Prendre des vêtements d'un autre sexe.
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Prendre des vêtements d'un autre sexe.
MASQUE
535. — Jules et Lydie, sa sœur, se déguisent, l'un en bergère, l'autre en vieillard, et se rendent chez leurs amis, après s'être mis un masque. On demande si leur conduite est répréhensible.
Réponse :
I. Oui, en général.
II. Principes. — Se masquer ou prendre des vêtements d'un autre sexe est, en soi, chose inconvenante et répréhensible. En effet, le Sage a dit : « Le vêtement du corps révèle l'homme » (1). En conséquence, le Seigneur voulut que son peuple se distinguât des autres non seulement par le signe de la circoncision qu'il portait en sa chair, mais encore par ses habits. C'est pourquoi il promulgua cette défense : « Vous ne vous revêtirez point d'une robe tissue de deux fils différents » (2) ; puis, celle-ci : « La femme ne prendra point un habit d'homme ; ni l'homme, un habit de femme » (3)
Dans ces dispositions légales, le divin Législateur se proposa deux fins : d'abord, écarter l'idolâtrie ; — car les Gentils, dans le culte de leurs dieux, portaient des ornements faits de diverses matières ; et les femmes, dans les fêtes de Mars, ceignaient les armes des hommes, tandis que les hommes, dans les mystères de Vénus, adoptaient le costume des femmes ; — ensuite, éloigner les désordres de l'immoralité ; car, si la distinction du vêtement dans l'homme et dans la femme prévient la familiarité, le changement en allume la concupiscence et verse comme de l'huile sur les passions mauvaises.
Aussi les théologiens sont-ils unanimes à blâmer les travestissements. S. Thomas les range parmi les vices : « De se vitiosum est quod mulier utatur veste virili, aut e converso ; et praecipue quia hoc potest esse causa lasciviae » (4). — S. Alphonse de Liguori les considère seulement comme faute vénielle, sauf intention mauvaise ou grave scandale : « Attamen, seclusa intentione libidinosa vel gravi scandalo, peccatum hoc leve est » (5) ; et les considère souvent comme une faute mortelle : « Non raro erit mortale », à raison du mal ou du scandale, « propter periculum libidinis vel scandali » (6). Toutefois, il n'y aurait point de péché, si on le faisait pour un juste motif : « Nullum est peccatum, si fieret ex justa causa » (7).
III. Application. — Jules et Lydie se déguisent-ils uni- quement pour se divertir, sans mauvaise intention et sans scandale ; leur conduite n'est que légèrement répréhensible. Mais il faut déconseiller ces amusements, parce qu'ils sont toujours inconvenants, souvent périlleux et parfois scandaleux (8 ).
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(1) 2-2, q. 169, a. 2.
(2) S. Alph., n° 52.
(3) S. Alph., 1. III, 425 ; — 1. II, 52.
(4) S. Thomas, 2-2, q. 169, a. 2, ad. 3 ; — « V. G. ad se occultandum »
(5) Marc, t. I, p. 555, n° 836 ; — Gury Ballerini, t. I, p. 181, q. 3°.
(6) Eccli, XIX, v. 27.
(7) De laine et de lin ; — Lévit., XIX, 19.
(8 ) Deuter., XXII, 5.
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Roger Boivin- Nombre de messages : 13221
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Re: Prendre des vêtements d'un autre sexe.
536. — Alphonse et Jeanne, tous deux domestiques de Buisson, se déguisent, l'un en paysan et l'autre en dame de qualité. Ils ne changent pas les vêtements de leur sexe ; mais ils portent un masque et se rendent chez des amis de leur maître en vue de se divertir. On demande ; 1° si Buisson n'a pas commis une faute en laissant ses deux domestiques se déguiser ; 2° si les deux domestiques ne se sont pas rendus coupables de faute.
Réponse :
I. a) oui ; — b) oui.
II. Principes. — Nous avons démontré dans le cas précédent qu'il y a une faute, au moins vénielle, à se masquer (1) ou à se déguiser, et que cette faute peut devenir facilement mortelle, à raison du mal qu'on fait ou du scandale qu'on donne.
III. Application. — Buisson et ses deux domestiques ont donc commis une faute. Mais cette faute n'est que légère, sauf intention mauvaise ou grave scandale (2).
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(1) Berthier, Théol. dogmatique et morale, n° 2467.
(2) Dans certaines régions où les cavalcades et les mascarades sont plutôt considérées comme une fête locale, nous croyons qu'on peut y prendre part sans offenser Dieu. En effet, d'un côté, on peut n'y voir qu'un divertissement honnête ; et, de l'autre, les coutumes du pays éloignent toute idée de scandale.
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