : « Le Père Céleste va chercher et veut des hommes qui l'adorent sur la terre, en esprit, en vérité ! »
Le saint Frère disait aussi que les vrais religieux devaient être semblables aux loups : ils sortent très rarement et ne se montrent que pressés par une absolue nécessité ; puis, immédiatement, ils rentrent dans l'endroit caché où se trouve leur tanière, sans demeurer ni converser avec qui que ce soit.
Les bonnes œuvres servent d'ornements à l'âme du fidèle.
Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
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Re: L'ORAISON
Un Frère, compagnon de Fr. Egide, et intimement lié avec lui, lui disait : « Père, mais pourquoi n'allez-vous jamais parler des choses de Dieu, exhorter les chrétiens, et procurer le salut à leurs âmes ? » Fr. Egide lui répondit : « Mon Frère, je veux remplir mes devoirs envers mon prochain, mais avec humilité, et sans dommage pour mon àme, c'est-à-dire en priant. » Ce même Frère reprit : « Au moins, ne vas-tu pas quelquefois visiter tes parents ? » Fr. Égide répondit : « Ne sais-tu pas que le Seigneur dit dans l'Évangile : celui qui abandonnera père, mère, frères, sœurs et tous ses biens pour l'amour de moi, je le récompenserai au centuple ? » Puis il ajouta : « Je sais un gentilhomme qui est entré dans l'Ordre des Frères-Mineurs, et dont la fortune était évaluée à soixante mille livres ; combien seront abondantes les récompenses de ceux qui abandonnent autant, pour l'amour de Dieu, puisque Dieu les leur rendra au centuple ! Quant à nous, nous sommes bien aveugles ; quand nous voyons un homme vertueux et agréable à Dieu, nous ne pouvons comprendre sa perfection, à cause de nos propres imperfections et de notre cécité. Mais un homme vraiment spirituel veut à peine voir ou entendre ses semblables, si ce n'est par absolue nécessité, parce qu'il n'a qu'un seul désir : être uni à Dieu par la contemplation. »
Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
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Re: L'ORAISON
Puis. Fr. Egide s'adressant à un Frère : « Mon Frère. » dit-il. « je voudrais bien savoir ce que c'est que la contemplation ? » Ce Frère, interrogé ainsi, répondit : « Mais Père, déjà moi non plus, je n'en sais rien ! » Alors Fr. Egide lui dit : « Père, voici selon moi les qualités éminentes de la contemplation : C'est un feu divin ! C'est aussi une dévotion suave du Saint-Esprit ! C'est une extase de l'àme suspendue, et comme enivrée, en goûtant une ineffable et divine douceur ! C'est une délectation tranquille, suave et douce, pendant laquelle l'esprit est transporté et ravi d'admiration à la vue des choses suprêmes et célestes ! Enfin, c'est un sentiment intime tout brûlant de la gloire inénarrable qui donne un avant-goût du ciel. »
FIOTETTI DE SAINT FRANÇOIS D'ASSISE : https://archive.org/stream/fiorettidesaintf00chau#page/364/mode/2up
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Re: L'ORAISON
LE ROSAIRE, SUBLIME ORAISON
26 Rose 79. Gardez-vous bien d'imiter l'opiniâtreté de cette dévote de Rome dont les merveilles du Rosaire parlent tant. C'était une personne si dévote et si fervente qu'elle faisait confusion par sa sainte vie aux religieux les plus austères de l'Eglise de Dieu. Voulant consulter saint Dominique et s'étant confessée à lui, il lui imposa pour pénitence de dire un seul Rosaire et par conseil de le dire tous les jours. Elle s'excusa sur ce sujet et dit qu'elle a ses exercices réglés, qu'elle gagne tous les jours les stations de Rome, qu'elle porte la haire, le cilice, qu'elle prend la discipline plusieurs fois par semaine, qu'elle fait tant de jeûnes et autres pénitences. Saint Dominique la presse et represse à suivre son conseil, elle n'en veut rien faire ; elle sort comme scandalisée du confessionnal de voir le procédé de ce nouveau directeur pour elle, qui lui voulait persuader une dévotion qu'elle ne pouvait goûter.
Voilà qu'étant en oraison et ravie en extase, elle voit son âme obligée de paraître devant le Souverain Juge. Saint Michel met toutes ses pénitences et autres prières dans un bassin de la balance et de l'autre tous ses péchés et imperfections. Saint Michel hausse la balance, le bassin de ses bonnes oeuvres s'en va en l'air et ne peut contrepeser le bassin de ses péchés et imperfections. Tout alarmée, elle crie miséricorde, elle s'adresse à la sainte Vierge, son avocate, laquelle laissa tomber dans le bassin de ses bonnes oeuvres le seul Rosaire qu'elle avait dit pour pénitence, lequel fut si pesant qu'il contrepesa tous ses péchés aussi bien que toutes ses bonnes oeuvres. Elle fut reprise en même temps de la sainte Vierge de ce qu'elle avait refusé de suivre le conseil de son serviteur Dominique, de dire le saint Rosaire tous les jours. Etant revenue à elle-même, elle alla se jeter aux pieds de saint Dominique, lui raconta ce qui lui était arrivé, lui demanda pardon de son incrédulité, promit de dire le Rosaire tous les jours et arriva par ce moyen à la perfection chrétienne, et à la gloire éternelle.
Apprenez de là, personnes d'oraison, la force, le prix et l'importance de cette dévotion du saint Rosaire avec la méditation des mystères.
LE SECRET ADMIRABLE DU TRÈS SAINT ROSAIRE - S. L. DE MONTFORT : https://messe.forumactif.org/t426-le-secret-admirable-du-tres-saint-rosaire-pour-se-convertir-et-se-sauver
Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
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Re: L'ORAISON
ROBERT. a écrit:Saint Bernard, via Saint Bonaventure a écrit:
C'est dans l'oraison que l'on boit le vin qui réjouit le cœur de l’homme (…) en fortifiant la foi, en affermissant l'espérance, en vivifiant et réglant la charité, en purifiant toutes les inclinations.
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https://messe.forumactif.org/t7127p125-meditations-sur-la-vie-de-jesus-christ-par-s-bonaventure#132562
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